Tom Jackson "Un jour j'arrêterai de jouer au con"

Je m’appelle Tom Jackson, j’ai longtemps été le dernier enfant d’une Fratrie de 5 enfants avant l’arrivée de Jenna l’année de mes 10 ans. J’ai grandi à Fort Benton dans le Montana. Je suis ce qu’on appelle un Bouseux de la ferme. Ma mère raconte que je montais à cheval avant de savoir marcher. Enfant, j’ai vécu les plus belles années de ma vie. Nature, jeux, chasse avec mon père et mon grand frère. J’étais bien entouré de nature. J’étais heureux et nous vivions une vie de famille simple et heureuse. Nous allions à l’église même si mon sport National était de m’enfuir avant le réveil et de revenir à la maison après la messe. J’ai jamais aimé rester le cul vissé sur une chaise trop longtemps.

En grandissant, je réalisais que mon Fort Benton était un peu ennuyeux pour un jeune homme qui a envie d’aventure et de choses de son âge. Le collège était loin et je me levais tôt pour le Bus et comme c’était une plus grande ville, j’ai vite été attiré par tout ce qu’elle avait à offrir. Un peu rebelle, j’ai fait des petites conneries et la police est revenue me ramener plusieurs fois à la maison. Le collège était loin et je me levais tôt pour le Bus et comme c’était une plus grande ville, j’ai vite été attiré par tout ce qu’elle avait à offrir. C’est Elliott mon grand frère qui venait ensuite me faire la leçon, car il était mon modèle et je l’admirais. Il avait tout à mes yeux. Il était grand, beau fort, immortel. Mon modèle. J’ai cru mourir quand il a annoncé devenir pompier et qu’il quittait le Montana. Puis ensuite, il fut pris à New York recruté pour ses excellents états de service. La famille avait un héros et à ma peine de voir mon frère parti, je collectionnais les coupures de journaux qui parlaient de ses exploits. À 15 ans, il m’a fait venir à New York. L’avion tout seul, les deux plus belles semaines de ma vie avec mon frère dans cette ville immense.
Le retour à Fort Benton fut une purge. Je me faisais chier et je rêvais moi aussi de le suivre. De devenir pompier et d’intégrer la caserne de mon frère. Et j’essayais de convaincre Layla, ma petite amie depuis ma 2e année au Lycée de venir avec moi là-bas. C’était la plus belle fille du monde, mais elle se cachait derrière des lunettes trop grandes. Je l’ai toujours trouvé jolie. Mais elle ne voulait pas trop. Elle avait peur de quitter Fort Benton et je lui disais qu’après le Lycée on irait là-bas et qu’elle allait adorer. Elle pourrait y faire ses études et moi, je serai pompier et on faisait des scénarios dans nos petites têtes d’ados amoureux.

