Pelo de fuego sera mienne (Charluel)

Liam est un bon coureur, un très bon coureur même. On m’a demandé de courir contre lui, mais malheureusement je ne course jamais contre mes copains, c’est contre mes valeurs les plus profondes. Pourquoi ? Parce que, parfois, certaines courses tournent mal et si quelque chose devait arriver à un copain, par ma faute, jamais je ne pourrais me le pardonner. Ça m’est arrivé quatre fois d’envoyer un adversaire à l’hosto… quatre fois. Heureusement aucun n’a perdu la vie, mais cela aurait pu être le cas. Mon frère est mort dans des circonstances similaires. Ce soir c’est Liam contre Georgio. Ce petit cul tout droit sorti de je ne sais où est vicieux. J’ai cette intuition idiote qu’il ne joue pas selon les règles et c’est pour cette raison-là que je suis arrivé sur les lieux très tôt dans la journée. Il sait qui je suis, mais je crois qu’il n’a aucune idée du lien qui me relie à Liam, je peux donc en profiter. De façon nonchalante j’ai observé tous ces faits et gestes. Je n’ai rien vu de louche, mais je me suis tout de même permis de donner un petit pep talk à Liam quelques minutes avant la course, loin des oreilles de Pelo de fuego, bien sûr.

Ce qu’elle est belle ! Elle est hors d’atteinte, trop bien pour l’homme que je suis et pourtant je ne peux m’empêcher de tourner autour comme un papillon de nuit devant la lumière d’une chandelle. Pendant la course je suis resté tout près, mais pas assez pour pouvoir avoir une conversation intéressante. De toute façon, je ne la crois pas capable de tenir plus de deux ou trois mots de suite, elle semble sur le point de s’évanouir. Inquiète pour Liam ? Serait-elle aussi inquiète si c’était moi contre Georgio ? Moi contre Liam ? Poser cette dernière question c’est également lui répondre… Je dois avouer crever de jalousie en ce moment même. J’aimerais qu’elle me regarde comme elle le fait avec Liam. Elle semble fière qu’il ait gagné la course. Je le suis aussi, mais j’aimerais qu’elle me regarde ainsi aussi… Je m’approche, donne une bonne claque sur l’épaule de mon ami avant de le féliciter à mon tour. Inutile d’aborder les détails techniques maintenant, pas devant une aussi jolie dame, mais il sait que nous devrons le faire un autre jour. Nous discutons un peu, enfin non, je les écoute discuter puis dois me retenir pour ne pas lui envoyer une bonne droite sur a gueule. Il part ? Là ? Maintenant ? Le con… il fait ça pour me laisser le champ libre j’en suis persuadé, mais je ne suis pas prêt. Nous le regardons partir tous les deux et d’un geste nerveux je viens faire glisser mes doigts derrière ma nuque.

J’ai un carrosse tout près, je peux te ramener si tu le souhaites. On peut également faire un arrêt à la pizzeria…. Ou non.

Elle va te croire idiot, allons, merde, reprend confiance en toi. Mettre mes mains dans mes poches devrait aider, ou pas. J’essaie et je confirme, ça ne fonctionne pas. Je fais deux pas vers ma voiture, m’assurant qu’elle me suit.

Tu viens ? Je te promets de garder mes mains pour moi.

Ahhhhh, mais ce que tu peux être con Mig.

Allez, viens, je t’offre une balade agréable pour le retour à la maison.

Je me dirige vers ma bagnole en espérant qu’elle va me suivre sans trop poser de question. Une fois-là, je me dirige vers le côté passager afin de lui ouvrir la porte. J’ai de bonnes valeurs et dorloter les femmes en est une.

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--Outfit-- Une course ? Je n'aime pas les courses... Il le sait. Dès qu'il se met au volant de cet engin des enfers j'ai la trouille. Une sorte de terreur panique qui me grignote les entrailles et menace ma raison. Pourtant je ne dis rien, parce que je sais qu'il en a besoin pour être heureux, pour se sentir pleinement lui même. Après son accident, lors de ces longs mois de rééducation, tandis que les médecins disaient qu'il ne remarcherait probablement jamais... Je l'ai vu combattre. Sa blonde était partie, sans laisser d'adresse.

J'ai bien essayé d'aller la voir, pour lui faire entendre raison, pour qu'elle ait au moins la décence d'assumer de lui avoir brisé le coeur alors même que la vie lui faisait essuyer le pire des revers. Je n'ai trouvé que de vagues explications. Elle était partie, retournée dans notre pays natal. Parce que oui, avec cette blonde, au delà de mon meilleur ami, nous avons aussi des racines communes. Est ce que je lui pardonnerais un jour? Je ne sais pas, je n'en suis pas sure. Quand je pense à elle je me découvre étrangement rancunière. Mais là, n'est pas la question. Elle comme la course de rue, sont essentielles au bonheur de Liam et pour ça je dois mettre de côté ce que je ressens moi même.

Alors quand il m'a demandé de l'accompagner j'ai souri et j'ai accepté. J'ai passé des heures dans mon dressing, à me demander ce que je pourrais porter. Parce que les filles, dans ce genre d'évènements sont souvent super jolies et assez peu vétues. J'ai généralement l'impression d'être la cousine prude un peu trop coincée... Et aujourd'hui je n'en ai pas envie. Parce que la vie change et que j'ai envie de me sentir plus à l'aise dans mon corps et avec ma féminité. Danser sur la plage... avec Farouk, avant qu'il ne disparaisse, ça a changé quelque chose en moi. Je me sens un peu ridicule en le réalisant, mais c'est ainsi. Peut être que c'est ça la solution pour avancer? Garder dans mon coeur ce que cette relation a eu de bon? Oublier... En tout cas c'est dans cet esprit que j'enfile une combinaison au décolleté qui me fait presque me sentir nue. Obligée de ne pas porter de soutien gorge je me trouve un peu indécente, ça me fait rougir, puis... sourire et je me dis que c'est le signe que c'est la bonne.

Liam passe me chercher et on se rend sur le théâtre des "festivités". Il y'a cet homme... son ami. Le mien? Non, on a quasiment jamais échangé plus de deux mots tous les deux. Quand il est dans les parages, je croise son regard et je me retrouve à balbutier comme une adolescente. Alors je me contente de baisser la tête timidement et de le laisser discuter avec Liam. Quand il prend le départ, j'arrête de respirer, j'arrête même de vivre je crois. Je suis suspendue dans le temps et l'espace, jusqu'à ce que je le retrouve victorieux et me jette dans ses bras. Je suis heureuse et il me fait tournoyer, je ris comme une gamine et j'ai les yeux qui pétillent.

