Svanton 2 // L'amour est un voyage pas une destination.

-"Non, j'entends que ce soit une destination "idéale" comme vous dites, mais c'est surfait, pas du tout ce que je veux." J'ai dessiné les guillemets sur idéale avec mes doigts et mes traits affichent mon agacement. Je suis entrée dans cette agence de voyage, j'ai exposé ce que je veux et elle me propose un séjour dans une villa luxueuse aux maldives...

J'ai l'impression de lui avoir parlé dans une langue étrangère, tant ça parait loin de ma demande. C'est alors que je m'apprête à me lever pour quitter les lieux que sa collègue approche. Excusez moi si je suis inopportune mais j'ai entendu la conversation et je crois que j'ai une destination toute trouvée. Elle sourit et je me réinstalle, posant mes yeux de glace sur elle, alors que je fais signe à la première de céder sa place. Elle s'assoit face à moi et toussote avant de se lancer. Vous dites que monsieur est photographe, c'est bien cela? Un signe de tête d'assentiment et elle poursuit. Alors je pense qu'un safari privé dans l'une ou plusieurs des réserves naturelles du Sri Lanka pourrait être parfait. Elle a piqué mon attention et clairement la suite me ravit. Elle me parle de paysages rares, d'animaux, de liberté et de grands espaces.

On discute pour qu'elle me parle de ce qu'il y a à faire et pour choisir l'option la plus libre une fois sur place. Je veux avoir des idées mais zéro contrainte. Depuis qu'on s'est retrouvés, je suis tiraillée entre mon envie de passer tout mon temps avec lui et mon "devoir"? J'ai envie pendant ces trois semaines qu'il n'y ait plus que lui et moi, que nous. J'ai simplement envie d'être à lui, sans que rien ne vienne faire exploser notre bulle. Je sais qu'Alekseï ne cautionne pas cette relation, qu'il craint surement qu'il ne me détourne de mon devoir... Je ne sais pas trop ce qu'il va penser de tout ça. J'appréhende un peu, mais ma décision est ferme et définitive. Je quitte l'agence de voyage avec en main les billets d'avion. Je sais qu'Anton a un projet de travail dans 1 mois, qu'il peut rendre son emploi du temps flexible et je lui ai de toute façon déjà demandé de libérer du temps pour son anniversaire. J'espère tellement que ça lui plaise...

Sur le trajet vers ma voiture je sors mon téléphone et hésite quelques secondes à envoyer un message à Alek. On part dans 72h... ça me laisse du temps... Pour le prévenir, ou non... pour y penser en tout cas. Oserait il m'empêcher de partir? Quand même pas... Il sait que je ne lui pardonnerait pas, de me traiter comme s'il avait le droit de me contrôler. Nous sommes une hydre, à la tête de la Bratva. Deux têtes pour une gouvernance en un savant pas de deux. Mais je suis ... distraite ! Clairement moins investie qu'avant, même si mes envies de vengeance tournent encore sous mon crâne. Ce chien galeux de McNamara doit payer pour ce qu'il m'a fait, il doit payer le prix du sang, pour mon fils...

Je soupire, refusant de me laisser aller sur cette pente qui ne mène qu'aux larmes. Je démarre et prend le chemin de la maison. Me garant je souris en apercevant la silhouette d'Anton à travers une fenêtre. Rentrer à la maison n'a clairement plus la même saveur depuis que je sais que je vais l'y retrouver. Renoncer au luxe de ma villa, pour son logement, ne m'a même pas vraiment couté. Mon univers se résume à ses bras.

--Outfit-- Je récupère mon sac à main et entre pour aller me lover contre lui. Je me serre contre lui, embrasse ses lèvres et plonge les yeux dans les siens. -"Dis moi oui." Froncement de nez et sourire. -"J'ai besoin que tu me répondes oui !" Je souris de plus belle et prend une longue inspiration. -"Es tu libre pour m'accompagner au bout du monde dans trois jours et pour trois semaines?" Je fais une petite grimace, lui tend la pochette contenant les billets et mime "oui" avec mes lèvres.

@Anton Borski

Que la vie est surprenante, que la vie est dure et cruelle et mon Dieu, que la vie est belle… Il y a 20 ans de ça, je suis tombé en amour de la femme la plus merveilleuse de tous les temps. La vie a fait que nos chemins se sont séparés et j’ai vécu ma vie de substitution, celle que j’ai dû vivre parce que je n’ai pas eu celle que j’espérais. 20 ans ont passé, j’ai avancé, aimé, pleuré, ris, détesté, j’ai eu peur, chaud, froid. J’ai vécu et un jour. Sans prévenir. Elle était là. Longue fut la route, mais Svety était sur le chemin. La retrouver 20 ans plus tard, c’est la retrouver avec la certitude que chaque instant est précieux. Et depuis cette nuit qui me replonge dans l’univers de cette Bratva de merde, elle me replonge surtout dans la vie de Svetlana et ça, c’est juste la meilleure chose qui ne me soit jamais arrivé. Depuis quelques semaines, maintenant, nous vivons chez moi. Elle a accepté de laisser de côté son appartement de chef de la Bratva chargé des souvenirs de sa vie passé, de son fils et de tout ce passé si sombre. La faire vivre avec moi chez moi, c’est un peu comme une bulle. Même si ses hommes de main sont pas loin. Mais qu’importe, je suis content comme ça, je l’avoue. Je sais que même si Svety sait que son monde est sombre et glacial m’opposer à lui ne porterait rien de bon. Je préfère incarner une bulle de douceur et une alternative sans chercher l’opposition. Elle sait que je n’aime pas la Bratva. Dès mon plus jeune âge, cette organisation m’a tout pris et j’ai fait mon possible pour m’en détacher, mais je suis prêt à frayer avec elle pour la femme que j’aime.

Je suis à la maison quand elle rentre habillée de cette somptueuse robe violette et avec un sourire étourdissant sur le visage.--OUTFIT--Je me tourne vers elle doucement alors qu’elle vient se lover contre moi m’arrachant un sourire de bonheur alors que je ferme mes bras sur elle sans attendre. Elle relève la tête et cueille mes lèvres avant de me regarder dans les yeux et me demande de lui dire oui. Je vais le dire, mais elle me devance et me dit qu’elle a besoin que je réponde oui.

« Oui »

Elle me demande si je suis libre pour l’accompagner au bout du monde dans trois jours et pour trois semaines. Elle me tend les billets et je les prends pour les déposer sur le plan de travail de la cuisine avant de prendre le visage de mon amour dans mes mains pour l’embrasser longuement avant de murmurer en reculant mon visage pour qu’elle me regarde dans les yeux.

« Oui trois fois oui à quoi que tu me proposes… »

Est-ce que je vais aussi avoir droit à un oui quand je vais poser un genou à terre et lui sortir cette petite boite contenant une bague que je cache dans ma poche en permanence ? On verra bien, j’attends le bon moment, mais surtout, je n’ai pas envie qu’elle pense que je ne respecte pas son deuil. Elle a perdu son fils et elle peine encore à m’en parler. C’est dur, je le sais, mais je lui laisse le temps. J’ai cette bague, car j’ai flashé dessus dans la rue et que je l’ai prise. Mais je ne la sortirai que lorsqu’il sera temps. Je n’ose pas encore lui dire que je l’aime même si mon cœur en est déjà là.

« Dans trois jours donc… Ça va être long d’attendre jusque-là… On va ou au fait ?»

Svety à moi et rien qu’à moi et aucune notion de boulot ou de quotidien. Juste elle, moi et le bout du monde. Et l’idée vient d’elle en plus. Quel bonheur. Si seulement on pouvait partir dans une heure…

Le rejoindre, rentrer... chez nous. Peut être que ça parait tout simple mais ça change tout. Parce que finalement quand ses bras se referment autour de moi, c'est là que je me sens, chez moi ! Il arrive à créer une bulle, autour de nous, dans laquelle la réalité n'a pas droit de citer. La Bratva, le quotidien, le Cosmo, ici rien n'a de place. Quand je suis avec lui, je ne suis plus l'éminence grise du Pakhan, pire même, ça devient sans intérêt ni saveur. Quand je suis contre lui, il n'y a plus que ça qui compte, le bruissement rythmé de son cœur qui fait chanter le mien.

A peine dans la maison, je me fonds dans ses bras et exige un oui qui ne tarde pas à venir. J'aime qu'il me fasse confiance ainsi, c'est quelque chose de nouveau pour moi. D'autant que je sais qu'il est digne de parole, qu'il ne la reprendra pas une fois qu'il l'a donnée. Je lui offre les billets d'avion et souris amusée en notant qu'il ne regarde même pas la destination. Ses mains cueillent mes joues et son baiser m'emporte loin de tout le reste. Cette infinie douceur est un trésor. Je ne suis pas sure qu'il réalise à quel point c'est fou pour moi à découvrir. Le laisser me bercer ainsi est un baume apaisant sur des cicatrices tellement ancienne qu'elles sont ancrées dans mon âme.

J'ai été élevée à la dure, adulée par un père qui voyait en moi une princesse, mais sans douceur. La douceur dans la bratva? Non... c'est pour les faibles. Pourtant Anton n'a rien d'un faible, il est assuré, plein de puissance, mais sans violence. Il trace pour moi les contours d'une autre vie, de celle dont je n'ai jamais rêvée, je ne savais même pas que c'était possible. Mais plus on avance dans le temps et plus cette silhouette d'avenir se précise, se renforce, s'impose comme une alternative qui fait vibrer quelque chose en moi. Je ne pensais pas ça possible. Quand ils ont tué mon fils, j'ai cru que ma vie s'arrêtait. Que je ne devais vivre que pour le venger... pour les faire souffrir autant que je souffre de son absence.

Maintenant... c'est différent. La blessure reste vive, elle le sera toujours, mais je m'autorise malgré tout à ressentir la joie, l'envie de vivre pour moi, pour lui... pour me perdre encore dans la douceur d'un regard dans lequel je me sens belle. Il me demande finalement où on va et je frotte mon nez contre le sien avant de répondre. -"Trois petits jours et ensuite on sera libres de tout." Mon sourire s'agrandit. -"C'est ton anniversaire et je.. j'avais envie de te faire plaisir pour que tu puisses faire des photos." Le mystère a assez duré... mais j'ai peur de m'être plantée et de lire de la déception dans son regard alors je retarde le moment de livrer -"Les réserves naturelles du Sri Lanka, tu ne m'en as pas parlé dans tes récits de voyage alors je me suis dit que peut être on découvrirait ensemble?" D'un autre côté s'il connait déjà, il sera mon guide... je n'ai pas de problème à lui abandonner le contrôle et finalement c'est surement l'élément le plus symptomatique de l'attachement que j'ai à son égard. Svetlana Kalinine Ivanov, remettant volontairement les rênes... sans discuter? Mmm clairement de quoi prouver à quel point je l'aime, à quel point je suis délicieusement bien depuis qu'il est entré dans ma vie...

