Il est temps de remettre de l'ordre || Hamsa & Luciana

Je ne suis pas venue ici à San Diego pour faire du tourisme, mais bel et bien pour remettre de l’ordre dans nos rangs. À mes yeux, Jose a beau avoir gagné la confiance de mon père depuis des années il ne gère pas nos affaires comme elles doivent l’être. Sa vision est archaïque et si nous suivons ses plans, nous allons droit dans le mur. Ça fait bien longtemps que je le vois, mais il fallut du temps pour convaincre mon père qu’un de ses plus vieux et fidèles amis merde en beauté. Il aura fallu que cette Américaine, Eve Rhodes chirurgienne respectée de surcroît se fasse enlevée par nos hommes par “erreur” soi-disant et qu’elle leur échappe pour que mon père m’écoute enfin. Jose est dépassé et doit céder la main, il doit me céder sa place, laisser la nouvelle génération prendre les choses en main. Se faire écarter par une femme qui a presque l’âge d’être sa fille est particulièrement dur pour sa fierté, mais je ne lui laisse pas le choix. Pour lui, c'est un retour simple au Mexique… Il a de la chance d’être encore en vie. Si je révélais à mon père tout ce que j’ai appris sur son compte ici, je pourrais l’enterrer définitivement. Pourquoi est-ce que je ne le fais pas ? Pas par pitié, ni par respect… je n’ai pas pitié de cet homme, non. Ce n’est clairement pas mon genre, je considère seulement que pour l’instant, il m’est plus utile en vie que l’inverse. Ce petit détail peut changer et basculer à chaque instant.

Lorsque j’ai récupéré son cellulaire crypté, je l’ai épluché pour en connaître sur le bout des doigts les moindres détails. J’ai épluché son répertoire, me renseignant sur chacun de ses contacts. Je veux absolument tout savoir pour redresser la situation de manière durable et solide. Nos liens avec la DEA sont primordiaux. Parce que oui, évidement que nous y avons nos sources et nos entrées, et elles doivent être bichonnées et traités avec la plus grandes attentions. On ne mord pas la main tendue qui peut aussi bien nous sortir de la merde que nous y enfoncer. Hamsa Sahraoui lieutenant à la DEA, Jose doit le rencontrer ce soir même. Je ne sais cependant pas encore ou, je recevrais l’adresse au dernier moment pour des raisons de sécurité évidente. C’est lui qui mène la danse, pas nous, en agissant ainsi il se place en maître du jeu et je dois me plier à ses règles. Il s’attend cependant à trouver Jose ce soir, l’effet de surprise peut être à mon avantage comme le contraire, mais je suis prête à courir le risque. Lui dire que Jose n’est plus de la partie maintenant c’est prendre le risque qu’il annule tout et je ne peux pas me le permettre. D’autant plus avec ce qui s'est passé dernièrement avec l’enlèvement de cette chirurgienne, je dois savoir ce que les forces de l’ordre ont sur cette affaire.

« Ting » Mon téléphone sonne. Une adresse. Une heure précise. Pas plus de détails, mais je n’en ai pas besoin. J’attrape mes affaires et me rends sur les lieux sans attendre, je n’ai pas de temps à perdre et arriver en retard n’est pas une hypothèse acceptable. Un bâtiment désaffecté dans un quartier à l’extérieur de la ville. Je me gare devant après avoir vérifié que je suis au bon endroit. J’inspire profondément avant de sortir pour m’engouffrer dans le bâtiment. Je n’ai pas pris ma voiture habituelle, trop voyante pour le quartier, j’ai pris la voiture de monsieur et madame tout le monde afin de ne pas attirer l’attention. Pas certaine que mon prédécesseur prenait autant de peine, il aimait qu’on le remarque, et ce, peu importe le conséquence. Bref, je monte les escaliers, jusqu’au dernier étage, mes talons claquent et raisonnent dans le bâtiment, et à moins que Jose est changé de look, il doit certainement se douter que je ne suis pas la personne qu’il attend. Les mains visibles devant moi je m’avance en direction de l’homme dont j’aperçois à présent nettement la silhouette. J’affiche un sourire, m’amusant de l’effet de surprise que je dois faire.

« Drôle de lieu de rendez-vous… Choisissez un meilleur quartier la prochaine fois. J’espère que je ne me ferais pas tirer ma voiture… » Le ton de ma voix et léger, un brin amusé. Je m’arrête à quelques mètres de lui. Je ne suis pas armée, et vu la tenue près du corps que je porte, il peut que le remarquer. « Pardonnez mon impolitesse. Luciana Castillo, C’est moi qui reprends les choses en mains. » Je lui tends une main polie en guise de salutation avant de reprendre mon regard vissé dans le sien. « Jose qui a dû quitter la ville de manière soudaine et… précipité. »