Soirée travail (Jahadney)

Le style

Si officiellement je suis une arme au service des Templiers et de Syrus Payns, je ne dois pas négliger cette couverture qu’on m’a attribué. Vu mon physique et mon allure, il était plus intéressant que je semble être dans un corps de métier où j’utiliserais ça à mon avantage. La seconde idée était que je sois dans une société privée. Donc je suis agent de Sécurité pour le Lipstick. Et étrangement les soirées où je suis présent sont assez calme. Mais depuis quelques mois, ma présence est devenue plus « normale » et une fois passé l’effet de surprise, je réalise que certaines personnes recommencent à se comporter en imaginant que les règles ne les concernent pas car ils sont riches et/ou puissants. Une fois j’ai carrément du briser les os de la main d’un garde du corps qui essayait de m’empêcher de sortir son patron. Il était grand et costaud et avait mis sa main sur moi. J’ai broyé ses os en serrant. Ce soir c’est l’effervescence. Je me tiens dans un coin observant calmement. Pour une raison que j’ignore la salle du cabaret est noire de monde. Les shows s’enchainent, les filles vont et viennent entre les tables et près des clients, ça boit, ça rit, ça s’agite. Beaucoup de monde. Beaucoup trop pour moi. Reculé dans un coin j’observe en silence laissant quelques gars déambuler dans la salle pendant que je me contente de tenir mon poste.

C’est là que je la vois. Elle est magnifique dans sa robe et si elle s’applique à ne pas jeter de regard vers moi car elle travaille, je sais parfaitement qu’elle m’a vu et qu’elle sait que je suis là. J’observe l’homme avec elle. Costaud, presque aussi grand que moi, large et musclé. Il s’entraine visiblement. Mais je n’aime pas son attitude quand il la regarde. Il a un regard de prédateur et je sais que Sydney travaille, mais je n’aime pas ce que dégage ce type. Je détourne le regard et je reviens régulièrement à Syd pour savoir ce qu’elle est en train de faire avec ce type observant si elle me laisse une indication ou pas. Je sais qu’elle travaille et qu’elle est douée pour gérer mais ce mec dégage un truc qui me déplait fortement et qui met mes sens en alerte.

--Outfit-- Enfiler ma robe, lisser ma chevelure, procéder à un maquillage soigneux. C'est une forme de rituel, que je fais presque machinalement. Je m'observe attentivement et souris à mon reflet, je crois que j'aime l'effet du rose et la façon dont il contraste avec le noir de ma chevelure. Ce soir je travaille dans la partie publique du Lip, la discothèque. Job simple, jouer l'entraineuse et pousser les clients à dépenser sans compter, que ce soit en consommation ou pour pousser leur découverte en ma compagnie important assez peu.

Globalement les clients ayant les moyens de partager un peu de mon temps, sont rares dans ces soirées là et même si ça leur fait grincer des dents, je ne compte clairement pas me brader. J'achève de me préparer en enfilant mes talons et m'oriente sur l'escalier monumental qui nous permet de quitter nos quartiers pour rejoindre la partie accessible au public, souriant gracieusement aux gardes qui se trouvent en bas. Je gagne la salle principale, m'attrape un cocktail sans alcool au bar et je commence à déambuler parmi les clients. Je me fais rapidement alpaguer par un homme à la stature imposante qui insiste pour m'offrir un verre. Je ne sais pas trop ce qui me met sur la réserve ? L'expérience peut être? En tout cas je ne me sens pas à l'aise en sa présence, il y a quelque chose dans son attitude, dans la manière dont il me regarde, qui me met mal à l'aise.

Alors mon regard courre discrètement dans la pièce et je pousse un soupir soulagé, quoique discret quand je note la présence de Jahad. Un fin sourire vient éclore sur mes lèvres. Enfin un sourire je commençais à me demander si tu te dériderais avant d'avoir ma queue dans la bouche. -"Pardon?" Je pointe le menton en avant et mes yeux flamboient de colère. Pour qui me prend il ? Une pute de bas étage ? Croit il qu'il suffit d'étaler la monnaie pour que je me soumette et que je ferme ma gueule ? Clairement il n'a rien compris ! Certes je vends mon corps, mais quand je veux et à qui je veux ! Je serre la machoire et me lève du tabouret, cherchant de nouveau Jahad du regard. Je n'aime pas la tournure de cette rencontre. Allez ça va fait pas ta précieuse. Je sais que t'es une pute, donc dis moi combien j'aligne pour que tu sois toute douce. Nausée, rejet en bloc et je secoue la tête. -"T'as clairement pas assez de blé pour compenser le fait d'être un gros connard." Je vois immédiatement qu'il n'aime pas du tout ce que je viens de dire, alors je me contente de reculer plus vite et de faire volte face dès que je suis suffisamment loin pour ne pas prendre un coup. Je me faufile dans la foule, vers un couloir qui mène dans la partie libertine du club, sans percevoir tout de suite qu'il m'y a suivie. Je passe une première porte, laissant la musique derrière moi et c'est là que je perçois sa présence, je me fige et me retourne. -"Va falloir apprendre ce que Non veut dire !"

