J'ai fais quoi encore? (Ness)

J’ai passé la moitié de la journée en cours, je suis allé au boulot dans l’après-midi et je suis revenu à l’université un peu après 18 h. Nous sommes déjà vendredi et j’ai accumulé tellement de retard dans mes projets scolaire que je vais devoir passer le week-end, le nez dans les livres, encore une fois. Je vais faire un peu de place à Mike s’il a un peu de temps pour moi, bien sûr, parce que c’est important de donner du temps à l’homme qui euuuh, qui nous fait la cour. Il est différent de l’image que je m’en suis faite quand son ami m’a. Comment dire, jeter ? Tout cela pour dire que mes journées sont parfois longues.

Je suis fatiguée. Travailler autant d’heures en plus de mes cours commence réellement à me faire regretter d’avoir accepté ce boulot. Je pourrais bien sûr mettre un terme à mes études, mais cela ne m’aiderait en rien. Je vais faire quoi si le FBI me licencie ? Je ne les crois pas capables de me jeter dans un proche avenir, mes talents semblent leur plaire plus que ce qui est acceptable, mais on ne sait jamais. On ne sait jamais. Il me reste 3 trimestres. Plus si je poursuis vers le doctorat, mais je n’en suis pas encore là. Pour le moment je survis avec les cours actuels. La preuve ? Il est 20 h 30 et je sus encore assise dans l’une des grandes salles à manger communes, portable ouvert et thé froid dans mon Thermos. Mon ventre grogne et m’ordonne de lui donner quelque chose à manger. Pas le temps. En fait si, j’ai surement le temps puisque ma coloc va probablement me demander de quitter l’appartement quand son petit ami du jour va pointer son nez pour une bonne baise. Vous savez quoi ? Il est temps pour moi de faire une pause sandwich.

Je ferme le clapet de mon portable dans un soupir, sors un sandwich de mon sac et m’installe confortablement avant de prendre ma première bouchée. Une deuxième et une troisième puis, d’un geste nonchalant, je le dépose sur la table à côté de mon portable. Du coin de l’œil j’observe les environs, surprise d’y voir tout ce beau monde. Un groupe d’étudiants étrangers dans le coin gauche et trois joueurs de football qui se marre à quelques tables de là. Il y a quelques solitaires, comme moi et six femmes dans l’un des coins, toutes concentrées sur leur téléphone. Je pourrais leur demander pourquoi diable elles ne vont pas chacune chez elle au lieu faire semblant de faire pari du groupe, mais cela ne me regarde pas. Je me suis seulement imaginée moi, le nez dans mon téléphone, entourée de mes sœurs et je ne peux pas retenir un frisson de peur de parcourir ma peau. Je finirais probablement six pieds sous terre. Non seulement poser ce genre de geste provoquerait ma mort, mais je sais déjà que celle-ci serait lente et douloureuse. Je reprends une bouchée, ouvre mon portable de nouveau puis reprends mes études.

Ahhh zut !

Au lieu d’aspirer une autre gorgée de thé, c’est un bruit de succion vide qui résonne. Seule une petite demi-heure s’est écoulée et je crois qu’il est temps de quitter les lieux, temps d’aller voir si je vais pouvoir aller au lit tôt, ou pas. Ou pas… Je dis cela parce que, si cette femme vient vers moi comme je le pense en ce moment même, je ne pourrais pas retourner chez moi maintenant. Elle marche vers moi d’un pas que je crois assurer. Si je pouvais avoir la moitié de son assurance, ce serait bien non ? Plus elle avance et plus elle semble venir vers moi. Je ne sais pas ce qu’elle peut me vouloir puisqu’on nos chemins ne se croisent que rarement, voire jamais. Plus elle s’approche et plus ma curiosité se mélange avec mon impatience. Elle me veut quoi à cette heure-là ? Non, la vraie question est : elle me veut quoi, tout court. Je suis censé ferme mon portable ? Je devrais peut-être aller jeter mon restant de sandwich, non ? Quand elle s’arrête devant j’ose ouvrir la bouche.

Euuuh… oui ?

Pas de bonsoir, pas de mon nom est Zakia, pas de je peux t’aider non plus.

Alors ce soir, c'est la soirée. Celle que je peaufine depuis des semaines pour la Zêta. Le genre d'événement qui devrait faire grimper notre popularité en flèche, attirer tout le monde, du nerd aux sportifs, en passant par les petites timides et les grands fêtards. Seul souci… il manque cruellement de chair fraîche, si j’en crois les réponses molles que j’ai reçues et si je veux que ma fiesta prenne il faut qu'elle démarre fort. Les gens, apparemment, ont besoin d'une motivation supplémentaire ? Je vais la leur donner !

Et comme je suis une fille pleine de ressources, j'ai évidemment notion de ce qui attire vraiment : l’alcool, une piste de danse et… des jolies filles. Qu'à cela ne tienne, je prends les choses en main, direction le campus. L'alcool on l'a ! La piste de danse et ce con de DJ aussi. Du coup j’ai sorti l’artillerie lourde niveau look : tenue ultra sexy, maquillage au millimètre, et assurance comme seconde peau. Mission ? Trouver les perles rares prêtes à illuminer la soirée.

C’est donc tout naturellement que je déambule de batiment en batiment et que je pousse finalement la porte de la salle commune, un sourire aguicheur aux lèvres, les talons claquant comme un tambour de guerre. Mon regard fait le tour de la pièce, et là, au fond, un diamant brut. Une jeune femme qui a l’air à la fois sûre d’elle et légèrement perdue, une combinaison rare et savoureuse. Elle est canon, ça ne gâche rien évidemment !

Elle me remarque, ses yeux s’agrandissent un instant, et elle lâche un commentaire un peu hésitant, quand je me plante devant elle, qui sonne pour moi comme genre “C’est pour moi, ce défilé?” Je réprime un rire et m’installe en toute confiance, lançant mon sourire le plus charmeur, celui qui dit “attention, je m'apprête à te manger.” Je m’assieds en face d’elle, le regard plongeant dans le sien.

-" Dis-moi que tu es prête à passer une soirée dantesque et j’exauce ton souhait. " Elle me regarde, probablement surprise mais je l'espère amusée, puisque je veux capter son attention. Je ne suis pas habituée à me mettre en dette de quoi que ce soit, mais qu'importe ! Je n'ai pas non plus l'habitude qu'on me résiste quand je suis bien décidée à obtenir quelque chose et soyons clair... elle est divine cette fille, donc je suis surmotivée. Je tends la main, au dessus de la table, pour serrer la sienne si elle me l'offre. -"Ness Calloway, fournisseuse officielle de fun et de danse jusqu'au bout de la nuit." Je souris et lui adresse un petit clin d'oeil. C'est sans doute l'approche la plus étrange de la terre, mais je ne suis pas vraiment réputée pour être un modèle de tempérance, c'est même tout le contraire, j'dirais. Mon nom est plutôt synonyme de joyeux bordel, plus ou moins organisé. Je ne suis pas devenue miss soirée pour rien, faut avouer. Puis à quoi bon jouer à être ce que je ne suis pas ? Si je veux qu'elle me suive, je ne vais pas y parvenir sans un minimum de sincérité... Puis de toute manière c'est pas mon style de feindre ou de jouer, j'ai un côté un peu... direct on dira ? Oui, quelque chose dans ce goût là.