Parfois on a juste besoin de vider son sac.

-"Mais va te faire foutre Wallas !" Eclat de voix que j'assume en plantant mes yeux dans les siens, redressant le menton, avançant clairement agressivement. Le commentaire sur mon cul a été celui de trop? Oui il y'a de ça... Mais si j'explose c'est parce que je ne suis pas en capacité d'encaisser, pas aujourd'hui. -"C'est pas parce que ta petite bite frétille quand tu me vois que tu es obligé de me partager l'info, okay?" Evidemment ça fait marrer ses potes, alors que lui se renfrogne d'autant plus. Allez ça va arrête ton show Manaé. -"Lieutenant Thornton connard, on a pas gardé les cochons ensemble !" Il bout de rage et je m'en cogne mais alors tellement fort.

Je déteste qu'on se permette de me prendre de haut, ou qu'on fasse comme si je n'étais pas là en commentant mon cul et les "activités" à faire dessus. En temps normal je me serais surement contentée de faire comme si j'avais pas entendu. Mais plus rien n'est normal... J'ai plus mon alliance, parce que je l'ai jouée et perdue, maiiiiiiiis en revanche mon mari mort, ne l'est plus. Vivant mais amnésique ayant tout oublier de moi... Dire qu'il bosse ici et que je le savais même pas. J'aurais pu le croiser au détour de la base et j'aurais surement encore plus vriller. Enfin non... disons que j'aurais eu un public sidéré. Les gars ne connaissent pas forcément la nature des relations qui m'unissaient à Dean... Donc ça aurait fait halluciner tout le monde et j'aurais fini chez le psy avec une crise d'hystérie pareille. J'essaie de rester concentrée sur ce con de Wallas mais mes pensées s'éparpillent dans tous les sens.

Je sais pas pourquoi, ni s'il le fait vraiment exprès. Mais ce con me touche. Juste le bras... clairement pas un geste obscène ou quoi... Pourtant ça part en live et je lui colle mon poing sur la gueule. Il pousse un putain de rugissement et m'agrippe par les épaules pour ... littéralement me balancer par terre. A mon tour de pousser un grognement, avant de me relever comme un diable qui sort de sa boite. -"Allez viens fils de pute ! A moins que tu aies trop peur qu'un beau petit cul comme tu dis, te fume la gueule !" Clairement je n'ai pas la moindre chance, pas dans le cadre d'un duel... Pourtant je me mets en garde et mes yeux brillent de lueurs assassines alors que je l'invite de la main à me rejoindre. A croire que j'ai besoin d'extérioriser tout le bordel que j'ai dans la tête? Il y'avait probablement d'autres méthodes que de me faire casser la gueule, ceci dit. Mais ça... Il aurait fallu que je conscientise tout ça, alors que décharger ma souffrance en m'en prenant plein la gueule, ça semble bien plus facile. J'avance et mon poing vient lui manger la pommette. J'ai envie qu'il me cogne, je lui donne donc un peu de motivation. Certains l'encouragent, à me faire fermer ma gueule, d'autres tentent de le dissuader, la cafétéria devient atrocement bruyante, mais je m'en fous, je suis focus sur l'idée de lui en mettre plein la tronche avant d'avoir mon compte.

@Nathaniel Jenkins

Parfois on a juste besoin de vider son sac

-Alors vide ton sac!-

@Manaé Thornton Nathaniel Jenkins

Une effervescence naissait au sein de la cafétéria. Quelques curieux accouraient pour y jeter un œil à l’action entamée, probablement fébrile d’y trouver un divertissement rare en cette base bordant l’océan. Plus on s’y rapprochait, plus le niveau de décibel augmentait dans un mélange de brouhaha incessant et de cris… d’encouragement?
Nate arpenta le couloir en emboîtant le pas pour constater le bazar ambulant sur place. En chemin, il intercepta un membre junior et le questionna sur la situation. Il lui informa qu’une altercation avait éclaté et que les hostilités avaient vite grimpé entre les deux parties. Le lieutenant-colonel soupira. Cette base navale lui portait la poisse, ce n’était pas possible autrement! Jurant parmi les uniformes, il attirait encore les regards malgré qu’il en faisait abstraction, mais jamais, au grand jamais, il n’avait encouru autant de soucis en si peu de temps qu’ici. Bordel que Fort Irwin lui manquait.
De plus, il devra à coup sûr se passer de repas ce midi! On remercie les deux imbéciles souhaitant offrir un spectacle improvisé à leurs camarades.

