Jesse Miller - Beach Boy

Je m’appelle Jesse et je pense qu’il faudrait que je me mette à jouer à des trucs.

On dit bien : « heureux aux jeux malheureux en amour ». Donc, on va dire que si je me mets à jouer à la contrée je vais avoir de la chance ? Il faudrait que j’apprenne… Et que j’ai envie de jouer aussi. En ce moment, c'est un peu difficile, mais je vais y revenir plus tard.

J’ai grandi dans un foyer modeste. Un père ouvrier en usine chez General Motors, une mère caissière on peut réellement parler de classe moyenne voir limite pauvre. Je n’étais pas mauvais en classe mais pas excellent non plus. J’étais moyen. Alors quand est venu le temps de finir le lycée, je n’avais pas de bourses d’études. Je n’étais pas assez bon pour le sport ou les études et j’aurais pu aller à l’université en démarrant avec un énorme prêt étudiant. Et pour faire quel genre de boulot ? Alors je suis allé sur des boulots sans qualification. J’ai commencé par de l’alimentaire. J’ai travaillé dans le supermarché de ma mère. Puis alors que mon père avait commencé à voir s’il pourrait me faire embaucher, j’ai rencontré Valentin. C’était par un ami à moi. Et j’ai tout de suite accroché avec ce type. Il était à peine plus âgé que moi. 4 ans je crois. Il était sauveteur et m’a proposé d’essayer le métier. J’ai adoré. La plage, le soleil et la satisfaction de veiller sur les gens ainsi que le plaisir de parfois sauver une personne. C’est grisant et ça me plait. J’ai rapidement suivi la formation et j’ai donc été sauveteur stagiaire puis surveillant de baignade et enfin sauveteur et sauveteur en mer et en haute mer. Ce que je sais faire et fait, c'est globalement dans le même domaine. Je m’arrange pour éviter aux gens de gros désagréments et si ça leur arrive mon métier consiste à venir les sauver.

J’aime bien ce que je fais, au début, c'était un moyen d’être dehors, au soleil, de mater des culs toute la journée et d’avoir le sentiment de faire un truc chouette. Puis avec le temps c’est devenu un truc plus viscéral, plus important pour moi. Et puis je me rends compte que bosser avec Val’ et de partager les bons moments et les moments plus difficiles, c'est vraiment chouette et que je ne regrette pas un seul instant d’avoir pu choisir cette voie.

Niveau cœur c’est… Plus compliqué. On pourrait penser que la plage, les filles, le sauveteur façon alerte à Malibu ça permet de tirer un nombre incalculable de coups et je crois que Val’ pourrait donner du crédit à ce genre de cliché. Pour ma part j’ai un caractère plus réservé et timide. J’ai deux parents qui s’aiment et se sont toujours aimés. Et qui s’aiment encore et s’aimeront encore et encore. C’est sans doute ça que je veux, c’est sans doute ça que je souhaite. Et j’ai probablement projeté ces choses sur cette fille. Elle s’appelait Kendra. Avant elle j’ai eu quelques petites copines mais jamais rien de fou. Quand le mec que vous voulez vous taper parce que ça semble fun de chopper le sauveteur pour un coup d’un soir et qu’il vous propose un verre et de faire bien connaissance sans aller trop vite… C’est généralement pas un truc qui roule. Je crois que je voulais trop… Partager un truc intense et profond et avec ma naïveté légendaire et je crois ce côté un peu fleur bleue que je pouvais avoir j’ai clairement pas été séduisant pour des jeunes femmes qui ne souhaitaient qu’une relation physique ou sans lendemain. Quand j’ai rencontré Kendra, à l’époque j’ai pensé que j’avais trouvé la bonne. J’avais 26 ans et marre de « galérer » avec des filles pas sérieuses. Kendra avait voulu qu’on construise ensemble et je pensais qu’on le faisait. Mais peu à peu elle changeait un tas de choses chez moi. Elle me faisait de petits reproches et contrôlait des trucs en m’empêchant par exemple d’aller boire un coup avec des collègues après le travail pour vite rentrer, passer du temps avec elle. Elle bossait dans un bureau et elle était très carriériste. Peu à peu je me retrouvais à la suivre dans ses projets m’arrangeant pour coller à ce qu’elle attendait et m’efforçant d’être le plus « parfait » possible.

Mais la vérité c’est qu’elle menait sa barque comme elle l’entendait et que j’étais juste le bon con bien gentil qui la suivait partout et qui sacrifiait des choses en pensant être en train de faire des concessions pour que notre couple avance. Elle bossait beaucoup et je devais me rendre disponible pour ses trucs à elle sans que moi je ne passe en priorité ou qu’elle ne fasse des choses pour moi. Quand elle a eu une promotion pour New York en tant que directrice adjointe d’un nouveau pôle, j’ai dit que je ne pourrais pas être sauveteur. Elle m’a ri au nez en disant que je pouvais grandir un peu et qu’il serait bien qu’on me trouve un vrai boulot. J’ai été choqué et j’ai pris une claque dans la gueule puis elle a dit que si je ne venais pas avec elle c’était terminé. Un ultimatum de merde destiné à me faire céder une fois de plus. Mais pas cette fois. J’ai pris mes affaires et je me suis cassé lui souhaitant bon vent.

Val’ m’a hébergé une nuit, puis deux. J’ai recommencé à avancer alors que Kendra était partie et qu’elle m’a joué les grandes sérénades mais c’était trop tard, elle avait brisé un truc et j’ai compris que je n’avais rien de plus à attendre d’elle. Je venais de souffler mes 30 bougies, je venais de perdre 5 ans de ma vie avec une femme qui n’avait pas d’autre désir que de me changer pour me faire coller à ce qu’elle attendait de moi. Je finissais par me dire que l’amour c’est de la merde. Que ça existe dans les films, les chansons tristes et les livres pour faire du fric sur le dos de pauvres cons. Et que j’étais passé à côté de tellement d’occasions. Alors ce soir-là, je buvais avec Val’ et je décidais que c’était terminé l’amour. J’allais m’envoyer en l’air salement avec des tas de nanas et emmerder totalement ce que j’avais pu être. Val’ hurla sa joie et on avala un peu trop d’alcool.

Le matin après deux Dolipranes et 2 cafés, j’ai réalisé que j’avais jamais su draguer. Que je n’étais pas capable de mettre des filles dans mon lit et que sexuellement, mis à part un missionnaire, une levrette et quelques caresses que je m’efforçais de faire à la perfection pour que Kendra veuille se « mettre dans l’ambiance » comme elle disait, je n’avais aucune idée de comment faire pour intéresser une femme… C’est alors que je téléchargeais une application… Tinder. J’ai du regarder 50 fois autour de moi comme si on pouvait voir que j’avais ce genre de truc sur mon téléphone… Je l’ai gardée sans pour autant l’activer et faire mon profil, mais je crois que plus ça va plus je vais être forcé de passer par ce genre de trucs pour essayer de rencontrer quelqu’un. Fini le romantisme, place à la baise… Enfin quand j’aurais les couilles de faire mon profil… Putain c’est possible d’être aussi complexé bordel ?