Tara Kane ∞ I'm back, watch yours !

Il était une fois… Que dalle mon histoire n'a rien d'un conte de fées alors on oublie toutes ces conneries et on reprend. Un jour de pluie en septembre à Detroit, ça pose déjà bien les bases pour une existence qui n'a rien de celle d'une princesse. Une mère addict qui a fait une overdose quelques jours après ma naissance, un père ... sans doute parce que biologiquement il en faut bien un, mais vu la toxico qu'était ma mère on n'en saura jamais rien. Bienvenue dans le monde Tara ! J'ai grandi en étant baladée d'une famille d'accueil à l'autre pour finir en foyer à partir de mes cinq ans. Quand on me demandait ce que je voulais faire quand je serai grande je répondais : sauver le monde, ou actrice autant dire qu'on me regardait en souriant, la tête penchée sur le côté en pensant ce qu'elle est mignonne mais elle rêve la petite ! Detroit, orpheline, foyers, inconsciente, allez on suit un peu …

Vous vous demandez si j'ai réussi à devenir actrice ? Oui parce que clairement si vous vivez dans le même monde que moi, vous savez que pour ce qui est du sauvetage, c'est pas au point ! La réponse est non. J'ai bien fait quelques pièces de théâtre à l'école, on m'a dit que j'étais douée pour ça, sans doute le seul domaine dans lequel je me démarquais, ça et sécher les cours. Pour faire quoi quand on est ado ? Rien, trainer dans les rues avec des potes, faire des conneries, la vie de paumés à qui papa et maman ne payent pas de cours de tennis ou de piano après l'école.

C'est le jour où j'ai vu un de mes potes se faire descendre devant mes yeux et que les flics ont mis plus de quarante cinq minutes à arriver que j'ai décidé que je voulais changer les choses. On vivait dans des quartiers gangrénés par la violence, la drogue et le manque de fric mais c'est pas une raison pour que les flics ou une ambulance mette quarante cinq putain de minutes pour arriver. Le jour de ses funérailles j'ai poussé la porte du commissariat de mon quartier, j'ai demandé ce que je devais faire pour m'engager dans la police, j'étais encore trop jeune forcément, mais j'ai décidé de prendre de l'avance dans certains domaines. Sports de combats, maniement d'un flingue, oui je vous ai dit que je venais d'un quartier qui craint dans une ville pourrie vous pensiez quand même pas que j'allais aller au stand de tire pour m'entrainer ? Tirer sur des cannettes vides sur un terrain vagues c'était déjà pas mal. J'ai toujours fait attention de pas me faire embarquer par les flics dès que j'ai eu seize ans, on sait jamais, que ce soit noté sur mon casier et qu'à cause de ça je puisse pas entrer à l'école de police ça aurait été con.

Vingt et un ans, enfin, je suis arrivée jusque là vivante c'est déjà une première victoire, avec quelques cicatrices, personne n'est parfait, mais au moins je me suis jamais fait cogné par mes partenaires, le fait que je sois capable de me défendre ça refroidissait un peu. Durant ma première année à l'académie j'étais encore une idéaliste, je pensais que j'avais enfin trouvé ma place ou que j'allais me la faire. On nous parlait de la grande famille de la police, qu'on se serrait les coudes. Bullshit ! Ok tout le monde n'est pas pourri, mais en tant que femme, métisse, bisexuelle je m'en suis mangée des remarques, des intimidations. Ils ont pas compris qu'essayer de me mettre des bâtons dans les roues c'est le meilleur moyen pour que je donne mon maximum. Je suis rancunière alors être un bon élément, une femme canon et qui en plus se tapait plus de partenaires féminines qu'eux, c'était un plaisir pour moi de les faire rager.

