Le sang à ses raisons et l'attachement aussi (Axenzo)

Offrande

La Trattoria, ce restaurant Italien qui se trouve à la jonction de la rue où se trouve ma boutique d’Antiquité et le quartier du bord de mer. Ce point précis où deux populations d’une même ville se retrouvent et se mélangent. C’est sur cette terrasse en bois délicieusement décorée de feuilles de vignes que je l’attends. Je porte un costume bleu marine et une simple chemise blanche sans boutons en haut et sans cravate. Je me suis installé à l’ombre le dos contre le mur de telle sorte que je puisse balayer du regard toute la terrasse et la rue. Je ne tourne pas le dos et je m’arrange toujours pour prendre la place qui m’arrange. Sirotant un verre de vin blanc de « Scala Fenicia » c’est un vin de Capri qui présente des arômes d'abricots et de citrons, complétés par d'autres nuances fruitées. Il n’a rien de cher ni de luxueux. Il a le gout de l’Italie et de Capri. C’est une madeleine de Proust. Je le sirote alors que trône sur la table un petit coffret de bois légèrement brunie et patinée. Il est tapissé de velours matelassé Violet typique de Florence d’où vient ce magnifique Stiletto. Une œuvre d’art du 17ᵉ siècle patinée par le temps et qui résonne de son histoire, tout est expliqué dans ce petit document que j’ai joint au coffret avec la certification authentique. C’est une œuvre magnifique que j’ai acquise lors d’enchères par internet. Je connais le gout affirmé d’Axel pour ce genre de choses, et même si je suis en avance de presque deux mois sur son anniversaire, je sais que je serai incapable de garder le secret et de ne pas lui offrir ce petit bijou d’histoire. Je suis calme et je déguste mon verre. J’aime être en avance.

J’observe ce petit couple, le mec en fait des caisses derrière ses lunettes aviateurs pour se donner un style italien afin d’impressionner cette nana toute refaite et trop maquillée qui papillonne du regard en se disant qu’elle va vivre une vie de princesse et lui qu’il est suffisamment habile pour pouvoir la baiser… Plus loin j’observe la foule et ces gens qui vont vers la plage pour profiter du soleil le temps du repas de midi et ceux qui vont profiter d’une journée de congé. Il fait beau, chaud et l’ambiance de la rue est presque feutrée. C’est alors que je le vois approcher.

Je souris parce qu’il me rappelle Luis. Axel ressemble de plus en plus à son père. En terme de physique, de posture, de manière de bouger. Pour les yeux il a le regard de sa mère. Souriant, je me lève et lui tends la main pour le saluer avant de l’attirer contre moi pour une accolade. Je me détache et lui pose la main sur la joue pour mieux le regarder.

« Tu as l’air en forme mon grand. Installe toi, tu veux boire quelque chose ? »

Je l’attendais pour commander. Restaurant italien, la Trattoria possède une carte typique sans toute cette prolifération de fromage propre aux américains… On peut même avoir des planches pour picorer ou des antipastis. Je m’installe et d’un geste j’invite le serveur à venir prendre la commande de mon neveu de cœur. Comme le coffret est devant lui, je lui indique de l’ouvrir d’un signe de tête ne parvenant que difficilement à cacher mon petit sourire.

Aujourd’hui je ne travaillais pas. Bon sang je n’allais pas m’en plaindre. Et quoi de mieux pour ce jour que de se faire inviter à boire un verre et plus encore à manger.
Le bon vieux tonton Vince voulait que je me déplace et je n’allais pas déroger à la règle. Avec le “travail” et les récents soucis que j’avais traversé, je n’avais pas franchement pris le temps de prendre le temps justement et d’en jouir.
Tu faisais partie de la famille depuis tellement longtemps que tu étais de ceux que je pouvais compter comme proche de moi. Tu étais comme cette figure paternelle qui me manquait. Tu remplissais cette place malgré moi, malgré toi. C’était comme ça. Et c’est ce qui faisait du bien moralement.

La Trattoria. Je connaissais un peu cet endroit. Si je me souvenais bien, il n’était pas loin de ta boutique d’Antiquité. Boutique que j’affectionnais particulièrement je devais admettre. Sous mes airs de “méchant” de la nuit, je cachais de petites passions que je me gardais bien d’étaler aux yeux du monde mais toi c’était différents. Au même titre que ma petite soeur bien entendus.
Dans une tenus très décontracté, j’avais pris soin de garer ma cylindré convenablement. Je jurais avant de la quitter, que le premier qui l’as touché aurait à faire à moi.

Mes lunettes sur le nez, mon casque à la main, je déambulais tranquillement dans les rues chaude de la ville. Croisant ceux qui allaient à la plage, d’autre qui faisaient simplement du shopping, je prenais un certain plaisir à être là pour une fois. Véritablement aujourd’hui, je tranchais avec mes habitudes. Tee-shirt sur le dos, j’arrivais enfin prés de la terrasse de ce restaurant connus. Lorsque je te voyais, je ne pouvais que sourire. C’était toujours un réel plaisir de passer du temps avec toi. Entre mec comme j’aimais souvent le dire.

- Le plus beau arrive.

Taquin avec ceux qui me connaissais si bien, je pénétrais sur la terrasse face à cette homme important que tu étais pour moi. Ta main tendus, je l’empoignais à mon tour généreusement et avec cette attitude virile dans un premier temps. Mais bien vite, une accolade naissait avant que je ne lâche un rire amusé.

