Surprise (Milenel)

Croyez-le ou non, j’ai quatre jours de congés devant moi. Quatre. N’est-ce pas le pied ? La dernière fois que j’ai eu le droit à un peu de vacances, Tom les a passés en ma compagnie, mais cette fois c’est avec Milena que je veux passer du temps. Enfin, c’est avec elle que je veux passer plus de temps. J’ai l’impression de l’avoir négligée et je n’aime pas le sentiment que cela me procure. Je ne suis pas aussi proche d’elle que je le suis de Tom et pourtant, elle, comme lui, sont devenus mes phares. Quand une lumière s’éloigne, l’autre éclaire. Je ne peux plus me noyer dans mes souvenirs douloureux. Je suis l’oiseau qui a trouvé la fenêtre ouverte à qui en a profité pour s’envoler vers un coin plus vert. Ma famille ne me reconnaitrait pas… Moi-même je ne reconnais pas la femme qui se regarde dans le miroir. Oui, je suis allé chez le coiffeur, je me suis fait faire une manucure, une pédicure et un facial, chose que je n’avais jamais osé faire. Idiot, non ? Je veux qu’elle me trouve belle, je veux lui plaire, je suis même allé acheter une nouvelle robe pour l’occasion. Quand je dis que je ne me reconnais pas…

Je crois que même Tom a eu du mal à me reconnaitre. J’exagère, certes, mais sa réaction m’a plu et j’espère en recevoir une semblable de Mimi. D’ailleurs merci à Tom de m’avoir indiqué clairement où je pouvais la trouver ce soir. Dire que je tourne en round chez moi depuis 19 h. Je suis impatiente d’aller à sa rencontre, mais je ne veux pas non plus paraitre désespérée. Même moi je sais que d’aller dans un bar à 19 h ce n’est que pour les hommes d’affaires, pas pour ceux et celles qui veulent faite la fête. En revanche, chaque minute qui passe m’éloigne de mon but. C’est un peu ma faute si je laisse la peur remplacer mon impatience. Je peux le faire.  

21 h 13 ?

C’est encore trop tôt ça ? Non, ça va n’est pas ? Trop tard de toute façon parce que le UBER est là et que j’ouvre la porte de la voiture afin de m’y installer. Je lui donne l’Adresse, me retiens pour ne pas ressortir par l’autre porte et soupire quand il se met en marche. Naturellement il me fait la causette et moi je lui réponds par des oui et par des non, mal à l’aise de sentir son regard se poser sur moi dans le miroir. Inutile de dire que je suis soulagée une fois là-bas, soulagée et heureuse de voir que de mentionner le nom de Milena me fait passer pratiquement VIP à l’entrée du bar. Ne parlons pas de la claque reçue sur ma fesse gauche en guise de bienvenue.

21 h 47

Mon regard scrute le bar, détaille les visages les uns après les autres. Certains me sourient et les autres m’ignorent. Tant mieux ! Je continue de chercher un visage connu répondant au prénom de Milena, mais je n’ai pas de chance. Mes pas me mènent donc au bar et une fois là je commande une vodka jus d’orange. J’espérais pouvoir lui demander où se trouve Milena, mais il est parti trop vite, merde. OK, boire tant mon dernier recours, je m’y mets dès que le mec dépose mon verre devant moi, mon regard toujours en quête de ma copine. Ma copine… ce mot est encore étrange quand il glisse sur ma langue.

Salut beauté tu…

Non merci !!

Je me lève et me dirige vers l’autre côté du bar où je viens de voir Mimi. J’évite les danseurs au mieux et une fois derrière elle je lui caresse la fesse comme j’ai l’habitude de le faire, attendant qu’elle se retourner pour évaluer si ma présence ici était une bonne idée ou pas.