Cette femme est un trésor, elle est cette lumière que j’ai toujours espéré. J’ai su à la première seconde où mon regard est venu se poser sur elle que je l’aimerais toujours. La vie m’a éprouvé, car chaque seconde loin d’elle était une souffrance. Je ne peux pas décrire ce sentiment de vide et d’abandon que j’ai ressenti quand elle m’a quitté. J’en ai développé une haine farouche des ponts… Et quand je suis revenu en Russie une fois depuis j’ai demandé au taxi de faire un long détour pour ne pas que je l’aperçoive. Est-ce que je regrette ? Oui, sans doute, car j’ai été privé d’une vie avec elle. Mais aurait elle été aussi belle que maintenant ? Est-ce que ces années de souffrances extrêmes n’ont pas finalement permis que je me construise pour ce moment ? Oh, je pourrais faire la fine bouche sur tellement de choses qui pourraient m’éloigner d’elle. La Bratva déjà. Mais comme je le savais au fond de mon cœur et comme elle me le prouve depuis nos retrouvailles. Elle n’est pas une tarée sanguinaire et j’aime l’idée qu’elle puisse être elle et heureuse avec moi.

Alors, oui, son cadeau de voyage avec moi me touche en plein cœur. On s’éloigne de tout ça ? C’est magique parce que ça vient d’elle. Je ne m’oppose pas à la Bratva ni à sa vie, je ne questionne pas ses choix, je n’affronte pas la Bratva ni ce qu’elle est au sein de cette organisation, je suis uniquement l’exemple d’un chemin différent. Je suis l’exemple de ce que je peux lui apporter de bon et de différent. Aucune confrontation. Juste moi et seulement moi. Enfin, vient la destination. Le Sri-Lanka. Wow… Effectivement, je n’ai jamais foutu les pieds là-bas. C’est encore plus touchant de voir qu’elle a choisi parce qu’elle m’a écouté avec attention. Elle veut que je prenne mon appareil et j’ai un sourire amusé, car je vais avoir un modèle fantastique à photographier là-bas.

« N’importe où avec toi me fait plaisir, mais merci pour cette attention merveilleuse Svety. »

Je l’embrasse enroulant fiévreusement ma langue à la sienne parce que… J’ai tout le temps envie d’elle et que le temps qui s’est écoulé entre son départ de la maison et son retour m’a redonné des idées, mais je tempère mon désir afin de reculer mon visage et de lui dire avec un sourire.

« Tu réalises que ça ne sera pas l'hôtel de luxe et petites chaussures… On va dormir sous la tente, marcher et probablement avoir des coups de soleil… »

Petite taquinerie histoire de voir si je peux la faire sourire même si je sais qu’elle a sûrement déjà prévu que je vais l’entraîner dans un périple qui correspond à mon univers. J’avais vu ses yeux briller quand j’ai raconté avoir été incapable de prendre cette photo du lever de soleil en Libye dans le désert et que je m’étais résigné à juste le regarder sans pouvoir l’immortaliser vraiment… Je vais vivre ça avec elle et j’avoue que l’idée de la voir habillée avec un short, des chaussures de marche et un sac sur le dos me plaît beaucoup…

À quoi bon vivre une petite vie qui ne change rien à la grande vie du monde ? Je me suis longtemps posé cette question, ne concevant pas de simplement traverser l'existence sans la marquer à ma façon, sans y imprimer mon empreinte. Peut être que ça paraît étrange mais c'est pourtant ce qui m'a fait me lever le matin, pendant des années. Ensuite la vie m'a repris tout ce que j'avais... Enfin la vie... ce chien galeux de Wade McNamara et son entourage répugnant ! Ce serait plus exact !

Mais la vie, ou l'univers, appellent à l'équilibre. C'est ce que je pense maintenant. Parce qu'après m'avoir tout pris ils ont remis l'amour sur ma route, sous la forme du seul homme qui pouvait réchauffer mon cœur de glace. Anton Borski... l'amour que j'avais choisi d'ignorer pour poursuivre ma route, auprès duquel je n'ai pas pu passer cette fois. Le simple fait de le revoir, de trouver le parfum de sa peau alors que mon front s'écrasait contre lui, ça m'a bouleversée. On a pas vraiment passé une journée l'un sans l'autre depuis nos retrouvailles, mais je veux plus, je veux des instants rien qu'à nous et c'est pour ça que je choisis un voyage comme cadeau d'anniversaire. Quelques instants volés au temps et à un quotidien bien rodé, pour répondre à son amour de la liberté et pour n'être plus personne d'autre que la femme amoureuse. Plus de Bratva, plus de Cosmo, plus de responsabilité...

Un choix que je ne regrette pas une seule seconde, quand je vois briller la joie dans son regard. Il m'embrasse et aussitôt je réponds fiévreusement à la caresse de ses lèvres. Est ce parce qu'on vit maintenant un amour empêché lorsque nous étions adolescents? Est ce pour cela que rien ne peut apaiser la faim que nous avons l'un de l'autre? Je l'ignore et je crois bien que ça n'a pas d'importance. Je me réchauffe à la flamme de son désir, je le borde du mien et je crois bien que ça nous rend heureux tous les deux. Si un amour achevé nous enferme dans le passé, jusqu'à parfois nous terrasser de mélancolie, un amour qui s'ébauche nous projette dans l'avenir, jusqu'à redéfinir l'espoir. Nous retrouver nous a finalement libérés de ce qui aurait pu exister, pour nous projeter dans un futur qui se dessine désormais à deux.

-"Tente et sac à dos?" Je fronce le nez et souris. -"Tu as envie de voir ma peau devenir écarlate ou c'est l'idée de me mettre de l'après-soleil qui te plait?" Je ris doucement et viens embrasser la peau de son cou avant de chuchoter -"J'ai réservé 5 nuits dans un palace, enfin une sorte de palace. Toutes les autres sont à toi. Et si c'est une randonnée qui te plait, ça me va." Je te suivrais au bout du monde Anton... c'est ce que mon regard chante quand mes lèvres restent closes. Je n'ai jamais vraiment fait de grande déclaration d'amour. Parce que si j'ai connu la passion dévorante je n'avais jamais découvert la tendresse, avant qu'il referme ainsi les bras autour de moi. Mes doigts viennent imprimer de douces caresses sur sa nuque et mon nez se frotte au sien, tandis que nos doigts se nouent. Trois petits jours et je pourrais laisser tomber l'armure pour seulement être à lui. Pensée qui m'enchante et m'illumine alors que je le couve d'un regard amoureux.

Svety est un ange, une déesse, une princesse dans une tour d’ivoire. Prise dans une cage de luxe et de violence. Un chemin qu’elle a choisi et qui l’a éloignée de moi. Une décision qui nous a plongés l’un et l’autre dans le malheur. Mais la vie, le destin, les étoiles, la providence ou n’importe quoi que vous voulez citer nous a remis sur la route de l’autre. C’est une évidence pour moi et on dirait que Svety ressens la même chose. Sans nous forcer, nous sommes incapables de nous séparer l’un de l’autre. J’ai même participé à une soirée de la Bratva me tenant au bras de la femme que j’aime la soutenant face à son monde comme pour lui signifier la différence de ce que je représente et de ce monde qui nous a tant pris à l’un et l’autre. Alors quand en rentrant dans cette robe violette qui lui va comme des ailes vont à un ange et qu’elle m’annonce qu’on part trois semaines au Sri Lanka. Qu’elle nous organise une parenthèse, une fuite. Je plonge immédiatement sur cet instant. Je la taquine sur nos différence à savoir qu’elle va vouloir des hôtels et du confort et que je vais l’emmener camper à la rude dans la nature. Elle ironise, mais au-delà du côté galère, je pense que je suis capable de lui faire apprécier les merveilles de la nature. J’ai pu les contempler seul et l’idée de les partager avec la femme que j’aime, c’est… Un délice. Ma bouche se pose sur la sienne et quelques minutes d’embrassades plus tard Svetlana termine nue dans la cuisine et nous finissons dans un torrent de passion et d’amour avant de passer la journée à papoter jusqu’au soir.

Les trois jours sont une horreur parce qu’à chaque fois que je la vois partir au "boulot", je réalise que bientôt, je ne l’aurai que pour moi. Que j’ai largement assez pour qu’on s’enfuie ensemble pour toujours et qu’on pourrait tout laisser tomber. Mais même sur Mars son organisation serait encore foutue de venir nous trouver et de ne pas la laisser partir. La Bratva est un démon tentaculaire qui ne laisse pas partir ses membres. Je suis assez surpris d’ailleurs qu’elle ait pu s’octroyer 3 semaines surtout après la mort de son mari… Qu’importe ce ne sont pas mes affaires et je prends tout ce qu’elle peut me donner. Je croise les doigts jusqu’au moment où l’avion décolle. Enfin, je relâche la pression. C’est fini. Nous allons au Sri Lanka elle et moi. Plus de Bratva, plus de San Diego plus rien. Juste nous deux. Elle et moi. Juste Svety et moi. Je glisse ma main dans la sienne et entrecroise mes doigts aux siens avec tendresse. Je me contente d’un sourire quand elle me regarde. D’un baiser sur sa bouche et d’un, «je t’aime » à son oreille. Je souris comme un idiot. Mon Dieu que c’est bon. Je réalise même avec délice que mes habits ont l’odeur de cette femme maintenant et que j’adore ça. Okay, je suis juste un vieux croulant pathétique d’amour et de mièvrerie… Et j’en ai strictement rien à foutre. J’ai enfin ce que j’ai toujours désiré alors je prends toutes les étiquettes de l’univers sur le dos ça m’est égal. Je suis heureux et amoureux. J’ai hâte d’atterrir et de voir ce qu’elle nous a prévu.

Parfois la vie réserve des surprises qui dépassent l'entendement. On a l'impression d'avoir touché le fond, l'absolue conviction que le soleil ne brillera plus que pour les autres... et le destin en décide autrement. Alors que je croyais ma vie terminée, les cartes ont été rebattues et l'horizon s'est dégagé, révélant une autre route possible. C'est grisant, tout en étant perturbant et un peu effrayant. Mais je n'ai pas du tout envie que ça change, je crois au contraire que ça m'anéantirait. Cette douceur qu'il insuffle à ma vie, je ne croyais pas en manquer, moi qui ne l'avait jamais vraiment connue, mais elle me devient essentielle. J'en ai besoin, comme de l'air que je respire.

Les trois jours qui nous séparent du départ son un supplice d'indécision. J'hésite maintes fois à prévenir Alekseï et puis je me ravise à chaque fois. Cette façon qu'il a eu de toiser Anton, lors du gala, je n'ai pas aimé ça. Pas du tout même... Et puis je crois que j'ai besoin de préserver mon bonheur. Ne dit on pas, pour vivre heureux, vivons cachés? Je ne veux pas qu'une remarque ou une phrase malvenue vienne ternir mon allégresse. C'est égoïste, j'en suis parfaitement consciente, mais étrangement ça ne me dérange pas. J'ai toujours tout fait passer avant moi, pour la gloire de la Bratva, pour tenir mon rang. Pour faire exactement ce qu'on attendait de moi... en temps et en heure... pour quel résultat?

Je me sens prise dans un torrent d'intempérance et je décide finalement de me laisser voguer dans le courant. Préparer mes affaires n'a rien de très simple, je me rends d'ailleurs dans une boutique spécialisée dans le trek pour acheter des vêtements adaptés et des chaussures de marche. Le vendeur m'enjoint à les porter avant le voyage et je ne peux m'empêcher de rire en m'imaginant me pointer au cosmo avec ça aux pieds. C'est tellement éloigné de mes tenues de couturier et de mes talons vertigineux... Dieu que c'est bon finalement, de me laisser aller, d'oublier l'image de perfection que je cherche toujours à renvoyer, pour seulement profiter d'un moment à nous. Sur le chemin de l'aéroport je le sens presque fébrile, jusqu'à ce que l'avion prenne son envol. Mon regard se perd dans le sien après ce délicieux murmure à mon oreille et je l'embrasse tendrement avant de chuchoter. -"Je t'aime moi aussi."

