« N’est pas peur de la bête qui sommeille en toi, il est fort probable qu’elle soit la seule en capacité de t’aider à survivre… »Le début de ton existence commence une nuit chaude de Mai, il y a 28 ans dans un orphelinat, enveloppé d’un simple linge à même le sol. Moment que tes enflures de géniteurs ont choisi pour t’abandonner alors que tu n’avais à peine que quelques heures de vie. Tu as toujours ignoré qui ils étaient, ou pourquoi on t’avait laissé là, tout ce que tu savais c’était que c’est partir de ce jour que ton cauchemar a débuté. Tu n’avais pas d’identité, pas même de jour de naissance. Ce sont les sœurs de l’orphelinat qui ont décidé de te baptiser « Reyna ». N’y voyait aucun signe d’affection là-dedans, ce prénom t’a été donné juste parce qu’une couronne était brodée sur le tissu dans lequel on t’avait apportée. Ainsi commença la vie de la Reine de l’oubli…
L’oubli, chaque moment de ta vie en est imprégné. Vous l’aurez compris gamine, j’étais le genre d’enfant qui manquait cruellement de limites. Qui était en manque de repères, dévastée par le rejet de ses parents dès ses premières heures. Emotionnellement instable, tu étais une petite fille aux allures de garçon qui passait d’un état de calme olympien à celui de folie fracassante, poings fermés sur le visage d’un autre. Tu étais ce qu’on appelle une enfant souffrant d’un état psychologique enclin à un sentiment d’insécurité permanent. Le syndrome de l’abandon. Une belle connerie ! C’était ce que tes abrutis de psychiatre t’avaient diagnostiqué après que tu ais fracassé un enfant jusqu’à ce qu’il perde connaissance, à l’âge de 6 ans. Quoi ? Il l’avait sans doute cherché. Ta violence n’avait aucun égal. Quand dans ta tête ça vrillé, tu n’étais plus en mesure de contrôler quoi que ce soit. Quand dans ton corps le sentiment de détresse t’envahissait, la fureur venait le noyer immédiatement et advenait que pourra de celui qui venait à croiser ton chemin. Mais l’enfance n’a pas durée. A mesure que tu grandissais, ton corps s’est transformé, plus longiligne, plus fin, moins enfantin, plus féminin. Tu éveillais les regards sans même en prendre conscience. Jusqu’à cette soirée au sein de l’orphelinat. Les sœurs avaient beau faire de leurs mieux pour garder les garçons et les filles bien à l’écart, le propre des adolescents était de ruiner la moindre de leurs règles. Régulièrement le soir, les jeunes adultes s’échappaient de leurs lits pour se rejoindre dans les combles de cet ancien bâtiment hospitalier. Garçons et filles se mélangeaient autour de jeux tel « qu’actions ou vérités », ou le jeu de la bouteille, avec de l’alcool et pour certains, de la fume pour d’autres. Tous étaient dans la même galère, affrontant le manque de repères et les premiers rapprochements d’ados. Tous se connaissait depuis bien longtemps. A cet instant, tu avais remarqué avec quelle intensité l’un des garçons l’avait observé. Avec quelle impatience, il avait attendu son tour pour que la bouteille s’arrête sur lui et qu’enfin ses iris émeraudes puisse sondait plus fort les tiennes. A ta réponse « action » des rires avait fusés, moqueurs et typiquement synonyme que tout le monde savait ce qui t’attendait.
« Mec’ embrasse la fille que tu trouves la plus sexy dans cette pièce. »
Il s’était levé alors rejoignant l’endroit où tu étais assise, toujours un peu à l’écart, assise sur une large caisse de bois, tes jambes pendantes dans le vide. Ses iris couleur de l’océan t’avais recouverte alors qu’il avait affiché ce foutu sourire charmeur que les hommes possèdent, en avançant pas après pas vers toi. Il s’était mordu la lèvre inférieure en arrivant face à toi, comme s’il était victime soudainement d’une gêne, déposant ses larges mains sur tes genoux, il avait penché son visage en chuchotant.
