Un jour au Mexique (Rosiom)

OUTFIT - Divorcée et malheureuse? Pas du tout! Seule? Bien sûr que oui. C’était la solitude qui me pesait surtout. Tommy avait partagé ma vie pendant si longtemps que je ne savais même plus qui j’étais. Il m’avait fallu du temps pour redécouvrir qui était Roselyn De Leon. Ce n’était pas un long fleuve tranquille, mais j’y arrivais. Je prenais tranquillement ma place à San Diego. Les Templiers m’intéressaient de plus en plus.

Arrivait un moment où la famille de ma mère me manquait. Particulièrement Abuela. Son regard chaleureux et rieur quand elle me demandait comment j’allais. Elle ne me jugeait jamais et était simplement heureuse de me voir m’épanouir. Je franchissais donc la frontière pour me retrouver au Mexique et passer quelques semaines à visiter les De Leon.

Ma famille en était une festive. Accueillante et bruyante. Impossible de passer du temps ensemble sans célébrer et manger. La musique était pratiquement toujours au rendez-vous. J’oubliais toujours mes soucis quotidiens en franchissant le seuil d’entrée de la maison d’Abuela Ximena. Mon cœur se réchauffait et je me demandais même souvent pourquoi je rentrais à chaque fois à San Diego.

Un soir parmi cette pause des États-Unis, j’avais aussi besoin de prendre une pause de la tempête tropicale De Leon. J’avais désormais l’habitude d’être seule et de faire ce que je voulais. Aussi, je décidais de sortir dans un bar. J’enfilais une robe longue de couleur verte ainsi que des souliers à talons hauts dorés. J’agrippais mon petit sac à main et me dirigeais vers un bar un peu américanisé. Peut-être que je m’ennuyais un peu de la Californie finalement?

Il y avait beaucoup de monde dans le bar et la musique résonnait malgré les échos de conversation animée. Seule, je regrettais presque d’être entrée. Mais je devais bien célébrer mon célibat d’une façon ou d’une autre. Je commandais un shooter de tequila et me dirigeais vers la piste de danse. J’y dansais un bon moment, sans me soucier du regard des autres. À un moment, j’eus besoin d’une pause et je me trouvais une table. Je m’assoyais sur une des deux chaises, essoufflée, mais souriante.

C’est par hasard que mon regard glissait sur les gens accoudés au bar. Pourtant, mon balayage rapide s’arrêtait sur un homme qui se tenait un peu de profil. J’ignorais pourquoi d’abord, mais il m’attirait. Les choses ne faisaient que se confirmer quand il croisait mon regard. Il avait un visage doux, séduisant. Une bouche qui ne demandait qu’à être embrassée. Je divaguais ou quoi? Quand je disais que je me sentais seule! Je lui offrais un sourire et un regard félin, en me disant que c’était toujours bien d’essayer.

À mon grand bonheur, il s’avançait dans ma direction, armé d’une bouteille et de deux verres. Il s’adressait à moi en espagnol et cela m’amusait. Je hochais la tête en lui désignant la chaise devant moi. Sans un mot pour le moment, je tendais la main pour prendre la bouteille et servir de la tequila dans les deux verres. Je relevais mon regard et lui décochais un sourire amusé avant de prendre la parole en anglais.

« Je m’appelle Roselyn. Et toi? Que fêtons-nous? » Demandais-je en désignant la bouteille du menton?

Je levais mon verre pour le faire tinter contre le sien. Puis je lançais le toast incontournable de la tequila comme pour le tester. Je levais mon verre en l’air, puis vers le bas, devant moi :

« ¡Arriba, abajo, al centro, pa' dentro! Salud. »

Il ne restait plus qu’à boire. La musique était forte, mais j’avais envie d’apprendre à connaître cet homme.

OUTFIT - « Muy encantada, Tom. »

Même si je n’en laissais rien paraître je ne pouvais m’empêcher de ressentir une vrille puissante jouer avec ma tête et mon estomac. Tom? Vraiment! Ça ne pouvait pas être un Michael ou Sean ou Travis? La vie se payait bien ma tête en me balançant cet homme charmant au prénom si similaire à celui de mon ex-mari.

Pour tromper mes émotions, je trinquais avec le bel américain. Son sourire était vraiment à tomber et je me surprenais à sourire pratiquement comme une idiote.

« Fêter ensemble? Pourquoi pas! »

La musique était forte et les rires autour de nous conférait une ambiance idéale pour accéder à la demande de ce dénommé Tom. Cette pause du clan De Leon n’était pas de tout repos, mais cela me faisait changer d’air. Et l’air autour de cet homme était agréable à respirer, ce qui me donnait envie de rester.

