Serve and protect [Jahad]

Cette peau noircie d’encre était moins coriace qu’on pourrait le croire. Dur à cuir, armoire à glace, on aurait pu s’attendre à une peau presque faite d’écaille, pour la protection. Sauf qu’il était un homme et non un lézard. Sa peau avait un grain doux, hormis les reliefs des contours des tatouages qui défilaient sous mes doigts. Je tentais d’apprivoiser Jahad le plus possible.

J’observais son corps, je prenais mon temps. Je sentais que le désir était mutuel, mais je ne tombais pas dans le soulagement de ce désir tout de suite. Cette soirée résidait essentiellement dans ce thème, car cette montagne ne connaissait pas grand-chose aux jeux de séduction. Sauf qu’il apprenait à une vitesse folle et j’étais loin de m’en plaindre.

Ses mains étaient désormais sur mes hanches et j’étais parcourue de petits frissons de plaisir. La largeur de ses paumes couvrait une superficie impressionnante de mon corps. Je me concentrais néanmoins sur les caresses que je lui procurais, jusqu’à lui demander s’il avait encore envie de moi. Son regard baissé me dirigeait vers son membre de nouveau dressé, ce qui me fournissait une réponse sans équivoque et qui m’arrachait un rire silencieux.

Ses mains venaient saisir la rondeur de mes fesses et je glissais mes paumes sur ses biceps que je caressais longuement. Je pouvais sentir son érection se frotter contre moi, comme une prédiction des moments à venir. Jahad me soulevait et j’entourais instinctivement son corps de mes jambes. Ses dents chatouillaient mon cou et je soupirais fortement. Il mettait en application tout ce que je venais de lui montrer, comme un élève modèle. Puis, il me remontait encore un peu contre la paroi de la douche pour atteindre plus facilement ma poitrine. C’était agréable de perdre ainsi le contrôle et de lui laisser la voie libre pour le déroulement de ce moment intime. La chaleur de l’eau chaude se maintenait bien et la froideur du mur ne me posait heureusement aucun problème. Il allait sans dire que son corps me réchauffait amplement à lui seul.

Il prenait finalement la parole, me disant vouloir essayer quelque chose et je hochais doucement la tête. Pourquoi pas? J’ignorais ce qu’il avait derrière la tête, mais j’étais définitivement curieuse. Je poussais un cri de surprise en me retrouvant perchée pratiquement au plafond. Je ne ressentais toutefois aucune peur, parce que je le savais capable de porter mon poids sans problème. Pour maintenir mon équilibre, je devais me tenir dans ses cheveux que je caressais comme je le pouvais. Et quand il commençait à lécher mon sexe dans cette position, je serrais instinctivement les cuisses. Je n’arrivais pas à parler, à lui dire qu’effectivement, personne ne m’avait tenu ainsi pour me procurer du plaisir. Je ne pouvais que pousser de longues plaintes et des gémissements, complètement enivrée par la nouveauté des sensations qu’il me procurait.

Je me sentais presque comme une poupée de chiffon, à la merci de ses désirs et volontés. J’avais confiance en lui et je m’abandonnais donc au plaisir. Il ne fallut que quelques instants pour que mon corps se mette à trembler vivement, signe d’une jouissance imminente.

J’avais vécu de nombreuses années avec un homme musclé et fort. Mais en comparaison avec ce colosse qu’était Jahad, Tommy semblait presque frêle. Presque. Mon ex-mari ne donnait pas sa place au lit, loin de là. Tommy avait eu le temps d’apprendre ce que je préférais avec le temps, il me connaissait comme le fond de sa poche. Sauf que Jahad était arrivé dans ma chambre ce soir avec peu de connaissances et se montrait déjà un élève modèle. Je lui avais montré ce qui me plaisait. Je l’avais presque modelé pour mon propre plaisir ce soir. C’était incroyable de penser qu’il absorbait mes instructions comme une éponge.

C’était avec surprise que je m’étais retrouvée juchée les jambes sur ses épaules, mes doigts cherchant un ancrage dans sa chevelure. Une pensée furtive me traversait l’esprit. La scène devait être terriblement esthétique et érotique vue de l’extérieur… Parfaite pour un de mes films. BigHands pourrait peut-être soulever une de mes actrices les plus menues? Cela n’avait pas d’importance pour le moment, les sensations me ramenaient vite à l’instant présent.

Jahad saisissait les nuances de plaisir de la femme avec une rapidité que tout homme qui se respecte aurait jalousée férocement. Je sentais mon corps fondre et s’abandonner à sa volonté. Sa force lui permettait de me garder ainsi positionnée plus longuement que la moyenne, enfin personne n’avait jamais tenté une telle acrobatie avec moi, mais je pouvais bien m’imaginer que cela n’était pas donné à tout le monde de percher quelqu’un en équilibre contre un mur ainsi. Je le laissais arriver à ses fins, me faisant jouir alors que je murmurais son prénom à plusieurs reprises, le souffle court, les pensées embrouillées.