Sauf que... il annonce tout tranquillement qu'il doit partir ? Est ce qu'il a oublié qu'il m'a amenée ? Même pas le temps de répondre qu'il s'éloigne, avec toute une foule de gens trop fiers de venir taper dans le dos du vainqueur. Si j'osais, j'en couinerais surement de frustration, mais je me contente de rester planter là, murmurant pour moi même. -"Liaaaaam grrr je..." Pas le temps de finir ma phrase qu'une autre voix résonne et je me tourne vers lui. Obligée de lever le menton malgré mes talons, pour croiser son regard. Dès que je réalise je rougis jusqu'aux oreilles. Il l'a fait exprès... foutu Ryder ! Certes il a envie que je tourne la page... mais vraiment? Me laisser avec Miguel? Homme à femmes devant l'éternel ? Pas étonnant d'ailleurs, quand on voit ce sourire qu'il a. -"Je... je oui. Je... merci." De me raccompagner ou de m'inviter à diner? Parce que là une fois de plus on dirait que mon Q.I a été divisé par 24. Il a les mains dans les poches et il parle et ce qu'il suggère me fait pousser un petit hoquet. La bouffée de chaleur qui enflamme ma peau de rousse n'était pas prévue, encore moins contrôlée. Je relève une main timide pour cacher ma bouche et mes dents qui ont capturé ma lèvre inférieure pour lui faire subir mille petits outrages.

Je cherche dans la foule, plus de signe du Ryder. Je sors mon téléphone et lui texte. Liam Ryder ! Je vais t'étrangler ! A la première occasion je te préviens ! Je soupire, range le téléphone et me dirige vers sa voiture à la suite de Miguel. Il m'ouvre la porte, galamment et je respire son parfum en me glissant sur le siège passager. On peut ajouter ça aussi sur sa liste du parfait tombeur. Il sent divinement bon. Je secoue la tête, pose mon sac à mes pieds et mes mains sagement sur mes genoux alors qu'il me rejoint. -"Je te remercie, vraiment, je ne sais pas quelle mouche la piqué !" Et il va m'entendre ! Oh dieu qu'il va m'entendre. -"Tu sais où je ... où j'habite? C'est intimidant un espace clos... aussi resserré que l'habitacle d'une voiture de luxe. Je me sens toute fébrile. -"Parce que... si tu ... enfin si tu voulais diner. Je... il y'a un petit restaurant indien... pas loin qui est délicieux. Il avait dit pizza, alors quoi... il me prend quoi ? Depuis quand je propose de diner avec un inconnu? Non c'est pas un inconnu, c'est un copain de Liam... et en fait je le connais un peu... depuis quand même longtemps. Alors pourquoi je panique? J'ai le souffle court et le sentiment très aigu, d'être presque nue, la poitrine agitée par le rythme forcené de ma respiration. Il faut que je ME calme !

Magnifique, elle est vraiment magnifique. Un mot qui tourne en boucle dans mon esprit, un mot que je suis bel et bien incapable d’oublier. Je pourrais même ajouter qu’elle est encore plus magnifique ce soir, mais, parce qu’il y a un mais, je la préfère au naturel. Je la préfère avec son sarrau blanc et avec quelques mèches de cheveux rebelles qui vont dans tous les sens après une longue journée de travail. J’ai toujours préféré les femmes au naturel, la simplicité les rend encore plus belles. Ce n’ait pas que je ne la trouve pas sexy ce soir, au contraire, je la trouve plus que sexy, vraiment très très sexy, trop sexy. Elle fait tourner les têtes malgré les vêtements qu’elle porte. Elle n’est pas la moins vêtue, loin de là et pourtant les hommes bavent sur son passage. La nouveauté ? Le mystère ? Le fait qu’elle accompagne Liam ? Je dirais plutôt la sensation de n’avoir aucune chance, pour ma part. Elle dégage une aura de femme inaccessible… ou alors, c’est-ce que j’aimerais bien qu’elle dégage ? Si elle était à moi, elle deviendrait inaccessible ? Elle ne sera jamais à moi puisqu’elle est hors de ma ligue, hors de portée, trop bien pour un petit gars de Madrid.

Trop bien… Son rire… Son visage illuminé… Sa beauté ? Son hésitation… la rougeur de ces jours… Je ne sais pas comment décrocher parce que de nous deux je suis la groupie et elle la super vedette. Son malaise fragilise ma volonté de la faire mienne. Est-elle réellement intimidée par ma personne ou alors elle souhaiterait plutôt ne pas se retrouver en ma présence ? Elle est probablement la seule femme que fait fondre ma confiance comme beurre au soleil et je l’apprécie davantage pour cela. Plus je parle et plus j’hésite, plus je balbutie à mon tour. PUTAIN NE MORDILLE PAS TA LÈVRE COMME ÇA !!!

– « Tu sais où je… où j’habite ?

Je secoue la tête en guise de réponse. Je sais où elle travaille puisque j’y vais de temps à autre, au besoin, pour mon chien, mais je ne suis pas homme à stalker ces proies. La plupart du temps je croise ce grand blond à la voix étrange, celui qui est sourd, le même qui me regarde comme s’il voulait me bouffer seulement parce que je respire. Je n’ai jamais osé lui demander quel problème lui sortait du cul en ma présence, mais je peux affirmer qu’il est plus doux, moins homme de Cro-Magnon envers les autres clients.

Un restaurant indien ?

Je me tourne vers elle avec un grand sourire sur les lèvres.

Je n’ai jamais mangé de cuisine indienne Charlie, mais en de si bonnes compagnies je veux bien tenter le coup.

Je ne suis pas certain que ce soit très intelligent de ma part de flirter de la sorte, pour être franc, mais je ne peux pas m’empêcher de le faire. J’aime la voir rougir.

Tu veux bien mettre l’adresse dans mon cellulaire ? Il est dans ma poche arrière.

Je soulève ma fesse droite afin qu’elle puisse tendre la main, mais à la dernière minute je me dis que de lui imposer de tendre la main vers mon popotin était probablement trop lui demander. Tout en me retenant de rigoler, ma main se faufile et une fois le téléphone en main, je le lui tends.

Pour le restaurant et… tes coordonnées ? Se sera plus facile pour moi une fois le repas terminé…

J’ai eu une petite hésitation au mot < repas >. Les premiers mots qui me sont venus à l’esprit ont été < rendez-vous > et j’aurais même pu ajouter le mot < galant > au bout, mais j’ai changé d’idée à la dernière minute. Un pas à la fois et ce, même si je sais pertinemment qu’elle n’acceptera jamais d’être mienne.

