Francesca Giordano ∞ “La musique est la langue des émotions.”

Je suis le genre de nana qu'on envisage que dans la joie, cette fille douce et pétillante comme des bulles de champagne qui rend le sourire à ses proches et souris à la vie dans son ensemble. En tout cas... j'étais... Mais je vais trop vite en besogne. Je me tiens dans mon atelier, entourée de mes toiles colorées, et je pousse un soupir un peu mélancolique. Ici, chaque coup de pinceau est une forme de note dans la symphonie de mon âme, mais c'est aussi un exutoire. Mes tableaux, éclats de lumière et de rêve, sont les miroirs de mes émotions les plus profondes. Mais voilà je recommence à disgresser. Si je dois expliquer ce qu'est ma vie, je crois qu'il faut aussi parler de... ce qu'elle a été.

Il y a cinq ans, mon monde a été ébranlé comme un arbre secoué par une tempête. La révélation que celui que j'appelais "Papa" n'était en réalité que mon oncle biologique a bouleversé les racines de mon existence. Mon père biologique, un uomini d'onore, est mort en mission pour la cosa, et mon oncle a épousé ma mère pour préserver l'honneur de son frère. Mettre une femme enceinte et ne pas l'épouser n'était pas tolérable et le cadet devait assumer les erreurs de l'aîné. Cette découverte a semé la confusion en moi, mais m'a aussi permis de comprendre la profondeur du sacrifice et de l'honneur. Je respecte profondément cet homme qui m'a élevée, et jamais je ne ternirai son nom, même si je refuse de laisser cette vie gouverner la mienne. J'aime mon père, de tout mon coeur, j'ai toujours été immensément proche de lui et c'est sans doute pour ça que j'ai eu pas mal de liberté dans mon enfance et mon adolescence.

Alors même si il n'a pas vu d'un très bon oeil ma rencontre avec Terzo à la fac de lettres, il m'a donné sa bénédiction. Il lui trouvait comme qualité d'être au moins italien et ça me faisait rire. Mes études allaient bon train et je réussissais avec brio devenant par la suite traductrice. Anglais évidemment, Italien forcément mais aussi Français courant et de très bonnes notions d'espagnol ainsi que la capacité de tenir une conversation de base en Russe. Ma vie semblait sur des rails, même si mon mari rentrait de plus en plus tard et censurait toutes mes envies d'activités en dehors du travail.

La trahison de Terzo, mon premier amour, mon premier amant, mon mari, reste une cicatrice sur mon cœur. Le trouver au lit avec sa secrétaire, comme un mauvais cliché, a brisé mes illusions et mon avenir avec lui. C'était il y a huit mois, mais la douleur demeure, enfin plutôt l'immense blessure dans mon ego même si elle s'atténue avec le temps. J'ai tout quitté : la maison conjugale, mon travail étouffant, et j'ai décidé de reconstruire ma vie sur les ruines de mon passé. Une vie choisi par et pour moi seule.

Aujourd'hui, je danse ma vie, c'est bizarre dit comme ça, je suppose... Je ne suis plus aussi joyeuse et douce, je crois que je suis même parfois âpre et amère, mais j'ai enfin pris les cours dont je rêvais et cette expression corporelle m'est devenue essentielle. Chaque mouvement est une libération, chaque pas une découverte de ma sensualité, de ma féminité. La danse est devenue une célébration de ma liberté retrouvée, une manière de laisser mon esprit flotter comme une feuille dans le vent. Terzo disait que c'était une perte de temps, mais pour moi, c'est un retour à la vie.

Voyager est devenu mon souffle vital. Rome, Paris, Barcelone ... – chaque ville est une nouvelle palette de couleurs et d'émotions. Je dessine chaque jour, capturant les visages et les paysages qui m'inspirent. Je me sens vivante, libre, capable de voir le monde avec mes propres yeux et de l'interpréter à ma manière, comme une artiste devant une toile blanche. La cuisine est aussi un nouveau terrain de jeu. J'explore des recettes, mélange des saveurs, et crée des plats qui nourrissent non seulement le corps mais aussi l'âme. Cuisiner est devenu une forme de méditation, une manière de réinventer mon quotidien et de savourer chaque instant. Dans chaque plat, je mets un peu de mon histoire, de mes rêves et ça me détend divinement.

Devant le miroir, je me bats clairement contre mon manque d'assurance, essayant de me réapproprier un corps qu'il a si souvent critiqué. Peut être que je sous-estime mon propre charme, mais chaque jour, j'apprends à m'accepter un peu plus, enfin, je crois. Chaque nuit, je trouve refuge dans l'écriture. Mes chansons et poèmes se veulent être des étoiles scintillantes dans l'obscurité, chaque mot étant une note vibrante qui me libère un peu. Mes compositions parlent de perte, de renaissance, de la beauté cachée dans les ombres. La musique est ma catharsis, transformant ma douleur en art, comme une alchimiste des émotions. J'aimerais tant savoir jouer d'un instrument, même si parfois déjà, j'ai l'impression que les mots chantent.

Mes voyages m'inspirent souvent pour mes séries d'illustrations, parce que oui j'ai fait de ma passion pour le dessin mon métier et je crois que ça va marcher, en tout cas ça décolle doucement et j'aime ce que je fais. Chaque dessin est une histoire, un mélange de réalité et de rêve. Je me perds dans les détails, laissant mon esprit vagabonder à travers les lignes et les couleurs. C'est ainsi que je m'évade, que je trouve un sens à tout ce qui s'est passé, comme une exploratrice de mondes intérieurs.

Aujourd'hui, je suis une femme en transformation. Je comprends que mes douleurs et mes expériences font partie de moi, mais ne me définissent pas entièrement. Je suis plus que ma souffrance, plus que les trahisons que j'ai subies. Je suis une artiste, une rêveuse, une amoureuse de la vie et je crois que je commence à me découvrir vraiment. C'est possible ça ? Que je me rencontre moi même à presque 28 ans ? La vie, pleine de surprises, m'a permis de rencontrer des gens formidables et d'apprendre tant de choses sur moi-même. Chaque jour est une nouvelle opportunité de grandir, de créer, de vivre pleinement. Mon avenir je le rêve lumineux, plein de possibilités infinies.