Isaac Arroyo -- Si tout est sous contrôle, vous ne roulez tout simplement pas assez vite.

Notre existence dépend entièrement de notre naissance. Ceux qui pense le contraire se plante allègrement. Je suis né Arroyo et je mourirais Arroyo. C’est bien plus qu’un nom de famille, c’est une institution, un nom qui en impose à l’instant même ou on le prononce. Je suis le second né de la famille, je ne suis pas qui brille, je ne suis pas celui auquel on pense quand on prononce ce nom. Je pourrais en vouloir à mon père de m’avoir toujours fais passer au second plan. Je pourrais nourrir envers mon frère de la jalousie, mais ce n’est pas le cas. Tout ce que je fais c’est pour tenter de voir la fierté dans mes yeux dur de mon paternel, et mon frère c’est mon modèle. Je veux être comme lui, je veux lui ressembler, je n’ai pas honte de dire que je marche dans ses pas. J’en suis fière.

En réalité, je ne suis pas l’oublié de la famille. Chez nous le simple fait d’être un mâle nous donne des droits, une puissance et une importance particulière. Ma soeur depuis sa naissance de cette suprématie masculine. Emma est une princesse qui n’a pas l’attention qu’elle mérite. C’est ma petite soeur je l’adore et je ferais n’importe quoi pour elle, sauf m’opposer à mon père. La vérité c’est que devant mon père je deviens ce petit garçon en quête de reconnaissance et ce à n’importe quel prix.

Je suis fier de pouvoir me proclamer être le premier fan d’Eric. Nous avons sept années d’écart et dès que j’étais en âge de marcher j’étais constamment dans ses pattes. J’ai assisté à toutes ses courses sans exception, cherchant à apprendre de la part de celui qui à mes yeux est et demeurera toujours le meilleur. C’est naturellement qu’en grandissant j’ai cherché à marcher dans ses pas. Eric m’a toujours encouragé alors que notre père voyait que son ainé. J’ai encaissé rageusement mes premiers échecs, écoutant précieusement les conseils de mon frère, apprenant de mes erreurs pour devenir meilleurs. Je me suis endurcis, j’ai appris à encaisser et à ne pas montrer se que je ressent.  Avec mon éternel sourire de petit con plein d’assurance et d’arrogeance, je donne l’impression de tout prendre à la légère, de me foutre de tout alors que ce n’est clairement pas le cas.

Le fric et la notoriété de ma famille m’a toujours conféré un bon et beau rythme de vie. J’aime faire la bringue, j’aime les femmes et les bagnoles. C’est cliqué ? Rien a foutre, je profite de la vie, le reste j’en ai rien a foutre. Je suis un putain d’égoïste et j’assume totalement. J’évoluais dans l’ombre de mon frère mais ça me convenais. J’étais heureux jusqu’à ce que cet accident bouleverse notre vie et mon équilibre familial. Mon monde tout entier s’est effondré quand Eric a eut son accident. Enfin accident… Je suis persuadé que ce n’en ai pas vraiment un. Sortir Eric des circuit arrangeait trop de monde à commencer par les Crum. C’est d’ailleurs à cause de cette pétasse rouquine qu’il a fait cette course. Voir mon frère inconscient a été un véritable choc pour moi, il n’était pas mort, mais il n’était pas là non plus. Combien de fois est ce que je me suis assis à côté de lui, lui parlant comme si nous étions en mesure d’échanger réellement ?

J’avais plus qu’une idée en tête, venger mon frère et lui rendre justice. J’étais déjà hargneux mais là cette rage qui bouillonnait en moi était d’une force inimaginable. Je me servais de cette colère pour écraser mes concurrents sur le bitume, et si au départ on voyait en moi que le petit frère du grand Eric Arroyo, j’ai su me faire ma place et imposer une certaine forme de respect. Je ne suis peut être pas aussi bon que lui, mais je mets tout en oeuvre pour le devenir pour que lorsqu’il se réveillera parce qu’il se réveillera un jour - je refuse catégorique la seconde hypothèse - je veux qu’il puisse être fier de moi.

J’avais raison d’être sur qu’il reviendrait à lui… L’attente a été démesurément longue mais Eric a repris connaissance. Son rétablissement sera encore long mais il est sorti d’affaire. J’ai tellement ha^te de pouvoir lui raconter tout ce qu’il a loupé, de lui conter mes victoires, qu’il voit quel homme il a fait de moi, car oui c’est ses traces que je suis, j’ai appris de lui bien plus que j’ai appris de notre père. Sa reconnaissance c’est tout ce à quoi j’aspire. Cependant une part de moi se sent coupable. Terriblement coupable d’avoir profité de son absence pour briller et faire ma place. Je n’ai jamais désiré voler sa place, grappiller les miettes de sa notoriété et c’est pourtant ce qui c’est produits. Je le montre pas, je me planque derrière mon éternel sourire de branleur mais en vérité j’ai la trouille.