A deux c'est mieux (Bee)

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Billie, Bee, une femme exceptionnelle prise en otage, comme moi. Nos prisons ne sont pas les mêmes, la grandeur est différente, mes murs ne sont pas aussi solides que les siens, ces limites sont différentes et pourtant nous sommes, l’une comme l’autre, prisonnières. Une prison demeure une prison, peu importe son apparence. Le pire c’est que nous avons également le même gardien de prison, n’est-ce pas agréable comme lien ? Si je pouvais le faire tomber… si nous pouvions le faire tomber…

Pardonnez-moi, mademoiselle, mais nous sommes là !

La voix du chauffeur de l’Uber me fait revenir parmi les vivants.

Oui pardon !

Il ne me reste plus qu’à sortir puisque la course a déjà été payée, c’est-ce qui est sympa avec cette application. C’est donc sur le trottoir, devant le Cosmos. J’ai envie d’un verre, mais je ne suis pas ici pour boire ce soir, non, je suis ici pour rencontrer quelqu’un. Je ne me suis pas habillée jolie pour finir saoule la tête dans la toilette vomissant mes tripes. Je sais que ce n’est pas une bonne idée, mais j’entre dans l’établissement et la tête haute en plus. Je dois agir avec l’allure que je me suis donnée non ? Quand on a l’air d’une bitch, on agit comme une bitch.

Mademoiselle !

Je ne dis même pas bonjour au portier, pas la peine et pas envie surtout. Pour moi ce sont tous des trous du cul, surtout après avoir vu la vidéo. La vidéo ou on me voit baiser et être baiser comme une vulgaire pute à rabais. Il me tient par les couilles, mais je n’ai pas dit mon dernier mot. Je vais ramasser tellement de connerie sur sa gueule qu’il n’aura d’autres choix que de me supplier de l’envoyer se faire baiser en prison. Ouais bon, ça s’est-ce que j’aimerais voir, mais le chemin risque d’être éprouvant d’ici là. Je disais ? Ahhh oui… le casino. Mes pas me mènent donc vers ce lieu de luxure et de décadence sans perdre de temps. Je vois des visages familiers, des collègues, des ennemis, des amis ? Oui, bah pas vraiment non, je vois surtout de possibles victimes. Si on me demandait ici et maintenant pourquoi je tiens tellement à les faire tomber, je ne saurais pas quoi répondre. À part dire que ce sont des vilains et les vilains doivent finir en prison, ils ne m’ont rien fait du tout. À part le roux au regard froid et au corps d’Appolon bien sûr.

Une fois dans le casino je laisse mon regard faire le tour rapidement sans toutefois s’arrêter sur une personne bien précise. Ce n’est pas grave, je peux me faufiler dans la foule et chercher, elle ne devrait pas être si difficile à trouver. Je glisse entre les hommes et les femmes comme une anguille, je profite de l’occasion pour tenter de mettre des noms sur les visages et pour me remémorer qui parle avec qui, au cas où. Elle n’est pas aux tables de poker ni a celle du Black jack… La roulette ? Non plus… Ohhhh la voilà… Je me glisse derrière elle, un peu sur sa gauche avant de lui murmurer un petit bonjour au creux de l’oreille pour ensuite poursuivre, mais seulement après avoir reculé un peu.

Tu es en beauté ce soir Bee !! Tu as l’air d’un prédateur qui attend sagement sa proie tapie dans les hautes herbes. Je peux partager le festin ?

Je rigole doucement même si, avec franchise, l’idée n’est pas mauvaise. Jusqu’ici elle et moi on a que discuté. Elle m’a raconté son histoire, je lui ai raconté la mienne. Elle m’a communiqué des informations juteuses sur LE membre de la Bravta que je veux voir tomber et jamais je ne pourrai assez la remercier. Nous nous sommes donné rendez-vous pour discuter et il n’y a pas de meilleur endroit pour le faire que le Cosmos, au milieu des loups. Si l’enfoiré d’Orlov peut avoir vent que nous nous connaissons peut-être finira-t-il par avancer le mauvais pion ? Plus facile de piéger à deux qu’à une personne non ?

