I need a friend, are you ? ∞ Sileo 2

Début septembre 2022

La dernière des imbéciles, voilà ce que j'ai l'impression d'être aujourd'hui. Si j'avais su qu'en regardant cette course j'allais non seulement assister à un accident grave, voir mon ami sortir péniblement de sa voiture mais au moins sur ses deux jambes ça m'a retourné le cœur. Mais découvrir à l'écran mon propre frère jouer des coudes pour accéder à la piste pour aller rejoindre le pilote, là je suis restée sans voix. Je le connais et jamais il ne regarde quelqu'un comme je l'ai vu le regarder lui, j'ai compris. Mais j'ai surtout compris ensuite au fil des messages que ça faisait des mois que mon frère et mon ami se voyaient et qu'aucun d'eux n'avait pensé à m'en parler. Ok je sais je joue la princesse parce que ça ne me regarde pas, mais mon frère s'est toujours vanté de ne rien me cacher, alors là je l'ai mauvaise je le reconnais. J'ai besoin de parler, j'ai besoin d'extériorisé et je ne peux pas parler à Yaël. Après avoir claqué la porte de mon appartement, je quitte l'immeuble et monte dans ma voiture, prenant la direction de la seule personne à qui j'ai envie de parler aujourd'hui. Je frappe fort contre la porte à plusieurs reprises jusqu'à ce que la porte s'ouvre sur son occupant. "Désolée de débarquer comme ça … je …" C'est plus fort que moi je sens les larmes qui me montent aux yeux, je sais que j'aurais juste du rester chez moi.

Putain... Il est quelle heure ? J'ai la tête dans le cul mais on frappe non ? J'ouvre les yeux, cherche Lachlan du regard et me met à grogner en découvrant que je vais devoir me lever. Nu comme un ver j'enfile un short et prend la direction de la porte en vaillant. J'ouvre pour découvrir une Sienna qui a l'air complètement bouleversée.

-"Hey princesse ! T'excuses pas, jamais. T'es toujours la bienvenue."  Je l'attire contre mon torse à l'intérieur, claque la porte du talon et pose le menton sur sa tête. -"A qui je casse les dents ?" Sienna c'est clairement la personne à ne pas faire chier si on ne veut pas me foutre en rogne. Elle est adorable cette fille, douce, simple, jolie. Je supporte pas l'idée qu'on la rende triste et je déteste voir des larmes dans ses grands yeux. Alors en attendant qu'elle m'explique je la serre contre moi. Je suis plutôt tactile avec les gens que j'aime et quand ça va pas, un câlin ça peut que aider. Bon le fait que je sois à demi à poils ne rentre pas en ligne de compte, si?  

Princesse. D'aussi loin que je me souvienne c'est Ilyas qui m'appelle comme ça, alors entendre mon surnom de la bouche de Leo je crois que c'est ce qui me fait totalement perdre pied et je me laisse attirer à l'intérieure de l'appartement et me retrouve dans ses bras alors qu'il claque la porte. Je ferme les yeux et je passe mes bras autour de sa taille, ma tête posée contre son torse. Je réalise à peine sa tenue, mais bon il faut dire qu'il y a quelques moi j'en ai vu d'avantage que je n'y aurais jamais pensé quand il avait servi de modèle dans mon cours de dessin anatomique. Quand je sens son menton se poser sur ma tête et me demander à qui il doit s'en prendre je soupire. "À personne … ou alors à la vie ? aux mensonges ? aux malentendus ? Mais je crois pas que tout ça ait des dents …" Je relève doucement mon visage vers lui et le questionne. "Est-ce que je peux rester sur ton canapé cette nuit ? Je veux pas rentrer chez moi."

Je recueille son soupir, contre ma peau et ça me pousse à serrer les mâchoires. Je n'aime pas l'idée qu'elle soit triste, encore moins si je ne peux rien y faire. Sa réponse est floue et vague, elle ne me plait pas des masses mais je ne suis pas vraiment du style à forcer les gens à cracher le morceau tant qu'ils sont pas prêt. Clairement le genre de connerie qui me fait moi même vrillé, donc je crée plutôt l'ambiance propice aux confidences et je laisse venir.

-"Bien sur que tu peux squatter ici. Tu as du bol en plus princesse, je bosse pas. Donc on va se faire une petite soirée chill des familles." Un sourire et je la serre un peu plus fort contre mon torse avant d'embrasser le sommet de sa tête. -"Je nous commande des sushis?" Je réfléchis une seconde -"Oh ou ce putain de truc là, avec des nouilles sautées, des crevettes et les petits morceaux de porc fondant. Du basami truc." J'ai jamais été foutu de retenir ce nom de "bami goreng", en même temps c'est imprononçable, mais putain ce que c'est bon. -"Avec des bières ! Je connais rien de mieux pour se calmer les nerfs quand on est emmerdés par des cons." Bon en vrai mon option préférée c'est la baise torride, mais je peux pas lui dire ça...

Je me laisse aller quelques secondes dans ce câlin réconfortant et je suis presque rassurée quand il répond favorablement à ma demande, savoir que je peux rester ici cette nuit et ne pas me retrouver face à mon frère avec qui je sais que le ton va monter d'une manière ou d'une autre, ça me calme. "Justement tu bosses pas, t'avais pas quelque chose de prévu ? Je veux pas te ruiner ta soirée !!" Après tout s'il a quelque chose de prévu, je peux aussi rester seule ici, bon s'il avait prévu de ramener quelqu'un je peux m'en aller aussi je veux vraiment pas joue les troubles fêtes. Je soupire et souris en même temps quand je sens son baiser sur ma tête avant d'éclater de rire quand il propose qu'on se commande à manger et qu'il se mélange dans les noms de plat. "Heureusement qu'il y a des photos sur les applications de commande de bouffes sinon je sais pas avec quoi tu te retrouverais … tu confond avec le riz basmati. Bami Goreng  … c'est ça le truc avec les nouilles, t'en fait une belle de nouille toi !" Je me défais doucement de son étreinte et lui dépose un baiser sur la joue. Le programme de la soirée me convient bien et pour le moment j'ai envie de me vider la tête, de ne pas penser à tout ce qui me traverses l'esprit depuis quelques heures. "Dans ce cas on dirait que j'ai frappé à la bonne porte, merci Leo, c'est vraiment sympa de me laisser rester."