- Je suis content de te voir moi aussi.

Ta main à ma joue, je te regardais droit dans les yeux. Tu me le disais régulièrement que je ressemblais à mon père. Et c'était pour moi une très grande fierté. Quant à toi.. Toujours aussi classe, toujours aussi en forme et toujours aussi bel homme. Riant un peu, je répondais.

- Je me maintiens mais toi aussi, tu as l’air en forme quoi que… Ce n’est pas des cheveux blanc que j’aperçois là?

Souriant en coin, je t’offrais une tape dans le dos avant de rire et de prendre place. Posant mon casque à mes pieds, je frottais mes mains avant de regarder la consommation que tu avais pris mais aussi cette boîte présente devant mon nez.

-Qu’est ce que c’est que cette fantasy mec?

Remplis d’interrogation, je te regardais d’une manière assez suspicieuse. Au même moment le serveur se pointait et je lui demandais simplement la même chose que toi. Puis j’ajoutais, toujours sur ma lancé.

- Monsieur a fait des folies?

Assez surpris de la chose, tu me demandais de l’ouvrir de part tes manières silencieuses. M'exécutant, je retirais le petit loquet de la boîte et l'ouvrais.

-Oh..

Ma bouche restant légèrement entrouverte, ce que je découvrais me plaisais énormément. Mais rapidement je te regardais.

-Mais pourquoi?! Raconte-moi son histoire et dis moi ce que c'est..

Des étoiles dans les yeux, j'osais à peine le toucher de peur de le casser. Ma curiosité piqué à vif, j'avais ce sentiment agréable de retomber en enfance. Le petit garçon qui sommeillait en moi se révélé en cet instant.

Luis… Comment aurais-je pu penser mon ami qu’en devenant le protecteur de tes enfants je tombe sincèrement amoureux d’eux. Je pourrais mourir pour eux et si je me berce d’illusions concernant Izia, pour Axel, c’est sans appel. Je l’aime comme un fils. Si j’avais dû avoir un enfant je crois que j’aurais aimé que ce soit lui et pas un autre. Je veille et je le laisse faire ses trucs. Je connais Axel et je sais ce qu’il trafique et avec qui il fraye. Mais je suis comme un père se tient derrière son enfant qui fait ses premiers pas. Je me tiens prêt au cas où mais jamais je n’interviens sauf en cas de vrai danger. Alors quand il arrive et me salue chaleureusement je dois avouer que je sens mon cœur battre et que j’ai presque une fierté mal placée en réalisant qu’il est mon fils pour moi et que je l’aime au-delà de tout sens commun. Il déclare que le plus beau arrive et je souris.

« En effet il vient d’arriver »

Puis je lui fais ce geste que j’ai toujours eu avec lui parce que j’ai ce besoin de regarder ses yeux. Ce sont eux qui me disent s’il va bien ou non. Et il ne peut rien me cacher. Plus jeune j’avais décelé cette bêtise qu’il avait fait et je l’ai aidé à réparer dans le dos de ses parents. C’est resté notre secret… Juste à nous. Il rit de bon cœur et me dit qu’il se maintient et que j’ai l’air en forme avant de me taquiner sur mes cheveux blancs. Mon sourire s’élargit. Je ne me fâche jamais. Du moins pas officiellement. Je souris énormément quoi qu’on me dise ou quoi qu’il se passe.

« Tu as une bonne vue, je ne peux plus dire que je grisonne… Je serai bientôt plus blanc qu’un jour de neige… »

C’est l’ordre des choses et puis les cheveux blancs ça donne un vieux côté qui fait qu’on me verra moins dangereux que je ne le suis vraiment et ça… C’est un avantage non négligeable… Axel est de bonne humeur et prend place. Il se retrouve face au coffret et je jubile intérieurement. Le serveur arrive et Axelle prend la même chose. Je glisse au serveur de nous amener directement la bouteille pour qu’on la termine et de faire amener la carte. Axel me demande si j’ai fait des folies et je fais non de la tête. Il ouvre et trouve la magnifique pièce de collection dans son étoffe pourpre et paré de sa patine qui fait son charme, son âge et toute sa valeur. Je déguste l’expression du visage de mon neveu avec une délectation non feinte. J’aime lui faire plaisir. J’aime accrocher un sourire sur cette gueule d’ange et j’aime voir ces beaux yeux briller de plaisir. Il me demande de lui expliquer et je tourne vers lui doucement le certificat que j’ai fait faire et tout un explicatif historique de cette dague, ce que j’ai appris de son passé, de ses détenteurs et de comment je l’ai obtenue.

