Alexyus 1 ∞ Look truth in the eye

Look truth in the eye

Fin novembre 2022

-- Outfit -- Lorsque la Maître me fait demander, je suis un peu surprise, il n'y a pas d'opération prévue aujourd'hui, à moins d'une urgence pour l'un des nôtre et instantanément je me demande qui pourrait bien être blessé. Un coup de téléphone, un simple Maître Syrus vous demande de vous présenter à son bureau rapidement. Il y a de quoi m'inquiéter un peu. Depuis quelques mois je ne suis pas aussi épanouie que j'aurai pu l'imaginer être après avoir été nommée chevalier, j'en suis flattée et il est clair que cette ascension fait mon bonheur, celui de ma famille pour quoi la réputation d'une lignée aussi ancienne et ancrée dans les traditions de l'ordre que la nôtre est un privilège suprême.

Peut-être est-ce parce que je reviens à peine de quelques jours passés en Floride auprès de ma fille afin de l'aider à préparer son mariage qui approche de plus en plus, ma fille qui épouse un Grand Maître, moi qui accède au rang de chevalier, il est clair que les femmes de la famille sont à la hauteur. Je ne peux pas en discuter avec mon époux, il est de plus en plus souvent absent, pour des missions de l'ordre mais lorsque j'ai questionné Maître Syrus pour savoir s'il pouvait le libérer de ses obligation pour m'accompagner en Floride il semblait surpris, n'ayant confier récemment aucune affaire particulière à mon époux, pourtant il m'a bien dit que c'était pour l'Ordre qu'il devait augmenter ses heures de travail, peut-être que c'est pour cela qu'il souhaite m'en dire plus, il n'est pas rare qu'il ne puisse pas toujours parler d'affaires en cours. Je me présente donc au bureau du Maître et on m'annonce, la porte s'ouvre et je me dirige vers celui à qui je voue un grand respect espérant avoir rapidement des réponses sur la raison de ma venue. "Bonsoir Syrus."

L'invitation à m'asseoir est neutre, presque un peu solennelle après le léger sourire qui a succédé à mon entrée dans son bureau, je me rapproche et vient prendre place sur l'un des fauteuils. Restant assise sur l'avant du siège, mes jambes croisées je l'observe, curieuse, anxieuse. J'attends plus d'informations quant à la raison de ma venue, je l'observe un peu plus attentivement, il est calme. Donc pas de soucis de santé ou de blessures grave dans nos rangs, je ne vais pas avoir à intervenir d'urgence. Un nouveau patient peut-être, cela arrive parfois qu'il me fasse un petit exposé quand le receveur est quelqu'un d'important ou que c'est une mission capitale par exemple.

"Abrège mes souffrances je t'en prie, est-ce que je pourrais savoir pourquoi il fallait que je vienne ? Lorsque Crystal m'a appelée elle n'a rien précisé juste dit qu'il fallait que je vienne sans attendre." Je reste calme, enfin le plus calme que je peux l'être dans pareille situation, mais j'ai l'habitude de garder une attitude parfaite presque toujours, les apparences sont importantes je le sais et même si au fond de moi quelque chose me dévore les entrailles et ne me dit rien qui vaille, je reste persuadée que je me fais un sang d'encre pour peu de chose.

Je veux savoir, je suis de nature curieuse mais je ne suis pas le genre de femme à trépigner ou taper du pied comme une gamine pour qu'on en vienne aux faits. Non je suis la femme posée, on ne peut mieux éduquée et qui sait tenir son rang, surtout face à celui à qui j'ai fait allégeance, jamais il ne me viendrait à l'idée de faire ou dire quoi que ce soit qui puisse aller à l'encontre de ses ordres et encore moins de mettre en péril l'ordre de notre congrégation. Il me précise que c'est lui qui a demandé à Crystal de ne pas me préciser la nature de cette visite, cela ne me dit rien qui vaille et ne fait que renforcer cet embryon de crainte que quelque chose pourrait aller mal au sien de notre Ordre.

