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| Plus dure sera la chute // Roric 2 | |
| WebName : Mockingjay Date d'inscription : 25/01/2023 Messages : 582 Avatar & crédits : Jensen Ackles / Trumblr Date de naissance : 15/10/1987 Age : 37 Statut civil : Célibataire Occupation : En rémission Habitation : Domaine Arroyo Rivalités : Arroyo (course)
| Sujet: Plus dure sera la chute // Roric 2 Lun 13 Mai - 12:18 | |
| Novembre 2020« Alors ? T’en penses quoi ? »J’observais davantage le visage de Franky installé sur le canapé voisin et perpendiculaire au mien, que l’objet que lui-même contemplait, ne perdant rien de son air dubitatif et des arcs concaves que dessinaient ses sourcils. Il demeurait sans voix, figé, me demandant presque s’il n’était décédé sur place, foudroyé. Je sentais les tressautements de ma jambe droite s’agitant de nervosité, faire trembler mes deux bras dont l’un s’y maintenait perché, les deux mains jointes en un simulacre de prière envers un Dieu auquel je n’avais jamais vraiment cru hormis pour la bienséance et les repas de famille. Ce n’était pas vraiment l’appréhension de son jugement qui me rendait si stressé, guettant pourtant avec une attention décuplée ce qu’il avait à en dire, mais bien l’objet déployé, trônant sur la table basse, trésor d’une inestimable valeur, autant pécuniaire que sentimentale. J’attendais, dans ce silence pesant, perturbé seulement par le son de ma voix, plus faible qu’ordinaire, et les craquements émis par mes phalanges protestataires des tensions que je leur infligeais. « Mec, dis un truc, j’sais pas. N’importe quoi. » « Honnêtement…là, je sais pas. » Il m’avait lancé ça sans décrocher de ses iris ce que j’avais exposé à sa vue, élançant un soupir lourd et bruyant tandis que le reste de son corps s’affalait, avachi, sur l’assise du meuble en cuir, les jambes en écarts et les bras se croisant sur son torse. Nous nous étions installés dans le salon de réception de la demeure familial, que je savais très peu visité hormis des femmes de ménage qui en dégarnissaient régulièrement la poussière à force d’inutilité. Et je priais d’un même temps, en jetant quelques regards inquiets vers la porte double qui y menait – maintenue close – espérant que quiconque n’ait la saugrenue idée de s’y faufiler, histoire de faire mentir mes pronostics. Mais rien ne vint, pas plus qu’une quelconque réaction de celui à qui j’avais choisi en premier d’en confier le secret. « Pas assez ? Ou trop peut-être ? » « Trop ouais. Mais pas le prix. Enfin… sérieux, mon pote, t’es sûr de toi là ? »Il décroisa les bras, les allongeant de part et d’autre sur le dossier du canapé en prenant une attitude plus détendue, et dévia ses rétines vers moi, conservant son air figé dans ce qui évoquait presque une aversion et dont je savais quasiment en définir l’origine. Quelque part, je le comprenais, parce que ça chamboulait toutes mes habitudes, tout ce que j’avais constamment pris soin d’établir, de planifier et d’exposer, voire même à l’encontre de ce que j’avais toujours cru de moi et pourtant assuré dans cette décision, m’étant même déjà préparé à affronter l’ire parentale. « Si on veut obtenir quelque chose que l'on n'a jamais eu, il faut tenter quelque chose que l'on n'a jamais fait. Pas vrai ? » Conclus-je pour toute réponse, jamais aussi sûr de moi qu’en cet instant. « Ouais, OK. Mais bordel… là, tu bascules dans les extrêmes quand même. Et puis, franchement. Mon pote… sérieusement. Vous êtes pas du même monde. C’pas pour rien que ça a jamais marché jusqu’à maintenant. Tu t’es jamais dis que tu devrais abandonner pour de bon ? » « OK, c’est bon, laisse tomber. »Je me redressais, un grondement guttural échappant d’une gorge insatisfaite à cette perspective de ne pouvoir obtenir le soutien du seul dont j’aurais pensé apte à le faire, lançant ma main sur l’écrin de velours qui condamnait, d’un clapet presque résonnant, les trois pierres en diamant montées sur un anneau en platine signé Tiffany & Co.