Journée Grisâtre (Josness)

Il est 6h du matin quand j’émerge de ma courte nuit. On dirait que le sommeil me fuit encore. Toujours cette incroyable sensation de vide et de mal-être. Dehors le ciel est gris, lourd, chargé. Pas de pluie. Juste du gris qui casse la douceur lueur orangée du matin que j’aime tant avoir pour me réveiller. Mais ce matin même le moral n’est pas là. Alors pendant que je me lève et que je me douche, je prends le temps de respirer un peu en regardant mes tatouages et notamment deux noms que je chérie avec amour et que je regrette au point de sentir comme des lames me transpercer le corps en permanence. Je fini par quitter la douche et me sèche avant de venir enfiler quelques habits simples mais j’ai envie de faire un peu bien et surtout de mettre cette chemise que Vicky m’avait achetée et qu’elle adorait. Il fait un peu moins chaud et donc la chemise fera l’affaire.

tenue

Je me rends alors un étage plus bas pour trouver mon bar comme je l’ai laissé. Propre et rangé. J’aime me lever et le trouver propre et ranger. Je me lance un café à la cafetière en général je le bois au mug ou au bol. La journée va être longue et je ferai sans doute une sieste plus tard si le sommeil veut de nouveau bien de moi. Pour l’heure je bois un peu de café, mais il est brulant. Je repose la tasse et on frappe à la porte. Quand j’ouvre, je vois Larry. Merde, il est déjà 8h ? Ça signifie que je me traine et que je suis vraiment à la ramasse. Il me fait signer son bon de commande pour les futs de bière et commence à les installer dans l’entrée comme à son habitude. Je m’arrange toujours pour l’aider parce que son dos va mal et qu’il commence à être proche de la retraite. Alors que je prends quelques futs pour les déplacer je vois arriver Ness, ma jolie petite barmaid qui me file la main et qui a le regard un peu triste en arrivant. Pour qu’elle se pointe au Pub avec 9h d’avance sur son service, je confirme elle ne doit pas avoir un moral d’enfer. C’est un peu le thème de la journée on dirait… Je ne dis rien quand elle arrive à ma hauteur je passe mes doigts derrière sa nuque. J’ai compris son émotion. Je lui embrasse le front doucement et lui dit en souriant.

« Y’a du café chaud, sers-toi j’arrive. »

Je la laisse entrer et fini de ranger les futs dans l’entrée. Je serre la main de Larry et je rentre pour revenir vers Ness laissant pour plus tard de transporter les futs dans la cave. Je prends ma tasse. Le café a refroidi un peu et je bois une gorgée avant de venir m’installer en face d’elle sur un des tabourets hauts devant le bar.

« C’est quoi le souci ? »

--Outfit-- C'est un crève-cœur, un putain de crève-cœur de merde ! Voilà ce que je me dis alors que je regarde comme une conne son avion décoller. Franchement j'aurais du me barrer, ça ne me fait rien de bon de rester planter là à la regarder partir. Pourtant je le fais et c'est seulement quand je suis incapable de distinguer la silhouette de son avion que j'essuie mes yeux rageusement avant d'aller m'engouffrer dans un taxi. -"Heuuu oh allez tiens, au Vicky Harper s'il vous plait."

Il est tôt, très tôt, trop tôt, mais merde ! J'ai pas envie d'être seule et je n'ai pas envie de croiser nos amis communs non plus. Parce que ce sera plus pareil sans elle et que je ne sais même pas quand elle va revenir.... et que je fais bien ce que je veux, merde ! Je lâche 10 balles de pourboire, ce qui fait limite tiquer le gars, mais il croit que je suis crésus ? Ok je suis sappée, mais ça veut rien dire ça, le fric me brule les doigts et je suis tout le temps fauchée. Pas pour rien que je fais des extras dans ce pub d'ailleurs.