Quand elle entre, j’ai immédiatement la sensation de sa présence. L’air a changé. Le son n’est plus le même. Sans m’expliquer pourquoi ou comment j’ai senti immédiatement son entrée dans la pièce. Je n’ai même pas besoin de la regarder pour la voir s’avancer. Mais lorsque mes yeux se posent sur elle, c’est l’étourdissement le plus complet. Cette nuisette rose la dévoile au point que se balader nue serait sans doute moins indécent encore. Elle vole à chaque pas et je la suis du regard sans pour autant la regarder. Ce soir il y a de l’effervescence et des hommes un peu trop ivres et empreint de fête et de plaisir pour se contenir et je conserve mon attention intacte même si je n’ai ordre d’intervenir qu’à la demande expresse d’un des chefs de la sécurité ou en cas de danger très importante. Quand je rentre dans l’action, ça signifie fracture ou mort. Et ça on veut éviter. Syrus m’a expressément ordonné de ne pas tuer le client et de limiter la casse. Une nuance que je peine à comprendre. Attaquer sans chercher à donner la mort n’a aucun intérêt à mon sens car ça consisterait pour un prédateur à chasser sans pour autant manger… Une dépense d’énergie totalement inutile…

Je remarque dans le tumulte ce type qui s’approche de Sydney. Et je n’aime pas son attitude. Son corps dégage une aura qui éveille en moi le loup de Ténèbres qui grogne comme pour prévenir un autre alpha qu’il approche de son territoire… Mais ce type est avec Sydney et mon regard se pose directement sur eux. Je me déplace et naturellement mon corps se fond dans les ombres. Si on me remarque facilement, on me perd tout aussi facilement de vue. J’ai été entrainé à me cacher. Car ce qui rend le prédateur mortel, c'est la surprise avec laquelle il fond sur la proie… Sydney le foudroie de son regard mais le corps de l’homme n’affiche aucune contraction. Aucune raideur qui indique qu’il se met en défense. Il est calme parce qu’il se sait au-dessus… Il est le prédateur et Syd et sa proie et alors que je me déplace en silence, je sens gronder le loup que je ne tente pas de retenir. J’attends un geste. Un signe. Une indication. Mais alors j’entends mon nom crié. Un mec est déjà en train de se faire attraper par d’autres et la cohue est là entre ceux qui se débattent, ceux qui veulent séparer et ceux qui se battent. Sydney part et le mec la suit. Je me rends à la bagarre et je suis déconcentré. J’agrippe un mec mais je cherche Syd en le reculant et son pote lève une bouteille pour me taper. Mon avant-bras se lève et la bouteille s’éclate sur mon dos de l’avant-bras. Le verre éclate et m’entaille le front. Mon pied se lève et ma hanche se déverrouiller. Le coup fulgurant explose trois côtes au mec qui s’effondre en hurlant. Je termine rapidement de mettre au sol celui que je tiens et je laisse les gars faire. Mon front saigne et ça coule dans mon œil mais j’avance.

Derrière Syd, le mec a suivi et alors qu’elle se retrouve devant lui entre deux passages, elle lui balance une réplique acerbe et pourtant il s’approche d’elle et la gifle violemment en souriant avant de lui agripper les cheveux.

« Mets-toi à genoux et suce, tu auras ton fric petite salope… »

Pourquoi je dois toujours attirer ce genre de connards ? Je veux dire... pourquoi c'est toujours sur moi que ça tombe ? J'ai un côté proie facile ? C'est quoi le délire ? Je fulmine et m'éloigne le plus rapidement possible, mais manifestement si monsieur le connard est massif il est aussi doué que moi pour se faufiler dans la foule, parce qu'il est déjà sur moi, quand je tente d'ouvrir la porte menant vers la partie plus privée du Lipstick. Il pose la main sur la porte, m'empêche d'ouvrir et quand je me retourne je me prends une gifle qui me tinte à l'oreille et me sonne un peu. Je lève la main pour le griffer au visage quand il agrippe mes cheveux et ma main libre vient agripper mes cheveux, juste sous la sienne, pour éviter qu'il ne me scalpe et pour amoindrir la douleur.

Je le laisse s'avancer et me plaquer au mur, m'amollissant entre ses bras, essayant d'endormir sa méfiance. Il me croit faible et soumise à sa poigne, c'est un peu vrai, je ne fais pas le poids... et mon idée de fuite m'a conduite dans une zone isolée, mauvais calcul. Pourquoi je ne me suis pas contentée de crier ou de foncer sur Jahad ? Parce que j'ai eu le putain d'espoir qu'il me lâche... Mais je ne suis pas vraiment du style à céder sans me battre. Ok je suis une pute, je n'en rougis d'ailleurs pas le moins du monde, mais ça ne fait pas de moi une marchandise sans volonté propre !

Alors j'attends qu'il relâche un peu sa prise et je viens serrer la main sur ses couilles. Je serre de toutes mes forces brusquement et violemment, ce qui le fait pousser un cri de cochon qu'on égorge et me vaut de me faire cogner violemment la tête dans le mur. J'ai déjà la pommette qui chauffe et annonce les prémices d'un hématome et voilà qu'il remet ça? Je ferme les yeux et c'est un coup de coude qui me fait lâcher ses appendices. Je croise son regard fou et je me dis instantanément que je ne vais pas du tout passer un bon moment. -"A L'AIDE !" Si quelqu'un m'entend par dessus la musique, c'est maintenant ! J'ai pourtant l'impression d'avoir vu une ombre bouger, dans mon champ de vision ? Hallucination d'un esprit qui cherche à se rassurer ? Espérons que non... ou je suis dans la merde. -"Mais putain de connard lâche moi !" Je me débats, je griffe, je tape, pourtant j'ai la légère impression de le gêner autant qu'une salope de moustique. ~~ou de séquoia?~~

J’ai une étrange sensation. J’ai le ventre glacé. J’ai de nouveau 17 ans. C’est Noël. Je m’avance et je pousse cette porte pour rejoindre Syd et ce mec qui la menace. J’ai de nouveau 17 ans et c’est Noël. La musique du Lip s’estompe et je n’entends plus que les battements de mon cœur. J’ai peur. Car de l’autre côté de cette porte, dans la pénombre de la cave humide et puante où le frère Guillaume passait ses nerfs et parfois ses désirs sur moi, j’y retrouve ce même frère Guillaume en train passer ses désirs sur Laura qui toute nue attends. Résignée. Le regard dans le vide qu’il termine et la laisse aller. Puis je vais entendre les cris et le sang. Le sang va couler. Je vais me noyer dans les yeux bleus de Laura une dernière fois et je vais les voir s’éteindre et se fixer sur un monde dans lequel je ne peux la rejoindre. Elle va devenir molle dans mes bras et je vais succomber à la folie. Le cri résonne. Je l’entends. Les yeux de Laura font place à ceux de Sydney. Elle se débat, mais soudain le Loup de Ténèbres bondit.