Chaque miles qui m'éloigne de San Diego, semble me permettre de mieux respirer et le vol est ponctué de rires et de nombreuses discussions. Echanger avec lui est toujours étonnant, entre découverte mutuelle et connivence naturelle, passionnant. Je ne vois pas les heures passer, rien n'a vraiment de prise sur moi. Je souris, j'ai les yeux pétillants, comme si cette escapade effaçait la chappe de peine sous laquelle je me débats depuis des mois désormais. J'oublie, tout, tout ce qui n'est pas la puissance irréelle du sourire de cet homme lorsqu'il me regarde. L'amour est un ouragan, mais qui ne dévaste rien, au contraire. Je crois que pour lui et surtout, par lui, je me reconstruis. Une autre version de moi, surement, plus douce, sans doute moins combattive, mais très certainement plus épanouie. Exister dans les yeux de l'être aimé, c'est une force incroyable. Alors je me sens plus douce, comme je l'ai dit, mais dans le même temps, je suis prête à tout affronter, juste pour garder encore et encore sa main dans la mienne.

Mon Dieu, mon regard doit être une sorte de livre ouvert dans lequel Svety peut tout lire. En même temps, même un aveugle verrait combien j’aime cette femme. Et maintenant que San Diego et la Bratva sont derrière nous, je dois dire que je me sens soulagé. Fini qui nous étions, nous sommes deux amoureux partis pour un voyage. Mon appareil est prêt, mais à vrai dire ce ne sont pas les photos qui me motivent. En partant, j’ai trouvé cette photo de Svety que j’avais faite à Moscou quelques jours avant son départ. J’aimerais en faire une nouvelle d’elle. J’aime cette femme et mon côté photographe a besoin de mettre en lumière cet amour que je ressens pour elle. Elle croise mon regard et me dit qu’elle m’aime aussi. Je souris et lui vole un baiser. Je prends sa main dans la mienne et doucement me laisse porter par le vol. Mon pouce caresse sa main que je ne lâche pas de tout le vol. J’espère que la Bratva ne pas nous enverra pas un hélico pour nous retrouver… Je crois même que je somnole un peu. Une fois sur place, nous prenons un taxi vers l’hôtel. Évidemment, j’en choisis un qui fasse haut de gamme histoire d’éviter de nous retrouver dans des bouges ou pire. Le voyage parfois, c’est l’aventure, mais je refuse d’exposer la femme que j’aime. Nous arrivons à l’hôtel très luxueux et classe et nous faisons un peu tâche avec nos tenues de baroudeurs. Je souris alors qu’on se voit dans un miroir en entrant. Je pose nos sacs dans un coin et sort nos affaires que je range. Je reviens vers elle avec mon appareil photo et mon plus beau sourire.

« Alors, règle numéro une quand on est en voyage dans un pays, on commence par visiter un marcher local pour profiter et découvrir des choses. »

Petit sourire amusé. Je l’embrasse et lui prends la main pour l’emmener dehors. J’avais évidemment fait en sorte de repérer notre trajet avant. Je mets une casquette et je suis comme un gamin à faire des photos des rues, des bâtiments, puis soudain un petit décalage surprise et je prends Svety en photo. Surprise, elle me jette un regard tendre et scintillant d’amour. Sa bouche à demi ouverte laisse une vue sur sa dentition parfaite. Elle a un air naturel et épanoui sous cette lumière merveilleuse. Je baisse l’appareil et pas besoin de regarder la photo pour savoir qu’elle est parfaite. Je la regarde subjugué d’amour et avec un sourire béat sur les lèvres.

« Waow… »

Je tends ma main pour qu’elle l’entraîne alors que la rumeur du marché monte doucement et les odeurs nous parviennent peu à peu. J’ai la poche qui me brûle. J’ai emporté cette foutue bague que je veux lui offrir un genou à terre. Mais je me retiens encore voulant trouver le bon moment. Je sais qu’elle a pu souffrir de son premier mariage et elle est encore en deuil de son fils et j’ai peur d’être brutal ou de briser la magie en le faisant. Je regarde Svety en souriant tendrement l’entrainant dans le marché.

Le voyage est agréable, me donnant le sentiment de lâcher les liens qui me retiennent à mes responsabilités. M'en détacher, tranquillement me permet de me retrouver, juste moi. La Bratva dévore ma vie depuis tellement d'années que je ne sais plus très bien discerner ce qui m'appartient en propre dans mon histoire. C'est fou, mais pas moins vrai pour autant. J'ai laissé le devoir et le contrôle régner sur ma vie pendant si longtemps que ça me fait vraiment bizarre de m'en départir. Je ne l'aurais sans doute jamais fait sans que ce soit pour... lui. La façon dont son regard s'éclaire quand il réalise que je ne suis là que pour lui, c'est juste un baume absolu sur toutes mes peines.

Je me sens bordée d'une douceur que j'ignorais désirer. Je me suis toujours voulue forte, solide, glaciale aussi... Je me découvre douce et câline, en quête de toutes ses petites attentions qu'il dispense à mon égard. Une fois nos affaires récupérées c'est un taxi qui nous emmène à l'hôtel. Pas un palace... mais clairement d'un standing qui me fait pousser un petit ouf de soulagement. Je suis née dans l'opulence et le luxe, c'est ce à quoi je suis habituée. Les seuls moments durant lesquels j'ai vécu dans la simplicité c'est en Russie... quand je me suis réfugiée après le mariage de Piotr, quand je l'ai rencontré, lui. Je le regarde amusée, quand il me déclare que c'est par la découverte du marché local que doit commencer tout voyage qui se respecte. Je fais la moue mais acquiesce pourtant. Généralement quand je veux acheter quelque chose, je fais venir les vendeurs jusqu'à moi. Je ne prends pas le temps d'aller à leur rencontre. Mais j'ai prévu que ce voyage soit ce qu'il voudra en faire. Pour une fois j'abandonne le contrôle, volontairement, pour découvrir son monde, sa façon de voir les choses.

On avance main dans la main, avant qu'il ne lâche la mienne pour se mettre à prendre des photos. J'aime le regarder faire, la façon dont il place son corps, l'harmonie élégante qui s'en dégage. Il est d'un calme qui vient tempérer les blizzards acérés de mon caractère. Je me surprends à sourire, sans que rien n'entache ma joie. Il se retourne et me prend en photo par surprise avant de me regarder avec tellement d'amour que je rougis. -"Anton ! Je ne suis même pas maquillée !" Ce qui est complètement fou... mais le pire c'est qu'il semble me trouver parfaitement à son goût. Sa main retrouve la mienne et je pose la tête contre son épaule alors que les clameurs du marché se précisent. Ce qui me fait ouvrir de grands yeux c'est l'ébullition qui y règne. Les couleurs vives, les cris, les parfums exotiques, c'est une saturation complète de mes sens qui s'opère. J'ouvre de grands yeux, resserrent les doigts sur sa main et le tire à ma suite, oubliant mes réserves au profit de la soif de découverte. On s'enfonce dans le marché, jusqu'à un étal qui capte mon attention. La beauté des tissus exposés, me plonge dans une contemplation respectueuse. Le vendeur s'approche, commence en tamoul et poursuis en anglais en notant mon incompréhension. Ce sont des Batiks, pour décorer quand tu rentreras chez toi? Je souris et tends une main timide vers un éléphant aux couleurs fascinantes, pour éprouver la douceur du tissu. -"C'est absolument sublime."

Dire que je suis heureux, c’est… Un euphémisme, je crois que je n’ai jamais connu une telle félicité de toute mon existence. Mes pieds ne touchent littéralement plus terre. Je suis dans une bulle de bonheur que rien ne parvient à détruire. Je nage dans le bonheur. Dire que je l’ai recroisée au hasard un soir sur cette plage et qu’un seul baiser a suffit à faire mon bonheur. Nous sommes en voyage en amoureux loin de la Bratva, loin de tout. Juste elle et moi et alors que la lumière tape sur elle doucement et éclaire sa peau douce faisant rayonner son visage, je prends mon appareil et prends la photo parfaite. Une beauté simple et naturelle. Sans artifice, une belle lumière, une jeune femme à la beauté simple dont la maturité des traits ne fait qu’exacerber la splendeur. Je suis transi d’amour alors que je sais que ma photo est parfaite. Elle rougit en comprenant dans mon regard tout l’amour que j’ai pour elle et combien cette photo vient de m’étourdir de bonheur. Avoir manqué cet instant, je me serai détesté. Mais je l’ai immortalisé à jamais. Je souris alors qu’elle me gronde en prétextant ne pas être maquillée et ma bouche se pose sur la sienne en guise de bâillon alors que je glisse une main derrière ses reins pour la coller à moi quelques secondes avant de détacher ma bouche de la sienne en lui souriant doucement. J’aime cette idée de lui clouer le bec quand elle dit des bêtises. Cette femme est merveilleuse à chaque instant du jour ou de la nuit. Je ne suis pas objectif et je n’ai pas besoin de l’être. Je suis dingue d’elle et rien d’autre n’a d’importance. La vie est courte et j’ai déjà perdu tellement de temps à la traverser sans elle. Je ne veux plus perdre un seul instant. Nos mains se retrouvent et nous avançons dans le marché alors que je crève d’envie de poser un genou à terre à chaque seconde. Mais je veux choisir le moment parfait pour le faire alors que ma détermination est faite même si son mari est enterré depuis peu et son fils aussi… J’avoue que je suis certain de mon fait. Je ne veux pas vivre un instant de plus sans elle. Je ne veux plus vivre sans elle.

Une fois au marché, elle discute et se fait tenter par un marchand. Les étoffes sont magnifiques et le regard de mon amour aussi. Je m’écarte d’un pas et prends des photos doucement pour mettre en valeur ma muse. C’est, dément, n’importe où que se pose mon regard sur cette femme tout m’inspire une photo, une composition, un instant de bonheur que je veux immortaliser. Je souris alors que je la laisse décider et trouve juste à côté un stand avec des petits bracelets de ficelles, d’os taillés et de perles de bois. C’est magnifique et j’en prends un au jeune homme qui est en train d’en fabriquer. Il y a une petite amulette d’os enchevêtrée dans les fils et dans les gravures un mélange de peinture à la farine et au charbon fais sortir les contrastes. J’en prends un pour mon amour qui me rejoint avec quelques Batiks et je lui attache le bracelet au poignet. Je souris en lui murmurant.

