Lexie Forbes - Pour toi, il n'y aura finalement pas de conte de fée

Lexie. C'est le nom que t'ont apportés tes parents lors de ta naissance il y a une trentaine d'années. Une vie de privilégiée, tu es née du bon côté de la vie si on peut dire les choses ainsi. Fille unique d'un Joaillier célèbre Américain et d'une créatrice de mode tout aussi célèbre en Europe, tu aurais pu tomber sur bien pire. Des anniversaires grandioses, des vacances extraordinaires, des écoles magnifiques où tu excelles et des parents qui t'aiment à défaut de s'aimer eux.


C'est la seule chose qui t'a manqué durant ton enfance, avoir des parents qui s'accordent, qui s'aiment ou du moins se supportent et pas juste en certaines circonstances. Tu étais très jeune et pourtant tu te souviens des larmes de ta mère qui éclabousse son visage alors que ton père raccompagne une dame très peu vêtu à la porte de votre demeure. Tu te souviens avoir été posté dans l'escalier, ta pieuvre Gigi dans les mains, en pensant que la dame qui partait aurait froid ainsi en plein hiver. Tu te souviens des colères de ta mère, des bruits d'objets brisés au sol, alors qu'elle l'insultait, qu'elle déchainait les enfers en étant elle même dans une détresse folle. Tu te souviens des heures durant lesquels ton père était enfermé dans son bureau, silencieux, à regarder par la fenêtre en pleurant. Culpabilisait-il ? Haissait-il lui aussi ce monde dans lequel on l'avait obligé ? Tu as compris très tôt que les privilèges de l'argent ne faisait pas tout dans le monde. Tes parents étaient eux même des héritiers d'empires, d'entreprises valant des millions, et que pour le bien de certaines familles des accords de mariage devaient être constitués. Ils étaient la preuve vivante qu'on pouvait donner l'illusion d'un couple parfait, qui se faisait sans cesse du mal. Tu étais très jeune oui, en découvrant cet envers du décor... Et tu t'es jurée que jamais tu ne subirais cela.


Pourtant les années ont passés, les années de lycées étaient les plus insouciantes, les plus euphoriques, les plus libératrices. Tu as connus tes premiers petits amis, tes premiers chagrins d'amour, tes premières promesses d'amitiés durant une vie. Ta meilleure amie Tina. Tu as aimé cette fille à l'instant où ton regard a croisé le sien. Elle était belle, brillante et aussi folle que toi. Elle n'évoluait pas totalement dans ton monde mais c'était pourtant pour toi la plus belle des âmes. En parallèle, tes obligations familiales t'obligeait à côtoyer le monde des autres familles mondaines ou de renoms. Parmi elle, les "Forbes", une famille sur le même modèle que la tienne, investi dans l'immobilier, et leur fils Elijah. Un mec que tu détestes depuis ta plus tendre enfance. Depuis le jour où lors d'une réception il s'était pointé avec des vers de terre dans les mains et en avait glissé une poignet discrètement dans le haut de ta robe. Tu as pleuré durant tout le reste de la soirée, en paniquant au moindre frôlement du tissus sur ta peau. Un magnifique crétin ! Depuis si ta scolarité poursuivait la sienne, tu t'en tenais le plus loin possible. Ça n'a pas été le cas de Tina... Elle... Elle en est tombée amoureuse.


Tu te rappelles parfaitement le sentiment que tu as ressentie lorsqu'elle te l'a annoncé. Elle était folle de joie, planant sur un petit nuage de l'avoir embrassé, qu'il la remarque, la désire. Toi, tu sentais le monde faire planer une menace folle au dessus de la tête de ton amie. Tu connaissais Elijah, tu l'observais depuis ton enfance, c'était un mec charmant d'apparence, mais sous la couche angélique, il était démoniaque et ceux depuis toujours. Alors tu as eu beau la prévenir de ce qu'il était, de l'ordure qu'il était avec les femmes qu'il collectionnait, du fait qu'il ne soit rien de plus qu'un séducteur, rien n'y a fait. Elle est tombée folle de lui, au point de tout faire pour lui plaire, lui convenir mieux qu'une autre, s'habiller plus de cette manière moins d'une autre. Tout était bon pour la faire devenir ce qu'elle n'était pas. Sous ton regard et tes tentatives vaines de la convaincre, tu voyais le sourire d'Elijah, qui ne faisait que jouer à un jeu. Quelques semaines plus tard il s'était lassé, comme toujours, et Tina connaissait sa première descente aux enfers. Ses premières prises de médicaments, sa première tentative de suicide. Oui... Parce que ton amie était un esprit faible. Une fille manipulable et que tu savais ce qui l'attendrait à la fin. Un soir, au détour d'un couloir tu tentais de garder ton contrôle alors que le fils unique des Forbes venait de se trouver une nouvelle conquête et la pelotait sous tes yeux. Dans ton crâne, c'était l'effervescence, le chaos régnait et pourtant tu tentais de rester calme, puis il a suffit d'une remarque "Eh Marshall tu as un soucis ? Tu veux participer peut être ?" Tu as sentie ton sourire se pointait sur ton visage avant même qu'il ne poursuive. Ce n'était pas le bon plan qu'il te cherche, les années passants ton caractère méditerranéen s'accentuait alors brusquement, tu as fait demi tour, tu as fonçais sur lui et ton poing droit à fracasser son arcade avec une vivacité qui toi même t'a surprise. S'en ai suivi les représailles familiales et les punitions dont des excuses forcées en bonne et dûe formes, à la famille Forbes mais quoi qu'il en soit tu as continué de sourire au nez d'Elijah en murmurant ton pardon. Histoire qu'il comprenne bien que son pardon tu t'en moquais éperdument.


Après le lycée, est venu l'université et la continuité de ta haine pour l'unique héritier Forbes. Tu as fais en sorte de continuer ta vie en te moquant de la sienne, la tête rivée dans les bouquins d'art et d'inspirations modernes. Tu t'apprêtais même à partir vivre en Italie prochainement. Quitter les Etat Unis et être une femme de l'Europe. Tu réalisais déjà plusieurs aller retours durant l'année pendant tes vacances pour voir et travailler dans la boutique de ta mère. Puis au retour de ton dernier voyage on t'a dit que tu devrais être présente pour un diner avec les Forbes. Tu n'en avais strictement aucune envie, et quelque chose te disait que ça ne présageait rien de bon. Si seulement t'avais su...
Ce soir là, juste avant le dessert tes parents et les siens vous ont annoncés votre union. Tu te souviens que la nouvelle t'a glacé le sang, tu as sentie ton âme se faire presque aspiré de ton corps. La nécessité que vos familles avaient de s'unir pour devenir plus fortes. Non. Tout sauf lui. Soudainement le monde s'écroulait, et pas que le tien. Il a tenté de s'opposer, te dénigrant au passage. Toi également, mais vos pères se sont montrés sans la moindre once de compassion. Vous étiez nés toi comme lui pour faire perdurer une lignée merdique. Comme si la nouvelle n'était pas assez brutale, on vous a donné aussi une échéance. Courte, très courte, comme si vos parents avaient parfaitement conscience de la possibilité que vous fassiez capoter vos vœux. A la fin du mois... Tu seras la femme d'Elijah Forbes, et il sera ton époux.