Serve and protect [Jahad]

Le beau fixe ne dure jamais longtemps. Ma carrière était sur son meilleur élan, j’étais chevalier de l’Ordre des Templiers, j’avais un jeune amant absolument divin et un chien merveilleux. Une belle villa en bordure de la plage par-dessus le marché. Un rêve. Des années de travail, à la sueur de mon front.

Malheureusement, ma profession de productrice de films pour adultes entraînait autant d’admiration que de haine. Et par-dessus le marché, j’aimais prendre position sur des enjeux importants. J’avais donc exprimé mon opinion sur l’avortement. Avec l’actualité de notre pays, je me devais de parler haut et fort. Le choix revenait à la femme. Aucun homme dans un cabinet politique n’avait droit de décider.

Cela m’avait valu beaucoup de haine, en particullier d’un groupe religieux très conservateur. Cela avait commencé par une lettre à commentaires haineux laissée au Lipstick, puis deux. Certains venaient protester directement au club, me lançant toutes sortes de commentaires à ma sortie du travail. Ce n’était rien pour me déstabiliser au départ, mais la semaine dernière, j’avais trouvé des morceaux de viandes avec des lames de rasoir sur mon terrain. On s’en prenait à mon chien, Dulce. J’en parlais à Syrus. Hier, on fracassait une fenêtre à l’avant de ma villa. Mon Maître avait donc décidé de me flanquer d’un garde du corps. Normalement je ne trempais pas dans les activités violentes de notre Ordre et protéger ma personne n’avait jamais été nécessaire.

J’attendais donc ma garde rapprochée avant de quitter le boulot ce soir. Je terminais de la paperasse. Je remerciais le ciel de n’être toujours pas souffrir de presbytie. Ma porte était restée ouverte et je levais les yeux en voyant la silhouette de celui qui était définitivement mon garde du corps.

« Jahad? Tu peux entrer je terminais ma paperasse et nous pourrons partir. »

Dulce était dans son panier et ne semblait pas trop perturbé de la présence du géant. C’était bon signe. Cet homme était digne de confiance. Je désignais une chaise à l’homme, le temps que je termine mon travail. Je l’observais du coin de l’œil tout en étant penchée sur la pile de papiers devant moi.

« C’est la première fois que j’ai une garde rapprochée, j’ignore comment agir. »

Je n’étais pas du genre à obéir à qui que ce fut… Demandez à mon ex-mari. Pourtant il en valait de ma sécurité et je cherchais réellement à lui faciliter son travail. Je me levais, plaçais mes papiers dans un ordre parfait, en vraie maniaque du rangement. On ne pouvait pas dire que quelqu’un utilisait ce bureau tant il était bien rangé. Je m’approchais de Jahad pour lui tendre la main.

« Roselyn, enchantée. »

Dulce relevait la tête et je me tournais vers lui.

« No te preocupes, cariño, está aquí para protegernos. » (Ne t’en fais pas mon coeur, il est là pour nous proteger.)

Mon chien laissait sa tête retomber calmement dans son panier, apaisé par ma voix. Lentement, je rassemblais mes affaires, mon sac à main et la laisse de mon chien. Une veste par-dessus ma robe était inutile dans la chaleur estivale de San Diego.

« Voilà, je suis prête, nous pouvons y aller. Je vous laisse passer devant je suppose? »

J’appelais mon chien et, lorsqu’il arrivait à la hauteur, j’attachais la laisse à son collier. Je laissais Jahad passer devant et je me retournais pour verrouiller la porte du bureau. Il ne restait plus qu’à affronter la foule dehors pour nous rendre à la voiture.

J’observais le géant indirectement. Un petit coup d’œil par-dessus mon travail de temps à autre. Syrus n’avait pas lésiné sur mon garde du corps. Son apparence seule pouvait rebuter n’importe quel manifestant aux idées malveillantes. Il était parfait pour assurer ma protection. Jamais je n’aurais cru il y a quelques années qu’un jour, ma personne aurait eu besoin d’une garde rapprochée. Ma petite vie tranquille de femme au foyer s’était imposée graduellement, avec Tommy dans sa distillerie qui générait un salaire pour nous deux. Mais ce mode de vie sécuritaire et plutôt traditionnel ne me convenait plus. J’aimais mon implication parmi les templiers. Mon rang élevé n’avait jamais généré de danger comme je ne m’occupais pas du trafic d’organes. La situation avait changé, prenant un tournant inattendu.

Une fois mon travail de bureau terminé, je lui mentionnais que je n’avais pas l’habitude qu’on me protège et que je ne savais pas trop comment agir pour lui faciliter le travail. Sans ciller, il m’expliquait que je devais exécuter ses ordres. Mon sourcil se haussait un peu, bien que je comprenais son point. C’était moi qui donnais les directives normalement. Roselyn De Leon menait toujours la danse, dans un tailleur à la mode et des souliers magnifiques.

«Je tâcherai d’être obéissante… Ce n’est pas dans les mœurs de la maison, cependant.»

Je lui décochais un sourire charmant, les yeux rieurs. Bien entendu que j’obéirais à ses commandes, si cela assurait ma sécurité. Il précisait que je pourrais m’abriter derrière lui et je promenais ma tête de haut en bas en guise d’approbation. Je disparaîtrais derrière lui, il était plutôt un roc qu’un véritable humain. Ma silhouette frêle avait l’air pratiquement d’un pauvre cure-dent comparativement à la masse musculaire démesurée de Jahad.

Il serrait ma main dans la sienne. J’avais l’impression de cacher ma main dans un gant de base-ball. Certainement, ce garde du corps me rassurait beaucoup. On ne pouvait pas avoir davantage le physique de l’emploi. Il n’était pas bavard, mais cela collait avec le physique du personnage. Nous étions enfin prêts à sortir. La laisse émettait un petit tintement en cognant le collier de Dulce pendant que je la lui attachais. Nous devions suivre l’armoire à glace et c’est ce que nous faisions. Je verrouillais mon bureau, puis nous remontions vers la porte de côté du Lipstick. Ma voiture était conduite par un chauffeur, ce qui n’était pas dans mes habitudes, mais il s’agissait d’une mesure de sécurité supplémentaire. Mon cœur se serrait en voyant la petite foule amassée, prête à balancer leurs insultes ou peut-être pire.