J'attends, patiente et lorsqu'il me demande si je souhaite prendre un verre je fais un très léger signe de tête, je ne sais pas moi-même si c'est un oui ou un nom, je ne sais pas vraiment ce qui m'arrive mais je n'aime pas cette sensation. Je l'observe faire quelque pas pour servir de son pur malte dans deux verres et revenir, en déposant un sur la table basse devant moi avant de prendre place contre son bureau. Je ne touche pas au verre, pas pour le moment bien trop obnubilée par ce qu'il a à me dire, reportant toute mon attention sur lui, sur chaque mot qui franchit ses lèvres. Il fait référence aux quelques jours que j'ai demandé et que je viens de prendre pour finir les préparatifs du mariage de ma fille, l'espace d'un instant je me remémore les essayages de sa robe il y a à peine trois jours et l'état de fierté et d'amour incommensurable que j'ai pour ma princesse. J'ai hâte que ce grand jour arrive. Il laisse sa phrase en suspens et je sais que ce jour là je lui ai également demandé si mon époux pourrait prendre un peu de temps et laisser ses missions en cours pour m'accompagner. "Ma fille te remercie d'ailleurs, c'était important que je sois à ses côté pour tout préparer pour le grand jour dans quelques semaines. Elle aurait adoré que son père puisse être là, mais …" Je ne veux pas le verbaliser mais j'ai cette inquiêtude au fond de moi qui se doit de sortir au grand air. "Tu m'as dit qu'il n'avait rien de très important en cours mais … il n'a pas pu m'accompagner parce qu'il devait régler certaines choses, je sais que certains missions sont confidentielles et qu'il ne peut pas m'en parler, pourtant quelque chose me dérange …"

Je reste silencieuse et lorsqu'il reprend la parole, je suis suspendue à ses lèvres j’entends ce qu'il me dit, j’entends mais je ne veux pas comprendre, ça dépasse l'entendement. Comment peut-il douter de la loyauté de mon mari envers l'ordre, je suis certaine que c'est un malentendu rien de plus. Puis quand je l'entend mentionner le mot détective privée je me redresse et le regarde à la fois étonnée et presque fâchée qu'il puisse avoir fait suivre mon époux. "Ta détective privée ? C'est une blague Syrus ? Est-ce que c'est ta manière de mettre les nouveaux chevaliers comme moi à l'épreuve ? C'est un test c'est ça ?" Je ne vois pas ce que cela pourrait être d'autre, je ne veux pas que ce soit autre chose d'autre. Mais en l'entendant continuer, se retournant il attrape un dossier sur son bureau et le dépose, fermé, devant moi sur la table basse, m'indiquant qu'il contient toutes les preuves dont je pourrais avoir besoin. Il me laisse libre de le consulter ou non. Je suis rongée par l'indécision. Si c'était un test ? Le fait de l'ouvrir pourrait montrer un manque de confiance, si je doute d'un membre de l'ordre aussi ancien et loyal comme l'est mon mari, cela revient à douter de toute l'organisation. Et si je ne l'ouvre pas … qu'est-ce que c'est que ces preuves dont il parle ? Preuves de quoi ? Je ne me sens pas bien, ma tête tourne et je m'enfonce quelques instants dans le fond du fauteuil.

Mon regard inquiet jongle à plusieurs reprise entre le visage de notre Grand Maître e le dossier posé devant moi, mes doigts brulent tant je veux céder à la curiosité et l'ouvrir. Je me redresse et pose ma main sur le dossier, un peu tremblante et l'ouvre doucement. Mon regard de pose sur quelques photos et je referme le dossier aussitôt plaquant mon autre main sur ma bouche. "C'est pas possible … Syrus … il doit y avoir une erreur …" Je sens les larmes me monter aux yeux mais je reste digne autant que je peux et mes yeux s'accrochent aux siens alors que je répète d'une voix un peu cassée. "Dis moi que c'est une erreur je t'en supplie !"