« C’est marrant j’ai presque envie d’une séance de photo de nu avec toi pourtant ce bracelet et des Batiks… »

Je frémis à cette idée merveilleuse. Je crois que j’ai envie de la photographier sous toutes ses coutures. Je l’embrasse avant de serrer sa main et d’entrelacer nos doigts. Je l’emmène plus loin et nous trouvons un petit stand de street food qui fait du crabe avec des sortes de Chutney et d’épices avec du riz. C’est coloré, ça sent bon et c’est frais à en mourir, c’est tout ce que j’aime. Loin de moi l’idée d’un restaurant aseptisé, je veux ça. Je me laisse tenter et prends une portion avant d’entraîner mon amoureuse sur un petit muret près de la mer. J’ouvre la feuille dans laquelle le plat a été placé et laisse les saveurs venir envelopper ses narines. Je prends deux baguettes chinoises que j’ai toujours sur moi, car c’est plus facile à faire passer à la douane et lui fais un rapide assemblage que je lui porte aux lèvres.

« Goûts ça mon amour… Je pense qu’on vient de tomber sur une pépite. »

Je commence à rouler ma bosse niveau voyage et petites gargotes, et je crois que celle-là est pleine d’un savoureux potentiel.

Il referme un bracelet à mon poignet et je lui adresse un sourire étourdi de bonheur alors que je serre les quelques coupons de tissu contre moi. Ce qu'il dit me fait rougir et baisser doucement la tête. Je me sens délicieusement intimidée et je crois que ça me rend une part d'innocence, que je pensais depuis longtemps disparue. Je me mordille la lèvre, dépose la tête sur son épaule et je le laisse m'entrainer dans le marché. Les couleurs, les odeurs, tout est étonnant, exotique, complètement nouveau pour moi. Malgré une vie confortable, bourgeoise même, je n'ai jamais vraiment eu l'occasion de voyager, les affaires de la Bratva passant bien avant toute idée de plaisir. Alors je savoure cette découverte, d'autant plus que je la partage avec lui.

Il sort des baguettes chinoises et je ne peux retenir un rire joyeux alors qu'il me prépare une bouchée qu'il vient glisser entre mes lèvres. Je pousse un gémissement ravi, sans trop savoir si ce sont les saveurs ou ses mots qui me charme le plus. J'avale et lui adresse un nouveau sourire conquis. -"C'est littéralement délicieux. Encore !" Et je tends la bouche, légèrement entrouverte, soupirant de plaisir quand il y glisse une nouvelle bouchée. L'explosion de saveurs épicées est totalement nouvelle mais je crois bien que j'adore ça. Installée sur ce muret, face à la mer, je pose la tête sur son épaule et me laisse aller à la contemplation. La mer est belle, surtout sous le soleil, les reflets sont apaisants et me soutire un nouveau petit soupir. -"Tu sais que je n'ai presque jamais voyagé? En dehors de notre rencontre... en Russie. Je suis allée en France une fois et... je crois que c'est tout." En revanche j'ai le sentiment que je pourrais bien y prendre goût. Imaginer la quantité de cultures qu'il y'a à découvrir dans ce monde me donne presque le vertige. Anton est tout mon contraire, à ce niveau au moins... pas que d'ailleurs quand je fais un peu le point sur ce qu'a été ma vie. Tout ce qu'il a vécu, dans l'ouverture aux autres, je l'ai vécu en enfermement, en défiance, en mensonge et manipulations... Quand j'y pense ça me blesse. C'est bizarre, parce que ce n'était pas le cas... avant ! Je crois que sa simple présence dans ma vie, vient en bouleverser les contours, il redéfinit les limites de mon monde, les réécrit. Le plus fou c'est qu'il fait ça sans même le vouloir, en tout cas sans me le faire sentir, avec délicatesse et bienveillance, simplement en me donnant envie d'une douceur que j'ignorais aimer.

La simplicité de son logement qui a primé sur le luxe tapageur de ma villa en est un bon exemple. Comme si je relativisais graduellement l'ordre de mes priorités, rien en apparence et complètement fou dans le fond. Parce que je me sens revivre, grâce à lui, alors que j'étais convaincue d'avoir définitivement sombré en perdant mon garçon... Mon coeur crie toujours vengeance, mais... parfois... pendant quelques divines secondes, j'oublie cette chape de tristesse, pour simplement profiter d'être en vie. Et ça... c'est à lui que je le dois.

J’ai eu mal. J’ai eu tellement mal toute ma vie. Je ne l’avais pas prévu. Enfant rebelle à l’autorité d’un père mafieux qui ne me donnait pas l’amour que j’espérais, mais qui m’aimait à sa façon, j’ai trouvé un rayon de soleil dans les yeux de cette femme. J’ai pris une balle en plein cœur et ce jour-là, je suis mort. Tout ce que j’aurais pu être ou devenir venait littéralement de basculer. Pour un regard vers cette femme et un sourire. En un instant, ma vie a changé et j’ai réalisé que je l’aimerais à jamais. C’est parfaitement stupide, mais c’est la réaction chimique de mon cerveau qui a été si intense que rien ne pouvait me permettre de me détourner d’elle. Quand elle est partie, le monde a perdu sa couleur. J’ai été inconsolable. Et malgré des aventures de-ci de-là, je n’ai pas pu oublier cette femme alors que je n’ai eu d’elle que deux semaines de rire, de paroles, de baisers et rien de plus. Nous n’avions pas fait l’amour. J’ai traîné cette peine toute ma vie et à l’aube de mes 46 ans, j’ai fait le tour de la terre et rien ne fut plus doux que nos retrouvailles. Depuis maintenant que je fonds d’amour pour elle, je suis sur un nuage et malgré la réalité du monde et de la Bratva, je veux y rester perché avec elle. Je lui attache ce petit bracelet et nous allons manger.

Je fais jouer mon savoir-faire et lui dégotte un petit restaurant de rue pour qu’elle déguste un truc qui valait toute cette route qu’on a pu faire. Elle semble apprécier et je lui donne une nouvelle becquée tout en souriant avant de goûter à mon tour. C’est vraiment stupéfiant cette manière dont ce mec accorde la saveur du poisson avec des épices d’une finesse folle et des herbes fraiches sans que rien ne prenne le dessus et masque le reste. En général, les mecs font des effets de manches pour les touristes et lui avait une attention particulière, les odeurs et la manière de faire ont achevé de me séduire. Sans parler d’autres astuces qui ont orienté mon choix comme les ingrédients préparés et surtout ne pas foutre des kilos de fromages là-dedans pour faire plus « touriste » bref un vrai délice. C’est là que mon amour me parle d’elle et des voyages qu’elle a fait et a juste vu la France. Je souris doucement. Moi, j’ai voyagé, elle, elle a construit une vie. Je ne juste pas ses choix, mais j’ai mal au ventre à l’idée qu’un homme l’a épousé et a vécu avec elle tout ce temps et lui a fait du mal. La perte de son fils a dû être une horreur et doit l’être encore, mais je ne la questionne pas. Je préfère la laisser en parler à son rythme et la border de douceur pour l’inciter à le faire tout en essayant de contrôler cette colère qui monte parfois en elle à l’idée qu’on lui a arraché son enfant. Je glisse ma main dans la sienne avec tendresse.

« Merci de venir découvrir les merveilles de ce monde en ma compagnie… »

Qui jurerai voir une reine de glace en cet instant dans le sourire merveilleux de cette femme étourdissante avec cette tenue de baroudeuse qui détonne avec son style habituel. Je craque et me penche me tournant pour venir sa face à son visage tout en restant assis à côté d’elle et l’embrasse doucement. J’en profite pour glisser notre repas dans ses mains pour qu’elle mange, je veux la prendre en photo. Mais avant de me reculer, je lui murmure.

« Rappelle-moi quand on sera rentrés qu’on est à côté du pays du Kamasutra… »

Petit sourire amusé et je me recule pour la prendre en photo par surprise pour chiper en douceur ce moment de gêne et de sourire, de surprise et de spontanéité. Je l’ai eu. Je souris amusé. Avant de lui dire.

« Parfaite… Maintenant, mange et regarde devant toi mon amour… »

J’ajuste mieux mon appareil et attends un moment pour la regarder au travers de mon objectif ressentant tout l’amour que j’ai pour elle avant d’appuyer au bon moment pour que tout soit parfait. Posture, lumière, regard. Je baisse l’appareil tout émerveillé d’amour de la contempler à ma guise et de l’aimer un peu plus fort à chaque seconde qui passe.

Alors que nous sommes tous les deux assis sur ce muret, il prend ma main dans la sienne et me regarde avec une tendresse infinie. Sa présence rassurante me calme et me fait sentir en sécurité, comme si nous étions sur une île paisible dans l'océan tumultueux de nos vies. Je rougis délicatement à sa mention du kamasutra et me mordille la lèvre inférieure alors qu'il me photographie avant de lui chuchoter. -"Sois sur que je n'y manquerais pour rien au monde.

Les rayons du soleil inondent la scène d'une lumière dorée, illuminant ses yeux qui brillent avec une intensité incroyable. Je me sens transportée dans un monde de beauté et de poésie, où chaque moment est un instant suspendu dans le temps. C'est toujours comme ça quand j'ai la chance de bénéficier d'un instant en sa compagnie, il a le pouvoir de magnifier le quotidien, de le rendre magique.

Il me regarde avec tellement d'amour que j'en suis étourdie, alors qu'il me donne des consignes pour la prochaine photo. C'est comme quand il me chuchote des mots doux à l'oreille. Ses paroles sont comme une mélodie envoûtante, qui me fait vibrer au plus profond de mon être. Je me laisse emporter par la douceur de l'instant, comme un navire qui flotte sur une mer tranquille. Je suis heureuse de partager ce moment intime avec l'homme que j'aime, dans ce lieu enchanteur qui semble avoir été créé pour nous. Je regarde l'horizon, comme il me l'a demandé, souriant au doux cliquetis de son appareil photo. Il me demande de continuer à manger et je plonge dans le plat. C'est délicieux, clairement, pourtant je fronce les sourcils en réalisant que ça m'écœure. Etonnant... parce que j'ai faim.

Je ne suis pas spécialement inquiète pour autant, mettant cela sur le compte du décalage horaire et de la fatigue du voyage. Il est clair que je me sens assez fatiguée, maintenant que j'y pense ça fait d'ailleurs plusieurs jours. Alors que je crois bien que je dors pourtant plus que d'habitude? Je fronce un peu plus les sourcils et essaye de faire le point sur ce que je ressens, savoir si c'est dû à la nourriture ou à la chaleur, ou si ça vient signer autre chose? Quelque chose me dit que ce n'est pas simplement ça. Pas que je me sente différente, mais c'est comme si mon corps avait été pris d'assaut par une force étrangère. Je ne sais pas comment expliquer cela à Anton sans avoir l'air étrange. Ma main vient se poser délicatement sur mon ventre et je secoue la tête. Non... c'est pas possible que?

Nous avons un passé compliqué et ma vie est clairement dangereuse, mais ça ne change rien à l'impression, ou au pressentiment qui grandit en moi. J'ai été élevée dans un milieu mortifère, je m'en rend compte à présent. Un monde qui m'a pris mon fils et pourtant j'ai pris la relève après la mort de Piotr. Je suis respectée et crainte, mais forcée d'agir dans l'ombre parce que je suis née femme. Depuis mes retrouvailles avec Anton je suis également déterminée à vivre ma vie selon mes propres termes. Nous nous aimons et je ne veux plus accepter d'être séparée de lui. Mais nous savons aussi que notre relation peut être dangereuse, surtout pour lui, j'ai parfois horriblement peur qu'on lui fasse du mal pour m'atteindre...