La pluie sauvage de commentaires peu élogieux tombait dès ma sortie, malgré la présence de Jahad. Je restais sage derrière le titan, Dulce si collé à ma jambe que je pouvais sentir son pelage très court frotter contre moi. Malgré ses allures -un chien complètement noir, les oreilles dressées et ses yeux ambre perçant lui donnant un air d’Anubis-, il était loin d’être un chien de garde. J’en étais là dans mes réflexions, complètement sourde aux commentaires de la foule, quand un homme nous approchait, tendant une main comme pour attraper mon avant-bras. J’eus un sursaut en entendant le craquement des os de l’homme. Jahad avait agi si rapidement que je comprenais ce qui se passait une fois le cri de douleur de l’homme parvenu à mes oreilles.

C’était un peu violent, mais efficace. Ils l’avaient bien cherché en me menaçant et en vandalisant ma belle villa. Mais le spectacle ne se terminait pas là. Jahad prenait un arbre en pot et le lançait dans la foule, une montagne déracinant la végétation. Effrayant quand on se trouvait de l’autre côté de l’attaque, contrairement à moi qui souriais, satisfaite, bien que médusée par le tour de force. Le geste fut suffisant pour éloigner l’attroupement et j’entrais dans la voiture avec un soulagement évident. Dulce s’installait entre mes jambes légèrement écartées pour lui faire de la place. La portière se refermait et Jahad entrait par l’autre côté. Le silence à l’intérieur de l’habitacle était pesant pendant un court moment. Mon cœur battait plus rapidement et j’en prenais conscience à ce moment-là seulement. Un mélange de peur et d’étonnement. Jahad déballait une explication bidon et je souriais.

«Tu n’as pas la tête d’un Lionel, mais d’accord. Et, gringo… Roselyn De Leon ne fréquente aucun homme qui se tient près de la drogue… Disons que son ex a tout simplement un problème de gestion de sa colère.»

Je me calais sur la banquette alors que la voiture mettait de la distance entre le Lipstick et nous. La villa n’était qu’à une brève distance, le trajet ne serait pas vraiment long.

«Tu lances souvent des arbres sur les gens?»

J’avais un sourire en coin. Il était comme une version viking d’Obélix. Je posais ma paume sur le cou de mon chien, davantage pour m’apaiser moi que lui. Je pouvais sentir sa respiration qui était déjà revenue au calme et cela m’aidait. Le reste du trajet se passait dans le silence, mais rien d’inconfortable. J’avais ma journée de travail dans le corps et je ne connaissais pas Jahad. Comme il ne semblait pas bavard, faire la conversation me paraissait inutile.

La villa se dessinait rapidement devant nous et le chauffeur nous faisait descendre directement dans le garage pour plus de sureté. Il nous quittait ensuite avec sa propre voiture en nous souhaitant une bonne soirée. Maintenant à la maison, je précédais Jahad qui ne connaissait pas l’endroit. Je franchissais la porte qui nous amenait dans la maison. Le studio au-dessus du garage était vide, Eljas devait être encore au Lipstick. Dans la grande aire ouverte du rez-de-chaussée, une grande fenêtre était placardée; la faute aux conservateurs ridicules qui me prenaient pour cible. Une moue répugnée se dessinait sur mon visage en tombant dessus.

Le reste de la maison était très contemporain. Des lignes droites, tout était épuré pour laisser la plage directement derrière la villa voler la vedette par les fenêtres qui remplaçaient les murs presque partout, surtout à l’arrière de la maison.

«Hum… Alors bienvenue chez Miss De Leon. J’irais me doucher si cela ne te gêne pas…»

L’aire ouverte était assurément déserte. J’expliquais à Jahad que la salle de bain se trouvait à l’étage, attenante à la chambre principale. Le deuxième étage était aussi vaste que le premier, constitué de deux chambres, deux salles de bain et un bureau de travail, en plus d’un balcon avec vue sur la plage dont la porte était directement dans ma chambre. Le studio au-dessus du garage avait sa propre entrée séparée et n’était pas accessible de la maison pour plus d’intimité.

Je laissais Jahad prendre les devants pour s’assurer que personne n’était dans la maison. Dulce, maintenant libre, me suivait au pas, regardant curieusement notre invité inhabituel. Une fois dans la chambre, le canidé se couchait sur un fauteuil dans un coin, content de se reposer dans son territoire. De mon côté, je franchissais la porte de la salle de bain lorsque Jahad avait fait le tour de la pièce pour s’assurer de sa sécurité.

«Merci de ton bon service… Est-ce que cela s’arrête ici? Je veux dire… Syrus ne m’a pas mentionné si je te gardais pour la nuit… Je te laisse faire le tour de la maison. Tout nouvel acte de vandalisme devra être noté.»

Je le laissais sortir de la salle de bain et je poussais la porte sans la fermer complètement, comme à mon habitude. Nue, j’entrais dans la grande douche en verre et laissais la chaleur du jet d’eau de pluie calmer mon être de la tempête générée par ces dernières journées. Le corps plein de mousse du gel douche aux abricots, je redressais subitement la tête avec la nette impression que quelqu’un me regardait. Avec un rictus et une absence complète de pudeur, je me retournais en pensant que Jahad se rinçait l’œil.

«Pas mal pour une femme de quatre dizain…»

Mon dernier mot restait en suspens alors que je réalisais que ce n’était pas Jahad, mais bien un grand homme avec un regard un peu fou. Je hurlais de frayeur.

«Jahad!!»

En espérant qu’il n’était pas loin.

Je rêvais ou le titan vient de s’amuser de ma petite blague? Monsieur Armoire-À-Glace a un peu d’humour malgré cette façade rigide et je dirais même taciturne? Bien, très bien. Oui, parce que je n’étais pas du genre à me prendre au sérieux. J’étais un des chevaliers de Syrus, mais celle responsable du libertinage. J’étais donc du genre à mettre le plaisir au premier plan. Il ne faut pas se méprendre, je prenais le plaisir très au sérieux, si je puis m’exprimer ainsi. Mon travail, j’y tiens plus que tout. C’est la raison de mon divorce avec Tommy, après tout, aussi bien tirer le maximum de mes déboires.

Mes mains sur Dulce, je tentais de rester calme malgré la tempête qui avait précédé notre entrée dans la voiture. J’avais ce colosse pour ma protection, mais mes nerfs étaient à vif après toutes ces mésaventures des dernières semaines. Le retour à la maison était calme. Je jetais toutefois un regard interrogateur à Jahad qui semblait désapprouver ma demeure. J’avais fait appel aux meilleurs designers et architectes, qu’avait-il contre ma belle maison de plage? Enfin, ça n’avait pas d’importance, c’était moi qui vivais ici et pas lui.