Il débarqua dans la salle problématique. Il avait l’impression de replonger des années en arrière. Une véritable cour de récréation remplie de gamins s’émerveillant au premier coup offensif envoyé. Le membre des forces armées américaines se fraya un chemin sans ménagement à travers la troupe de fourmis s’étant formée autour des deux combattants. Putain, aucun de ces spectateurs n’avait eu la parcelle d’intelligence de les arrêter?
Au centre de l’action, le militaire s’interposa d’emblée sans même prendre le temps de s’annoncer promptement. Il empoigna le bras de l’homme se dirigeant tout droit vers sa cible et saisit le col de celui-ci pour l'immobiliser près de sa personne. Nate foudroya du regard ce dénommé Wallas qui avait plus qu’intérêt à ne guère se débattre.

— Vous allez me faire le plaisir d’accepter un rabe, mon cher! Qui commencera dès ce soir. Tout autant que votre adversaire.

Sa voix revêtait un ton glacial. Aucun refus ne sera toléré. Le réprimandé détourna ses yeux tout en hochant la tête. Le corps de l’assaillant toujours raidi, néanmoins le haut gradé relâcha sa prise voyant que son captif s’était refroidi à l’idée de se battre.
Le premier cas réglé, il restait le second. Nate posa ses iris bleutés sur le deuxième problème et il se figea l’espace de deux secondes.

— Lieutenant Thornton.

Et merde! Pourquoi se retrouvait-elle mêlée à ce bordel? Il arqua un sourcil malgré lui. Demander des explications devant tous ces indiscrets ne l’enchantait pas. Juste en observant sa mine renfrognée, il capta qu’il valait mieux la convoyer à l’écart.

— Faites-moi le plaisir de m’accompagner, lieutenant. Pour les autres, le spectacle est terminé!

Tant pis si l’envie n’était pas au rendez-vous pour notre charmante demoiselle belliqueuse. Nate l’emmena à sa suite jusqu’à ce que leurs pas les guidèrent à l’extérieur. Le vent frais chatouilla leurs visages tandis qu’il tourna les talons vers la pilote.

— Il y a un problème dont je devrais être au courant?

Son teint de voix se montra plus doux envers elle. Certes, elle était une jeune femme explosive, mais de là à se lancer dans un affrontement quasi perdu d’avance pour elle. La différence de gabarit ne lui donnait très peu de chance de décrocher une quelconque victoire.

Je suis survoltée, complètement déchainée par l'adrénaline qui courre dans mes veines. Je crois que je viens de trouver un dérivatif absolument parfait au marasme dans lequel j'ai le sentiment de me débattre depuis quelques jours. Ma vie part en sucette, retrouver mon ex au cours d'un braquage, jouer mon alliance et la perdre, découvrir que Dean n'est pas mort... Je crois que ça commence à faire beaucoup, en tout cas c'est déjà trop pour moi. Alors je me lance, attaque Wallas, alors qu'il n'a pas été vraiment plus con que d'habitude. Qu'il me jette par terre ne tempère pas du tout mes ardeurs, bien au contraire.

Je repars à l'assaut et couine de frustration quand on me retire mon adversaire, en tout cas avant que sa voix ne résonne. Jenkins... putain fait chier. Evidemment il fallait que je me donne en spectacle devant un gradé, histoire de bien remettre en cause ma capacité à piloter. J'abaisse ma garde, en même temps que le menton, me contentant de le fixer de mon regard le plus noir. Il calme presque instantanément ce connard et je n'ai pas d'autre option que de le suivre. Je commence par un salut dans les règles et par grommeler. -"A vos ordres, colonel." Clairement le pire du pire. Je n'ai envie d'obéir à personne, encore moins à un mec, que ce soit ou non un ami d'ailleurs.

D'un autre côté, me prendre la fessée en public ne me fait pas plus envie et je suis suffisamment intelligente pour comprendre qu'il m'offre là une porte de sortie. Alors je m'enligne dans son dos et on rejoint l'extérieur. Il se tourne vers moi, la voix douce pour me demander si il y'a un problème dont il devrait être informé. -"Question de l'ami ou du colonel?" Ma voix est nettement moins posée que la sienne, elle s'étrangle d'ailleurs un peu. Je lutte mais je me noie, mes mains viennent se joindre dans mon dos. Position de repos, mais surtout occasion de caresser frénétiquement l'emplacement laissé vide par mon alliance. Jörgen... il faut qu'il me la rende. Je soupire et relève le menton. -"Je ferais en sorte que ça ne se reproduise plus." Mes mâchoires sont tellement serrées qu'elles finissent par me faire mal et je me force au calme. Inspirer longuement, expirer lentement par la bouche. Je suis un soldat, pas une midinette, à un moment va falloir que ce délire s'arrête.

