Gabriella Álvarez ∞ Une jeune femme adorable

22 Juin 2005 est la date qui a, une fois de plus, chamboulée le quotidien de mes parents. Car c'est le jour où j'ai fait leur connaissance. Je suis Gabriella Álvarez et je vais vous conter ma petite histoire.

Je suis la troisième et dernière membre de ma fratrie. Deux garçons, une fille. C'est la composition de notre famille. Enfin, c'est ce que mes frères et moi pensions jusqu'au jour où j'ai découvert qu'un membre de cette famille manquait à l'appel : notre sœur aînée dont nous n'avions jamais entendue parlé. Mais j'y reviendrai un peu plus tard. Comme tous les membres de ma fratrie, j'ai grandi entouré d'amour et de chouchoutage. Mais celui avec lequel je me suis toujours bien entendu, c'est Diego, le deuxième de mes frères. Depuis déjà toute petite, je me sentais proche de lui. Il a toujours pris une place importante dans mon cœur, avant même que je ne comprenne le mot «amour». Nous n'avons que deux ans de différences, mais à six ans, alors qu'il savait à peine compter sur les doigts et parler correctement, il s'occupait de sa petite sœur chérie et veillait sur elle quand il en avait l'occasion ; il a toujours été le frère parfait à mes yeux. Et l'alchimie que j'ai avec lui, je ne l'ai jamais ressentie avec Hector, notre grand frère. Pourtant, j'aime mon idiot de frère plus que tout au monde et je ne me vois pas ne plus l'avoir dans ma vie, mais depuis son passage en prison pour avoir commis un délit, il me met mal à l'aise et m'effraie par moment, de peur qu'il s'en prenne violemment à nous... à moi.

À l'âge de 7 ans, je me découvris un intérêt pour la lecture en commençant Harry Potter à l'école des sorciers de J.K Rowling. Mais ce n'est que plus tard, vers l'âge de 12 ans que je me voue une grande passion pour les livres en lisant pour la première fois Le Seigneur des Anneaux de Tolkien, un univers qui me fascine tout autant que celui de Harry Potter. C'est à partir de cette année-là je savais ce que voulais devenir plus tard : Romancière. Mais trop jeune pour faire des études littéraires, je me suis porté volontaire pour faire du bénévolat en animant des séances de lecture pour des enfants les week-end et durant mes heures perdues à la Bibliothèque Vasconcelos de Mexico. Après Diego, c'était à mon tour de prendre soin des enfants et de leur faire aimer le monde des livres, un intérêt qui commençait tout doucement à se perdre avec l'arrivée des ordinateurs.

Depuis que ma passion pour la littérature a pris une place très importante dans ma vie d'adolescente, je me suis légèrement désocialisée. Je ne sortais plus pour jouer avec mes copines et tous les soirs avant d'aller me coucher, je m'interdisais de regarder la télévision au profit d'un livre. Hector se moquait très souvent de moi et n'hésitait pas à me ridiculiser lors d'un rassemblement familiale quand il s'ennuyait ; c'était sa façon à lui de trouver une occupation, là où Diego et mes parents me soutenaient dans mes choix d'activités. Autant dire que je n'étais pas très bien vu par celui qui était censé être à mes côtés quoi que je fasse. En outre, que ce soit au collège ou bien même au lycée, j'étais sujet de plaisanterie et de moquerie par un bon nombre d'élèves, surtout au collège. Mes camarades de classe passèrent tout leur temps libre à se liguer contre moi pour mes différences et ma propre vision de la vie telle que je la voyais. Cela n'a pas durée puisque, au cours de la première année de lycée, nous avons déménagés en Californie pour le travail de notre père. Je n'étais pas mécontente de quitter le lycée à cause du harcèlement moral que je subis chaque jour.

En Californie, tout était différent du Mexique. La langue natale n'était pas l'espagnol mais l'anglais et nous dûmes, mes frères et moi, s'accorder à leur habitudes. Notre mère s'engagea à nous donner des cours particuliers à ses heures perdues et pendant tous les week-end dans le but de nous inscrire le plus rapidement dans les écoles de San Diego ; ce fut leur priorité absolue. L'année qui était censée être ma seconde du lycée, nous la passâmes à la maison avec un professeur particulier dans le but de pouvoir être au même niveau que les étudiants Californiens.  