« C’est un Stiletto du 17eme siècle. À sa patine s’ajoutent des traces résiduelles de sang. Il appartenait à Alberto di Giacomino, un Lombard entré au service de la famille de Médicis et de sa dernière représentante. Les Habsbourg ont régné pendant un siècle sur Florence et cet Alberto avait tué un duc qui avait terni l’honneur de Marie de Médicis sa maitresse. Il a tué le Duc Habsbourg en duel en utilisant ce Stiletto. C’était sa technique révolutionnaire pour l’époque de combattre avec une dague en plus de la rapière. Il l’offrit à Marie de Médicis et s’en alla à la mort de cette dernière. Des ouvrages raconte que ce duel a permis aux maitres d’armes Espagnols de créer ce fameux style d’escrime à la rapière et à la Dague de main gauche… Si tu as vu le film « capitaine Alatriste » tu dois pouvoir identifier de quoi je parle… »

Je souris et le serveur nous ramène un verre plein pour Axel et me dépose la bouteille avec les cartes. Je sais quoi prendre : gnocchi а la Sorrentine. Je reste attaché à la cuisine de Capri et du Sud. Je laisse Axel assimiler l’histoire, la dague, consulter s’il le veut le dossier et je me ressers du vin avant de poser la bouteille pendant que le serveur repart pour nous laisser choisir. Je prends mon verre et fait tourner doucement le vin pour libérer les arômes.

« La dague avait été récupérée par un Habsbourg qui l’a transmis et revendu ça et là à différents collectionneurs. Un de mes fureteurs l’a trouvé dans un vide-grenier. Il l’a identifié par la petite marque à la base de la garde. Il en a donné un excellent prix et a fait identifier. J’ai acheté la dague et j’ai fait restaurer par un ami qui a remis tous les éléments en place sans altérer la qualité ni dénaturer la valeur des matériaux de base. »

J’avale une gorgée en souriant et repose le verre avec un sourire.

« Joyeux anniversaire en avance mon grand. »

Je réagissais véritablement comme un enfant. Comme ce petit être que j’avais été tant d’année en arrière. Les yeux pétillants, j’osais à peine toucher cet oeuvre d’art. Émerveillé, je me montrais attentif à tes explications. Écoutant chacun de tes mots, je m’emparais du certificats d’authenticité et un petit dossier explicatif de son histoire.

- Je n’y crois pas. Tu est complétement taré!

Je ne savais pas quoi dire d’autre. Je ressentais tellement de choses que y mettre le doigt en serait compliqué. Prenant la dague avec grand soin, je l’auscultais méticuleusement. Les détails étaient fou tout comme le travail de restauration.

- Ils étaient extrêmement visionnaire à l’époque. C’est ce qui rend chaque découverte assez stupéfiante d’ailleurs.

Un verre de vin m’était servis et la bouteille restait sur la table. Posant la dague dans son écrin, j’entendais le reste de tes explications. Je prendrais encore plus de temps à lire ton dossier à la maison c’était clair. Entendant pour finir qu’il y avait encore des traces de sang, mes yeux se mettaient à en chercher les marques. Une fois trouvé, je jubilais intérieurement. Ca ajouté bien plus de valeur que beaucoup pouvait le penser. Buvant une longue gorgée de ce vin, j’en lâchais un gémissement de plaisir, avant de reposer le verre.

- Aussi délicieux que ce bijoux.

Avouais-je rapidement avant d’ajouter extrêmement touché.

- Merci beaucoup Vince, tu n’aurais pas dû. Ca a dû te couter un bras et je ne sais quoi d’autre.

Tout en te regardant dans les yeux, je me sentais extrêmement chanceux. Même si j’avais beaucoup perdus par le passé, je n’en étais que des plus fort aujourd’hui et c’est aussi grâce à toi et à ta présence constante. Véritable figure paternelle depuis ces dernières années, je ne savais pas vraiment ce que je serais devenus sans ta présence, ton soutiens. Pilier de ma vie tout comme Izia, j’aurais sans doute pété une durite. Quoi que la durite j’étai entrain de la pété. Du moin j’en étais à la limite. Telle une cocotte minute je rencontrais de grande difficulté en ce moment et ce cadeau bienveillant de ta part me faisait du bien.
Refermant le coffret avec douceur, je jurais de prendre soin de ce présent avec le plus grand sérieux. Prenant de nouveau mon verre je trinquais délicatement en cognant mon verre contre le tiens.

- A cet homme exceptionnel qui se trouve en face de moi. A cet homme, que je considère comme ce père que je n’ai plus.

Tout en t’offrant un clin d’oeil, je vidais mon verre tout en prenant un peu de ce temps pour savourer les arômes de ce doux breuvage. Je n’étais pas fort pour les déclarations. Les dernières que j’avais faite à mon ex-épouse avait eu le don de me mettre sur le tapis. D’ailleurs je ne savais pas vraiment comment aborder ce sujet. Oh je n’avais aucun doute sur tes capacités à m’aider tout comme me soutenir. Depuis la mort tragique de mes parents tu avais toujours était là. Peu importe le temps, peu importe l’heure, tu avais toujours été présent. J’irais même plus loin, je savais que malgré mes affaires, tu avais cet œil bionique qui me surveillé en tout temps. Je n’étais pas née de la dernière pluie pour ça.

Perdus dans mes pensées, j’attrapais la carte des menus afin de choisir ce que j’allais me mettre dans l’estomac. J’étais passé maître dans le faite de cacher mes émotions, dans le faite d’enfouir ce qui n’allait pas au creux de moi. Mais devant toi, devant tes yeux de glace et ce père que tu étais, c’était différents. Alors que le serveur arrivait, je lui tendais la carte en lui disant de me mettre le plat du jour. Je n’avais pas vraiment regardais ce que la carte pouvait me proposer. Non j’étais tiraillé et ce poid qui n’avait jamais eu de cesse de grandir en moi commencé véritablement à me peser.