Il me demandait de continuer de converser en anglais et je hochais la tête. En contrepartie, il acceptait de répondre à n’importe quelle question à son sujet. Que devais-je demander? S’il était célibataire? Qu’est-ce qui l’avait poussé à s’assoir avec moi? Pourquoi était-il au Mexique? Son signe astrologique? Combien de secondes pensait-il avoir besoin pour me délester de ma robe? Non, définitivement pas la dernière question, je divaguais.

Tom ne me laissait pas le temps de répondre et il corrigeait le tir lui-même, m’empêchant d’articuler la moindre interrogation. Il remplissait de nouveau nos verres. Il me prenait par surprise avec sa franchise, mais il ne me déboussolait pas. Comme c’était rafraîchissant de voir un homme aussi direct avec ses envies. Il restait poli et ne m’imposait pas ses désirs et je le fixais comme pour sonder son âme. Ou peut-être juste parce que ses yeux étaient magnifiques… Je buvais mon verre d’un trait sans sourciller et le déposais vigoureusement sur la table avant de répondre.

« C’est un jeu dangereux de me déballer tes envies ainsi, Tom. Peut-être suis-je assez rusée pour en profiter et exiger sans compter… »

Je me levais et faisais un mouvement pour replacer le bas de ma robe avant de lui tendre la main pour qu’il se lève. Une fois debout, je laissais mes doigts courir sur l’un de ces biceps et je m’approchais de son oreille.

« Pour gagner un baiser… Il faut savoir danser. »

Je laissais traîner mes lèvres sur sa joue en m’éloignant de lui et je gardais sa main dans la sienne pour le guider sur la piste de danse qui, bien que remplie, permettait l’ajout de deux danseurs supplémentaires. La musique était une bachata, ce que la majorité des gens dansaient sommairement sur la piste. Un petit sourire amusé se dessinait sur mes lèvres. Nous serions très près l’un de l’autre, s’il savait comment danser un peu.

« Tu connais la bachata, cariño? »

Les pas étaient simples et permettaient de danser à proximité sans empiéter sur les voisins également. Je m’approchais donc de lui et posais mes avant-bras sur chacune de ses épaules. Il pouvait poser ses mains sur ma taille ou mes hanches pour amorcer les premiers pas. Le rythme, je l’avais dans le sang et j’étais curieuse de voir s’il arriverait à me séduire avec son corps, puisqu’il avait déjà commencé avec ses mots.

OUTFIT - Il avait un bon sens de l’humour. C’était important pour moi. Ma vie était sérieuse, je travaillais d’arrache-pied pour démarrer mon entreprise, alors quand je profitais de mes temps libres je ne souhaitais que de la légèreté. Je lui montrais un peu les pas et il me disait apprendre vite.

Il posait son front sur le mien. Je réprimais un frisson. Nous étions si près l’un de l’autre et ses yeux me captivaient. Son odeur m’enivrait et j’avais l’impression que notre entente avec quelque chose de chimique. Comme les phéromones que tant d’industries tentent d’embouteiller, sans succès. Tom bougeait mieux qu’il m’avait laissé sous-entendre. Cachotier. Son bassin suivait mes mouvements, ses mains avaient une poigne sensuelle sur mes hanches. J’avais chaud et ce n’était pas seulement parce que la piste de danse était bien occupée. Il m’attirait, c’était impossible de le nier.

Je posais ma main sur son épaule, m’éloignant un peu en ondulant mon corps, puis je revenais vers lui pour attraper sa main et lui indiquer de me faire pivoter. L’espace d’un instant, mes fesses se collaient contre son bassin, juste assez pour m’électriser davantage. Le moment ne durait pas, le rythme et nos pas nous ramenant face à face et c’était naturellement que je posais ma paume sur le côté de son visage, les doigts posés sur le côté de son cou. Sa peau était chaude et agréable. Je me perdais dans mes pensées.

« Lo estás haciendo muy bien, cariño. » (Tu t’en sors très bien.)

Je me rapprochais encore plus de lui. Le côté positif de la bachata. Ma poitrine touchait son torse et mon nez frottait doucement le sien, comme une promesse d’un éventuel baiser. Je mourrais d’envie de céder tout de suite, mais j’avais envie de pousser le désir encore plus, malgré ma curiosité. Ses lèvres étaient assurément douces. Je m’imaginais même mordiller l’ourlée de sa lèvre inférieure avec délice. Je devais au moins persister jusqu’à la fin de cette chanson! C’était un minimum.

Les dernières notes résonnaient dans les haut-parleurs et la foule applaudissait. La musique changeait, devenant plus dynamique et je reportais mon attention sur mon partenaire de danse. Je lui faisais signe d’attendre, allais chercher la bouteille de Tequila et revenais prendre sa main.

