Cassandre Mikaelson || La Gastronomie est l'art d'utiliser la nourriture pour créer le bonheur !

La vie n’est toujours pas bleue ou rose, il y a parfois une couleur sombre au milieu. Les premières années de mon enfance se passaient pourtant très bien, autant que je m’en souvienne. Je suis devenue une grande sœur quand j’avais cinq ans, je me souviens des premiers cris de Léopold, mon petit frère quand j’ai été voir notre maman à la maternité. L’ambiance à la maison est devenue rapidement toxique à cause de notre ivrogne, brutal, méchant, odieux père. C’est étrange comment certains évènements restent gravés dans nos mémoires même si ce ne sont que de petits détails. Je me souviens de ses excès de colère, de la violence physique et psychologique qu’on subissait au quotidien. Nous étions tellement jeunes, qu’est-ce que vous voulez qu’on puisse répondre. Je me souviens des coups que j’ai reçu, les coups de ceinture qu’on recevait quand on osait lui répondre, les insultes qu’il m’envoyait dont j’éviterai de vous en faire part, ses gestes déplacés sur moi … Alors que j’en parle, j’en ai les larmes qui coulent et du dégout qui envahit tout mon corps.

Je me souviendrais toujours de ce soir, ce soir où tout a basculé. Une fois de plus complètement ivre, hurlant à tout va à travers la maison, nous insultant comme il savait tant le faire, il a frappé notre mère, seulement c’était la fois de trop. En recevant ce coup, elle est tombée, sa tête heurtant la table basse. Gisant sur le sol, inconsciente, une mare de sang commençant à apparaitre, la protégeant comme je le pouvais, je me mis sur elle afin qu’elle évite de recevoir d’autres coups de ce fumier. Je me souviens encore de ses coups de pieds que je recevais. Et là, je ne sais pas ce qui s’est passé. Tout s’est passé tellement vite, Leo dans une folle rage lui a démoli le portrait, j’entends encore les coups de poids qu’il lui donnait. Tel un lion sur sa proie, il était entrain d’extériorisé toute sa peur, toute sa rage. Quelques minutes plus tard, il n’était plus là après que mon frère lui ait ordonné de partir, de quitter les lieux et ne plus jamais revenir dans nos vies.

Des semaines, des mois se sont écoulées et malgré le fait qu’il n’était plus là, que notre vie avait changé, nous avions toujours cette peur qu’il revienne se venger ou pire. Le fait de le virer fut à double tranchant car c’est lui malgré tout qui nous donné de la nourriture dans nos assiettes avec son salaire. Les temps ont été très durs, Léo avait décidé d’arrêter les cours tandis que moi j’avais entrepris de continuer les miennes. A côté de mes études pour me les payer mais aussi aider ma mère, j’ai pris un petit boulot dans un petit resto. Commençant à la plonge, j’en ai passé des heures à laver de la vaisselle, j’ai aussi servi comme serveuse avant de réaliser pourquoi j’étais réellement née : la cuisine. Un soir alors qu’il manquait un commis, le chef de cuisine de l’époque m’a rapidement mis sur un poste. Prenant rapidement mes marques, et à la stupéfaction de celui-ci, lui comme moi, on ne s’attendait pas à ce que je maitrise ce qu’il m’avait demandé. C’était comme si j’avais fait ça toute ma vie et c’est ce qui m’a vite poussée à changer d’études, comprenant que je faisais fausse route et que ma vraie vocation était la cuisine. 

Très vite, je suis passé de la plonge à commis de cuisine avant de devenir second du chef, montrant mon talent au chef qui m’a pas mal montré de choses, qui m’a bien aidé. C’est d’ailleurs là-bas que je l’ai rencontré. Celui dont je suis tombée éperdument amoureuse, pour qui j’aurais tout fait, qui faisait battre mon cœur, vibrer chaque cellule de mon corps. Moi qui malgré ma jeunesse désastreuse avec un visage paternel qui montrait que du malheur dans les relations, j’ai continué de croire en la magie de l’Amour, croire au grand amour. Pour moi, il était le mien, je le savais au plus profond de mon être. Et pourtant, c’est marrant comment on peut se tromper sur une personne, même quand on pense la connaitre plus qu’elle-même. Alors que nous avions repris le restaurant, très vite tout a basculé entre nous. Quand on dit qu’il n’est jamais bon d’allier vie professionnelle et vie personnelle. Notre vie professionnelle a très rapidement pris le dessus sur notre vie personnelle et je suis certaine encore aujourd’hui qu’on n’aurait pas dû travailler dans le même lieu. Ses remarques, ses critiques sans cesse, nos désaccords, tout est tellement devenu pesant. Je n’en pouvais clairement plus de vivre cela au quotidien. Puis il y a eu ce dernier désaccord qui a tout fait basculer, qui a été la goutte de trop qui a fait déborder le vase. Je lui ai annoncé qu’entre nous tout était terminé et j’ai claqué la porte du restaurant. 

Les semaines, les mois suivants n’ont pas été des plus simples mais j’ai saisi l’opportunité d’ouvrir mon propre restaurant. Avec l’argent que j’avais pu mettre de côté depuis des années, j’ai pu avoir un apport suffisant pour demander un prêt à une banque et après avoir trouvé le lieu parfait, fait les travaux qu’il fallait, j’ai pu ouvrir les portes de l’Eccelente, un établissement qui me ressemble, libre, moderne, où je propose une cuisine raffinée tout autant qu'originale dans un cadre contemporain décoré avec soin d’œuvres de jeunes artistes de la ville. Je ne voulais pas une version palace ou resto chic, ce n’est pas dans ma nature, je voulais un restaurant à la portée de tous. Un restaurant où vous pourriez amener votre petite amie ou petit ami et profiter d’une cuisine gastronomique. L’Eccelente a très vite fait fureur, annonçant une belle concurrence à la Gourmandise et à mon ancien amour de ma vie. Voilà trois ans, presque quatre maintenant que je suis devenue ma propre patronne, la cheffe de cuisine Cassandre Mikaelson et je vise cette année ma deuxième étoile. Il n’y a pas de raison que je ne puisse pas l’obtenir, je n’ai jamais vu Gordon Ramsay passer les portes de mon établissement, c’est rassurant.

Aujourd’hui, ma vie est presque parfaite, je suis épanouie dans ma vie professionnelle, peut-être plus que ma vie personnelle, ma mère vit le parfait amour depuis des années avec notre beau-père, mon demi-frère qui est né de leur union se porte très bien aussi, mon petit con de Leo d’amour est finalement revenu d’Australie. Je suis contente de le revoir, je suis contente qu’il soit de retour à San Diego mais je n’aime pas l’idée qu’il puisse toujours trainer avec ces foutus motards de Hellhounds. Encore moins avec ce qui s’est passé il y a un mois. Mais il fait ce qu’il veut, tout ce que je lui ai demandé c’est de faire attention à lui, je ne voudrais pas perdre mon pilier, mon petit frère que j’aime même si c’est un petit emmerdeur de première.