Il me disait faire un tour à l’extérieur avant de quitter ma villa. Je le remerciais donc et lui souhaitais une bonne nuit avant de trouver le jet relaxant de ma douche. L’eau qui coulait sur ma peau faisait le ménage de tous évènements de la journée, préparant mon corps au sommeil. Sauf que c’était sans compter cet intrus qui me menaçait désormais d’un couteau, comme un vieux film d’Alfred Hitchcock. Je hurlais le nom du titan en espérant qu’il n’était pas déjà parti et la suite se déroulait bien trop vite alors que j’étais figée de peur et de surprise.

Jahad semblait bondir de nulle part et sa rapidité était impressionnante quand on songeait à sa carrure. Le mur de la douche en pierre naturelle blanche ne craquait pas sous l’impact, mais le son sourd indiquait que l’assaillant qui voulait s’en prendre à moi aurait probablement des conséquences permanentes de ses envies de violence à mon égard. Toujours immobile, je voyais Jahad maîtriser l’homme et l’immobiliser. Un rictus un peu nerveux se dessinait sur mon visage quand il m’annonçait que l’homme allait faire un somme un moment de la même manière qu’il m’aurait parlé du temps qu’il fait dehors. J’avais beau faire partie des templiers, je ne me mêlais pas du trafic d’organes et de ce qui avait à faire au côté plus violent. J’acceptais ce côté de la secte, mais ne désirais pas m’impliquer.

«Alors, lancer des palmiers, c’était de la petite bière tout à l’heure, hein?»

Je me calmais avec l’humour, c’était ma façon de revenir au calme. Dire que Dulce n’avait même pas bronché! Peut-être devrais-je envisager d’adopter un plus gros chien, un gros molosse qui découragerait les intrusions… En même temps, Jahad était mieux qu’un molosse. Je regardais son torse désormais nu couvert de tatouages… Peut-être que je pourrais l’emprunter à Syrus pour quelques semaines, le temps que le regroupement réalise que se frotter à Roselyn De Leon n'était pas sans conséquence.

Le regard de Jahad sur moi se faisait gourmand. Il mettait un certain temps avant de s’occuper de sortir le corps inanimé de l’homme inconscient. C’était flatteur, je devais bien l’avouer. Il était un peu plus jeune que moi, mais m’observait avec une lueur de luxure sans équivoque. Il quittait néanmoins la pièce, homme de Néandertal traînant sa prise par le pied, une image qui me fait presque rire si j’oubliais l’assaut qui venait d’être tenté contre ma personne. Je le voyais revenir et s’installer sur le lit, se permettant de me garder en vue. J’ignore encore si c’est l’adrénaline qui me rendait plus sensible, mais cela m’excitait beaucoup. Je le laissais donc m’épier alors que je laissais l’eau retirer le savon qui restait sur mon corps avant de couper le jet d’eau. Il voulait se rincer l’œil? Il aurait un spectacle. J’essuyais lentement mon corps avec une serviette, lui laissant tout le loisir de me détailler. J’enfilais ensuite un peignoir en soie d’un doré complimentant ma peau et serrais négligemment la ceinture contre ma taille, laissant gueuler le décolleté comme la vile tentatrice que j’étais. Je revenais dans ma chambre en le regardant dans les yeux, nullement déstabilisée par son regard.

«C’est habituel qu’un garde détaille ainsi sa supérieure… Je pourrais me plaindre à Syrus…»

Mes pieds venaient se planter devant lui et je tentais de me faire le regard sérieux, bien que cela était difficile.

«À moins que tu ne m’aides à satisfaire cette vilaine excitation causée par ton voyeurisme qui me tenaille.»

Qui avait dit qu’après la trentaine la libido diminuait ? C’était bien le contraire!

Depuis mon divorce avec Thomas, je découvrais ma féminité de nouveau. Pas qu’avec Tommy notre vie intime était ennuyeuse, loin de là. Mais en divorçant, j’avais eu peur de ne plus être désirable aux yeux des hommes. Je n’avais plus 20 ans, peut-être que leur regard passerait sur d’autres. Pourtant, c’était tout le contraire. On me couvait d’attention et, quand je me décidais enfin à tourner la page, je découvrais les plaisirs d’une vie de femme célibataire. Les hommes de mon choix dans mon lit… Des femmes à l’occasion. Parfois les deux en même temps, si j’avais bu assez d’alcool. C’était agréable de se sentir désirer et de se permettre de succomber quand bon nous semblait.

Le colosse avait donc réveillé quelque chose en moi, avec son regard insistant depuis ma chambre, par la porte de la salle de bain restée ouverte. Alors que j’essuyais mon corps, ma tête partait dans toutes sortes de scénarios. Il se levait du lit, entrait dans la salle de bain et me plaquait contre la pierre fraîche et encore humide de la douche. Il faisait tomber la serviette. Ses grosses pattes caressaient mon corps sans demander son reste alors que je pouvais lire tout le désir dans ses yeux. Il me retournait et s’immisçait en moi, une main sur ma hanche et l’autre dans mes cheveux. Et il me prenait fortement. De longs coups de bassin. Profonds, puissants. Son corps était parcouru de frissons de plaisir et le mien aussi.

Puis mon cerveau partait à la dérive de nouveau. Je le rejoignais dans la chambre. Je m’assoyais sur lui. Sa bouche plaquée sur la main, je le forçais à s’allonger sur le dos. Je le libérais de son pantalon et le chevauchais alors que ses yeux admiraient mon corps et ses mains caressaient le rebondi de mes fesses, pour accompagner mes mouvements. Ainsi, en position de cavalière, je pourrais jouir si facilement.

Ses yeux ne se détachaient pas de moi alors que je fantasmais déjà sur la suite de la soirée. Je revenais vers lui, vêtue d’un peignoir qui ne faisait que tenter le diable. J’étais irrécupérable côté séduction. D’ailleurs, c’était peut-être la raison pour laquelle les films de Satine Productions étaient si différents des autres. Je passais du temps sur le préambule. Après tout, une fois les acteurs nus en train de copuler… Tout pouvait revenir au même. Mais s’il y avait une mise en bouche différente, un contexte.

