Tiziano Mancini ∞ Cosa Nostra, cosa vostra, cos'è vostro?

TW : Mention de violence/torture dans un paragraphe. Indication en début du paragraphe en question.

Plus qu'Italien, je suis Sicilien. Sicilien de père, de mère et ainsi de suite depuis des générations, la famille Mancini descend de l'ancienne noblesse de la renaissance italienne. Déjà sans l'implication dans la Cosa Nostra, notre famille possède des terres, des vignobles, des manoirs et quelques châteaux à travers l'Italie. Aucun souci financier à l'horizon depuis bien longtemps et pour l'avenir non plus, pas grande inquiétude à avoir. Mes ancêtres ont toujours fait partie de la Cosa Nostra, c'est dans notre sang, dans notre histoire, depuis sa création au 19ème siècle. Mon grand-père a amassé une petite fortune dans les trafics d'armes et de drogue, oui ce n'est pas glorieux mais si aujourd'hui je suis à l'abri de toute inquiétude financière c'est en grande partie grâce à lui, à mon père et désormais à moi-même que je le dois.

Mon père, un homme dur, froid, qui voue sa vie à la mafia et ses activités, un homme qui m'a appris à filer droit dès mon plus jeune âge. Mais malgré tout un homme juste, avec des valeurs familiales fortes et une loyauté à toutes épreuves. Ma mère. Mama mia ma mère c'est la femme qui a sans doute fait qu'aujourd'hui je ne suis pas devenu un monstre sans cœur. Ma mère était acquise à la cause elle aussi, ce qui fait que contrairement à beaucoup de mères ou femmes de mafieux, elle n'avait pas cet air éteint, je n'ai jamais vu mon père lever la main sur elle, au contraire, j'ai pu voir en grandissant, un couple qui se soutenait et qui s'aimait. C'est elle qui m'a donné le goût de l'art et de la cuisine, selon elle j'aurais pu devenir un grand artiste ou un grand chef si je n'avais pas embrassé la carrière militaire.

Jusqu'à mes quinze ans, j'ai grandi comme un gamin normal, même si ma maison était beaucoup plus grande, avait un accès direct à la mer et que j'avais absolument tout ce que je voulais. Être enfant unique, fils unique d'un membre de la mafia, cela aide à bien démarrer dans la vie. J'avais des amis, une multitude de cousins et une vie agréable sur les bords de la méditerranée. Le lendemain de l'anniversaire de mes quinze ans mon père m'a fait venir dans son bureau, m'a fait un exposé interminable de tout ce que j'avais à savoir de l'organisation criminelle dans laquelle nous étions et qui était notre héritage, que désormais l'avenir de la famille, l'honneur des Mancini au sein de la Cosa Nostra reposaient sur mes épaules.

De mes quinze ans à mes dix huit ans, je crois que c'est là que j'ai le plus profité de ma vie, sans doute parce que je savais ce qui m'attendait plus tard. Une sorte d'insouciances avec mes amis, les premiers émois avec les filles, les fêtes, les découvertes et les premiers coups pris et surtout rendus ! Engagé dans l'armée, j'ai fait mes classes, je suis devenu un homme et j'ai servi sous les couleurs italiennes au début des années 2000 en Irak. J'y ai perdu des amis, et une fois rentré au pays ceux qui étaient revenus sains et sauf avaient un lien indéfectible entre eux.

Revenir au pays, retrouver des amis d'enfances, et j'ai passé beaucoup de temps chez mon meilleur ami, il était celui qui écoutait mes histoires, qui me tenait compagnie et qui me faisait sortir pour me changer les idées. Je suis également entré de pleins pieds dans la Cosa Nostra, désormais avec mon expérience au combat, le maniement des armes, mon père m'a pris à ses côtés, je suis devenu son bras armé, lui qui était responsable pour le Don de faire exécuter des sentences, retrouver les fuyards qui pensaient pouvoir s'en sortir après avoir fait des coups de putes à la Famiglia. En bon soldat, j'ai menacé, torturer, exécuter des hommes, parfois des femmes, sans trop me poser de questions.