Le patron paie bien, enfin disons de façon juste et il est cool. Enfin, il a son petit côté ours mal léché, mais il ne m'a jamais fait chier, ce qui est rare vu à quel point les gens peuvent rapidement m'agacer. Complètement antinomique avec mon choix d'études, mais ça... peut être que ça explique pourquoi je passe plus de temps en boite qu'à la fac ? Je soupire et pousse la porte, pour découvrir le boss avec ce vieux mec tordu qui l'aide à transbahuter la bière. Je tente un vague sourire mais manifestement je suis aussi convaincante qu'une pelle, puisqu'il s'approche rapidement, me cueille la nuque de ses doigts et embrasse mon front avant de m'envoyer me servir un café. Comment sait il que j'ai pas dormi ? Que j'ai même pas été foutue de m'imposer à l'aéroport, parce qu'il y'a son con de frère... Non il peut pas savoir ça ! Je me sers un mug de café et reviens m'assoir sur un tabouret les yeux dans le vague. Je souffle et prend de petites gorgées essayant de chasser l'émotion qui me serre la gorge.

Il me rejoint, je saurais pas dire au bout de combien de temps et il se pose sur le tabouret haut, à côté de moi. Je relève les yeux en l'entendant me demander quel est le souci. Je penche la tête sur le côté, plante les yeux dans les siens, avale une autre gorgée de café et abandonne la tasse sur le bar. Mon pied vient se poser entre ses jambes sur le barreau du tabouret et je me penche en avant pour que mes mains gagnent ses genoux. Je n'ai pas envie de parler, pas envie de raconter mes malheurs, je veux oublier, je veux noyer les émotions négatives sous un flot de vie et d'envies. Alors mon attitude se fait douce, féline, mes yeux pétillent et je me penche assez pour inspirer son parfum quand je respire. -"Et si tu m''aidais à me sentir mieux au lieu de me poser des questions?"

Mon pied retrouve le sol, pour que je puisse me mettre debout et venir me glisser entre ses jambes. Mes mains s'animent et agrippent les pans de sa chemise pour le tirer vers moi. -"Toi et moi dans la réserve et tu peux me poser toutes les questions que tu veux, mais seulement une fois que tu m'as fait crier ton nom ?" C'est clairement offensif, mais je n'ai jamais prétendu être un modèle de retenue, encore moins quand je sais très précisément ce que je veux. C'est une fois face à lui, que j'ai réalisé ce qui m'a poussé à choisir son pub plutôt que tout autre endroit. Alors ça semble sans doute fou et soudain, mais je sais juste affirmer mes envies.

Elle est toute mal et je n’aime pas ça. Ness, c’est une véritable joie de vivre, c’est une jeune femme qui rayonne et qui met de la vie et voir son joli regard tout triste et plein de peine c’est vraiment un crève cœur. J’ai fini et je viens m’installer près d’elle en me servant à mon tour un café avec l’idée de venir lui tenir compagnie et qu’elle me raconte ce qui lui arrive ? Enfin si elle a envie. Les Barmans on a tendance à donner envie aux gens de nous raconter leurs malheurs. Mais si j’ai déjà vu Ness flirter sans trop de retenue, je dois avouer que là je ne m’attendais pas à ce qu’elle attaque un vieil anglais Grincheux qui a presque 20 ans de plus qu’elle… Okay elle a dû péter un câble, elle ne va pas me faire croire qu’elle va me choisir moi alors qu’elle peut avoir n’importe quel minet dans son entourage ? Bon j’avoue que pour un vieux moche comme moi c’est une proposition assez… Inespérée ? Pourtant ça me ferait bien chier qu’elle regrette en se disant qu’elle était mal et que j’ai bien profité comme un connard de son petit cul. Je prends ma tasse et avale une gorgée avant de la regarder dans les yeux. Elle est toujours penchée vers moi son pied sur le barreau du tabouret entre mes jambes.