C’était un raz-de-marée de plaisir en pleine altitude. Il aurait pu faire de moi ce qu’il aurait voulu et je ne lui aurais rien refusé. Les endorphines propulsaient mon cerveau dans des vibrations frôlant le bien-être absolu. Cette sensation enivrante de plénitude qui faisait flotter l’esprit au-dessus du corps… Et cette fois-ci je flottais plus haut que jamais puisque j’avais déjà une personne de hauteur de plus qu’à l’habitude! Jahad me redescendait de ses épaules, mais ne me laissait pas poser les pieds au sol. Je ne rouspétais pas, bien trop envahie par ce brouillard de plaisir qui m’empêchait de penser.

Ses lèvres se posaient sur ma bouche et je gémissais longuement puisqu’il avait profité de ce geste pour m’empaler sur son imposante verge. Je tremblais de plus belle, mais il me retenait toujours, en contrôle de la situation. C’était terriblement excitant. Mes doigts trouvaient ses épaules et son cou pour me soutenir un peu, même si je doutais que cela faisait une différence pour lui. Il prenait un rythme assez soutenu sans être brutal, un équilibre qui, j’en aurais mis ma main au feu, était quelque chose de nouveau pour lui. Le sourire qu’il me décochait à ce moment me faisait fondre. Comment cet homme de main pouvait être aussi séduisant, c’était de la folie!

« Embrasse-moi encore… »

J’étais parvenue à articuler ma demande longtemps après la manifestation de mon désir, complètement embrouillée de ce qui se passait dans cette douche. Je le laissais me marteler selon sa volonté, n’étant plus cette femme confiante et en maîtrise de la situation que j’étais habituellement. C’était loin d’être désagréable. Mon corps manquait de force, mais je tenais bon avec ce qu’il me restait d’énergie. Je jouissais encore, les jambes prises de tremblements furieux. Je riais faiblement, étourdie de plaisir.

« Fais de moi ce que tu veux Jahad, mais je ne tiendrai plus sur mes jambes. »

Être à la merci de ce géant homme de main n’est pas effrayant, bien au contraire. Je le veux tout entier et je me donne tout entier. Je lui laisse le loisir de profiter de mon corps à sa guise. Le dos contre la douche, je sens toutefois mes jambes trembler de plus en plus. Le plaisir m’épuisait. J’allais probablement devoir rester au lit longuement le lendemain matin. Les baisers de Jahad sont délicieux, je voudrais sentir les poils de sa barbe contre mon visage toute la nuit. Je voudrais que ses tatouages collent à ma peau, pour le retenir encore plus longtemps dans ma villa. Syrus serait probablement contrarié que je séquestre longuement son homme de main.

Chaque impulsion de son bassin dans ma direction me faisait gémir lascivement et trembler comme une feuille. J’avais l’impression que je jouissais continuellement. Mon visage devait avoir l’air de celui de Thérèse d’Avila, sculpté par Bernini. Car la douleur presque excessive qu’engendre ce genre de douleur transcende l’âme, comme une manifestation divine. Jahad avait tout simplement une lance bien différente de celle que Thérèse d’Avila décrivait si poétiquement dans ses écrits. Loin d’un délicat angelot, Jahad imposait l’extase par la chair et non par une puissance mystique.

Il cessait de marteler mon corps de ses assauts sensuels pour me porter sur son épaule. C’était une drôle de sensation, mais j’étais si embuée par le plaisir que je ne m’offusquais pas d’être transportée comme un vulgaire sac à patates. J’étais plutôt muette devant sa force. Il était comme un sombre Obélix… et beaucoup plus sexy. Je contemplais l’eau que nous laissions sur notre passage, incapable de me sentir contrariée. Je le serais probablement demain, il était impossible pour moi de tolérer une maison dans le désordre.

Nous regagnions le lit et il me plaçait à quatre pattes. Obéissante, je sentais quand même tout mon corps trembler; un mélange d’appréhension, d’envie et de fatigue. Son énorme sexe frottait contre la rondeur de mes fesses, provoquant une nouvelle vague de désir. Comment m’était-il possible d’être si insatiable? Mon corps ondulait doucement contre la verge toujours dressée, comme pour le convaincre de continuer de me prendre. Il mordait mon cou et je poussais un couinement excité. Ses doigts torturaient délicieusement la pointe d’un de mes seins, forçant mon corps à se cambrer davantage. Puis il pinçait mon clitoris sans hésiter. Pour un débutant, il comprenait divinement rapidement. Tout mon corps tremblait et ma respiration était rapide, audible. Je me tortillais sous les attentions de Jahad. Je le laissais pourtant faire, ne prenant aucune initiative afin de le laisser découvrir par lui-même. J’aurais pu m’empaler moi-même sur son sexe, mais je le laissais diriger pour son propre bénéfice. J’étais sur le point de le supplier de cesser de jouer quand il me pénétrait d’un coup. Je hurlais de plaisir, le corps tremblant, mon intimité palpitant sans relâche. Les bras raides un moment, je me sentais presque défaillir.

