Quelqu'un va perdre des plumes (Caolan)

Je vais me marier. D’où me vient cette information ? Un mec, un client, un soir ou je servais aux tables, m’a lancé un… Tu vas marier le ryzhaya ? Il va te défoncer, croit-moi. Je ne suis plus vierge depuis des lustres, ou presque, ce n’est donc pas le dernier bout qui m’a transformé en statue. Mon cerveau a cessé de fonctionner au mot < marier >. Genre… comment cela se fait-il que le mec, que je ne connais ni d’Eve ni d’Adam sait que je vais me marier alors que je ne le sais pas moi-même hum ? Puis avec Caolan ? Genre… hein ? On n’est même pas copain lui et moi. Se marier ? Je n’ai pas flanché, non, je ne peux pas me le permettre. J’ai terminé ma soirée comme toutes les autres serveuses et comme d’habitude je suis retourné chez moi, chez nous, en marchant. Pas de sœur en vue en entrant chez nous, pas grave, je me suis douchée et je suis aller au lit. La routine habituelle qui ne laissait rien deviner du tourbillon de questions et d’émotion qui dansait en moi.

Le lendemain, je me suis levé et j’ai fais ma routine comme à l’habitude. Mon regard a suivi tous les faits et gestes d’Anastasia pendant que ma bouche discutait de tout et de rien avec elle. J’attendais la bombe, une bombe qui n’est jamais venue m’éclater au visage. J’en suis venue à la conclusion qu’elle ne savait pas sinon elle me l’aurait dit non ? C’est plutôt étrange qu’elle ne se soit pas posée de question sur le pourquoi mon regard semblait vouloir lire dans ces pensées ? Elle ne devait pas être complètement réveillée, ça arrive, même moi je n’arrive pas à y croire. Je me suis même assurée que nous n’étions pas le 1er avril, ce qui n’est pas le cas. J’ai même laissé passer quatre jours entre le moment ou le mot < mariage > a sonné à mes oreilles et maintenant. Il est là, assis à une table avec deux autres hommes que je ne connais pas. J’ai déjà vu l’un de ces mecs tourner autour de ma sœur, lui taper le popotin, sans plus. Ce n’est pas le moment idéal pour aller vers lui puisque je travaille et que cet emploi je tiens à le garder, mais le mot < mariage > m’attire comme un aimant. C’est donc armé de leurs consommations que je me suis dirigé vers eux, mon éternel sourire sur les lèvres, mais le cœur qui bat à toute vitesse. Je dépose le premier verre lentement, puis le deuxième et avant de déposer le dernier je le regarde, attends qu’il daigne me dire quelque chose…

Je peux te baiser, moi, si tu es en manque ma poulette !

Ma poulette? Très original… Aucune idée si c’est la voix du premier garde ou le deuxième, mon regard est fixé sur Caolan.

Tu ne me l’as pas demandé et je n’ai pas dit oui Caolan.

Une main sur la hanche pour donner de l’effet, je le fixe un court moment avant de me tourner vers l’autre.

J’aimerais bien un pourboire cette fois parce que… ce n’est pas la générosité qui vous étouffe monsieur.

Le mec marmonne je ne sais quoi et je ne veux pas le savoir. De toute manière j’ai déjà tourné les talons, direction du bar.

Je ne sais pas ce que tu as dit au mec fille, mais les nerfs de son cou vont péter.

Ahhhh ne t’en fait pas May, je lui ai dit un truc sur les pourboires et sur le fait qu’il était chiche.

J’aime bien Mairi. Elle est gentille. Un peu éclatante, mais gentille. Elle m’a défendu aussi un soir ou les mecs semblaient vouloir voir ce qu’il y avait sous ma robe. Le coup de poing je ne vous racontes pas. BAM, le gars est tombé, il n’a jamais vu venir. Elle est cool. Je ne sais pas pourquoi elle secoue la tête exaspérée, mais bon, elle a rigolé un peu, alors je me sens bien.

Ne te retourne pas, mais tu as de la visite derrière toi, beauté !!

OK, je ne bouge pas. Les coudes sur le bar, j’évite même de respirer.

Je ne dois pas me retourner, non je ne dois pas me retourner, May a dit qu’il était préférable de ne pas le faire. Si je me tourne, je vais voir quoi? Un monstre? C’est comme demander à un enfant de ne pas manger de biscuits pendant que l’on va à la salle de bain.  On peut le faire, c’est même légitime de le faire, mais on sait fort bien qu’il n’obéira pas. C’est pareil pour moi, ou pas parce qu’en fait je n’ai pas le temps de me retourner que la dite personne toussote derrière moi. Une toux et un cri de douleur qui me font tourner sur moi-même plus vite qu’un… qu’un… plus vitre que d’habitude. Dimitri demande à Caolan ce qu’il veut, mais en utilisant de la vulgarité. J’aurais préféré qu’il soit vulgaire plus longtemps, cela m’aurait empêché d’entendre le mot < fiancée > une nouvelle fois.  Mariage et fiancée sont des mots à bannir de mon vocabulaire pour le moment. On se rapproche dangereusement de la zone de non-retour là. Sa façon de jouer l’homme des cavernes alors que je n’ai même pas dit oui m’exaspère.

-"En effet elle sera bientôt à moi."

Il y a du sang partout et plus il s’éloigne, plus le chemin laisser derrière parait monstrueux. Je ne devrais pas le regarder et pourtant il attire ma sympathie malgré tout. Ça doit faire un mal de chien sur coup sur le nez non? Il y a peut-être une serviette derrière le bar, je pourrais juste m’étirer… Ouais, non, son regard m’hypnotise, mais pas autant que ces petites, toutes petites taches de rousseur qui dansent sur sa peau. Il est tellement près que je peux pratiquement les compter.

Tu euuuh, tu ne demandes pas? À toi de… de… de bien des manières? Ma… mariage?

Il est trop près, sa prestance enveloppe ma fragilité comme un gant. En revanche, de nous deux c’est moi qui possède la chaleur puisqu’il est le froid.

J’imagine que tu ne peux pas reculer non plus c’est cela?

Énumérer les faits n’est pas interdit à ce que je sache.

OK, alors si je résume tout cela, parce que je commence à m’y perdre… on va se marier parce que toi tu le veux.  Je suis à toi et par ricochet tu es à moi on est d’accord là-dessus.  Enfin non, je ne suis pas d’accord, mais je vais travailler ton côté possessif ne t’en fait pas ce n’est qu’une question de temps. Ensuite? Tu n’aimes pas demander et moi je dis que je ne suis pas d’accord, mais ce détail t’est complètement égal. Donc, je peux facilement conclure que peu importe ce que je vais dire, je vais toujours avoir tort.

