J’ai toujours pensé que la vie était faite de couleur et que chaque couleur avait sa propre signification. Mes vêtements sont colorés, la décoration de ma petite chambre est colorée et mon cœur est rempli de belles couleurs étincelantes. Je devrais plutôt dire était, je sais, mais je peine à laisser aller mes rêves et mes espoirs. Je m’accroche à mes couleurs comme un assoiffé s’accroche à sa gourde d’eau vide. Depuis ce moment bien précis où j’ai appris que j’allais devoir épouser Caloan, le gris s’est installé. Le gris est une couleur morne, sans vie et je la déteste. Je me suis donné comme mission de faire revenir les couleurs dans ma vie et Caolan, puisqu’il en fera partie, n’aura d’autres choix que de l’accepter. Je le vois bien habillé de rose pas vous ? Ouais, mais pour le moment il est gris lui aussi. Faire chanter l’arc-en-ciel, voilà mon nouveau but à atteindre.
Ce soir je suis à la recherche d’un homme bien précis et non, cet homme ne se nomme pas Caolan. Je dois peut-être l’épouser, mais il n’est pas le centre de mon univers. Non, je cherche cet homme qui tourne autour de ma sœur. Son nom ? Aucune idée, mais je sais à quoi il ressemble à ce qui est déjà pas mal. Je me suis donc présenté au repère de la Bravta, là où il a déjà rôdé afin de pouvoir lui mettre la main dessus. Je sais qu’il y a un risque pour que je tombe nez à nez avec le rouquin, mais on ne fait pas d’omelette sans casser les œufs. Je me suis donc assise à une petite table, assez loin des regards afin d’observer. J’ai l’impression d’être Sherlock Holmes et je me sens en confiante et en pleine possession de mes moyens. Habillée d’une robe noire et d’un sac à main rose emprunter à une amie, je patiente.
C’est fou le nombre de choses que l’on peut voir quand tout ce que nous avons à faire c’est d’observer. Je vous donne un exemple… il y a une fille, plus loin à ma droite, qui ne porte pas de petite culotte. Si, je vous le jure, mais c’est moi ou cela frôle l’indécence ? Mes sous-vêtements ce soir, ils sont roses. Je me disais que ça se serait amusant de les mettre de la même couleur que mon sac à main sauf que, contrairement à l’autre fille, je n’ouvre pas mes jambes pour que tout le monde les voie. Bref… tout cela pour dire que je suis ici depuis plus de trois heures et que j’ai épuisé l’argent mis de côté pour acheter de quoi boire. Il est donc temps pour moi de rebrousser chemin bredouille. Me lever n’est pas difficile puisqu’un seul de mes verres contenait de l’alcool. Dans les faits, ce qui rend mon départ difficile c’est l’échec. J’aurais tellement aimé lui demander ce qu’il lui trouve à ma sœur, je vous jure. Enfin, une fois dehors je tourne à droite et je longe la file de gazelle espérant entrer dans l’établissement. Les plus jolies ressortiront au bras d’un des mecs, le sourire aux lèvres pour s’apercevoir le lendemain matin qu’elle a couché avec un connard.
Humph !!
Depuis quand il y a des murs au milieu du trottoir ? Un mur habillé ? Je lève les yeux et je suis sous le choc. Lui ?
Je vous ai cherché partout et maintenant que je ne vous cherche plus, c’est vous qui me trouvez ?
Je me tourne vers les trois filles situées le plus près dans la file pour m’excuser dans leur emprunter leur proie, si c’est à elles qu’il parlait en bien sûr pour ce que j’en sais, puis je lui prends la main et le tire a ma suite dans la ruelle la plus proche. Une fois là, mon doigt se pose sur son torse de lui-même.
Vous voulez quoi à ma sœur ?
J’y serais allé avec plus de tact au bar, mais je suis fatiguée et je veux rentrer. Plus vite il va me dire ce que je veux et plus vite je vais pouvoir m’allonger dans mon lit.