Ma main agrippe le poignet du type et je tourne. Sèchement. L’os craque et il pousse un cri. Ma main libre passe devant lui et agrippe sa mâchoire, étouffant ses cris. Elle craque sous la pression de ma poigne. Il souffre et je libère son poignet. Sa main pend misérablement. Je pivote et rapide comme un éclair, mon poing rentre dans ses côtes qui se brisent sous l’impact. Il se raidit de douleur. Je réarme et recommence. Cette fois j’ai brisé plus de côtes. Il se tient le côté, incapable de se débattre et réarmant le bras mon coude s’abat sur sa clavicule qui se brise sous le choc. Il perd connaissance, accablé de douleur alors que je me tiens au-dessus de lui respirant comme un animal éreinté, le corps crispé, prêt à donner la mort. Il n’est plus une menace, mais je n’en ai pas assez. Je ne suis pas rassasié. Il a osé toucher Sydney. La malmener. Ce n’est plus un client c’est ce prêtre. Cet horrible prêtre qui revient d’entre les morts pour tuer à nouveau Laura et Sydney… Je veux qu’il meure. Encore. Je veux qu’il retourne dans la tombe le plus douloureusement possible. Je veux qu’il redoute de revenir encore. Je veux qu’il cesse de revenir… Je suffoque de l’intérieur alors que je perds conscience avec la réalité et que je m’apprête à le tuer si rien ne m’en empêche dans les prochaines secondes…. Je suis à deux doigts de poser mon genou sur son dos et dévisser sa putain de tête du reste de son corps. Au lip c’est dangereux car ça exposerait le club s’il y avait un meurtre. Mais à cet instant je ne suis plus Jahad, je suis le loup de Ténèbres et je vais tuer cet homme pour me calmer. Il ne fera plus jamais de mal. Plus jamais…

Je ne sais plus quoi faire... j'ai beau me débattre comme un diable il n'en a absolument rien à foutre. Je reste agrippée à mes cheveux et tout à coup je me retrouve projetée en arrière. Un craquement sinistre et ce cri qui résonne. Je rouvre les yeux pour découvrir Jahad, le visage plein de sang qui coule de son front et ce type qu'il est en train de presque démembrer. Je me couvre la bouche de surprise et aussi je crois d'une sombre fascination.

L'homme tombe, inconscient et Jahad se tient au dessus de lui, le souffle court si j'en juge sur l'agitation de sa poitrine. Je n'ai que quelques secondes pour agir et m'avancer. Je me coule contre Jahad, écarte les pieds et me retrouve avec ce type gisant entre mes jambes. Ma main se pose sur son torse, pour attirer son attention, même si je suis très consciente du danger qu'il représente en cette seconde. C'est une grenade dégoupillée, en plein milieu du Lip. -"Jahad laisse le... il a son compte. Je vais bien." Je m'avance, encore, pour que mes courbes viennent épouser les lignes de son corps et je me hisse à sa nuque de mes mains pour l'abaisser vers moi et poser les lèvres sur les siennes. Je veux le réanimer, je veux que ce loup de ténèbres dans son regard, relâche son emprise et me le rende.

J'ai eu peur, une peur panique, mais elle a reflué à l'instant même où j'ai vu sa silhouette. Jahad est un phare dans la nuit, étrange sans doute quand on sait à quel point la noirceur peut l'habiter, mais néanmoins vrai. Il est pour moi un havre de sécurité. Je pousse et je suppose qu'il revient à lui parce qu'il me laisse faire et il recule un peu. Une distance ridicule mais sans doute suffisante avec sa victime. -"Viens avec moi. Partons d'ici." Je glisse ma main, ridiculement petite, dans la sienne et je tente de l'attirer à ma suite. Je dois prévenir des templiers, que le ménage soit fait et que rien ne puisse rattacher ce fils de chien à nous. Il doit disparaître, mais discrètement. -"Merci. Merci Jahad. On peut partir ? Aller chez toi ? Que je m'occupe de toi?" Je suis douce, câline, tendre, j'ai envie de lui rendre un peu de cette paix qu'il m'insuffle. Et je suis également très consciente que je ne le trainerais nulle part sans qu'il accepte de me suivre.

Deux templiers approchent, ils ont surement suivi le colosse et je me tourne une seconde vers eux. -"Sortez ça d'ici, par la zone libertine. Emportez le dans nos quartiers et demandez à l'un des chevaliers ce qu'il est bon d'en faire. Vous préviendrez également qui de droit que nous quittons les lieux." Voix nettement plus dure, qui ne souffre pas de réplique et manifestement ça fonctionne puisque je les vois ouvrir la porte toute proche et trainer ce putain de connard.