Je croise les bras de nouveau afin de faire une barrière entre nous. C’est obligatoire d’être aussi près?

Tu es certain de ne pas vouloir reculer? Non?

Je ne vais plus le regarder alors, sa faute, il n’a qu’à ne pas me rendre aussi mal à l’aise.

Si le compte est bon, tu as tout ce que tu veux et moi je n’ai rien, ce qui n’est pas très équitable.

AHHHHHH, dans les dents !!

Si je ne gagne rien, pourquoi ne pas me donner un peu le sourire en me le demandant? À moins que je ne gagne quelque chose et que je ne sois pas au courant bien sûr. Le droit d’aller étudier? Bien sûr que non…

OHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHH je sais!!!

Je pourrais dire non devant tout le monde une fois à la cérémonie, tu sais… mais je vais dire oui si tu m’offres quelque chose en échange.  Je vais dire oui à tout ca et je vais même faire semblant comme toi tu le feras quand nous serons en public, mais je veux une chose.  Non, je veux deux choses.

Aussi bien mettre la barre le plus haut possible.

Je veux que tu me le demandes et je veux la liberté pour ma sœur.

Je ne le regarde toujours pas et je tremble comme une feuille. JE sais que je suis allé trop loin et pourtant les mots sont sortis sans que je ne puisse les retenir. S'il me frappe comme l'autre gars, c'est à l'hôpital que je vais finir.

S’il te plait Caolan, je ne sais même pas pourquoi moi et pas une autre. Demander ne devrait pas te faire de mal. Puis, un pourboire se serait bien, j'ai besoind e chaussures.

Ma fierté m’a quittée, je suis redevenu la petite fille apeurée qui se bat tous les jours contre l’adversité.

Je n’aime pas les réponses qu’il me donne. Plus les mots s’enchainent pour former des phrases, des armes meurtrières quand elles sortent de ma bouche et plus ces armes à lui écrasent ma rébellion. Il prétend que je lui appartiens et pourtant non, non je ne le crois pas non. Évidemment si je ne le fais pas par choix il me forcera et le résultat sera le même. Il y a une certaine logique derrière ces paroles, une logique que je refuse d’accepter. Je ne dirais pas non à ce qu’il se retienne de me toucher comme il le fait, mais ça aussi j’imagine que je n’aurai pas le choix. Je lui offre donc de dire oui, mais oui sous deux conditions. Les bras croisés j’attends. C’est une vague déception qui tente de me noyer ensuite. Je me doute bien qu’il n’est pas homme à aimer être contrarié, je ne suis pas stupide, mais je n’aime pas non plus me faire traiter en gamine. Il va faire quoi si je désobéis, hum ? Me coucher sur ces genoux et me claquer les fesses de sa main ? Au moins il s’éloigne, c’est déjà cela de gagner.

Des heures et des heures à te montrer ce que toi… tu y gagnes. » »

Je m’attendais à beaucoup de choses, mais pas à ça. Il vient de me scier les deux jambes. J’ai peur de tomber en morceau si je bouge le moindre sourcil, je garde donc les bras croisés et le regard tourner vers lui. Il a l’air sûr de réussir à faire tout cela. Confiant et amusé ? Il trouve que tout cela est drôle ou quoi ? Pourtant, moi, ce qu’il dit ne m’amuse pas. Je n’ai peut-être pas l’esprit aussi vif que le sien, mais je ne comprends pas les blagues sous-jacentes. Pourtant, c’est la suite de son discours qui me glace le sang. Oui je sais pour la Bravta et j’ai des doutes sur ce que ma sœur doive faire pour survivre, pour nous. De là à la traiter de marchandise de qualité… Je ne sais pas si je dois avoir peur, être en colère ou laisse ma peine prendre le dessus. Le premier sentiment menace de prendre possession de mon corps suite a cette voix glaciale qui est venue titiller mes tympans. Celle de la colère a surgi en entendant le mot < marchandise > et la tristesse… pourquoi nous ? Le pire dans tout cela c’est que mon regard est toujours fixé au sien, rempli de défi alors que dans le fond de mes yeux danse une plénitude d’émotions. Je suis dans la merde, je l’ai compris, mais je n’ai pas envie de l’accepter.

—" Tu peux acheter les chaussures de ton choix. Disons 5 paires ? »

Mon premier réflexe serait de fuir cette main qui vient vers moi et pourtant je ne le fais pas. Il me fou la trouille, mais je ne suis pas assez conne pour le laisser paraitre. Peur et colère. Il veut que j’en fasse quoi de ces 5 paires de chaussures, de ces belles robes et tout le…

Pardon ?

Petit mot insignifiant qui m’a prise par surprise aussi, non, mais, il vient de me parler de drap et de possession ? J’ai l’air idiote avec la bouche grande ouverte ? Si je ne suis pas la meilleure lectrice du non verbal, je comprends qu’il fera exactement ce qu’il vient de dire et plus encore. Il y a cette lueur de détermination qui me nargue dans le fond de son regard, je me demande même s’il ne souhaite pas me voir me rebeller davantage afin de refermer l’étau plus solidement encore.

Incroyable…

Il peut caresser ma joue si ça le branche, moi je regarde ailleurs, cherche des yeux une porte de sortie, une main tendue, quelque chose MERDE. Rien… J’ai le choix entre ne rien dire sauf oui et amen ou marcher sur ma propre fierté et lui dire exactement ce a quoi il aura droit une fois la cérémonie terminée. Mon choix est fait et quand je ramène mon regard vers le sien, c’est à son tour d’y lire une détermination plus que farouche.

Je n’ai que faire de tes jolies robes et des 5 paires de chaussures. Si je ne fais rien maintenant pour faire valoir mon point de vue je vais finir en bibelot décoratif et je ne veux pas de ça. Vas-tu me menacer de coups à chaque fois que je vais te dire non ? Après les coups, je vais avoir droit à des fleurs et de fausses promesses ? Sais-tu au moins que je ne suis pas une déesse au lit ? Tu feras quoi une fois que cette réalité te frappera au visage ? Je n’ai jamais… avec la bouche tu vois ? Je… bref… pas très… tu vois ? Tu seras le seul à réchauffer les draps de la bonne façon parce que crois-moi, je ne suis pas douée. Je n’ai rien à offrir.

Je dois être aussi rouge qu’une tomate bien mure en ce moment même tellement j’ai honte de lui avouer tout cela. Ma colère et me peur ont laissé place a de la honte et l’acceptation. Il y a peut-être un peu d’excitation aussi, mais je n’oserais pas me l’avouer. Ce serait bien une bonne baise, non ?