« Attends. Le prends pas comme ça. » l’entendais-je soupirer tandis que je fourrais l’ensemble dans la poche latérale de mon jean, déviant déjà du carré de fauteuils et divans pour me soustraire de tout ça comme un ado fâché de n’avoir récolté contentement à ses volontés. « Je me disais juste, que, ça risquait de pas passer, tu sais… de voir les noms Arroyo et Diaz associés. Tu crois vraiment que ton paternel va approuver ? »Je me retournais pour lui faire face, quand bien même notre distance demeurait de trois bons pas, d’un air désabusé, ouvrant mes bras comme si j’invitais le diable en personne à venir s’y opposer et oser essayer me faire changer d’avis. « Mais je l’emmerde ! » Lançais-je, d’une véhémence assez directe, sans doute bien plus fort que je l’avais planifié, mais incapable d’en tempérer l’emportement, grinçant des dents en faisant demi-tour, puis refaisant volte-face dans cette appréhension qui jonglait sur mes indécisions. « OK, peut-être pas. Mais là-dessus, je changerais pas d’avis. Pourquoi ça serait toujours aux autres de décider pour moi ? Hein ? C’est fini les conneries, j’ai envie d’être réglo, et pas qu’avec elle. Avec moi aussi, tu captes ? J’en ai marre de toute cette merde, et marre de faire semblant aussi… »« Oh…OK, OK, mon pote, c’est bon, j’ai compris. Calme-toi. » me coupa-t-il, se levant à son tour en tempérant de ses mains de quelques gestes lents. « Et t’as pas peur qu’elle dise non ? »« Ça… » soufflais-je en redescendant dans mes élans vocaux, rabattant l’arceau formé par mes bras pour coincer les pouces avec une nonchalance feinte sur les passants de ma ceinture, le reste des phalanges tombant dans le vide de chaque côté. « Y’a bien des chances. »Je tapotais des doigts de ma dextre le relief de la petite boite logée dans le revers de tissu de mon pantalon, jouant d’une rythmique nerveuse tout en étudiant les mimiques de mon vis-à-vis. Il avait joint les siens en un globe que ses paumes maintenaient écarté, le regard plongeait dans un vide qui laissait à supposer une véritable et intense méditation. J’avais été prêt à en déblatérer davantage pour justifier de ce qui pouvait s’apparenter d’une impulsion irréfléchie, mais qui avait pourtant pris largement le temps de maturer dans mon esprit. Mais finalement, je le remerciais intérieurement de ne pas m’avoir obligé à m’exposer d’élans mièvres face à l'unique spectateur qu’il constituait. Je gardais le reste pour le jour J, et celle qui méritait vraiment d’entendre ces mots prononcés, même si je la savais réfractaire aux impulsions de romantisme, seul véritable doute et néanmoins conséquent, dans mon plan établi. J’attendais, trouvant le temps d’une relativité infinie, suivant sa démarche de tourneur en rond, tandis que j’allais, de mon côté, m’appuyer sur le dossier du meuble d’importation italienne. « Et tu vas faire ça comment ? » finit-il par lâcher, me laissant un instant perplexe sur ce qui avait bien pu mériter autant de réflexion. « J’comptais l’emmener à Windansea Beach … » « Mon pote, c’est tellement cliché ! » « Oh, ta gueule. C’est surtout symbolique. » répondis-je, agacé sans vraiment l’être dans le fond, me débattant moi-même avec mes propres appréhensions, sans savoir ce qui pourrait être le plus efficace. « Ok. J’ai une idée. » Finit-il par lancer, se rapprochant en abaissant un tantinet son timbre de voix, aux nuances conspiratrices, avant de balancer son bras autour de mes épaules, pour poser le tableau, me forçant à me redresser et lui prêter l’oreille. « Tu me dis quel jour, j’m’arrange avec la Frat’, j’t’organise un truc ici juste avant. Entre potes, pour t’aider à te préparer, on pourra te donner deux, trois petits conseils, quelques bières, histoire de célébrer ça, et puis te de-stresser. Hey, ça sera une première quand même. Ca mérite un petit quelque chose. Pas vrai ? »« Ambiance détente alors. » Grimaçais-je en le délogeant de son perchoir. « J’te connais, toi et tes fêtes, ça a toujours tendance à partir en couilles. »« Fais-moi confiance ! Ambiance détente jusqu’à ton départ. Foi de Franky. »
Sweet Romy Aujourd'hui à 10:44 Hey Sweety. Y’a rien à bouffer dans le frigo, ça te dit un petit asiat’ ? Y’en a un nouveau du côté de la Jolla. Sushi à emporter. J’passe te prendre à la sortie de ton boulot. XxX. Aujourd'hui à 19:08 Changement de plan. Rejoins-moi au domaine. Y’a une fête, ça sera l’occase de te présenter à mes potes. A+ |