-"Chiller sur ma console, ça compte?" Clairement j'avais pas de programme de folie, surement parce que je suis déjà beaucoup trop sorti. Me foutre la tête à l'envers n'a plus la même saveur. -"Je ne sais pas si Lach va rentrer ou pas, mais dans tous les cas tu es la bienvenue et je serais content de te le présenter." Je ne suis pas sur de l'avoir croisée tout récemment ou de lui avoir parlé de l'homme de ma vie.

On est pas sensé vivre ensemble alors qu'on est coéquipiers mais ça... je sais très bien que Sienna sera jamais du genre à me balancer. Et puis c'est un fait.. on vit ensemble et je suis amoureux. -"J'aime bien les photos, ça me simplifie la vie, et oui comme tu as dit basami gorgen !" J'en rajoute un peu, mais j'aime son rire. Je lui fait un clin d'oeil et lui désigne le canapé. -"J'vais passer un tee-shirt et je nous prends des bières. Fais comme chez toi." Je me marre en m'éloignant et me retourne pour ajouter -"Parce que si tu continues à parler de ma nouille, alors que je suis à demi-nu, tu avoueras que ça prête à confusion." Sourire de petit con et nouveau clin d'oeil avant d'entrer dans ma chambre pour choper le premier tee-shirt venu. Noir, propre, c'est tout ce que je lui demande. Je récupère deux bouteilles de bière et lui en tend une avant de m'assoir en tailleur dans le canap'.  

À son ton je comprends que je ne viens pas mettre un terme des plans si importants que ça, donc je me sens déjà plus à l'aise et culpabilise moins de débarquer chez lui sans prévenir. Quand il me parle de Lach, j'ai un moment de doute parce que je ne sais pas vraiment de qui il parle, mais quand il me précise qu'il serait contente de me le présenter, je le regarde avec un sourire sincère. "Attends … tu t'es casé ? pour de vrai ? C'est génial ça ! Moi aussi je serais contente de le rencontrer alors !" Après l'avoir charrié sur son incapacité crasse à retenir les noms des plats exotiques, même ceux qu'ils préfèrent, il m'annonce aller s'habiller un peu plus et s'occuper des bières, m'invitant à faire comme chez moi. J'avance et vient poser mon sac et ma veste que je pose sur le bord du canapé et m'assied alors qu'il me balance une de ses répliques dont lui seul à le secret, en l'entendant je sais que je deviens rouge instantanément et cache mon visage dans mes mains "LEOOOOO tu sais très bien que c'est pas ce que j'ai voulu dire t'es con !!" Je le regarde disparaitre et revenir en me tendant une bière et s'installe à son tour sur le canapé. Je lui donne une petite tape sur le genoux et le regarde avec un air interrogateur. "Bon alors raconte-moi !! C'est qui ? Comment tu l'as rencontré ? Ça fait combien de temps ??" J'en oublie presque ce qui m'a fait venir me réfugier chez lui ce soir et au final ça fait du bien, et là, tout de suite, je n'ai pas envie que l'attention se dirige sur moi.

Forcément elle n'allait pas passer à côté d'une information aussi cruciale. Je souris et acquiesce, sourire de branleur au coin des lèvres. -"Tout de suite, les grands mots ! Mais oui... Lach c'est mon mec." La fierté nimbe ma voix avant qu'on ne se mette à disserter sur les plats qu'on peut commander, enfin surtout sur les noms imprononçables qui leurs sont attribués. On échange et je lui envoie une vanne de beauf qui a exactement l'effet escompté. Elle rugit mon diminutif et ne sait plus où se mettre, ce qui a pour effet de me faire rire, autant que de lui faire penser à autre chose. -"Je suis sur que tu l'as aimée plus que tu ne l'avoues."

Je la provoque bien évidemment, amusé de faire référence au fait qu'elle m'a vu nu, alors que la réciproque n'est pas vraie. Je vais passer un tee-shirt et reviens avec deux bières pour m'installer près d'elle. Elle me tape le genou et je souris, très fier de ma connerie avant qu'elle ne m'en demande plus sur Lachlan. -"On s'est connus en Australie, quand... je suis parti." Les circonstances de mon départ me tordent encore le bide, même des mois après, alors je n'épilogue pas. -"Il est pompier aussi et j'ai créché chez lui là-bas. Ensuite bah je suis rentré et on a gardé contact. Il a débarqué et le feu était clairement pas éteint..." Je ne me rends pas compte que j'arbore un sourire rêveur en évoquant l'homme des mes pensées, revivant ma joie quand je l'ai retrouvé.

Les grands mots, oui faut dire que c'est plutôt un événement depuis que je le connais je crois qu'il a du être une fois en couple avec une nana pendant un temps mais c'est tout, enfin que j'ai eu vent parce que bon, je ne suis pas du genre à surveiller ses fréquentations, déjà que je m'interdis de le faire pour mon frère, peut-être que j'aurais dû, on en serait pas là aujourd'hui. Quand il file s'habiller d'avantage et me balance une de ses vannes dont lui seul à le secret que je deviens rouge écarlate je ne suis capable que de répondre "Tu fais chier à cause de toi, jamais plus je vais pouvoir commander des nouilles sans rougir ! J'en ai surtout vu bien plus que je m'y attendais, t'aurais pu prévenir quand même !" C'est clair que ce cours de dessin anatomique restera dans les mémoires pendant de longues années, j'en suis certaine.

