Alessandra Orsini °° Le cynisme est un défaut que j'ai élevé au rang d'art.

Je m'appelle Alessandra Orsini, née le 13 avril 1986 à Florence, en Italie. Ma vie a été tracée dans les ombres de la Cosa Nostra, une famille dont les racines s'enfoncent profondément dans le monde de la criminalité, mais qui est aussi tout simplement mon monde. J'ai grandi dans un foyer aimant, entourée d'un père admiratif de ma douceur et d'un frère protecteur.

Mon enfance à Florence était comme une peinture renaissance, empreinte de couleurs vives et des douces mélodies de ma langue maternelle. Les ruelles pavées résonnaient de l'écho des pas de mon père, un homme respecté au sein de la Cosa Nostra, mais dont le regard sur moi était empreint de tendresse et de fierté. Ma mère, douce et aimante, veillait sur notre foyer avec une grâce infinie, bien que ses yeux trahissaient parfois une tristesse dissimulée.

Mon frère aîné, Luca, était mon héros. Il était mon protecteur, mon confident, mon guide à travers les dédales de notre monde tumultueux. Ensemble, nous avons partagé des rires insouciants et des secrets murmurés à la lueur des bougies, ignorant les ombres qui grandissaient autour de nous.

Puis est venue l'adolescence, cette période de promesses et d'illusions, où chaque battement de cœur semblait jouer une mélodie enivrante. C'est là que j'ai rencontré Antonio. Il était l'incarnation de tous mes rêves, avec ses yeux brûlants et son sourire irrésistible. Nous étions inséparables, perdus dans un tourbillon d'amour et de passion. J'étais folle, d'amour, de désir, de toutes les promesses d'avenir que son sourire contenait...

Je me souviens encore très crument du jour où tout a volé en éclats. Je me rendais chez lui, le cœur battant d'impatience, pour retrouver Antonio et partager avec lui les doux murmures de nos projets d'avenir. Pour le voir avant de rejoindre ma famille pour les derniers préparatifs du mariage. Mais ce que j'ai trouvé était une trahison brutale, une déchirure dans le tissu même de mes espoirs.

La porte s'est ouverte sur une scène que je ne pourrais jamais oublier. L'odeur âcre du mensonge flottait dans l'air alors que je l'ai entendu, son rire mêlé à celui d'une autre femme. Mon cœur s'est gelé, mes jambes se sont dérobées sous moi alors que je me suis précipitée dans la chambre, espérant que ce que je voyais n'était qu'un cauchemar.

Mais c'était bien réel. Antonio, celui en qui j'avais mis toute ma confiance, était là, nu comme le jour de sa naissance, avec une autre femme enlacée dans ses bras. Les mots se sont figés dans ma gorge, les larmes brûlantes brouillant ma vue. Dans ce moment de dévastation, j'ai senti quelque chose en moi se briser irrémédiablement. Il a essayé de me convaincre que ce n'était qu'une erreur, qu'il m'aimait... que... rien du tout espèce de sale fils de pute !

C'était le point de non-retour. Le point où la douce Alessandra a laissé place à une coquille vide, écorchée vive par la cruauté de la réalité. Et depuis ce jour-là, je porte les cicatrices de cette trahison, gravées dans mon âme à jamais. Je me suis enfuie de cette Italie qui avait été mon foyer, abandonnant tout derrière moi, retrouvant mon cousin ! San Diego est devenue ma nouvelle terre d'accueil, loin des souvenirs douloureux et des regards de pitié. Et ironie cruelle, je me suis trouvée à embrasser une carrière pour laquelle je n'aurais jamais cru avoir le moindre intérêt : organisatrice de mariages.

Dans le scintillement des robes blanches et des sourires forcés, j'ai trouvé un refuge étrange. Créer pour les autres le bonheur que je ne pourrais jamais connaître. Chaque mariage orchestré était comme un écho lointain de mes propres rêves brisés, une preuve tangible que l'amour peut exister, même si je l'avais perdu en chemin. Mais mon cynisme n'a fait que croître. Je suis devenue une spectatrice amère, regardant les autres s'engager dans des promesses que je sais éphémères. Le sexe est devenu mon exutoire, les hommes mes pions dans un jeu dont les règles n'ont plus de sens. L'idée même d'une vie de couple, d'un amour sincère et durable, m'est devenue étrangère, voire même détestable. Le rang de mon cousin, son accueil sur ses terres m'ont pour l'instant protégée de toute tentative de la part de mes parents de m'offrir à un putain de mariage arrangé et j'espère que ça va durer ! De toute manière je souhaiterais bien du courage au connard qui accepterait de se risquer à m'épouser ! Je continue ma vie, en surface pleine de charme et de douceur, mais en réalité remplie d'un vide profond. Je suis Alessandra Orsini, une âme égarée dans les décombres de ce qui aurait pu être, mais qui n'est plus rien qu'une illusion perdue. Libre comme l'air... ou enchainée par le passé?