| WebName : Lex Date d'inscription : 05/10/2022 Messages : 343 Avatar & crédits : Eiza Gonzalez Date de naissance : 14/08/1985 Age : 39
| Sujet: Re: Plus dure sera la chute // Roric 2 Mer 15 Mai - 20:25 | |
| Novembre 2020Un sourire et je repose mon téléphone sur mon bureau avant de me tourner pour aviser l'emplacement incongru dans lequel j'ai encore abandonné mon sac. Je crois que je viens clairement de me décider à ne pas pousser sur les heures supplémentaires aujourd'hui. Je le retrouve, glisse mon sacro-saint bordel dedans et cherche ma veste. Je viens d'y poser les doigts quand on frappe avant d'entrer. Froncement de nez et je me tourne vers le nouveau venu avec une grimace. Diaz, tu tombes bien. -"Non ! Non, je ne tombe pas bien du tout, parce que je ne suis plus là." La manière dont je secoue délicatement la tête en signe de dénégation devrait à priori achever de le convaincre, que je ne suis pas du tout disposée à l'écouter, mais ce serait trop demander. Arrête de déconner, on a un corps sur Girard avenue, plaies par balles. Je relève les yeux, pour croiser ceux de Brian Grant, flicaillon sans envergure, devenu lieutenant par je ne sais quel phénomène inexplicable et je soupire tout en enfilant ostensiblement ma veste. -"Ton appel, ton macchabée." J'en referme les pans, passe la bandoulière sur mon épaule et m'avance même s'il bloque le passage. -"Désolée Grant, mais ce soir je ne peux pas... vraiment pas." Mes dents viennent d'agripper l'intérieur de ma lèvre inférieure, comme pour empêcher mon sourire de fleurir. Je ne sais pas trop l'expliquer, mais je me sens vraiment portée par l'idée de cette soirée. Peut être parce qu'on a réussi à passé un temps fou sans s'engueuler ? Peut être parce que... ça se construit entre nous et que... je dois avouer adorer ça ? Sans doute, mais je n'ai pas envie de réfléchir, je préfère essayer de me laisser porter et profiter de l'instant. Me présenter ses amis. C'est simple et ça n'implique sans doute rien de plus que ça. Mais c'est tellement inopiné de la part d'Eric que... je crois que ça me plait beaucoup. J'écarquille donc les yeux en faisant une grimace faussement contrite et me tire rapidement, avant qu'il n'ait la bonne idée de faire appel au capitaine qui pourrait bien m'ordonner de rester. Je suis pas du style à fuir le taff, loin de là je dirais, parce que j'aime mon boulot, que je suis concernée et appliquée, mais je ne compte pas non plus lui sacrifier toute ma vie. Ce soir, j'ai seulement besoin et envie de me souvenir que je suis jeune et que la vie est belle. Le cliquetis de mes talons résonne jusqu'à l'ascenseur et je pousse un ouf de soulagement quand la cage d'acier se referme. Je me surprend à fredonner un morceau entendu à la radio dans l'après-midi et je souris même à mon reflet dans le miroir avant de rejoindre ma jeep. Je n'ai pas envie de perdre de temps, mais je ne vais pas non plus débarquer chez lui en jean, encore moins après une journée de taff, donc je fais en sorte d'arriver chez moi le plus rapidement possible. Direction la douche, en abandonnant mes fringues sur le trajet. Toujours aussi bordélique en somme. Une caresse sur le crane de ce chaton malingre que j'ai sorti de la rue et qui est désormais le plus beau chat de la terre et j'allume la musique. Fort, très fort, trop sans doute, pour les voisins en tout cas. Mais je m'en fous, j'ai envie de chanter sous la douche et je crois que dans l'instant, j'emmerde le monde entier. Je me savonne longuement, utilise le pommeau comme un micro, pendant que le soin vient magnifier mes cheveux et me rince finalement une fois rafraichie. J'adorerais en cette seconde pouvoir me sécher instantanément les cheveux, mais je suis obligée de passer par la case brushing, tout ça nue devant le miroir, en dansant au rythme de la musique tout en vérifiant l'heure sur mon téléphone, en même temps que l'éventuelle réception de nouveaux messages. Je ne suis pas aussi fébrile, habituellement, même si j'ai un tempérament plus volcanique que flegmatique, je ne me leurre pas. Mais je ne sais pas, il y'a comme un parfum de nouveauté dans l'air, qui me rend à la fois stressée et bizarrement enthousiaste. Je prends une longue inspiration et