Quand il finit par revenir et que je le questionne, je scrute son visage et voir ses yeux s'illuminer et son sourire s'élargir quand il me parle de sa rencontre avec son mec, l'Australie, le fait qu'il soit pompier lui aussi, ça me donne le sourire à moi aussi. Je porte la bière à mes lèvres et en avale une première gorgée. "Si un jour on m'avait dit que je serais jalouse de l'air niais que t'as sur le visage parce que t'es heureux, je crois que j'y aurais pas cru !" Je m'installe un peu plus dans le canapé et ajoute. "Je suis vraiment contente pour toi, pour lui, j'ai hâte de voir si le mec qui a réussi à te coller ce sourire existe pour de vrai !" Je le taquine, je suis réellement contente pour lui, surtout que je sais, sans connaitre tous les détails, ce qu'il s'est passé chez les Hounds en début d'année, j'ai eu peur pour Wade, et pour lui aussi. Je suis tirée de mes pensées une seconde par mon téléphone qui ne cesse de vibrer dans ma poche et je soupire en le sortant et voyant encore le nom de mon frère sur l'écran. Mais quand je lis quelques messages de certains de mes amis qui s'inquiète parce que mon frère m'a cherché chez eux. Je pianote rapidement un message, sans doute un peu plus sec que je ne l'aurais voulu pour lui dire que je ne rentrais pas. Je décide d'éteindre mon téléphone et le jette à l'autre bout du canapé avant de m'excuser auprès de Leo. "Mon frère … fallait bien que je lui dise que je suis vivante avant qu'il lance le FBI et l'armée à ma recherche …"

Je ne peux que rire, à la voir toute gênée. -"Comme si tu avais besoin de ça, pour penser à mon corps d'apollon." Est ce que j'abuse? Oui... évidemment ! C'est le but ! La faire rire, lui permettre de mettre un peu de côté ce qui assombri ses jolis yeux. C'est ainsi que ça fonctionne l'amitié, non ? Quand elle sera prête à parler, elle le fera. D'ici là je serais le petit con imbus de sa petite personne que quiconque adore détester, ou détester adorer je ne sais plus trop.

Je m'habille et reviens me poser pour qu'on continue à discuter. Lachlan est forcément le sujet qui vient en premier lieu et je souris de plus belle alors qu'elle se fout de ma gueule. -"Comme quoi tout est possible hein?" L'archétype du célibatard fou amoureux... Enfin j'étais pas vraiment un célibatard, plutôt un séducteur. La frontière est mince? Non ! Je trouve pas. J'ai jamais menti, jamais vendu du rêve et du grand amour. Mon crédo était d'être sincère et de ne proposer que ce à quoi j'étais prêt, à savoir du sexe sans sentiment ni prise de tête. C'est d'ailleurs clairement l'offre que j'ai fait à Lachlan aussi... Sauf que... après avoir gouté à sa peau, j'en ai plus voulu d'autre. Je sais pas comment il a fait pour me garder fidèle, sans même l'exiger.

Bon j'ai merdé depuis, une fois, une putain de soirée orgiaque, mais qui m'a presque réveillé. J'ai eu un putain de bol qu'il passe outre ceci dit... surtout quand on voit dans quel état j'ai fini à l'idée qu'il se rebarre en Australie ! Le téléphone de Baby Ricci n'arrête pas de vibrer et elle finit par le prendre. Elle texte avant de le balancer dans le canapé et je grimace en écoutant l'explication qui suit. -"Il a fait quoi ce con encore?" Ilyas et moi c'est une longue, très longue, histoire. Celle de deux bons potes, finalement... Amants parfois, mais c'est pas ce qui a compté le plus ! C'est clairement pas ce qui nous définit en tout cas. On est un peu les mêmes tous les deux, enfin avec le même genre de failles... Est ce que j'aurais tenté ma chance auprès de Sienna si elle n'avait pas été sa petite soeur? Mmm sans doute pas plus, parce que c'est pas ça qui m'a retenu au fond, ça aurait pas suffit... Même si on a dit pas les soeurs ! C'est juste que j'étais clairement pas prêt à lui offrir ce qu'elle attendait d'un mec, et que j'étais bien trop piqué pour risquer de la blesser.  

Je sais que mon idée de venir frapper à sa porte était la bonne, je n'ai pas trente six milles amis, des vrais je n'en ai que très peu et malgré ce que peux penser mon frère, Leo est l'un d'eux. Je sais qu'il n'aime pas me voir approcher les Hounds encore moins après ce qu'il s'est passé en début d'année, mais ce n'est pas de ma faute si Leo est une personne que j'apprécie et qui, malgré sa réputation a toujours été correct avec moi, pour moi, HH ou non, cela n'a rien à faire, de toute manière je ne sais pas le quart du tiers de ce qu'il peut se passer dans ce gang de motard et je m'en fiche royalement ce ne sont pas mes affaires. Et après tout je sais qu'au fond d'eux ils ne peuvent pas être mauvais, si c'était le cas, jamais Wade ne nous aurait recueilli, je ne serai pas devenue amie avec Leo non plus.

C'est cette légèreté que je suis venu chercher chez lui ce soir, pouvoir me faire chambrer, pouvoir penser à autre chose que ce que j'ai appris aujourd'hui et qui m'a énervé je dois le reconnaitre, je sais que je ne devrais pas, je sais qu'ils avaient leur raison mais j'ai l'impression de ne pas compter, ni pour mon ami, et encore moins pour mon frère et je n'aime pas ça, ça me fait peur et j'ai besoin de me changer les idées. Je suis sincèrement contente pour Leo quand il me parle de son mec, un peu jalouse même, pas de son mec non, mais de voir qu'autours de moi tout le monde semble trouver le bonheur et le partenaire qui leur convient, pourquoi je n'y ai pas droit moi aussi ?

Quand je balance mon téléphone après avoir répondu à mon frère et l'avoir mentionné à Leo je le vois grimacer et me demander ce que mon frangin a encore fait. Je me laisse aller contre le dossier du canapé et pose mes mains sur mon visage avant de laisser sortir un grognement d'exaspération et retirer mes mains avant d'éclater de rire, je sais que je suis pathétique et qu'il n'a sans doute pas l'habitude de me voir me lâcher un peu et dire ce qui me mine. Mais je suis exaspérée parce que je ne peux rien dire, je viens de découvrir que mon frère est en couple avec mon meilleur ami, je sais que celui-ci n'a jamais rien dit de son orientation, que les médias l'ignorent et ce n'est pas moi qui vendrai la mèche, ça jamais ! J'avale une gorgée de ma bière avant de lui répondre. "Il me rend chèvre mais ça ce n'est pas nouveau ! Je voulais pas rester à juste un couloir de lui ce soir, j'avais besoin d'espace, de me vider la tête avant de savoir si je vais l'étriper ou non !" Bien sûr que jamais je ne ferai quelque chose contre lui, mais je suis vexée, j'ai été piquée dans mon amour propre et je n'ai, pour une fois, pas envie de jouer la petite fille sage qui se tait et arrondit les angles. "Merci de me laisser squatter ton canapé, je pense pas qu'il pourrait penser à me chercher chez toi, promis demain je te prépare le petit déjeuner pour te remercier !"