« C’est ce que je fais, avec un café et une oreille attentive… »

J’ai toujours du mal avec les cadeaux démesuré, d’expérience c’est rarement une bonne chose. Et j’ai vraiment peur qu’elle regrette de m’avoir cédé une fois que son état de peine sera passé. Mais elle s’avance et agrippe ma chemise pour m’attirer vers elle et m’annonce que c’est elle et moi dans la réserve et que je peux lui poser toutes les questions que je veux mais une fois que je lui aurais fait crier mon prénom… C’est un peu bizarre sachant que y’a zéro client ici et que j’ai un appartement à l’étage… La réserve doit avoir un côté sexy à ses yeux. Me disant que je suis sans doute face à une sorte de désir de cacher sa véritable émotion je me dis qu’il serait intéressant de changer mon fusil d’épaule et je repose ma tasse avant de passer ma main derrière elle et de la rapprocher pour un câlin alors que j’embrasse son front doucement.

« Respire Vanessa, qu’est-ce qui se passe ? T’es bien trop canon pour vouloir délibérément te taper un vieux moche…»

On va essayer de l’apaiser un peu. Elle est bien trop canon pour moi et c’est assez… Évident. On va surtout essayer de balayer son souci et on va faire en sorte de la détendre et de la faire parler ça devrait l’aider. À moins que je ne vienne de faire une erreur de sombre con et que je vienne de la faire se coller à moi et lui donner une occasion d’attaquer plus fort ? Non… Comme je le disais Ness est bien trop high level pour moi et je n’ai pas envie qu’elle puisse regretter même si c’est assez inespéré pour moi…

Il botte en touche, faisant semblant de ne pas avoir saisi où je veux en venir. Un café et une oreille attentive ? Non désolée, j'ai plutôt envie de miser sur une levrette et quelques claques sur le cul ! Chacun son délire ! J'agrippe les pans de sa chemise pour le tirer vers moi et je lui fais le plus gros rentre dedans du monde, mais apparemment ce n'est pas vraiment assez, puisqu'il se contente de doucement refermer les bras sur moi et d'embrasser mon front.

C'est agréable, je ne dis pas le contraire, même si ça a tendance à me faire me sentir vulnérable, ce dont je n'ai absolument pas besoin dans le moment. Je pousse un long soupir, me gorge de sa chaleur et puis je laisse mes mains se glisser sous son haut, pour trouver sa peau. -"Ne m'appelle pas comme ça." Je hais mon prénom, qui m'évoque une bimbo blonde et sans cervelle, ce que je ne suis pas... enfin pour la couleur de cheveux en tout cas, parce que sur la réflexion en terme de conneries, globalement je me défend. Mes doigts viennent doucement griffer ses flancs et je relève la tête pour que mes lèvres se retrouvent dans son cou. -"Tu as oublié la partie où avant les questions, tu me fais crier ton nom?" Ton provocateur, faussement boudeur et je me redresse complètement pour plonger dans son regard. -"Tu n'es ni vieux, ni moche, loin de là... et j'ai très... très ... très envie."

Des mots que je laisse trainer alors que mes mains ont fait en sorte de relever son haut, assez pour me donner accès à son ventre et à son torse. Je glisse donc, contre son corps, vient tracer une arabesque sur sa peau de la pointe de la langue. J'embrasse doucement son torse, puis le mord, sans laisser de trace mais assez pour affirmer mon besoin et mon envie de sauvagerie. Mes yeux flambent et semblent le défier, je n'ai pas envie de parler, pas envie de penser, pas envie de réaliser qu'elle est partie et qu'elle ne reviendra pas avant plusieurs mois, qu'elle a sa vie là bas, une vie dans laquelle je ne suis pas. Je ne suis pas quelqu'un qui s'attache, je ne sais pas faire ça, je ne sais surtout pas comment faire avec ça. Le manque est quelque chose que j'expérimente, c'est nouveau et... putain je n'aime pas ça. Alors oui je veux me noyer dans des sensations corporelles et simplement me laisser aller au plaisir et à mes envies. Je sais faire ça ! C'est même carrément tout moi. -"Josh ?" Je viens de me redresser, pour planter mes yeux dans les siens et faire passer ma robe au dessus de ma tête. -"Baise moi." Il semblait avoir des doutes sur mon envie, autant éclaircir ça, non ?

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