achève de me préparer en me maquillant soigneusement. Bouche rouge, sensuelle, regard légèrement réhaussé et petit clin d'oeil à mon miroir avant d'aller enfiler la robe que j'ai choisie. Facile, je l'ai achetée tout récemment, en pensant qu'il adorerait sans doute me l'enlever. Le jeu de dentelles la rend sexy, sans être outrageusement provocante, puis il a dit amis... pas famille donc ça va je peux me permettre. Très consciente de l'influence du patriarche Arroyo, il n'est pas dit que je me serais censurée pour autant ceci dit. Je crois que je l'emmerde, son paternel. Petit rire à cette pensée et j'achève de me préparer en enfilant des baskets, tout en prenant soin d'embarquer une paire de hauts talons qui termine sa course sur le siège passager avec mon sac, une veste et les clefs de mon appart. Je démarre la jeep avec la radio qui me fait vite dodeliner de la tête au rythme de la musique. 20h03... bon je ne suis sans doute pas la plus rapide, mais c'était difficile de faire mieux en terme de timing. Heureusement ça roule bien et je ne devrais pas mettre trop de temps. Les morceaux s'enchainent, je chantonne, essayant de contenir mon envie d'écraser ce putain d'accélérateur. Je sais pertinnement que ça me ferait grapiller que quelques secondes et ça n'en vaut pas la peine. J'arrive enfin en vue de la propriété et fronce les sourcils en découvrant le portail clot. Pas l'accueil idéal, mais bon. Quelques dizaines de mètres et je trouve un endroit ou laisser la jeep, m'en extrait et parachève ma tenue en gagnant 10 bons centimètres. Une longue inspiration, mon souffle qui se bloque, cette sensation de plénitude et je peux relâcher l'air, tout en me dirigeant vers le domaine. L'index appuyé sur le bouton de l'interphone, je crois que je continue à bouger au rythme de la musique que j'ai dans la tête. -"Hey, coucou, c'est moi, Romy." Je ne sais pas si c'est le grésillement de l'appareil, ou si il y'a du bruit derrière, mais je n'ai pas vraiment la certitude qu'on m'ait entendue, ni la moindre idée de l'identité de la personne à qui je viens de m'adresser. Je soupire et hausse une épaule, avisant le portail en me marrant toute seule. Escalader dans cette tenue n'est clairement pas une option... Et puis on est plus des ados, enfin des posts ados. Bref, on est sensés avoir passé l'âge de ces conneries, non ? Alors je vais pour une fois et très raisonnablement, prendre mon mal en patience et attendre sagement.
Cariño Aujourd'hui à 10:49 Coucou toi. Pire invitation à diner du monde, mais comme c'est toi, je vais faire un effort. Aujourd'hui à 19:17 Sérieusement ? Qu'avez vous fait d'Eric Arroyo ? A combien s'élève la rançon ? Son père est vraiment plein aux as, ça peut être foutrement rentable, j'en suis ! Aujourd'hui à 19:18 Je passe me changer et je veux quand même des sushis ! |
Forget your lust for the rich man's gold All that you need is in your soul
| WebName : Mockingjay Date d'inscription : 25/01/2023 Messages : 582 Avatar & crédits : Jensen Ackles / Trumblr Date de naissance : 15/10/1987 Age : 37 Statut civil : Célibataire Occupation : En rémission Habitation : Domaine Arroyo Rivalités : Arroyo (course)
| Sujet: Re: Plus dure sera la chute // Roric 2 Jeu 11 Juil - 13:18 | |
| Novembre 2020Dix heures quarante-quatre. J’envoyais un message, qui m’avait pris plus de deux heures à réfléchir pour trois lignes et demie à écrire, cherchant l’approche la plus détournée possible pour l’emmener là où je le souhaitais. Windansea Beach, en dépit des commentaires d’un Franky dont j’avais de plus en plus de mal à apprécier la présence - son comportement changeant en cause - cette plage avait été mon choix premier, qu’importait le nombre incalculable de demandes et autre niaiserie romantique que le coin attirait tous les ans, car j’estimais que ce lieu avait une symbolique particulière pour nous. Chaque rocher qui avait accueilli nos élans nocturnes discrets en témoin depuis ce premier soir d’été lors d’une fête étudiante où je l’avais rencontré, et pas forcément bien affectionné aux premières heures. Bref, une boucle bouclée, un cercle fermé, une page tournée pour un nouveau chapitre, le nôtre, je l’espérais. La réponse ne se fit pas vraiment