Ily a fait de la merde? Oui bon... c'est mon pote, mais ça me surprend pas vraiment. Parce que clairement à ce niveau, il est capable d'être aussi con que moi, ce qui n'est pas peu dire. Je la laisse noyer le poisson, comprenant qu'elle n'a pas envie de me parler des tenants et des aboutissants. -"Tu peux toujours venir squatter. Chaque fois que tu auras besoin." Peut être que ça paye pas de mine, mais c'est pourtant pas commun, venant de ma part. La liste des personnes pour qui je me mouillerais assez pour les laisser crécher à la maison est assez limitée.

Des potes j'en ai à la pelle, trop pour que ça compte vraiment. Des amis en revanche... il y'en a beaucoup moins et ils comptent énormément. -"Hormis les conneries de ton frangin, quoi de neuf princesse?" La faire parler d'autre chose ça peut aider non ? J'en sais trop rien en fait, je brille pas vraiment pour ma psychologie... Sauf quand il s'agit de faire le don juan, là je regorge toujours d'idées. -"Si tu préfères, une fois qu'on a mangé on peut sortir." Perso c'est toujours ce que j'ai fait quand j'ai eu besoin de me changer. Avec plus ou moins de réussite... mais ça c'est un autre problème. Faire la java, picoler, danser jusqu'au bout de la nuit, ça vide la tête, ça fatigue et ça permet de relativiser au matin. Bon après... je suis pas sur du tout d'être un modèle en terme de way of life, mais je fais avec ce que j'ai. Et puis comme ça elle peut rencontrer Lach quand il rentre et avoir du temps où on sera que tous les deux ensuite. Parce que c'est pas toujours évident de se détendre en présence d'un inconnu, même quand il s'agit de l'amoureux d'un.e pote.

"J'espère que je n'en aurai pas besoin trop souvent quand même !" Il faudra que je discute avec lui, mais ce soir ce n'est pas possible, je suis bien trop sur les nerfs et j'ai envie de tout sauf penser à la conversation que je pourrais avoir avec lui. Non ce soir je me vide la tête et je reste peinard chez mon ami. Quoi de neuf ? je me cale dans le canapé et fais mine de réfléchir, tapotant mon menton avec mes doigts. "Je t'ai dit que j'avais une commande d'une fresque pour le hall d'un hôtel en ville ?" Je suis sur le point de la commencer et j'ai hâte de m'y mettre. Cette femme m'a confié un premier projet et si elle est contente, je pourrais avoir de la visibilité et peut-être d'autres commandes du même genre. Je me redresse et je continue avec un large sourire aux lèvres. "C'est une connaissance d'un de mes professeurs, elle est venue au vernissage de la dernière expo et m'a demandé de préparer un projet pour son hôtel, c'est la première fois que je vais faire quelque chose d'aussi grand."

Sortir ? Peut-être pas ce soir, j'ai encore en tête les images de l'accident sur le circuit, et même si j'en veux à mon frère, savoir Yaël aussi inquiet pour son coéquipier, je ne me sentirais pas de faire la fête pendant ce temps. "On serait encore capable de tomber sur mon frère, je donne pas cher de ta peau s'il découvre que c'est chez toi que je me réfugie." J'adresse un clin d'œil à Leo parce que je sais bien que quand c'est en rapport avec moi, mon frère ne fait pas dans la dentelle, mais aussi parce que je suis d'avantage du genre à ne pas trop bouger ce soir. "Y a un parc pas loin de chez toi non ? je serais plutôt du genre à aller courir un peu me dépenser. Si ça te tente ? Ou si tu veux juste m'y accompagner sans courir …"

Haussement d'épaule en réponse. Evidemment c'est mieux de pas avoir besoin d'échapper aux cons et aux emmerdeurs, mais ça n'est pas toujours possible pour autant. On discute et je souris en la voyant commencer à s'animer, elle a moins l'air de porter le poids du monde sur ses épaules et ça me suffit. -"Nope pas dit." Je la relance et elle poursuit en me parlant d'un gros projet. -"Tu veux que je pose nu pour la fresque?" Je lui fais un clin d'oeil en prenant la pose du penseur de Rodin, pendant quelques secondes, avant de lui demander si elle veut sortir ou non.

Clairement c'est mon mode de fonctionnement quand je veux me vider la tête. Soirée dantesque, drogue, alcool et sexe à profusion. Je me suis calmée sur la came et clairement si je m'éclate toujours autant sexuellement je ne multiplie plus les partenaires. Ma dernière connerie a failli me couter mon couple et ça m'a remis du plomb dans la tête. J'aime Lach... profondément. Alors je refuse de prendre le risque qu'il se rende compte que je suis un connard qui n'en vaut pas la peine. Si pour ça je dois admettre l'exclusivité, j'en suis capable. Pour lui. -"Clairement pas peur de ton frère; ni de lui dire d'aller se faire mettre." Je lève les mains en affichant une moue amusée. -"Il sera juste étonné que je propose pas de le faire moi même." Je lâche un petit rire, amusé par ma propre blague avant qu'elle ne fasse une autre proposition. -"Besoin de ce genre de défouloir? Pas de problème, mais je me change... décidément tu trouves tous les moyens pour me déshabiller princesse." Froncement de nez et je retourne vers ma piaule pour enfiler une tenue de sport. Avec la caserne, on a des entrainements physiques réguliers, donc pas de souci je suis plutôt affuté. Quand je reviens je la regarde des pieds à la tête. -"T'as besoin de fringues? J'ai des trucs trop petits qui devraient t'aller." Clairement si je tape dans les fringues de mon mec, elle va disparaître. Cette pensée me tire un nouveau sourire alors que j'attends le verdict. -"Oh et faut que je texte Lach aussi, qu'il s'inquiète pas." Putain je deviens un canard.

