Je m’appelle Layla, née Layla Tallullah Jones en décembre 1991 dans le trou du cul DU trou du cul, du monde. Mon histoire commence en effet dans le petit village de Lyndon, niché au cœur du Montana. Ce village, avec ses rues étroites et ses maisons en bois, est entouré par des prairies infinies et des collines majestueuses. C'est un endroit où la vie semble simple et immuable, mais pour moi, c'était un lieu de souffrance et d'isolement. Lyndon, avec ses quelques centaines d’habitants, était un endroit où tout le monde se connaissait, et où les secrets étaient difficiles à garder. Après la mort de mon père d'une overdose quand j’avais six ans, ma mère, déjà fragile, a sombré dans une dépression profonde. Nous vivions dans une vieille maison en bois, dont les murs semblaient avoir absorbé tout son chagrin. Le vent qui soufflait à travers les fissures de la maison était presque une métaphore du vide dans nos vies.

Quand mon beau-père est arrivé, j'ai espéré, je crois, qu'elle se ressaisisse mais les choses ont rapidement empiré. Sa violence était omniprésente et imprévisible, transformant notre maison en un terrain de combat émotionnel. À l’âge de 12 ans, j'ai commencé à fuguer, je dis commencé parce que ça c'est plus jamais arrêté, on me ramenait et je me tirais ! Ces premières échappées étaient souvent des escapades improvisées dans les bois autour de Lyndon. Je prenais un sac à dos rempli de quelques vêtements et  je me barrais dans la nature, désirant me construire une cabane et vivre tranquille !

À 15 ans, la situation est devenue insupportable pour concon et ma mère et les flics en avaient un peu ras le cul d'aller me chercher aussi j'crois. Les services sociaux ont pris la décision de me placer en foyer. C’était le début d’une série de séjours dans divers établissements qui n’avaient rien de familiaux. Cette période a marqué le début des "grosses bêtises". J'ai commencé à défier l'autorité de manière plus audacieuse : les fugues se sont intensifiées, les voleries dans les magasins sont devenues monnaie courante, et j'ai été impliquée dans des petites altercations avec d'autres adolescents, voie de fait... bagarre... ébriété... La quête de sensations fortes était un moyen pour moi de me sentir vivante, un moyen de transformer la douleur en quelque chose d’exprimable. Je n'avais pas les mots, mais j'avais les actes !

En foyer, j’ai continué à être un électron libre, rejetant les règles et les restrictions. Les danses impromptues dans les couloirs, les fêtes clandestines organisées avec les autres résidents, les fugues nocturnes pour errer dans les rues, étaient devenues ma façon de gérer le chaos de ma vie. J’ai même pris l’habitude de quitter les foyers pour me réfugier dans des squats ou chez des amis aux foyers instables et aux parents foireux. Je vivais dans un tourbillon de comportements destructeurs qui, d'une certaine manière, me donnaient une illusion de contrôle sur mon existence. Le moment décisif est arrivé quand j’ai quitté le Montana. J’ai décidé de partir sur un putain de coup de tête en suivant Dimitri, direction la californie, pour devenir acteurs... Au final du délire Hollywood on a fini par échouer à San Diego, j'avais emporté avec moi une valise surtout pleine de rêves et d’incertitudes. Les premiers temps là-bas ont été rudes : j’ai fini par trouvé un emploi de serveuse dans un petit café, où la rémunération était modeste, pas de contrat de travail, mentant sur mon âge... la merde quoi. Le tournant est venu quelques années plus tard, j'avais 22 ans, lorsque l’un des clients, un homme d’affaires, m’a proposé de l’accompagner pour un dîner en échange d’argent. C’était le début de mon voyage dans le monde de la compagnie payée, que j’ai d'abord considéré comme un moyen temporaire de survie.

À mesure que je me familiarisais avec ce nouveau monde, j’ai découvert que je pouvais utiliser mon corps comme une marchandise précieuse. Cette révélation m’a conduite à explorer le métier de call girl, un chemin que je n’avais jamais envisagé mais qui est devenu une source de pouvoir et de liberté. C’est dans ce contexte que j’ai rencontré celui qui deviendra mon pilier, un homme dont la présence est devenue une ancre dans un monde autrement tumultueux. La danse et la musique, bien que souvent mises de côté, restent les flammes de mon passé, illuminant encore les coins sombres de mon présent. Ma quête de liberté et de sens continue d’alimenter chaque pas que je fais, dans un monde où je cherche encore finalement à trouver ma place.

En tant que call girl, j'ai découvert un univers où chaque rencontre est une danse complexe entre pouvoir et vulnérabilité. La satisfaction que j’en retire n’est pas simplement financière, mais émotionnelle et psychologique. Chaque client est une nouvelle scène sur laquelle je peux jouer le rôle que je choisis, une opportunité de m’affirmer dans un monde où la liberté est mon seul luxe. Les moments d’intimité, les échanges sincères avec certains clients, et même la simple possibilité de décider de mes propres règles me procurent un sentiment de contrôle et de girl power que je n’avais jamais connu auparavant. Mon corps est devenu une monnaie d’échange ce qui pourrait paraître avilissant, mais c’est aussi un outil de conquête et de liberté. Je prends plaisir à me réinventer constamment, à défier les attentes et à explorer les limites de mon propre désir de vivre intensément. En dépit des risques et des difficultés, chaque journée est une affirmation de ma capacité à exister et à influencer, même dans les recoins les plus inattendus de ma vie.