attendre, quand bien même j’avais maudit chaque minute prise à poireauter, me questionnant où elle était, avec qui, et ce qu’elle faisait, inapte à tempérer mes angoisses. Dix-heures quarante-neuf. Comment prendre un message qui commence par le mot 'pire' sans s’égarer dans quelques superstitions scabreuses ? J’ai bloqué, de longues minutes, incapable de savoir si je devais tout annuler sur le champ faute d’un piètre choix de mot qui n’avait aucun fichu rapport, ou me foutre pleinement de ce qui pourrait s’apparenter à un mauvais signe et qui n’avait de sens que pour la quinquagénaire du coin. Ma montre sonna et ne cessait de sonner depuis quelques heures, faute à une application connectée prenant régulièrement la fréquence rythmique des battements de mon cœur et remontait bruyamment l’information d’un cardio bien trop bas, ou trop élevé par rapport à la moyenne. Et pour la énième fois, je la fis taire d’une pression nerveuse de l’index sans même prendre le temps d’en désactiver la fonction. Le stress, depuis le début de cette journée, montait et m’assaillait par vague incontrôlable à mesure que la course inéluctable du soleil s'était résolu à se taper un sprint, me laissant regarder avec craintes les secondes, minutes et plus filant, chaque grain de sable tombé dans le compartiment inférieur de cette inexorable ligne temporelle ne faisant que surcharger mes membres d’une agitation indomptable. Assis, ma jambe droite tressautait d’élans marqués, le frottement du tissu audible dans l’espace maintenu silencieux. Debout, et c’étaient mes doigts et mes lèvres qui pâtissaient de traitement sauvage, me forçant à adopter quelques stratégies pour ne pas y penser. Prendre trois fois une douche. Décider de changer de tenue. Médire du petit personnel. Crawler quelques longueurs dans la piscine. Voire même partir dépenser quelques litres d’essence d’un appui nerveux sur la pédale, surchauffant l’asphalte de notre circuit privé. J’avais affronté les journalistes les plus incisifs et les compétitions du plus haut niveau, mais rien ne m’avait jamais donné autant de trac et de doute que la perspective du résultat de cette décision prise depuis de nombreux jours. Ça n’avait pourtant rien d’un coup de tête, rien d’un acte irréfléchi ou immature qui pouvait parfois se transcrire dans quelques-uns de mes choix, voire la vaste majorité. Et c’était sans doute ce qui lui donnait toute sa hauteur, vertige d’une chute depuis la stratosphère en confiant le parachute à un autre que soit. Monsieur et Madame Arroyo avaient quitté la demeure pour un voyage en Europe depuis plusieurs jours, la saison de stockcar se terminait tout juste, et nous venions de passer de long mois sans grandes ombres au tableau, en dépit d’une relation qui avait continué à s’entrecouper de visite aléatoire et maintenu caché du feu des projecteurs, de la famille et des proches, hormis quelques très rares amis. Une étape logique dans la maturité que j’avais essayé de gagner, une marche supplémentaire sur l’escalier de mes prises de conscience, dont je décidais d’arpenter même à l’aveugle s'il fallait, incapable de savoir si je ne me tenais pas déjà sur la dernière d’entre elle, et que cette avancée me descendrait plus bas que les limbes. Putain, je détestais quand mon esprit se mettait à carburer à pleine vitesse, tissant d’innombrable élucubration portée par la symphonie de mes doutes, alors que tout n’avait été, jusqu’ici, que d’une fluidité limpide. Elle m'était aussi indispensable que l'air, ou la verdure à la terre. Je perdais de mon assurance, et je voguais entre deux sentiments partagés, peu certain d’apprécier cela, et en même temps parfaitement lucide que c’était ce qui avait rendu notre relation plus sincère et prégnante. Dix-sept heures quarante-sept. Franky et les vieux de la frat’ ne devraient plus tarder. Je me sentais physiquement prêt sans doute parce que j’avais cédé à la tentation d’une cigarette d'opis une demi-heure avant pour me calmer. Le tintamarre de leur arrivée ne m’aida pourtant pas à réguler tous ces sursauts de nervosité, cortèges de têtes connues et inconnues, et de femmes aux indéniables arguments, pour l’ambiance, disait-il. Ce n’était pas la première