Je secoue la tête vivement de manière négative avant d'éclater de rire quand il demande si je souhaite qu'il pose nue pour ma fresque. "T'es un très bon modèle mais non ça ira ! Et puis ton mec risque d'être jaloux si tous les clients d'un hôtel pourraient te voir dans ton plus simple appareil, je suis pour la paix des ménages moi !" Je ne connais pas encore son mec mais je n'ai pas envie de m'attirer ses foudres moi, et je ne pense pas que ma cliente apprécie une telle liberté, non, non en en restera à la plaisanterie, et pour le moment il n'y a que nous qui sommes au courant de cet épisode, bon d'accord nous et tous les élèves de mon cours, et Sigmar aussi qui a vu le croquis dans mes cartons à dessins lorsqu'il m'a aidé à choisir les œuvres pour la dernière exposition à laquelle j'ai participé.

Sortir oui, mais pas pour aller dans un bar ou en boite, je ne veux pas tomber sur mon frère ou Yaël, pas ce soir, j'ai besoin de digérer ce que j'ai découvert aujourd'hui, je ne sais même pas comment je réagirais quand je me retrouverai face à mon grand frère. Alors imaginer ces retrouvailles en public, accompagnée de Leo, non je ne préfère pas ! Je souris quand il me répond, je ne sais bien qu'aucun des deux n'ont peur de l'autre et je lève les yeux au ciel à son insinuation, non je ne veux pas savoir ce qu'ils ont pu faire tous les deux. Je lui confie plutôt mon envie d'aller me défouler en allant courir dans le parc pas loin de chez lui, lui proposant de m'accompagner s'il en a envie. Il me laisse après m'avoir dit aller se changer, plaisantant une nouvelle fois sur ma volonté de vouloir de défaire de ses vêtements ! "Je te signale que je n'ai jamais rien demandé moi hein ! Ce n'est pas moi qui t'ai invité à te foutre à poils à mon cours de dessin, tu m'as mis devant le fait accompli !" Je dis cela en haussant un peu la voix qu'il m'entende de la pièce voisine. Quand il revient, il m'observe et me propose de me prêter de quoi me changer moi aussi, c'est vrai que je n'ai pas trop prévu le coup. "Si t'as quelque chose qui peut m'aller je ne suis pas contre, je n'ai pas vraiment pensé à prendre des affaires en quittant mon appart." J'ai un sourire au coin des lèvres quand il dit qu'il faut qu'il avertisse son mec. "C'est mignon, Leo accro à son mec, si on m'avait dit que je verrai ça de mes yeux, je ne sais pas si j'y aurais cru …" À mon tour je lui adresse un clin d'œil en attendant de voir de quelle manière il va me déguiser avec ses fringues trop petites.

J'aime beaucoup l'enquiquiner, elle réagit toujours au quart de tour et ça me fait marrer. -"Je savais pas que c'était ton cour. J'aurais peut être pas accepté sinon." Un clin d'oeil et on continue à discuter, se mettant d'accord sur un footing. Elle accepte que je lui trouve des fringues et je regagne ma chambre pour y attraper un short de running qui a rétréci quand j'ai voulu expérimenter le sèche linge pour la première fois. J'ajoute le tee-shirt qui a subi le même sort. Je sais même pas pourquoi j'ai gardé ces fringues... alors qu'il est évident que je ne rentrerais plus jamais dedans... mais au moins ils vont servir. Je lui apporte et lui désigne ma chambre de la main qu'elle puisse se changer à son aise. -"Je t'attends princesse." Je m'enfonce les écouteurs dans les oreilles en ajustant la musique pour le footing et je texte Lach. Pour lui dire qu'une amie est ici, mais qu'on va sortir courir. C'est nouveau pour moi, de tenir assez à quelqu'un pour le tenir informé de mes faits et gestes. Pas encore vraiment naturel mais j'apprends. Je me dis que ça compte pour lui. Je suis aussi très conscient que je peux assez vite vriller en panique quand j'ai pas de nouvelles... Ce qui est un comble puisque généralement les conneries c'est moi qui les faits.

J'attends que Sienna me rejoigne et je lui tends un écouteur en souriant. Courir avec de la zique c'est capital. On sort et je verrouille la porte, l'air frais me faisant du bien. On démarre tranquillement, j'apprécie la présence de Sienna même si c'est juste pour une activité sportive. Elle est une amie de longue date, avec qui j'ai partagé beaucoup de moments mémorables, mais jamais rien de plus que de l'amitié, à mon grand désarroi à une époque. On court jusqu'à rejoindre le parc balboa, en évitant les autres joggeurs et les chiens qui courent partout.

Lever les yeux au ciel je crois que cela devient récurant lorsque je suis en présence de Leo, pas qu’il m’exaspère sinon ce ne serait pas chez lui que je serais venue me réfugier ce soir, non mais il a le don pour toujours trouver la phrase qui va me faire réagir et même si je me dis qu’il faut que je marche pas dans sa combine, je cours ! Il réapparait avec un t-shirt et un short qui sont clairement trop petit pour lui, quand je les attrape je l’interroge "Des soucis au lavage ou c’est à d’anciennes conquêtes ?" Je m’en fiche un peu au final mais moi aussi je peux essayer de le taquiner de temps en temps. Je disparais le temps d’aller me changer dans sa chambre et j’en reviens prête pour aller courir et je me félicite d’avoir mis les bonnes chaussures pour ça.

J’attrape l’écouteur qu’il me tend et ne rechigne pas sur la musique, il a bons goûts en général et tant que j’ai un rythme pour courir ça ma convient. On commence à courir tranquillement jusqu’à ce que l’on atteigne le parc balboa une fois arrivés, je trace et le laisse quelques instant derrière moi, j’ai besoin de sortir l’énervement que j’ai au fond de moi d’une manière ou d’une autre et là, courir à perdre haleine c’est tout ce que j’ai trouvé, je pourrais hurler aussi, mais quelque chose me dit qu’on pourrait me prendre pour une folle, alors passons. Quand je finis par m’arrêter je réalise que des larmes ont coulées sur mes joues et je les chasse rapidement surtout qu’en me retournant je vois Leo me rejoindre. Je lui souris et reprends ma respiration, les mains sur mes côtes. "Désolée … je voulais pas … te semé promis ! J’avais juste besoin de … me défouler un bon coup !"