Lorsque j'intégrai finalement le lycée en cours d'année pour y passer la suite de la seconde année, je n'étais pas vraiment la bienvenue dans ma classe. Et, tout comme au Mexique, je me fis harceler par quelques élèves et je fus très vite sous les feux des projecteurs ; j'étais la seule de mes nouveaux camarades à avoir une origine autre que la leur. Je devins alors l'objet de discrimination et de racisme ; seulement deux ou trois de mes camarades ne prenaient aucune part dans cette méchanceté gratuite et m’inclurent dans leur petit groupe d'amis. Je ne pensais que j'allais revivre ce genre d'expérience dans un autre État, mais il faut croire que ma vie d'étudiante se résumait à vivre la pire période de ma vie. Finalement, j'ai fait part de tous mes problèmes à mes parents et, pour m'éviter de supporter encore plus de méchanceté, j'ai décidé d'arrêter le lycée et poursuivre mes cours à la maison avec un professeur particulier ; je n'avais pas du tout envie de revivre la même chose qu'à Mexico. Ils ne me l'ont pas refusé et me savaient intelligente et studieuse pour pouvoir continuer mes études hors d'une école.

Jusqu'alors, je fus toujours discrète au sujet de ce qui m'arrivait avec mes camarades, mais je n'ai jamais eu envie de me suicider ou me faire du mal pour ce genre d'individu qui détruise les gens par pur plaisir. Alors l'idée de quitter l'école pour étudier chez moi fut ce qu'il y avait de mieux à faire pour moi et mon moral. Subir autant de critiques, moquerie et de harcèlement, ça donne parfois des envies d'en finir avec la vie. Et malheureusement, ça se passe souvent comme ça dans notre monde. Je suis assez forte, heureusement, pour affronter tout ça et trouver une solution. Les études, j'ai toujours aimé ça et je n'allais pas laisser une bande de crétins me gâcher la vie. J'avais bien l'intention d'entrer à l'université et étudier la littérature comme je l'ai toujours voulu. Et pour ça, j'étais prête à sacrifier ma vie, les sorties avec mes nouveaux amis (ceux qui subissent tout autant que moi le harcèlement mais qui n'ont pas assez de courage pour en parler à leur proche) pour me travailler sans relâche pour réussir. Bien sûr, Diego a toujours été un soutien de force contrairement à Hector qui, comme à son habitude, ne se préoccupait pas de mon bien-être mais uniquement du sien et celui de sa nouvelle copine de l'époque que je détestais pour ce qu'elle était : une mauvaise fréquentation pour Hector.

Un an et demi plus tard, je suis entrée dans une université communautaire pour enfin commencer à suivre un cursus en littérature dans le but de me lancer dans ma voie professionnelle. J'y suis depuis septembre 2022 et tout se passe relativement bien. Le moral est là et je ne ressens aucune pression quelconque liée à mes camarades, pas la moindre once de méchanceté. Je suis enfin dans mon élément pour la première fois de ma vie. Seulement, il y a quelques semaines, j'ai découvert la chose la plus insensée qui soit sur cette planète : les photos d'un bébé dans les bras de nos parents. De notre sœur probablement qui, jusqu'à présent n'avait jamais été mentionnée par nos géniteurs. Cette trouvaille a chamboulée ma vie à tout jamais. L'idée de savoir que j'avais.... que j'ai peut-être une sœur quelque part dans ce monde m'a complètement séduite. Finalement, je ne suis peut-être pas la seule fille de notre fratrie. Mais alors qu'en est-il d'elle ? Qui est t-elle ? Est-ce vraiment notre sœur ? Si oui, pourquoi n'est-elle pas avec nous ? Ce sont les questions principales qui tracassent depuis plusieurs semaines maintenant. Depuis ce jour, je m'imagine être pouvoir la rencontrer, lui parler de moi... de nous... de notre famille. J'aurais tellement de questions à lui poser. Mais faut-il déjà que je la retrouve et que je sache à quoi elle ressemble. Elle est née ici, à San Diego, alors il existe certainement un mince espoir pour qu'un jour ou l'autre nos deux chemins finissent par se croiser. En attendant, je ne m'avance pas, je garde cette possibilité pour moi toute seule et je continue mes études à l'université...