fois qu’une fête se déroulait sans moi, et je savais qu’ils honoreraient les consignes. Jamais à l’étage, et si connerie il y avait, je venais personnellement leur coller trois baffes et poser le nez dans leur merde comme des chatons qu’on saisissait par la peau du cou. Depuis les années, le message avait eu le temps de passer. Moins d’imbécilité, moins de représailles. Et un bannissement à vie pour ces petits merdeux représentait bien trop à perdre pour eux, si bien qu’ils désignaient souvent quelques garde-fous pour éviter que tout dérape. On m’a offert une bière, deux bières. Je n’avais pas prévu de m’étendre, l’heure du départ arrivait, mais plus je parlais, et plus la manifestation audible de mon anxiété prenait une allure à la fois étrange et tangible. On émettait des doutes, je peinais à les réfuter. Je m’embrouillais dans des arguments dont je n’arrivais même pas à en retenir la teneur. Un verre de plus, plus fort celui-ci. Je refuserais les prochains. Même si je savais que je devais rester en état, j’avais l’impression de ne pas passer le cap. Ça va m’aider qu’on me disait. Vas-y, boit. Qui ? Je sais plus. Je crois que j’ai refusé la blanche qu’on me proposait. Je sais plus. Je chutais. Un sursaut de conscience. Le temps avait filé. Je sais plus trop où, je crois que j’ai vomi. Les secondes passèrent. Accélérèrent. J’ai ri. Et parlé encore. Tout ça n’avait aucun sens. Le monde tournait. Dansait. Sombrait. Comme moi. Black out.
Devant le portail, tout était silencieux. Ou presque. Au-delà de la demeure, dans la cour arrière bien plus au loin, une clameur s’élevait, le rythme vibrant des basses d’une musique ambiancée, donnait l’impression qu’une fête avait été organisée, mais l’imposante bâtisse qui se dressait plus à distance après le long chemin qui y menait, faisait office d’obstacle tant visuel que sonore. Il y avait des âmes vivantes qui arpentaient ce lieu, indéniablement, pourtant, l’interphone resta un moment silencieux, ne renvoyant qu’un grésillement inconfortable qui aurait pu trahir à quelques activités de l’autre côté de l’appareil, qu’importait où il se trouvait. Le flou perdura un instant qui aurait pu être jugé comme bien trop long, avant que finalement, une voix ne s’y échappe. Elle était distante et trop brève pour être identifiable, sans parler de la qualité du haut-parleur qui pouvait aisément transformer quelques tonalités, si bien qu’il sembla impossible de reconnaitre l’homme derrière. « J’arrive. »Ce fût la seule chose qui s’en échappa avant que le système ne se coupe complètement, identifiable par ces parasites qui n’harcelèrent plus les tympans de leur chuintement désagréable. Le portail, lui, resta clos. Bien qu’il s’agissait là de sa première visite, Romy n’eut aucun mal à supputer qu’une commande à distance était pourtant bel et bien installée, confirmé par la présence d'un bloc moteur, discernable après une brève inspection des environs, tout comme une caméra d’ailleurs. Cependant l’accès demeura immobile, et elle, laissée dehors. Les secondes passèrent, puis les minutes, et après ce nouveau temps d’inconfort à l'attente qui tirait sur les longueurs, une silhouette finit par apparaitre, sortant de la large double porte principale, contournant le rond-point fleurit qui desservait quelques sentiers à droite et à gauche conduisant à d’autres sections hors de vue, et remontant d’une cadence sensiblement hâtive, le chemin jusqu’aux barrières. Plus grand, plus épais, il n’est pas difficile de réfuter l’identité d’Eric, mais celle de Franky. Elle n’eut sans doute aucun mal à le reconnaitre pour l’avoir déjà croisé à de nombreuses reprises, ami le plus proche de l’ainé Arroyo. « Salut. » Lança-t-il, un peu précipitamment, avant même d’avoir achevé de franchir les derniers pas le séparant de la grille, pressant sur un boitier possédé en main, petite télécommande miniature qui activa aussitôt ce qui avait été refusé à elle jusqu’ici : l’accès à la demeure. Pourtant, Frank se plaça sur la route, condamnant le passage désormais de sa propre présence. « C’est cool que tu sois venu. Mais, hm… Eric… il… heu, il est sorti faire une course en ville. Peut-être que tu pourrais… repasser plus tard ? » Hasard-il, cachant imparfaitement sa gêne et sa nervosité. |