Après deux ans, ma copine de l'époque s'est fait la malle, elle m'a pas vraiment dit pourquoi elle est juste partie, la connaissant je pense que le fait que je sois entrée dans la police, qu'elle s'inquiète pour moi constamment, qu'elle se demande chaque matin si c'est la dernière fois que je rentre, je peux pas lui en vouloir. Mais c'est quand elle est partie que j'aurais eu besoin d'elle, j'aime pas montrer mes faiblesses mais quand un de mes collègue s'est montré trop entreprenant, que j'ai eu beau lui faire comprendre que lui et moi ça n'arriverait jamais, je pensais qu'il laisserait tomber et passerait à autre chose. Tu parles ! Ce mec se prenait pour le nombril du monde alors que je le repousse il a pas supporté. Fini la belle famille de la police, quand ce porc m'est tombé dessus et m'a violée dans les toilettes d'un bar, je pouvais entendre ses potes se marrer de l'autre côté de la porte. Déposer plainte contre un collègue, je vous explique pas la paperasse, et forcément à leurs yeux c'était moi qui l'avait cherché parce que ce connard était un gradé qui avait des contact alors la jeune flic qui s'attaque à lui, c'est forcément faux. J'ai pas lâché, j'ai cherché à être mutée ailleurs et on m'a fait comprendre que j'aurais du fermer ma gueule en m'envoyant au trou du cul du monde. Glasgow, Montana, population de même pas quatre mille habitants, c'est sûr que ça m'a changé de Detroit ! J'y suis restée deux ans. Deux ans durant lesquelles j'ai eu le temps de préparer le concours pour passer au grade de détective. Le shérif était une femme et le genre de personne qui vous redonne de la confiance en la profession, qui bien que vivant dans un trou perdu sait quand quelqu'un est fait pour ce job. C'est elle qui a tiré les ficelles pour que je sois mutée à Los Angeles.

Six ans à parcourir les rues, à bosser autant sur les affaires de drogues, les crimes, l'action tout ce que j'aime. Vous savez ce petit caillou que vous avez dans votre chaussure, c'est moi. Tu me cherches, je me fais un plaisir de te pourrir la vie, la collègue qui réagit au quart de tour, qui n'hésite pas à coller un suspect au sol dès qu'il se montre un brin récalcitrant, j'ai bossé avec des mecs qui me montraient qu'ils étaient des brutes. Je me suis adaptée, j'ai pris des coups, j'ai pris une balle, dans mon gilet on se calme sinon je serais pas là pour vous le raconter, vraiment faut suivre ! J'ai dérapé parfois, tabassant un peu trop un suspect pour le faire parler, j'ai eu quelques blâmes, quelques aventures avec des collègues aussi, mais ça c'est le moindre mal. Je suis devenue une flic qui fait son job, le fait bien, la plupart du temps on s'entend et qui obtient des résultats, la flic qui n'est pas que le canon de la brigade mais qui botte les culs qui ne la respectent pas.

Un matin mon chef me fait venir dans son bureau, une mission particulière, on a besoin de quelqu'un comme moi pour bosser sous couverture et infiltrer un gang de rue à San Diego. Pourquoi moi ? Parce que j'ai le background pour, parce que je manie aussi bien le flingue que mes poings, que je conduis une moto et que je suis la plus, c'était quoi le terme qu'il a utilisé déjà ? celle qui a le physique le plus attrayant. Mais j'ai apprécié qu'il mentionne ce point en dernier. J'allais devenir une barmaid et escort, ha bah voilà pourquoi mes collègues avaient été recalés pour le poste, et essayer de me fondre dans ce gang, recueillir des infos sur la production et livraison de cette drogue qu'ils avaient lancée : la Halloween. Je suis partie pour San Diego et je suis devenue Sky.

Nouvelle identité, nouvelle ville, je repartais de zéro encore une fois. Je connaissais personne, personne pour griller ma couverture, enfin non c'est pas tout à fait vrai. Il y a ce mec avec qui j'ai bossé sur quelques intervention, son unité était venue en renfort à L.A. à plusieurs reprise et on a sympathisé, un peu plus même. Il est le seul que j'ai contacté, je lui ai pas expliqué ma mission je lui ai juste dit le stricte minimum pour pas qu'il grille ma couverture. On a renoué contact, et je suis bien avec lui, j'ai l'impression de pouvoir respirer, baisser ma garde quand je suis avec lui. Ouais ok je l'ai dans la peau c'est bon on a compris, ça fait un peu plus de dix ans que j'avais pas eu de vrais sentiments, j'ai le droit quand même !