- Je suis vraiment content d’être là avec toi. Faudra qu’on se fasse une petite viré la prochaine fois tu ne crois pas? J’ai toujours voulus voir ton cul sur une deux roue.

Rigolant de mon air taquin, je poursuivais.

-Non plus sérieusement, j’aimerais te parler de quelque chose que j’ai du mal à supporter. Au risque de me faire passer pour un pleurnichard de première.. Bon après si tu te moque, je promet de t’arracher chaque cheveux blanc que tu as sur le cailloux..

Souriant en coin face à ma connerie, je prenais un air sérieux et douloureux. Posant mes coudes sur la table, je glissais mes mains sur mon visage puis dans mes cheveux. Silencieux pendant quelque seconde, je soufflais avant de dire.

- Il y a 3 jours, ma livraison ne c’est pas super bien passé avec les Bratva.. La finalité de la chose c’est que je suis tombé nez à nez.. avec mon ex-épouse..

Laissant un faible sourire étirer mes lèvres, je pinçais ses dernières en finissant par me plonger dans le fond de mon siège. C’était trop. Beaucoup trop à supporter.

Axel et Izia sont une promesse que j’ai fait à leur père. Ce sont ses deux trésors les plus précieux et je paye ma dette de vie en veillant sur eux. Et je le fais avec un plaisir immense même si ces deux oiseaux ont un peu tendance à me compliquer la vie… C’est peut-être pour ça d’ailleurs que j’ai des cheveux aussi blancs… Je dois avouer que malgré tout, je suis enchanté de faire plaisir à Axel. Et pour moi, les antiquités précieuses ont une vertu assez efficace. Il suffit parfois de s’en défaire auprès du bon acheteur pour se débloquer un peu de liquide rapidement et intelligemment. Il n’existe aucun moyen de réellement tracer l’appartenance à ce genre d’objets donc c’est un moyen pratique d’avoir du liquide et dans mon cas, d’acheter une arme non tracée et de l’utiliser comme j’en ai besoin ou alors pour disparaitre… Bref c’est un investissement intéressant et nul doute qu’il saura quoi en faire même si une partie de moi prie pour qu’il ne décide pas de s’en servir comme arme d’appoint en cas de soucis… Oui je sais ce que fais Axel et il ne s’en cache pas. Nous nous sommes mis d’accords sur le fait que pour l’aider il faut que je sache des choses… Alors il me raconte, je connais ses habitudes et ses affaires et je le conseille au mieux. Parois même, j’assure un peu ses arrières sans qu’il le sache. Ce n’est pas prudent ni pour lui, ni pour moi, ni pour la Cosa ni pour Izia… Mais même elle, on ne peut pas dire qu’elle soit du genre à éviter les emmerdes… Et j’en sais quelque chose… C’est très peu dire que d’avouer qu’elle tient mes couilles dans ses mains car elle a plutôt un flingue chargé directement pointé dessus et elle ne tire pas… Pas depuis 6 ans en tout cas…

Axel porte un toast qui m’arrache un rire gêné et fier à la fois. Je ne suis pas homme à dire je t’aime même si j’aime ce garçon comme si j’avais eu l’honneur d’être son père. Et quand il me rappelle qu’il me considère comme son père aujourd’hui encore… J’ai mon cœur qui se remplie d’une étrange et douce sensation de chaleur qui se répand en rayonnant dans tout mon être. Finalement quand le serveur arrive, Axel n’a rien choisi et prend le plat du jour. Je prends évidemment mes gnocchi а la Sorrentine. J’espère que le cuisinier aura eu la bonne idée de préparer ce merveilleux parmesan avec du basilic. C’est un délice et ça relève tellement bien ce plat divinement réalisé par ses soins. J’en frissonnerai de délice si Axel ne venait pas de me balancer une pique au sujet de me voir sur un deux roues.

« Aussi vous que ça puisse sembler j’ai été jeune… Et en Italie la Vespa est une religion… »

Je souris pour lui éviter le « petit con » qui serait parfaitement venu ponctuer la fin de ma phrase. Mais je ne lui ferai pas ce plaisir. Surtout qu’enfin il se livre. J’ai pu voir dans son attitude cette étrange sensation qu’une chose lui pesait fortement sur le cœur. Mais la règle avec ce jeune homme est de ne jamais vraiment pousser. Il doit se livrer lui-même. Pas de se sentir forcé. Je prends mon verre et décide de lui dire sur un ton sérieux.

« Je tiens à mes cheveux même s’ils sont gris… Raconte-moi. »

Ainsi je lui promets de ne pas me moquer. Non c’est même plutôt l’inverse. J’aurais tendance à beaucoup m’inquiéter pour lui et pour ce que ses « soucis » peuvent impliquer parfois… Je le regarde sirotant mon vin alors qu’il me raconte. Comme toujours il est… Vague. Et quand je me mets en mode boulot j’ai besoin de pertinence et de concret. Des faits, pas des ressentis…

« Tu entends quoi par pas super bien passé ? Dans quelles conditions tu es tombé nez à nez avec Alexis ? »

