Nimwan 4 // Mieux vaut tard que jamais ?

--Outfit-- Dès que ce putain de téléphone a sonné, je me suis mis à trembler. Leopold, l'ami de Rowan, ce crétin qui peut pas s'empêcher de la draguer, même et surtout sous mon nez... Ce branleur qui m'appelle c'est forcément merdique. Je tremble en décrochant déjà dévasté à l'idée qu'il m'annonce le pire.

Mais alors que j'attends avec une anxiété douloureuse, ces mots sont un doux chant d'espoir dans la nuit sombre de mon inquiétude, une mélodie qui m'emplit d'une joie éclatante. Mon cœur, lourd de soucis, s'envole soudainement comme un faucon, décrivant des cercles qui m'élèvent au delà du réel. Sauf que la réalité je la prend quand même dans la gueule... Je suis de l'autre côté de l'océan. J'ai accepté de partir la mort dans l'âme, convaincu par mon boss et tout son discours sur le fait de changer d'air pour ne pas dépérir à l'hôpital entre mes journées de boulot. J'ai passé presque chaque nuit dans un fauteuil près de son lit... et c'est maintenant que je suis au bout du monde que la belle au bois dormant s'éveille.

Une morsure de jalousie me pousse à me demander qui a été le prince, puis je me trouve très con et Leopold parle et parle encore, mais je n'écoute plus. Je suis dans une bulle, une bulle de joie que rien ne peut ternir. Notre programme d'échange avec des zoos européens est un aspect crucial de notre travail à San Diego et je ne peux pas juste me contenter de tout plaquer. Alors je confie au petit con le soin de dire à Rowan que je rentre le plus tôt possible, qu'elle me manque et que je suis heureux. Je sais même pas si il m'écoute. Il me parle de Tara qui est revenue et qui lui a presque botté le cul pour le sortir de la chambre...

Le lendemain je sais que je dois aider à établir de nouvelles collaborations pour la conservation des oiseaux de proie, et que cela implique des réunions et des démonstrations dans plusieurs pays, mais j'ai plus la tête à ça. Ces engagements professionnels que j'ai pris ne peuvent être reportés et ça me rend chèvre mais j'essaie de faire au mieux et surtout au plus vite. Les responsabilités liées à la conservation des oiseaux de proie ne prennent pas de pause... mais le fracas de mon coeur battant la chamade non plus.

Je viens d'atterrir à San Diego, épuisé par le décalage horaire, mais je ressens l'urgence de rendre visite à Rowan et je me précipite dans le premier taxi qui passe. J'ai même pas pris le temps de récupérer ma valise, je m'en branle en fait. Malgré les heures de décalage horaire et le stress de la situation je suis juste fou de bonheur de la retrouver.

À cet instant, l'Europe, avec ses vieux châteaux et ses ruelles pavées, perd de sa splendeur. Mon esprit est déjà en train de s'envoler vers elle, pour sécher les larmes de l'attente et me perdre dans le doux éclat de ses yeux. C'est comme si les ailes de l'amour battaient enfin, me ramenant chez moi, auprès de la personne qui est la plus précieuse à mon cœur. Mon séjour en Europe n'est plus qu'une ombre lointaine, un rêve qui a trouvé sa résolution dans le réveil cette femme. Je frappe à sa porte, tout pataud, un sourire immense sur les lèvres.

Mieux vaut tard que jamais ?

Mi-mars 2023

- outfit -

Assise sur le canapé, j’en suis à ma je ne sais combientième tasse de thé, pour le moment je n’ai pas encore droit au café et encore moins à l’alcool, je vais devenir une personne saine si ça continue, moi mener une vie sobre et saine, qui l’eut cru ? Reposant ma tasse je me laisse couler dans le confort des couvertures et soupire profondément. Je vais devenir folle si ça continue … Moi qui, sur mes jours de congé, part en virée sur ma bécane, vais au cinéma, dans les bars ou les clubs, danser, draguer, vivre. J’ai l’impression que j’ai perdue cette Rowan-là, qu’elle est restée au sol dans cet entrepôt ce soir-là. Un peu plus de trois semaines de coma, une semaine à trouver le temps long encore dans cette chambre d’hôpital mais au moins j’avais de la visite, les rondes des infirmières, depuis que je suis chez moi ce n’est pas pareil. Certains passent me dire bonjour, Tara squatte mon deuxième appartement et passe du temps avec moi, ça fait du bien de l’avoir à nouveau avec nous, mais j’ai l’impression qu’on me cache des choses, qu’on veut me ménager pour je ne sais quelle raison. Ok j’ai failli crever mais je ne suis pas la seule dans ce cas, certains sont même bien morts et on doit se relever, on doit faire mordre la poussière à ceux qui ont voulu s’en prendre à nous. Je déteste rester là, à enchainer les films, les séries, les bouquins, à fumer mes clopes sur le balcon, à boire du thé et des jus de fruits et d’autres trucs sains alors que je rêve d’un bon burger, de frites trop salées et d’une pinte.