« Vámonos a otro lado, tú y yo. » (Allons ailleurs, toi et moi.)

Je le guidais vers le corridor menant aux toilettes du bar. L’endroit était désert comparativement à la piste de danse. Je nous dirigeais dans un coin moins éclairé du corridor et déposais la bouteille d’alcool sur une table d’appoint. Du même geste, je m’appuyais contre le mur et tirais sur sa chemise pour l’approcher de moi.

« Je ne sais pas si tu as vraiment mérité ce baiser ou je suis impatiente, mais je pense que si tu ne m’embrasses pas tout de suite je risque de crier au scandale! »

Mes mains glissaient sur son torse et mon corps ondulait naturellement dans sa direction, encore animé par le rythme de la musique qui nous parvenait un peu moins bien que sur la piste de danse. Mon cœur battait à tout rompre. Cette soirée prenait un tournant tellement excitant.

« Alors tu viens le chercher ton baiser, cariño? »

OUTFIT - Dans la pénombre du couloir mal éclairé, je me sentais comme lorsque j’étais une jeune universitaire. J’étais de toutes les fêtes. Sororités, fraternités, fêtes de fin d’année, soirées des différentes associations, célébrations de la victoire de l’équipe de football… Je m’étais donc retrouvée dans des situations similaires à celle-ci plusieurs fois… Mais cela faisait pratiquement vingt ans! Et… C’était quelque peu différent, parce que je me sentais moins frivole. Le courant passait trop bien entre nous, rien n’était forcé. Nos corps s’attiraient, il n’y avait aucun doute, mais il y avait plus.

Il posait ses mains de chaque côté de ma tête alors que je l’attirais vers moi, bien appuyée contre le mur. J’en frémissais de plaisir. Son odeur chatouillait mes narines et attisait ma curiosité. Est-ce que le goût de ses lèvres était aussi enivrant que l’odeur de sa peau? Je n’avais jamais été très patiente et je commençais à sentir ma fébrilité faire battre mon cœur plus rapidement.

Nous nous toisions, ne prolongeant ce moment de torture pour aucune bonne raison autre que de faire durer le suspense. Tom frissonnait sous mes mains. Il était tout aussi désireux que moi, de toute évidence. La phrase qu’il me soufflait me tirait un sourire.

« Cela n’a pas d’importance… C’est de mon prénom que tu dois te souvenir pour cette nuit. »

Je le laissais s’approcher. Ses lèvres frôlaient les miennes et j’aurais pu en grogner de frustration, sauf que je me contrôlais. Allez, Tom, qu’est-ce que tu attends pour dévorer ma bouche?

« Dis mon nom, Tom. »

Nos lèvres se frôlaient toujours quand je le sommais de dire mon nom. Ma voix était suave, dirigée par mon désir que je ne pouvais pas cacher. Nous nous embrassions enfin et je soupirais bruyamment. Sa bouche était douce et gourmande à la fois. Sa langue trouvait la mienne et je ne réprimais pas le gémissement de plaisir qu’il faisait naître avec ce contact. Mes mains trouvaient les muscles de son dos, puis de son torse. Je découvrais son cou, ses cheveux aussi. Son bassin rencontrait le mien et, bientôt, mon souffle se perdait dans le sien et devenait très court. J’aurais pu le dévêtir dans ce couloir.

Son désir et le mien semblaient vibrer sur la même fréquence. Je laissais une de mes mains jouer avec la taille de son pantalon, l’attirant encore plus vers moi du même geste. J’ignorais qui de nous deux avait brisé le baiser, mais je profiter d’une infime trêve pour reprendre la parole.

« S’il te plaît, dis-moi que tu as une chambre d’hôtel à proximité… Sinon je pense que je te pousse dans une cabine de toilette où je te saute dessus. »

Je me noyais dans son regard. Mon corps ondulait de son propre chef. J’agrippais sa main de la mienne pour l’encourager à venir caresser mon corps bouillant de désir pour lui. C’était plus que je ne pouvais supporter. Il y avait un moment qu’un homme m’avait touché. Encore une fois, je sentais tout de même qu’il ne s’agissait pas que d’un besoin charnel. Comme si nous étions destinés à nous rencontrer. Ce sentiment me happait de plein fouet. J’étais quelqu’un de rationnel, mais pas en ce moment. C’était ça un coup de foudre, non?

La musique bourdonnait toujours plus loin. Je retrouvais sa bouche comme un naufragé qui remonte à la surface de l’eau. Je ne pourrais plus quitter ses lèvres pour de longues périodes, au risque d’en crever. C’était ce que mon cœur faisait croire à mon cerveau du moins.

« Tu m’amènes loin d’ici, cariño? »