Ça me changera de cette merde qui me tombe dessus.  

Elle ne le sait pas encore pour la vidéo et je crains sa réaction pour être franche. J’ai promis de l’aider…. Je suis maintenant dans la même merde qu’elle.

On pourrait trouver un mec qui le déteste …

Tiens?  Ce n’est pas une mauvaise idée.

Faire attention ?

Bah oui, elle vient tout juste de me mettre en garde, mais il est trop tard pour ça maintenant. Je me suis mise dans la merde toute seule, comme une grande. C’est-à-dire ? Cela signifie que je me suis au-accrocher une pancarte dans le dos qui dit : petite conne à baiser, je la tiens par les couilles. J’exagère à peine puisque je ne suis pas < officiellement > sur le menu de tout le monde, mais seulement sur celui de ce rouquin aux allures de dieu grec.

Ce soir c’est moi qui à envie de bouffer.

Grognonne ? Un peu, beaucoup, passionnément…

—" Tout ce que tu voudras pour lui faire manger ses couilles. »

Amen !

J’ai désormais une haine profonde envers cet homme, une haine qui, au départ, n’était qu’une simple envie de faire tomber la pyramide des Russes… bravo championne. Un mur que je ne suis plus la seule à vouloir regarder s’écrouler parce que si je me fie à ce qu’elle me dit, si elle le pouvait, elle les ferait tous bruler aux lance-flammes.

Je connais des gens qui seraient intéresser d’entendre toutes tes infos, les miens en prime, mais pour ne pas finir toutes les deux comme bouffe à poisson nous allons devoir jouer avec finesse.

En disant cela, je me suis tourné vers elle afin que personne ne puisse lire sur mes lèvres. Je n’ai pas parlé assez fort pour être entendu, mais il ne faut pas courir le risque que notre plan ne s’ébruite. D’ailleurs, pour la suite, je préfère venir lui susurrer au creux de son oreille.

Je veux le voir mort pour ma part… la prison n’est plus une option.

Je recule, tout sourire alors que ma main vient caresser son visage avec douceur. Je flirte avec elle, vous croyez ? Oui, non, en fait je joue le jeu. Je peux être une cliente qui caresse la marchandise avant de payer non ? Puis… elle est sublime, je n’aurais pas dit non sous des circonstances différentes. Je la vois bien son corps onduler sous mes petites attentions, nos regards fixés l’un dans l’autre. Son souffle court et ces gémissements comme musique de fond.

Quel homme ici présent déteste Vlad autant que nous ? Maksim ? Uriel ? Vadim ? Alexei ? Boris ? Dimitri ? Il doit bien y en avoir un qui est assez manipulable pour faire le sale boulot à notre place non ?

En disant cela, je m’approche et laisse mes lèvres flirter avec les siennes un petit moment avant de poursuivre.

On a besoin d’un gros poisson… Dimitri ?

Puis je l’embrasse doucement, sans fioriture, juste assez pour que mon envie de me payer ces services semble vraie et sincère. En temps normal j’aurais probablement tenté de glisser ma langue entre ces lèvres. Plus peut-être même, qui sait… Le pire c’est que je ne sais même pas si elle est attirée par les femmes ou pas et moi je me permets quelques excentricités gratuites. Bah, elle a une langue non ? A-t-elle de me dire si ce que je fais lui déplait.

Il nous a filmés, lui et moi afin de me faire chanter. Je suis tombé dans le panneau comme une débutante. Faire confiance à qui que ce soit, non merci, sauf toi puisqu’on veut voir le même homme mort. Alors que dirais-tu si on offrait une petite séance gratuite à Dimitri ? Il paie et nous… on s’amuse ? Ou Uriel ? Vadim est en coule donc… à éviter.

Lui avouer ce détail est difficile. Je l’embrasse de nouveau avant de faire un pas de côté pour chercher une proie du regard. Sur le coup elle les connait mieux que moi et je lui fais assez confiance pour nous trouver le bon poisson. Elle sait qui aime et qui déteste qui. Elle connait les liens entre les membres. Elle a les connaissances et moi la liberté d’agir. Oui, enfin, la liberté il faut le dire vite hein, mais il y a plus de possibilités de mon côté que le sien.