Je suis dans un état second. Je ne contrôle plus rien. Le voile rouge prend possession de mes yeux. Il voile et je peine à retenir le loup de ténèbres qui s’esclaffe de la mort imminente de cette ordure. Il va payer pour avoir fait mal à Sydney. Il va payer pour la mort de Laura. Pour les agissements de ce prêtre. Il va payer pour le mal qu’on m’a fait. Il va payer pour tout le mal de ce monde. Je vais purger le monde d’un cancer. J’abandonne respiration après respiration le peu de raison et de retenue qui me reste. Je vais le briser. Les griffes du loup rampent sur ma peau laissant des sillons sanglants d’une chaleur éreintante. J’ai mal. La mort de ce type va apaiser mes souffrances. Je verrai en cauchemar les bribes de ce que je vais lui faire et j’en m’en accommoderai avec aisance. Mais cette fois ça ne vient pas. Je suffoque intérieurement et pourtant je réalise que je ne m’abandonne pas. Le loup retourne dans sa tanière. Je n’entends pas ce qu’on me dit et pourtant on me parle. Je n’ai pas mal. Je suis juste enserré. Je réalise que c’est le corps de Sydney qui s’est lové au mien. Qu’elle écrase ses courbes affolantes contre moi et qu’elle me serre de toutes ses forces. Je baisse les yeux et croise son regard d’un bleu étourdissant. Ces yeux sont pleins de vie. Ils sont vivants. Ils ne fixent pas cette porte derrière laquelle je ne peux la rejoindre. Je me laisse surprendre à recevoir ce baiser qu’elle me donne et apaise toute mon âme en une seconde. Je ferme les yeux et enserre à mon tour ce corps si frêle qui est le sien. Elle tremble. Elle a peur. Et je tremble car je suis choqué de ce qui m’a traversé. Laisse le contrôle au démon de ténèbres n’est jamais sans conséquences. Et je crois qu’elle a pu mesurer ce que je suis au fond de moi. Mais elle est là. Elle me retient. Elle coule sur mes plaies à vif ce baume rafraichissant et bienfaisant, et je retrouve au fond des ténèbres cette lumière qui me rassure et chasse les Ténèbres.

Elle se recule et me demande de partir avec elle. Je la suis sans comprendre oubliant ma proie et ce que j’allais lui faire. Il est inconscient ravagé de douleur et je me laisse emporter. Elle me tire en tenant ma main avec douceur elle m’attire vers elle et je la suis comme dénué de toute volonté. Je la laisse me guider. Pourquoi ? Elle ne me contraint pas, mais je ne sais pas si j’ai envie de la suivre ou de résister alors je la suis tout simplement. Elle me demande d’aller chez moi et je hoche la tête. Je la suis et deux templiers approchent. Je me raidis pour aller au combat si nécessaire mais ils ont un mouvement de recul. Elle leur donne des ordres et ils obéissent. Dehors, le froid de la nuit me met un coup de fouet. J’ai la tronche en sang à cause du verre et j’ai encore les mains qui tremblent. Je respire doucement et tourne mon visage vers la direction ou nous devons aller. Je retire ma veste et la lui passe autour des épaules, sa petite robe rose va lui donner froid et va attirer l’attention. Je lui fais un signe de tête et l’entraine. Nous marchons un moment et elle peut réaliser que je prends des mesures pour vérifier qu’on ne nous suis pas. Je peux être une ombre et je lui fais découvrir comment le loup efface ses traces. Nous arrivons devant un immeuble banal et je pousse la porte. Je rentre et vérifie que personne n’est entré.

Nous nous retrouvons dans un espace de 10m carré, le seul carreau laisse entrer la lumière de la rue il est à ras du sol. Une cave. Y’a un coin pour cuisiner, un évier, un frigo, une salle de bain une étagère ou j’ai des habits et un lit de camp une place. Je suis venu ici parce que c’est là que c’est le plus chez moi à cause du tableau taché d’orange qui se trouve au mur. C’est peut-être la seule chose que j’aimerais sauver d’un incendie et que je considère comme ma possession. Je retire ma chemise et commence à me déshabiller dans l’idée de prendre une douche et de nettoyer le sang qui salie ma gueule et qui goutte un peu sur la chemise.

Tout est allé très vite, au point que je ne sais pas définir réellement ce qui s'est passé. Ce qui est sur c'est que j'ai senti que tout était sur le point de partir en live. Il allait le tuer... je l'ai senti et... j'ai agi instinctivement. M'enrouler contre lui et l'embrasser avec toute ma tendresse et le pousser doucement à reculer. Il s'éloigne graduellement du corps gisant sur le sol et je parviens à le convaincre de me suivre. Indiquer aux templiers présents de s'occuper d'effacer toutes traces de cet homme au sein du Lip, ne me prend qu'une minute et main dans la main nous sortons par derrière.

Entrée du personnel. Je suis inquiète, ça saigne de façon tout de même importante et je ne sais pas trop comment l'expliquer, mais je crois que je déteste l'idée qu'il puisse avoir le moindre mal. Un peu idiot quand on mesure quelle force de la nature il peut être, mais néanmoins tout à fait vrai. Je soupire et ferme une seconde les yeux quand il m'enveloppe dans sa veste et j'en serre les pans contre moi. C'est comme cette étreinte qu'il m'a offerte tout à l'heure avant que ses yeux tourmentés ne plongent dans les miens. Il y'a une immense douceur dans la façon dont il me prend dans ses bras, dont il m'environne de son parfum, cette proximité me fait du bien.

On avance et je peux le voir à l'œuvre, sidérée de la façon qu'il a de masquer notre progression. Il semble connaitre à la perfection les abords du Lip et évite savamment les grands axes dotés de caméras de surveillance. La façon qu'il a d'observer nos arrières glacerait le sang de toute personne décidée à nous suivre, je n'en doute pas. Quand il s'arrête devant un immeuble je ne suis même pas sure d'être capable de le retrouver, si je le devais en étant seule... Il a brouillé les pistes, alors que j'ai un bon sens de l'orientation. Je fronce les sourcils et affiche une moue appréciatrice qui se change pourtant en sidération complète quand il me fait entrer dans cet espace minuscule et glauque.

La lumière vacillante d'un lampadaire éclaire ce qui ressemble à une cellule dans une putain de prison de haute sécurité. Je fais un tour d'horizon, remarquant ce tableau au mur, qui tranche par ses couleurs avec le gris morne alentour. Jahad retire son tee-shirt et mon esprit freeze une seconde. C'est permis d'avoir un torse pareil ? Les tatouages semblent vivants quand ses muscles roulent sous sa peau... Je prends une longue inspiration par le nez et pousse un petit soupir avant de m'approcher doucement. Je lève la main, la pose sur son torse, cherchant les battements de son cœur sous mes doigts, accrochant son regard. -"C'est ici que tu vis? Sérieusement Jahad ? Notre maître ne te paie pas ou quoi ?" Je lève les yeux au ciel et le repousse. -"Assied toi, que je regarde ton front, tu es trop grand." A moins que je ne sois trop petite ? Bref... le résultat est le même.