Cependant, maintenant que je ressens ces symptômes de grossesse, je ne sais pas comment faire face à la situation. Si je suis effectivement enceinte, cela pourrait changer toute notre vie. J'ai déjà beaucoup de responsabilités avec mon travail et je ne sais pas si je suis prête à être de nouveau mère. J'ai peur. De ce que ça implique, qu'il ne soit pas prêt, que... ce ne soit pas le cas et que je fantasme... Serais je soulagée? Déçue? Je ne sais plus tellement. J'ai besoin de savoir.

Anton me regarde dans les yeux comme si il sentait mon trouble alors que j'abandonne le plat près de moi. Le secret a gouverné ma vie pendant bien trop d'années, mais je ne suis pas prête à lui dire que je suis peut être enceinte. Je préfère avoir une certitude. -"Anton ? Je... il faudrait qu'on trouve une pharmacie." Pas franchement claire? J'essaie donc de faire mieux. -"S'il te plaît? Je ne me sens pas très bien." Je risque de l'inquiéter... mais j'ai besoin de savoir, moi même, avant d'affronter sa réaction.

Je crois que lorsque la vie vous donne une seconde chance, il faut mettre les petits tracas de côté et accepter de plonger avec délice dans l’aventure. La preuve en est que je n’ai jamais de joie aussi significative et sincère que sur les traits de Svety en ce moment. Et si seulement nous pouvions ne jamais rentrer ? Je pourrais vivre ici avec elle. Une petite cabane au bord de la mer que je construirais. On vivrait au rythme du soleil et cette douce pensée me serre le cœur doucement. En fait, peu m’importe la Bratva, le monde ou quoi que ce soit. Je suis avec Svety et rien d’autre n’a d’importance pour moi. Quand je fais le compte, je sais que me battre contre la Bratva ne m’apportera rien. Je préfère cette résistance passive dont je fais preuve en m’efforçant de montrer à la femme que j’aime une tout autre voie qui pourrait nous rendre heureux. Je la contemple, prenant en photo ce bonheur que je lis sur son visage. Mais soudain, c'est une étrange réaction qui me percute. Elle grimace. Le plat n’est pas bon ? Je baisse mon appareil et me rapproche d’elle pour demander ce qui ne va pas, mais elle me prend de cours en me disant qu’il faudrait qu’on trouve une pharmacie. Je la regarde surpris. Est-ce qu’elle m’aurait caché une maladie ou alors un truc moins grave, mais plus gênant de style une tourista ? Elle insiste poliment et je hoche la tête.

« J’ai vu une petite pharmacie dans le couloir de l’hôtel, on va aller voir. »

Je prends le plat que j’abandonne sur le muret quoique délicieux, je ne pense plus à manger et l’état de Svety m’inquiète même si je le cache autant que possible et lui donne mon bras pour l’aider à marcher. Mon Dieu et si le monde était assez cruel pour me la rendre et qu’elle ait une horrible maladie incurable et que ses jours étaient comptés. Je respire doucement. Elle n’a pas l’air du tout en souffrance. Juste écœurée… Je me force à me détendre. Ce n’est sans doute rien et en l’absence d’informations complémentaires, on va essayer de ne pas partir sur les maladies exotiques ou les dramas les plus intenses. J’ai juste une peur torride qu’on me retire la femme que j’aime. Mais je me force à faire taire ma crainte, mais je suis quand même préoccupé.

Alors que nous nous frayons un chemin à travers les rues en quittant le marché, je nous fais revenir rapidement vers l’hôtel. Une fois dans le hall, je lui désigne la pharmacie. Comme je ne sais pas forcément ce qu’elle a je me dis que je vais lui laisser un peu d’intimité avec la/le pharmacien(ne) histoire de ne pas la mettre mal à l’aise si elle ne souhaite pas m’en parler directement. Je lui embrasse la tempe et je lui souris.

« Je t’attends là, j’ai un coup de téléphone à passer »

Ce n’est pas vrai, mais je préfère qu’elle ne se pose pas la question et qu’elle aille cherche ce dont elle a besoin sans m’avoir sur le dos. Je ne veux pas l’étouffer. Je serai là à sa sortie, je ne vais pas bouger, mais a cet instant, je sais qu’il faut qu’elle se sente libre de faire avec moi ou de faire seule, mais je ne veux pas imposer ma présence. Je lui vole un baiser et souriant, je la laisse aller, l’attendant avec un sourire complètement charmé.

Anton fronce les sourcils en remarquant l'expression de mon visage et je m'en veux de l'inquiéter comme ça. Il pose une main tendre sur la mienne et sa voix traduit son inquiétude. Je me mordille la lèvre inférieure, me sentant coupable de lui cacher la vérité ou en tout cas mes doutes. Mais je suis incapable de parler pour l'instant, complètement bouleversée par mes craintes.

Anton me regarde avec tendresse et me serre la main, abandonnant ce plat délicieux comme si tout ça ne comptait pas. Il me donne le sentiment délicieux d'être tout ce qui importe. Je hoche la tête, me sentant soulagée qu'il comprenne mes préoccupations et qu'il soit prêt à m'accompagner. On rentre en direction de l'hôtel et je pousse un petit soupir de soulagement quand il me pousse à m'y rendre seule, ayant la délicatesse de me laisser gérer dans une sphère d'intimité.

Je me sens nerveuse, tremblante, alors que je demande un test de grossesse. Je crois que je me sens aussi un peu honteuse, une petite voix dans ma tête me livrant que ce n'est plus de mon âge. Je paie et récupère ce petit sac en papier pour rejoindre Anton dehors. Je souris et l'embrasse, mais je crois que la peur hante mon regard. Je ne sais plus de quoi j'ai peur... de l'être? Que ce soit une fausse alerte ?

Anton me serre la main tout en me lançant un regard de soutien et d'encouragement, alors même qu'il ne sait pas ce qui me serre le ventre. Nous remontons dans notre chambre et je me rends immédiatement dans la salle de bain. Je prends le test de grossesse en tremblant, me sentant à la fois nerveuse et bizarrement épuisée, mais je dois savoir. Je procède au test avant de mettre un minuteur en attendant le résultat et je ferme les yeux. Mon téléphone retentit et je mets quelques secondes avant d'oser les rouvrir.

Quand je les rouvre, je vois les deux lignes bien marquées sur le test de grossesse. Mon cœur bat la chamade et je suis envahie par tout un maelstrom d'émotions dont surnage une joie presque irréelle. Je suis enceinte... C'est complètement imprévu, probablement totalement fou, ça me bouleverse. Je me contemple dans le miroir, étonnée par la brillance de mon regard et je prends une longue inspiration avant de me laver les mains et de me passer de l'eau sur le visage et sur la nuque. Je reste là quelques secondes de plus avant de sortir, le test dissimuler dans le creux de ma main. J'ouvre la porte de la salle de bain et fais un pas dans la chambre en disant. -"Anton... je... il... il faut qu'on parle." Que va t'il penser de tout ça? On en a jamais parlé... clairement je ne l'ai même pas envisagé. J'ai eu un fils, les chiens de l'enfer me l'ont arraché... ma vie de mère s'est arrêtée là, en tout cas dans mon esprit. Et voilà que... le miracle de la vie en a décidé autrement. Je le cherche des yeux, ayant besoin de lire son émotion dans les siens.

Nerveux, je le suis. Pourquoi j’ai subitement l’impression que c’est la fin du conte de fée et qu’elle cache ce qu’elle a ? Pourquoi dans son regard que je croise parfois, je lis une sorte de sidération et combien il est difficile pour moi de ne pas me glisser dans la pharmacie pour entendre le nom du médicament qu’elle va demander ? Ça me donnera une indication. Cette attente me tue. Quand elle sort, je la sens préoccupée et elle me donne le change avec son petit sourire. J’enroule un bras protecteur autour de ses épaules et embrasse son front avant de l’entrainer vers les ascenseurs. Je prends sa main dans la cabine et nous montons sans un mot dans un silence assourdissant. La porte de la chambre est devant nous et je retiens mon souffle. Nous entrons et elle file dans la salle de bain. Je fais les cents pas sans un mot. J’imagine les pires scénarios. Je m’assois sur le lit, je me lève, je fais les cents pas. Je tourne, je vire. Il me faut un verre. Non, je n’en veux pas. De l’eau… Non, je n'ai pas soif. Je vais à la porte, je veux toquer pour savoir si ça va ? Mais je me retiens. Je reviens vers le lit et j’attends. L’attente est insupportable. Pourquoi j’ai cette peur qu’on me l’enlève encore une fois ? Pourquoi j’ai la sensation que cette parenthèse de bonheur va se faire balayer par une foutue tempête ? Non, c’est ce que je redoute. Mais alors que j’entends la porte s’ouvrir et que je la vois, je réalise que je vais me battre pour ne pas la perdre. Puis, elle me dit la phrase que 99% des hommes n’aiment pas entendre de la part de la femme qu’il aime. Je hoche la tête et je m’assois sur le lit en la regardant. Elle est debout devant moi et je suis assis sur le lit devant elle. Je la regarde par en dessous et avant qu’elle parle, je prends ses mains en douceur dans les miennes.

Je la regarde dans les yeux, j’ai envie de lui dire que je serais toujours là. Elle ne va pas me larguer, ça n’aurait aucun sens alors, je penche pour cette possibilité effroyable. Pourtant, je tente de me contenir. Ma crainte est en train de me serrer l’estomac. Cette attente est atroce et je voudrais savoir autant que je redoute ce qu’elle va me dire. J’ai mille milliards de scénarios qui me passent par la tête et j’envisage toutes les possibilités. Les maladies, les maladies incurables et dramatiquement mortelles. L’espérance de vie, les soins… Pourquoi la vie me fusille quand j’avais enfin trouvé ce qui me rendait heureux ? Quelle déesse cruelle se penche sur moi et se rit de mon malheur ? Je regarde Svety me forçant au calme alors que derrière mon regard, c'est la panique absolue. Est-ce qu’elle va me dire putain ? Mes pouces caresses ses paumes de main et je la regarde par en dessous, attendant qu’elle me dise enfin…

Anton tourne son attention vers moi, ses yeux exprimant bien plus de douceur que de curiosité. Pourtant je sais qu'il remarque immédiatement la tension qui règne dans l'atmosphère et se rapproche doucement de moi, m'incitant à continuer, de ses mains qui se joignent sur les miennes. Je me sens vulnérable, mais je sais que c'est le moment de partager cette nouvelle avec lui, quelles que soient les conséquences. Je prends une profonde inspiration pour me donner du courage, puis je lui glisse le test de grossesse dans la paume de la main. Je ne sais pas ce que je vais observer sur son visage : surprise, étonnement, bonheur, colère, peur ? Ces dernières options me terrifient et je crois que je tremble un peu avant d'oser parler. -"Dans la fenêtre C, la bande signifie que... que le test à fonctionné. Et.." Anton reste silencieux, ses pensées en train de se rassembler, à moins qu'il n'ait pas encore compris? Les hommes ne sont pas familiers de ... ces tests et clairement il ne doit pas s'y attendre. Un sourire doux, quoique craintif se dessine sur mes lèvres et je termine mon petit laïus -"Dans la fenêtre T, c'est celle de test... et la seconde barre...". Ma voix tremble, mes yeux menacent de déborder. J'ai besoin de son étreinte chaleureuse et réconfortante, mais je reste seulement debout face à lui, ayant besoin d'aller au bout, de mettre en mot cette nouvelle aussi fabuleuse qu'effrayante. -"... elle signifie que... que je porte ton enfant."