Ça fait deux ans que je joue ce double jeu, enfin non, la plupart du temps je suis Sky et même si aujourd'hui ma situation me plait, tout ne s'est pas passé comme je le pensais. Loin de là. J'ai réussi à entrer dans le gang, j'ai réussi à m'y faire ma place, à nouer des contacts. Tout en ayant des briefings avec mon référant à la police de San Diego. Mais il a été trop loin, cela faisait presque un an que j'étais sous couverture, à quelques semaines près. Il a débarqué je ne sais comment dans une soirée à laquelle je participais en tant qu'escort, il a voulu se mettre à l'écart avec moi, j'ai pensé qu'il y avait un problème, qu'il venait m'avertir qu'on m'avait grillé ou je ne sais quoi. Non il voulait juste sa part, ça devait plus lui suffire de juste me reluquer. J'ai tenté de me défendre mais il m'a eu par surprise, le cauchemar recommençait et lorsqu'il m'a jetée sur le lit et m'a prise de force cette fois je savais que j'avais des alliés dans la pièce d'à côté, j'ai hurlé à m'en déchirer les poumons autant pour appeler à l'aide que parce qu'il me faisait mal. Tout s'est passé vite et bientôt il était allongé sur le sol la gueule en charpie. On m'a prise en charge, on m'a emmenée à l'hôpital, c'est ce soir là que j'ai réalisé que ma véritable famille ce n'était pas celle de la police, c'était celle que j'avais infiltrée.

J'ai retourné ma veste. La confiance a mis du temps à s'installer pour de bon. Pour la police je suis toujours une détective de la brigade des mœurs sous couverture dans un gang. Mais je suis devenue une membre des Hellhounds qui infiltrait les rangs de la police et tentait par tous les moyens d'avertir les miens pour éviter qu'ils ne trinquent. Et pour ne pas arranger les choses, moi qui n'aimais pas les relations sérieuses, ça fait deux ans que mon cœur appartient à un flic, le seul en qui j'ai encore confiance et qui me l'a prouvé que je pouvais compter sur lui à tout moment. Et puis ce jour de février tout est parti en vrille, l'entier du conseil avait été exécuté au Down, tout le monde a pensé à un coup des Russes et on a mis le cap sur le Cosmo, ce jour-là il n'y a plus eu aucun doute, quand j'ai buté ces gars pour couvrir McNamara et Frost, moi, avec le sang de flic qui coulait dans mes veines, j'ai tué de sang froid des gars que ne connaissais pas pour sauver les miens.

Prendre la fuite, ok pour les miens c'était pas sympa de les lâcher mais si je voulais pas finir en taule j'avais pas le choix. Stan m'a prouvé à quel point il m'aimait en partant avec moi sans réfléchir une seconde, on est parti à l'autre bout du pays, on s'est planqué quelques temps, on s'est marié, un mix entre Roméo et Juliette et Bonnie & Clyde. Il a finalement pris contact avec ses supérieurs en qui il avait une entière confiance, on a tout balancé, à part le fait que j'étais une Hounds désormais, on a pu conclure un accord, j'étais déchue de mes fonctions de flics, je n'avais plus de carrière, pas de pension, plus rien, mais de cette manière j'évitais la taule. J'ai signé, et on est revenus en Californie, retour aux sources, à L.A. Et puis il y a quelques moi il m'a parlé d'une mission sensible, qu'il y avait bien plus de danger que d'habitude, j'ai su. J'ai su que j'allais le perdre. C'est dans une boîte qu'il est revenu, enterré avec les honneurs, un héros tombé au combat, grâce à lui tout un réseau de trafic d'être humain a été démantelé mais lui y a laissé sa vie.

J'ai trente-sept ans, je suis veuve et je ne sais pas ce que je vais faire de ma vie désormais. Il y a quelques jours j'ai reçu ce message de Rowan. Elle sait que mon numéro n'est que pour les urgences et en lisant ses mots j'ai compris que quelque chose se passait à nouveau à San Diego, j'ai décidé d'y revenir. Si les miens ont besoin de moi, je serai là !