J’ai tellement ancré d’automatismes et de règles dans ma manière même de respirer que c’est une seconde nature. Rejoindre ma tanière c’est faire attention à tout. C’est éviter les surprises j’ai 4 chemins différents pour brouiller les pistes et cette tanière-là est plus importante que toutes les autres car il s’y trouve ma seule possession. C’est aussi pour cette raison que je l’ai emmenée là. En général en sortant du Lip j’ai pour habitude de passer par un appartement juste à côté pour renforcer ma crédibilité de videur du cabaret. Mais j’avais envie de l’emmener là où je trouve de l’intérêt à venir. Parce qu’il existe ici la seule chose que je regretterai si cet endroit était dévoré par les flammes : ce tableau. Je me suis déshabillé en retirant ce que je porte en haut et reste torse nu conservant mes chaussures et mon pantalon. Sydney est là et elle était tellement silencieuse que je me demande si elle est choquée ou si elle va se décider à parler ? Elle soupire et avance vers moi posant sa main sur mon torse. Je m’apprête à me crisper par réflexe et je m’étonne de sentir que mon corps ne fait aucune réaction. Il ne réagit pas au contact de cette femme. Elle relève les yeux vers moi et me demande si c’est sérieusement ici que je vis ? Je ne sais pas si sa question implique les autres lieux où je peux me réfugier et que je change régulièrement pour ma propre sécurité mais ici c’est… Chez moi oui… Enfin si on peut appeler ça comme ça. Je me contente de hocher doucement la tête de haut en bas en guise de oui. Puis elle me demande si notre maitre ne me paie pas ?

« Si, chaque semaine. »

C’est très Américain ça. Le salaire à la semaine plutôt qu’au mois. Mais je suis effectivement payé. Elle me repousse en arrière et je me contente d’absorber par réflexe en me cambrant pour retrouver ma posture initiale. Elle me demande alors de m’asseoir pour soigner mon front et que je suis trop grand. Je m’exécute sans un mot et sans quitter son regard. Je m’assois et la fixe toujours droit dans les yeux alors que cette fois je suis un peu en dessous d’elle jambes écartées pour lui permettre de se placer entre. C’est vrai qu’elle n’est pas grande et moi je suis immense. Je ne bronche pas même si ça pique ou si ça fait mal. J’ai appris à ne pas réagir même lorsque j’ai mal. Maitre Uriel me l’avait interdit. C’est désormais gravé dans mon ADN. Je regarde Sydney faire et attends avant de lui demander.

« Tu sais ce n’est qu’un endroit où je dors et où j’attends qu’on fasse appel à moi. »

C’est bizarre pourquoi j’ai la sensation que je suis en train de me justifier ? C’est à ça que sert un chez-soi non ? Avoir un lit et trois affaires tout en pouvant se laver, manger et faire ses besoins ? Alors pourquoi ça ne semble pas bien pour elle et pourquoi moi j’ai la sensation que je n’aime pas qu’elle ne soit pas contente de ça ? Pourquoi je n’arrête pas de fixer son regard turquoise tout inquiet alors qu’elle tripote la plaie sur mon front ? Pourquoi elle sent si bon ? Pourquoi c’est aussi agréable de l’avoir là ?

Le pousser ne sers absolument à rien, pourtant j'essaie, comme si j'allais pouvoir le faire se déplacer... Je comprends finalement assez vite que je dois mettre les choses en mots si je veux obtenir un quelconque résultat. Je l'invite donc à s'assoir, presque étonnée qu'il s'exécute. Je l'écoute me dire qu'il est payé chaque semaine et relève les yeux au ciel tout en fouillant pour trouver ce qui me permettra de désinfecter sa plaie. Cotons, désinfectant, pas Byzance mais je ferais avec.

Je viens me glisser entre ses jambes et j'effleure doucement sa joue du bout des doigts, comme pour m'excuser de m'apprêter à lui faire mal. Je verse un peu de désinfectant et nettoie sa plaie avec délicatesse, replongeant les yeux dans les siens. -"C'est ça ta vie ? Simplement attendre d'être utile?" Pourquoi cette idée me fait mal au bide? Parce que c'est à mille lieux de ce que je considère être... la vie ! La mienne est dédiée au plaisir, à celui de mes clients évidemment, de mon maitre avant tout... mais surtout au mien ! Je veux bénéficier de tous les plaisirs que l'univers peut m'offrir, à commencer par le luxe le plus absolu et clairement ce lieu de vie tranche avec ce à quoi je suis habituée. -"Tu sais que tu peux avoir un appartement dans les étages du Lipstick?" Logiquement ça lui a été dit, mais je suppose qu'il préfère être libre d'aller et venir sans que quiconque ne soit informé de son point de chute. Logique vu ce qu'il est pour notre maitre.

Je viens observer attentivement la plaie sur son front et pousse un petit soupir. -"Je crois qu'il faudrait normalement faire un point de suture." Je n'y connais pas grand chose au final, mais ça me semble quand même profond. -"Tu n'as pas envie de découvrir à quel point ça peut être chouette de vivre dans l'opulence?" Je viens de poser un pansement sur son front et je me glisse sur lui à califourchon. Mes mains se nouent à sa nuque, mon corps se cambre légèrement et je viens frotter mon nez contre le sien délicatement. -"Ce soir tu viens avec moi ?" Question d'une voix toute douce, en ondulant délicatement contre lui, clairement séductrice. -"Découvrir mon monde?" J'ai très envie de lui programmer la plus dingue des tournées des grands ducs.