J’étais devant Jahad et il relevait un regard un peu par en dessous qui aurait pu m’attendrir si j’oubliais qu’il venait de fracasser la tête d’un intrus sur le mur de ma douche. Il se relevait du lit, me dominant de toute sa hauteur… et de sa largeur. C’était comme si j’avais oublié comment il était imposant lorsqu’il était assis sur mon lit. Il me forçait à le regarder dans les yeux et je le fixais sans ciller. Ce n’était pas parce qu’il jouait de sa stature qu’il allait m’impressionner. En fait, cela me rendait encore plus gourmande. J’avais envie de voir ce colosse fondre de plaisir.

Il défaisait ma ceinture et laissait le tissu doré et satiné tomber au sol, révélant à nouveau ma nudité. Ce geste plutôt résolu et dénué de sensualité m’excitait encore plus. Alors, il se prenait pour une brute vingt-quatre heures sur vingt-quatre? Même au lit? J’allais rapidement le découvrir. Je pouvais l’observer déboutonner sa chemise et je ne bougeais pas, me régalant de la scène. Le spectacle était très intéressant alors qu’il me révélait sa peau ornée d’encre. Il semblait moins entreprenant que dans mes fantasmes, mais ça irait, j’étais capable de mener la danse.

« Tu sais… C’était juste pour te voir m’enlever quelque chose. » Répondais-je à son commentaire, un sourire malicieux se dessinant sur mes lèvres.

Mes doigts effleuraient lentement la peau et suivaient parfois la courbure d’un tatouage, caressant les pectoraux, puis les abdominaux. Mes paumes passaient ensuite sur ses épaules et je l’aidais à retirer sa chemise. Je défaisais sa ceinture, puis déboutonnais son pantalon. Mon regard ne quittait pas le sien alors que je faisais tomber son pantalon. Je tentais de le cerner, mais c’était une tâche ardue. Je voyais qu’il était excité, mais je ne comprenais pas trop sa retenue.

« Tu.. peux me toucher si tu le souhaites… »

Je prenais ses mains et les posais sur ma taille. J’avais l’impression de disparaître dans ses paumes. C’était une sensation enivrante. Je laissais ma main découvrir son entrejambe et je constatais que le garde du corps qu’on m’avait affublé était très proportionné. Je me mordillais la lèvre inférieure, soudainement gourmande. Puis, je lui ordonnais d’une voix sans équivoque.

« Assis-toi sur le lit. »

Je m’assoyais sur lui à califourchon et passais mes bras autour de ses épaules. Mon corps ondulait pour trouver le sien et je posais mes lèvres sur les siennes.

« Alors, dis-moi, comment comptes-tu apaiser mon désir, Jahad? »

Je le mettais un peu au défi, me disant que je le ferais peut-être sortir de son immobilité de colosse.

Jahad me déstabilisait. Pas de la façon la plus évidente. Il est vrai qu’il était un colosse, un tas de muscles avec un air froid. Il est vrai qu’il était marqué sur pratiquement l’entièreté de son corps d’une encre obscure dont les traces pouvaient camoufler d’innombrables secrets. Tout cela m’importait peu. Ce qui me déstabilisait était sa façon de m’observer avec un désir très animal. Je le sentais peu expérimenté dans le domaine de l’intimité. Pas qu’il était puceau, ce n’était pas du tout mon impression. Il me faisait penser à ces hommes qui n’avaient baisé que des prostituées. Rapide, efficace. Plaisir à sens unique ou presque. Enfin, c’était mon impression que j’avais de lui.

Les jeux de séduction lui semblaient quelque chose d’inconnu alors qu’il me dévisageait quand je lui nommais que je voulais le voir me dévêtir. Il était un peu plus jeune que moi, mais ce n’était pas une question d’âge, plutôt d’inexpérience. J’étais à l’aise dans mon corps. Depuis mon divorce, je m’étais certes amusée avec plusieurs partenaires. J’étais déjà bien épanouie sexuellement, mais les dernières années avaient été un renouveau pour moi.

Ma main sur la protubérance dans son boxer lui arrachait des grognements. Un petit sourire s’esquissait sur mes lèvres alors que le désir s’enflammait dans tout mon être. Malgré ma petite carrure, je pouvais très bien avoir le dessus sur lui; sexuellement parlant. Mener un homme par… disons, le bout de son nez, pour rester de bon goût, c’était quelque chose de simple. Je le faisais assoir et je pouvais ressentir la confusion qui l’habitait avec les gestes que je posais. N’avait-il jamais eu de femmes dans son lit qui aimait chevaucher son corps?

Je le mettais au défi et il semblait encore plus confus. Ne jouait-il donc jamais? Sa vie devait être bien triste. Obéir et se soulager le plus rapidement possible de ses pulsions. Je le plaignais presque. Sa verge bien dure semblait se vanter d’être aussi imposante en se frottant contre moi. L’âge m’avait appris que la longueur ou la largeur d’un sexe n’avait pas nécessairement d’importance si on ignorait comment s’en servir. Il me soulevait sans ménagement pour m’empaler sur son mât et je grognais, à la fois surprise et un peu à cause de la douleur. Il n’y allait pas de main morte! Déjà, il se servait de mon corps à son bon désir en me maintenant par les hanches. Je devais m’accrocher à ses épaules pour ne pas balloter dans tous les sens comme une pauvre poupée de chiffons. Je lui jetais un regard un peu interloqué. J’aimais un peu d’action au lit, mais servir de masturbateur grandeur nature, non merci! Aucune caresse, aucun baiser sur ma peau… Il allait tomber des nues!

Je le repoussais un peu et me calais sur lui, entièrement empalée sur lui, ce qui me faisait trembler les jambes de manière incontrôlée.

« Je ne suis pas un cocotier que l’on secoue pour faire tomber des noix de coco, Jahad. »

Je ne l’accusais de rien ni ne me fâchais contre lui. Je me faisais presque éducative.

« As-tu déjà pensé que si ta compagne avait autant de plaisir que toi, cela pourrait être encore mieux? »

Je caressais ses bras en ondulant mon bassin contre le sien, lentement, sans me soulever. Je soupirais de plaisir. Plaisir que je générais moi-même.

« Il faut me faire plaisir un peu, dios mio! »

Je prenais encore une fois ses mains, les posais sur ma poitrine, le forçant à ouvrir ses paumes. Je faisais suivre un trajet à celles-ci, me caressant doucement l’épiderme de ses mains. Le contact me rendait plus excitée et je sentais que cela humidifiait mon intimité. Alors lentement, je commençais à monter et descendre sur son sexe.