| WebName : Lex Date d'inscription : 05/10/2022 Messages : 343 Avatar & crédits : Eiza Gonzalez Date de naissance : 14/08/1985 Age : 39
| Sujet: Re: Plus dure sera la chute // Roric 2 Dim 4 Aoû - 20:33 | |
| Novembre 2020Parfois le bonheur c'est simple, comme un coup de fil. Enfin dans le cas présent et plus précisément, comme un message. Je ne sais pas trop comment expliquer pourquoi ça fonctionne en ce moment, alors qu'on a toujours eu un talent fou pour se déchirer mais je crois que c'est beaucoup trop plaisant pour que j'ai envie de creuser. C'est toujours prendre le risque de déterrer quelque chose qu'on avait envie de garder au fin fond des oubliettes. Alors je me contente de le taquiner par message tout en me préparant au plus vite. L'invitation a quelque chose d'officiel, sans en avoir la révérence évidemment, on parle d'Eric. Mais je ne sais pas, j'y sens quelque chose de différent et ça me donne envie de faire attention à mon apparence, peut être un peu plus que de coutume. Trouver le portail ouvert aurait sans nul doute été plus agréable, mais je ne vais pas faire la fine bouche. A l'interphone, le grésillement ne me permet pas d'être sure et certaine qu'il s'agit ou ne s'agit pas d'Eric et je gonfle les joues avant de souffler doucement. C'est moi ou l'ambiance est vraiment bizarre ce soir ? J'arrive ? Pourquoi est ce qu'il ne se contente pas de m'ouvrir ? Il ne compte pas me faire croire que la grande maison Arroyo est en panne de portail quand même ? J'attends, patiemment, au moins 5 secondes, avant que ça commence à m'agacer et que je regarde plus attentivement autour de moi. Bloc moteur... evidemment, mais je reste dehors. Petit claquement de langue désaprobatteur contre mon palais et je réprime péniblement mon envie d'adresser mon majeur parfaitement manucuré à la caméra que je viens de repérer. Je n'ai plus 15 ans et il serait plutôt adapté que je parvienne à m'en souvenir de temps en temps. J'esquisse un petit sourire et hausse les yeux au ciel. Le temps passe, les secondes deviennent minutes avant que je ne m'approche suffisament pour observer le parc par une fente metallique. Pas une vue plongeante, mais assez pour voir une silhouette masculine en approche, largement assez également pour noter qu'il ne s'agit pas d'Eric. Téléphone en main j'hésite à l'appeler, mais me contente de le glisser dans mon sac. Je peux me montrer patiente et raisonnable, je suis sure qu'en essayant très fort je dois être capable d'y parvenir. Nouveau coup d'oeil dans la fente et mon nez se fronce instantanément. Franky... evidemment. Ce type est toujours greffé à Eric, à croire qu'il est incapable de respirer si ce n'est pas le même air que l'ainé des Arroyo. Je grimace avant de me reprendre et de me mordiller la lèvre inférieure. Il a parlé de me présenter ses potes, logique que le bestie soit de la partie, non ? Alors pourquoi est ce que ça m'emmerde ? Parce que l'idée des sushis à emporter me souriait beaucoup plus. Lui, moi, des sushis, toute la nuit... ça sonnait comme un plan absolument délectable. Je prends une longue inspiration et me redresse, pour ne rien afficher de ma déception. Le portail amorce son ouverture, je fais un pas en avant, écope d'un salut auquel je réponds d'une inclinaison de tête et d'un petit signe de la main, avant de froncer les sourcils et de me figer. Il me fait quoi là ? A jouer la statue au milieu du chemin ? Il a envie que je traverse le gazon perchée sur mes talons ? Pas que ce soit vraiment de nature à me refroidir, mais ce serait sans nul doute possible assez pénible. Pas autant que les mots qu'il prononce en revanche. Encore que, le pire n'est pas vraiment le contenu, mais plutôt le ton et l'attitude. Ce gars n'est pas net. Il transpire la gêne et ça me met presque instantanément sur mes gardes. Enfin, disons que ça me hérisse encore un peu plus. -"Il m'a invitée." C'est pas juste cool que je sois venue en fait... Mais ça je le garde pour moi. -"Alors non, je ne vais pas repasser plus tard." Deux pas et je me retrouve juste devant lui. Il est grand putain ! -"Je vais l'attendre." Mon attitude et le pas que je fais pour le contourner