C'est complètement fou. Et je crois que je n'ai jamais eu autant besoin de l'entendre me murmurer des mots d'amour à l'oreille. J'ai besoin de lui, me rassurant et me faisant comprendre que nous traverserons ensemble ce nouveau chapitre de notre vie. Sa présence solide peut me donner la confiance nécessaire pour envisager l'avenir avec un minimum de sérénité, malgré les incertitudes qui subsistent et le purgatoire dans lequel je surnage depuis qu'ils m'ont pris mon fils. J'ai peur... je crois que je suis totalement tétanisée de trouille quand je me laisse glisser à ses pieds, mes yeux quêtant une réponse dans les siens. Je n'ose même pas le toucher, suspendu à une décision qui ne peut appartenir qu'à lui. Sera t'il un père? Et s'il ne le souhaite pas? Je ne sais pas. Je suis perdue. Je ne pensais plus jamais me poser de telles questions.

C'est un cadeau, inattendu et sublime. Une chance peut être de me reconstruire un peu. De faire d'autres choix? D'envisager ma vie autrement? Notre vie... Anton est mon phare dans une nuit qui a duré des années, mais se pourrait il que de cette lumière soit né un ange? Je trouve ça complètement dingue à envisager et malgré la tangibilité de ce test, qu'il tient dans ses mains, je peine encore à y croire. Je suis enceinte, d'Anton, je porte son enfant. C'est complètement fou, beau et grand, grandiose même. A condition qu'il ait envie... de ça avec moi. Je ne crois pas être capable de surmonter ça toute seule, pas après l'enfer de février.

Enfin, elle sort de la salle de bain, elle me dit qu’on doit parler et mon cœur se serre. Je me doute qu’elle ne va pas me larguer au premier jour ici, mais j’ai tellement peur de ce que la vie peut faire. Svety est la femme que j’aime et la vie me l’a retirée pendant des années et je suis tellement heureux depuis ces quelques mois que j’ai simplement peur que tout ce bonheur prenne fin et que je retourne à la réalité froide et glaciale de ce monde. J’ai peur. Peur que la vie me l’arrache encore. Je l’ai vu toucher son ventre et sa réaction m’a glacé le sang. J’imagine une maladie. Un truc horrible qui est malheureusement à ce jour une maladie très commune qui touche tellement de gens et qui en tue tout autant… Je me sens fébrile et je m’assois. Je la regarde alors que le temps suspend son cours. Je vais exploser, je veux fondre en larmes. Dans quelques secondes, elle m’annoncera qu’elle est malade et que ses jours sont probablement comptés. Qu’on s’est retrouvé pour s’aimer fort quelques mois au mieux et qu’elle va m’abandonner à nouveau, mais pour toujours cette fois… Je suis à deux doigts de m’effondre quand elle me dépose un truc dans la main. Je reste interdit et complètement sous le choc. C’est quoi ça ? Un détecteur de cancer incurable ? On dirait un test de grossesse. Elle se soigne avec ça ? Attends un test de grossesse, mais pourquoi faire ? C’est… Attends c’est… Elle vient de me donner un test de grossesse ? Je ne suis pas enceinte alors… Alors… Attends… Le ventre. Le regard, la nausée… J’écarquille les yeux en rapprochant mon visage du truc que je prends à deux mains pour le regarder. Elle me décrit les éléments. La fenêtre C, un test qui fonctionne ; la fenêtre T, celle du test avec une barre et… Oh putain… Je relève mes yeux vers elle, rougissant de ce que je viens de comprendre. Elle me dit alors que ça signifie qu’elle porte mon enfant. Elle porte mon enfant ! MON ENFANT ?!!! SVETY EST ENCEINTE DE MOI ?!!!!!!!!

C’est Dingue !!! Je la regarde, incapable de réaliser. Putain, je la voyais morte et elle est enceinte de moi. Mon bébé, on va avoir un bébé. La femme que j’aime porte mon bébé. Oh putain, j'ai chaud partout ! Il faut que je m’assoie. Ah non, je suis assis, c'est bon. Je regarde Svety sans savoir quoi dire où faire. Le choc est immense. Je suis vieux, j’ai 45 ans et je vais être… Je la regarde se mettre à genoux devant moi et je prends son visage dans mes mains et l’embrasse langoureusement sur la bouche avant de poser ma main sur son ventre. Je n’arrive pas à parler, je déborde d’une joie immense, c’est complètement dingue ; c’est incontrôlable. Elle va avoir notre bébé. Il va être magnifique ! Je vais porter la main à ma poche pour lui demander de m’épouser, mais je m’arrête dans mon geste. Je caresse son visage tout ému et essoufflé.

« Je n'ai aucun mot pour décrire ce que je ressens… C’est le plus beau jour de ma vie… »

Je l’embrasse en souriant. Je suis tellement heureux, mais soudain, je m’arrête et la regarde dans les yeux en prenant son visage dans mes mains.

« … Je… Je voudrais te demander quelque chose, je sais que c’est encore récent la mort de ton fils… Toi, tu… Tu veux cet enfant ? »

Je suis dingue d’amour pour elle et pour moi, c'est juste la plus belle nouvelle de l’univers, mais je sais aussi que ce qu’elle a vécu lui retourne encore le cœur. Son fils est mort et elle ne s’en remettra jamais. Tomber enceinte si vite sans l’avoir prévu en sachant que nous ne sommes pas tout jeunes… J’ai beau avoir le cœur en joie et vivre ma plus belle vie, je sais que nous devons être deux et qu’il n’est pas possible d’être heureux à ses dépens. Je la regarde dans les yeux lui exprimant tout l’amour que j’ai pour elle et aussi toute la liberté qu’elle a de pouvoir me dire qu’elle ne veut pas être mère à nouveau. Je n’ai besoin d’aucune raison, je n’ai pas besoin qu’elle m’explique. Un simple refus suffira. On vivra cette aventure à deux ou elle ne se fera pas. Mais nous devons désirer tout ça ensemble et pas juste parce que moi, je suis sur un nuage…

Anton fixe le test de grossesse entre ses doigts, avec une intensité folle, ses yeux passant de l'étonnement à l'émerveillement. Son visage s'illumine peu à peu, révélant une lueur d'espoir et de joie qui sont un vrai baume sur mes angoisses. Il relève son regard vers moi, et dans cet instant, je peux lire une multitude d'émotions qui se mêlent en lui. Je souris tendrement quand il me dit ne pas avoir les mots, il laisse glisser ses mains le long de mon visage et me caresse doucement les joues. Je sens les larmes d'émotion monter, mais elles sont vite chassées par un sourire radieux.

Il m'embrasse avec délicatesse avant de murmurer d'une voix chargée d'amour et de tendresse. Ce qu'il dit en cet instant, ça fait valser mon âme, c'est surement les mots les plus doux qu'on ne m'ait jamais adressé. Il me fait passer avant... avant sa joie, avant son envie de ce bébé. À cet instant précis, mes peurs et mes doutes s'envolent. Je me sens enveloppée par l'amour inconditionnel d'Anton, et je sais que nous serons capables de surmonter tous les obstacles qui se dressent devant nous. Notre histoire est un véritable tourbillon d'émotions, mais ce petit être qui grandit en moi nous offre une chance de renouveau, de rédemption. J'ai perdu son frère... c'est un drame absolu, dont je ne me relèverais surement jamais vraiment, mais je me sens prête à avoir ce bébé.

Je me relève délicatement, me serrant contre lui avec une force et une tendresse infinies. Je sens son cœur battre contre le mien, et dans cet instant précieux, je réalise que nous avons trouvé notre chemin vers le bonheur, malgré les épreuves passées. Notre amour a survécu à toutes les épreuves, et maintenant, nous construirons une famille ensemble. Il ne peut pas y avoir plus grand que ça. Je guide sa main contre mon ventre, sourire timide aux lèvres. -"Si tu es prêt à vivre avec les caprices d'une femme enceinte, oui... oui je veux avoir ce bébé avec toi."

Les mois à venir seront remplis d'incertitudes et de joies, mais nous les affronterons main dans la main. Je sais qu'il sera un père merveilleux et j'ai une chance d'être une bien meilleure mère, je suis sure que nous apporterons à cet enfant tout l'amour et la sécurité dont il a besoin. Et chaque jour, je me rappellerai à quel point notre amour est fort, à quel point il est précieux. A quel point j'ai de la chance de l'avoir retrouvé. C'est fou mais ma vie semble prendre un tournant de plus en plus marqué, sans que je m'en effraie vraiment. Alors que nous nous enlaçons, je sais que notre avenir sera différent de ce que j'avais projeté pour moi dans le futur, mais il sera également plus beau et plus riche de sens. Nous avons une nouvelle raison de vivre, de nous battre et de nous épanouir. Et je suis infiniment reconnaissante d'avoir Anton à mes côtés, car ensemble, nous bâtirons un avenir radieux pour notre enfant et pour nous-mêmes. C'est fou, mais cette petite étincelle de vie, qui grandit en moi, vient me donner une autre raison de vivre. Pas seulement la vengeance... pas seulement la mort. Non, au contraire, l'amour de cet homme, la vie de son enfant. Je souris en y pensant, avant de cueillir ses lèvres un instant. -"C'est le moment de te faire partir dans une quête impossible d'une barquette de fraises?" Je le dis en souriant d'un air mutin. Sa réaction vaut mille mots, je sais qu'il est heureux, pleinement, sans aucun doute possible, il irradie la joie.

Enceinte !! ENCEINTE !!! Svety porte un enfant. Mon enfant. Notre enfant. C’est un tumulte dans mon cerveau. Le soulagement, moi qui m’attendais à une annonce de maladie mortelle, puis finalement l’angoisse. J’ai 45 ans, je vais être père à cet âge-là ? Je ne suis pas calibré pour. Mais soudain, c'est la joie qui me saisit à la gorge et qui m’enserre délicieusement. Je vais être papa. Je vais avoir un enfant avec Svetlana. Avec Svety, cette femme qui a pris mon cœur un jour à Moscou et qui l’a toujours possédé. Je noyais mon existence toute entière dans une course vaine pour occuper mon existence et la remplir de choses et d’autres alors que je n’avais que Svety en tête encore et encore. La retrouver dans ma vie après tout ce temps et réaliser que je n’ai pas de rancœur, juste un amour débordant et une joie immense d’obtenir cette seconde chance. Que si je n’aime pas ce qu’elle est devenue, je sais qui elle est au fond d’elle et que je ne refuse de vivre la moindre seconde du temps qu’il me reste sur cette planète sans elle. Je ne veux pas rattraper le temps perdu, je veux savourer l’entièreté du temps que j’ai à vivre pour et avec cette femme. Je sais aujourd’hui que mon bonheur est dépendant de sa présence à mes côtés. Sa présence est devenue vitale pour moi. J’en suis au point que vivre sans elle serait un supplice odieux qui me détruirait de l’intérieur.