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Je ne devrais pas être ici. J’ai l’impression de jouer à la roulette russe. Si je presse la détente, ma tête explose ou j’ai encore un peu de temps devant moi ? Milena m’offre une réaction plutôt amusante et pourtant justifiée. Je peux comprendre sa surprise quand, on se retournant, c’est moi qu’elle voit au lieu de je ne sais qui. Comme penser précédemment, je ne devrais pas être ici et pourtant mes oreilles bourdonnent déjà des milles et un bruit ambiant. On est loin des bipbips des urgences et des annonces de code blancs par exemple. Le bruit, ça me connaît et pourtant celui dans lequel je me baigne en ce moment me déboussole. Heureusement je ne suis plus seule, la seule présence de Milena me rassure et me donnent des ailes. Ne suis-je pas ici pour sortir de ma zone de confort ? Oui, enfin non, pas vraiment, je suis ici parce que ma douce et rebelle Milena me manque terriblement et si je me fie à sa réaction je ne suis pas la seule à m’être languie de l’autre. Son baiser me laisse sur ma faim. Elle a osé papillonner sur mes lèvres et elle a osé taquiner ma langue de la sienne avant de reculer. Se sent-elle victorieuse ? Est-elle fière de m’avoir allumée d’un simple baiser ?

Magique ?

C’est à mon tour d’avoir un petit sourire en coin parce que la magie ne se résumera pas à ma seule présence j’en ai peur. Pourquoi ? Parce que j’ai envie de lui retourner le même tourment et si maintenant c’est elle qui rigole d’avoir fait réagir notre voisin de s remarque, elle va s’en mordre les doigts.

Je me suis faite jolie juste pour toi et ce soir… c’est moi qui joue la rebelle et toi qui subis…

Mes paroles parsèment le chemin de surprise, soit une suite imprévue, une soirée remplie de promesse.

Combien de temps ?

De quoi je parle ? Elle verra bien et je commence par lui offrir un autre baiser, langoureux et sensuel à souhait avant de reculer le sourire aux lèvres. Petit coup d’œil à l’homme et c’est à mon tour de rigoler. J’ai vu sa main replacer sa verge durcie et je trouve ce fait plutôt flatteur et je crois que le pauvre n’est pas au bout de ces peines. Si je veux réveiller l’animal caché dans le cœur et l’esprit de Milena, je sais pertinemment que d’autres prédateurs risquent de se réveiller.

Je vais te regarder travailler pendant… en dansant…

Je recule lentement, intimidée par mon audace. Mes hanches bougent au rythme de la musique alors que mon regard est bien ancré dans le sien. Dire que je fais tout cela à jeun, merde, je vais en entendre parler pendant les cinquante prochaines années. Je peux le faire. Non seulement je peux, mais je me retourner et lève les mains en l’air pour me déhancher davantage tout en me dirigeant un peu plus loin sur la piste de danse. J’aimerais qu’il y ait un peu plus de monde, c’est difficile d’oublier quand plusieurs regards se tournent vers moi. Je le fais pour Milena, juste pour Milena. Je peux le faire. Combien de temps avant qu’elle cède ? Combien de temps avant que ces mains ne viennent se glisser sur mes hanches afin de bouger au même rythme ? Quelqu’un peut me dire pourquoi j’ai cette envie de lui plaire? Tout ce que j’ai fait dans ma vie s’est étudié et travaillé encore et encore. Je me suis noyé dans le boulot pour oublier, pour cesser de vivre au cas où les ombres de mon passé reviendraient me hanter, reprendrait vie. Je suis loin de tout cela et pourtant j’ai encore cette peur qui survit au creux de mes entrailles. Je veux vivre et cesser de survivre et qui de mieux pour m’aider à y arriver que Milena ? Me quittera-t-elle si je demeure coincée du popotin pour le reste de mes jours ? Va-t-elle finir par me trouver fade et sans saveur ? Je ne veux pas être jeter une fois la frénésie terminée…

Et merde !

Même en dansant, mes pensées vagabondent de nouveau vers des recoins plus sombres. Fermer les yeux et bouger au rythme des chansons, oui, voilà. Je ne sais pas si elle me regarde encore ou non, mais si c’est le cas elle doit commencer à avoir chaud non ? Danser et simuler mon popotin se frottant contre elle… Danser pour que la flamme de son envie prenne le contrôle de ces pensées… Danser pour l’attirer vers moi comme un papillon est attiré par une flamme. Si cela se trouve, le spectacle que nos deux corps enlacés donneraient plaira au patron.