Ses mouvements étaient puissants et profonds, je n’étais plus que cris et plaintes. Mes doigts s’agrippaient aux draps alors qu’il continuait de donner de féroces coups de bassins. Je murmurais des syllabes sans queue ni tête, entrecoupées de son prénom, frôlant la folie. Je pouvais sentir les os de son bassin cogner sur mes fesses alors que je jouissais si fort qu’un liquide ruisselait sur son bas-ventre et ses cuisses. J’ignorais s’il avait déjà vécu une telle situation, mais je n’étais plus que plaisir. Mon corps répondait au sien par réflexes plus que par mes propres décisions. Je laissais mon bassin onduler et aller à la rencontre de son corps. Je continuais jusqu’à ce que toutes mes forces m’abandonnent, le haut de mon corps tombant sur le matelas. Je tournais un peu ma tête pour le regarder.

« Je t’en prie, jouis pour moi. Où tu veux, je t’en supplie. »

J’étais épuisée, mais un sourire béat s’affichait sur mes lèvres.

Était-ce de l’avarice de ne plus jamais vouloir quitter ce lit? Le plaisir étourdissait mes sens et j’avais de la difficulté à penser clairement. Sans être un expert, Jahad écoutait bien mes suggestions et faisait en sorte de me faire oublier tout ce qui avait précédé notre rencontre. J’en oubliais même qu’un homme, probablement avec une commotion cérébrale, jonchait le sol de ma villa, quelque part…

Je lui laissais la chance d’expérimenter, sans jugement, sans crainte. Mon corps était secoué dans tous les sens et je me sentais faiblir. Mon corps était en feu et mes muscles se tendaient sans demander mon avis. Je jouissais sans cesse, la bouche entrouverte, les yeux dans le vide. C’était un abandon magnifique. Je me sentais divinement bien. Incapable de tolérer ses assauts bien longtemps encore, je lui demandais de jouir et lui accordais l’autorisation de le faire à l’endroit de son choix. Il répétait la question et je hochais la tête en guise d’approbation. Oh oui, où tu veux, magnifique colosse tatoué. Sur mes fesses, en moi, sur ma poitrine, sur mon visage ou sur mon ventre… Il n’y avait aucune interdiction. Je voulais juste voir le plaisir ultime sur son visage.

Il continuait de donner des coups de bassin puissants et je me cramponnais du mieux que je le pouvais. Il ne semblait pas prêt à choisir. Sa confusion ne me parvenait pas tout de suite, bien trop submergée par mon propre état d’euphorie et d’extase. Il demandait soudainement que je lui explique, stoppant ses mouvements sans pour autant se retirer. Prisonnière sur sa verge dure, j’écarquillais mes yeux. Quoi? Non, non, non… Pas là. Je n’avais plus envie de jouer les professeurs, je voulais simplement le voir jouir!

Je le fixais un bon moment, indécise. Puis, je me faisais une raison et revenais à mon rôle de mentor. Avant, j’ondulais un peu sur son sexe, me baisant un peu moi-même, grondant de plaisir. Il était difficile d’aligner plus de deux pensées cohérentes, mais je me ressaisissais.

« Tu as toujours joui dans ta partenaire, Jahad? »

C’était une question à laquelle j’avais déjà une bonne idée de la réponse.

« Jouir ailleurs sur sa partenaire permet à l’autre de bien observer le plaisir sur ton visage ou de se sentir possédé d’une autre façon. C’est un plaisir différent. »

D’ailleurs, plus j’y pensais, moins j’avais de raisons claires à lui donner. Ce qu’il y avait de sûr, c’était que beaucoup de mes partenaires aimaient jouir ailleurs sur mon corps. Petit côté domination peut-être? Le côté un peu négligé de « salir » sa partenaire? Peut-être cela venait-il des films pornos? Les hommes voulaient imiter les images visionnées… Pourtant ces plans de vues servaient seulement à ce que le spectateur voit la semence de l’homme pour comprendre qu’il avait joui. Tant de questions, peu de réponses absolues.

