Victoria Parks

Je ne sais pas d'où je viens. Mon entrée dans le monde n'a pas été bordée d'amour et de joie. J'ai été mise au monde sous X, ceux à qui je dois mon existence sur cette planète ne voulaient pas de moi. J'ai eu cependant la chance d'avoir été adoptée par un couple Américains débordants d'amour. Ils ne pouvaient pas avoir d'enfants biologiquement et ils se sont tournés vers l'adoption pour construite leur famille. Je suis la dernière arrivée dans le foyer, ils avaient adopté avant moi deux garçons plus âgés qui sont devenus mes frères. Nous ne roulions pas sur l'or, mais je n'ai jamais manqué de rien pour autant. Ce ne sont pas les liens du sang qui forment une famille et ça mes parents et mes frères me l'ont démontré chaque jours de mon existence. J'ai toujours été rêveuse et naïve, en même temps je n'ai jamais eu à me soucier de quoi que ce soit, on se pliait en quatre pour moi, pour voir se sourire communicatif étirer mes lèvres.

J'avais six ans  lorsque toute cette vie de famille parfaite a basculé. Une nuit un incendie, c'est déclaré dans la maison, toute la maisonnée dormait et sans notre fidèle compagnon à quatre pattes, nous serions probablement tous morts cette nuit-là. Ses aboiements ont réveillé mon frère ainé qui lorsqu'il a comprit ce qui était entrain de se passer est venu nous extirper de notre sommeil pour nous tirer de la maison en flamme. Je me souviens encore de ses bras s'enroulant autour de mon corps endormis, il m'a enveloppé dans un drap humide pour me sortir du brasier. La vision de notre maison avalée par les flammes hante encore mes cauchemar aujourd'hui. Déposée devant la maison avec mon autre frère qui était tout comme moi paralysé par la peur. Protecteur, il m'a tirée contre lui, quand j'ai hurlé en voyant notre frère âgé de seize ans à l'époque retourner dans la maison pour retourner chercher nos parents. Les pompiers ont fini par arriver, les lumières de leur gyrophare dansent dans la nuit, et les hurlements de leur sirène, je les entends encore chaque nuit. Mon frère avait réussi à extirper notre mère des flammes, elle aura été sévèrement brûlée par le feu, mais elle est vivante. Deux hommes, des voisin ? des pompiers ? Je ne sais plus trop ont dû retenir mon frère qui voulait retourner chercher notre père. Nous n'étions plus que les spectateurs impuissants de ce spectacles funeste. Malgré le travail remarquable des pompiers, notre père périra dans l'incendie.

Une famille meurtrie et brisée, voilà ce que nous sommes devenus en une fraction de seconde. Il aura suffit d'une seule nuit pour faire basculer des vies toutes entières. Maman n'était plus que l'ombre d'elle-même et c'est grâce à la force de caractère hors du commun de mes deux frères que nous sommes restés une famille unie. Tous les quatre, enfin tous les trois serait plus juste, car bien qu'elle est survécu, toute une part de son âme est morte avec notre père cette nuit-là, et elle ne s'en remettra jamais. Enfermée dans la chambre de cette appartements trop petits pour nous accueillir tous les quatre, elle enchaine dépression et addictions destructrices.

Notre frère ainé mit toute sa vie entre parenthèse pour nous offrir une vie décente. Il s'enrôla dans l'armé dès ses dix-huit ans et parti à l'autre bout du monde, nous envoyant tous ses salaires pour que notre vie puisse être la plus normale possible. Une normalité relative, puisque rien ne remplacera sa présence protectrice et rassurante autour de nous. J'ai pus suivre une scolarité normale et relativement studieuse, je me devais d'être à la hauteur du sacrifice fait par mon frère. Je voulais qu'il soit fier de moi, je n'ai cependant pas l'esprit cartésien d'une scientifique, mon truc à moi c'est la création, couplé à mon amour pour la mode, ça aboutit sur des carnets entiers de croquis de mode. C'est à mon seizième anniversaire que mes frères m'offrent ma première machine à coudre. Oh elle n'était pas flambante neuve, c'était une machine de seconde main, et ils auraient voulu faire mieux, mais c'était à mes yeux le plus beau cadeau qu'ils puissent me faire. Je l'ai encore aujourd'hui et j'y tiens comme à la prunelle de mes yeux. J'ai appris à passer du dessin à la réalité par mes propres moyens, passionnée, je n'ai jamais abandonné malgré les échecs et les erreurs. C'est ainsi que l'on apprend non ? On abandonne jamais et on apprend de ses erreurs. Avec de la patience et de l'acharnement j'ai crée mes premiers vêtements. C'est ainsi que le début d'un rêve est nait, celui de devenir styliste. Un rêve inaccessible ? Peut être, mais n'est-ce pas le propre du rêve ? D'être ambitieux ?

J'ai obtenu une bourse grâce à mes résultats et le fait que j'étais la capitaine des cheerleaders a certainement joué en ma faveur également. Je profites que mon second frère partent pour devenir pompier à Seattle pour devenir pompier pour m'installer sur le campus. Il avait besoin de prendre le large, et je ne peux pas lui en vouloir. Bien sur qu'ils me manquent et me retrouver seule pour ainsi dire du jour au lendemain n'a pas était chose facile pour moi. Heureusement j'ai noué des amitiés qui m'ont beaucoup apporté. Une plus importante que les autres, Amalia Cavanna est très vite devenue pour moi une amie précieuse. Complice et confidente, elle est une des rares personnes à connaitre toute mon histoire, me confier à elle c'est facile et naturel. Loin de mes frères et la mère qui à causes de tous ses problèmes est placée dans un institut spécialisé Amy est devenue ce qui se rapproche le plus pour moi d'une famille. Je le sais depuis toujours, ce n'est pas le sang qui coule dans nos veines qui fait une famille, c'est l'amour et la bienveillance qui nous unit les uns les autres.

C'est ainsi naturellement qu'à la fin de nos études elle et moi nous décidions d'habiter ensemble. La colocation ça a  du bon, et nos passés respectifs ne sont pas franchement compatibles avec la solitude.  Elle craint l'obscurité et la violence et moi je revis encore que trop souvent cette nuit ou l'incendie a ravagé ma maison à travers des cauchemars et des terreurs nocturnes que trop régulières... On se comprends et on s'apaise, et je crois que mes frères sont soulagés que je ne sois pas livrée à moi-même. Quelques part j'envie la relation qu'à Amy avec son frère, et il m'arrive parfois de la jalouser. Aujourd'hui, même si je rêve toujours de devenir styliste, j'ai mis mon rêve entre parenthèse pour gagner ma croute. J'ai beaucoup de chance d'avoir trouver ce travail au Copley Symphony Hall, je ne suis qu'une petite couturière qui applique les directives à la lettre, mais qui sait peut être qu'un jour ça changera. En attendant, j'ai une paie décente, rien de comparable avec Amy qui elle gagne confortablement sa vie, mais ça me permet de vivre et c'est déjà en soi une bonne chose. Bon, sans son salaire nous ne pourrions pas nous offrir un duplex dans les beaux quartiers, et même si j'ai eu du mal à l'accepter au début, aujourd'hui c'est chose faite. Ma vie aujourd'hui se partage entre mon travail et cette vie nocturne de fiesta quasi permanente. Faire la fête, nous amuser, nous jouer des hommes, c'est devenu mon quotidien. Profiter de tout ce que la vie peut nous offrir, sans se soucier des conséquences.