le jeu en vaut la chandelle (Rosie)

Les journées remplies se succédaient ces temps-ci. Entre la portion libertine du cabaret et le nouveau studio de Satine, il y avait beaucoup à faire. Même si j’avais l’impression de retourner à la villa que pour dormir, je ne regrettais pas mes choix. Parfois, la voix de Tommy se faisait entendre dans un coin reculé de ma tête. Me disant que je n’aurais pas eu à lever le petit doigt si j’étais restée avec lui. Sauf que ce n’était pas la vie que je désirais. J’aimais être dans l’action. Je n’aurais qu’à prendre des vacances au besoin, pour décrocher.

J’étais dans mon bureau au-dessus du Lipstick aujourd’hui. Dulce trottinait joyeusement entre la réceptionniste et mon bureau, probablement en quête d’une quelconque récompense donnée pour ses beaux yeux. Le pauvre finissait par se coucher sur son coin luxueux et confortable aménagé dans mon bureau en poussant un profond soupir.

« Lo sé, tu vida es un verdadero infierno. Perro callejero miserable. » (Je sais, ta vie est vraiment un enfer. Misérable cabot.)

J’ajustais la ceinture qui soulignait ma taille et continuais à travailler sur mes dossiers, jetant un œil sur l’horloge dans le coin de mon écran de temps à autre. J’avais un rendez-vous et je souhaitais terminer certains dossiers avant.

Mon rendez-vous était pour une candidature pour le cabaret. Un artiste du sexe. Spectacle et prestations de service, dirons-nous. Un homme début de trentaine. Grand, musclé et doté d'une mâchoire découpée au scalpel. Ce n’était pas suffisant. Je cherchais quelqu’un d’articulé. Nous avions donc une conversation. Surprenant? Oui, mais j’étais loin d’être une femme conventionnelle. Pas besoin de voir son corps, j’avais ses photos en cv. Le Lipstick n’était pas un club de bas étage. Je cherchais de la qualité, la crème de la crème.

Nous terminions notre conversation et je lui mentionnais que je le rappellerais après la série d’entrevues de la semaine. Pour l’instant, il était le plus intéressant, mais je gardais le mystère entier pour lui. Il quittait et laissait sa place à mon prochain rendez-vous qui me rendait beaucoup plus fébrile : Amy Bishops. Mon sourire s’étirait en la voyant franchir la porte de mon bureau. Elle commentait l’homme croisé sur le seuil et j’esquissais un sourire félin.

« Oui, très mignon. C’est comme ça ici tous les jours. Y’a pire comme boulot. »

Elle ne me laissait pas le temps de l’aider et déposait son chargement sur le dessus de mon bureau et je sifflais devant la quantité d’éléments transportés.

« Amy, tu sais comment me redonner de l’énergie en plein après-midi : Café, nourriture et projet fabuleux! »

Je tapais joyeusement dans mes mains avant d’attraper un café et un muffin que je plaçais sur un coin du bureau. J’ouvrais la boîte avec beaucoup de curiosité et commençais à sortir les objets pour les disposer sur ma table.

« Dis-moi tout, j’ai hâte de voir tes conclusions. »

Alors qu’elle parlait, mes doigts attrapaient ladite télécommande. Puis mes doigts caressaient les anneaux alors que je buvais ses paroles. J’aimais ce que j’entendais.

« Je dois avouer que je suis charmée par cette perspective, mais que j’aimerais ajouter une option à tout cela. »

Je prenais une gorgée de café.

« Outre le foutre partout… J’aimerais le contrôle partout, en tout temps… Tu vois probablement où je veux en venir : une application pour le téléphone. Monsieur est en voyage d’affaires au Japon? Madame lui fait porter l’anneau et gère le tout de son appartement de New York, tu vois le genre? »

Un petit sourire en coin étirait ma bouche.

« Foutre dans ses pantalons et madame n’aura pas à nettoyer… Comme c’est merveilleux. »

Je l’observais droit dans les yeux.

« Je peux avoir une démonstration si je fournis un modèle? Il s’échauffe pour ce soir au cabaret, il est facile de réclamer un volontaire. »