« Si tu me laisses un peu te montrer, tu pourrais faire de charmantes découvertes. »

Je l’interrogeais du regard, cherchant son consentement. Je posais mes lèvres sur les siennes, sans chercher quoique ce soit, étouffant un gémissement contre elles.

Jahad était un homme de peu de mots et ne démontrait que peu d’émotions. Aussi, je n’étais pas du tout surprise de sa réponse monosyllabique. « Non. » Non, il n’avait jamais pensé que le plaisir de l’autre pouvait être un avantage pour lui. Sa franchise était déroutante, mais pas étonnante. Sa simplicité concordait avec sa nature brute, vraie. Comment pouvait-il s’être rendu jusque-là dans la vie sans qu’aucune femme ne lui ait reproché de ne pas les considérer durant les ébats. Peut-être ne couchait-il qu’avec des escortes et prostituées? Ou des coups d’un soir…

Début vingtaine, j’étais déjà très libérée sexuellement. Je conseillais déjà mes copines et ne me gênais pas pour demander, exiger même, ce qui me plaisait à mes partenaires. Nous n’avons qu’une vie à vivre, je ne la vivrais pas dans le regret. Alors, malgré mes 14 années de mariage, je ne me sentais pas inexpérimentée ou en retard. J’entretenais mes fantasmes avec les tournages de Satine Productions, par-dessus le marché!

Je lui montrais un peu de lenteur, de sensualité, ce qui semblait le confondre. Je comprenais à ce moment-là qu’il n’avait jamais eu ce genre d’expérience. N’avait-il jamais laissé une femme prendre les commandes? Je posais mes lèvres sur lui, mais il me repoussait. Je restais silencieuse, attendant la suite, puisqu’il ne semblait pas vouloir s’évader de la situation. Son interrogation m’arrachait un sourire presque tendre. Il voulait que je lui montre.

« Je veux bien te montrer. »

Je caressais son torse, doucement.

« Si tu as des questions, tu demandes. Si tu veux que l’on arrête, tu le dis également. »

Je me demandais quelle était sa perspective sur le consentement. J’avais tellement de questions, mais je n’avais pas envie de couper l’ambiance du moment. Jahad voulait apprendre. Cela me ramenait à une autre époque, celle du début de la vingtaine. Combien de jeunes hommes avaient-ils demandé que je leur montre comment atteindre de mon point G? Pourquoi leur ex-copine leur reprochait-elle leurs performances au lit? Dans la petite chambre de ma sororité, je jouais les confidentes, mais je jouais surtout à l’enseignante pratique. La majorité n’avait besoin que de quelques conseils. Avec Jahad, j’avais l’impression de partir de plus loin. Le sexe semblait plutôt être un exutoire qu’un moment de plaisir.

« Je vais t’apprendre. »

Ma voix était douce. C’était étrange, parce que le colosse me semblait soudainement vulnérable. J’ignorais ce que je devais lui montrer avant toute chose. Je soulevais mon bassin, faisant ressortir sa verge de mon étau, presque à regret. Je me relevais, enfilais de nouveau mon peignoir. Ma main prenait la sienne, tirait un peu dessus pour qu’il se relève.

« Ne bouge pas. »

Mes mains caressaient son corps, puis je posais mes lèvres sur sa clavicule, son épaule, ses pectoraux. Je laissais ma bouche effleurer tranquillement l’épiderme.

« Comment trouves-tu la sensation? C’est agréable? Tu vois ce que je fais, les femmes aiment beaucoup aussi. C’est des préliminaires. C’est excitant, ça laisse présager la suite. C’est important pour faire monter le désir. Tu veux essayer? »

Je l’observais avec une patience infinie. J’espérais quand même qu’il soit capable de faire de l’imitation.

« Tu peux commencer par caresser par-dessus les vêtements, puis les retirer. Le cou, le dessus de l’épaule… c’est des endroits agréables, mais chaque personne est différente… c’est comme trouver la combinaison d’un coffre-fort.»

Il ne devait pas être du genre à aimer chercher, la raison pour laquelle je lui donnais quelques exemples en précisant toutefois que ce n’était pas pareil pour tout le monde. Les préférences sont uniques à chaque partenaire, il devait le savoir. L’une de mes mains errait toujours sur son corps et trouvait son membre tendu et en étudiait la forme, la grosseur, la chaleur. Moi aussi je pouvais prendre le temps de le découvrir.

« Le plaisir c’est du donnant-donnant, tu vois? »

Nous devions revoir les bases avant d’aller plus loin. Il fallait lui donner des lignes directrices un peu. Je le laissais expérimenter, puis murmurais à son oreille.

« Normalement, qu’est-ce que tu fais avec une compagne, cariño? »

Les gens n’ont pas tous un passé identique. En tant qu’individus, nous avons tendance à nous rattacher à ce que nous connaissons, c’est-à-dire notre propre passé pour combler les détails inconnus de la vie d’une personne que l’on a en face de soi. Ces suppositions sont souvent erronées. J’en avais une preuve géante devant moi. Jahad n’était pas l’amant auquel je m’attendais ce soir.

Je n’étais pas déçue, mais surprise. Je devais changer mon approche. Je voulais l’aider. Je voulais aussi avoir du plaisir ce soir. Dans les deux cas, il me fallait donc lui montrer ce que j’aimais pour qu’il parvienne à m’aider. Peu m’importait la raison pour laquelle il était peu expérimenté à son âge. Il avait peut-être couché qu’avec des prostituées de notre organisation ou encore été avec une femme qui se contentait de peu. J’étais donc la première à prendre mon temps avec lui. Ou du moins à aborder la question avec ouverture. C’était un des avantages de mon métier; je devais irrémédiablement être ouverte et parler de ce qui, pour certains ou certaines, peut paraître gênant ou même dérangeant.

En touchant Jahad, que ce soit avec mes lèvres ou mes doigts, je constatais qu’il ne semblait pas totalement confortable. Sa confusion pouvait aussi se lire sur son visage. Peut-être avait-il l’habitude de prendre le contrôle pour éviter ce genre de contact qu’il jugeait plus intime? Je n’en avais aucune idée, mais je lui avais fait clairement comprendre que l’on pouvait arrêter ou encore qu’il pouvait poser des questions et j’espérais qu’il le fasse.