À défaut d’être aimé, d’être respectée et d’être traité en princesse… pose-moi la question s’il te plait Caolan. C’est important pour moi.

Ma main est venue se déposer sur son torse, légères caresses qui, je l’espère, briseront un peu son armure.

Je peux voir l'effet de mes paroles, sur son corps, sur son esprit aussi, puisqu'elle se retient manifestement de m'envoyer au diable. Elle est tellement belle ainsi, sous l'effet d'une rébellion qu'elle se force à contenir. Je me retiens avec peine d'écraser furieusement ma bouche contre la sienne. Ce serait prématuré... et ce que je veux c'est qu'elle en crève d'envie, qu'elle me supplie, que toute cette rébellion devienne une soumission douce et totale. Je la veux et je ne doute pas de l'avoir. Quand elle reprend la parole, en me fixant dans les yeux, ma langue vient happer ma lèvre inférieure et je pousse légèrement mon bassin en avant, pour me serrer à elle. J'écoute avec attention, souriant à mesure qu'elle développe sa pensée.

-"C'est mignon ma chérie, d'avoir peur de me déplaire. Mais ne t'inquiète pas, cette bouche délicieuse subira milles et un outrages sans que tu n'y trouves rien à redire et tu seras une déesse au lit, la mienne." Ces deux derniers mots tonnent, avec une possessivité non feinte. Je suis un homme jaloux, ça n'a rien de neuf, je ne supporte pas que quiconque s'octroie ce qui est à moi et j'aime cette candeur qu'elle affiche. A quoi bon pervertir une âme déchue quand on peut vautrer un ange dans la luxure?

Elle est toute rouge, sa main délicatement posée sur mon torse et elle relève les yeux pour me supplier de lui faire ma demande. Je ne sais pas ce qui fait écho, de la douceur de cette caresse ou de celle de son regard, mais ma main capte plus franchement sa joue, mon pouce y écrasant un peu de tendresse. -"Me prend tu pour un monstre?" Echo d'hilarité à cette pensée, je me penche vers elle et mon front se pose sur le sien. -"Je n'ai pas l'habitude de demander ce que je suis en droit d'exiger." Je viens frôler ses lèvres des miennes, sans l'embrasser, mais pour lui faire sentir la chaleur de mon souffle. -"Mais personne n'a dit que tu ne serais ni aimée, ni respectée. Je suis un homme respectueux et je ne doute pas d'aimer ma femme." Un sourire et je me redresse pour embrasser son front. -"L'aimer physiquement de toute les façons possibles." Une façon de me dédouaner d'un amour plus tendre et sensible ? Sans doute... Pourtant, je ne suis pas sans coeur, enfin je ne crois pas. Mais je n'ai pas l'intention de lui conter fleurette, pas aujourd'hui en tout cas, pas alors qu'elle se permet de me défier de cette manière.

Je sais miser sur mon charme, quand il est nécessaire, mais je crois que j'aime bien trop ce jeu de pouvoir qui se met en place. -"C'est toi qui voulait de beaux objets et je serais charmé de te voir dans une robe sublime, à n'en pas douter, qui sait... peut être que ça me rendra plus doux?" J'ai un petit rire et je me recule, lui rendant son espace, agrippant sa main pour la porter à mes lèvres. -"Je ne suis pas adepte des fausses promesses, mais je peux en revanche te promettre de ne jamais lever la main sur toi, si c'est ce qui t'inquiète." Un sourire et j'embrasse doucement sa paume. -"Ce qui ne veut pas dire que tu ne seras pas punie comme il se doit si c'est nécessaire." Frapper sur une femme ? Quel intérêt ? Ce n'est pas ainsi que j'entends assoir mon autorité.

Il fait chaud ici non ? Sinon pourquoi diable j’ai aussi chaud ? Si au moins je pouvais enlever une veste ou je ne sais pas quoi, tout irait mieux non ? Il pourrait aussi reculer quand je lui parle, reculer un peu plus encore quand c’est lui qui reprend la parole. Non, il ne le fait pas et j’en viens presque à en être soulagée. Mais non voyons, je n’en suis pas du tout soulagé…. Non, encore une fois il pique dans ce nerf qui fait mal et titille ma colère, la laisse gronder comme un sourd tremblement de terre qui menace d’avale tout ce qui se trouve au-dessus. Non, ma bouche ne subira pas milles et un outrage et non je ne serai pas une déesse au lit. Pourquoi je le sais ? Parce que je vais jouer à la morte lors de nos premières nuits et il va vite se tourner vers une autre femme pour satisfaire ces envies. Voyez comme je peux avoir de bonnes idées ? Quel homme digne de ce nom aime baiser une morte hum ? Wala… maintenant il ne me reste plus qu’à obtenir cette question et poser ma main sur lui me semble adéquat.

— " Me prend tu pour un monstre ? »

Hum… question piège ? D’ailleurs pourquoi il ne m’a pas embrassé ? Parce que je ne veux pas qu’il le fasse et qu’il me respecte, oui, voilà. Si ces paroles pouvaient suivre le tempo, je serais la plus heureuse des femmes. Tiens, je crois qu’il a lu dans mes pensées puisqu’il affirme qu’il ne doute pas de pouvoir aimer sa femme. Il fait un peu plus chaud là non ?

— " L’aimer physiquement de toutes les façons possibles. »

L’enfoiré !!! Il a, en plus, le culot de me promet qu’il ne lèvera jamais la main sur moi… sauf pour me punir.

Chez moi punir c’est frapper, alors ta promesse ne veut rien dire.

Quoi ? Comment voulez-vous punir quelqu’un sans frapper ? J’ai lu assez de roman pu savoir que les hommes dans son genre donnent des fessées, je ne suis pas ci débutante quand même.

Puis je vais moi aussi te faire une promesse. Je te promets que tu vas regretter de ne pas m’avoir posé la question et tu vas regretter de ne pas avoir écouté mon refus.

J’ai envie de lui envoyer ma main au visage, de le mordre, de le graffer, d’empoisonné son petit-déj, de la poignarder et de bien plus encore. La moitié de tout ça ne verra pas le jour, mais je vais faire de sa vie un enfer et il va le regretter.

Je vais même te faire deux promesses, vois comme je suis généreuse. Je te promets aussi que mon cœur ne sera jamais à toi.

ET VLAN DANS LES DENTS.

Je te déteste !!