11 septembre 2001, 6 h du matin. Je me lève tout heureux. Hier, Layla et moi avons fait l’amour. J’ai 17 ans et je me sais plus amoureux que jamais. Je me lève avec la sensation que ça va être la plus belle journée de l’univers. Mais la télé est allumée. Papa et maman sont en larmes devant les images. Les deux tours du World Trade Center sont percutées par des avions. Les pompiers et les secours s’organisent. C’est le chaos et je suis figé. Mais je me dis que les new-yorkais ont de la chance. Eliott va les sauver tous autant qu’ils sont. Puis cet instant ou là tour s’effondre. Je l’ai su de suite. Ma mère a hurlé. Nous avons prié et pour une fois, je suppliais Dieu de me ramener Eliott, je me suis disputé avec lui au téléphone parce que je fais trop le con et qu’il faudrait que je grandisse. Il fait ce qu’il a toujours fait avec moi, mais l’ado arrogant que je suis devenu s’en fout et je lui raccroche au nez. Puis la nouvelle tombe. Eliott est mort. Son corps ne sera jamais retrouvé.
Ce jour-là, un truc en moi s’est brisé à jamais. Mon paradis le Montana est devenu oppressant. J’ai commencé à faire de la merde en cours. À me battre. J’étais à cran. Layla me quitta incapable de supporter ce que je suis devenu. La haine, la colère aveugle, l’envie de hurler. Le torrent d’émotion que la mort de mon grand frère venait de me changer à jamais. Je passe une année difficile. La famille se soude et plus elle se soude plus je m’en écarte. Plus je deviens sauvage et solitaire. Je maudis Eliott et ma peine se change en colère, car ça devient plus facile de le haïr que de dire que j’ai mal et que je me sens coupable. Je refuse d’entendre parler de Dieu, de prier ou d’aller foutre les pieds dans une église. L’année que je fais passer à ma famille est une horreur. Le jour de mes 18 ans, j’ai décidé. La veille Jenna ma petite sœur de 7 ans est venue me faire un câlin et m’a donné un dessin avec écrit, je t’aime. À 4 h du matin, j’ai fait mon sac. J’ai laissé un mot pour dire que je partais m’engager pour aller faire la guerre en Afghanistan. Je veux tuer ces gens qui ont eu mon frère ce héros. J’emporte le dessin de Jenna et je pars avec un sac à dos. Je me fais enrôler et pars loin de la famille. Quand je les appelle, deux semaines après ma mère pleure. Mes sœurs essayent de négocier mon père refuse de me parler et Jenna aussi.

Mes classes faites, je pars pour l’Afghanistan. Je suis sûr d’aller faire le bien et d’être un super-héros. Ma jeunesse dans le Montana est un avantage pour les techniques de combat, je tire bien au fusil. Mais ce que je trouve là-bas, c’est l’enfer. Je me fais canarder, j’ai peur pour ma vie, je tire au pif, mais jamais sur une cible précise. Les explosions, le stress permanent, le danger. Et le regard des gens qui nous haïssent d’avoir envahi leur pays d’avoir amené le bordel dans leur existence parce que des fous furieux de leur pays ont fait, un attenta chez nous. Folie humaine. La veille de mon départ, je suis en opération et une mine artisanale fait sauter le Pick-up devant nous. Le combat s’engage et je ne vois rien. Je tire et abats un mec qui courait vers nous avec son fusil. Enfin ! Enfin quoi putain ? A peine le tir réalisé, je comprends que je n’ai aucune gloire à avoir ôté une vie. Pire, une petite fille s’élance et pleure sur le corps. C’est son grand frère, elle le répète encore et encore. Elle a l’âge de Jenna et pleure. Je fige sur place qu’est-ce que j’ai fait putain ? Les gars me saisissent, on doit évacuer. Je me retrouve dans la voiture d’évacuation et je suis horrifié par mon premier tir mortel. Les gars me rassurent : « C’est la guerre, « c’était un ennemi » « il nous aurait tué » « tu as bien fait ». Cette petite fille… C’est comme Jenna. Son grand frère, c’est comme Eliott pour moi. Je comprends sa peine. Je suis démobilisé et je refuse de signer. Je rentre chez moi.

J’ai 22 ans. Je suis parti il y a 4 ans et rien n’a bougé. Je n’ai pas revu ma famille depuis. Ma mère éclate en sanglots. Mon père ne dit rien, mais souris. Samantha me gifle et m’embrasse, Lucy et Clara me sautent au bras. Jenna est immense. Une belle jeune femme et pourtant elle ne m’adresse pas la parole. Je tente de la reconquérir, mais elle est plus froide que tout. Elle déchire même le dessin qu’elle m’avait donné. Le temps que je passe ici, c’est horrible. Au bout du jardin, mes parents ont fait une stèle pour Eliott sous un grand arbre qu’il escaladait. Mon père est venu avec moi pour me parler. Il ne l’avait jamais fait. Il m’a conseillé de partir et de faire ce pourquoi je suis doué. Mais je n’en sais rien. Je ne veux pas être pompier. Ce serait trop dur. Je me tourne alors vers l’école de police. Mes années dans l’armée m’ouvrent direct une possibilité d’adhésion.

