Sybille Maxwell ∞ Croire vivre, et ne faire qu'exister, quelle triste mésaventure !

Dans leur grande maison aux colonnes blanches, il y a trois salles de bain, une cuisine ouverte sur un salon séjour spacieux, une salle à manger, une immense salle de réception et plus de chambres que leur famille ne comptera jamais de membres. Tout est meublé avec goût, dans un style contemporain quoique privilégiant des couleurs douces qui donnent à l’ensemble un aspect reposant et chaleureux. Et pourtant, je n'ai jamais trouvé ma place dans cette immense baraque. Je n'ai pas été traitée en pièce rapportée, ni même rabrouée ou quoi que ce soit. Je dois dire qu'ils ont été géniaux, malgré mes sautes d'humeur et les conneries que j'ai toujours enchainées. Mais c'était pas ma vie, pas mon monde.

Marrant d'ailleurs que j'en sois persuadée parce qu'on ne connait rien de mon monde. On ne sait pas qui sont mes parents, ni comment je m'appelais avant d'être adoptée par les Maxwell. Sybille c'est le prénom qu'on m'a attribuée à l'orphelinat. Ma date de naissance elle même n'est qu'une approximation, selon l'âge que m'a attribué le pédiatre qui a été en charge de mon bilan de santé. Peut être pour ça que j'ai jamais envie de souhaiter mon anniversaire? Sans doute oui...

Les réunions de famille m'ont toujours mise mal à l’aise, d'aussi longtemps que je m'en souvienne. On ne se préoccupait jamais de savoir ce que je pensais, ou ce que je désirais. La question était plutôt de déterminer comment j'allais me conformer aux attentes de mes "parents". Techniquement ils le sont, je le sais, ils m'ont adoptée et élevée mais... je n'ai pas d'affect pour eux.  Alors les déjeuners dominicaux, je les passais le nez plongé dans mes livres. Des romans, de tous les styles, avec une petite préférence quand même pour les Thrillers et la Fantasy. Adolescente, ils se sont mis à me demander si un jeune homme ou un autre avait attiré mon attention et ça a pas mal rué dans les brancards quand j'ai expliqué que c'était Maria qui faisait vibrer ma peau... La fille des voisins ! Drame pour mes parents conservateurs.

Ils ont bien essayé de me faire discuter avec un pasteur, qui m'a expliqué que je devais réprimer mes sentiments "impurs"... J'ai renié dieu. Et surtout j'ai décidé de me casser, avant de finir aussi conne et racornie qu'eux. Un dieu qui n'aime pas l'amour, je n'en veux pas. Elle était belle Maria, avec son sourire d'ange et ses yeux pailletés d'or... Je ne l'ai jamais revue, mais je suis sure que je pourrais dessiner son sourire de mémoire. En effet j'ai des tiroirs entiers remplis de dessins, dans la maison des vieux à L.A. Depuis mon départ, j'ai pas vraiment toucher à un crayon, pourtant ça fait déjà... plus de dix ans. Evidemment ils ont cherché au départ à me faire revenir, à ce que j'entende raison. Mais... j'ai obtenu ma majorité et ils avaient plus aucun poids.

J'ai rencontré un mec, Edward. Gentil comme un coeur et photographe de métier. Il m'a poussé à utiliser "mes atouts" pour faire carrière. D'après lui j'avais tout ce qu'il fallait pour percer. Alors j'ai commencé par lui servir de modèle, pas très habillée. J'adorais voir briller son regard alors qu'il capturait des images de moi. Il m'a poussée à faire mes premiers castings. Je pensais que ce serait facile, c'est loin d'être le cas... mais j'en vis tout de même. Pas comme top model... clairement pas comme une de ses super stars, mais c'est déjà pas si mal. Des photos, quelques jobs d'hôtesses de temps à autre. C'est comme ça que je finis par arriver sur San Diego, pour tomber amoureuse de la ville. Embauchée pour un gigantesque salon de l'automobile, je dois accueillir la clientèle en tenue légère, sourire et accompagner ces messieurs vers les zones qui les intéresse.

J'ai toujours été douée en langue et c'est surement les seules matières qui trouvaient grâce à mes yeux à l'école. Alors je n'ai pas fait d'études supérieures mais je parle plusieurs langues quasiment couramment. Anglais évidemment, Espagnol mais aussi Français et Italien. Je n'ai pas souvent l'occasion de m'exercer malheureusement. Ma vie à San Diego a été bouleversée par une rencontre, un motard avec un sourire qui m'a fait fondre. Notre histoire était une sorte de bouffée d'oxygène dans le quotidien parfois morne, pour lui, comme pour moi, c'était un vent de fraicheur délectable. Je crois que c'est la première fois que je tombais éperdument amoureuse. Alors quand il a été emprisonné, j'ai fait des pieds et des mains pour obtenir un droit de visite. Je m'attendais à tout sauf à sa froideur, il m'a littéralement jetée. C'était il y' a quoi 6 ans? Je crois bien oui... j'aime pas les anniversaires, je l'ai déjà dit. En tout cas ça m'a vacciné contre les relations de longue durée. Papillonner c'est beaucoup moins risqué, ça évite de te retrouver un matin, avec seulement tes yeux pour pleurer.

Je suis pas vraiment le genre de personne qu’on peut cerner rapidement, parce que je n'aime pas trop m'ouvrir aux autres. Je crois que je n'ai jamais totalement parlé à coeur ouvert, depuis lui en tout cas... Non, moi, je suis la nénette que tout le monde a déjà rencontré, mais que personne ne connait. Cultiver ce mystère, m'allant d'ailleurs très bien. Je cherche même pas à être secrète pour qu’on cherche à tout prix à venir me découvrir, c'est juste dans ma nature de garder mes émotions pour moi. Je peux débattre sur les idées, les opinions, mais si on cherche à creuser au delà je me montre cassante et assez rapidement dans la destruction ou dans la fuite.  Séductrice dans l'âme, j'aime jouer de regards charmeurs et de sensualité pour atteindre mes objectifs. Les hommes, j'aimais les posséder, les dominer même parfois. Mais depuis lui... je n'ai craqué que pour des femmes.