J’essaie de le pousser un peu plus encore afin de ne pas avoir à le toucher quand je vais le contourner, en vain encore une fois. Je laisse un grrrrr rempli de colère passer la barrière de mes lèvres avant de me décider à le contourner quand même. Il va voir ce qu’il va voir parce que tout cela commence ici et maintenant. Je le contourne donc et une fois fait je cherche des yeux ma première victime. Trop grand, trop costaud et lui ? Trop blond. Lui… Je me dirige vers ma victime, un beau grand brun et une fois a sa hauteur je mets ma main sur son torse exactement de la même manière qu’un peu plus tôt avec Caolan.

Le grand roux là-bas ne semble pas aimer mes charmes…

Sourire charmeur, c’est au tour de la biche de chasser le loup.

Elle reprend la parole et écope d'un -"Tsssk." Je plonge dans son regard, mes yeux clairs cherchant à lire son âme. -"Je promets de ne pas te cogner, pour te faire du mal." Sourire en coin qui vient étirer mes lèvres. -"Sauf quand tu relèveras les fesses pour les offrir à ma fessée." Je viens de susurrer les mots, à sa seule intention, m'amusant délibérément de son trouble. La voilà qui prend de l'assurance et je fronce les sourcils en l'entendant me menacer.

Elle est impertinente, son petit menton pointé en avant, alors qu'elle me fait une promesse qui me tire un grommellement de très mauvais alois. Sait elle ce qui arrive aux arrogants qui osent me menacer ? Mon sang bouillonne, mais je me force à ne rien laisser paraître et la voilà qui ajoute une seconde promesse. Elle obtient un sourire probablement sans la moindre chaleur. Réalise t'elle le défi qu'elle vient de faire tinter à mes oreilles. Je n'ai pas le temps de murmurer qu'elle sera à moi, qu'elle suppliera mes faveurs et délirera dans mes bras qu'elle me repousse, affirmant qu'elle me déteste.

Tant mieux, je préfère ça à de l'indifférence. La suite ? Elle échappe à mon étreinte et se dandine vers... un autre homme. Mes dents se serrent, ma mâchoire se carre en même temps que mes épaules et je pousse un long soupir. Je n'aime pas du tout qu'on touche ce qui est à moi et elle va devoir l'apprendre à ses dépends. Le type doit penser que c'est noël, parce qu'il enroule son bras autour de sa taille et me défie du regard. Je penche la tête sur le côté, reste ainsi à le fixer, alors qu'il prend de l'assurance, semblant croire que je vais me contenter de baisser les yeux et de faire demi tour.

Quelques pas, assouplissant mon cou alors que j'arrive à portée de voix. -"Эта женщина - моя невеста, убери свои руки от нее, или я клянусь, ты никогда не используешь ее снова." Russe parfait, ton âpre, voix dure, qui s'abaisse dans les graves. Il ne semble pas comprendre alors je reprends, dans sa langue : -"Cette femme est ma fiancée, enlève tes mains ou je jure que tu ne t'en serviras plus jamais." La menace n'est pas voilée, mais manifestement le corps de ma douce, contre le sien, lui donne des ailes, parce qu'il prend un ton gras pour dire. Elle a pas l'air de penser comme toi, alors va te faire foutre, je m'occupe d'elle.

Je n'ai pas l'intention de me laisser humilier, encore moins sur notre territoire, alors que je sens le regard d'autres soldats de notre grande Bratva. Si je m'abime le visage, ça va être la merde, mais tant pis. Quand le vin est tiré il faut le boire. -"свой выбор". Oh oui c'est son choix. J'avance et je crois qu'il est immédiatement moins serein. Je suis grand, mais surtout vif et ça il le comprend quand j'empoigne ses cheveux pour venir joyeusement lui éclater le nez sur mon genou. Elle a manifestement envie de me voir me battre pour elle ? Oui j'ai le culot de considérer que tout cela est de sa faute. D'ailleurs quand je fais signe aux agents de sécurité du cosmo pour leur dire -"Mettez moi ça dans la cave." J'empoigne son coude et l'entraine à leur suite. -"Ma douce, si douce Tacha, tu as vu ce que tu me fais faire?"

Un soupir et je lui lance un sourire plutôt carnassier avant de l'entrainer dans les bas fond du cosmo. Elle n'est sans doute jamais entrée ici, lui n'en ressortira pas... ou alors en nettement moins bon état. Je désigne une chaise, près de l'arène qui nous permet d'organiser les combats et on y attache la cible de mon courroux. -"Tu voulais t'amuser avec lui?" Je la défie de me dire le contraire. -"Tu apprendras qu'on ne joue pas avec ryzhaya." Mon surnom, fièrement porté. -"Dis moi de quelle main je le prive en premier ?" Vais je vraiment lui couper une main ? Non, ce serait trop salissant, mais il y'a bien d'autres manières de l'en priver. -"Celui là ne se branlera jamais en pensant à toi." Je m'amuse, clairement, autant qu'elle sache à qui elle sera bientôt unie, qu'elle puisse en prendre son parti. -"Oh, à moins que tu préfères qu'on fasse venir ta soeur ?" Cette fois je sais que le coup va porter et je la défie de mes yeux droits plantés dans les siens. Elle a voulu voir ce qu'il advient quand on me met en colère? Je crois qu'elle est servie !

Je me croyais courageuse, forte et capable sans aucun doute raisonnable de lui faire ravaler ces dents. Je me croyais intelligente dans mes confrontations, une femme capable de faire valoir ces droits. Je ne suis rien, je le sais déjà, mais ma colère me l’a fait oublier pendant quelques minutes, quelques minutes de trop. Quand j’ai accosté l’inconnu, je me suis cru en sécurité. Il avait l’air grand, costaud et capable de me défendre. Il en avait l’air, mais hélas il n’avait pas les couilles aussi grosses que Caolan. J’aurais vendu ma mère pour qu’il tourne les talons et m’oublie. Quelle conne.  Non seulement ma mère est morte, mais ils détiennent déjà ma sœur. Il ne me reste rien à vendre à part… moi. Le problème est que je ne peux pas lui vendre ce qui lui appartient déjà n’est-ce pas ? Ces paroles, pas les miennes. Je le comprends au moment où il marche vers nous. À ce moment-là je regrette de l’avoir poussé au bout de son rouleau, regret qui laisse vite place à la peur. Quand il lance son avertissement, sa menace, j’essaie de faire quelques pas vers l’arrière pour m’éloigner, mais le con il me retient, il va même jusqu’à le provoquer un peu plus. Non non non, il ne doit pas l’envoyer se faire foutre.

–" Mettez-moi ça dans la cave. »

Il empoigne mon bras et je n’ai d’autre choix que de le suivre moi aussi… à la cave. S’il savait quelles images défilent dans ma tête il prendrait surement le temps de me dire que je ne risque rien. J’ai peur, il me fait peur.