J’ai 33 ans et ça fait 10 ans que je suis à Los Angeles. Parce que j’ai besoin d’un cadre différent du Montana. Je veux me couper de cet endroit. Ma vie s’écoule à travailler, mais je m’use peu à peu. Des relations amoureuses ? Ça ne dure jamais. Je ne suis pas fait pour ça, j’ai un truc bizarre qui fait que ça part toujours en couille. Du coup, je me contente de baiser et de rester quelques semaines ou moi avec la personne puis ça s’arrête. J’ai toujours été idéaliste à croire que le monde se divise en deux, le bien et le mal. Mais c’est pire que ça. Je nage dans des eaux troubles et le pire, c’est que la vie est faite de telle façon que les mauvais gagnent toujours. Peu à peu, je me cache derrière une armure. Je suis désormais inspecteur à la criminelle. Parce que c’est ce qu’on me propose de devenir et ça me convient. À chaque nouvel échelon, gravis-je me dis que je vais changer les choses ? Mais la désillusion est grande et me grignote. Un jour, j’ai dû libérer un mec qui avait tué le père de sa petite amie tout était là, mais la fille refusait de témoigner contre lui. Malgré tout ce qu’on a tenté de faire seul le témoignage aurait pu le faire condamner, mais elle se taisait. 4 h plus tard je me rendais chez elle pour constater son décès. Le gars avait paniqué et buté le seul témoin de l’affaire. J’ai sombré.

J’ai perdu pied à ce moment-là. Où était la justice ? Où était la bonté, le juste ? Ce qui doit être fait. Ce pourquoi je me lève le matin. Ce soir-là, j’ai failli me tirer une balle. J’avais mis la balle dans l’arme, j’ai placé le canon sur ma tempe. J’allais appuyer quand en face de moi, j’ai vu le dessin de Jenna. Je l’avais scotché, mais refusé de le jeter. J’ai pleuré et je n’ai pas tiré.

J’ai demandé un congé d’un an sans solde. On me l’a accordé. Je suis parti. Je suis allé voir la famille. Jenna était à l’université de San Diego et ne voulait toujours pas me parler. Même à Noel quand je rentrais dans le Montana, elle refusait de me parler. Si j’avais mauvais caractère, elle était pire que moi. Alors j’ai fini par ne rien chercher d’elle. Je suis un fantôme aux fêtes de famille. Mais j’avais besoin d’exploser. Je suis parti et j’ai roulé vers le sud.

San Diego, voilà ou j’ai atterrit. Ici, on peut passer la frontière facilement et se retrouver au Mexique, en un rien de temps. Je ne trouve plus de sens à ma vie. Je pense à Eliott. Je suis paumé et déprimé par tout ce que je peux vivre. Que dois-je faire ? Jenna, je suis venu ici pour voir Jenna. L’université, j’y suis allé, je voulais lui parler et lui rentrer dedans, mais quand je l’ai vu au loin avec des amis elle… Riait. Je suis resté con. Elle souriait et elle riait. Ma petite sœur, mon petit bébé. Son sourire a fait fondre ma peine. J’ai réalisé que c’était d’elle dont j’avais besoin que j’aurais pu m’en sortir si j’étais resté au lieu d’aller faire le con en treillis dans un pays en guerre et de tuer un être humain. J’ai suivi Jenna pour connaître sa vie, bien sûr, elle n’a jamais su que j’étais là et que je la suivais. Ce n’était pas pour la surveiller, c’était pour la connaître la découvrir. Elle est une jeune femme magnifique et pleine de vie. Je suis complètement charmé.