Elle se tourne vers moi et je sais qu'on peut parler librement ici. C'est l'avantage d'être une pute, ils considèrent limite qu'on est des meubles, ce qui les rend imprudents. Son Amen me tire un sourire, la suite me rembrunit. C'est juste à devenir dingue d'en savoir assez pour les baiser salement, mais de se retrouver prises dans les mailles du filet. Quand elle reprend la parole j'hausse un sourcil étonné, cette morgue est nouvelle ou je me trompe?

Mort... est ce que j'aimerais le voir mort ? Je me pose sincèrement la question et je n'aime pas l'idée. Je fronce le nez et j'ai un petit signe de dénégation, presque imperceptible. Ce salaud... c'est le père de ma princesse et je ne peux pas imaginer être celle qui entrainera sa mort. En revanche sa perte? Avec un putain de bordel d'immense plaisir. Elle caresse mon visage et je lui souris, avant d'embrasser sa paume tandis qu'elle me propose une option que je n'avais pas envisagée. Nous sommes coincées dans un monde aux valeurs patriarcales et peut être que c'est ça l'option rêvée? Utiliser leurs attitudes d'homo erectus contre eux?

Utiliser un autre homme, contre celui que l'on souhaite abattre ? Malin... mais risqué. Parce que ces saloperies à pénis jactent plus que des poules à l'arrivée d'un nouveau coq. Je soupire et envisage l'option qu'elle propose. Elle propose des noms et mon esprit se met immédiatement à faire des liens. Ce que je sais des relations de chacun de ces mecs avec Vlad. Pas reluisant. Elle dit qu'on a besoin d'un gros poisson et j'acquiesce. -"Pas Serguei en tout cas, ses couilles viennent de rencontrer mon genou, je crois qu'il est grognon." Un petit rire, comme si je répondais simplement à son flirt et ses lèvres trouvent les miennes. Je ressens un délicat choc électrique le long de ma colonne. Etre embrassée pour qui je suis, pas comme l'objet de luxure offert à ces enculés... putain ça fait du bien. Même si elle le fait par jeu. Même si je doute... qu'elle soit intéressée.

Je réponds à son baiser et quand elle y met fin, mes yeux brillent un peu plus qu'à l'ordinaire. -"Je connais mal Uriel, mais je crois qu'il ne résisterait pas longtemps à l'idée de se glisser entre nous deux." Ma main se pose, sur le creux de ses reins et je la plaque contre moi de nouveau, pour venir à mon tour dévorer sa bouche, longuement, ma langue venant chercher la sienne en un baiser âpre et presque furieux. Quand je recule, j'exhale un petit soupir, -"Même si je n'ai pas envie de te partager, avant même de t'avoir vraiment goutée." On ne peut sans doute pas faire plus direct, mais je m'en tape. Je la dévore des yeux, fixant ses lèvres en retrouvant sa saveur sur les miennes de la pointe de la langue. -"Et le fait que Vadim soit en couple ça ne change rien t'sais, ces mecs ne respectent rien, encore moins un engagement avec une nana." Je souris et ma main glisse pour caresser le galbe de ses fesses. -"Dimitri est là en tout cas, je l'ai vu à une table de poker." Je me recule, quand je sens un bras s'enrouler à mes hanches. Continue ma belle, j'adore te voir t'occuper d'elle. Voix avinée, odeur dérangeante. Je soupire et me redresse pour découvrir Fiodor Belinski. Ce gros connard qui adore tripoter les filles mais n'a pas la moindre intention de payer et qui peut donc se brosser pour que je me soumette à ses caprices. -"Va te faire foutre Fiodor !" J'essaie de me dégager mais le salaud à une bonne prise. Présente moi plutôt ton amie et laisse moi me branler tranquille en te regardant t'occuper d'elle. -"Putain mais tu me lâches !" J'ai élevé la voix, pour écoper d'un regard sombre de la part d'un des agents de sécurité. Manifestement je n'ai pas le droit de péter un esclandre... Je crois pourtant qu'il serait un peu moins moche avec le nez pété !