Je te demande pardon.

Pardon d’avoir essayer de vivre ma vie comme je l’entends, pardon de l’avoir défié, pardon pour je ne sais quoi, pardon pour tout ce qu’il veut. Aux autres questions je secoue la tête en guise de réponse parce que si j’ouvre la bouche je vais probablement lui vomir dessus.

Quelle… quelle main ?

J’ai bien entendu sa question ou je délire ?

Non !

Non ? Non, je ne veux pas que ma sœur soit amenée ici. Je ne veux pas qu’elle me voie ainsi, alors qu’elle m’a fait promettre de ne pas le défier. Je ne veux pas la décevoir et je ne veux pas qu’elle souffre parce que je me suis cru forte et courageuse.

Non je t’en prie, ne fais pas ça… s’il te plait ne fait pas ça. Ce n’est pas sa faute, elle n’a rien fait pour attirer ta colère.

Je me fou bien du mec en ce moment même, c’est de ma sœur dont je parle.

Je te promets que je vais être gentille et… et obéissante.

Tout en essayant de le convaincre que tout ira bien, je recule. Un mot, un pas, deux mots, un pas, un mot… jusqu’à ce que je ne puisse plus reculer. Quand je regarde par-dessus mon épaule, je vois un homme et je comprends tout de suite que fuir ne me sera pas possible. J’ai l’impression d’être la biche au centre d’une meute de loups. Mon égard scrute à droite et à gauche pendant que mon cerveau cherche une porte de sortie. Il n’y en a pas… Figée sur place, prise au piège, je sursaute quand une main se pose sur mon épaule.


NE ME TOUCHE PAS !!!

Ce n’est pas Caolan puisqu’il est devant moi, il ne reste que le mec se trouvant derrière. Un mec qui me fait aussi peur que mon fiancé sinon plus et je prends mes jambes à mon cou. Réflexe plutôt idiot puisqu’il n’y a pas de porte de sortie, mais il y a des tables et des dessous de table. L’endroit idéal pour fuir, non ? Sans vraiment décider quel endroit sera le meilleur, je me glisse sous celle qui se trouve dans l’un des coins. Impossible de m’attraper par derrière ni par la gauche. Une fois en dessous je replie mes genoux sur ma poitrine avant de les entourer de mes bras, ma tête bien cachée. La position du fœtus me protégera. Pas pour longtemps puisque des pas finissent par venir vers moi. Quand ils cessent, je vide mon sac encore une fois. Est-ce un homme de main ? Est-ce Caolan ? Aucune idée, mais cela m’est bien égal.

Je suis désolé. Je préfère que tu me frappes moi plutôt que Ana, parce qu’elle m’a dit de ne pas te mettre en colère et j’ai désobéi. Elle ne doit pas être fâchée contre moi. Je… je ne suis pas celle qu’il te faut, mais je… je peux essayer. Je… je vais essayer d’être plus forte et euh… d’être moins euh… timide. Plus euh… obéissante et euh… je ne sais pas quoi faire pour me faire pardonner alors s’il te plait dis-moi ?

Je risque un œil.

Dès que j'empoigne son bras, je peux me délecter de son air mi ahuri, mi terrifié et je ne m'en prive pas. D'ailleurs les mots qui suivent sont comme du miel à mes oreilles. Sans la moindre représaille, encore, elle est déjà en train de me demander pardon. Je fais oui de la tête. -"Quelle main, en effet." Mes yeux se plissent, mes machoires se serrent et je plonge un regard froid dans le sien avant de lui parler de sa soeur. La réaction est immédiate, épidermique, tellement prévisible qu'elle me tire un sourire froid et dur. -"Alors choisi une main !" Mais il faut croire que c'est déjà plus qu'elle ne peut supporter, parce qu'elle recule, complètement terrorisée, pour se heurter à Constantin dans son dos.

Il pose la main sur son épaule, cherchant mon assentiment du regard et je fronce les sourcils. Je trouve déplaisant qu'il pose la main sur elle et me satisfait de son hurlement. Que personne d'autre que moi ne la touche, voilà qui est parfait. Elle s'échappe, en courant à demi, mais je ne bouge pas. Elle ne peut sortir que par l'issue qui se trouve dans mon dos et qui est désormais gardée en haut. Elle se précipite vers des tables et je la vois se glisser en dessous avant de pousser un soupir faussement las et de m'approcher de l'homme sur sa chaise. Il a les yeux fous et je crois qu'il se pisse dessus quand je saisi son index gauche dans mon poing. Je le regarde dans les yeux avant de le retourner violemment. Il n'a pas fini de hurler que j'ai fait de même avec deux doigts de sa main droite qui pendent désormais, complètement désarticulés. -"Pas de chance, ma douce n'a pas choisi." Il faut beaucoup de force pour faire ça, du self control aussi, enfin si on veut... puisque c'est la rage qui pulse dans mes veines qui commande désormais à mes actions.

Je lui crache au visage et un sourire mauvais vient fleurir sur mes lèvres. -"Qui t'as blessé?" De cette réponse dépend sa chance de survivre mais ça je pense qu'il l'a déjà compris. Personne.. je me... je me suis fait ça tout seul. Il chiale, lamentablement et je me marre avant de lui écraser mon poing sur la figure, assez fort pour lui amocher la machoire, pas de façon à le rendre inconscient. -"Si un rapport de police devait comporter mon nom, ou la moindre mention à cet endroit... tu seras mort avant d'avoir savouré ta vengeance. Mais... tu ne partiras pas seul." Je me suis penché et je chuchote à son oreille. -"Chaque femme portant ton nom, mère, fille, soeur, chacune sera retrouvée et vendue... ou simplement utilisée pour vider les couilles des mecs qui feront de ta vie un enfer." J'ai attrappé son index et m'amuse à le torturer de petits mouvements saccadés l'emmenant au bord de tomber dans les vapes. -"Je suis clair ?" Il balbutie des excuses, des suppliques et demande à avoir la vie sauve se prenant un revers de la main sur la gueule. -"Ne me fais pas répéter espèce de sous merde." Je n'ai aucun respect pour un homme qui se fait dessus, qui n'a pas les couilles de serrer les dents et de subir les conséquences de ses actes. J'ai été élevé par deux mafias, autant dire que j'ai le coeur aussi dur que le corps endurci à milles et unes douleurs. Il supplie, dit qu'il a compris et je fais signe à mes hommes de le déposer quelque part. Je parle en russe, qu'il ne comprenne pas et ne sache pas, si on va l'exécuter ou simplement l'abandonner dans le désert, comme demandé.