J'ai jamais été un modèle de calme, sauf quand je suis aux commandes de mon hélico.... En même temps les pilotes sont toujours un peu à part. Y'a un petit côté aura et arrogance, mais aussi un petit tempérament chien fou. Je crois qu'on est pas tout à fait aussi bien câblés pour seulement obéir ? Sans doute parce qu'on a des postes qui nécessitent d'obéir aux ordres mais aussi d'être capable de la dose d'autonomie dans la prise de décision. J'en sais trop rien en fait, en temps normal je ne me pose pas ce genre de question. -"J'ai besoin de voler. Ce que tu veux, en terme d'exercice, même si je dois ensuite faire des ronds de jambes à quelques pontes, j'ai be-soin de voler." J'appuie sur le mot et mon regard se fait presque dévorant. Je suis pas douée pour parler de moi, puis personne ne sait vraiment ce qui s'est passé entre Dean et moi. Evidemment ils ont bien capté que je portais son putain de patronyme, mais hormis ça? On s'est pas installés ensemble... personne ne nous a vu, tout simplement parce qu'il y'avait rien à voir! Ensuite il a disparu, j'ai pété une durite, puis il est mort et j'ai pas été mieux. Comment je suis sensée lui dire qu'il est ressuscité? C'est à ce moment là que je réalise... Que je fais un pas en avant et que mon menton se relève de nouveau avec rage. -"Tu savais? Tu savais qu'il est revenu sur la base et tu ne me l'as pas dit ?" Putain mais c'est pas possible en fait... mon monde s'effrite.

Parfois on a juste besoin de vider son sac

-Alors vide ton sac!-

@Manaé Thornton Nathaniel Jenkins

L’effet de grade apportait toujours une certaine efficacité de calmant au sein des troupes surexcitées. Nate ne s’en privait jamais d’imposer sa présence pour rappeler à l’ordre les soldats frôlant les ennuis, mais il ne put s’empêcher d’avoir un certain regret lorsqu’il découvrit une partie de la problématique. Un simple échange de regard lui confirma que la principale intéressée n’était guère emballée à ce qu’il débarque dans les parages.
Tant pis. Elle devra s’y faire.
Le colonel s’assura dans un premier temps que le cher Wallas ait dompté ses ardeurs avant d’inviter -sans réel refus possible- la pilote à le suivre. Il ouvrit la marche et Manaé le talonna jusqu’à ce qu’ils se retrouvent à l’air libre, loin des compagnons qui devaient à présent profiter de leur repas. Hors de portée des oreilles indiscrètes, le militaire questionna la lieutenante.
Une réponse effleurant la méfiance comme s’il tentait d’y dénicher une faiblesse à retourner contre elle.

— Les deux? s’enquit-il de répondre en toute honnêteté. Autant pour m’assurer qu’il n’y ait pas un autre débordement t’impliquant, mais aussi pour comprendre pourquoi tu t’es engagée dans cet affrontement aussi stupidement?

Elle savait se défendre, là n’était pas la question. Mais au moment de son intervention, l’avantage du combat ne penchait pas de son côté. Comment le tout se serait terminé si personne ne les avait séparés?
Son regard azuré ne la quitta pas une seule seconde. Malgré les propos de bonne foi, elle n’y échappera pas. Il ne pouvait pas se permettre de fermer les yeux et d'octroyer un passe-droit. Il n’en tirait aucun plaisir d’ailleurs.

— J'espère que ça sera le cas. Même si tu devras rallonger ton temps de service demain.

Même si aux premiers abords, elle pouvait se montrer plus calme, Manaé mentionna un besoin dont Nate n’était pas du tout convaincu. Ses sourcils se froncèrent tandis que sa tête se pencha un tantinet vers la droite. Il savait les effets libérateurs que ça apportait auprès du lieutenant, mais était-elle réellement en état de piloter? Elle vacillait entre les émotions.
Il retint son souffle un instant avant de le relâcher dans un soupir.

— Parce que tu crois que c’est une bonne idée de t’envoler dans les airs? Maintenant, tout de suite?

Si elle pouvait toutefois prendre un véritable moment pour évacuer son esprit sans qu’elle ait nécessairement la tête entre les nuages. Juste… quelques minutes supplémentaires avant qu’elle puisse se poser devant les commandes de son hélicoptère et quitter le sol.
Pensée que le lieutenant-colonel regretta immédiatement. Une question enrouée de rage tomba sans avertissement. Nate affronta son regard ardent sans sourciller, plongeant ses iris dans les siens en maintenant sa posture droite.
Il n’y avait qu’un seul et unique chemin envisageable à emprunter. Il savait pertinemment de qui elle faisait allusion. Impossible de feindre l’ignorance.

— J’en ai entendu parler, oui. Mais je n’ai pas non plus vérifié l’information. T’en glisser un mot sans avoir la certitude ne me semblait pas le choix le plus judicieux, donc je n’ai rien dit.