Merci !!

Une fois l’adresse du restaurant, je tends la main pour augmenter le volume, en profitant pour caresser sa main au passage. Il ne lui reste plus qu’à entrer ces coordonnées et puisque le GPS fonctionne… elle devra ajouter tout cela dans ma liste de contact. De mon côté, je démarre la voiture et me permets de suivre les indications du GPS. Il ne reste plus qu’à trouver un sujet de conversation assez bénin pour ne pas lui faire peur, mais assez sérieux pour ne pas porter le chapeau de clown de service. Je pourrais aborder son boulot ou lui poser des questions sur ces passe-temps, mais tout cela est plutôt pathétique. Je pourrais parler cuisine ? Voiture ? Vêtements ? Comme si j’y connaissais quoi que ce soit, non, mais sérieux ?

Tu es incroyablement belle ce soir Charlie !!!

Mieux, beaucoup mieux… Quel con !!

Panique ! Panique totale et absolue. Alors une fois dans la voiture je texte Liam pour râler tout mon saoul et essayer de me rassurer un minimum. Pourquoi je stresse autant ? Parce qu'il est beau et attirant et séducteur et que ... je suis moi. L'habitacle étroit est chargé en tension, ce qui achève de me mettre complètement en ébullition. C'est surement ce qui me pousse à poser plein de questions et à me mordiller la lèvre inférieure aussi furieusement.

Son signe de dénégation, sur l'endroit où j'habite me rassure un peu. C'est con mais j'ai eu tout d'un coup un peu la trouille. En même temps c'est mon état de base en présence d'un représentant du sexe fort. Je n'y peux rien, je vibre d'une timidité presque maladive. Je propose un restaurant indien, sans bien savoir d'où me vient l'impulsion et sa réponse me fait rougir. Une si bonne compagnie ? Serait il possible que.. je lui plaise ?

Je ne sais pas ! Je crois que je me donne trop peu de valeur pour l'envisager, et puis il est un séducteur, alors peut être que flirter est juste une sorte de seconde nature? Il soulève la fesse, pour m'inviter à récupérer son téléphone et ma bouche s'arrondit sur un O de surprise alors que mes yeux s'écarquillent. Il m'invite vraiment à... à lui toucher... à lui toucher les fesses? Non ! A prendre son téléphone ! Je peux calmer les images complètement folles qui fleurissent sous mon crâne, sinon je vais faire une attaque.

Je récupère le téléphone, trop sidérée pour faire autre chose que lui obéir. -"Le repas... terminé?" Je répète ce qu'il dit, incapable de réfléchir, les joues en feu, l'image de ses fesses au creux de l'esprit. Je pince les lèvres en essayant de reprendre une constance. -"Tu..." Ok trop tôt ! Je n'arrive pas à formuler la moindre pensée, alors une phrase ? J'entre l'adresse du restaurant et j'hésite à faire pareil de mon numéro, avant de secouer doucement la tête. Je vais quand même pas flirter par téléphone ? Oh... pourtant cette idée me fait courir de drôles de sensations sur la peau. Peut être que j'ai besoin de ça ? Enfin pas de ça précisément ! Mais d'être un peu moins sage et de vraiment tourner la page ?

Je tends la main pour accrocher le téléphone à son socle et il fait le même geste... En tout cas ma main se retrouve dans la sienne et il caresse doucement ma peau tout en me remerciant. Feu d'artifice dans ma caboche. Je balbutie deux ou trois mots sans suite et retire ensuite ma main, comme si je m'étais brulée. En fait c'est exactement l'effet que ça m'a fait, une brulure délicieuse. Je rougis encore et encore, me mordille la lèvre au point de la marquer. Le compliment tombe et c'est une espèce d'apothéose. Déjà que je ne me trouvais pas très capable de parler, mais là ? Je suffoque presque. -"Merci... tu ... tu es très... beau toi aussi." C'est toujours le problème quand je suis mal à l'aise ou intimidée, les mots franchissent la barrière de mes lèvres avant que j'ai eu le temps de les peser. En même temps je ne lui apprends rien, il ne peut que le savoir, avec un sourire pareil... des yeux mutins... et cette silhouette de dieu grec déguisé en homme. Je pousse un petit couinement, réalise ce que je viens de faire et couvre ma bouche de ma main. -"Là... tu peux là ... te garer là je veux dire." Parce que je sais que la parking qui fait l'angle de la rue, a de bonnes chances d'être plein et qu'une voiture pareille n'a sans doute pas besoin de se frotter à d'autres de trop près. Peut être que c'est aussi ma façon toute ridicule de faire diversion ? Possible... j'avoue.

Je vais trop vite, je peux presque gouter son malaise. C’est difficile pour moi de peser sur le frein puisqu’elle me plait depuis si longtemps. Peser sur le frein, merde Mig, Charlie n’est pas une bagnole. Ce sera quoi ensuite ? Je vais vouloir caresser la carrosserie et remplir le coffre ? Concentration. Ou peut-être que je devrais justement aller plus vite ? La mettre devant le fait accompli qu’elle me plait ? Le rouge aux joues lui va si bien. Chaque petit pas en avant le fera rougir un peu plus encore non ? Je ne sais pas ce qui a pu lui passer par la tête, mais si tendre la main pour prendre mon téléphone la fait rougir ainsi, que fera t’— elle quand je vais lui demander la permission de l’embrasser ? De la toucher ? Bordel, je m'excite tout seul comme un grand.

Je ?

Continue à bégayer comme ça et je lance mon contrôle par la fenêtre. Tout en elle est propice et me faire perdre le contrôle. Concentration. Trouver un sujet de conversation. Concentration. Je dois essayer de ne pas avoir l’air con. Concentration. Le premier truc qui m’est venir à l’esprit est un compliment, une vérité que je ne voulais pas partager tout de suite parce qu’il est trop tôt, mais je ne le regrette pas. Je dois même avouer que sa réaction m’amuse et qu’un petit sourire se faufile dans le coin de mes lèvres.

— " Là… tu peux là… te garer là je veux dire. »

Je m’exécute, toujours avec ce sourire bien en place sur mes lèvres et une fois immobile, je lui demande de ne pas bouger. Pourquoi ? Parce que la majorité des femmes n’attendent pas, elles ouvrent la portière et sortent alors qu’en réalité elles devraient attendre qu’on vienne l’ouvrir pour elles. La galanterie est sous le masque à oxygène, elle se meurt.