Je le voyais frissonner alors que je le questionnais moi-même sur ses habitudes. Sa réponse n’était pas surprenante maintenant que j’avais eu un avant-goût. Je hochais la tête, sérieuse. Il se servait de ses partenaires comme d’une main géante, au final. La passion et l’intimité ne le préoccupaient pas.

« Tu sais, cariño, le sexe, l’acte je veux dire, ce n’est pas juste pour se débarrasser de cette pulsion qui nous démange… C’est rencontrer l’autre, lui faire plaisir. L’attente avant la délivrance a aussi quelque chose de délicieux. Parce que, quand ça arrive enfin, c’est encore mieux. »

J’ignorais son niveau de confort par rapport à mes paroles. Aussi, je restais un peu vague. Il se décidait à tenter des caresses et, obéissant, restait par-dessus le peignoir. À défaut d’être à l’aise, je le voyais tenter d’être doux. Il remontait son chemin jusqu’à un de mes seins, insistait sur la pointe. Je soupirais un peu. C’était déjà beaucoup mieux.

« Ça va, oui. Tu n’es toutefois pas obligé de rester sur la pointe du sein. Nous avons des zones érogènes partout. Pour ma part, j’aime aussi la zone entre ma poitrine et mon aisselle. »

Je guidais doucement sa main pour lui montrer exactement où. Je pensais avec amusement que je pourrais lui montrer sur une de mes actrices, éventuellement. C’est plus facile d’expliquer quand nous ne sommes pas nous-mêmes aux prises avec un désir criant. Sa main dénudait mon épaule et ses lèvres se posaient sur ma peau. Je ne réprimais pas mes expressions de plaisir, expirant un peu plus bruyamment. Mon corps allait à sa rencontre. J’adorais ce genre d’attention. Ce genre de baiser dans mon cou et sur mes épaules pouvait faire naître du désir alors que je faisais autre chose. Mon ex-mari aurait pu en témoigner.

« Oui, c’est très bien… Très très bien… »

Ma main continuait de le masturber lentement, pour le garder excité. Ma deuxième main pressait sur sa nuque pour qu’il continue d’embrasser ma peau. Je soufflais ensuite à son oreille :

« Tu peux embrasser ma poitrine si tu retires le peignoir lentement. N’oublie pas, il n’y a pas que le mamelon qui peut me créer du plaisir. Tu peux lécher, embrasser, mordiller doucement… »

Je commençais à me sentir chaude comme des braises rougeoyantes. Même ma voix était un peu plus rauque. J’aurais pu me pencher et lui faire une fellation, mais il connaissait déjà cette étape. Il devait apprendre ce qu’il pouvait faire de son côté pour satisfaire une compagne. Ce n’était pas pour me déplaire non plus d’être son travail pratique. Alors qu’il explorait ma poitrine, je prenais sa main et la passais entre mes cuisses, qu’il puisse ressentir la chaleur qui s’y dégageait. Il pouvait sentir aussi la cyprine qui commençait à humecter mes lèvres.

« Tu vois? C’est le résultat de ton travail? Tu as réussi à m’exciter, à me donner très envie de la suite. »

C’était étrange. Il n’était pas puceau, mais c’était presque comme tel. Avant de le laisser apprendre d’autres étapes, je l’interrogeais.

« ¿Llega tan lejos? … Euh je veux dire, ça va jusque-là? »

Oui parce que quand j’avais du plaisir, c’est l’espagnol qui prenait souvent le dessus. Je continuais de faire bouger sa main entre mes cuisses, prenant son index et son majeur pour les glisser entre mes lèvres intimes, sans les enfoncer en moi, me frustrant moi-même. Je lui rendais ensuite sa liberté.

« Regarde tes doigts… Ça t’arrive de voir un peu de liquide clair au bout de ton sexe quand tu es très excité? C’est un peu la même chose, ça permet de mieux faire glisser ton sexe dans celui de ta partenaire et c’est plus plaisant… Tu peux goûter si tu veux. »

Je prenais ses doigts et en léchais un côté, taquine, féline. Je prêchais par l’exemple. Je lui posais une question ensuite.

« Tu aimes quand une femme suce ton sexe, hein? Bah pour nous c’est similaire, cariño. Tu peux lécher, suçoter. Si ta partenaire communique bien, elle te dira ce qui lui plaît. Tu veux essayer? »

Oui, parce qu’il n’était pas obligé. Il aurait pu me prendre maintenant que je pense que j’aurais eu une bonne dose de plaisir. Mais je voulais lui montrer d’autres avenues.

« Idéalement, ta partenaire est allongée ou dans une position confortable si tu décides de faire cela… Tu peux me guider sur le lit, tu crois? »

Si tous les hommes apprenaient aussi rapidement que Jahad, il n’y aurait aucune femme insatisfaite sur Terre. Élève consciencieux, il exécutait mes recommandations à la lettre en cherchant régulièrement mon approbation du regard. De voir ce géant vivre avec cette insécurité le rendait drôlement séduisant à mes yeux. Il n’était pas bavard, mais ce qui se passait entre nous était une communication incroyable. Cela me donnait envie de lui en montrer davantage.

Je désirais lui faire découvrir ce qui me plaisait, mais je devais parler de généralités d’abord. Cela semblait déjà beaucoup pour lui de comprendre la partie de l’effeuillage comme préliminaire. En fait, savait-il seulement ce que cela était qu’un préliminaire? Il y avait fort à parier que la réponse était négative. Alors, à quoi bon lui expliquer que je commençais à ressentir du désir en voyant Syrus remonter les manches de sa chemise alors qu’il travaillait à son bureau? Ou encore quand Tommy me jetait un regard de côté alors qu’il filait sous la douche? Ou quand Tom avait soufflé quelques paroles à mon oreille quand nous dansions ce fameux soir inattendu au Mexique?

Je frottais mon intimité contre ses doigts, puis lui suggérais de m’allonger sur le lit. La rapidité me prenait par surprise, mais il me posait délicatement. Sa force était impressionnante, surhumaine. Cette machine à tuer des Templiers devenait pourtant un homme docile dans ma chambre. Il revenait à l’assaut de mon cou et je le lui offrais volontiers. Mon corps en entier répondait à son contact. Il détachait le peignoir alors qu’il découvrait ma peau de ses lèvres et de sa langue, retrouvant ma poitrine pour m’arracher quelques plaintes étouffées. Il était pas mal pour un débutant. Lorsqu’il descendait sur mon ventre, je croisais sur regard. Il semblait soucieux.