Trois jours… Donc il a attendu trois putain de jours avant de m’en parler… Je commence à regretter de ne pas être sorti avec mon arme de poing… Je le regarde se calfeutrer au fond de son siège comme un enfant pris à faire une connerie… Sauf que j’ai besoin de savoir si je dois le planquer des Russes en allant « réparer » son erreur ou planquer Izia pour éviter les représailles ou m’attendre à une rafale de Kalashnikov rouillée tirée a bout portant par un obscur russe sorti de prison y’a deux minutes ? Bordel… Il ne peut pas garder le silence après m’avoir balancé un truc pareil. J’ai besoin d’infos et pas dans 4h…

« Axel… »

Il doit me répondre mais la serveuse revient avec son plat du jour et mes Gnocchis… Je ne bronche pas et ne cesse pas de le fixer. Je reste calme et lisse ne montrant jamais ce que je ressens, mais, là, le danger est potentiellement réel et il a déjà beaucoup trop tardé à m’en parler… Je commence à sentir l’inquiétude pointer son nez et malgré l’odeur alléchante de mon plat je commence à me dire que je n’ai pas tellement faim…

Ton ton sérieux me poussait un peu plus à me livrer. Je décelais parfaitement ton inquiétude et je la comprenais. En étant ce que j’étais, je me livrais peu ou du moins lorsque j’en ressentais le besoin. Et en abordant le sujet de moi même, je voulais un peu libérer de ce poid qui me bouffer depuis plusieurs jours maintenant. Tu abordais les premiers traits de la situation et tu voulais savoir ce qu’il en était. Quoi de plus normal, tu avais besoin de tout les éléments possible.
M’enfonçant dans mon siège, je soupirais davantage lorsque tu prononçais mon prénom. Grimaçant, je ne pouvais pas vraiment faire marche arrière.

- Je t’arrête tout de suite, je n’ai fait aucune erreur. Je…

Coupé par l’intervention de la serveuse, cette dernière nous apportez nos repas. Quoi qu’il en soit la discussion qui allait suivre n’allait pas me donner envie de manger pour le moment. Rapprochant mon siège de la table, je réduisais la distance entre nous pour avoir une certaine intimité. Je n’avais pas vraiment envie que mes affaires soient étalé à des oreilles innocente.
Attrapant mon verre de vin, je te regardais subitement.

- J’ai fait comme d’habitude. L’heure pour livré avec la Bratva à été fixé à minuit dans un coin des hangars portuaires. Quand je suis arrivé ils étaient déjà là seulement, j'avais un pressentiment.

Avalant une gorgée de mon vin, je reprenais.

- La transaction s'est faite sans problème comme d’habitude. Seulement je ne savais pas que les flics étaient là et aller tenter une descente pour choper la mafia. J’ai remis mon sac sur le dos et l’assaut à été donné. J'ai voulu dégager. Monter sur ma moto et fuir ce petit affrontement. Mais quand j'ai voulu le faire un russe a tenté de me barrer la route. Et avant que je réagisse une balle est venus lui trouer la tête..

D’une voix calme et modérée, je t’exposais peu à peu les lignes de cette soirée-là. Mon visage trahissait beaucoup d'émotions. La tristesse, la colère, la rage mais plus encore la douleur. En parler me faisait revivre ce moment, cette situation que j’aurais aimé ne jamais vivre. Passant une main sur mon visage, je commençais un peu à puiser dans mes pensées.

- Quand j’ai regardé d’où venait le tire, j’ai remarqué sa silhouette et surtout ses cheveux. Je connais son mode opératoire et surtout comment elle agit, comment elle se déplace. J’ai commencé à fuire avec ma bécane pour dégager de la fusillade et sur la route, j’ai décidé de la suivre jusqu’à ce hangar. Je l’ai démasqué en arrachant son casque.

M’arrêtant là, je préférais garder pour moi la suite de l’échange. Je n’aimais pas vraiment parler de ce qui n’allait pas. Ou même des emmerdes que je pouvais avoir. Je partais du principe que j’étais un grand garçon et que je devais régler mes problèmes par moi même. Sans l’intervention d’un tiers. Levant mon regard vers le tiens, j’attendais un signe ou plus encore une réaction. Oui j’avais attendu 3 jours avant de parler de ça et durant ces 3 jours je n’avais pas été emmerdé. Plus encore, je n'avais jamais cessé de ruminer. Mais aujourd’hui si je devais formuler une demande ca serait sans doute celle de protéger ma soeur. De la protéger s' il venait à arriver quelque chose. D’ailleurs elle aussi faisait partie de mes tourments. Je ne connaissais rien de là où elle vivait, si elle était dans le besoin malgré mes appels incessants la concernant. Assez frustré je désirais aider ma soeur et la protéger de tout. Même de mes propres démons.

-Vas y tu peux m'engueuler.

Cédais-je rapidement. Mes affaires n'en étaient pas impactées pour le moment. Du moins je n'avais pas eu la visite des russes. Peut être que ça n'allait pas tarder. Ceux là frappés quand ça les arrangés même là sur un malentendus tout pouvais partir en sucette.
Vidant mon verre, je fuyais ton regard quand à la délivrance que je venais de faire. Prenant ma fourchette, je piquais dans mon plat en lâchant un soupire.