S’il te plait !

Ouin, bah il y a ordonner et demander, je préfère l’option deux pour le moment afin de garder la première pour quelque chose de plus intense. Puis Charlie a besoin de cette douceur, de cette politesse en ce moment même. Je sors donc de la bagnole, me dépêche à la contourner par l’avant afin qu’elle ne me croie pas partie sans elle pour venir lui ouvrir la porte. Elle sort sous mon regard fiévreux et je referme derrière elle. Cependant, avant de marcher à ces côtés vers le restaurant, ma main glisse dans le bas de son dos pendant que ma bouche vient murmurer à son oreille.

Respire Charlie OK ? Je ne ferai rien que tu ne désires pas et ce repas n’est qu’un repas… À moins que tu ne le voies comme un rendez-vous, ce qui me ferait vraiment plaisir. Ton rythme alors… respire.

Je lui prends la main doucement et juste assez lentement pour qu’elle puisse la retirer si elle le souhaite. Je dois me souvenir que je ne suis pas sur une piste de course. Je ne dois pas laisser mon impulsivité gagner.

Ça sent bon, même dehors, je crois que je vais en faire un de mes endroits préférés.

Pas, je crois, non, il va devenir mon endroit préféré parce qu’il est celui où j’ai traité Charlie en dame pour la première fois… Ma dame. Allez hop, je lui ouvre la porte…

Mon ventre gargouille, c’est fou ce qu’une balade en voiture peut faire.

Espérons que ça va détendre un peu l’atmosphère. Être trop sérieux vas la faire fuir, trop collant aussi, et se sera pire si j’accélère le tempo. Tout cela n’empêche pas mon cœur de battre tout travers con un con. Même, sur la ligne de départ d’une course ne m’angoisse pas autant. J’ai peur de faire un mauvais pas. Une chance… Je n’ai qu’une seule chance. L’autre petit con va bien se foutre de ma gueule si je fous tout en l’air.

Rester ici ? Pourquoi je dois rester ici ? Pourquoi je panique ? Je respire beaucoup trop vite, le cœur complètement affolé et les messages de Liam ne m'aident pas du tout au contraire. Enfin si... un peu. Parce qu'ils me donnent envie de rire, même si partir dans un fou rire nerveux ne serait pas du tout la réaction adaptée en ce moment. Je hoche la tête et reporte les yeux sur l'écran de mon portable quelques secondes avant de le mettre en mode "ne pas déranger" et de le lâcher dans mon sac à main. Il sort, contourne la voiture et m'ouvre la portière avec une galanterie qui me fait baisser le menton et rougir.

Je quitte la voiture en me mordillant furieusement la lèvre inférieure, essayant de redescendre en pression pour retrouver une coloration normale. Mais sa main sur la peau nue de mon dos, ne m'aide pas du tout. Qu'est ce qu'il m'a pris de mettre une tenue aussi dénudée? Je ferme une seconde les yeux, son parfum me parvenant délicatement aux narines, éclipsant clairement celui des épices. Il se penche, son souffle faisant frissonner ma peau quand il me murmure à l'oreille. J'ai un petit temps d'arrêt en l'entendant me dire qu'il entend respecter mon rythme... Il me confie là, son envie... de plus ? J'ai du mal à saisir qu'on puisse me trouver désirable, surtout un homme tel que lui. Séducteur, extrêmement beau... habitué aux conquêtes, comment pourrait il jeter son dévolu sur, moi ? Je relève les yeux, pour capter les siens et je prends une grande inspiration, comme pour lui montrer que je suis son conseil. Je ne me sens pas capable de lui dire que je considère ce diner comme un rendez-vous, mais je n'ai pas la moindre envie de lui dire le contraire, alors je me contente de sourire et quand il attrape ma main, je noue délicatement mes doigts aux siens. Ça me colle un délicieux frisson, au moins autant que le rouge aux joues mais qu'importe.

Peut être que pour une fois je peux cesser de penser ? De me torturer de mille et une question ? Liam m'a dit de profiter... Je peux au moins essayer ? Je le regarde en remontant la tête quand il confie que ça va devenir son endroit préféré et mon sourire s'épanouit, s'affirme un peu. -"Alors on se croisera souvent." Je réalise ce que je sous entends possiblement et mes dents se referment sur ma lèvre inférieure pour la torturer quelques secondes. -"Tu n'as pas mangé depuis combien de temps?" Clin d'oeil alors que je me glisse à l'intérieur. Bonsoir Charlie. -"Bonsoir Ishan. Vous auriez une table pour deux personnes?" Il me regarde et me sourit, avant de se tourner vers Miguel en lui faisant une petite moue approbatrice. Toujours pour vous miss Emerson. Je le remercie d'un sourire et je réalise que je n'ai pas lâché la main de Miguel. Un petit soupir et je le guide, vers la salle à la suite d'Ishan. Il est le patron des lieux, avec sa femme et leurs deux enfants aident régulièrement en salle. C'est sa femme qui cuisine et elle le fait... divinement.

Il nous désigne une table et on s'installe donc dans une petite alcôve, légèrement à l'écart des autres clients. Une fois installée sur la banquette, mon sac posé près de moi, j'attrape un menu et l'ouvre. Je résiste à l'envie de me cacher derrière et me lance même dans une proposition qui me vient de je ne sais où. -"Si j'ai bien compris c'est une cuisine que tu ne connais pas? Dans ce cas... qu'est ce que tu dirais de me laisser choisir pour nous deux? Que je te fasse découvrir ce que j'aime?" Double sens? Non... dans toute mon innocence je n'en vois aucun.

Si je la trouve sexy le rouge aux joues, elle me fait fondre d’envie à chaque fois qu’elle se mordille la lèvre. Me concentrer devient de plus en plus difficile. Au lieu de lui demander de respirer et de lui dire que son rythme sera le mien, j’aurai dû lui demander si baiser dans la ruelle était acceptable ou pas. JE BLAGUE, ou pas, je ne sais plus. Elle me fait ce petit truc à l’intérieur qui me rend chèvre, et ce, depuis longtemps.

Alors, on se croisera souvent. »

JE VAIS LA LUI BOUFFER SA LÈVRE AUSSI. A lieu de céder à la tentation, je préfère garder le silence ce qui est bien puisque sa question me soutire un sourire a moi aussi. Hélas nous sommes interrompus, impossibles pour moi de lui répondre. Je la suis donc, docile, jusqu’à cette petite table un peu reculée, loin des regards, avec cette envie de remercier Ishan pour y avoir pensé.

