Paige Robbins ∞ La vie est une succession de choix... certains sont des crèves-cœur.

Je m'appelle Paige Roxane Robbins, et ma vie est dès le départ une sorte de violent tourbillon d'émotions, de choix difficiles et de divers petits foutoirs. Je suis née le 25 décembre 1983, à Los Angeles, un jour où le monde célèbre Noël. Mes parents sont déjà agés. Il est neurochirurgien, elle est chir obstétrique, ils ont jamais vraiment réfléchi à fonder une famille et finalement... me voilà.

Pendant mon enfance, je ressens souvent un mélange étrange d'excitation et de déception à l'approche de Noël. Les cadeaux de Noël sont nombreux et étincelants, mais pour moi, c'est aussi mon anniversaire, bien que les festivités de Noël l'éclipsent souvent. C'est un rappel constant que je ne suis pas tout à fait comme les autres enfants? Non c'est juste que mes parents ont du mal à séparer les deux occasions, et que je me sens souvent négligée, ou juste clairement de trop. C'est douloureux bien sur, mais ça forge et cette expérience renforce ma détermination à réussir dans la vie.

L'école c'est facile, évident même, je saute rapidement une classe, puis une deuxième et je survole tout ça. Mon refuge c'est la lecture, je me sens pas vraiment en adéquation avec les autres jeunes de mon âge, mais je n'ai pas non plus d'atomes crochus avec les adultes, alors je reste toute seule enfermée dans des mondes littéraires qui nourrissent mon imaginaire. Je poursuis mes études avec acharnement et suis évidemment acceptée à la faculté de médecine, où j'excelle, je crois que le choix s'imposait, juste pour voir briller un peu les yeux de mes parents, pour y trouver la fierté si souvent convoitée... Ma passion pour la médecine est de toute façon totalement inébranlable, et je consacre de nombreuses nuits blanches à étudier et à travailler dur pour atteindre mon objectif.

Alors que ma carrière commence à prendre de l'ampleur, je suis confrontée à un choix déchirant. Je suis devenue brillante, capable de diriger un service d'urgence, enfin prête à y prétendre. J'ai quitté L.A, pour San Diego, pour sortir de l'ombre de mes parents et j'y ai fait mon trou, autant que mes preuves. Quand je rencontre Roman, un homme extraordinaire, avec qui je partage des moments magiques, je ne mesure pas qu'il va changer ma vie. Notre amour est intense, passionné, dévorant. Je me sens vibrante comme jamais entre ses bras, totalement délurée, incapable de me rassasier de ses caresses ou de ses baisers. On vit ensemble, on bosse ensemble, des inséparables.. pourtant je sais que je ne devrais pas, que l'hôpital refuse les relations entre collègues, car ça peut obscurcir nos jugements respectifs. Je réalise un matin, face au miroir de sa salle de bain... que je suis amoureuse de lui, mais en même temps, il devient évident que je dois faire un choix difficile entre celui qui est l'amour de ma vie et ma carrière... C'est un choix qui serait évident pour n'importe qui, chaque personne normale et sensée choisirait les élans de son cœur. Je l'aime et je sacrifie ça ?

La décision est douloureuse, influencée par mon enfance, mon besoin de prouver ma valeur au monde, en particulier à mes parents, mes peurs grandissantes et la dépendance que je ressens. Alors je prends une décision, sur un coup de tête, sur un coup de terreur... justement horriblement connement -ça je vous le dirais chaque fois que je bois un verre de trop- Je choisis de poursuivre ma route et de privilégier ma carrière médicale, de devenir chef de service des urgences à l'hôpital de San Diego. C'est un choix pragmatique, mais il me laisse le cœur brisé. Je ne suis plus jamais la même après ça. Voir l'espoir s'éteindre dans ses yeux, faire face à son départ, à son absence, à ce grand lit vide. L'odeur de sa peau me manque, la chaleur de ses bras. C'est horriblement douloureux. Je bazarde mon appartement, dans lequel on vivait tous les deux, pour un autre, plus petit, plus près de l'hosto. Inutile d'avoir de la place, de la place pour qui ? Mon putain d'égo démesuré? Je n'en vois pas l'intérêt. Je finirais toute seule, avec mon chat et ce sera très bien.

Au fil des mois, je connais de nombreuses réussites professionnelles, mais il y a toujours un vide dans ma vie, une question non résolue. Mon chemin est tracé, ma carrière brillante, mais je me demande parfois si j'ai pris la bonne décision en sacrifiant mon amour pour Roman, non pire, je sais que je me suis plantée. Je serais surement plus heureuse si pour une fois je m'étais choisie, moi ! Pas ce que mes parents peuvent attendre de moi. J'avais tout pour être heureuse. C'est le prix que j'ai payé pour réussir, mais je ne peux m'empêcher de me demander si cela en vaut vraiment la peine. Mes parents ne sont pas plus fiers, je ne suis pas plus heureuse... au contraire.

Aujourd'hui, je me tiens pourtant toujours avec fierté dans le monde de la médecine, même si une partie de moi se demande toujours si je pourrais retrouver ce que j'ai laissé derrière moi, l'amour que j'ai abandonné au nom de ma carrière. Mon chemin est marqué par des choix difficiles, et je continue à avancer, en espérant que le temps me montrera que j'ai fait les bons... mais je n'y crois guère. Perdue pour perdue, je suis décidée à faire tourner les urgences du Scripps à la perfection et je suis une véritable emmerdeuse quand il s'agit d'améliorer le système. Je dors peu, je ne prends quasiment jamais de vacances, un vrai robot aux services de la médecine d'urgence. Je suis chirurgien, j'en suis fière, je n'ai plus que ça...