Sourire de branleur et petite moue, pour laisser plâner le suspense une seconde. -"Seulement un carnage de machine à laver. J'étais pas doué au départ." Je me marre tout seul en me souvenant du carnage absolu que je représentais. Marrant d'ailleurs parce que je me suis globalement élevé tout seul, enfin Cassy et moi on s'est élevés seuls. Ma mère avait pas le temps et mon géniteur... il avait mieux à foutre? Mais pourtant j'ai pas vraiment appris à être un champion des tâches ménagères, loin de là. Je m'en battais franchement les couilles, j'avais autre chose à foutre et puis... quand j'ai eu besoin de me démerder, je me suis rendu compte qu'il y avait quelques trucs à connaître.

Je la laisse se changer et on se met assez rapidement en route. La musique dans les oreilles est un morceau d'électro et ça me met directement la dose en énergie. Je dodeline la tête au rythme de la zique quand on arrive en vue du parc et je la vois tracer devant. Dans un premier temps je pousse instinctivement pour la suivre et je réalise qu'elle a surement des trucs à exorciser en se mettant un peu à mal, alors je la laisse tirer sa bourre, ralentissant pour revenir à mon allure de croisière. Quand je la rejoins elle me fait marrer et je lui ébouriffe les cheveux. -"T'es mignonne chérie, mais si j'avais voulu te coller au cul c'était pas un problème. J'ai juste pensé que tu avais envie d'avoir un peu la paix. Je suis un petite con, une sorte d'archétype de ce modèle, mais ça ne m'empêche pas d'être capable d'un minimum de délicatesse et d'empathie avec les gens qui comptent pour moi. -"Tu as fini ton décrassage ou tu as vraiment envie qu'on se fasse mal?" Si y'a que ça, un petit programme bien pointu avec du cardio à foison, j'ai ça en stock. Faut pas rêver pompier, ça n'a rien d'un travail de bureau et rester au top en terme de forme physique, ça peut nous sauver la vie. Donc les entrainements sont aussi âpres qu'ils sont nombreux. On s'habitue et ça devient même essentiel au bout d'un moment, surtout quand on a un petit côté pile électrique.

Courir déjà jusqu'au parc est agréable, mais ce qui me fait vraiment du bien c'est le fait qu'une fois arrivée au parc je lâche les chevaux, je trace sans plus réfléchir, je cours à perdre haleine juste parceque de cette manière mon cerveau ne pense plus qu'à une seule chose, le chemin que je prends. Plus rien d'autre ne compte que le fait de faire défiler le sol sous mes pieds à grande vitesse, me vider la tête. Après de longues minutes je ralentis avant de m'arrêter, passant mes doigts sous mes yeux je chasse toutes trace des larmes qui viennent de couler sur mes joues alors que je me retourne pour faire face à Leo qui arrive vers moi.

Entre deux respirations j'éclate de rire quand il m'ébouriffe les cheveux, me disant qu'il a préféré me laisser tranquille. Je me contente de le remercier d'un sourire silencieux, je crois que c'est pour ça que c'est chez lui que j'ai voulu me réfugier. Parce que mon frère ne viendrait pas me chercher là, et que Leo est du genre à m'écouter mais pas à me forcer à parler si je n'en ai pas envie. C'est pour ça que je le considère comme un ami, parce qu'avec moi il est sympa et attentionné et que je peux autant déconner qu'être sérieuse en sa compagnie. Je sais très bien qu'il pouvait tenir le rythme et même me dépasser, après tout j'ai beau courir presque tous les jours et prendre plusieurs cours de danse par mois, je n'ai pas l'endurance qu'il a en tant que pompier. Je réfléchis juste une seconde avant de répondre à sa proposition. "Vas-y, fais moi cracher mes tripes, comme ça me restera juste à prendre une douche avant de m'écraser sur ton canapé pour la nuit !" Si cette nuit je peux dormir sans penser à rien, sans cogiter, je ne dis pas non. Même si je sens qu'il va me prendre au mot et que je risque de le regretter.

-"Écoute, Sienna, j'ai un programme d'entraînement bien poussé en tête, parfait pour te défouler et te sentir complètement au top !" Je suis tellement excité à l'idée de l'accompagner dans cet entraînement et de voir à quel point elle est capable de se dépasser que j'ai un sourire de môme. -"On va considérer que ce petit footing était un bon échauffement."

Rien de tel que cette sensation de chaleur qui envahit mon corps à mesure que nous augmenterons notre rythme et que l'adrénaline montera. Sentir l'énergie grandir et mon esprit se concentrer sur ce qui nous attend. C'est finalement aussi bon pour elle que pour moi.

Je me place sur le sol, position de pompes et j'attends qu'elle me rejoigne. À chaque répétition, je ressens une connexion profonde avec mes muscles, une sensation de force et de puissance qui émerge en moi, j'aime ça. -"Trois séries de dix répétitions" Je parle, en savourant cette montée d'énergie à chaque mouvement, et en comptant. -"Clairement j'avais besoin de me défouler moi aussi." Je lui fais un clin d'oeil et j'achève ma troisième série avant de me relever.

-"Les squats sont également un exercice incroyable". Alors que nous descendons en position basse, je ressens la brûlure dans mes jambes, signe que nous sommes en train de les renforcer. C'est comme si chaque squat était un pas de plus vers notre objectif, ça brule, ça défoule, c'est parfait. J'enchaine sur des burpees ? C'est un exercice intense, mais lorsque nous les enchaînons, je ressens une montée d'adrénaline qui me pousse à donner le meilleur de moi-même. Les muscles de tout mon corps travaillent ensemble, et chaque saut est une affirmation de ma détermination à aller au-delà de mes limites. Je peux faire ça toute la journée mais j'ai envie que ce soit intense et qu'elle oublie de penser tant ses muscles vont bruler alors j'enchaine rapidement.

Pendant les crunchs et les relevés de jambes, je ressens le feu dans mes abdominaux, et je souris, content de renforcer ma résistance. -"Mais c'est que t'es douée, fillette." Je peux pas m'empêcher de la chambrer, en même temps si je le faisais elle me trouverait bizarre, non ?

