Soirée Business (DANTLEK)

Le stress monte, la pression aussi ! Il faut que tout soit parfait pour cette ouverture, ce lancement l’objectif est de séduire un maximum de monde et que les plus fortunés ouvrent un compte dans cette banque, qu’ils y placent leurs actions, qu’ils y fassent leur prêt ou leur placement. Je veux gérer les plus gros clients de cette ville dans cet immeuble, qu’ils s’y sentent comme des privilégiés, comme des rois. Nous resterons discrets sur les identités, les transactions qui se feront dans un avenir proche ! Seuls certains chiffres seront annoncés pour démontrer à la concurrence qu’ils ne font pas le poids face à nous. Je vérifie chaque détail : traiteur, champagne, fleurs, petits cadeaux de bienvenue et j’en passe. Ma photo est satisfaisante, on peut y voir un homme professionnel, rassurant et déterminé. Je crois qu’elle va plaire à Siam aussi. En parlant de cette dernière, je pars la retrouver chez nous pour que je puisse me changer et la récupérer afin de partir ensemble à la réception. J’ai envoyé des invitations à toutes les entreprises, les attachés commerciaux sont prévenus, une nouvelle forteresse financière est en ville. Si un jour un petit malin essaye de nous braquer, il faudra beaucoup de temps pour y arriver et les forces de l’ordre seront rapidement sur place.

Bref, j’en reviens à ma magnifique fiancée, elle est déjà chez nous, elle se fait resplendissante mais entre nous, elle n’a pas besoin d’artifice pour l’être car elle est déjà magnifique. Je passe rapidement sous la douche tandis qu’elle me prépare amoureusement ma tenue, j’ai une totale confiance en elle et je suis satisfait. Tout en ayant des idées salaces en tête et verbales avec la prunelle de mes yeux. Nous ne pouvons pas, pas tout de suite car nous ne sortirons pas sinon et je ne peux me permettre d’être en retard. Nous arrivons parmi les premiers, je sais que tous les regards sont posés sur nous, Siam ébloui par sa beauté, je suis comme un paon à son bras.

La soirée est lancée, je serre des mains, me laisse prendre en photo avec des invités quand la personne espérée arrive. Mon petit frère a mordu à l’hameçon, je savais qu’il se laisserait tenter. Il est accompagné d’un autre homme, sans doute son bras droit dans les affaires. Il m’a vu, nos regards viennent de se croiser. J’attends qu’il soit seul, il ne faut pas qu’il y ait d’esclandres, les médias se feraient trop plaisir à nous descendre en public. Je soulève mon verre en sa direction avec un léger sourire, preuve que je l’ai remarqué. Je vais pouvoir tenter de me réconcilier avec lui après trop de mois de séparation. Je guète le bon moment, il me faut juste une brèche … une toute petite brèche …


Sa connaissance s’esquive pour je ne sais ne sais quelle raison, j’en profite pour me rapprocher, c’est risqué mais qui ne tente rien n’a rien. J’attrape deux coupes de champagne, du français que j’ai fait venir de l’hexagone exprès, en tend une à mon petit frère.

« Cela me fait plaisir de te voir Malek ! »

Lui dis-je simplement en tendant le verre de cépage. Je me place à ses côtés histoire de ne pas trop le confronter, mon frère est trop colérique, rancunier pour lui parler de front. Je ne cherche pas encore à savoir comment il va, s’il se plait aux Etats-Unis ou je ne sais quoi encore comme compliment. Je ne lui parle pas non plus de Siam car cela serait une provocation supplémentaire. Il va falloir que je pense à le féliciter aussi pour son entreprise mais pour cela un de nous deux va devoir faire le premier pas et cela sera au plus calculateur de nous deux, ou au moins con … peut-être vais-je devoir me montrer plus mature car l’invitation a été un léger piège car sans cela il ne serait pas venu !