« Tu vas me frapper si je tente, Rey ? »
Tu n’avais rien répondu à sa question, le laissant dans le doute le plus total quant à son avenir s’il tentait de t’embrasser. Cependant, tu ne cachais absolument pas ton air de défis sur ton visage, un petit sourire en coin laissant évoquer de la malice et, perturbant un peu plus le jeune homme en face de toi, qui semblait confus. Des « aller ! » sonores étaient venu secouer un peu plus le beau brun qui riait, alors qu’il avait lentement écarté tes jambes pour s’en approcher. Tu as découvert pour la première fois ce que c’était d’être convoité par un homme. Tu as découvert ce qu’était capable de provoquer une bouche contre la tienne. Ce que des lèvres étaient en mesure de provoquer chez l’autre. Quel pouvoir un homme était en mesure de créer, et surtout ce qu’une femme était capable de faire faire à un homme. Tu as découvert ce que le toucher était capable de faire ressentir. Un frisson, un vertige. Et par-dessus tout capable de réduire ta colère durant quelques secondes à néant. Ce premier baiser avait à peine duré quelques secondes mais ça avait suffi pour que toi et lui, deviennent accros à la sensation de planer. L’adolescent et toi, ça ne s’est pas arrêté là. Après cette soirée, toi et lui, avait cumulé les sorties nocturnes pour repousser un peu plus à chaque fois les limites de vos envies. Celles-ci devenant de plus en plus intenses en la présence de l’autre. Tellement intense que vos regards venaient à se croiser durant la journée, jouer la comédie devenait une véritable torture. Personne ne savait pour ces petits rendez-vous obscurs et d’ailleurs personne ne devait savoir. Le jeune homme était capable d’anticiper avec le temps tes pétages de plombs. Réussissant à t’isoler avant que tu ne dérapes encore et fracasse fille ou garçon qui été en mesure de croiser tes pas. Malgré tout, les échappatoires nocturnes faisaient partis des secrets. Et d’ailleurs, des secrets, vous vous en étiez confiés beaucoup.
« J’ai un nouveau secret Rey’, je crois que je suis amoureux de toi »
Vous pouvez être la pire des ados du monde. Celle qui cogne tout ce qui bouge dès que la pression devient trop forte, le jour où ce jeune garçon avait plongé ses yeux sur les tiens pour te dire ce nouveau secret, Tu t’es sentie faiblir. Il y avait enfin quelqu’un pour qui, ton existence avait de l’importance. Enfin quelqu’un qui tenait à toi. Mais tenir à quelqu’un quand on a 16 ans ça ne veut pas dire grand-chose, encore moins venant d’un homme. Et tu as fini par le comprendre quelques mois plus tard, lorsque tu as découvert ce dernier en train d’en peloter une autre au détour d’un couloir, sa bouche écrasante celle d’une blondinette à la jupe bien trop courte. Tu te souviens parfaitement de la douleur que ça t’a produit dans l’estomac, et aussi à quel point ta fureur était devenue incontrôlable. Tu as connu beaucoup d’émotions dans ta vie mais c’était la première fois que tu découvrais la trahison. Une émotion particulièrement violente, tenace. Un sentiment faisant naître en toi une sévère agitation, ton influx nerveux devenant plus rapide, ton sang augmentant perceptiblement de température comme s’il se mettait à bouillir sous ton épiderme. Quant à ton cerveau ? Connaissez-vous l’impact qu’a un plomb électrique lorsqu’il saute ? C’est ce qui se passa ce jour-là dans ton esprit. La lumière c’était éteinte, pour laisser champ libre à la noirceur. Ton corps c’était mis en marche avant même que tu n’en donne l’ordre. Tes poings c’était comprimés tellement fort que tes jointures avaient soudainement blanchis. Tes traits c’était durcis et, tel un félin guettant sa proie, tu as bondi sur ta victime pour véritablement lui faire vivre un cal vers. Les secondes qui avaient suivies furent floues dans son esprit. Tu n’as aucun souvenir de ce qui s’est passée, sauf que tu étais là à califourchon sur cette fille à la jupe trop courte, lui martelant le visage encore et encore malgré la marée de sang rouge qui commençait à l’ensevelir. Tu entendais bien ton prénom dans ton dos, qui te suppliais d’arrêter mais tu n’étais pas capable d’y parvenir. Alors tu as continué, tu aurais pu la tuer si des bras n’était pas venus te décoller de ta proie. En te levant couverte d’un sang qui n’était pas le tien, tu t’es retrouvée face à l’homme responsable de ta crise. C’était lui qui t’avait attiré en arrière. Son regard était un mélange de désolation mais aussi de terreur. Pourtant il connaissait les excès de violence de son « ex » petite amie. En le regardant, tu as eu envie de lui faire subir véritablement le même sort, de l’allonger à coups de poings prêt de sa chère nouvelle conquête. Malheureusement tu en fus incapable. Tu ne lui avait jamais dit, et tu ne lui dirait jamais que toi aussi, toi aussi tu étais amoureuse de lui.
Le soir même au beau milieu de la salle de danse, le cœur remplis de rage mais surtout de peine, la bête s’était soudainement éveillée. Tes prunelles fixaient sur un miroir qui renvoyait ton reflet, celui d’une jeune femme dont tout le monde se moquait, dont personne ne portait le moindre intérêt. Tu as senti ta colère remplacer la souffrance, tu as senti la détermination dans ton être devenir souverain. Tu allais devenir la maîtresse de ton univers, la panthère qu’on n’approcherait en ne pouvant contenir une certaine angoisse, une certaine inquiétude. Ton cœur venait de saigner pour la première et dernière fois, le premier jour du reste de sa vie venait de pointer et, tu serais comment l’occuper. Personne ne te détournerait de son avenir.
