Svetlana Ivanov ∞ Je ne suis pas de celles à qui l'on fait la cour.

I°) Fille cadette des Kalinine je suis le joyau de mon père qui aime s'émerveiller de mes traits aristocratiques, de la pâleur de ma peau ainsi que de ma blondeur. Il aime à dire que je suis belle comme un cœur, digne d'être l'épouse d'un prince ou mieux, d'un tsar.
II°) Passion dévorante d'un père qui m'a permis de bénéficier d'un peu plus de liberté que d'autres femmes de notre caste et qui m'a clairement rendue exigeante. Je suis habituée à ce que le monde soit à mes pieds. Un culte qui m'a cependant privée du mariage de mes rêves avec Piotr. Baba considérait que le jeune Tchernikov était de trop basse extraction pour sa princesse. Rien n'y a fait, ni mes larmes ni mes supplications. J'ai épousé mon amour en secret, sans la pompe que je désirais. C'est cette danseuse de cabaret, qu'il a ramené dans ses valises qui a eu mon mariage.
III°) Je suis tombée éperdument amoureuse de ce brun ténébreux alors que je n'avais que 16ans. Nous nous sommes mariés en secret alors que j'en avais 19... Sa femme est entrée dans nos vies trois ans plus tard. Je refusais tous mes prétendants, jusqu'à mes 27ans... Je suis tombée enceinte. Impossible d'être une fille mère dans la famille... Piotr a trouvé une solution, liant mon destin à un homme à lui Vladislav. Il lui a fait promettre de ne jamais me toucher, menaçant dans le cas contraire de l'emasculer.
IV°) Mon idiot de baba s'en mord maintenant les doigts. Il a volé à sa fille la place la plus convoitée pour une Femme dans la Bratva, celle de l'épouse du Pakhan. S'il savait... Il m'arrive d'en rire, quand je n'ai pas envie de l'étrangler. Je l'aime pourtant ce vieil arriviste. Je suis toujours la Tsarine de son vieux cœur malade.
V°) Le soir de son mariage avec cette femme, je me suis saoulée avant de me rendre sur une falaise. Qu'est ce qui m'a retenue de sauter ? Je l'ignore encore aujourd'hui... j'y suis restée des heures, en tête à tête avec une bouteille de vodka, hurlant ma douleur à la mer. J'avais mal à en crever, l'impression d'avoir tout perdu. Mon âme se craquelait, sous l'injure ! J'ai disparu, pendant 6 mois. Prenant un aller simple pour la Russie. Retour aux sources dans la famille de ma mère.
J'avais besoin d'air et de grands espaces, quoi de mieux que la Sibérie ? Six longs mois sans lui, sans ses mains sur mon corps, ses lèvres sur les miennes... Mon père a évidemment su où je me trouvais mais il m'a pour une fois laissé ma liberté conscient sans doute du mal qu'il m'avait fait.
VI°) je suis revenue changée, plus dure, plus froide, glaciale disent certains. Je me suis affirmée, loin de ce microcosme. J'ai fait de belles rencontres sur la terre de mes ancêtres, des amis encore chers à mon cœur que je vais voir au moins une fois par an. Je n'ai présenté aucune excuse à mon retour, me contentant d'une moue dédaigneuse. Je ne voulais plus avoir à faire avec Piotr, je lui ai même dit que je voulais divorcer... Il n'a pas très bien pris la nouvelle je crois. Il a surtout su m'en dissuader et me reconquérir. Je suis à lui, comme il est à moi, même si je dois rester dans l'ombre, moi qui aime tant la lumière.
VII°) Cette femme je l'execre. Elle n'a rien d'une reine, pourtant c'est elle qui trône à côté de Piotr. Il est devenu notre leader. Ça a été terrible, mais il a pris la place qu'il mérite. Je dois rester à ma place... Avec ce laquais qu'est mon époux, un bel homme pourtant, pas insensible à mes charmes même si la terreur prédomine en lui, la plupart du temps. Le provoquer est devenu une sorte de jeu avec les années et je crois que nous sommes devenus des amis. Une sorte de syndrome de Stockholm. Qui est la victime ? Qui est le ravisseur !? L'histoire ne le dit pas.
VIII°) Piotr m'a donné un fils, unique, que je chéris comme la prunelle de mes yeux. Il est un Tchernikov, doublé d'un Kalinine, impossible de le laisser lui aussi dans l'ombre. Ce n'est pas un vulgaire Ivanov et je veillerai à ce que son père ne l'oublie jamais. Je suis une véritable louve auprès de cet enfant, qui prend Vladislav pour son père, comble de tristesse. Il est grand maintenant et je presse Piotr de me laisser lui dire la vérité.  Mon grand garçon ne ferait jamais rien pouvant nuire à sa mère, il gardera le secret, mais il saura, j'y tiens. Il mérite la place dans la lumière dont on m'a privé.
IX°) J'ai promis à Piotr de ne rien révéler à son idiote de femme... Une promesse qui me coûte chaque jour, mais que je ne trahirais pas pour autant. Je promets très rarement, pour la bonne et simple raison que ma parole est d'or, je ne reviens jamais dessus. Une promesse est à mes yeux un serment inviolable. Il m'a également fait promettre de ne pas la tuer, quand je suis rentrée de Sibérie... Je regrette encore d'avoir été assez faible pour accepter. Je la déteste et pourtant, je lui souris aimablement, ayant toujours un petit mot gentil et doux à son égard. Soit proche de tes amis, encore plus de tes ennemis. Aussi horrible sois-je de l'avoir pensé, je suis ravie qu'elle ne lui ait pas donné d'enfant. C'est déjà bien assez qu'il dorme et couche avec elle se vautrant dans la fange avec cette danseuse de cabaret... Parler de Yelena est un moyen infaillible pour allumer la haine dans mes yeux pervenche.
X°) Partager ma vie avec Vladislav a été une épreuve terrible au début. Voir tout le monde le féliciter de devenir papa aussi vite, un déchirement... Seule satisfaction la douleur dans les yeux de Piotr. Certains bien sûr ont compté, et se sont rendu compte que ce bébé était bien dodu pour arriver si tôt... J'ai vécu ma grossesse auprès d'un étranger, c'était totalement surréaliste. Je lui en ai fait voir de toutes les couleurs par la suite, tout le temps en train de le provoquer. Me baladant nue sous son nez, lui faisant même des avances sans équivoque... Il n'est pas du tout insensible à mon charme et je crois que j'ai fini par apprendre à l'aimer. Il est drôle et tendre, respectueux, prêt à tout pour mon fils qu'il a élevé comme le sien.  Ironie de l'histoire ou bien caprice du destin, il est devenu, mon meilleur ami.
XI°) Je suis une femme, et c'est là mon drame. Née dans une caste ou le sexe faible est traité comme moindre, n'est vraiment pas simple pour un être de mon acabit. Attention, ça ne fait pas de moi, une petite oie blanche, au contraire ça m'a sans doute rendue encore plus vénéneuse. Je suis quelqu'un de dangereux, qui n'a pas peur de se salir les mains et ne recule devant rien pour arriver à mes fins. Certains disent que je suis sans cœur, je m'en moque, une femme de glace parfaitement assumée. Ils ignorent tout de mon être profond, qui s'émerveille devant la beauté et peut se montrer éminemment passionné.