Vladimir Orlov - Кто не рискует, тот не пьет шампанского

La Russie ne me manque jamais. Je préfère le climat plus équilibré de la Californie, sans parler du soleil. Pourtant, mon héritage n’est jamais bien loin. J’étais adolescent lorsque nous sommes arrivés aux États-Unis. Mon père s’est installé à San Diego pour participer plus activement dans la Bratva. Il s’est taillé une place de choix comme bras droit de notre chef. Comme fils aîné, je me dois de lui faire honneur et de bien le représenter. La vie honnête et banale du petit peuple, cela n’a jamais été une option pour moi. Pourtant, je me demande encore si je suis la fierté de mon père. Comme tous mes frères et sœurs, nous avons été élevés à la dure, à coups de poings et punitions sévères. Il me terrifie autant que je l’admire.

Adolescent, je me battais dans des rings de boxe. J’adore passer dans le ring, ça libère les frustrations et ça me permet de rester en forme. Déjà à cet âge, les gens autour de moi commençait à me surnommer Dracula... Le fils du dragon... Probablement à cause de mon diminutif, Vlad, mais aussi parce que je n'offrais aucune clémence. Pas de pitié. J'avais été élevé ainsi après tout. Même si j’étais du genre à passer mon temps libre entre le sport et la Bratva, comme apprenti, je ne négligeais pas mes études. Faire autrement et j’aurais eu droit à des châtiments de la part de mon père. En tant que représentant des Orlov, je me dois de faire bonne figure et de garder mon esprit vif, pas que mon corps.

Je devais avoir quinze ou seize ans quand j’ai perdu ma virginité avec une des putes de la Bratva. Un passage obligé. Je dois avouer que j’y ai pris goût d’avoir accès à toutes ces femmes quand l’envie me prend. Impossible de m’attacher, je préfère de loin baiser puis jeter. Je suis charmeur et joli garçon, j’ai donc l’embarras du choix. Peut-être que papa voudrait me voir me caser, mais pour le moment il ne dit rien à ce sujet. C’est peut-être les joies d’être un garçon au final, puisqu’il a forcé un mariage pour ma demi-sœur.

Je travaille comme infiltré à la bourse. C’est plus facile comme couverture et les spéculations peuvent rapporter gros à la Bratva. Sauf que ce poste n’est qu’une parure pour faire de l’argent propre et blanchir l’argent sale. Je m’implique aussi auprès de Svetlana et ses filles au Cosmo. J’aime remettre de l’ordre quand les dames se crêpent le chignon. Je suis impliqué un peu partout où on a besoin de moi. Je cogne, je tue, je fais disparaître les preuves. Désormais lieutenant, je dirige mon petit groupe et délègue afin de me salir un peu moins les mains. Mon rôle est important et c’est plus difficile de faire régner l’ordre de par-delà des barreaux. Malgré ma montée en grade, mon père ne semble pas encore satisfait. Le sera-t-il un jour?

Dans le grand éventail de mes tâches, j’arpente aussi San Diego pour éliminer la compétition et ceux qui démontrent trop de curiosité à l’égard de la Bratva. S’il est impossible les faire chanter ou changer de camp, ils doivent disparaître. C’est la loi du plus fort. Et les plus fort, c’est nous. Je porte ma bague dorée à mon auriculaire gauche avec fierté.

Ma façade glaciale ne se fracture presque jamais. Je dis presque parce que depuis peu, j’ai l’impression que mon cœur se ramollit. Une des filles de Svetlana en savait trop sur les différentes magouilles de notre organisation et, pour s’assurer de son silence, on lui a pris sa gamine de 3 ans. Une prise en otage en quelque sorte. Cruel? Oui, mais si le cœur vous serre, vous n’êtes pas faits pour la Bratva. J’ignore pourquoi, mais j’ai voulu m’occuper de la petite. Pas question qu’elle soit élevée dans la violence ou dans le but d’en faire une prostituée. Elle est trop douce, trop pure. Je la confie souvent à des nanny quand je dois m’activer dans des contrats dangereux, mais sinon je suis toujours flanqué de la fillette. Certains disent même qu’à force de l’avoir toujours avec moi, qu’elle commence à me ressembler. La mère a droit à des visites supervisées. Je comprends qu’elle doit me détester, mais cette femme pose sur moi un regard qui va encore plus loin que la haine, va savoir pourquoi.

Par-dessus le marché, depuis un moment, une journaliste nous tourne autour et je commence à me méfier. Je vais trouver un moyen de la faire chanter. Elle ne semble pas insensible à mes charmes… Cela devrait jouer en ma faveur. Peut-être que d’éliminer cette fouineuse pourrait me faire monter dans l’estime de mon père?