Le carillon caractéristique d’un message arrivant sur mon téléphone me fait me redresser doucement et j’attrape mon portable sur la table basse. Je dois relire au moins trois fois le message que je reçois de Leo. Oooh oh fait chérie ? Ton pigeonnier m'a dit qu'il sautait dans un avion. J'ai zappé de lui filer ton nouveau numéro. Le pigeonnier je comprends rapidement qu’il parle de Nimrod, mais l’avion ? Il était loin ? C’est pour ça que je n’avais pas de nouvelles de lui depuis que je me suis réveillée ? Il est passé par Leo ? De tous les gens qu’on connait lui et moi, il a choisi Leo pour me transmettre un message ? J’ai du mal à comprendre, j’ai demandé s’il était venu, on ne m’a pas vraiment répondu mais l’une des infirmières m’a parlé d’un jeune homme qui s’était tenu à mes côtés durant les premiers jours et sa description correspondait parfaitement à celui qui a réussi à chambouler mon cœur et mes habitudes.

Je suis sur le point de répondre à Leo, ou de l’appeler pour avoir plus d’explications mais je sursaute lorsque l’on frappe à ma porte. Je me relève, le téléphone dans ma main j’ouvre la porte et la vision que je découvre me colle un sourire qui illumine mon visage. Ma main libre attrape la sienne et je l’attire à l’intérieure de l’appartement avant de refermer la porte. Levant la main, lui montrant mon téléphone "Il m’avait rien dit, je viens d’avoir son message qui me disait que tu revenais à San Diego … je … où est-ce que tu étais parti ?" Je pose mon téléphone sur le meuble juste à côté de moi et mes mains viennent se poser toutes les deux à plat sur son torse alors que je le dévore du regard, quand est-ce que c’était la dernière fois que j’étais dans ses bras ? Est-ce que … est-ce que c’est … pour moi, que t’es revenu ?" Un peu anxieuse, mes dents martyrisent ma lèvre inférieure, je sais que c’est présomptueux de ma part, mais s’il me dit que c’est la cas, je sais que mon cœur battra encore plus vite qu’à l’instant.

J'ai pas pris le temps de me changer, ou de passer chez moi, c'était trop dur d'attendre et ma récompense vient dès que la porte s'ouvre et que je la vois, devant moi, debout, éveillée, bien vivante. Mon coeur manque un battement ou deux et c'est sa main sur mon poignet qui me réveille. J'avance, me retrouve à l'intérieur ses mains sur mon torse. -"En europe." Je peine presque à parler, la gorge étranglée d'émotion. -"Je serais rentré plus tôt si j'avais pu." Un sourire et je me penche pour poser les lèvres sur son front.

Un bisou doux qui exprime mon soulagement, alors que je referme les bras autour d'elle pour la serrer contre moi. -"Tu m'as fait tellement peur Rowan." J'ai cru la perdre, ça m'a déchiré le bide. Je m'en suis voulu, de pas avoir été à cette soirée à la con, de pas avoir été là pour elle. Le branleur agaçant ne manquant pas de me rappeler que lui était là pour la sortir de là. J'ai passé toutes mes nuits dans ce putain de fauteuil à l'observer dans le clair obscur de ces foutues machines qui l'a maintenait dans le monde des vivants. -"J'aurais voulu être là quand tu t'es réveillée, je suis désolé."

Je ne sais pas trop ce qu'on est l'un pour l'autre, ni même où on en est tous les deux, mais ce que je sais avec certitude, c'est que je respire mieux quand elle est dans mes bras. -"Ne me refait pas de peur pareille, s'il te plait." Je la serre de nouveau et la berce un peu contre moi, avant de doucement laisser mes lèvres errer de son front à sa temps, puis sa joue et ensuite à ses lèvres. Je les effleure des miennes, frissonne, le ventre bouleversé par l'envol d'une myriade de papillons. Et puis je n'y tiens plus et j'arrête de penser pour simplement laisser éclater ma joie de la retrouver.

Je capture sa bouche, d'un baiser ardent, possessif, ma main agrippant sa nuque, mon corps se plaquant au sien. Je ne sais comment l'expliquer, mais elle a une façon de se fondre contre moi que rien ne peut égaler, sur l'ensemble de cette foutue planète. Comme si les courbes de son corps étaient faites pour épouser les lignes du mien. Ça a quelque chose de délicat et de complètement dévorant en même temps.

Le temps s'efface, tout comme les frontières entre le réel et l'onirique. Les contours du monde s'estompent. Sa présence, aussi douce que la caresse du vent qui danse entre les arbres, éveille en moi une passion qui embrase mon être. Je me sens fort, à ma place, juste heureux... et ça n'a pas de prix. Je serre son être, sculpté par la grâce des astres. Comme deux étoiles orbitant autour d'un même centre, mon destin s'est entrelacé au sien, sans que je ne puisse lutter. Ou plutôt malgré toutes mes tentatives pour éviter... l'inévitable. Je suis fou d'elle, même si je ne devrais sans doute pas.

