Laissez moi vous conter une histoire, mon histoire

Arrivée en ville depuis peu, je ne me repérais pas encore tout à fait dans les rues et les quartiers, et ne parlons pas des transports en commun. Mais pour une fois, j’avais réussi à trouver facilement mon chemin jusqu’au bureau d’une certaine Lee Sloan. Au détour d’une conversation, quelqu’un m’avait parlé d’elle et de sa fondation pour les droits des femmes, me disant que cela pourrait être bien que je la rencontre. J’avais donc pris rendez-vous avec elle et je me retrouvais dans ce qui semblait être une sorte de salle de réunion, ne sachant pas trop à quoi m’attendre de ce rendez-vous, un café que je ne boirais pas entre les mains. Je me levais quand je vis une magnifique blonde pointer le bout de son nez, lui tendant la main pour la saluer.

« Bonjour madame Sloan, merci de me recevoir. Je m’appelle Eva Riley. »

--Outfit-- Je n'ai pas le temps... c'est de la folie depuis des semaines, le procès Willnet m'a totalement essorée tout en me donnant la visibilité que j'escomptais. Mettre à genoux non pas l'état de Californie mais le gouvernement général des Etats-Unis d'amérique ce n'est clairement pas donné à tout avocat au cours de sa carrière. J'ai subi l'impensable pour en arriver là, intimidation, harcèlement, enlèvement, torture... mais je n'ai rien lâché ! La présence rassurante de Matthew m'a permis d'aller au bout et le délibéré a été un point d'orgue incroyable.

Après ça, j'aurais eu besoin de vacances mais ce n'est clairement pas le moment, alors j'enchaine. J'arrive au bureau comme une tornade, comme à mon habitude en fait, main dans celle de mon Jazzboy que j'abandonne après un baiser langoureux avant de rejoindre une salle de brief. J'ai un rendez-vous, sur recommandation d'une amie. Il est rare que l'on me croise en première intention mais mes amis sont tout aussi rares et ils bénéficient de fait de quelques passe droit. J'ouvre la porte et m'avance, sourire aux lèvres, chignon impeccable, lèvres d'un rouge profond. En général mes tenues sont de ce même rouge, c'est même devenu ma marque quand je plaide. Robe rouge sexy as fuck, pour bien montrer comment j'entube le patriarcat et les messages haineux en lien avec ma précédente carrière. Mannequin lingerie avant de devenir ténor du barreau, forcément ça fait couiner les cons. Surtout quand ils sont vieux et bien réac ! Et forcément ça m'éclate. La jeune femme se lève quand j'entre et j'incline la tête pour la saluer à mon tour. -"Enchantée mademoiselle Riley, que puis je faire pour vous?" Droit au but, alors que je lui désigne les fauteuils de la main tout en m'installant à mon tour. Je laisse tomber mon manteau sur le dossier, remonte mes lunettes de soleil dans mes cheveux et la fixe avec attention.

C’est une tornade qui entre dans la pièce et tout en elle respire la confiance en soi, en plus qu’elle soit magnifiquement belle bien sûr. Je ne suis pas de ce côté de la barrière, mais je ne peut que remarquer son magnétisme et ce petit quelque chose qui émane d’elle. Me rasseyant sur la chaise que j’occupais précédemment, je recommence à jouer avec mon gobelet de café tiède, ayant besoin de m’occuper les mains avant d’aborder le sujet épineux.
« Merci de me recevoir tout d’abord. On m’a conseillé de venir vous voir car vous êtes la fondatrice d’une fondation pour les droits des femmes, et qu’on pense que vous pouvez m’aider. Je ne vous ferais pas l’affront de dire que je viens pour une amie car cela serait faux. »
Soupirant un grand coup, je rassemblais mes forces pour ouvrir ce dossier épineux.
« Il y a de cela moins d’un an, en octobre 2022, je défilais comme mannequin à Londres, pour la dernière fois de ma carrière, de mon plein gré. Mon agent, enfin ex-agent, apprenant cela m’a……il m’a cogné. J’ai été roué de coup jusqu’à l’inconscience. Mais cela n’a fait que confirmer ce que je savais déjà, c’était un connard. Je lui ai donc collé un procès au cul, procès qui est actuellement toujours en cours. Je ne vous demande pas d’être mon avocate, j’en ai déjà un qui me défend bec et ongles et compte le plumer. Mais on m’a dit que vous pourriez peut être m’aider…. »
Regardant mon verre, je jouais machinalement avec la touillette se trouvant dans mon café froid, cherchant comment abordez le reste.
« Je devrais aussi commencer par le début, mais avant de remuer tout cela, j’aimerais savoir si vous pouvez faire quelque chose pour ma situation. Si ce n’est pas le cas, je m’excuse du temps que je vous aurais fait perdre alors qu’il doit vous être précieux. »