Non. Non je refuse. Ça ne peut pas être vrai, ce que j'ai sous les yeux ne peut pas être réel. J'interroge Syrus le suppliant de me dire qu'il y a une erreur et ses mots me font l'effet d'un coup en plein ventre, j'ai le souffle coupé durant quelques secondes et ravale un sanglot avant de me redresser, me relevant je fais quelques pas, comme pour me calmer, pour essayer de vider mon esprit avant de me retourner et de planté mon regard droit dans les yeux du Grand Maître. "Elle … elle est fiable … ta détective ? Tu lui fais confiance ?" Je veux savoir, je veux qu'il me dise que non, qu'elle est nulle qu'elle se plante tout le temps et que là aussi elle a rassemblé des preuves qui n'en sont pas, que ce n'est que des conneries.

J'ai mal tout au fond de ma poitrine, j'ai le cœur qui s'emballe et je fais les cents pas comme partager entre fuir et rester là pour avoir d'avantage d'informations. Je ne sais plus où j'en suis-je suis une véritable lionne en cage. Pourquoi ? Pourquoi est-ce que j'ai ouvert ce dossier ? Dans un coin de mon crâne j'espère encore qu'il me dise que tout cela n'est qu'un malentendu, qu'il éclate de rire et me dise qu'il m'a bien eue. Mais il garde son sérieux, me disant combien il aurait aimé que ce soit une erreur. Et quand il le dit je sais qu'il est sincère, je sais quand il ment et là il dit la vérité, j'ai appris à déchiffrer son visage, ses gestes et là tout mon conforte dans l'idée que ma vie est en train de s'effondrer, que le sol se dérobe sous mes pieds. Je me laisse tomber sur le fauteuil, et attrape le verre que je vide d'un trait, désolée pour le grand cru. "Je … est-ce que je peux prendre le dossier Syrus ?" J'essuie d'un geste rageux une larme qui tente de s'échapper de ma paupière. J'ai besoin d'air, j'ai besoin de hurler, il faut que je sorte d'ici.

Je reste assise sur le fauteuil, interdite, je ne sais pas véritablement si c'est la sidération de ce que je viens de réaliser ou si c'est la chaleur du whisky qui me brule l'œsophage qui en est responsable. Les paroles de Syrus flottent dans l'air comme si elles mettaient un temps considérable à pénétrer mon cerveau. Oui, il a toute confiance en la femme qu'il a engagée pour sa petite enquête, je ferme les yeux quelques secondes lorsqu'il mentionne mon époux et ses agissements, ses manquements, c'est comme si je tentais par tous les moyens de me raccrocher à la dernière pensée heureuse que j'avais de nous. Elle est proche quelques jours tout au plus et pourtant j'ai déjà l'impression qu'elle devient floue, comme si en essayant de la retenir elle allait partir en lambeaux et se désintégrer dans le néant.

Après lui avoir demander si je peux emporter le dossier, il acquiesce m'informant que je peux tout prendre et en faire ce que je souhaite. Lorsque je me relève j'hésite un instant et alors que je me penche pour saisir le dossier, je me redresse et croise le regard on ne peut plus sincère du Grand Maître m'annonçant que la sentence qui lui sera infligée sera celle que je choisi. Je sais que c'est sans doute pour mon bien qu'il me dit ça, que je peux me venger comme je l'entends mais je ne sais pas quoi penser, je ne sais déjà même pas ce que je vais faire quand j'aurais quitté son bureau, je ne veux pas penser, je veux arrêter par tous les moyens cette douleur au fond de ma poitrine. Je fais un pas de plus et ma main venant effleurer son bras, je dépose mes lèvres quelques secondes sur sa joue. "Merci. Jamais je n'aurais pensé te remercier pour ça, jamais je n'aurais pensé me retrouver dans cette situation, mais savoir que j'ai ton soutien est sans doute ce qui va m'aider." Je suis sur le point de partir mais je n'en oublie pas ma place, mon rang baissant légèrement le visage vers le sol un instant. "Est-ce que je peux y aller ?" J'ai vraiment besoin de sortir d'ici, dès qu'il m'aura libéré j'ai besoin de prendre la plus grand bouffée d'air possible, je suis en train de me noyer.