Ceci fait je fais doucement craquer ma nuque et pousse un soupir de soulagement et même de contentement avant de reporter mon attention sur le coin dans lequel s'est réfugiée ma promise. J'avance, calmement, j'attends, espérant la voir sortir de sa cachette, mais j'ai au préalable droit à une longue litanie, visant à ce que je ne previenne pas sa soeur, ce qui me fait sourire. Se rend elle compte qu'elle me fournit à chaque seconde de nouvelles armes contre elle. Quand elle se penche pour risquer un oeil hors de sa planque, je m'accroupis et je cueille sa joue d'une main douce et caressante. -"Tu me demandes de mentir pour toi ? Quand tu viens de m'obliger de sacrifier les deux mains de ce pauvre homme?" Voix doucereuse et ton presque tendre. Mon sourire se fait plus séducteur et je caresse doucement sa pommette avec mon pouce. -"Sors d'ici." J'attends que ce soit fait, debout près de ces tables et quand elle sort, je la soulève en la tenant par les hanches pour l'assoir sur la plus proche. Je m'instille entre ses jambes, venant coller mon bassin contre son mont de venus. Mes yeux dévorent les siens et je me passe la pointe de la langue sur la lèvre inférieure. -"Tu veux te faire pardonner ma douce?" Sourire et mon front se pose sur le sien alors que mes mains rampent doucement de ses hanches à son cul divin. -"Alors embrasse moi... montre moi comme tu as envie d'être obéissante. Ne fais plus la timide et embrasse moi. Montre moi comme tu as envie d'être à moi." Peut elle sentir mon excitation ? Difficile de passer au travers vue la bosse indécente qui déforme mon pantalon, mais au cas où, je m'offre le luxe divin de me frotter tout doucement contre elle, ma bouche à quelques centimètres de la sienne, attendant de voir dans quelle mesure elle a appris sa première leçon.

Je n’ai pas entendu les hurlements de l’homme, non, pas du tout, pas un son. Enfin si, mais je crois que les battements de mon cœur battent ces gémissements sans problème. On dirait un concert de musique heavy métal, si, je ne vous mens pas. Cela ne m’empêche pas d’entendre des pas venir vers moi. Des pas, ces pas, les pas, pour moi la suite restera la même. Mon petit coup d’œil m’informe que c’est Caolan, sa main sur ma joue est brulante. Je m’attends à une claque du revers de la main, rien. Au lieu de cela il me parle avec… douceur ? Genre hein ? Je ne lui ai pas demandé de mentir pour moi. SI ? Ne pas tout dire c’est pareil que mentir ? À la vache. Je suis dans la merde et était-il obligé de me dire pour les deux mains ? J’ai dû ravaler un haut-le-cœur menaçant. Il ne manquerait plus que je lui vomisse dessus.

–" Sors d’ici. »

Je suis obligée ? Bien sur que je suis obligée, question idiote. Ce n’est pas parce que je n’en ai pas envie que j’aie le droit de n’en faire qu’à ma tête. Si cela se trouve, le mec il va se faire couper un pied aussi par ma faute. OK, je sors. C’était plus facile de se glisser dessous que d’en ressortir je ne vais pas le cacher. Puis, une fois debout, il ne me laisse pas le temps de dépoussiérer mes vêtements que me voilà soulever et déposée sur l’une des tables.

Hum ?

Traduction ? Tu fais quoi là ? Il s’est glissé entre mes jambes pour se coller contre moi, mais pourquoi ? Ce n’est pas l’espace qui manque pourtant, non ? À sa question, je hoche timidement de la tête, trop consciente de sa proximité. Une bulle qui se rétrécit un peu plus encore quand il vient coller son front au mien, son regard toujours bien attaché à mon âme. Tout ce que j’arrive à faire c’est d’avaler ma salive un peu de travers et encore. J’ai le droit d’essayer de fuir ces mains ? Je ne pense pas non, même si ce n’est pas l’envie qui manque.

Montre-moi comme tu as envie d’être à moi.

Hum… maintenant ?

Oui, maintenant, il n’a pas besoin de me répondre.

Je ne suis pas timide.

Si je le suis, merde… Je ne voulais pas lui mentir, seulement lui démontrer que je pouvais faire preuve de courage. OK, je peux le faire, mais pas avant d’avoir posé mes mains sur la table afin d’essayer de me soulever pour reculer mon bassin. Raté. Je replace donc mes mains plutôt, autour de son visage et lentement je pose mes lèvres sur les siennes. J’inculque à ma bouche quelques mouvements, timide et tremblotant avant de reculer. Hum… ce n’était pas suffisant n’est-pas ? OK, ça va, j’ai le droit à un deuxième essai. Je repose donc mes lèvres sur les siennes, mais cette fois j’y mets un peu plus de rythme, de passion, tournant légèrement ma tête sur le côté pour être en mesure de laisser nos lèvres s’imbriquer ensemble, poussant même l’audace jusqu’à faire glisser le bout de ma langue dans sa bouche. Trop ? J’en fais trop là non ? Est-ce que c’est normal que mes mains se soient enroulées autour de son cou et de sa tête ? Deux petits Boas qui nous maintiennent entrelacés… S’il pouvait cesser de bouger son bassin, j’arriverais peut-être à me concentrer. C’est que, avec franchise, je crois que mon cœur bat rapidement pour une raison autre que celle s’étant si emparer de moi une peu plus tôt. Aux oubliettes la peur et bienvenu au désir. Je n’ai pas oublié les mains en moins du mec, ni les menaces de Caolan, mais non, seulement… il est gentil là non ?

Hum… on n’est pas seuls Caolan !

J’ai moi-même mis fin à ce baiser que j’espère suffisant avant de regarder d’un côté et de l’autre de la vaste pièce avant de lui lancer ce constat.

Je suis pardonnée ?

Quoi ? N’est-ce pas le but ultime de ce baiser ? Me faire pardonner ? Je me suis un peu emportée, par sa faute, mais c’est bon là, il me semble. Il pourrait donc reculer.

Je sens son hésitation à travers chaque geste, chaque battement de son cœur qui résonne contre ma poitrine, chaque doux papillonnement de ses cils. Sa maladresse est palpable, mais cette timidité vacille déjà, remplacée par un élan plus courageux, plus assuré. Elle le dit d'ailleurs, se contredisant toute seule sur sa timidité et elle se laisse aller à me donner ce que je réclame. Ses lèvres, d’abord tremblotantes contre les miennes, deviennent audacieuses, et je ne peux m’empêcher de sourire intérieurement, tout en répondant à son baiser. Elle essaie de reculer, de trouver un semblant de distance entre nos corps, mais chaque tentative échoue sous le poids de son propre désir autant que sous l'intensité du mien, et je sens finalement ses bras se refermer autour de mon cou, comme si elle s'attachait à moi malgré elle.