Les étoiles elles-mêmes s'inclinent devant la beauté de cette femme et j'ai cédé, faible humain que je suis. Mais je n'y peux rien, parce que ce que je ressens transcende les limites de l'existence terrestre. Dans cette étreinte enivrante, je ressens l'écho des éons passés et des éons à venir. Le désir qui consume mon être n'est pas simplement charnel, il est la fusion de la tendresse et de la passion qu'elle m'inspire. Sans elle je me croyais destiné à errer à travers les méandres du temps, désormais ma vie a un sens... un sens oui, mais qui s'écrit en cinq lettres.

Mieux vaut tard que jamais ?

Mi-mars 2023

- outfit -

Dès l'instant ou je referme la porte après l'avoir fait enter dans mon appartement, j'ai la sensation que la pièce s'illumine d'une clarté nouvelle, comme si par je ne sais quelle magie sa présence dans mon chez moi rendait tout plus lumineux. En Europe, mais qu'est-ce qu'il est allé foutre aussi loin ? J'en oublie à l'instant de lui poser la question hypnotisée par son sourire et mes paupières se ferment sous la douce caresse de ses lèvres qui se posent sur mon front. "Mais tu es là maintenant !" Mes mains glissent sous ses bras se faufilant pour se nouer autour de sa taille alors qu'il m'entoure de ses bras et me serre contre lui, ma tête posée contre son torse j'ai l'impression d'entendre son cœur battre aussi vite que le mien. "Je suis désolée de t'avoir fait peur, tu sais bien que je ne voulais pas ça." Qui pourrait vouloir vivre une dinguerie pareille ? Qui voudrait consciemment se retrouver dans le coma durant des semaines en laissant les siens dans l'inquiétude ? Il faudrait être un monstre pour souhaiter ça !

Lovée dans ses bras, je me sens bien, tellement bien que j'ai l'impression que le temps s'arrête autours de nous. C'est en réalisant qu'il était si loin, de l'autre côté de l'océan que je me rends compte à quel point il m'a manqué. Là, tout contre lui, je n'ai envie d'être nulle part ailleurs, et surtout j'ai envie que lui ne soit à aucun autre endroit qu'ici ! Je relève doucement le visage vers lui en l'entendant me dire qu'il aurait voulu être là à mon réveil, me demandant de ne plus lui faire de pareille peur. "Je sais pas comment l'expliquer mais j'ai sentis que tu étais près de moi … on m'a dit tout le temps que tu avais passé à mes côtés …" Mes lèvres se pincent alors que je tente de maitriser l'émotion qui me submerge d'un coup. L'une de mes main remonte jusqu'à son visage, mes doigts caressant la ligne de sa mâchoire. "Je te promets … Je te promets que je vais tout faire pour plus me retrouver dans un état comme celui-ci !"

Je le laisse me serrer dans ses bras m'y trouvant à ma place, on est là, debout au milieu de mon appartement et je n'ai pas envie de faire un pas, comme si le moindre mouvement risquait de séparer notre étreinte. Mon regard se perd dans l'océan de ses iris azurées, j'ai cette impression d'y lire le reflet des milliers d'étoiles qu'il met dans les mien. Ses lèvres atterrissent en douceur sur mon front, dérivant sur ma tempe, ma joue et puis lorsqu'elle se posent sur les miennes un frisson me parcourt de la pointe des pieds à chaque cheveu sur ma tête.

En un instant ce baiser si doux presque chaste vacille et laisse place à la fougue, cette passion insensée qui nous consume lorsque l'on se retrouve tous les deux. Sa main qui agrippe ma nuque, son corps puissant qui me plaque contre le sien, moi qui peux mener la danse par moment, là, dans ses bras je m'abandonne totalement à lui, mes bras viennent se nouer autours de son cou alors que je réponds fougueusement à son baiser, lui montrant peut-être à ma manière à quel point il m'a manqué. Je sens cette onde de chaleur exquise m'envahir, il a ce don de me rendre folle et alors que ma langue vient retrouver sa jumelle dans une danse enivrante je recule prudemment jusqu'à ce que je sente le bord du canapé contre l'arrière de mes genoux. Un pas de plus et je nous fais basculer je romps notre baiser dans un éclat de rire qui emplit la pièce avant de couvrir ses lèvres de baisers, soupirant de bien être à me retrouver avec lui. Ma main vient caresser sa joue et mon regard plonge la profondeur insondable du sien. "Ne pars plus … Nimrod, ne pars plus aussi loin de moi !" Une supplique qui vient mourir lorsque mes lèvres viennent retrouver les siennes dans un nouveau baiser plein de promesses.