Si tout ça lui méritait une médaille du pire ami, qu’il en soit ainsi.
Il était prêt, Nate. En aucun cas il ne s’attendait à recevoir une réaction positive face à sa réponse. Il lui avait livré la vérité, même si ce n’était pas nécessairement ce à quoi elle espérait entendre. Oui, il était au courant dans un sens. Mais pourquoi venir la torturer s’il ne pouvait pas lui garantir la véracité des rumeurs qu’il avait captées à gauche et à droite? Même si manifestement, cette information s’était rendue jusqu’à ses oreilles.

— Tu as retiré ton alliance. Je pensais que tu avais tiré un trait sur lui.

Il ne se cherchait pas d’excuse. Le militaire relevait seulement une constatation et une pensée. Mais de toute évidence, il avait faux. Son ex -?- mari occupait toujours les pensées de la lieutenante Thornton.
Un lien se forgea dans l’esprit du membre des forces armées.

— Est-ce que c’est pour ça que tu t’embarques dans des embrouilles sans réfléchir?

Il arqua un sourcil, curieux de la réponse.

Des deux ? Non ! Ça ne peut pas être des deux justement ! Parce que l'ami je peux lui raconter, le colonel il peut aller se faire foutre... enfin en tout cas dans ma tête c'est sérieusement le bordel. Je crois que j'avais besoin de me mettre sur la gueule avec ce con de Wallas, quitte à me faire rétamer, parce que j'ai beaucoup trop d'émotions qui se bousculent en moi. J'ai l'impression que mon corps me brule, que mon esprit est en ébullition. Alors je ne réponds pas à sa question, je me contente de hausser l'épaule, de dire que ça ne se reproduira plus et de mettre en avant mon besoin de voler.

La réponse? Elle me fait grimper des dents. Je dois me préparer à faire du rab d'heures demain? Comme si je comptais mes heures généralement... Mais pourquoi au juste? Je suis quoi, punie ? Franchement c'est disproportionné. -"Evidement que je suis en état, tu crois que je vole que en étant zen et détendue? Tu penses vraiment que sur zone de combat j'ai le temps de me demander si je suis un peu fatiguée ou agacée?" Je déteste qu'on me dise ce que j'ai à faire et clairement je volerais, que ce soit ici ou avec les hélicos de mon pote, ça dépend de lui et ça change le délai dans lequel je fais pouvoir me prendre mon shoot.

Mes pensées s'entrechoquent et soudain il y'en a une qui surgit et elle franchit mes lèvres sans que je puisse la retenir. La colère gronde déjà, avant qu'il me réponde calmement, mettant un comble à ma rage. -"Va te faire foutre !" Mes doigts caressent instinctivement mon annulaire gauche, n'y trouvant que le vide et ma colère redouble. Jorgen refuse de me la rendre.... et sans, je me sens nue, c'est débile mais j'en ressens le manque, comme si l'absence de ce petit poids changeait la donne. Mes yeux brulent d'une colère qui s'intensifie quand il a le culot de me dire qu'il n'était pas sur et que c'était surement pas judicieux de me prévenir. -"Tu sais ce qui est judicieux? De ne pas mentir à ceux qu'on dit être ses amis. Quant à mon alliance, ce que j'en fais ou non ne te regarde pas." Ma voix gronde mais je ne crie pas, je suis dans une rage froide.

-"Tu es l'un des rare qui savait pour nous, l'un des rares qui savait comme il compte pour moi et tu n'as pas daigné me prévenir?" Je me sens comme foudroyée, par la douleur et je vacille sur mes jambes. -"Je ne me mets pas dans les embrouilles, ce connard de Wallas est un putain de harceleur sexuel, je devais quoi le remercier? M'agenouiller et le sucer peut être ?" Mes épaules se sont carrées, mon menton se dresse fièrement, la tension est palpable dans toute mon attitude. Je serre les poings et secoue la tête une moue de dégout affichée sur les traits. -"Alors ouais je répète : Va-te-faire-foutre-Colonnel !" Je détache les syllabes et je lève mon majeur sous son nez. Qu'il me foute au trou s'il veut, j'en sortirais et je m'en branle ! Comment ose t'il justifier de ne pas m'avoir prévenue ? Peut il seulement imaginer une once de ce que j'ai ressenti en me trouvant tout à coup face à un fantôme? Retrouver Dean sans le retrouver est une expérience complètement folle. Son corps est là, ses mimiques, son sourire, l'odeur de sa peau... mais son esprit est un puzzle duquel je suis sortie... Je ne sais plus à quoi m'en tenir, c'est totalement fou. J'ai mal et peur et je bouillonne d'une rage incommensurable.

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