De but en blanc // Adam

-Dites-moi que je ne suis pas le seul à babysit la police de San Diego-

@Adam Mayes Nathaniel Jenkins

Malgré les apparences qu’il avait pu démontrer, cette affaire lui tenait réellement à cœur. Lui trottait en tête depuis cette rencontre fortuite. Cette accusation formelle d’un policier dépassant les limites qui lui étaient permises l’avait certes dérangé, mais il devait reconnaître qu’autrement, le tout aurait passé sous le radar -ou du moins jusqu’à ce que l’irréparable frappe-. Quoique respecter les procédures aurait grandement transformé son expérience avec ce blond arrogant et impertinent. Mais être doté de sens critique ne semblait pas être donné à tous.
Et au contraire des attentes du flic, Nate faisait sa part. Impossible pour lui de laisser sous silence des soupçons, quitte à se faire davantage détester au sein de cette base navale -dont il faisait déjà tache de toute manière-. Il pourra néanmoins dormir sur ses deux oreilles et d’une certaine façon, il souhaitait croire en cette conviction démesurée que ce James Morrison lui avait crachée à la gueule. Ce con était un parfait abruti, mais sans doute pas assez pour risquer une carrière qu’il se disait s’en foutre complètement.
Il avait donc matière à creuser. Autrement, il en prendra la totale responsabilité.

Ses pas rythmés le menèrent dans un couloir des cabinets administratifs qu’il avait bien peu l’habitude d’arpenter. Le lieutenant-colonel des forces de l’armée américaine s’arrêta devant la plaque métallique désignant qu’il faisait face au bureau de la police militaire -plus précisément vis-à-vis de celui dédié à un certain Adam Mayes-.
Une grande inspiration emplit ses poumons d’air. Ses jointures engagèrent un contact avec le bois de la porte dans un bruit sonore net.

— Lieutenant-colonel Jenkins, s’annonça-t-il poussant la porte entrouverte. J’espère ne pas vous déranger.

Il balaya d’un regard rapide l’intérieur pour s’assurer qu’il n'interrompt rien et entra. Il ferma derrière lui pour éviter que des oreilles indiscrètes se frayent un chemin jusqu’à eux.

— J’ignore si vous avez vu les images des caméras, mais nous avons reçu une visite inusitée il y a peu à la base. Un policier de la brigade des stupéfiants hors de ses heures de service. Il disait filer un suspect dans une de ses enquêtes et qui s’avérait être un membre des marines.

Nate s’avança vers le bureau, se postant simplement devant sans prendre place sur une chaise à disposition. Il ignorait si cette histoire s’était déjà rendue aux oreilles de la police militaire. Ou si même le lieutenant Mayes avait pu jouir d’une rencontre avec l’infortuné indiscipliné de flic.

— Seulement, il était incapable d’identifier le membre en question, mais revendiquait haut et fort qu’il s’agissait bien d’un homme des rangs des marines. Sans preuve tangible à l’appui, il a quitté les lieux sans prendre la peine de faire un réel signalement en bonne et due forme, mais dans le doute, je préfère donner suite et que vous puissiez enquêter à l’interne.

Ça sera mieux reçu que de laisser fouiner un policier insubordonné se croyant au-dessus des règles.
Cependant, le membre du corps armé estimait davantage la prudence sur ces sujets. Valait prévenir que guérir. Surtout lorsque l’individu en question pouvait avoir une incidence sur des collègues, les entraîner dans ce mode de vie destructrice. Bien qu’avec un peu de chance, ça concernera uniquement le suspect de la police. Mais à force de creuser, on tombait parfois sur des surprises.

— Si, au final, je vous fais perdre votre temps, j’en prendrai la totale responsabilité. Et si possible, je désirerais avoir des suivis.

Car il aimerait avoir le fin mot de cette histoire.