C’était très bizarre de l’avoir ici. C’est très bizarre de voir ce regard inquiet, c’est très bizarre de la voir aussi douce et précautionneuse. Je la fixe par en dessous, sage et calme. Si ça fait mal, je ne bouge pas. J’ai toujours eu ordre de ne jamais montrer la douleur même si elle devient insoutenable. Je peux m’effondrer mais je ne dois jamais montrer de souffrance ou de faiblesse. Je suis un outil. fonctionne où je casse. C’est tout. Elle dévie son regard de la plaie sur mon front et me regarde dans les yeux. J’aime la couleur et la lumière qui s’en dégage. Soudain, elle me demande si c’est ça ma vie ? Attendre d’être utile. Je hoche la tête doucement. Oui c’est ça. Je ne suis qu’un outil. Une arme. Je sers les templiers pour m’ouvrir les portes du Paradis et venger Laura, venger ma propre existence. Faire tomber et faire payer Dieu et toute sa bande. Je vais monter au ciel et mettre le « paradis » à feu et à sang. C’est tout ce à quoi j’aspire. Je la regarde sans sourciller. Je ne m’en cache pas. Si Syrus me demande de m’ouvrir la gorge ça ne prendra que le temps de trouver une lame pour le faire. Quel autre but pourrais-je suivre ? Qu’est-ce que le monde peut bien avoir à m' offrir et surtout qu’est-ce que je peux en avoir à foutre de ce qu’il peut m’offrir ? Elle me dit qu’elle peut m’avoir un appartement dans les étages du Lip et je hausse les épaules.

« J’ai plusieurs lieux comme celui-ci. J’ai juste besoin d’un lit et de… Quelques trucs comme j’ai ici »

Fonctionnel et ultra-minimaliste. Je suis efficace et concret, le superflu n’a pas sa place dans mon univers. Je veux pouvoir brouiller les pistes changer de tanière. Celle-là… Elle cache ma seule possession à laquelle je tienne un peu. Elle revient à mon front et commente avant que je ne lui dise.

« On verra demain sinon je ferai ça après ma douche »

Oui je peux me suturer je sais faire. Mais ça ira je pense au pire avec un sparadrap ça fera l’affaire. Elle me demande alors si je n’ai pas envie de découvrir à quel point ça peut être chouette de vivre dans l’opulence ? Mon regard se fige et je la regarde de manière énigmatique. Vivre dans l’opulence ? Pour quoi faire ? Elle me met un pansement sur le front et la voilà qui s’installe à califourchon sur moi avec une grâce et une sensualité dévorante. Elle me demande alors si je viens avec elle ce soir ? Je la regarde surpris quand elle ondule son bassin et me fixe chaudement avant de me parler de découvrir son monde. Surpris je la regarde et hoche la tête en me perdant dans son regard. Pourquoi je n’ai même pas pris le temps de réfléchir ? Oh oui, parce que je veux bien me broyer les couilles dans un casse-noix si elle me le demande. Sans bouger et profitant de la danse de son bassin je lui demande.

« On va où ? Je dois… M’habiller comment ? »

Mission, boulot, organisation… Travail… Je suis indécrottable hein ? En fait j’ai pas envie de lui faire honte. Elle est différente de moi. Je ne voudrais pas risquer de lui faire honte ou de lui déplaire. J’ai déjà fait ça avant mais cette fois. Je crois que je n’aimerai pas ça. Je baisse les yeux sur elle alors qu’à force d’onduler elle commence à me raidir.

« Soit on y va soit je risque de t’empêcher de sortir. »

Comment fait cette femme pour parvenir à me donner des envies en quelques secondes ? C’est parfaitement prodigieux. Est-ce qu’elle serait une déesse païenne du charme et de la sexualité qui se serait réincarnée ? C’est… Prodigieux.

Je l'écoute me dire qu'il n'a besoin de rien de plus et je ne sais pas trop comment l'expliquer, mais ça me fait un drôle d'effet. Comme si je me retrouvais soudainement piquée par des dizaines d'aiguilles minuscules, pas vraiment douloureux, mais franchement désagréable. Il me parle de se faire des points de suture seul ou je rêve là ? Je n'ai pas le temps de réagir, c'est trop surréaliste pour moi. Mon visage, comme mon corps, sont mes outils de travail... et déjà avec la pommette dans cet état, je suis bonne pour être mise au placard pendant quelques jours.

Peut être que c'est cette perspective qui m'ouvre celle de l'entrainer dans mon monde ? Non... en toute sincérité je me serais octroyée cette liberté de toute manière. Parce que j'aime me retrouver comme ça, contre lui, mon corps épousant les lignes du sien, son odeur envahissant mon espace. Même si elle se mêle des effluves métalliques de son sang. Je dois être bizarre, mais je trouve que ça ajoute quelque chose de sexy à tout ce délire !

J'insiste le plus subtilement possible, essayant de lui donner envie. De toute manière je suis consciente de n'avoir aucun moyen de le forcer à quoi que ce soit. Quand il me cède, j'en suis la première surprise et un sourire radieux vient éclairer mon visage. -"Exactement comme tu en as envie et comme tu te sens le plus à l'aise." Je dépose les lèvres sur les siennes avec douceur et la suite me tire un sourire nettement moins sage. -"Tu pourras abuser de mes charmes jusqu'à t'en lasser." Je l'embrasse encore. -"Mais d'abord, amusons nous." Je me lève et tend la main pour qu'il se lève à son tour.

Me collant contre lui, j'embrasse son torse, mordille la peau et chuchote. -"Première leçon l'argent t'ouvre toutes les portes et c'est le monde qui se conforme à ce que tu aimes. Tu pourrais débarquer nu, qu'on te dirait que ta tenue est absolument celle qu'il fallait." Clin d'œil et je reprends les reptations de ma bouche. -"On va s'arrêter retirer du liquide et ensuite on commence par le Seven Mile." Casino légèrement excentré mais luxueux à souhait, avec des suites qui sont plutôt chouettes. Et surtout sans la connotation Bratva du Cosmo. Je me suis déjà promenée dans leur fief à ces enculés de Russes, mais je crains que mon cavalier ne soit un peu trop remarquable ET je doute que ce soit dans ses plans immédiats de se faire repérer. Un bain de sang au Cosmo risquerait de mettre l'essaim en lumière et de toute façon ce soir je refuse qu'il soit en mode travail. Pas d'ordre ce soir ! Juste lui et... moi. Nous. Qu'on s'arrête à ce seul casino ou non, je n'en sais rien et je m'en fous, je suis passé en mode fun et c'est tout ce qui compte. C'est nettement mieux que de penser à ce qui me serait arrivée, sans son intervention. -"Merci Jahad." Peut il voir briller la douceur et la reconnaissance dans le creux de mes prunelles d'azur ? Je l'espère.