Alors que je relève mes yeux sur elle et que nos regards se croisent, je crois que j’ai des larmes de joie plein le regard. Elle me semble floue et pourtant je la vois si bien à cet instant. Elle va avoir un bébé. Mon bébé. Notre enfant… Soudain, je réalise que derrière ma joie immense, Svetlana a déjà vécu cela et qu’elle a enterré son fils récemment. Que son mariage n’était pas une réussite, loin de là et pourtant une nouvelle vie est en train de prendre place en elle. Je la regarde et lui demande ce qu’elle en pense elle ? Un enfant ne se décide pas seul et si j’en ai envie, je peux concevoir qu’elle ne partage pas cette envie surtout connaissant sa situation récente. La perte de son fils est une chose inimaginable et qui la blesse encore. Alors se retrouver enceinte n’est peut-être pas ce qu’elle désire. Son regard se perd un instant dans sa réflexion et je la couve de douceur avec le mien, attendant qu’elle fasse le tri. Quoiqu'elle décide, je la soutiendrai de toute mon âme. Je veux que son choix soit le sien. Assumé et entier et non pas pour me faire plaisir. Elle me serre contre elle et doucement prend ma main pour la poser sur son ventre avant de me dire que si je suis prêt à vivre avec les caprices d’une femme enceinte, oui, elle désire avoir ce bébé avec moi. Mon cœur s’emballe. Je croyais que le jour de retrouver Svety était le plus beau. Celui-là le surpasse et je ne croyais pas cela possible. Mais si ça l’est. Merde, j'ai une bague à lui offrir. Moi qui voulais m’engager avec elle, je trouve le timing mal choisi pour le faire là. Elle me dit alors pour plaisanter si c’est le moment de me faire partir en quête impossible pour une barquette de fraise ?

« Attention à ce que tu souhaites, je pourrais aller te chercher ça. »

En revanche, je me demande si la randonnée avec le bivouac est une bonne idée ? Je ne sais pas ce qui est préconisé pour les femmes enceinte, mais la randonnée est sans doute un peu trop intense pour elle non ? Je remonte le long de son corps et la soulève pour la prendre dans mes bras et la porter pour qu’elle me regarde par en dessous. Je me noie dans ses yeux et lui demande.

« On va devoir probablement changer notre programme de vacances. Le camping sauvage ne sera peut-être pas très indiqué vu ton été ? »

Est-ce qu’elle le sent que je vais être en panique au moindre truc et me dire qu’elle est face à de multiples dangers en permanence ? Non, je vais me calmer. Je veux juste qu’elle ne se fatigue pas et que tout se passe au mieux. On dirait que la vie ne va finalement pas nous séparer de sitôt et j’adore ça.

Je souris et l'embrasse tendrement alors qu'il me dit de me méfier de ce que je souhaite. Je le crois tout à fait capable de retourner la moitié de la ville, pour mettre cette menace à exécution. -"Je plaisantais, je n'ai besoin de rien d'autre que toi." Je regarde Anton avec un mélange d'excitation et de douceur. Je viens de lui révéler que je suis enceinte de lui, cette information est folle. Mon esprit ne peut s'empêcher de se décaler vers ma première grossesse, mais je me force à bloquer cet afflux de pensées. Pas maintenant... pas alors que nous sommes tous les deux dans notre chambre d'hôtel, au cours de ce voyage que j'ai organisé spécialement pour son anniversaire. J'ai bien sur prévu un cadeau, mais je crois que rien ne pourra plus supplanter ce que je viens de lui annoncer.

Il se plonge une seconde dans ses pensées et je souris quand il reprend la parole. À l'origine, nous avions prévu de bivouaquer, mais maintenant qu'il est au courant, il s'inquiète de savoir si c'est approprié compte tenu de ma condition. Je m'approche encore plus de lui, cherchant à le rassurer. Mes mains se posent délicatement sur ses épaules et je le regarde droit dans les yeux. Un sourire tendre se dessine sur mes lèvres alors que je lui dis d'une voix douce : -"Anton, mon amour, tu es en train de me donner une excuse pour préférer le confort d'une suite de palace à une tente et un matelas gonflable? Vraiment?" Je ris doucement et ajoute -"Je vais bien, et le bébé aussi. Nous pouvons toujours bivouaquer et j'ai envie de découvrir un peu de ton monde."

Je veux voir son expression se détendre légèrement, n'ayant pas envie de faire naitre l'inquiétude dans son regard. Je lui murmure d'un ton espiègle : "-Il est évident que je suis une aventurière dans l'âme. Alors même avec ce petit bout de bonheur grandissant en moi, je suis prête à relever le défi, de camper sous les étoiles avec toi." J'irais au bout du monde, pour avoir la chance de continuer à me mirer dans ses yeux. Par le passé j'ai tourné les talons et ça a failli me briser. J'ai choisi un chemin qui m'a privée de lui et je ne veux plus jamais vivre ça. Plus rien ne m'y obligera jamais.

Un sourire se dessine sur mon visage alors que je guide ses mains sur mon ventre, ayant hâte de voir l'expression de son visage quand il pourra dans quelques semaines, sentir les mouvements de notre bébé. -"Et puis, imagine seulement les histoires que nous pourrons raconter à ce bébé lorsque nous lui parlerons de ce voyage ! J'ai déjà hâte."

Mon cœur se remplit de joie et d'amour alors que je lui adresse un sourire reconnaissant. Je suis heureuse de l'avoir ainsi près de moi, heureuse de porter son bébé. Peut être que la vie nous offre une seconde chance? Peu importe où nous irons, nous le ferons main dans la main, prêts à affronter tous les défis que la vie nous réserve, y compris celui d'être parents. Nous nous regardons, connectés par cette nouvelle réalité qui nous unit plus que jamais et je viens frotter le bout de mon nez contre le sien. -"Je t'aime Anton." Tellement... Je ferme les yeux, un sourire doux éclairant mon visage avant que je ne le love dans son cou, pour y déposer une pluie de baisers.

Quel tourbillon d’émotions. La vie, selon mes craintes s’apprêtait à me donner le coup fatal, mais contre toute attente, elle vient de me faire le plus beau de tous les cadeaux. Je suis passé de la peur, de la crainte au soulagement, puis au bonheur. Je suis sur un nuage. Svety est enceinte et désire cet enfant avec moi. Alors si comme elle le demande elle me fait un caprice à base de barquettes de Fraise, je vais lui en chercher un autre, contient à la nage s’il le faut. Bon vu mes capacités sportives, c'est un peu trop ambitieux, mais l’idée est là. Elle me précise qu’elle plaisante et qu’elle n’a besoin de rien d’autre que moi. Mes jours rosissent doucement et je m’avance pour l’embrasser alors que j’enroule mes bras autour d’elle pour la serrer doucement. Je réfléchis à tellement de choses, mais surtout qu’on ne peut probablement pas aller bivouaquer ensemble ? Je lui en fais part et elle noue ses mains aux épaules et me regarde dans les yeux avec un sourire amusé et joueur. Elle me demande si je suis effectivement en train de lui donner une excuse pour préférer l’hôtel et son confort à une série de nuits sous la tente… Je sais qu’elle plaisante et me dit qu’elle va bien et le bébé aussi et qu’on peut toujours bivouaquer et découvrir mon monde. Je caresse son visage et prends ses joues dans mes mains pour qu’elle continue de me regarder.

« C’est toi mon monde Svety. Toi et ce bébé dans ton ventre. »

Ma famille. Mon Dieu que c’est étrange à penser, à dire et à envisager. Je n’aurais jamais pensé qu’elle et moi serions un jour deux ensemble, mais trois… C’est au-delà de tout ce que j’aurais pu espérer. Elle me conforte cependant dans son désir de me suivre dans la nature et je souris, sachant que de toutes manières, je ne l’amène ni en zone de guerre ni dans un endroit risqué. Je connais certains lieux et ils sont sûres et balisés par les autorités locales. L’idée est de lui préparer un séjour dépaysant et pas une marche commando qu’elle regrettera jusqu’à la fin de ses jours. Ses mains prennent alors les miennes et les déposent sur son ventre. C’est fou à imaginer ce qui se passe là-dedans… J’ai un sourire idiot sur le visage. Elle me parle des souvenirs qu’on va pouvoir raconter à cet enfant quand on lui parlera du voyage.

« Et les photos à lui montrer… J’ai hâte aussi… »

J’ai le cœur qui déborde de joie et d’amour et quand elle me dit qu’elle m’aime je lui vole un baiser avant qu’elle ne cale son visage dans mon cou et y pose des milliers de baisers. Je frissonne et souris avant de tirer ses cheveux doucement avec ma main puissante pour venir lui faire lever le menton et poser ma bouche sur la sienne, enroulant ma langue à la sienne délicatement durant quelques secondes. L’étourdissant du baiser, je libère ses cheveux et viens lui défaire sa ceinture et son pantalon. Je la sens sourire contre ma bouche et lui murmure tout en souriant et lui écrasant mes lèvres sur les siennes.

« On doit bien fêter la bonne nouvelle ? Et comme on ne peut pas boire d’alcool… Un petit câlin ? »

Je laisse tomber son short et la laisse en culotte avant de remonter mes mains sur elle, soulevant son t-shirt pour dévoiler son ventre qui bientôt s’arrondira. Je remonte le tissu au-dessus de ses seins et me recule en souriant pour qu’elle lève les bras et me laisse la mettre en sous-vêtements affichant un sourire charmé et un regard avide de désir et plein d’amour infini pour la femme que j’aime. Je crois d’ailleurs qu’il faudrait un mot bien plus fort que je t’aime pour définir ce que je peux ressentir pour elle. J’ai le cœur qui explose tellement souvent en sa présence que ça en devient fou…

C'est toi mon monde... Moi et le bébé que je porte... Se rend il seulement compte de la portée de ce qu'il dit? Je ne suis plus une gamine, j'ai vécu, j'ai aimé, mais jamais je n'ai eu cette place, jamais personne ne m'a traitée comme il me traite et c'est totalement sidérant de puissance. Contre lui, je suis la reine du monde et rien d'autre ne compte. Il me fait oublier, mes devoirs, la bratva, mon ancienne vie... il arrive même à me faire oublier la douleur. Je me perds dans ses yeux, lui exprime mon amour et je me perds en tempête d'attentions de mes lèvres dans son cou.

C'est la puissance de sa main dans ma chevelure qui me fait relever la tête. Je souris, avant qu'il ne couvre mes lèvres des siennes, me tirant un frisson qui s'enroule autour de ma colonne vertébrale. Sa langue danse contre la mienne et les contours du monde s'effacent. Je tremble et m'abandonne, souriant encore quand je le sens s'attaquer à ma ceinture. Manifestement mon homme ne fait pas partie de ceux que la grossesse inquiète. Je bascule dans le creux des draps, le laissant me déshabiller, me contentant de le dévorer du regard.

Cette façon qu'il a de me contempler, c'est fou, j'ai le sentiment d'être une œuvre d'art dont il ne peut cesser de se repaître. C'est ça son super pouvoir, cette capacité à me faire me sentir exceptionnelle, magnifique et... aimée. Dans ses yeux je sais comment on conjugue le verbe aimer, je le vois, je le lis, j'y plonge en rêvant de ne plus jamais respirer un autre air que le sien. -"Viens... vite." Voix rauque de désir, exigeante d'envie, je l'attire contre moi, attaquant sa ceinture à mon tour, laissant tomber ses vêtements sans m'en soucier. Je ne m'arrête pas quand il se trouve en boxer, je le veux nu, dans toute sa virilité. Je veux me régaler de sa peau et m'en étourdir. -"Anton? Tu vas être un père génial." Un murmure à son oreille, alors que j'enroule mes jambes à ses hanches, mon bassin trouvant place contre le sien. Je pousse un gémissement, frustrée par cette barrière de tissu qui m'empêche de le sentir s'unir à moi. J'agace son désir, d'ondulations délicates et je mordille la ligne de sa mâchoire, pour remonter de l'autre côté, agaçant le lobe de son oreille de mes dents, avant de venir y souffler. -"J'aime tellement ta peau."