Durant cette période de ma vie, je suis fréquemment descendu vers Tijuana pour les nuits animées quel régal, la première fois un groupe d’amis de Jenna et elle avec y sont allés. J’ai suivi en douce et ce fut mémorable, mais ce soir-là, un mec avait eu le malheur d’essayer de se taper ma petite sœur dans une ruelle. Elle disait non. Elle se débattait, mais ce connard la frappa au visage et la tourna sur des caisses pour la prendre par-derrière. Parfait. Je me suis élancé et je l’ai mis K.O avant qu’il ne fasse quoi que ce soit. Jenna a juste retrouvé le gars par terre au sol. Elle est partie vite. J’ai suivi en douce et ce fut mémorable, mais ce soir-là, un mec avait eu le malheur d’essayer de se taper ma petite sœur dans une ruelle. Ce petit interlude, changea un truc en moi. Étrangement, ce soir-là, j’avais eu l’impression d’être Batman, de ne pas avoir le poids de la loi de mon côté, je n’étais pas flic, j’étais juste le soldat du bon sens. J’ai bien fait et j’ai aimé ça. Alors que je fêtais ma victoire vers 4h du matin avec une 7e Tequila, j’ai remarqué cette fille. Fille. Une brune torride toute en longueur avec un visage d’ange, un sourire carnassier et un regard à faire damner un saint. Je me suis levé et j’ai dansé avec elle. On s’est embrassé.

Au matin, je me suis réveillé dans une petite chambre d’hôtel avec elle nue sur moi. Elle s’est réveillée et m’a sauté dessus. Nous avons passé trois jours dans cette chambre à tout faire. Cette femme s’appelait Roselyn de Leon et les trois jours qu’elle me fit passer me donnèrent la sensation que je n’avais jamais connu les mots sex, plaisir et passion. Je revenais de Tijuana complètement métamorphosé. Euphorique. Pendant 6 mois, j’ai fréquenté Roselyn qui était productrice et réalisatrice de films pour adulte. C’était un univers un peu fou, mais ça collait au personnage complètement décalé de mon monde. J’adorais cette femme et je n’avais rien à forcer avec elle. Jenna, je la suivais et tentais de me rapprocher. Maman lui avait dit que j’étais là et elle accepta de manger avec moi. Elle était fermée et j’essayais de lui demander pardon. Elle ne se laissa pas attendrir pour autant et quand je lui disais que je serai content de la revoir et si je pouvais l’appeler elle m’a balancer juste « fais comme tu veux ». J’ai décidé de devenir Flic à San Diego. On m’a transféré de L.A à San Diego que je reste près de Jenna et Rosie. Mais Jenna s’en battait les couilles royalement. J’ai découvert pourquoi ça avait été si facile de m’envoyer ici. Les rivalités comme on dit. La Bratva, les Black Templar, les Hellhounds et j’en passe. C’est un bordel incroyable et la justice, c’est pire qu’ailleurs. On n’est pas nombreux à vouloir faire du boulot propre.

Un soir, j’étais avec Rosie et je lui ai annoncé que j’allais être flic ici. Elle m’a expliqué qu’elle faisait partie d’une des rivalités. Et sans me donner tous les détails elle avait un rôle important. Je compris que c’était fini. Nos chemins se séparaient. On allait se retrouver dans des camps opposés elle et moi. Incapable de lui résister, je passais une dernière nuit avec elle. Au matin elle s’en alla et je ne la revis plus.

J’ai 36 ans. Je suis désormais Inspecteur à la criminelle de San Diego et je fais du bon boulot. Enfin officiellement. J’ai pris pour habitude de toujours faire tomber les connards que je ne peux pas enfermer légalement. Je suis toujours la procédure, mais la nuit, je retrouve toujours comment m’occuper des affaires que la loi ne peut pas régler et je fais justice. Ma limite, c’est de ne pas tuer. Mais 7 balles dans un genou ça fait du dégât et pour toute la vie. J’essaie de me rapprocher de Jenna qui a maintenant 25 ans, mais c’est toujours aussi difficile. Elle ne baisse pas l’armure. Moi non plus du reste. Je cache tout ce que j’ai pu avoir comme faiblesses depuis la mort d’Eliott. Je n’en parle pas l’armure est bien en place et j’avance. Un pas après l’autre.