Que je te fasse découvrir ce que j’aime ? »

Ojaaaaaaaaaaaaaaaaaaay ? Ce bout de phrase me fait lever un sourcil avant d’agrandir mon sourire.

J’ai une faim de loup et je veux bien que tu choisisses pour moi… Fais-moi découvrir ce que tu aimes Charlie.

Je la laisse regarder le menu pendant que je me fais plaisir et la dévore des yeux. Si je la trouvais séduisante et craquante habillée de blanc dans sa clinique, en ce moment je la trouve époustouflante et divine. Le reflet de la lumière dans ces cheveux roux… on dirait des flammes. Si je les caresse, je me brule ? J’aimerais qu’ils réchauffent mes oreillers…

Charlie ?

J’ai attendu que les menus soient disparus après que la commande eut été passée avant de prendre la parole. Je me dois de la faire avant de perdre tout contrôle.

Je compte bien te revoir, encore et encore, mais je ne veux pas que ce soit par hasard. Je veux te faire la cour comme il se doit, comme tu le mérites et à ton rythme, jamais au mien. Toutefois, il y a une chose, une toute petite chose qui pourrait me faire perdre le contrôle et ce sont tes dents qui mordillent ta lèvre. La prochaine fois que tu me fais le coup, je n’aurai pas le choix et je vais devoir me pencher vers toi pour la torturer aussi avec mes propres dents.

La serveuse revient avec nos boissons et j’en profite pour détourner le regard un court moment pour fixer mon propre verre. Regarder de l’eau avec de la glace ne m’a jamais semblé aussi amusant auparavant. Même avec une image aussi monotone j’ai du mal à reprendre le contrôle de mon esprit. Du calme Mig, du calme.

Et si tu m’expliquais ce que je suis censé manger hum ?

Détourner la conversation vers du léger essai numéro deux ou trois ? J’espère juste ne pas me rendre jusqu’à 15 ou même 20 parce que je ne crois pas avoir autant de patience.

Je ne sais pas trop si je peux oser, mais j’aimerais que tu me parles de toi. Qui est Charlie en dehors de la clinique ?

Elle ne m’a jamais semblé être une femme qui aime parler d’elle-même, mais la moindre information, pertinente ou pas, me permettra de la connaitre davantage et qui sait, elle me donnera peut-être des armes à utiliser contre elle ? Elle pourrait, sans se rendre compte de sa bévue, me dire qu’elle type de fleur qu’elle aime ou à quel endroit elle préfère se rendre quand elle a besoin d’être seule. Une couleur préférée, un rêve qu’elle aimerait réaliser, une personne qu’elle déteste pour que je puisse lui péter la gueule. Je vais prendre tout ce qu’elle me donne, mais avant cela, je devrais peut-être lui offrir d’ouvrir le bal ?

Si cela tu mets mal à l’aise je peux commencer et par la suite, si tu en as envie, tu n’auras qu’à suivre mes pas ? Ou pas ? Bon Dieu… je vais trop vite ?

Non non non non, ne me dis pas que je vais trop vite, je t’en prie. ET NE TE MORDILLE PAS LA LÈVRE.

Alors que nous nous installons à la table, l'électricité palpable entre nous ne fait qu'augmenter. Sa réponse à ma proposition pour choisir le menu m'arrache un sourire complice quoique toujours intimidé. La tension, agrémentée de taquineries, semble être le fil conducteur de la soirée et ce n'est pas vraiment un terrain sur lequel j'excelle. En fait en dehors de mon travail... je ne suis pas sure d'exceller où que ce soit. Tyler comme Liam seraient sans doute atterrés de savoir que je pense ainsi, mais on ne se refait pas.

Quand il accepte, qa voix, pleine d'assurance, ne fait qu'accentuer le frisson qui court le long de ma colonne vertébrale. Je feins de me concentrer sur le menu, tout en sentant son regard sur moi qui me fait délicatement rougir. Le charme séducteur de Miguel est presque hypnotique et je ne comprends pas du tout en quoi je pourrais lui plaire. Avez vous fait votre choix? Je relève la tête et acquiesce doucement avant de me lancer. -"Pour débuter en apéritif, nous prendrons des Pakoras de crevettes. Ensuite, en entrée, les Calamars Koliwada et des Dahi Puri, c'est un délice. Pour les plats principaux, un Murg Makhani, ainsi qu'un Agneau Biryani, à nous partager. Ajoutons à cela une portion de Baingan Bharta, et des Saag Paneer. En accompagnement, du riz Pulao aux fruits secs et un assortiment de naans : à l'ail, au fromage, et aux noix. Et... et je crois que ce sera déjà beaucoup. Et je serais ravie d'un verre de vin blanc, floral et minéral." J'écope d'un sourire amusé et on se retrouve seuls à nouveau, sa voix résonne alors.

"Charlie ?"

Je relève les yeux de la carte, immédiatement captivée par son regard intense. -"Hmm, désolée, j'étais perdue dans mes pensées." Mon sourire se fait plus doux avant que je ne me fige en l'entendant parler. Est ce que je comprends réellement ce qu'il dit ou je... j'invente? Oui voilà, j'invente ! Je suis en train de complètement devenir chèvre et je m'imagine qu'il me... qu'il veut me faire la cour? Il y'a une forme de romantisme suranné dans cette approche qui me séduit évidemment mais qui ne peut provenir que de mon imagination. Non ? Mes dents se referment furieusement sur ma lèvre inférieure avant qu'il ne dise qu'il va y planter les siennes si je continue. Petit hoquet de surprise ou de gène, à moins que ce soit très clairement l'excitation qui domine?

Nos boissons arrivent, marquant une pause dans cette conversation qui me semble tout à coup presque surréaliste. Je vais devoir lui répondre... mais quoi ? Qu'est ce que je pourrais répondre ? J'ai soudainement envie de me lever et de courir me planquer aux toilettes pour continuer cette conversation par messages avec Liam. Pas sure qu'il m'aide... ceci dit ! ça va juste terriblement le faire marrer. Mon cœur s'emballe et je plonge les lèvres dans mon verre pour avaler une gorgée, tentant de rassembler un peu de cohérence dans mon esprit en déroute.

La chaleur envahit mes joues alors que je tente de maintenir un semblant de calme. Sa façon directe de s'exprimer est déroutante, mais étrangement, j'y suis terriblement sensible. Pas de faux semblant... je rêve que ce soit possible. "Et si tu m’expliquais ce que je suis censé manger, hum ?" Sa tentative de détournement vers un sujet plus léger me sauve et je l'en remercie d'un sourire. -"Bien sûr, je te guiderai avec plaisir." Je prends une nouvelle gorgée de vin, cherchant à retrouver un peu de contenance et il me propose de parler un peu de moi et de qui je suis en dehors de la clinique. La question, posée avec une curiosité sincère, m'invite à partager une part de ma vie. Il se montre doux, ajoutant une pointe d'humour pour alléger l'atmosphère.