-"Cardio pour s'achever? On rentre en sprint? Le dernier arrivé chez moi se tape la vaisselle ! Mes jambes s'envolent sur le sol, je me sens léger et rapide, comme si rien ne pouvait m'arrêter. Ce sprint est une libération, un moment où je peux laisser aller toutes mes émotions, mes doutes et me sentir complètement vivant. Parfois la vie est une chienne, je le sais depuis tout petit, mais le sport a toujours été l'échappatoire idéale. Seul face à soi même, après tout c'est comme ça que j'ai du grandir et me forger. Ceci dit je sais très bien qu'elle et son frère ont pas eu la vie plus rose que moi. Personne chez les hounds j'crois bien. C'est ce qui nous rapproche, tous. Finalement c'est ce qui a "fait famille". On en a tous bien chier, mais ensemble on sait qu'on est capable de grandes choses. Je suis un peu en parallèle, maintenant, en tout cas des activités disons commerciales, du gang... mais je répondrais toujours à l'appel, de n'importe lequel d'entre eux. Même ceux que je passe mon temps à provoquer, c'est comme ça en famille. Quoi qu'il arrive et quoi... qu'il en coûte. Je trace, ces pensées en tête !

La proposition de nous lancer dans l'un de ses entrainements intensifs me convient, si je lui ai demandé de sortir courir c'est pour me vider la tête, là je pense que si mon esprit peut se concentrer uniquement sur les exercices ça me va ! Je me contente de l'écouter, de hocher la tête et rapidement je le suis dès qu'il se met au sol pour commencer les séries de pompes. On ne dirait pas comme ça, avec mon air d'artiste que je peux tenir le rythme et pourtant c'est ce que je fais, ça commence à chauffer et je ne pense qu'aux mouvements que je fais. On enchaine les exercices et mes muscles sont plus que sollicités mais je n'ai pas l'intention de baisser les bras, déjà que je l'entends me chambrer me disant que je suis douée, je me redresse en terminant le dernier exercice, à bout de souffle en le regardant. "Je cache bien mon jeu hein ? … viens à un de mes cours de danse … on verra qui c'est qui crache ses poumons à la fin des deux heures !" Je lui adresse un clin d'œil parce que je sais qu'il est capable d'accepter que ce soit pour venir voir les autres jeunes femmes dans mon cours, ou pour venir me foutre la honte en faisant n'importe quoi.

Il propose de terminer par du cardio en tapant un sprint pour retourner jusque chez lui, ajoutant que le dernier arriver sera de corvée de vaisselle, il n'attend pas ma réponse pour tracer. "Ha c'est comme ça … tu vas voir !" Je trace pour le rattraper mais je souris en ayant une idée, la route qu'on a pris pour l'aller est sympa, mais sillonne des rues, des places, une école, alors que la rue parallèle est presque en ligne droite, je bifurque sans qu'il ne me voie et je trace à en perdre haleine je donne tout, mes pieds touchent à peine le sol et mon cœur tape fort dans ma poitrine, je le regretterai peut-être plus tard mais c'est pas grave. Je fini par arriver au pied de l'immeuble et le regarde arriver, je saute de joie comme une gamine. "Alors looser t'as bu un café en route ?" J'éclate de rire et reprenant un peu plus ma respiration je viens lui coller un baiser sur la joue. "Tu pensais quand même pas que j'allais manquer l'occasion de te voir faire la vaisselle ?" Oui j'ai triché et alors ? Il n'a jamais été question de rentrer par le même chemin ? Il n'a donné aucune règle autre que de ne pas arriver en dernier si on voulait éviter la corvée de vaisselle.

Cavaler ! Encore et encore, comme un dingue, sentant les muscles chauffer, contrôlant mon souffle pour garder suffisamment d'ampleur pour rester parfaitement oxygéné. Ou en tout cas suffisamment pour continuer à courir, le plus rapidement possible. Sauf que... dès la sortie du parc je capte. Elle suit pas. Je secoue la tête en souriant, amusé et je tente d'accélérer encore. Si je trace à mort, j'ai une chance si elle est trop morte pour faire de même.

J'arrive en vue de l'immeuble du coin de la rue pour découvrir la demoiselle, devant ma petite maison. J'ai un hoquet de rire et je me force à maintenir le rythme jusqu'à arriver près d'elle. Je plisse les yeux, fronce les sourcils, affichant un air clairement courroucé. La vanne qui me vient? "Vous êtes vraiment des tricheurs chez les Ricci", mais un éclair de génie me fait la retenir. Oui carrément du génie ! Parce que c'est rare que je foute pas sévèrement les deux pieds dans le plat. Je suis le mec qui a un don inné pour ça ! Sauf que là, j'ai bien capté qu'oublier un peu son frère était plutôt de nature à lui faire du bien. -"Je rêveeeeee Sienna ! Tu triches ! Toi ?" Je me pose la main sur le coeur, comme s'il se trouvait détruit par cette nouvelle et j'avance vers elle, la lèvre tremblante, pour me laisser tomber à genoux le plus théâtralement possible. -"Pas toi... je ne peux pas le supporter !" Je ne peux pas me retenir bien longtemps avant d'éclater de rire, sa main dans la mienne. Je me relève et vais nous ouvrir la porte. -"Vaisselle, quand on commande à manger, ça va je devrais pas trop mal m'en sortir." Pas folle la guêpe ! Je la laisse entrer devant et lui désigne notre chambre. -"Prend la salle de bain la première." Petit clin d'oeil. -"Les serviettes sont dans le meuble colonne, y'a aussi un peignoir si tu as besoin." Petit froncement de sourcils. -"Et si jamais dans le tiroir sous le lavabo y'a du masque pour les cheveux." Ouais je suis le genre de mec qui n'a aucun souci à utiliser ce genre de trucs. Alors ça fait parfois glousser les pseudos alphas... mais généralement je les calme vite. Enfin... je les calmais en tout cas. Mesurer la virilité à l'aune du machisme ? C'est tellement con...