Tenue

Lui ai-je tendu un piège ? L’ai-je appâté pour mieux l’emprisonner ? Oui ! Mais si je ne l’avais pas fait, il ne serait sans doute pas venu. Il a fallu que je sois sournois pour le coup, tel un serpent, j’ai fait contacter ce fameux Frank avec qui, Marek travaille et nous n’avons pas dit qui est à la tête de la banque. Trop risqué car il aurait fui ! Marek est têtu et braqué, nous ne sommes pas frères pour rien après tout. Je viens de rapprocher de lui avec le verre de l’amitié, de la réconciliation, en tout cas c’est ce que je pense … ce petit con vient de me balancer froidement qu’il conduit. Il est droit et fier en plus. Ok, je l’ai cherché …

« Ok ! »

Mon égo est touché, je suis froissé mais je ne le montre pas. Je ne m’avoue pas vaincu pour autant.

« C’est mieux d’être prudent en effet. »

Je passerais presque pour le grand frère modèle. Je le regarde mettre ses mains dans ses poches, me retiens de soupirer et finis par lui tourner le dos. Nos regards sont désormais à l’opposé, nous sommes deux étrangers ou presque … Malek a pris ma relation avec Siam pour un acte de traitrise, or c’est lui qui l’a quitté et j’ai dû réparer les pots cassés ! Donc s’il l’a perdue définitivement, il ne doit s’en prendre qu’à lui-même. Je ne compte la lâcher, ni la lui rendre, elle n’est pas un objet ou un trophée qu’on pose dans une vitrine. Il finit par prendre une coupe à l’un des serveurs qui passe. Provocation … provocation … bien joué gamin ! Cette fois, je peux entendre sa colère à travers ses paroles. Son terrain ? Avoir tout ce qu’il possède ? Il rigole ou quoi ? Nous ne jouons pas dans la même cour, il est dans le monde des jeux vidéo et moi dans la finance.

« Ton terrain ? Voyons, tu sais très bien que nos affaires sont totalement différentes. En plus, si je t’ai invité, c’est pour essayer de faire la paix et de me faire un nouveau client. »

Il y a un zeste d’arrogance dans ma voix mais je ne me contrôle pas là-dessus. Essayer est un bien grand mot car, je ne sais pas par quoi commencer. Le nouveau client ce n’est pas gagné non plus car il connait les rouages de mon métier mais il sait aussi que l’offre pourrait lui être bénéfique. Parler de Siam ne me semble pas encore une bonne idée il faut que je lui présente mes excuses tout de même.

« Je suis désolé de t’avoir fait souffrir Malek … mais … je ne t’ai pas piqué Siam comme tu me le dis si bien … »

Je prends une grande respiration.

« Malek, elle était amoureuse de toi … mais elle était plus bas que terre après votre dispute. On ne voulait pas se mettre ensemble au début, je l’ai consolé. Toutes nos conversations tournaient autour de toi et rien que de toi mais la vie … ou Allah a voulu que nos routes ne fassent plus qu’une … »

Je souffle légèrement de dépit, je viens de tout niquer en une ou deux minutes … quel con ! Pourquoi a-t-il fallu qu’il nomme Siam ? Je sais que je vais me faire inviter à manger du sable ou nos morts mais il faut que je lui dise ce que j’ai sur le cœur.

« Je sais que tu n’en as rien à faire mais sache que je suis fier de ta réussite. »

Je regarde dans la même direction que lui et aperçois son chaperon qui le fixe aussi. Lui est clairement là pour les affaires mais ce n’est pas encore l’instant.

« Mère est triste de ton départ … elle est aussi fière de ta réussite tu sais … »

Elle a déjà dû lui dire mais une piqure de rappel ne fait jamais de mal à personne comme pour les vaccins. Je porte le verre à mes lèvres et soupire une nouvelle fois.

« Cette situation est triste Malek … elle blesse beaucoup de monde …

Je crois que je viens de murmurer cette phrase juste pour moi en fin de compte car j’ai de nouveau tourné la tête.