Un éclat de rire m'échappe involontairement soulageant un peu de la pression que je me mets finalement toute seule. Mon regard pétillant rencontre le sien. Le ton léger de la conversation et la chaleur dans le restaurant m'invitent à me détendre un peu. -"Je... j'adorerais que tu me montres le chemin."

Soudain, une pensée fugace traverse mon esprit, sur les différents chemins possibles et sans même m'en rendre compte, je me mords la lèvre inférieure avec une certaine nervosité. Un geste automatique, un tic qui a toujours été une manière de gérer le stress ou l'excitation. Cependant, cette fois-ci, mon regard croise celui de Miguel au moment précis où mes dents agrippent ma lèvre et je me souviens de ce qu'il a dit précédemment.

Je crois que son sourire s'accentue, et je remarque une lueur dans ses yeux qui ne fait que renforcer la connexion électrique entre nous. Avant que je puisse réaliser pleinement l'impact de mon geste, je peux presque sentir l'atmosphère changer, se saturant de crépitations électriques. Je la relâche, marquée par la morsure et balbutie quelques mots, -"Ce n'est non... c'était pas... une invitation."

Je soupire et prend ensuite une grande inspiration avant d'oser fixer mes yeux dans les siens. -"C'était peut être inconscient ?" Mon regard reste fixé sur lui alors que je me mords à nouveau la lèvre, cette fois-ci d'une manière plus intentionnelle et presque suggestive. L'atmosphère entre nous devient chargée d'une tension anticipatrice. Une étincelle de malice brille dans mes yeux alors que je murmure: -"À toi de décider si tu veux répondre à cette invitation, Miguel." J'entend ma petite voix intérieure rugir et me demander ce qu'il me prend et ce qu'on a fait de Charlie Emerson, mais je la laisse s'égosiller, les yeux perdus dans les siens, sourire timide et séducteur aux lèvres.

Je savoure chacune de ces réactions comme si elle était un mets exotique qu’il faut déguster, morceau par morceau, lentement, en mastiquant bien pour les saveurs qui éclatent sur notre langue. Chaque fois qu’elle se mord la lèvre, c’est une partie bien précise de mon anatomie qui réagit. Chaque rougeur sur ces joues, un choc électrique à mon égo. Je ne parlerai pas de son bégaiement ou de son regard qui tente de fuir le mien quand la pression semble être trop forte. Tout son être m’appelle, elle la sirène qui va m’envoyer dans l’au-delà. Être si mal à l’aise alors que dans les faits, ce soir, c’est elle qui décide de tout. Elle a mon destin, ma vie, entre ces mines et elle n’en profite même pas. C’est moi ou je suis complètement perdu, ou con, de lui laisser autant de pouvoir ?

— " Je… j’adorerais que tu me montres le chemin. »

Un rire franc, une lueur taquine dans le regard et… la balle est dans mon camp ?

— " Ce n’est non… c’était pas… une invitation. »

Ou pas… Elle continue de pédaler à l’envers ce qui me fait sourire. Inconscient, hum ? Vous savez quoi ? Je vais la laisser nager encore un peu tiens, juste pour voir si c’est la sirène qui va avoir besoin d’être sauvée ou le matelot qui se noie.

— " À toi de décider si tu veux répondre à cette invitation, Miguel. »

Vraiment ?

Ce qui est dit est dit et puisque je n’ai qu’une parole, je me penche lentement vers elle pendant que mes mains viennent s’emparer de son visage avec douceur. Plus nos lèvres se rapprochent et plus mon envie de jouer se transforme en un ardent volcan bouillonnant. Je la désire à un point tel que cela en est douloureux. Je dois me concentrer pour ne pas déraper, pour rester sage, pour lui donner envie de recommencer. Lentement, mes lèvres flirtent avec les siennes, papillonnant pour réveiller la bête. J’attends que ces lèvres s’entrouvrent sous l’envie et quand ce moment d’extase pointe son nez, j’écrase mes lèvres contre les siennes avec passion. J’ai envie de tenir sa tête avec fermeté, mais je ne le fais pas. Mes doigts sont crispés, mais je ne fais que soutenir sa proximité. J’ai envie de glisser mes lèvres le long de sa gorge, mais là encore je ne le fais pas. Au lieu de cela je pousse ma chance et laisse ma langue venir danser avec la sienne. Une seconde, deux, trois… une minute… aucune idée, mais si elle ne comprend pas qu’elle me plait suite a ce baiser, je crois que jamais il ne me sera possible de le lui démontrer.

Mhmmmm !

Est-ce la fin ? Non, puisqu’il me reste à mordiller sa lèvre a mon tour, ce que je fais avec légèreté avant de reprendre place.

Je suis né à Madrid il y a de cela beaucoup d’années et je suis aux États-Unis depuis mes 17 ans. J’aime les voitures et je suis mécanicien de métier. J’aime la musique country et je collectionne les bouquins. Je crois même que je pourrais ouvrir une bibliothèque. Je devrais peut-être d’ailleurs, ça me permettrait de libérer un peu d’espace chez moi.

Je fais mine de réfléchir, mon menton prisonnier de mes doigts, puis je rigole doucement.

Nan, j’ai encore une peu de place. Ça va.

Je pourrais lui parler de ma mère et de mon frère, mort tous les deux, mais ce n’est pas sa sympathie que je recherche en ce moment.

Je déteste les bains, trop longs. J’aime manger et les nuits étoilées. Je déteste l’alcool et je dors toujours nu.

Quoi ? N’ai-je pas dit tout à l’heure que voir le rouge lui monter aux joues était tel un choc électrique à mon égo ? Puis, pour ce qui est de l’alcool, elle a probablement déjà remarqué que je n’ai pas touché à mon verre. Peut-être un jour elle me permettra de boire de la tequila à même son corps ? Pffff, cette seule pensée me fait durcir. À ce rythme, je ne vais pas pouvoir lui cacher quoi que ce soit une fois ce repas terminé.

Oh… et je suis également courseur de rue, mais ça, c’était déjà connu comme information.

Un petit clin d’œil alors que je me recule un peu sur mon siège afin de laisser la serveuse y déposer, je ne sais pas quoi sur la table.