Penser, réfléchir, anticiper, couvrir… C’est tout ce qu’il faut faire pour tuer un homme. La moindre erreur est fatale. Je m’efforce toujours de tuer efficacement sans laisser de traces, alors savoir qu’il est potentiellement dans la merde pour une connerie et qu’il me prévient 3 jours après et qu’il n’a pas eu la bonne idée de le faire avant que je l’invite on se retrouve exposé sur une terrasse pleine de monde… J’ai au moins 47 façons de nous allumer que me viennent en tête et je commence à me dire que si on ne se fait pas tuer c’est moi qui vais le buter… De chagrin… Mais je vais le buter. Il tente de me rassurer en me disant qu’il n’a fait aucune erreur et mon regard se plonge dans le sien. Dans ce genre de situation je ne fais pas de regard de méchant. Pourquoi ? Parce que ça donne des indications. Mes yeux se posent et j’ai toujours un léger sourire et un air doux et décontracté. Ça permet de jouer la surprise. La serveuse arrive et nous apporte les plats et étrangement malgré l’odeur merveilleuse qui se dégage de mon plat je suis en train de perdre tout intérêt à manger. Il rapproche son siège de moi et se penche en prenant son verre de vin. Imbécile, pourquoi ne pas m’avoir dit de te préparer à manger chez moi dans la boutique si tu voulais me parler d’un truc secret ? Pourquoi tu me le fais sur une terrasse bondée en pleine rue à découvert ? Je vais vraiment le tuer de chagrin je pense. Il ne peut pas enchainer les bourdes comme ça. Il a branché son cerveau ce matin ? Que ce soit Izia ou lui, j’ai toujours donné des instructions très claires en cas de « problèmes », est-ce qu’il a accepté un rendez-vous en public de peur que ce soit moi qui le tue ?

Il commence à m’expliquer et pendant qu’il parle je prends ma serviette que je dépose sur mes jambes pour faire comme si tout était normal. Il me parle de sa livraison. D’un pressentiment. Il boit et me dit que la transaction s’est faite sans problème mais que les flics étaient là pour choper la Mafia… Il est sérieux ? Heureusement il parle de sa moto et je lui ai toujours dit de garder les gants et le casque donc il a pu ne pas être identifié. Mais soudain il me parle d’un Russe qui lui barrait la route et qui s’est pris une balle dans la tête. Je le regarde surpris. Un tir pareil dans un angle improbable dans cette situation… Une personne le couvrait en secret ? Et qui serait capable de foutre une bastos dans le front d’un mec en évitant Axel qui se trouve devant ? Je plante ma fourchette dans un Gnocchi que je glisse dans la sauce épaisse pour l’enrober. Je porte la bouchée à mes lèvres et j’oublie de savourer car il continue son récit.

Il me dit avoir regardé d’où venait le tir. Avoir remarqué la silhouette, les cheveux, qu’il connait le mode opératoire et comment elle agit. Elle ? Une femme ? Il a fui avec sa moto mais a suivi la fille… C’est moi ou au championnat du monde des cons, il serait tellement con qu’il finirait 2eme ? Il s’en sort par miracle alors qu’un truc qui le dépasse est en train de se dérouler devant lui et au lieu de savourer sa chance et de fuir, il poursuit la personne capable de mettre une balle dans un front en pleine nuit avec un obstacle et une distance très grande ? Il s’arrête au moment ou il dit avoir arraché le casque de la femme. Et ? Rien, il s’arrête et me dit que je peux y aller pour l’engueuler… Je vais le tuer oui. J’avale ma bouchée et réalise que je ne pourrais pas dire ce que j’ai mangé. Je déteste ne pas être attentif.

« Axel… »

Je tente de calmer ma colère montante et repose ma fourchette pour prendre mon verre. J’avale une gorgée de vin avant de lui demander.

« Qui était sous le casque ? Et dis-moi que pendant toute la transaction tu avais tes gants et ton casque et que tu as bien livré la Bratva et fait un rapport détaillé ? »

Je sens venir la cerise sur le gâteau… Pourquoi est-ce qu’il ne peut pas se tenir un peu tranquille ? On dirait… Putain on dirait moi quand j’étais jeune… Mais je ne suis pas son père biologique donc je ne peux pas incriminer mes gènes sauf que là… Je peine à mesurer dans quel merdier il vient de se fourrer joyeusement ? Et je déteste les paramètres hasardeux…

Moi qui pensait que tout ça serait une partie de plaisir.. Non ça ne l’était pas. Je me sentais au plus mal. Ce n’était pas vraiment le faite d’avoir attendus 3 jours pour en parler. Ni même le faite d’en aborder les traits ici comme si de rien était alors que j’aurais pus faire autrement. Non c’était surtout vis a vis de ce que cette situation me procuré. Ce qu’il c’était passé avec elle et le reste, en réalité ca me secoué plus que ce que je l’aurais pensé. Mon prénom sortait de ta bouche et un long soupire sortait de la mienne en guise de réponse. Evitant soigneusement de poser mon regard dans le tiens, la douleur se lisait pourtant sur mon visage. Ouais ca me faisait un mal de chien d’en parler et de montrer ce que je pouvais ressentir. Et la question que tu finissais par me poser accentué ce mal être qui m’avait pris de force.

Tu étais en colère. Je le voyais sans mal et plus encore je le sentais. Ce n’était qu’une question de temps avant que tu ne dégoupille. Un peu comme les grenades que j’avais pus manipuler dans mon passé de militaire. Evitant toujours et soigneusement de te regarder, mes yeux se posaient sur l’allée commerçante et sur les gens qui flânaient. Répondant d’une manière calme, je laissais mes doigts danser sur la fourchette.