« Continue, c’est vraiment bien. »

Je le rassurais ainsi, lui offrant en même temps un sourire détendu par les sensations qu’il m’offrait. Puis, il arrivait à destination, se retrouvant devant l’énigme qu’était un organe sexuel féminin pour lui. Je voyais sur son visage les questions qu’il se posait dans sa tête. Mais je le laissais observer, c’était un moment d’apprentissage après tout. J’avais toutefois hâte qu’il se décide enfin à faire quelque chose, puisque mon corps commençait à crier à l’injustice et réclamait de l’attention. Premier coup de langue maladroit, puis un deuxième plus assuré. Il explorait doucement cette nouvelle option des ébats sexuels. Plus il prenait en assurance et constatait comment il pouvait me faire réagir, plus je commençais à me tortiller, à basculer mon bassin pour entrer en contact avec sa langue. Je me sentais divinement bien, en contrôle aussi.

Jahad trouvait par lui-même mon clitoris et s’y attardait, comprenant que cela était une source de plaisir intense. Il m’empêchait même de bouger les jambes et cela me faisait sourire malgré la tension qui torturait mon corps. Je gémissais plus fort et l’une de mes mains se posait sur ma poitrine pour générer quelques caresses. L’insistance avec laquelle il jouait de mon organe de plaisir était intense. Mon autre main lui soulevait le menton un moment.

« Le plaisir est près de la douleur parfois, c’est sensible, à petite dose ou pas directement sur mon clitoris, cariño. Tu peux continuer. »

Je guidais sa tête à nouveau entre mes cuisses en grognant un peu. Je le laissais reprendre encore un peu, puis prenais une de ses mains et sélectionnais son index.

« Je peux te montrer autre chose que j’aime beaucoup? »

Mes yeux brillaient alors que je guidais son index dans mon antre brûlant de désir. Mes plaintes changeaient de gamme de sons alors que je lui faisais faire quelques allers et retours. Mon autre main guidait sa bouche à nouveau contre moi. Mon bassin bougeait presque sans que j’y pense. Je murmurais son prénom et l’encourageais. Aussi débutant qu’il fût, il allait probablement me faire jouir s’il continuait d’écouter mes directives.

« Tu peux ajouter un autre doigt. »

Mon souffle était rapide, mon corps dansait pour lui, accompagnant ses mouvements pour lui montrer comment cela me plaisait. J’imposais ainsi un rythme qui me plaisait. Et je sentais enfin que l’orgasme approcher.

« Ne t'arrête surtout pas! »

Crispée, j’arrêtais de respirer un moment. Cette tension incroyable qui précédait la jouissance s’emparait de tout mon corps avant de l’abandonner, me laissant tremblante alors que je gémissais de plaisir. Je le forçais à remonter vers mon visage et je l’embrassais avec vigueur, avec ce besoin urgent de contact.

« Tu as réussi, qu’est-ce que tu en as pensé? »

Je lui avais posé la question entre deux baisers essoufflés. Avant de poursuivre, je voulais m’assurer que tout allait bien.

« Comment tu te sens? Pour ma part, je me sens divinement bien, grâce à toi.»

Pour un débutant, il était plus que pas mal. Le colosse s’était glissé entre mes cuisses et j’aimais poser mon regard sur lui alors qu’il découvrait comment il était possible de faire plaisir à une femme avec autre chose qu’un sexe masculin. J’avais l’impression qu’il occupait presque tout mon lit tellement il était grand et costaud. Même mon ex-mari, qui n’était pas chétif, semblait minuscule en comparaison.

Son corps tatoué roulait doucement de sa musculature malgré les gestes rassemblés en un seul endroit. Comme j’aurais voulu lire dans son esprit pour entendre ce qu’il pensait. Le laisser explorer et comprendre par lui-même était nécessaire pour développer son instinct. Il pourrait ainsi deviner ce qui plaisait à une partenaire simplement par la réaction de son corps. Une petite directive ici et là ne ferait qu’ajouter à sa compréhension du corps féminin.

Il ajoutait un doigt à l’index déjà bien introduit en moi et je jubilais de plaisir. Ses mouvements mimaient ceux d’un pénis, des vas-et-viens, plus ou moins. Je lui montrerais d’autres mouvements en temps et lieu, mais pour l’instant il avait assez à retenir. Mes paumes caressaient mon propre corps et la température grimpait dans la chambre. J’avais chaud, mon corps frémissait de plus en plus, jusqu’à en trembler de plaisir. La jouissance arrivait, me délivrant de la tension dans mes muscles après m’avoir secouée dans tous les sens. J’avais le souffle court, mais un sourire apaisé peignait mon visage alors que je forçais Jahad à remonter vers moi pour l’embrasser.

Je lui posais une question avec, encore dans la voix, un petit tremblement dû à l’ivresse du plaisir et son commentaire me faisait rigoler. Son envie n’était pas passée. Je le fixais droit dans les yeux avec amusement.

« C’est un repas à plusieurs services, Jahad. »

Avait-il même déjà mangé un repas à multiples services? C’était un homme de main. La simplicité et la discrétion étaient de mise pour ce genre de profil. Il me désignait sa verge dure et je la lui caressais comme pour le contenter un peu. Il disait avoir aimé me voir ainsi noyée de plaisir. Il se déplaçait, me coinçait entre ses cuisses pour poser des questions. J’en profitais pour caresser l’intérieur de ses cuisses musclées de la pulpe de mes doigts, puis ses fesses.

« En effet, il n’y a pas que ça qui puisse nous faire jouir. »

On aurait dit que je sentais la suite de ses commentaires, mais je le laissais s’exprimer au lieu de prendre l’avance sur lui. C’était parfois une réalisation inquiétante, décevante même. Cependant, cela n’était pas une obligation de se sentir si déçu de la valeur de sa queue. Il l’agrippait d’ailleurs à la base, l’agitant sous mon nez ou presque.

« Rien… c’est un grand mot. Disons que de varier les formes de plaisir permet plus facilement d’atteindre un orgasme. Certaines femmes vont préférer une langue ou des doigts, d’autre un pénis… Ou encore un heureux mélange de tout cela. Ce n’est pas les mêmes sensations. »

Pour faire bonne mesure, je me glissais un peu entre ses cuisses et me redressait légèrement pour prendre son sexe dans ma bouche, ma paume caressant sa longueur pour accompagner ma langue. Je me faisais sensuelle, sans chercher un plaisir absolu. Je faisais du mieux que je le pouvais dans cette position. Après un moment, je m’arrêtais pour le regarder.

