Sarah Borden ∞ San Diego est mon passé, mon présent et... mon futur

Salut, c'est moi, Sarah Borden. Je vais vous raconter mon histoire... l'histoire d'une femme dont la vie a été subitement plongée dans la tragédie. Mais pour comprendre mon histoire, laissez-moi vous ramener au 4 juillet 1995, à San Diego, là où tout a commencé...

Bien que cette date soit très importante aux yeux des Américains en général, elle l'est tout autant à mes yeux puisqu'il s'agit de la date de mon anniversaire mais aussi celle de la mort de mes parents. Autant le dire : le Jour de l'Indépendance est une journée ultra importante pour moi. Jusqu'à aujourd'hui, j'ignorais qui étaient mes parents. Je l'ignore toujours ceci dit. Mais il y a peu, j'ai appris la vérité au sujet de leur mort, mais principalement de la façon dont ils ont perdus la vie. À trop vouloir connaître les coulisses du drame qui a frappée notre famille, j'ai fini par obtenir des réponses après des années sans réponse. Je regrette presque  d'avoir su cette vérité. Toute ma vie on m'a menti sur ce qui s'était réellement passé ce soir-là, j'aurais probablement mieux fait d'en rester à l'ignorance et à la version mensongère, car cette vérité jetterait un froid à n'importe lequel d'entre nous.

1995 fut exceptionnelle pour mes parents puisqu'il s'agissait de l'année où ils allaient devenir parents pour la première fois. Ce fut également une année riche en émotion pour mon oncle Terence et mon père qui venaient tous deux de perdre leur père dès suite d'une maladie. Chacun d'eux ont vécu leur deuil à sa manière : mon père a tout fait pour ne pas ressembler au sien, en restant auprès de ma mère durant sa grossesse tandis que mon oncle, lui, a été le plus fragile des deux en sombrant dans l'alcool. De plus, son couple battit de l'aile depuis que lui et sa compagne eurent appris qu'ils ne pouvaient pas avoir d'enfant. Mon oncle a tout simplement commencé à jalouser mon père en le rendant responsable de tous ses malheurs actuels au sein de son couple. Plus tard, ils en sont venus aux mains après que Terence ait débarqué chez eux en pleine nuit complètement ivre. Après quoi, mon père a porté plainte contre son propre frère et l'a fait arrêter pour intrusion. Ils ne se sont plus jamais adressé la parole.

Le soir où mon oncle fut averti du drame qui a tué mes parents, lui et sa conjointe avaient rompus. Il avait quitté San Diego pour recommencer sa vie loin de son frère et de son ex. Étant le seul parent encore en vie, c'est lui qu'on appela en priorité. À son arrivée à San Diego, il s'est rendu au poste de police. Le commissaire lui fit un débriefing sur ce qui s'est passé et lui annonça que ce n'était pas un simple meurtre, mais un massacre. Il lui donna des explications quant à la manière dont j'ai été mis au monde. Incapable de prononcer quoi que ce soit, mon oncle s'est contenté de se lever et d'aller vomir dans les toilettes. Mon oncle ne parvint pas à trouver le sommeil après avoir vu les corps mutilés de mes parents. Quelques semaines après les funérailles de mes parents, mon oncle signa les papiers d'adoption ; étant dans l'incapacité de concevoir un enfant et ayant toujours voulu avoir sa propre petite famille, il me recueillit chez lui, à Santa Monica où il m'éleva comme sa propre fille. Sarah. C'est le prénom qu'il finit par me donner en hommage à ma mère qui portait également le même.

Depuis ma plus tendre enfance, j'ai été considérée comme une survivante. Aux yeux de mon oncle, je devais en être fière et l'accepter. Pourtant, ce statut m'a gâché la vie pendant de nombreuses années, au point même de me sentir particulière, unique et différente des autres. Mais je n'étais personne, juste une orpheline qui avait perdu ses parents lors d'un accident de voiture quelques temps après ma naissance, un mensonge prétexté par mon oncle pour me protéger de la véritable histoire. Mais la vérité finit toujours par ressurgir d'outre-tombe, et c'est ce qui arriva durant l'année de mes 17 ans lorsqu'une femme du nom de Deborah, a débarquée à Santa Monica pour rendre visite à mon oncle Terrence. Je ne la connaissais pas et pourtant, je soupçonnais la relation entre la mère et le fils particulièrement tendue. Un lien avec le passé ? Des secrets enfouis au plus profond de chacun d'entre eux ? Néanmoins, le passage de ma grand-mère aura eu un impact considérable sur ma vie puisque, c'est grâce à elle que j'ai su, dans les grandes lignes, ce qui s'est réellement passé ce soir-là. Dès lors, j'ai commencé à me sentir responsable de cette tragédie. Je n'étais même pas de ce monde que j'avais – d'un certain point de vue - provoqué la mort de mes parents. Il n'y avait pas de quoi se réjouir de ma survivance. Le remord et la persécution me suivent à la trace depuis une dizaine d'années et, bien que je m'y sois habituée et que je tente de me convaincre de mon innocence, ma vie n'a plus jamais été la même après le passage de ma grand-mère.

Dans le but de penser à autre chose et continuer à vivre ma vie le plus normalement possible,  je me suis inscrite à une formation pour devenir monitrice de camp. Après avoir obtenu mon certificat, j'ai été contactée pour l'année suivante. Peu après la fin des vacances, j'ai commencé mes études d'Auxiliaire de Puériculture. En outre, j'ai rejoint mon premier camp en tant que monitrice l'été d'après. Après mes deux ans de Licences, j'ai mis fin à l'université pour me consacrer à ma vie professionnelle. En septembre de la même année, j'ai été admis dans une crèche en tant qu'Auxiliaire de Puériculture, et afin de me faire un peu d'argent supplémentaire pour arrondir mes fins de mois, j'acceptais de garder des enfants chez moi, une fois de temps en temps. En plus de travailler en crèche, je me suis penché sur la photographie, une activité que je pratique depuis près d'une décennie. Pour ce faire, je me suis inscrite à un club de photo, parmi lequel je partage mon savoir-faire et apprends celui des autres, mon objectif étant de devenir photographe professionnelle en plus de mes deux autres travail.

Dix ans après que j'ai entamé ma vie d'adulte entre mon travail, mes activités et l'amour - Eh oui, j'ai également trouvé le bonheur en dehors de tous mes projets -, j'ai pensé qu'il valait mieux, pour mon bien être, revenir là où tout a commencé, à savoir San Diego, ma ville natale, pour y faire le deuil de mes parents et repartir à zéro. Mais ce que je souhaitais surtout, c'était d'emménager dans la maison qui a vu mourir mes parents, et qui, jusque-là, était inhabitée depuis 1995, soit 28 ans après le drame. L'intérêt que je porte à la « Maison du crime » a d'office éloigné mon conjoint, ce qui nous a valut une séparation temporaire, le temps pour nous de faire le point sur notre situation. En attendant, j'ai fait l'acquisition de la maison qui appartenait à mes parents et je m'y suis installée il y a peu. Mais ce n'est pas seulement mon passé qui m'a attiré jusqu'ici, même si c'est principalement la raison, mais aussi la photographie...