La table est dressée, baignée par la lueur tamisée des bougies. Autour de nous, une ambiance feutrée, où se mêlent les murmures des convives et les notes douces de la musique d'ambiance. Mais je suis comme indifférente à tout ça. J'ai la sensation de naviguer dans un océan d'émotions tumultueuses. Miguel, lui, est le reflet de la confiance et du charme, un homme dont la présence magnétique m'envoûte sans que je puisse résister. Son regard intense semblant percer les dernières barrières de ma timidité, c'est moi qui provoque le destin. Partagée entre excitation et nervosité, j'ai le souffle coupé quand il vient poser les mains sur mes joues et qu'il franchit les derniers centimètres nous séparant.

Son charme ravageur me trouble, ébranle les fondations fragiles de ma quiétude. Mes mains tremblent légèrement sous la table, et mon regard qui fuit souvent le sien, y plonge cette fois comme attiré par un aimant auquel je ne peux résister. Des flammèches de désir crépitent dans l'ombre de mon être et je sens le pouls de l'aventure battre dans l'air. Une électricité subtile danse entre nous, une tension délicate qui me fait tressaillir. Le temps suspend son vol, laissant place à une seconde éternelle où nos regards se perdent dans l'abîme de l'instant. Son souffle chaud effleure ma peau, préambule sensuel à ce qui va suivre. Les secondes s'étirent, tendues comme une corde prête à vibrer.

Et puis, ses lèvres trouvent les miennes dans un baiser ardent, brûlant comme le feu qui couve depuis le début de la soirée. Un frisson électrique court le long de ma colonne vertébrale, une douce onde de chaleur irradie chaque parcelle de ma peau. Il ne cherche pas à me brusquer, au contraire, son approche douce et sensuelle m'allume comme rarement dans ma vie.

Ses lèvres sont une promesse, un élixir enivrant qui délie ma réserve. Un tourbillon d'émotions m'engloutit, un océan de sensations où je me noie délicieusement. J'entrouvre les lèvres et le goût de la passion, sucré et intense, danse sur ma langue, s'infiltre dans mes veines, et chaque battement de mon cœur résonne comme une symphonie enflammée.

Mon corps s'embrase, une douce torpeur s'installe, faisant taire les murmures de ma timidité. La réalité se dissout, et je m'abandonne à ce baiser ardent, à cette étreinte passionnée qui transcende toutes les peurs, tous les doutes. C'est moi qui me penche, qui m'approche, qui dévore ses lèvres et quand il se redresse, en mordillant ma lèvre inférieure je pousse un petit gémissement conquis.

La nuit s'étire autour de nous, complice de cette étreinte fugace mais inoubliable. Dans mon esprit nous sommes devenus les protagonistes d'une histoire écrite dans le langage du désir, une histoire qui ne fait que commencer et je l'écoute avec un sourire complètement charmé, tout en essayant de reprendre mes esprits. Quelque chose a changé. Une étincelle s'est allumée en moi, une connexion qui me donne envie d'explorer plus loin, plus fort. Dans un élan audacieux, j'ai provoqué ses ardeurs, incitant ses lèvres à s'approcher des miennes et clairement je n'ai aucun regret. Je souris à son discours tout en essayant de ne pas me focaliser sur ses lèvres, maintenant que je sais combien elles sont douces, brûlantes, de ne pas les envisager explorant chaque recoin de mon être avec une tendresse envoûtante... C'est complètement fou et je me rends compte que je frissonne. Je crois que je baigne dans un océan de désir et d'émerveillement. Ce baiser, c'était bien plus que les mots ne pourraient jamais exprimer, en tout cas avec mes maigres capacités. Et quand il précise dormir nu... je deviens rouge tomate tout en émettant un petit couinement charmé. Je l'imagine... et je ne devrais pas... ça me fait serrer mes cuisses l'une contre l'autre tout en me tortillant sur ma chaise.

-"En effet, pour la course je le savais. En revanche j'ignorais qu'on partage une passion pour la lecture." Ma voix se module de tonalités rauques que je dois au désir. Je me tais un instant pour laisser la serveuse nous déposer ma commande. -"Désolée pour l'alcool, on peut tout à fait prendre un cocktail soft." Sourire timide et je me décide enfin à faire comme lui. -"Tu sais déjà que je suis vétérinaire, peut être que tu ignores en revanche que j'ai dans ma vie un doberman qui s'appelle Ace et que j'aime d'amour." Je ne sais pas si il a fait attention à la clinique ou ailleurs, qu'il est rare que je n'ai pas ma bestiole. -"Je fais du violon depuis l'enfance et mmm je suis claustrophobe?" Je m'imagine lui expliquer le début de cette phobie et ça me fait froncer le nez. -"J'adore l'odeur de l'océan et contrairement à toi je peux passer des heures dans un bain moussant." Je souris et ajoute. -"Dis moi ce que tu aimerais savoir ?" Ce sera sans doute plus intéressant, même si je suis assez persuadée de ne rien avoir de palpitant à raconter.

Si on m’avait dit que cette soirée se terminerait en aussi belle compagnie je me serais permis de rêvasser, de préparer la rencontre pour que tout se déroule à la perfection. Non, à la place je surfe avec l’inconnu, improvise et tente de ne pas la faire fuir. Je ressens l’attirance qu’elle a envers moi, ressens ou est-ce un rêve? Je souhaite trop et elle est le mirage dans ce désert aride? Celui qui m’offre des illusions et qui va disparaitre quand ma main touchera ou tentera de toucher? Je dois avoir confiance en l’avenir, cette femme me trouble depuis trop longtemps maintenant. N’étant pas briseur de ménage, je l’ai regardée être heureuse dans les bras d’un autre, mais maintenant que cet autre homme est loin, je ne compte pas laisser passer ma chance. Profiteur ? Je n’ai aucune honte à l’avouer. Si je ne risque rien, je n’obtiens rien. Surtout qu’elle m’est tombée dans les bras un peu sans aide. Un peu, OK beaucoup, mais je ne vais pas donner tout le crédit à notre ami commun, je dois penser à son égo.

Mhmm !

Prendre avant de tout perdre ? Prendre et tout perdre ? Je ne regrette pas d’avoir posé mes lèvres sur les siennes, non, ce que je regrette c’est d’y avoir mis un terme vite. Viendra le temps ou elle me laissera explorer davantage que sa bouche, je dois être patient. Difficile à faire pour un homme téméraire et impulsif, mais elle le mérite. Je me contente donc de prendre la parole afin de parler de moi et me délecte de l’effet que mes paroles ont sur elle. Patience Miguel… La petite fleur n’est pas encore prête à être cueillie.