Passer du temps avec et surtout chez mon meilleur ami m'a fait faire une rencontre à laquelle je ne m'attendais pas, j'avais vingt six ans et la petite sœur de mon meilleur ami devenait une jeune femme, une superbe jeune femme de seize ans, dix ans de moins que moi, ce n'est pas seulement parce qu'elle était trop jeune, mais surtout parce qu'elle était sa sœur que je n'ai jamais rien fait d'autre que la regarder. Je la regardais grandir, je voyais son caractère s'affirmer et elle me plaisait, beaucoup, trop même. Je me suis mis à la chercher physiquement dans les femmes avec qui je couchais, mon esprit et mon imagination s'évadant alors que je baisais ces femmes en pensant à celle qui était, pour moi, intouchable. Chayra. Combien de fois ais-je soupiré son prénom lorsque j'étais seul dans mon lit ?

Jamais je n'ai fait part à qui que ce soit des émotions que cette jeune femme suscitait en moi, j'enchainais les conquêtes mais il n'y en a qu'une qui avait réussi à toucher mon âme, mais en sa présence, presque toujours en celle de son frère également, je me contentais de discuter avec elle, d'apprendre à la connaitre, savoir ce qu'elle aimait. Elle avait dix neuf ans lorsque son enfoiré de père l'a offerte en pâture à Mateo Russo. Fiancée, mariée puis partie aux USA avec lui, envolé tout espoir ou rêve de l'aborder un jour autrement qu'en tant que la petite sœur de mon meilleur ami.

Loin des yeux, loin du cœur, c'est ce qu'on dit, c'est ce que je me suis borné à faire, elle allait construire sa vie de l'autre côté de l'océan, j'allait continuer la mienne ici. Au fil des mois j'ai fini par mettre de côté mes regrets, le jour ou j'ai croisé la route d'une déesse descendue sur terre. Comme mon père, j'ai fait l'expérience d'unir ma vie à celle d'une fille de la Cosa Nostra, au début c'était une sorte d'arrangement entre nos familles, mais l'alchimie a pris, l'amour est né et elle est devenu le centre de mon univers. Elle me soutenait, elle m'aimait malgré les actes que je pouvais réaliser pour notre cause, elle était vraiment la femme parfaite dont j'aurais pu rêver. C'est à trente-deux ans que je suis devenu père, je continuais la lignée des Mancini avec un fils. Durant quatre ans, j'ai vécu la meilleure vie possible, entre mon implication dans notre organisation, une femme sublime que je considérais désormais comme mon âme sœur, et mon fils qui grandissait à vue d'œil. Une parfaite photo pour donner envie à quiconque de signer pour ce genre de vie.

TW Quatre ans qui se sont terminés en tragédie. Un putain de petit dealer de merde qui pensait pouvoir rivaliser avec la mafia, je l'ai bien amoché devant ses potes, l'humiliant, le mettant plus bas que terre devant ceux sur qui il avait un semblant de pouvoir. J'aurais dû le buter directement. Il n'a pas réussi à m'avoir, alors il m'a pris l'amour de ma vie et la chair de ma chair. J'ai commencé mon processus de deuil en le torturant durant des jours et des jours, prenant plaisir à le pousser chaque jour un peu plus, j'ai aimé voir sa colère quand je lui ai montré la vidéo sur laquelle je baisais sa femme avant de lui mettre une balle entre les deux yeux, j'ai buté devant lui chacun de ses hommes avant de le saigner et le laisser crever en se vidant de son sang.

J'ai quitté la maison ou nous vivions, trop de souvenirs pour moi, j'ai acheté un voilier et c'est là désormais que je vis, entre ma maison flottante et les propriétés de ma famille. Après avoir achevé ma vengeance je me suis lancer, pour le plus grand plaisir de ma mère à acquérir des œuvres d'art, à financer de jeunes artistes prometteurs, devenant un riche mécène qui se fait une place dans le marché international de l'Art.

Il y a quelques jours à peine en visite chez mes parents, j'ai eu la surprise de croiser la route d'une vieille connaissance. Mateo Russo, devenu Don de la Cosa Nostra à San Diego, venu régler des affaires familiales en Sicile, nous avons repris contact et il m'a proposé un job qui risque fort de changer ma vie. Il veut renforcer la sécurité des siens et souhaite m'engager pour assurer personnellement la sécurité de son épouse. Refuser serait suspect. Accepter risque de me mener à ma perte. Il faut bien mourir de quelque chose, j'ai perdu ma femme, mon fils, je vais faire en sorte que Mateo ne perde pas sa famille. Me retrouver aussi près de Chayra me terrifie mais retrouver la première femme qui a touché mon cœur, c'est une seconde chance à côté de laquelle je ne veux pas manquer.