4.1 Event Monsters & Men

Cette soirée avait commencé sous de bons auspices, appréciant l’idée d’une partie de billard en compagnie d’une demoiselle qui se revendiquait comme étant une parfaite stratège, non sans une touche d’humour de toute évidence.  De quoi faire rire notre jeune homme, mais aussi et surtout, attiser sa curiosité et son envie d’en découdre, lui qui ne refusait jamais un défi. L’enjeux ne semblait guère l’effrayer, bien au contraire, elle faisait preuve d’une confiance à toute épreuve, n’hésitant pas à le provoquer tout en remontant ses manches.   « Un de ces barbus ?! Le bar entier tu veux  dire, toi comprise !  Prépare toi à être subjuguée par tant de grâce, je te préviens, j’ai un déhanché d’enfer ! » Il riait de bon cœur, bien décidé pour autant à ne pas lui faciliter la tâche.

Rejoins par Louise, la partie pouvait véritablement commencer  lorsqu’un colosse vint s’appuyer sur la table de billard en quête d’un soutien. Kaïs était loin d’être une âme charitable, mais il restait un Hounds. Malheureusement ils n’eurent pas le temps de rejoindre les fauteuils, Kaïs s’écroulant sous le poids de l’homme qui était à présent entièrement couché sur lui. Si toutes les soirées étaient comme ça ? « L’ivresse ? Oui…mourir asphyxié par une montagne de muscles ? Beaucoup moins » Louise vint lui prêter main forte, mais les tremblements de l’homme n’aidaient en rien et l’aide de Simone dont le diagnostic différait du sien, ne fut pas de trop pour se dégager de toute emprise.  D’un regard inquisiteur, Kaïs observait la jeune femme prendre les choses en main, plaçant un oreiller sous la tête de l’homme en donnant des conseils a Louise qui espérait à présent prendre la poudre d’escampette. Ses gestes, ses déductions…de toute évidence, elle savait ce qu’elle disait, faisait une nouvelle fois preuve d’une grande assurance, non simulée cette fois-ci. « Qui es-tu ?...je veux dire, tu as l’air de t’y connaitre. Tu es médecin ?» Son discours se tenait, Kaïs se sentait parfaitement bien et pour cause, il avait opté pour du Rhum. Si son regard parcouru rapidement la salle pour constater l’ampleur de dégâts, son attention vint rapidement se reporter sur Simone dont la santé semblait légèrement vaciller. «  L’entrée est bloquée, on devrait tenter la cour intérieure. Louise, tu peux aider Simone et l’accompagner  ?  Je me chargerai de lui… » Kaïs ignorait encore comment il s’y prendrait, mais il comptait sur l’instinct de survie de Louise pour se préoccuper uniquement de leurs propres vies


[Près des fauteuils, Rhum, en compagnie d’Imani et de Louise]

-Outfit- Les mains posées à plat sur le bar, je m'y raccroche alors que ma vue se trouble un peu, je tente de regarder autour de moi mais je ne vois plus grand-chose, tout se mélange, les gens deviennent fous, qu'est-ce qui se passe ? Pourquoi on s'en prend encore une fois à nous ? Qui est derrière tout ça ? Je tente d'appeler Vince mais aucun son ne sort de ma bouche, je tourne la tête et voit Ilyas et un autre mec qui s'occupe de deux filles qui ne vont pas bien non plus. Mes jambes tremblent et je les sens se dérober et je me retrouve assise sur le sol, je ne vois plus la salle mais j'entends ce brouhaha, des éclats de voix, des cris mélangés à la musique. Je tente d'attraper mon portable pour essayer d'appeler quelqu'un, Wade, du secours, peu importe. J'ai mal à la tête, il faut que je m'allonge quelques minutes seulement et ça ira mieux, j'ai juste pris un coup sur la tête ce n'est pas bien grave.

Je m'allonge sur le sol, et je ferme les yeux, juste quelques secondes, enfin ça c'est ce que je pense, parce que bien vite, le bruit se calme, ma douleur aussi, je suis dans une bulle de coton, voilà peut-être que dormir un peu ça va m'aider. Foutaises Rowan, tu penses vraiment que dormir en plein milieu d'un chaos comme celui qui bat son plein juste de l'autre côté du bar va être l'idée du siècle ? J'ai pas la force de me redresser, j'ai pas la force de crier pour qu'on vienne m'aider, j'ai même plus la force de garder les yeux ouvert. J'ai plus la force de rien, juste de continuer à respirer et de m'endormir. J'ai touché ma tête tout à l'heure mais je n'ai même pas regardé le sang sur mes doigts, ma tête à violemment heurté le sol et le peu d'efforts que j'ai fait pour me relever et aller derrière le bar pour débrancher les fûts étaient déjà beaucoup trop, mon corps se met en stand by. Power Off.