Je suis une personne pratique. J’ai faim, je mange, j’ai sommeil et si c’est Safe, je dors. Je bois quand j’ai soif et comme je suis une lame je m’efforce de rester toujours aiguisé. Affuté et mortel. Je me montre immense et calme faisant croire à une lenteur extrême quand je suis explosif et bouillant de réflexes. À quoi me servirait d’avoir des envies ? Genre une montre très chère au poignet. Une horloge dans la rue ou mon téléphone ne suffisent pas ? Pourquoi avoir une voiture chère quand je n’ai besoin d’aucune voiture ? Pourquoi avoir un espace immense quand je ne viens que pour attendre et patienter ou dormir ? Je n’ai plus rien d’humain. Maitre Uriel a fait en sorte que j’abandonne mon humanité. Que je devienne l’instrument des Templiers. Avec Sydney, c'était parti assez mal. Puis, on a eu cette soirée de travail pour éliminer une taupe. Et une chose s’est produite. Une chose folle. Intense. Tellement interne qu’elle est absolument indescriptible. Et depuis. Je crois qu’elle compte pour moi. Pas seulement parce qu’elle est une templière que je dois protéger. C’est différent. Je ne comprends pas. Mais dans son regard y’a une lueur qui danse quand elle parle de me faire découvrir son monde. Alors je n’hésite pas. Je sais que je vais faire tache alors je lui demande quoi mettre et elle me dit comme j’ai envie et comment je me sens le plus à l’aise. Non… Je ne pense pas qu’elle me répondra nu. C’est pourtant ainsi que j’aime être. Je ressens mieux les mouvements du vent, ce qui m’entoure. Le chaud, le froid. C’est animal et instinctif d’être nu. Je n’ai pas énormément de choses ici pour sortir. Elle m’embrasse me tirant de ma réflexion et je la regarde comme si elle venait de s’accaparer soudainement toute mon attention. Elle déclare que je pourrais abuser de ses charmes jusqu’à m’en lasser et m’embrasse encore avant qu’elle ne coupe le baiser et déclare que d’abord on s’amuse. Elle se lève et me tend la main et je lève avant qu’elle ne se colle à moi et embrasse mon torse mordillant ma peau. Ça a l’air de lui faire très plaisir on dirait. C’est agréable de savoir que je crée un sentiment de plaisir chez quelqu’un.

Elle me donne une première leçon et déclare que l’argent ouvre toutes les portes et que c’est le monde qui se conforme à ce que j’aime. Elle rajoute que je pourrais débarquer nu qu’on me dirait que c’est la bonne tenue. Amusant surtout que je pensais à venir nu justement. Elle parle de retirer du liquide et je hoche la tête en sortant mon téléphone de ma poche et tape quelques infos pour ma banque. Je sais que j’ai de l’argent je mets tout ici et dépense tellement peu. C’est le truc des Templiers et je crois que j’ai… Vraiment beaucoup. Quand je tue Uriel livrait la fortune aux templiers et gardait pour nous de l’argent. Ce qui me reste c’est ce qu’il n’a pas emporté dans la mort. Ça fait un 4 et 6 zéros derrière. Je crois qu’il m’en restera encore à ma mort mais tout ira aux templiers. Je lui donne le téléphone et m’écarte pour aller vers ma penderie alors qu’elle me remercie avec un regard doux.

« Je suis curieux de voir ça. Regarde si j’ai assez pour ton monde et on y va »

Je me mets en caleçon en lui tournant le dos et choisi une tenue avant d’attacher mes cheveux. Simple, pas follement classe, mais relativement élégant et passe partout. Ça couvre l’essentiel des tatouages et ça fera discret. Je me tourne vers elle une fois habillé.

Tenue

« Tu me trouves comment ? »

-"Oh merde." Ma réaction spontanée à la lecture du solde de son compte en banque. Putain de bordel de merde, aurait encore mieux traduit ma pensée. Jahad doit être le seul putain de millionnaire de cette planète à vivre dans une cave. Je reste bouche ouverte à contempler le téléphone loupant son habillage. C'est quand il me demande comment il est que je relève la tête pour croiser son regard.

Le mien brille et pétille. Je m'avance, lui glisse le téléphone dans la poche et me hisse sur la pointe des pieds pour nouer les bras à sa nuque et l'embrasser dans le cou. -"Tu es parfait." Je souris et m'écarte. -"Attends une seconde tu veux?" J'envahis ce qui lui sert de salle de bain et me satisfait du miroir de ma trousse de maquillage pour masquer l'hématome peu sympathique qui fleurit sur ma pommette et retoucher mon rouge à lèvres. Ceci fait je récupère mon propre téléphone et envoie un message.

Je viens glisser la main dans la sienne et l'entraine à l'extérieur. On marche, côté à côte et je me décide à rompre le silence. -"Tu as beaucoup d'argent... de quoi te payer tout ce que tu peux vouloir." Ce n'est qu'un constat. -"Peut être que je vais te faire découvrir un style de vie un peu plus confortable ?" Consciente de la discrétion qu'il cultive, j'ai commandé notre voiture à quelques encablures de là. Sur un grand axe. Je me repère assez bien dans les rues désormais, même si je ne suis pas le moins du monde native de la ville. Disons que je commence à en connaître les beaux quartiers et les bas fonds, comme si l'entre deux n'existait pas.