Tu as alors grandi, à mesure que les mois passaient tu as exploité le talent que tu maîtrisais le mieux. La danse. Devenant une danseuse plus experte, plus douée. Enchaînant avec détermination chaque casting capable d’essuyer la misère boueuse dans laquelle tu pataugeais. Tu souris encore en y repensant, oui… parce que finalement tu as écrasé la concurrence pour te hisser au sommet. Déglinguant le moindre concurrent qui se mettait sur ton chemin. Tu as atteint ton but, une troupe de danse t’a emmené au sommet de ton art, te choisissant comme premier rôle. Ainsi, la native solitaire devenue l’égérie d’une tournée mondiale. Allant de ville en ville, te posant quelques mois pour ensuite repartir. Toi qui n’avait connu que désastre et pauvreté te retrouvait à loger dans les plus beaux appartements, dans les plus belles villes du monde. Jusqu’à
Helsinki.
Cette ville qui te donnera une famille, qui t’apportera l’identité de ton père biologique, un père aimant, protecteur, intelligent et à qui tu ressemblais tellement. Que tu n’attendais clairement pas. Un père qui rêvait pour toi d’une vie prospère, d’une école de danse, d’une vie retrouvée avec sa chair et son sang. Une ville qui te donnera des amis, des précieux piliers dans ta réussite. Et c’est aussi à Helsinki que tout à commençait à déraper. Là, à l’instant où tes yeux ont plongé pour la première fois dans ceux du serpent. Là où tu as ressenti pour la deuxième fois de ta vie la panthère se soumettre, ton cœur changeait d’allégeance, la raison s’évaporait pour ne connaître que son seul nom.
Derk-Dara Van Elders. Tu désirais pourtant beaucoup plus sa mort au départ que sa respiration. Le serpent est rapidement devenu ta plus belle histoire et aussi la plus terrifiante. Qu’il possède deux faces n’étaient même pas assez pour t’empêcher de l’aimer. Vous croyez à l’histoire des âmes sœurs ? Van Elders était totalement ton opposé, rien chez lui ne te prédestiné à un amour aussi fort. Pourtant tu étais prête à porter son nom, peut être même ses enfants. Tu n’étais pas assez forte… Pas assez pour redouter sa noirceur, pas assez pour en avoir peur. Pas assez pour refuser sa demande en mariage, pas assez pour continuer à l’aimer même lorsqu’il avait tenté de ne plus te rendre ta respiration. Parfois, il t’arrivait de penser que tu aurais ta fin heureuse, toi qui n’y avais jamais cru. Pauvre petite fille… Tu aurais du savoir que les gens comme toi, n’ont jamais de fin heureuse.
Le bonheur, la famille et l’univers heureux qu’Helsinki t’avait donné, n’a pas duré. Être la fille d’un singe savant du trafique d’art ne promettait pas de jours heureux. Tu as tout perdu à peine quelques mois après les avoir trouvés. Ton père… Ta belle-mère. Tes deux demis sœurs n’ayant même pas atteint l’adolescence. Cette jolie famille réduite à l’état de cendre par des armes à feux et des uniformes portant l’accent russe. Un père vigilant mais pas assez, tombant sous les balles de ces propres associés. Deux petites têtes blondes, abattues sans la moindre hésitation. Des êtres précieux que tu as du enterrer, seule. Un commerce d’art en héritage. Un promis qui s’évapore t’abandonnant à ton sort, comme si tu n’étais rien. Strictement rien. Des funérailles déchirantes et ton cœur et ton esprit cédant à cette noirceur qui te triturait les tripes enfant. La mise en terre de ton père fut aussi la naissance d’une nouvelle vague avide de sang dans tes tripes. Tu as raccroché les chaussons, abandonnant ta carrière en pleine ascension. Tu repris les affaires de ton géniteur, que tu n’as jamais pu appeler
« Papa », te fiant à l’un de ses meilleurs hommes pour devenir la femme stratège. Unique héritière d’un empire frauduleux, tu as repris après quelques mois plus tard les affaires, devenant la digne descendante de Odessa. Tu as travaillé sans relâche, apprenant cette langue qui été la sienne, L’Ukrainien. Rappelant tout investisseur ou potentiel client de ton père pour leur spécifier qu’Odessa été toujours dans la course. Oleg, ton homme de main à tes trousses continuent de te former à toute éventualité. Physiquement et mentalement aux stratégies de ce genre de commerce. Tenace, tu es une bonne élève. Déterminée, tu as fait survivre la création de celui que tu n’as pas assez connu. Affaire qui t’amène aujourd’hui à déposer les pieds à San Diego, et à y mettre le feu si cela te permet d’obtenir ce que tu veux. Tes crocs et tes griffes sont aiguisés. Il est temps de faire saigner ce petit coin d’enfer.