Je m’appelle Connor Pierson et je suis Capitaine de l’Armée Américaine.

Je suis né le 11 Mars 1993 à Houston au Texas. Je suis fils d’américains moyens. Mes parents n’ont pas de qualifications particulières. Ils sont patriotiques et ils m’ont éduqué dans la religion et l’amour de la patrie. J’ai eu une enfance assez chouette. Mon père travaillait dur et se plaignait peu. On n’avait pas beaucoup d’argent, mais il m’emmenait souvent pêcher, chasser et camper. J’ai tué ma première bête à 11 ans. Si j’ai aimé la traque et toute la partie qui précède le tir je n’ai pas aimé tuer cet animal. La pilule est cependant passée quand cette bête nous a offert des steaks et de la viande pour un an. Ma mère bossait comme employée administrative d’une boite qui faisait des soupes. Je crois qu’aujourd’hui encore je déteste ces merdes en boite qu’elle ramenait pour nous faire des repas car les employés avaient 35% de remise.

J’ai toujours aimé le sport. J’étais moyen dans les matières scolaire et assez doué en sport. Je jouais au Baseball, au Foot, je faisais de l’athlétisme et tant que j’étais au collège et lycée tout allait bien. Mais arrive le temps de grandir et de choisir sa voie. Je pensais faire du sport, mais je suis un gars moyen. Ni exceptionnel ni mauvais. Juste le mec qui va tenir son poste et faire partie de l’équipe mais qui ne brille jamais parce qu’il n’est pas exceptionnel. Mes parents n’avaient pas l’argent pour m’envoyer à l’université et on ne nous accorderait jamais de prêt. J’allais passer ma vie à rembourser de l’argent pour des études alors que je ne savais pas quoi faire. Je voulais intégrer une équipe de NFL ou peut-être du Basket ? Mais je n’avais pas ce qu’il faut. On ne me prendrait pas à haut niveau. Sans qualification ni talent ou prédisposition j’ai décidé de partir à l’armée. Je suis devenu un Ranger. Encore une fois je n’étais pas exceptionnel. J’étais juste un gars dans la moyenne haute mais sans qualification pour analyser et donner les ordres. Je suis le mec qui exécute et qui sait faire ce qu’il a appris et pourquoi il s’est entrainé. Je suis monté assez haut pour avoir un salaire chouette sans devoir m’occuper de gérer une équipe.

J’avais 18 ans quand je suis parti en déploiement en Irak. C’était avant le retrait des troupes et ma première mission. J’ai découvert tout l’envers du décors et j’ai résisté à la pression. J’étais jeune mais j’ai bien supporté. Les rangers ont souvent des missions tactiques dans le monde en soutient d’autorités locales notamment sur l’Amérique du sud. J’ai appris l’espagnol, le portugais, j’ai appris le fonctionnement des pays d’Amérique du sud, la géopolitique et j’ai combattu. J’ai tué et été blessé assez légèrement. Mes parents sont fiers de moi et voudraient des petits enfants, mais moi ça ne me va pas.

Et les filles me direz-vous ? Entre celles que j’avais branché sur des applications de rencontre et que je retrouvais en couple malgré de bons contacts à mes retours de mission et celles qui se voient en épouses de militaire avant la première rencontre j’ai un peu lâché. Mais je crois que mon refus de trouver quelqu’un vient surtout de Ted, c’était mon ami, mon frère d’arme. On s’est souvent tiré l’un et l’autre de la merde. Il était en couple avec Célia, une franco-Américaine qui l’attendait à chaque retour de mission. Je pense qu'à cette époque j’ai voulu essayer de trouver quelqu’un car l’un et l’autre me donnaient l’impression que c’était possible de construire tout en étant en mission souvent. Parfois je laissais même mon temps d’appel à Ted pour qu’il passe plus de temps avec Célia. Moi en dehors de mes parents… Mais j’ai définitivement décidé de ne pas me trouver une personne le jour où Ted a pris une balle dans la gorge en ricochet. Il me disait que Célia et lui cherchaient à avoir un enfant et qu’il irait sans doute sur un poste plus calme… Je me rappelle encore le regard de Célia quand je suis allé chez eux. De son visage quand on enterrait Ted. Un truc s’est fracturé en moi ce jour-là. Célia est partie en France et je n’ai plus eu de nouvelles. Ted repose sous terre.

