Sofia Nassar

Je suis né à Dubaï et j’ai été élevée dans la plus pure tradition arabe. En gros ? La femme doit être soumise à l’homme. Elle se doit d’obéir, de faire tout ce qui est en son pouvoir pour plaire à son mari et surtout, mais surtout, elle doit fermer sa gueule. Je n’ai jamais répondu à mon père et pourtant j’ai tout de même reçu claque et punition en quantité surprenante. Je n’ai pas à me plaindre puisque ma mère a reçu plus que sa part du gâteau et parfois, a ma place. Mon père, l’homme parfait aux yeux du monde, devenait le pire des connards une fois la porte de la maison franchie. Le pouvoir durci le cœur des hommes… cela a emparé après notre déménagement aux États-Unis. Devenir ambassadeur lui a grillé le cerveau.

Entre mon cinquième anniversaire et celui de mes 18 ans, soit l’année où je suis partie étudier a San Diego, ma vie a été un vrai calvaire. Entre les notes parfaites que je me devais d’avoir à l’école, pour toues les matières, tous les tests, tout le temps et les taches a effectué à la maison, je n’ai guère eu le temps de m’épanouir. Je suis une cuisinière hors pair et je sais tenir maison, mais mon côté social est plutôt inexistant. Enfin… j’ai eu quelques amies au fil des ans sinon a quoi pourrait bien servir l’école ? Toutefois, aucune n’a mis les pieds à la maison et je n’ai jamais participé à aucune fête, passé aucune nuit chez l’une d’entre elles et je peux compter sur mes doigts le nombre de fois ou j’ai pris un repas dans leur cuisine avec leur famille. Un nombre de fois qui m’a tout de même permis de connaitre autre chose, de voir le monde autrement, d’espérer mieux.

Mes notes parfaites m’ont permis d’obtenir une bourse universitaire et une place de choix dans les cinq universités dans lequel j’avais envoyé mon application. En bonne fille à papa qui se respecte, j’ai choisi celle qui se trouvait le plus loin possible de la maison. De plus, je ne sais pas comment elle a fait, mais ma mère a réussi à le convaincre que, pour me surveiller, elle devait me suivre à San Diego. Dans le fait je crois que le départ de ma mère lui enlevait une épine du pied. Coucher à droite et à gauche dans le plus grand des secrets est épuisant.

Mes quatre années d’université sont passées si vite que le jour de ma graduation j’ai eu du mal à me faire à l’idée. Quatre ans d’étude en commerce international qui se sont terminés dans les plus grands honneurs. Pourtant, les offres d’emploi ne me sont pas tombées dessus comme je l’espérais. J’ai accumulé les emplois minables, sous-payés, et ce, dans le seul but de prendre assez d’expérience pour pouvoir enfin me trouver un emploi satisfaisant. Je n’ai pas baissé les bras, pas mon genre.  

Encaisser les paroles déplacées, les taches idiotes et les regards trop brulants ont fini par payer. Il y a un peu moins de deux ans, j’ai reçu une offre d’emploi d’une entreprise très connue. Ce n’était pas un emploi à la hauteur de mes compétences, pas tout à fait dans ma branche, mais la fierté de travailler comme assistante personnelle de Malek Al Mualim à peser lourd dans la balance. Pour ceux et celle qui ne savent pas qui est Malek je vous laisse googler OK. Moi je sais et c’est un réel honneur de travailler sous ces ordres. Sa famille est super connue là d’où je viens, elle est même adulée et aimée.

Dès les premiers jours de travail, j’ai compris que j’étais dans la merde. Trouver son patron sexy n’a jamais mené à rien de bon, mais personne ne peut m’en vouloir n’est-ce pas ? Le pire c’est que mon béguin ne passe pas, je dirais même qu’il grandit un peu plus à chaque nouvelle journée. J’essaie de limiter mes regards en coin, j’essaie de rester professionnelle coute que coute. Quand il a quitté l’entreprise pour fonder la sienne, je n’ai pas hésité une seule seconde à le suivre, accro à sa voix et ces sourires. Il m’a tout d’abord été difficile de garder ma jalousie pour moi quand cette blonde est entrée dans sa vie et maintenant, bien maintenant j’aimerais qu’elle me regarde différemment elle aussi. Ma jalousie a laissé place à de l’envie… pourquoi ? C’est mal d’envier non ? C’est mal de vouloir plus qu’un lien patron/employée, c’est mal de penser à lui le soir avant d’aller dormir. J’ai eu quelques hommes dans ma vie, je ne suis plus vierge, mais aucun n’a réussi à réveiller mon envie comme il a su le faire.   Je ne veux pas d’une liaison fade et sans saveur… c’est lui que je veux. Lui… et elle…