- Bien sur que oui. Je n’ai jamais changé mes manières de procéder. Mes gants en main, mon casque sur la tête et ma bécane installer de manière à repartir vite. Je n’ai rien changé à mes habitudes sur ça. Je ne savais juste pas qu’en les livrant cette nuit là, que j’allais tomber dans ce genre de merdier. Si je l’avais su je ne me serais jamais pointé là-bas.

Lâchant la fourchette, je poursuivais calmement lorsque tu abordais ce casque que je lui avais arraché de la tête. Pinçant mes lèvres, je grimaçais avant de reprendre.

- C’était Alexis sous le casque. Je te l’ai dit, malgré tout, je savais que c’était elle.. Je connais depuis le temps ses manières de faire. De travailler. J'ai été marié avec elle, alors rien ne m'échappe la concernant. Que je le veuille ou non.

Mes mains se crispaient douloureusement, tout comme mon corps entier. Parler d'elle était semblable à me trancher la peau encore et encore et encore.

- J’aurais préféré ne jamais me lever et surtout ne rien livrer ce jour là si c’était pour tomber sur elle..

Ouais cette nuit là, j’ai eu le malheurs d’être confronté à mes démons du passé. Entrant dans un silence de plomb, il allait être difficile maintenant de me faire parler sur quoi que se soit. Tu n’avais pas besoin de savoir mon échange privé avec cette dernière. Ni même qu’elle avait niqué ma bécane avec l’un de ses couteaux. Quelle connasse d'ailleurs. En y repensant à quoi je m’attendais? Je l’avais suivis, forcé de dégager son casque et au final j’en étais venus au main. Tu n’avais pas besoin de savoir l’affrontement à ce passé douloureux que j’avais vécus. Pas même aux mots que nous nous étions balancé ou encore à bien d’autre choses.
Non tout ce que je t’avais divulgué était largement suffisant. Surtout pour démontrer que je n’avais rien fait de mal. Mise à part livré ma marchandise habituelle et être tombé dans un problème que je n’avais pas demandé.

Subitement, je sentais mon téléphone vibrer dans ma poche. Tout en le sortant je lisais le message reçus. Tiens il se pourrait que le travail reprenne ce soir. Le repos était donc terminé pour moi. Mais face à cette nouvelle livraison, je redoutais maintenant de tomber dans un nouveau bordel et plus encore de la voir elle. Il allait falloir sérieusement que je prenne mes précautions. Et plus que d’habitude. Rangeant mon téléphone, je te regardais enfin. Yeux dans les yeux, un doux et irrépressible pressentiment me prenait peu à peu. D’ailleurs j’en grimaçais.

- Alors?

Déclarais-je doucement, comme prêt à recevoir ma raclé comme tout homme qui se respecte.

Mon travail d’Antiquaire est une couverture que j’adore et qui ressemble à mon travail pour une famille particulière. Je pose des bases, je creuse, j’organise et je prévois. Oubliez le tueur de cinéma en costume noir avec des lunettes de soleil à l’intérieur qui va de porte en porte et tire au silencieux sur tout le monde faisant un carnage absolu sans prendre une balle ni se faire remarquer. C’est absolument impossible et stupidement faux… Mais pour en revenir à Axel je calcule au mieux l’étendue du merdier dans lequel il s’est fourré. Je lui pose alors des questions redoutant au moment de ses réponses ce qu’il va bien pouvoir me dire ? Pitié dites-moi qu’il n’a pas fait une connerie du genre garder visible la plaque de sa moto, ne pas mettre de gants parce qu’il avait chaud et pas de casque parce qu’il sortait de chez le coiffeur et qu’il ne voulait pas abimer sa coiffure. Et puis je veux savoir qui était cette personne sous le casque qu’il a soulevé ? Il m’envoie presque chier en m’expliquant qu’il a bien suivi le protocole et je tourne mon regard dans le sien. L’air de lui souligner en douceur que je n’ai absolument aucune responsabilité dans ses mésaventures…

Il lâche sa fourchette et se pince les lèvres avant de me balancer que c’était Alexis. Attends ? Alexis ? Sa Alexis ? Attends… Cette femme est capable de s’infiltrer dans un bâtiment avant un deal avec la Bratva et de se dissimuler alors que les flics se mettent en place pour un coup de filet, d’ajuster un tir long avec précision avant de s’enfuir ? Le pire, c'est que je ne savais rien de ses aptitudes et donc ça signifie que je vais devoir découvrir qui elle est et dans le même temps, savoir si elle a des infos sur moi. Parce que cette fille est soit du côté des flics, soit du côté de la Bratva soit pire encore, elle est électron libre et ça veut dire qu’elle est dangereuse… Et voilà que l’autre idiot énamouré me joue le couplet sur l’amoureux transi… C’est moi ou ce roi des cons sur son trône est en train d’oublier que son ex-femme est probablement un putain de danger pour lui, pour nous ? Non non, monsieur préfère continuer de faire l’adolescent avec son chagrin d’amour… Je vais le tuer… De chagrin… Je fais le point sur toutes ces infos alors que mon plat refroidi doucement et qu’il reçoit un message. Il le lit et se tourne vers moi et me demande : « alors ? » J’ai très envie de lui agripper les cheveux et de lui tremper la tête dans son plat du jour pour vérifier si ça le réveille un peu ?