Je la laisse prendre le contrôle du baiser, du moins pour l’instant. Sa langue effleure la mienne, hésitante, puis plus affirmée, cherchant à comprendre ce jeu qu’elle découvre à mesure que la peur cède la place à l’envie. Mais alors qu’elle s’abandonne presque entièrement, je sens un léger sursaut, un retour à la réalité. Elle brise le baiser, son regard glissant nerveusement autour de nous. Le silence qui suit ses paroles est lourd, comme une tension à peine retenue entre deux notes de musique.

Je ne bouge pas tout de suite, savourant l'effet de ses mots sur l’atmosphère déjà chargée. Mon regard reste fixé sur elle, impassible, mais mes mains ne quittent pas ses fesses et mon bassin danse toujours lentement. Je l’observe, cette innocence teintée de désir, et je sens que malgré son élan de bravoure, elle attend quelque chose… un jugement, peut-être ? Je penche légèrement la tête, mon front toujours proche du sien, et murmure avec douceur, un sourire en coin : -"Pardonnée , mon ange ? Penses tu qu'un baiser est suffisant pour cela ?" Je fais glisser mes mains le long de son dos, lentement, appréciant la chaleur de sa peau sous mes doigts, avant de m’arrêter juste au bas de son dos. Je resserre mon emprise, collant nos corps un peu plus près.

-"Je n’ai pas encore décidé… mais tu progresses." Je laisse un léger rire s’échapper de ma gorge avant de reculer imperceptiblement, juste assez pour relâcher la pression sur elle, mais pas assez pour rompre ce lien invisible entre nous. -"Si tu veux vraiment te faire pardonner, ma douce… je suis sur que... " Ma bouche revient se poser sur sa peau, non pas sur ses lèvres dans dans son cou, remontant doucement, mordillant, embrassant, suçotant... -"... que tu trouveras bien comment t'y prendre." J'arrive au lobe de son oreille, le torture de mes dents, le suce doucement et vient glisser quelques chuchotements. -"Je suis sur que tu pourrais me rendre tellement ivre de toi, si tu le voulais..."

Mes mains reprennent possession de son cul et je la plaque plus fort contre moi. -"Mais tu as raison, nul besoin de public." Je me redresse et sourire aux lèvres je me tourne vers mes hommes. -"Dehors. Tous, et loin." Sous entendre que je pourrais la faire crier me fait sourire de plus belle. Je carre la machoire alors que mes yeux se perdent dans la divinité des siens. Comment fait elle pour me mettre dans un tel émoi ? Par la force d'un seul regard? C'est déconcertant, excitant, tout à la fois.

J'attends d'avoir été obéi, pour, non pas prendre cette femme qu'elle le veuille ou pas, mais pour me reculer. Je lui laisse de l'espace et je gagne le mur, face à elle, pour negligemment m'y appuyer. -"Jamais tu ne me contrediras en public." Mon visage s'élève, mes traits se durcissent et mon regard ne tremble pas une seconde. -"Pour ce qui est de ce qui se passe en privé, je veux une épouse, pas une servante docile." Sourire en coin et j'ajoute. -"Même si je suis persuadé de pouvoir t'apprendre à quel moment ça vaut la peine d'apprendre à m'obéir." Ma langue qui passe, sur ma lèvre inférieure, retrouvant le parfum des siennes et menaçant de me faire perdre mes bonnes résolutions. J'ai envie d'écraser sa bouche sous la mienne, de faire mien ce corps qui me rend fou... Je prends une large inspiration et ma voix se cale, posée et modulée. -"Trois exigeances, milaya." Ma chérie... en russe... peut être trop, peut être trop tôt. Mais qu'importe. Elle sera mienne, bientôt... et je crois que j'ai besoin qu'elle envisage cette idée avec... un certain plaisir ? L'idéal serait une impatience intenable... mais je ne suis pas présomptueux à ce point. Sans rejet ce serait déjà pas si mal, pour le reste je gage sur le temps et sur... la façon dont son corps vibre quand il est contre le mien.

Je suis confuse. Je ne connais peut-être pas la définition exacte du mot, mais je reste persuadée que c’est de la confusion qui coule dans mes veines. Le pire est que je ne peux même pas vous dire pourquoi je suis confuse parce que même cela c’est confus. Je devrais détester cet homme, non, je le déteste et pourtant j’ai aimé son baiser. Je devrais le fuir, tout le monde sait que c’est-ce que je devrais faire et pourtant je ne déteste pas quand ses mains sont sur moi ce qui revient à dire que je ne le détestais pas alors que je devrais. Vous me suivez ? Je suis confuse aussi parce qu’il me demande si un baiser est vraiment suffisant pour être pardonné. Si je dis oui, c’est la bonne réponse ? J’ai ‘impression qu’il connait la réponse, mais qu’il me pose la question pour me piéger… Oh voilà… je progresse. Progresser c’est bien.

-"... que tu trouveras bien comment t’y prendre."

Je suis passé du mode < je suis confuse > au mode < je vais le bouder tiens >. Je lui ai demandé de m’aider à trouver et le voilà qui me dit que je devrais trouver tout seule. La suite ? Moi ? Moi le rendre ivre de moi ? J’ai ouvert la bouche pour lui dire : qui moi ? Deux simples mots qui se sont bloqués dans ma gorge quand il m’a collé contre lui avec force. Il a plutôt un droit à un petit couinement. Toutefois, quand il avoue que j’ai raison pour le public, je laisse un grand sourire éclairer mon visage et retiens de justesse un < ah > de vainqueur. Cela ne m’empêche pas de bouder, mais avoir raison c’est bien.

Hum…

Les hommes sont sortis ? Super. Il recule vers le mur pour s’y appuyer ? Super aussi. Ce regard dur encore une fois ? Moi qui recule de deux pas sous celui-ci ? Courage Tacha, il ne va quand même pas te découper en morceaux. Il se lance ensuite dans une mise au point pour finir par me dire qu’il s’agissait là de trois exigences.  

Milaya ?

TU ES EN MODE BOUDEUSE TACHA ALORS NE ROUGIS PAS!  Trop tard…

Mais euuuuh attends.

Je marche vers lui et je prends moi aussi appui sur le mur avant de regarder ma main que j’ai préalablement lever. Je lève le pouce, puis son voisin avant de réfléchir très fort à la suite. Je recommence ce manège deux fois sans grand résultat. Je me tourne alors vers mon fiancé pour lui demander, encore une fois, de m’aider à trouver ce qui manque. Il va me croire conne bravo championne.