Deux têtes valent mieux qu’une, en règle générale. Ce sera suffisant pour nous sortir du bourbier dans lequel on se trouve ? Plus le temps passe et moins j’en suis convaincu. Mon optimiste décline en même temps que les options s’éliminent du revers de la main. Ma dernière idée me semble géniale. La situation a bel et bien une porte de sortie, non ? Suis-je dans le déni ? Plus elle réfléchit et plus mon idée me semble de moins en moins super géniale. Pas Serguei ? Ah, bon, je suis d’accord. Un coup de genou dans les couilles ce n’est pas très invitant en effet. Je note pour Uriel. Il nous faudra donc nous renseigner un peu plus sur lui avant de s’en faire une proie.

Mhmmm !

On est encore dans le jeu ? Oui ? Non ? Si c’est oui alors je crois que je viens de me bruler. Bordel, j’ai un volcan qui vient d’entrer en éruption dans le creux de mes entrailles. Ces lèvres sont douces, chaudes et enivrantes. Puis je ne parle pas des paroles qu’elle me lance. Elle n’a pas envie de me partager avant de quoi ? Je rêve ? Elle ne peut pas me dire un truc du genre sans faire naitre des papillons… Je devrais peut-être me méfier, mais me méfier sous quel prétexte ?

Vadim ?

De quoi elle parle ? À merde, oui, non, être marié ne veut plus rien dire aujourd’hui. On le garde donc sur notre liste ? Dimitri est présent ? On pourrait tester notre capacité de jouer en équipe dès maintenant ?

— " Va te faire foutre Fiodor ! »

Okay ? C’est moi ou il y a encore des mecs qui se croient tout permis ? Question idiote, je sais pardon, c’est le premier truc qui m’est passé par la tête avant que la suite ne me fasse réagir avec plus de férocité.

Hey le petit con ? C’est toi qui paies ou moi là hum ? Si j’ai envie d’être regardé, je ne vais surement pas prendre le plus laid et le plus con de la place si tu vois ce que je veux dire. Sans parler de ta puanteur bien sûr. Ta maman ne t’a jamais appris à te servir d’un savon ?

Petite connasse, tu te prends pour qui ?

La cliente ? Tu as envie de regarder ? Va regarder ailleurs ?

Sans aucune douceur je le pousse pour le faire reculer. Le résultat n’est pas très concluant, parce qu’au lieu de le faire reculer, je crois que je l’ai mis en colère un peu plus qu’il ne l’était déjà.

Putain, mais on a le droit de se faire plaisir ici sans se faire chier ?

Je vois deux gardes de sécurité approcher et je me demande sincèrement si c’est pour aider ou pour nuire. Le premier pose sa main sur l’épaule de l’homme et le deuxième homme pose la sienne su mon avant-bras.

Tu veux regarder aussi ou je peux aller baiser en paix ?

Relaxe Eden… Relaxe. Ce n’est pas en envoyant promener tout le monde que tu vas mettre le monde dans ta poche.

Je vous demande pardon, c’est juste que je n’ai pas l’habitude de voir une tierce partie s’imposer entre moi et celle qui me fait mouillée vous comprenez ? Toutefois, c’est la première fois que je dois payer et je ne sais pas trop…

C’est moi ou il a rougi ? Genre hein ? C’est le fait d’avoir levé les sourcils pour quémander son aide pour la suite ou le fait d’avoir avoué que je mouille ?

Ça va, il n’y a pas de souci.

Les gardes repartent en emportant avec eux le petit con et je ne peux me retenir de soupirer. On est censé faire quoi là ? Aller dans une chambre ? Puis je me demande bien combien ça va me couter tout ça tient ? Je peux me le permettre, mais je n’ai pas menti en disant que c’était la première fois que je me payais les services d’une prostituée. Pourquoi diable j’accumule les conneries ? Il y a quoi dans l’air dans ce trou à rat ?

Maintenant on est censé faire quoi ?

Je n’ose même pas la regarder.