« Toi, tu découvres que ton ex-femme possède des capacités d’un soldat d’élite en exercice et tout ce que tu trouves à me dire c’est que ça te chamboule de l’avoir revue ? »

Notez l’ironie dans ma syntaxe et non dans ma voix. Je suis en mode ronchon parce que c’est la merde et que c’est énorme ce qu’il se passe avec son ex et que mon champ d’action commence à se réduire. Ce qui veut dire qu’il va se retrouver seul face à un énorme prédateur contre lequel je ne pourrais pas le protéger… Je prends un instant pour réfléchir et regarde mon plat qui ne me fait plus vraiment envie à ce stade.

« Le message que tu viens de recevoir, c’était quoi ? »

Je réalise soudain que c’est soit Alexis et ça pue soit c’est la Bratva qui organise un nouveau deal et si près du dernier fiasco ça fait très guet-apens ou ils vont l’interroger de manière musclée ou le buter parce qu’il fait suspect… Je tourne le visage vers Axel. Je ne fronce toujours pas les sourcils, en revanche je n’arrive pas à sourire… Pas du tout même… Il joue gros. Très gros et je vais être forcé de m’impliquer pour le protéger…

Face à tes mots, un rictus pointait le bout de son nez sur le coin de mes lèvres. Ce que tu pouvais m’agacer à répondre de la sorte. Rien qu’à ton regard, malgré ton visage calme, je devinais parfaitement que tu avais envie de me refaire le portrait. Et plus encore tu comprenais pas spécialement mon état émotionnelle qui visiblement n’avait rien à faire la dedans.

- Ouais et bien pardon de ne pas réagir comme toi. Fait moi penser à ne plus me confier sur mes petits états d’âme merdique..

Repoussant mon assiette, j’en avais la faim de couper. Qu’est ce que j’espérais après tout? Visiblement rien de bien positif. Je devais m’excuser d’être affecté? D’être malade de l’avoir vue?

- Je l’a connais parfaitement et elle a toujours eu ces aptitudes là, alors non. Non je ne suis pas choqué ou même étonné. Ce qui m’étonne le plus c’est le pourquoi de sa présence là. C’est tout.

Disais-je avant de réaliser de qui venait mon message. Je l’avais lus assez vite voulant à tout pris de déblatérer sur mes affaires. Après tout face à ta réaction, je n’avais plus vraiment envie d’aborder quoi que se soit.

- C’est la Bratva qui est à l’origine du message.

Disais-je en rangeant mon téléphone bien vite avant d’ajouter.

- Je sais de quoi tu as peur. Tu as peur que je me sois mis dans la merde. Mais pour être honnête, qu’il m’arrive malheurs je n’en ai strictement rien à faire. Je préfére prendre pour protéger les seules personnes qui me restent. C’est à dire ma petite soeur et toi. Je n’ai pas peur tu le sais et je sais déjà que je t’agace énormément tout en disant ça Vince..

Souriant un peu, je n’arrivais pas vraiment à t’en vouloir. Bien au contraire. Tu étais mon père d’adoption et rien que cette position là, faisait que je pouvais pratiquement tout te pardonner. Je comprenais ton inquiétude, je comprenais tes pensées ou même ce que tu ne semblais pas vouloir comprendre.

- Je fais attention à tout. Que se soit à mes modes opératoires, mes échappées et autres. Je suis très prudent. Maintenant si il doit arriver quelque chose, je ferais tout pour vous faire barrage pour vous protéger. Que ca te plaise de l’entendre ou pas. Et crois moi, je prend tout ça au sérieux. Plus que tu ne le crois.

Souriant un peu, j’essayais de me détendre et surtout, d’être le plus honnête possible. C’était le cas en tout cas surtout vis à vis de toi. Remarquant que la bouteille de vin blanc était vide, je la prenais de moi même avant de me lever.

- Je pense que on a besoin d’une seconde bouteille. Tu est encore trop tendus.

Lâchant une petite pique remplis d’humour, j’essayais surtout de te calmer. Et avant même que je me retourne, une balle venait perforer et éclater la bouteille que j’avais entre les mains. En règle général j’étais toujours attentif lorsque je sortais. Mes oreilles traînaient un peu partout afin d’assurer mes arrière.
Mais aujourd’hui, ce n’était pas le cas, j’avais manqué à ça. Au lieu de ça, je n’avais pas entendus les signaux d’alerte et ni le rugissement des véhicules qui auraient dû m’alerter. Mais bien vite c’était un échange musclé de balle qui venait s’abattre sur la petite terrasse ou nous nous trouvions. Deux bécane surgissait pratiquement de nul part. Bousculant les passants et provoquant une panique général, les chargeurs se vidaient visiblement en ma direction. Mon réflexe premier avait été de te tirer sur le sol et de me servir de la table comme d’un bouclier. Ma priorité était que rien de dramatique ne t’arrive. Quitte à prendre pour toi, je le ferais de bon coeur. Tu le savais. Croisant ton regard tout en restant protégé par cette table je grognais. Oui ton non verbale était clair comme de l’eau roche.

- Je n’ai rien fait je t’ai dit!!

Marmonnais-je avant d’entendre quoi que se soit venant de ta bouche. Dans ma tête et dans mes actes je n’avais rien fait qui puisse résulter à ça et je ne comprenais pas cette acharnement soudain.

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