Tout en regardant ma main, je débute. Jamais te contredire en public. Je lève le pouce. Une épouse et pas une servante. Lève son voisin. Je regarde le troisième doigt, celui du milieu qui devrait déjà être levé puisqu’il a dit trois exigences, mais rien ne vient. Mon visage se tourne donc vers le sien avec des points d’interrogation dans les yeux. Puis une idée me vient. La troisième ce ne serait pas : apprendre à me faire pardonner ? Je continue de le regarder et un Oh quittes mes lèvres qui, ensuite, demeure entrouvertes.

Tout cela c’est pour… parce que… non. Les caresses, les frissons, les mots doux aux creux de l’oreille, les battements de cœur trop rapide et tout et tout c’est pour te moquer de moi c’est ça ? Enfin non, je n’ai pas frissonné et mon cœur va bien, merci, je disais cela comme cela c’est tout.

Je décolle mon dos du mur et m’éloigne pour aller chercher une chaise, objet que je dépose à quelques mètres de Caolan avant d’y prendre place. Rester le dos au mur, près de lui, ne me permet pas de réfléchir comme il le faut voyez-vous ? J’étais donc obligé de m’éloigner. L’une de mes jambes placées sur l’autre, les bras croisés sur ma poitrine je reprends.

Les hommes sont tous pareils. Se faire pardonner égal TOUJOURS  donner notre corps et moi je dis non.

Quoi?  Mais attendez, je n’ai pas terminé.

Je ne peux pas me mettre à genoux devant toi et ouvrir la bouche OK parce que je suis encore en colère contre toi. Je n’ai pas non plus envie de danser et me mettre nue pour ton plus grand plaisir et encore moins m’allonger sur la première table du bord pour me faire baiser. Le sexe n’est pas censé être une monnaie d’échange, c’est censé être quelque chose qui est consumé entre deux personnes qui s’aiment.

J’ai dit non et c’est tout.

Je ne bouge pas tout de suite. Je reste là, appuyé contre le mur, les bras croisés, à l’observer. Chaque mouvement, chaque battement de cils, chaque petit écart dans sa respiration me raconte bien plus que ses mots. Elle se donne de la contenance, ma Tacha, mon petit bout de femme, mais ce jeu, elle le joue sur mon terrain. Et je crois qu'elle le sait.

Quand elle lève ses doigts, un par un, mimant une réflexion qui la fait froncer les sourcils, je sens une chaleur familière grimper en moi. Cette maladresse, ce mélange de défi et de vulnérabilité, c’est tout ce qui me retient de rire ouvertement, ça et l'envie qu'elle ne sache pas sur quel pied danser, alors je ne ris pas. Pas encore. Parce que je vois dans ses yeux autre chose que de la colère. Je vois ce feu qui danse, ce brasier qu’elle essaie d’étouffer sous une montagne de raisons qu’elle ne croit même pas.

Lorsqu’elle recule enfin, va chercher cette chaise et s’installe avec cet air faussement détaché, je ne peux m’empêcher de sourire, légèrement. Juste assez pour qu’elle se demande si je vais exploser de rage ou éclater de rire. Mais je ne fais ni l’un ni l’autre. Pas encore. Je pousse doucement sur le mur pour me redresser, mes mouvements mesurés, précis, chaque pas frappant le sol dans un rythme lent et maîtrisé. Mes yeux restent fixés sur elle, capturant le moindre frémissement de ses lèvres, le moindre éclat de doute dans son regard. -"En effet, trois points."

Je m’arrête juste devant elle, penché juste assez pour que ma présence envahisse son espace. Nos visages sont si proches que je pourrais sentir le parfum de sa peau si je décidais de m’en approcher davantage.-"Tacha…" Ma voix glisse, basse, presque un murmure, un mélange de douceur et de promesse. Je la laisse vibrer entre nous, un contraste parfait avec la tension qui monte.

-"Tu es en colère, hein ? Très bien. Sois en colère. Mais permets-moi de corriger un détail, milaya." Je m'avance sur elle, mes lèvres frôlant les siennes et ma main se lève, lentement, calculée, venant effleurer la ligne délicate de sa mâchoire. Mes doigts suivent le tracé de sa peau sans jamais vraiment s’y poser, une caresse suspendue qui laisse un frisson dans l’air. Une torture de douceur et de charme. -"Tu ne te mettras pas à genoux parce que je l’exige, ou parce que c'est là ta place. Tu le feras parce que tu ne sauras pas t’en empêcher. Parce que tu en crèveras d'envie."

Je laisse mes mots s’imprégner dans l’espace entre nous, mes yeux capturant les siens, comme pour en extraire chaque émotion qu’elle tente de cacher. Je vois la tension dans sa gorge, la façon dont elle se redresse imperceptiblement, comme si elle luttait pour garder le contrôle et je dois bien avouer que ça m'excite en diable. -"Et tu dis que le sexe n’est pas une monnaie d’échange… Non, bien sûr que non. C’est beaucoup plus que ça. Mais toi et moi savons une chose : ta colère, ce grand discours, ce n’est qu’un masque. Une excuse pour ne pas admettre ce que tu veux vraiment. Pour ne pas parler du feu qui brule dans ton ventre quand je suis tout contre toi."

Je me redresse, prenant tout mon temps, mes doigts glissant sur le dossier de sa chaise dans un geste presque paresseux, mais lourd de sens. Mon regard, lui, ne faiblit pas, verrouillé sur le sien, provocateur, assuré, brûlant. -"Tu veux me punir, mon ange ? Me résister ? Fais-le, je t’en prie. Mets-y tout ton cœur. Mais n’essaie pas de me convaincre que tes mots ont plus de poids que ce feu que je vois dans tes yeux. Ce feu, milaya, il est mien. Et en me privant de toi c'est toi que tu punis. Ces braises ma douce vont dévorer ta résistance et tu me supplieras d'éteindre ce brasier pour toi."

Un sourire s’étire sur mes lèvres, lent, presque cruel, alors que je me recule enfin, rompant à peine cette tension électrique entre nous. -" Tu as dit non, très bien. Moi, je dis qu’on verra combien de temps ça tiendra." Je me détourne légèrement, mais pas complètement. Mon regard glisse encore une fois sur elle, appuyé, pénétrant, avant que je ne lui tourne enfin le dos, sûr d’une chose : ce feu, je ne le laisserai jamais s’éteindre. Je m'éloigne, doucement, à pas de loup, lui laissant l'opportunité de me suivre, de m'appeler... ou de simplement rester là toute seule. Comme je le lui ai dit, je ne veux pas d'une servante.