Je suis enveloppée par sa chaleur, mon corps frémissant contre le sien, envieux. L'intimité que nous partageons en cet instant est électrique, presque tangible. Mes mains tremblent légèrement alors qu'elles glissent sur sa peau nue, caressant chaque centimètre de son être. Je sens mon cœur battre à tout rompre, une pulsation rythmée par le désir qui m'envahit, par l'amour fou que je ressens, par le bonheur qu'il est seul à savoir faire éclore.

Le contact de nos corps est incendiaire, une fusion ardente de chaleur et de passion. Je peux sentir la force de son étreinte, les lignes de son corps trouvant place contre chacune de mes courbes, m'attirant toujours plus loin dans la valse du désir. Chaque effleurement, chaque pression de son corps contre le mien, me fait frissonner de plaisir. Une vague d'émotion me submerge, rendant mes jambes fébriles et mon souffle saccadé. Je me cambre et mes yeux se perdent dans les siens, si profonds, si intenses. Ils reflètent cette même lueur brûlante qui consume mon être tout entier. Je suis envoûtée par son regard, hypnotisée par la connexion qui vibre entre nous.

Le son de sa respiration, chaude et régulière, résonne à mes oreilles et réveille en moi un mélange indescriptible d'excitation et de tendresse. Je suis enivrée par son parfum, par cette odeur envoûtante qui embaume l'air autour de nous. Chaque instant passé dans ses bras est un véritable enchantement, un voyage sensoriel où chaque sensation est décuplée. -"Je t'aime... dieu que je t'aime..."

Le monde, la vie, l’univers ne m’a pas vraiment fait de cadeau. Ma vie s’était arrêtée sur un pont de Moscou il y a 20 ans de ça. À cette époque, j'ai cru que la vie allait me donner un chemin parsemé de lumière et de bonheur et tout s’était arrêté subitement. Un simple adieu… Aujourd’hui, j'ai parcouru le monde. Je l’ai pris en photo, je l’ai arpenté, découvert, aimé, détesté. J’ai vécu, mais il me manquait quelque chose. Et cette vie que j’ai pu maudire pour cet embranchement qu’elle m’a fait prendre un jour d’été et bien je n’aurais pas cru qu’elle m’offrirait cette voie une nouvelle fois plus tard. Svety est revenue dans ma vie. Et alors que je me disais que la vie allait encore me jouer un mauvais tour. C’est la plus merveilleuse, douce et fantastique nouvelle qui vient me faire éclater le cœur de joie et d’amour. Svetlana porte notre enfant… Je crois qu’il n’existe pas de mot assez fort ni assez précis pour décrire cette émotion qui me transperce de part en part et qui me rend cette journée plus belle, plus lumineuse que toutes les autres. Je dois être dans un rêve et j’embrasse cette vie à pleine bouche. Je dévore mon amoureuse de mon regard rempli d’amour. J’ai le cœur qui va éclater de bonheur alors que je sens monter en moi le besoin d’exprimer tout mon amour pour elle, je lui propose à défaut de boire un petit câlin. Elle sourit et m’embrasse avant de me dire de venir vite et m’attire à elle en s’attaquant à ma ceinture, elle me déshabille en hâte et m’avoue que je vais être un père génial. Je rougis et je réalise que l’idée d’avoir un enfant avec elle ne me panique pas du tout. Je souris et l’embrasse en m’attaquant aussi à ses habits.

« Je vais faire de mon mieux, c’est juré. »

Mon pantalon tombe et sans m’en rendre compte, la petite boite de velours avec la bague que j’ai acheté pour elle se retrouve au sol près de la poche où le pantalon est tombé. Je n’y prête pas attention pour le moment parce que Svety est déjà à l’attaque de ma peau alors que nous sommes en sous-vêtements et qu’elle se frotte à moi en avouant qu’elle aime tellement ma peau. Je lui retire ce qui lui reste de vêtements et me déshabille à mon tour. Je l’enlace de mes bras puissants et la couche dans le lit avant de venir m’étendre sur elle doucement. Couché entre ses cuisses ouvertes, je bouge doucement mon bassin qui fait que nos sexes se frottent langoureusement pendant que nos langues sont en train d’échanger de puissants et passionnés baisers pleins de tendresse. Nos langues sont soudées l’une à l’autre et nous exhalons nos soupirs fiévreux avec entrain. Je me délecte de sa peau, de son parfum, de sa saveur dans chaque baiser. J’ai le cœur qui va explose tant je suis heureux. J’écrase Svety de tout mon corps pour la noyer dans le matelas avec mon corps en guise de couverture. Je veux l’enfermer dans ce monde douceur et de chaleur délicate qu’elle mérite. Je la veux dans cette bulle qui la tient loin de la Bratva de toute cette souffrance. L’instant est magique et doux et je ne veux pas sortir de cette bulle.

Ses jambes nouées autour de moi me serrent contre elle un peu plus à chaque fois que je pousse mon bassin contre le sien. Mon corps est tendu de désir contre le sien et son aveu d’amour enflamme mon corps. Mon bassin glisse contre le sien et je me cambre délicatement et remonte en poussant le bassin. Mon sexe s’enfonce dans le sien avec douceur, emprisonnant mon corps dans le sien. Je pousse un gémissement étouffé contre son épaule que je mords de plaisir et sourit avant de venir tenir mon visage au-dessus du sien.

« Dis-le-moi encore… Je ne me lasse pas de t’entendre me dire ça… »

Mais alors que j’attends sa phrase si douce, je lui inflige des coups de bassin secs et profonds qui n’ont que pour but de lui rendre la tâche plus difficile. J’adore son visage quand elle prend du plaisir, sa bouche ouverte qui libère ses soupirs, son corps tendu, son visage qui se crispe à chaque vague de plaisir et son regard lumineux constellé de petites lueurs merveilleuse. Je n’aime pas seulement cette femme, je suis totalement incapable de vivre sans elle. Elle est la partie de moi qu’il me manquait pour être complet. Je meurs complètement d’amour et me penche sur elle pour l’embrasser, oubliant presque que je viens de lui demander de me dire encore qu’elle m’aime et que je l’empêche de parler…

C'est dans l'écrin intime de cette chambre que nos corps se mêlent, nos désirs s'entremêlant dans une danse sensuelle et passionnée. Chaque pression, chaque caresse électrise l'air entre nous, créant une tension délicieuse qui éclate en éclairs ardents au contact de nos peaux enfiévrées. Mes soupirs se fondent dans les siens, une mélodie fiévreuse de plaisir et d'amour qui résonne entre les draps froissés. L'extase est à portée de main, chaque sensation multipliée par le lien profond qui unit nos cœurs. Quand il se fond en moi, c'est une petite apothéose, un moment d'éternité, ça parait fou et c'est pourtant vrai. Son corps complète le mien avec une perfection insensée.

Les mots d'amour qui s'échangent entre nos baisers sont des promesses enflammées, des serments scellés dans l'intimité de ce moment magique. Mon esprit est submergé par les sensations, mon corps vibrant de désir et d'amour à chaque mouvement, chaque contact, chaque ondulation de son corps contre le mien. Sa demande, cette supplication à entendre encore mon amour à nouveau, résonne dans l'air, teintée d'une émotion brute et puissante. Mais il ne me laisse pas le temps de lui répondre. Il me prend plus fort, me sidère de sensations merveilleuses qui s'enroulent autour de ma colonne vertébrale et me coupent le souffle.

Dans ce moment qui semble suspendu, la passion qui nous lie me pousse à l'abandon, à laisser nos instincts prendre le dessus et sa bouche me fait taire de baisers furieux. Les éclats de plaisir, les vagues de sensations s'échangent entre nous avec une intensité croissante. Mon regard brûle dans le sien, les flammes de nos désirs se reflétant l'une dans l'autre. Mes mains parcourent son dos, ses épaules, le toucher devenant une langue à part entière pour exprimer tout ce que mes mots ne sauraient dire. Je le cajole de la langue, furiosité sensuelle qui me bouleverse jusqu'aux tréfonds de l'âme.

Je mordille sa lèvre inférieure, doucement, laissant échapper un soupir contre sa bouche, alors que mes hanches ondulent contre les siennes, faisant monter le plaisir à un crescendo irrésistible. -"Je t'aime." Mon corps est en harmonie avec le sien, chaque mouvement initié pour lui offrir autant de plaisir qu'il m'en donne, sans réfléchir, simplement parce que je suis instinctivement sensible à tout ce qu'il me fait. J'y réponds sans penser, simplement bouleversée par sa tendresse, autant que par sa virilité. Les émotions dansent dans ses yeux, une symphonie d'amour et d'extase qui transcende l'instant. Je me sens tellement belle, tellement à ma place, que ça menace de me submerger. Je viens poser les lèvres dans son cou, resserrant les jambes autour de ses hanches et je murmure -"Je t'aime."

La pulsation de mon cœur semble rythmer la cadence de nos échanges, un battement fougueux et irrégulier qui semble s'accorder à la mélodie du plaisir partagé. Mes doigts se crispent doucement sur sa peau, cherchant un ancrage, une connexion physique pour accompagner celle de nos âmes. Son visage est un tableau de désir, chaque trait devenant une œuvre d'art érotique qui se grave dans ma mémoire. Peut être que je devais grandir pour être capable d'apprécier un amour pareil? Un homme pareil ? Que j'avais besoin que la vie me démontre quelle indicible erreur j'ai fait à 20 ans en lui préférant quoi que ce soit d'autre?

La tension monte, la frénésie des sensations nous enveloppe, me perdant dans un tourbillon d'émotions. Le désir prend le pas sur les mots, sur les promesses, mais il est imprégné de tout ce que nous sommes l'un pour l'autre. Mes soupirs deviennent presque des chants, des déclarations silencieuses de tout ce que je ressens à cet instant précis. Chaque mouvement est une lettre dans une poésie charnelle que nous écrivons à deux. Il est le cœur de mon monde, battant, vibrant, lui rendant ses couleurs. Cet homme... mon homme...

Le plaisir explose en une étoile brillante derrière mes paupières closes, éclatant dans une symphonie de sensations enivrantes. Mon corps frissonne, frémit, s'abandonne à cette vague de sensations qui me submerge, ma tête bascule en arrière et un râle profond vient résonner dans ma gorge. Extase hallucinante qui me perche sur le toit du monde, alors que je suis enivrée d'un amour si profond, que je ne l'aurais même pas cru possible. Un lien indéfectible s'est formé entre nous et il s'épanouit dans ce moment parfait. C'est dans ses bras que je trouve mon équilibre, mon refuge, un monde à nous... qui n'exige rien de moi. Rien d'autre que d'être moi. -"Mon amour, tu es mon rêve devenu réalité, ma douce réalité."

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