J’ai continué d’être un soldat car c’est tout ce que je sais faire. Je viens à chacun de ses anniversaires boire un verre sur sa tombe. Jamais le jour de sa mort car on ne fête pas ça. J’affectionne mes vacances. En général je pars en Amérique du Sud, Brésil, Cuba, Mexique. Je cherche des plages et des petits coins reculés. Les gars ont souvent tendance à aller aux putes. Certains louent une fille pour la semaine qu’ils passent en vacances. Je reste seul et si j’arrive à séduire une nana qui veut juste être mienne pour cette durée c’est le jackpot. Mais ça ne va pas plus loin. Pourtant, j’avais eu une semaine de vacances que j’avais décidé de passer au Brésil, dans le nord à Belo Horizonte. Une ville sur la côté nord et connue pour ses plages merveilleuse. Elle s’appelait Luana, elle était serveuse dans un bar non loin de là où je vivais. Elle passa la semaine avec moi. Puis quelques mois plus tard je revenais et elle passa une nouvelle semaine. Puis une autre. Et encore une. Pendant 2 ans je me rendais toujours là-bas et si elle ne me demandait rien elle était mon amoureuse de vacances et j’avais plaisir et hâte de la retrouver. Mais la dernière fois, un peu avant mon départ alors que je voulais lui proposer de me suivre, elle m’a dit que ce serait notre dernière fois. Qu’elle devait penser à elle et qu’elle ne pouvait pas vivre dans l’attente de mon retour hypothétique. Je ne sais pas pourquoi je n’ai pas ouvert la bouche pour lui dire de me suivre ? Je n’en ai pas eu le cran ? J’ai eu peur ? Je n’en sais rien. Quand je suis parti j’avais le cœur lourd. Je suis parti immédiatement en Mission en Haiti et alors qu’on était sous couverture, le travail dura plus d’un an. Je tenais bon en me disant qu’une fois que ce serait terminé je retournerais au Brésil pour la chercher. Et je l’ai fait. Mais elle n’était plus au bar. J’ai passé une semaine à remonter sa piste et je suis arrivé dans un petit village à quelques kilomètres de là. Elle sortait d’une église avec un homme dans une robe blanche merveilleuse. Elle avait un ventre rond. Un calcul rapide me fit comprendre que ce n’était pas mon enfant… Je repartais sans qu’elle me voie et je ne suis jamais revenu à Belo Horizonte.

J’ai eu alors l’opportunité de changer d’unité et de monter en grade. Meilleur salaire et côte californienne. J’ai accepté et je suis donc devenu Capitaine des Seals. En gros je transmets les ordres du supérieur aux soldats juste en dessous de moi. Mais a 30 ans c’est un chouette défi qui ne manque pas de me challenger et de me donner de l’énergie. Je suis donc devenu un Navy Seals et je réside non loin de la base de San Diego. J’ai maintenant 31 ans, ça fait un an que je suis un Seal et je suis seul. Je refuse de me caser malgré les tentatives des femmes de collègues de me faire rencontrer leurs copines. Mais j’en suis à ne vouloir ni chat ni chien au cas où je meure en service. Triste, mais réaliste. Je m’équilibre comme je peux, je suis juste un gars banal. Moyen. C’est ainsi et ce n’est pas grave. Je fais ce que je sais faire de mieux et tout ce que je sais faire c’est être un soldat. Je n’ai pas de rêve ni d’autre ambition que de rentrer vivant de mission et d’éviter que des gars meure. Pour le reste… On va dire que c’est sans importance. Mais je réalise que j’ai un vrai amour pour la mer et il est presque impossible que je ne me baigne pas d’une semaine.