Courir, courir encore, courir toujours jusqu'à avoir l'impression que mes poumons vont me sortir par la gorge. Mais en voyant sa tête à l'arrivée ça en valait la peine ! Quand je l'entends me dire que j'ai triché, que je le vois poser sa main sur son cœur et tomber à genoux j'explose de rire. "Merde Leo, t'as raté ta vocation … t'as jamais pensé à faire du cinéma ? T'es bon … presque crédible !" Je lui tends ma main pour laisser se relever et me contente de lui tirer la langue quand il dit que de toute manière comme on a commandé à manger, n'y a pas grand-chose à faire comme vaisselle, je m'en fiche, sur le principe j'ai gagné et pour moi ce soir, c'est tout ce qui compte.

Quand on se retrouve à l'intérieur, il m'annonce me laisser prendre la salle de bain en premier. "T'es sûr ? Tu râleras si t'auras plus assez d'eau chaude hein ?" A mon tour de lui faire un clin d'œil avant d'aller récupérer mes fringues et fermer la porte derrière moi, après m'être débarrasser de mes vêtements, enfin des siens qu'il m'a prêtés, je fais ma curieuse et fouille un peu dans ses produits, y a pas à dire il a tout compris à comment on prends soin de soi, un mec qui n'a pas cette peur qu'on se foute de lui parce qu'il utilise des soins adaptés, je trouve ça presque plus viril que ces mecs qui ne font que montrer leur muscles et penser que se battre ou jouer les machos c'est ce qui fait d'eux des "vrais" hommes. Quand je finis par ressortir de la salle de bain j'ai enfilé mon t-shirt et le pantalon que je portais en arrivant, une serviette enroulée, façon turban sur ma tête pour sécher mes cheveux. "Si demain tu retrouves plus ton shampoing c'est que je te l'aurais volé, il sent trop bon ce truc !!" Je m'approche un peu, les bras croisés sur ma poitrine en le défiant du regard. "Me dis pas que t'as profité de ma douche pour laver les trois pauvres couverts qu'on a utilisé pour que je te vois pas faire la vaisselle ?"

Mon hilarité augmente et je salue comme au théâtre, tout content de ma connerie et surtout de la voir sourire. Elle a besoin de se détendre, je ne suis pas dupe. Je la laisse utiliser la salle de bain la première et signe mon accord au manque d'eau chaude d'un vague grognement avant de me poser le cul sur le plan de travail en attendant que la place se libère.

Quand elle sort je souris de nouveau -"ça va, je saurais où venir le retrouver." Elle me vanne sur la vaisselle et je prends un air contrit avant d'ajouter. -"Nu sous un tablier? Juste pour ton petit plaisir?" Je n'en ai pas pour longtemps pour glisser à mon tour sous la douche et me savonner. Je ne sais pas ce qui la tracasse, mais j'ai bien compris qu'elle a plus envie de se changer les idées que d'en causer, donc je vais simplement faire avec. Je ressors de ma piaule torse nu et en short pour la rejoindre dans le salon. -"Je me déshabille tout de suite ou tu as envie de préliminaires?" J'adore la taquiner, la voir rougir et me regarder avec son petit air outré.

Elle sait pertinemment que je ne la forcerais jamais à rien. Déjà avant, quand je papillonnais comme je respirais. Alors maintenant? Plus vraiment de risque. Même si Sienna aura toujours une place toute particulière dans ma vie. C'est justement parce que je l'aime beaucoup, que je n'ai jamais rien tenté, convaincu qu'elle mérite mieux que ce que je peux avoir à offrir. Je ne crois pas tellement au romantisme forcené et aux belles histoires, mais si quelqu'un en mérite une, c'est bien elle.

-"On se choisit un film ou tu veux la démonstration immédiate de mes qualités de fée du logis ?" Clairement je me mets juste à son service aujourd'hui. Que ce soit pour parler, pour avoir un câlin, ou juste pour raconter des conneries et se marrer. C'est ça l'amitié non ? Juste être là, faisant au mieux pour que le sac à dos de l'autre soit un peu moins lourd à porter.

La douche me fait du bien et quand je reviens dans le salon avec ma serviette en guide de turban sur la tête, je me sens bien mieux, je ne sais pas si c’est le fait d’avoir pris l’air en quittant mon chez moi, d’avoir couru à en perdre haleine, la douche ou simplement la présence de Leo, mais mon calme est revenu et je laisse derrière moi la colère que j’ai pu ressentir contre mon frère, en tout cas jusqu’à demain je pense. J’éclate de rire lorsqu’à ses dire je l’imagine en tablier et les fesses à l’air en train de faire la vaisselle. "Tout de suite les clichés … en fait avec toi tout est prétexte à te foutre à poil ?" Je le laisse aller prendre sa douche à son tour et j’en profite pour récupérer mon portable j’ai de nouveaux messages d’Ilyas auquel je ne réponds pas à part pour lui dire que je ne rentre pas ce soir, que je suis en sécurité, je ne veux pas qu’il passe sa nuit à me chercher dans toute la ville.

Quand Leo revient de la salle de bain après avoir passé dans sa chambre, vêtu juste d’un short et me rejoints dans le salon, sa boutade est le thème récurrent entre nous, je suis bien plus prude que lui, mais je ne suis pas un ange non plus et j’ai bien envie de lui rendre la monnaie de sa pièce, je m’amuse à le regarder des pieds à la tête, faisant mine de réfléchir à sa proposition. "T’es chez toi, tu fais ce que tu veux, et puis … t’as plus rien à me cacher, j’ai déjà tout vu !" Ça me fait rire parce que je sais que j’ai cette image de fille sage et presque intouchable à ses yeux comme à ceux de mon frère, c’est sûr que je suis toujours vierge mais je ne suis pas une oie blanche pour autant, j’ai eu quelques premières expériences avec mes ex-petits amis mais ça, c’est sûr que je n’ai jamais évoquer le sujet avec mon frère ! Oh ça non !

"Va pour un film, je te dispense de ta corvée de vaisselle pour ce soir !" Je le laisse venir s’installer sur le canapé et je me rapproche en le regardant avec un air presque sérieux. "Si j’ai envie d’un câlin pendant qu'on regarde notre film, ton mec va pas piquer une crise s’il débarque et qu’il me vois près de toi alors que t’es dans cette tenue ?" Je sais qu’il va se foutre de moi mais c’est vrai, je ne le connais pas son mec et j’adore Leo, jamais je voudrais qu’une attitude que je pourrais avoir avec lui, lui porte préjudice.