désignant assez précisément où je compte patienter. Je me sens complètement perdue, hésitant entre la mauvaise blague et l'incompréhension ou la maladresse. La première option étant de nature à me faire déclencher une forme d'enfer sur Terre, les deux autres menant seulement au purgatoire. Je soupire, me repasse le film, les messages, les horaires... J'ai mis moins d'une heure à passer chez moi, me doucher, me préparer et me pointer ici... Comment peut il avoir choisi d'aller faire une course en ville au lieu d'être là ? Je marche, vers le domaine, sans trop me soucier de savoir ce que fait son pote, jusqu'à ce que je me retourne vers lui, sourcils toujours froncés, regard sombre. -"Quelle course? Il est parti pour quelle raison?" Une pensée évanescente vient d'allumer un voyant rouge sang dans le creux de mon esprit. Une pensée née de ma jalousie dévorante, des frasques d'Eric... de mes peurs aussi. Et ça je ne l'avouerais pas ! Je crains tout à coup qu'il soit là et que l'attitude de malaise de ce gars vienne du fait qu'il l'a envoyé mentir pour lui. Mes pensées s'entrechoquent et mon coeur bat désormais une chamade qui m'opresse. L’ombre des arbres centenaires dessine des arabesques sur le sol, chaque pas que je fais résonne comme un coup de tonnerre dans le silence oppressant de cette soirée. Est il vraiment absent ? C’est ce qu’a dit son meilleur ami, après tout... Mon ventre se noue, comme si une main invisible le serrait sans relâche. Où est-il ? Avec qui ? Les doutes, insidieux et perfides, s’insinuent dans mon esprit comme une brume épaisse. Et si... Et s’il était avec une autre femme ? Cette pensée me transperce comme un poignard, faisant jaillir une angoisse brûlante dans mon cœur déjà tourmenté. Je me dis que c'est de la folie, que ce serait cruel... A t'il déjà été cruel ? Je ne sais plus. Je tente de chasser ces images horribles, mais elles reviennent, encore et encore, telles des vagues déchaînées contre une falaise. Est-ce qu’il s’est joué de moi ? Lui, qui m’a invitée ici, dans ce lieu où chaque pierre respire l’histoire de sa puissante famille. L’idée qu’il ait pu me tendre un piège, qu’il ait pu jouer avec mes sentiments, me rend folle. La panique monte, inarrêtable, grondant dans ma poitrine comme un volcan prêt à exploser. Je ne supporte pas l'idée, mais j'ai clairement le besoin impérieux d'en avoir le coeur net. Je ne suis pas de celles qui préférent détourner le regard, par peur d'être choquée par la vue. Au contraire. J'affronte mes peurs en face. Alors je marche, presque frénétique, à travers l’allée, mon souffle court, mes mains tremblantes. Je sens la terreur, la colère, la tristesse, la passion, la tendresse et ce sentiment que je me refuse à nommer, s’entremêler en moi, créant un tourbillon d’émotions incontrôlables. Dans ce genre de situation, je suis imprévisible, je le sais. Mais comment pourrait-il en être autrement, alors que je suis envahie par cette tempête intérieure ? Les murs du domaine s'approchent et semblent à la fois se refermer sur moi, et le silence, autrefois apaisant, devient assourdissant. Je m’arrête un instant, ferme les yeux, tentant de retrouver mon calme. Mais les questions restent, obsédantes. Pourquoi n’est-il pas là ? Pourquoi me laisser ainsi, seule, dans cette immensité qui semble si étrangère ? Je lève les yeux vers le ciel, cherchant un signe, une réponse. La lune, timide, commence à apparaître, et sa lumière douce éclaire faiblement l’allée. Peut-être n’est-il pas loin ? Peut-être reviendra-t-il bientôt, avec un sourire et des explications ? Peut-être ai-je tort de douter ? Il est peut être allé me cherche ces foutus sushis ? Mais alors pourquoi l'autre débile a l'air aussi mal à l'aise ? En cet instant, l’angoisse reste mon ombre, fidèle et implacable, et je ne peux qu’attendre, avec ce mélange de peur et d’espoir qui me consume. J'arrive près de la grande batisse et ma voix s'élève. -"Eric ?" J'ai besoin de le voir, de me fondre contre lui et d'écraser l'insolence de son sourire sous mes lèvres. J'en ai besoin, parce que là, tout de suite, malgré mon air bravache et mes yeux sombres, je n'en mène vraiment pas large. |
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