— " Dis-moi ce que tu aimerais savoir ? »

Toutes les informations divulguées ont été accueillies avec un bonheur non feint. Je note pour les livres, la lecture et je note aussi pour sa claustrophobie. Qu’elle joue du violon me surprend, mais j’en suis ravi. Pour ce qui est d’Ace, bien que le nom du cabot m’était inconnu, je l’ai vu à la clinique. On ne peut pas le manquer.

Des heures dans un bain moussant ? C’est affreux…

Je me moque un peu, bien sûr.

Peut-être réussiras-tu a me convaincre que de prendre un bain peut être… amusant ?

Double sens ? Toujours ! Pourquoi cache mon envie quand je la sais tout aussi envieuse de son côté ? Petit ç petit, ç force de souffler sur la petite flamme, elle finir pas s’enflammer non ? Je ne dis pas que tout cela doit se passer ce soir, non, mais je si elle va dormir et que ces doigts glissent le long de son corps pour se faire plaisir, mon visage et ma voix en arrière-plan, se serait un pas de plus de fait dans la bonne direction.

Ne t’en fais pas pour l’alcool, je fais un très bon chauffeur désigné et je te promets de ne pas tirer avantage de la situation… Pour ce qui est de ce que j’aimerais savoir… si je dis tout, j’en demande trop ? Surement, alors… voici… Quel est, selon toi, l’homme idéal ? Quel homme rendra Charlie Emerson heureuse ?

Trop ? Si elle chercher ce que je ne suis pas, je ne veux pas avancer dans cette relation naissante en sachant que jamais son cœur ne sera mien. Égoïste ? Oui, on peut dire cela, mais ce ne serait pas plus juste pour elle. Pourquoi lui faire miroiter la possibilité d’un bonheur sans fin si je sais que je ne peux pas le lui offrir ? Lui briser le cœur est bien la dernière chose que je souhaite. J’espère que l’homme parfait est accessible, à ma portée. Si elle s’en sort sans une égratignure, le cas échéant, pour ma part j’en sors avec une blessure profonde. Cette femme, je l’ai dans la peau.

En toute simplicité et franchise… que recherches-tu Charlie ?

Ma voix est douce est d’une couleur frôlant la peur et le désespoir de ne pas être à la hauteur. Ce ne serait pas la première fois que je tombe de haut. Les femmes préfèrent les bad boys. J’en suis un, mais pas autant qu’elles le souhaiteraient. Je ne suis pas un connard qui ne se préoccupe que de lui-même quand je suis amoureux. Qui aiment se faire traiter en pute par leurs conjoints hum ? Beaucoup de femmes, hélas.

Je me mords furieusement le lèvre inférieure en devenant écarlate quand il me dit que je pourrais lui apprendre ce qu'un bain peut avoir d'amusant. La puissance sensuelle des images ayant envahies mon esprit me faisant clairement rougir. Je ferme les yeux une seconde et affiche un sourire timide quand j'ose les rouvrir. Il me rassure sur l'alcool et écope d'un sourire un peu plus assuré avant que sa question ne me fasse me rembrunir quelques secondes. L'homme idéal ? Celui qui me rendra heureuse ? Je pensais l'avoir rencontré, je croyais le connaitre et il s'est avéré que je me suis plantée, totalement.

Je prends une inspiration un peu plus longue, la bloque un instant et expire enfin. Je n'ai quasiment pas parlé de Farouk, hormis avec Liam évidemment, juste... juste après. Quand j'ai cru que je ne serais plus jamais capable de respirer. J'ai envahi mon meilleur ami pendant plusieurs jours, pour errer comme une âme en peine en pleurant plus qu'autre chose. Heureusement que Tyler c'est occupé de la clinique pendant ce temps là... Je souris en pensant à eux et je crois que je tiens ma réponse. -"J'ai des amis, que j'aime énormément et je crois que j'aimerais juste vivre une belle histoire. Je croyais avoir rencontré l'homme de ma vie... et il a disparu." Je craignais que ma gorge se serre à cette mention et finalement, non. Je réalise que j'ai digéré son départ, compris que c'est la vie et qu'on ne peut pas retenir quelqu'un qui désire autre chose. Il me demande de lui dire sincèrement ce que je peux désirer et la réponse vient naturellement. -"Je n'ai pas d'idée préconcue je crois, j'ai envie de vibrer, de rire et de... de danser." J'ai découvert que j'adore ça, danser à deux et j'en veux plus. Je crois que ça résume bien là où j'en suis "je veux plus". De rires, de jolis moments, de discussions interminables, de sexe torride. Je rougis en réalisant quel cours prennent mes pensées et je plonge les yeux dans les siens, avant de me reconcentrer sur mon assiette pour avaler une bouchée et pousser un petit gémissement ravi. -"Je crois que j'ai envie d'une belle histoire, tout en me disant que je ne suis pas du tout le genre de fille pour qui ça marche." Un petit haussement d'épaule et je replace mes cheveux avant de lui demander. -"Et toi alors ? Qu'est ce qui fait rêver Miguel de La Rosa ?" Petit sourcil curieux qui vient s'arquer et je plonge dans son regard. Je ne comprends même pas qu'il ait pu faire le choix de m'inviter, encore moins de m'embrasser.

On ne joue pas dans la même division... il est charmant, canon, un célibataire clairement revendiqué par un nombre hallucinant de filles... Il est séducteur et probablement à l'aise avec l'idée d'enchainer des histoires d'un soir, là où je suis quelqu'un qui a besoin de me projeter. Je ne me vois pas en célibataire enchainant les plans culs, ça ne me ressemblerait pas du tout et je crois que j'ai besoin de romantisme au moins autant que de passion. Depuis le départ de Farouk, il n'y a eu qu'un homme, de manière complètement folle d'ailleurs... C'était bon et doux, je crois que ça m'a aussi aidé à tourner la page. Mais je rêve d'une maison emplie de cris d'enfants, bien plus que de multiplier les partenaires. Tout en étant parfaitement consciente que mon côté fille sage et rangée, peut être un repoussoir complet pour l'immense majorité de la gente masculine. Peut être que je dois simplement admettre que ce n'est pas grave et qu'on ne peut pas plaire à tout le monde. Ou mieux encore, me laisser surprendre ? Je crois que ce serait une très bonne chose, de laisser un peu de fantaisie entrer dans ma vie. Je suis sure que ça me ferait du bien, même si ça a tendance à me faire aussi peur qu'envie.

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