On débouche sur la 8e avenue et j'avise le petit parking de l'autre côté sur lequel patiente déjà une limousine. Quand on a les bons contacts et qu'on est prêt à payer ça n'a rien de compliqué. Le chauffeur en sort en me voyant approcher et je referme doucement les doigts sur l'avant-bras de Jahad, comme pour signifier qu'il n'a rien d'une menace. Il nous ouvre la porte, j'entre la première et me fond dans la banquette en cuir. Je regarde Jahad et lui souris avant de faire résonner ma voix. -"Séparation fermée, prenez votre temps pour nous emmener au Seven Mile."

Je ne suis pas pressée et j'ai très envie qu'il puisse découvrir tout l'intérêt du luxe. J'ai aussi très envie de profiter de sa présence et de ce tête à tête même si ce n'est pas tout à fait conscient. Quand la voiture démarre, je viens me glisser contre lui, grimpe à califourchon et niche le nez dans son cou avant de mordiller sa peau. -"Champagne ?" Un murmure qui l'effleure de mon souffle avant que je ne plonge les yeux dans les siens. Je me demande si il aime danser, si il va aimer ou non cette plongée dans mon monde, j'ai envie de le séduire, pas simplement de lui imposer de me suivre. Le réalisant je souris avant de m'approcher, décidée à poser doucement les lèvres sur les siennes. Je suis consciente qu'il n'aime pas trop être touché, consciente également qu'il me laisse généralement dépasser ses limites personnelles. Pour autant je ne veux aucunement que ça lui soit désagréable et ça me fait bizarre à réaliser. Je ressens une prévenance le concernant qui a tendance à se renforcer et ça me fait un effet bizarre, dans le ventre. A moins que ce soit sa proximité immédiate ? Oui ! Voilà, ça doit être ça.

« Oh merde » c’est sa réaction en lisant combien j’ai sur mon compte en banque. Je suppose que ça veux dire que j’ai suffisamment pour faire ce qui lui fait envie ? Bon au moins c’est pratique. On ne manquera de rien. Ce n'est pas comme si j’avais besoin d’argent, le peu que j’ai me suffit amplement. Je m’approche dans ma tenue que j’espère passe partout et assez élégante pour ne pas me faire refouler déjà qu’entre ma carrure et mon look j’ai tendance à pas donner envie qu’on me laisse entrer… Elle se hisse à mon cou pour venir m’embrasser là. Je réalise que je n’ai pas bronché. J’ai l’habitude et j’ai vu venir ses lèvres mais… Je n’ai pas bronché. Pas un seul instant… Elle s’écarte et me demande une seconde. Elle entre dans la salle de bain et se maquille un peu. Je la regarde faire en rangeant mon téléphone dans ma poche. Si maitre Syrus m’appelle je dois répondre, je déteste le laisser sans MA surveillance mais il tient à ne pas toujours m’avoir pour qu’on ne m’identifie pas trop comme son « garde perso » Elle vient alors glisser sa main dans la mienne et m’entraîne dehors. On marche un peu et elle me dit que j’ai beaucoup d’argent et de quoi me payer tout ce que je peux vouloir. Je ne réponds rien mais elle se trompe. L’argent ne me payera jamais ce que je désire le plus au monde. Elle me dit qu’elle va peut-être me faire découvrir un style de vie plus confortable ? Et je la regarde, retenant les mots ancrés en moi de maitre Uriel : « le confort rend faible, il émousse le guerrier ». Je lui souris pour ne pas la brusquer parce que je sais qu’elle veut bien faire mais je suis… Bizarre. Je le sais.

« J’ai besoin d’un lit, de deux trois affaires et d’un endroit pour me laver et faire mes besoins. Le reste est sans importance »

Une tanière que je peux abandonner sans soucis. Celle-là compte plus car il s’y trouve la seule chose à laquelle je tiens. Ce tableau qui m’a montré la lumière et que je veux conserver. C’est pour ça que je l’ai emmené à cet endroit et pas ailleurs. Parce que c’est celui que je préfère. Alors que je comprends ce qu’elle fait et que j’apprécie ses efforts pour imiter ma manière de faire je surveille et ne constate rien de problématique dans nos déplacements. On ne nous suit pas et nous voici dedans une limousine. Je reste interdit moi qui aime la discrétion… Je rentre en me contorsionnant un peu alors qu’elle donne un ordre. Nous voici alors dans la limousine et je tente de me mettre confortable. Elle me propose du champagne et je fais oui de la tête même si je n’en raffole pas. Je ne compte pas lui refuser quoi que ce soit ce soir. Mais son regard accroché au mien se fait mutin et elle avance et m’embrasse. Je réponds à son baiser doucement. C’est incroyable cette douceur dont elle fait preuve avec moi. J’aime sa manière de me regarder. Je me sens bizarre quand elle le fait et c’est très agréable. Je ne lui fais pas peur… Je ne saurais dire ce qu’exprime son regard mais ça me plait.

« Je… »

Je réalise que j’ai une envie étrange et soudain de proximité. C’est assez dingue de me dire que je voudrais qu’elle me touche. Je la regarde un peu surpris de ce que je m’apprête à dire.

« J’aimerais que tu… Montes sur moi »

Oui j’ai envie de sentir sa proximité. J’ai détesté la voir se faire attaquer et malgré le maquillage je vois encore la trace du coup. Je le caresse délicatement de mon pouce avant de venir poser un doux baiser dessus. Je la guide doucement pour l’installer à califourchon sur moi et la regarde dans les yeux avant de glisser mon regard sur elle et de remonter à son regard. Je sens ronronner le loup de Ténèbres en moi. J’ai presque la sensation que Sydney l’apaise… C’est prodigieux.

« Tu es très belle… Tu me plais beaucoup. »

Maladroit et pas hyper bien formulé ni très profond, mais je crois que je l’exprime comme je suis capable de le faire. Ce n’est pas évident pour moi mais l’émotion est belle et bien là.

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