[Allongée derrière le bar, une bière non contaminée, a perdu connaissance suite au choc à la tête]

- Calme-toi, le chat enragé. C’est qu’une môme. Lui asséner une vérité sur un ton aussi désintéressé, sans même vraiment la regarder, ne va pas l’aider à sortir de sa fixette. En même temps, Rebecca est défoncée à je ne sais quoi. Dans cet état, je sais d’expérience qu’il n’y a pas grand-chose, ou presque, qui puisse vous faire dévier de votre trajectoire. Je tente ma chance auprès de la gamine. - L’écoute pas. Elle est défoncée. Elle sait encore moins ce qu’elle raconte qu’à la normale. Ça se sent que je n’ai pas envie de jouer les garde-chiourmes. D’ailleurs, je ne suis tellement pas fait pour ce rôle qu’elles finissent par s’écharper. Putain, c’est pas possible ! Pas une pour rattraper l’autre ! Tu tournes les yeux deux secondes pour essayer de trouver un plan B, aka un foutue issue, et ça ne trouve rien de mieux à faire que de faire n’importe quoi.

J'abandonne ma recherche infructueuse pour les rejoindre, tiltant au passage qu’elles ont profité de l’occasion pour essayer de se faire la malle. Sérieusement, elles sont connes, en plus du reste, ou c’est comment ? Crum se défend comme un chien enragé, suffisamment bien pour faire lâcher prise à la petite tarée. J’aide Becca à se remettre de bout et lui tient fermement le coude. Plus question qu’elle échappe à ma vigilance. Va falloir qu’elle pige qu’elle peut pas se tirer. J’ai les nerfs à vif. La tension me noue les muscles et me carre la mâchoire. J’adresse à la môme un regard agressif en espérant que ça suffise à lui calmer le cul trois secondes.

Bordel, il est où Yaël ? Je crève d’envie de regarder en direction des chiottes pour m’assurer qu’il compte bien se ramener, sauf que je refuse tout à la fois de lâcher des yeux cette gamine. Ses lèvres retroussées lui confèrent une aura d’animal sauvage. Sans vraiment réfléchir, je pousse la pilote derrière moi. - Toi, t’arrête tes conneries, tu fermes ta gueule et tu restes derrière moi. Depuis quand j’en ai quelque chose à foutre d’elle ? J’en sais foutre rien. Ce n’est pas le moment de poser la question. On marche sur la tête. La preuve : j’envisage sérieusement d’emplafonner dans le mur une gamine, à peine adulte. - Toi, là ! Si tu la touches encore une fois, j’te fracasse. Simple. Efficace. Sans fioriture. J’en serre déjà le poing. Dans quel monde, je me retrouve, MOI, à jouer les arbitres ? - Becca ? Tu vois Yaël ? On se tire. Mais, pas sans lui. Ça, c’est hors de question. La main glacée de l’angoisse se referme sur mon palpitant. Tout ça me fait lourdement chier. Dans l’immédiat, mon seul objectif est de les faire sortir de ce bâtiment. Le reste ? On verra plus tard.

[Toujours à l’écart. Tient le coude de Becca au cas où. Envisage d’aller vers la sortie. Jet de dé pour convaincre la gamine ou la défoncer si elle réplique physiquement.]

Je l’entends, hein ? Mais je peine tellement à me concentrer sur lui. C’est comme si j’étais au milieu d’un rêve et que lui, me parlait depuis le monde réel. Ces corps autour de moi, qui se pressent et me bousculent, je n’en ai qu’à moitié conscience. Je papillonne des yeux en marmonnant sans jamais le regarder directement. – 'Den ? Mon estomac soulève des rivières des larmes. Elles montent, montent, montent encore. Est-ce que j’hallucine vraiment ? Je commence à trembler alors même que je crève de chaud. - Je l’ai vu, Eden. Je l’ai VU ! Il était là, à quelques mètres ! L’angoisse grimpe. Elle m’escalade. Elle appuie sur ma cage thoracique, se hisse jusque dans ma tête et l’écrase ! Une grimace de douleur me déforme le visage. Je ne remarque même pas que quelqu’un est en train de vomir à côté de moi.

Je cherche la silhouette lumineuse des yeux. Eden m’interroge, il répète cette question idiote. Évidemment que je suis avec lui puisqu’il me tient ! Je gigote d’un pied sur l’autre, bien plus concentrée par ma quête que par la conversation. - Eden, j’ai besoin de le voir. Juste une dernière fois, s’il te plaît. J’veux le voir. J'veux lui parler. Je me mets à sangloter à mesure que je parle. J’ai à nouveau douze ans.

Rien que douze petites années passées sur terre avant d’être brutalement privée de mes parents. C’est si peu ! Trop ! Je secoue la tête de gauche à droite afin de me remettre les idées en place. Il ne comprend pas. Comment est-ce qu’il pourrait, de toutes façons ? Lui, il a sa grande et belle famille ! Pas seulement un père et une mère, mais aussi des frères, des soeurs, des cousins. Tous prêts à être là pour lui. Alors, d’un mouvement un peu plus sec, je tire pour me défaire de la poigne de mon ami. - Lâche-moi ! J’essaie encore et encore, prête à le mordre s’il le faut. La pression tout autour de nous se resserre. Les silhouettes nous enferment déjà à moitié. Elles nous portent, pareilles à un courant contre lequel je peine à lutter.

[Piste de danse. S’enfonce dans la foule vers la cour intérieure. Complètement déphasée. Jet de dé pour se dégager et continuer à suivre le fantôme.]