Je bougeais un peu, me séparant de son sexe qui occupait si bien mon antre. À quatre pattes, je me retournais pour lui faire face et me mettais à sucer son sexe avec beaucoup d’application. Ma langue caressait chaque centimètre, découvrait les veines palpitantes de plaisir. L’une de mes paumes soupesait son scrotum alors que mes doigts en massaient les côtés. C’était divin, le goût de ma mouille sur son membre. Je levais mes yeux vers lui, avant de me redresser complètement, à genoux et droite sur le lit. Une de mes mains s’appuyait sur son épaule alors que l’autre la masturbait avec autorité. Je voulais lui arracher des expirations difficiles, un plaisir violent qui le secouerait. Quelque chose de différent. Son gland frottait doucement autour de mon nombril alors que je lui chuchotais son prénom à l’oreille.

« Jahad… Je veux ta semence sur ma peau, je veux que tu peignes mon corps de ton plaisir. »

Je laissais mon souffle court chatouiller son cou et son oreille, avec cette sensualité et cette intimité que j’aimais tant. Il ne lui restait qu’à s’abandonner contre moi.

L’ambiance dans la chambre était électrisante. Le géant et moi n’étions plus que deux corps remplis de désir pour l’autre. Corps qui n’avaient de cesse de se toucher, comme si nous ne pouvions vivre sans ce contact. Mes doigts ne se lassaient pas de parcourir la peau couverte d’encre, découvrant chaque petit relief qui décorait l’épiderme. Cette activité seule aurait pu me prendre une éternité.

Il y avait quelque chose de plaisant à faire découvrir la pratique sexuelle à quelqu’un. Je n’en étais pas à ma première fois. À l’université, je donnais des conseils à mes camarades. Comment faire jouir leur copine ou encore comment faire tout simplement pour faire l’amour. Le courrier du cœur par-dessus le marché, parfois. La chambre que j’occupais dans la maison de ma sororité était presque toujours occupée, pratiquement comme le bureau d’un psy. Je ne couchais pas nécessairement avec les personnes qui venaient me demander conseil, mais je ne m’en privais pas non plus si l’occasion se présentait. Jusqu’à l’arrivée de Thomas dans ma vie.

Je clignais des yeux. Je n’avais pas envie de penser en lui en ce moment. Rien ne m’aurait plus refroidi que cela. Je me concentrais donc sur Jahad. M’occuper de son corps, de son sexe en particulier, me faisait oublier mes réflexions moins adaptées à la situation. Je levais les yeux vers lui afin de noter ce qui lui donnait le plus de plaisir. Imposant, terrifiant pour certains, je le trouvais beau. Son imposante stature avait de quoi rebuter, mais je découvrais une autre personne cachée au fond de lui. Un élève, mais aussi quelqu’un capable de vulnérabilité.

Je m’étais redressée et me contentais de me servir d’une seule main pour l’achever d’une éventuelle délivrance. Ses mains se posaient sur moi et me faisaient frémir. La chaleur qui irradiait de son corps s’étendait sur moi. Je le forçais à se pencher un peu afin de m’accrocher à son épaule. Il m’embrassait et je trouvais rapidement sa langue de la mienne, soupirant de bonheur quand je l’entendais gémir de plaisir. Si tous les amants pouvaient être comme lui, je n’aurais pas de boulot! Personne n’aurait à regarder des films pour se distraire.

Il jouissait contre mon ventre et je continuais de la caresser doucement, accueillant chacun des spasmes de son sexe avec un petit sourire satisfait. Je ne poussais pas l’audace à forcer un rythme soutenu pour le garder en érection. Je ne voulais pas gâcher le moment et j’étais épuisée. Inutile de le stimuler davantage. Je l’embrassais encore un peu, mes lèvres caressant les siennes pour finalement migrer vers sa mâchoire, puis son cou et sa clavicule. Je m’éloignais un peu de lui, afin qu’il puisse admirer l’éclaboussure qu’il venait de laisser sur mon abdomen un moment, avant de l’attirer, sa main dans la mienne, sur le matelas.

Couchée sur le dos, je faisais passer les doigts de Jahad sur mon ventre avant de les suçoter avec une lenteur qui témoignait de l’énergie qui me restait. J’essuyais le reste avec un mouchoir que je lançais habilement à la poubelle. Puis je me lovais contre lui, me doutant qu’il devait probablement quitter la demoiselle qui le soulageait dès les ébats terminés. Je déclarais donc :

« Reste ici pour la nuit, guerrero, c’est un ordre de ta maîtresse. »

La pulpe de mes doigts effleurait son torse. La température de mon corps retombait rapidement et je frissonnais. D’un geste, je rabattais la couverture pour me glisser en dessus. Par de prière avant de dormir ce soir, j’en aurais été incapable, je n’arrivais même pas à penser.

« L’intrus devrait pouvoir patienter jusqu’à demain matin, non? »