Le courage nécessaire pour danser dans ce bar, seule, me vient de je ne sais où. Je ne suis pas courageuse. Je n’aime pas être le centre de l’attention. C’est à peine si parfois je me trouve jolie et pourtant mes hanches bougent au rythme de la musique cubaine. Je ne le fais pas pour moi, enfin si un peu quand même, mais disons que je le fais plutôt pour Mimi. Je veux qu’elle me trouve belle c’est mal ? Ne m’a-t-elle pas dit qu’elle me trouvait toujours jolie, magnifique ? Est-ce que je peux être plus que cela ? Sexy ? Enivrante ? Si nous étions seules je crois que je me laisserais emporter par cette toute nouvelle vague de courage et que je ferais passer ma robe au-dessus de ma tête avec sensualité afin qu’elle me voie comme la seule et unique.

Mhmmm

Il fait chaud, non ? Par sa façon de me toucher, je sais que la délicate main posée sur mon ventre est celle de Mimi. Celle qui se glisse entre mes seins aussi, mais cette fois je me mord la lèvre pour ne pas gémir de plaisir.

Mhmmm

Bah, c’est qu’il y a toujours une limite dans ce que je peux supporter hein ? Quand elle m’embrasse de cette façon dans le creux de mon cou, je fonds et je pourrais aller lui chercher la lune. En entendant sa question, je souris. Je ne sais pas comment je fais pour la rendre ivre, ni comment je fais pou que son seul rêve soit de m’enlever cette robe. N’est-ce pas ce tout nouveau courage qui m’aide à déployer mes ailes ? J’ai l’impression d’être une montgolfière. Plus Milena souffle son désir, son amour sur moi et plus je m’approche de l’envolée ultime. Pourquoi je doutais déjà ? Milena a cette facilité déconcertante à créer une bulle torride autour de nous, un endroit où je me sens bien, sexy, aimer, et j’en passe. Ce soir je veux rester prisonnière de cette bulle…

—" J’ai envie de toi. »

On est deux.

J’ai autant envie d’elle a envie de moi sinon plus et le baise que je lui rends, quand elle pose ces lèvres sur les miennes, est torride. J’ai profité de l’occasion pour me retourner, mon corps collé au sien pour ne faire qu’’un afin de lui offrir mon âme dans ce baiser passionné.

Tu dois… travailler…

Un deuxième pour la chance ? Avec autant de passion, mes bras autour d’elle pour l’emprisonner dans mon étreinte, le spectacle doit être époustouflant.

Tout à l’heure, à ta pause, j’aimerais te… faire plaisir. En attendant pourquoi ne me concocterais-tu pas un cocktail comme je les aime ?

C’est à mon tour de la faire pivoter sur elle-même afin de lui donner une claque espiègle sur le popotin.

Femme… un verre et plus vite que cela.

Je rigole et la pousse vers le bar, nos corps tout de même assez près l’un de l’autre pour que sa chaleur soit la mienne et vice versa. Étrangement les regards envieux ou jaloux qui nous foudroient ne me font rien, ils me laissent de glace. La bulle Milena est non seulement une armure, mais une forteresse impénétrable. La vie nous inflige de grande douleur, mais elle nous offre aussi des bonheurs encore plus grands, il suffit d’être patient. Si l’on m’avait, il y a quelques années, que deux merveilleux rayons de soleil suffiraient à éclairer mes journées, je ne les aurais pas crus. Entre Tom et Milena, bien protégée contre l’adversité, je mords enfin dans la vie. Bientôt je vais mordre dans l’une de ces fesses, mais elle ne le sait pas encore.

Combien de temps ?

Je viens de poser mes fesses sur l’un des tabourets du bar et avec une fausse innocence, je lui repose la question. Combien de temps ? Combien de temps avant quoi ? Avant sa pause bien sûr, quoi d’autre, il faut récompenser notre âme sœur quand elle le mérite. On peut récompenser aussi quand elles sont vilaines, bien sûr, mais le résultat est le même avec l’une ou l’autre des options. Je pourrais demander à son patron de lui laisser quelques minutes de plus ? Ou de lui donner sa soirée ? Je ne sais pas qui il est, donc à voir. Pour le moment j’admire ma douce Mimi avec affection et désir.