« Un peu comme les sensations sont différentes pour toi entre ma main et ma langue… »

Dans un mouvement le plus gracieux possible, je sortais de sous lui et m’adossais à son torse. Ses mains en otage entre les miennes, je leur faisais prendre un trajet lascif sur mon corps. Je frottais mon intimité sur son sexe, l’humidifiant au passage.

« Comme cette sensation est différente aussi. »

J’ondulais un moment contre lui, je voulais le sentir souffler contre mon oreille. Je dirigeais l’une de ses mains entre mes cuisses, me faisant trembler contre lui. Il pouvait ainsi caresser mon clitoris, mes lèvres intimes gonflées par l’afflux de sang, alors que je continuais de taquiner sa verge sans le laisser me pénétrer. Ma main par-dessus la sienne le délaissait pour le laisser continuer alors que j’espaçais mon index et mon majeur pour le placer de part et d’autre de mon intimité afin de prolonger les sensations de frottement pour lui. Et quand je sentais qu’il n’en pouvait plus, je me retournais pour lui faire face.

« Et si nous reprenions ce que nous avions commencé au tout début? Assieds-toi, cariño. »

Je le laissais s’assoir et me plaçais sur lui à califourchon. Lentement, je me laissais descendre sur son membre tendu, mes muscles se contractant autour de lui bien malgré moi.

« Et voilà une autre sensation différente, non? »

Je le laissais apprécier la différence entre mon corps tout à l’heure et maintenant. Mes bras trouvaient ses épaules alors que je me collais le plus possible contre lui. Lentement, je montais et descendais contre lui, glissant facilement maintenant que j’étais trempée. Je tremblais toujours, au bord de la jouissance alors que je venais à peine de m’empaler sur lui.

« C’est mieux, non? En tous cas, c’est vraiment mieux pour moi. »

J’appuyais mon front sur le sien.

« Installé ainsi, tu peux continuer de m’embrasser. Tu peux caresser mon corps, ça me donne encore plus de plaisir. »

Ouvrir les voies mystérieuses du sexe à Jahad était agréable. Il écoutait en étant un élève studieux, modèle. Qui aurait cru que ce géant silencieux pourrait être une éponge avide d’informations? Il était donc tout naturel que j’aie envie de partager mon savoir sans me freiner. Il y avait aussi ce mince détail… J’étais très excitée désormais et j’avais grand besoin d’être satisfaite. Quand je mettais à m’attarder à sa masculinité dressée qui, en ce moment, semblait presque le dégoûter, je le sentais apprécier les attentions que je lui offrais. Il l’avait bien mérité, surtout qu’il n’avait pas l’habitude de ce qu’il vivait avec moi ce soir.

Depuis mon plus jeune âge, j’avais pris le rôle de conseillère pour mes camarades à la faculté. Niveau sexe, mon ouverture et mes expérimentations avaient tôt fait de me faire devenir une référence pour les autres jeunes de mon âge. Enseigner à Jahad était donc plutôt naturel pour moi.

Après cette brève, mais délicieuse fellation, je lui faisais découvrir mon corps en m’adossant contre son torse, lui laissant donc le loisir de poser ses pattes de colosse sur mon corps. Jahad semblait de plus en plus excité, son souffle contre mon oreille me faisait perdre la tête, mais je tentais de rester assez présente pour lui montrer le plus d’éléments possible. Puis je sens que je le frustre un peu en changeant de position. Cela ne me bouleversait pas vraiment, puisque je savais qu’il aurait ce qu’il voulait dans un bref instant. Les hommes devenaient impatients quand leur rythme cardiaque pulsait jusque dans leur queue dressée.

Assise sur lui, je lui expliquais ce qui me faisait plaisir et je voyais qu’il commençait à prendre ses aises. Les liens se créaient tranquillement dans sa tête. Son baiser m’arrachait un petit gémissement plaintif, ses doigts sur mon clitoris me donnaient chaud. Mon corps tremblait de plus en plus et je savais qu’il aurait probablement la satisfaction de me sentir jouir avec son sexe bien planté en moi.

La demande de Jahad ensuite me surprenait un peu. J’obéissais toutefois, me retenant à son cou de mes mains. Même son cou donner l’impression de saisir un tronc d’arbre. Cet homme était le colosse de Rhodes; il aurait pu stopper des raz-de-marée avec son corps. Mais Jahad n’était pas grec… En tout cas, pas que je le sache. Bref, il me soulevait facilement et je sentais sa verge m’investir au plus profond de mon intimité. Mon corps était presque en ébullition. Il commençait à s’activer, me faisant bouger sans se retenir. Je m’agrippais vigoureusement à lui et poussais une longue plainte de plaisir. Je murmurais son prénom, un peu embuée par les sensations dans mon corps.

« Continue, je t’en prie. »

Il n’en fallait pas plus pour qu’il s’active et je jouissais sans qu’il ait à mettre beaucoup de temps. Tout mon corps vibrait de plaisir, mes muscles étaient crispés alors que je tentais de me soutenir un peu, histoire de ne pas lui glisser entre les doigts. Ce serait dommage de se retrouver par terre en plein milieu de l’action. Mes jambes se serraient contre ses flancs et je peinais à garder les yeux ouverts. Je m’y forçais, car je voulais voir ses réactions qui m’excitaient presque autant que ses coups de bassin. Je savais qu’il pouvait sentir mon antre se serrer autour de lui et cette sensation devait être agréable.

« Alors, c’est beaucoup mieux non? »

Doucement, je me hissais pour bouger moi-même, pour l’encourager à recommencer ses mouvements. Il avait bien écouté et suivi les règles, il avait bien mérité sa jouissance.

« Montre-moi comment tu jouis, Jahad. Je veux voir ton plaisir sur ton visage. »

Laisser Jahad découvrir les différents aspects d’une relation sexuelle était la meilleure chose que j’avais pu faire ce soir. J’en avais oublié les menaces sur ma personne et pratiquement l’homme qui s’était introduit chez moi. Presque. Je n’avais pourtant pas peur qu’il nous interrompe, me doutant bien que Jahad pourrait le neutraliser facilement. Je n’avais qu’à profiter de ce que le géant pouvait m’offrir. Ses grognements et grondements m’excitaient beaucoup. Je sentais qu’il prenait plaisir autant que moi. L’homme taciturne ne l’était plus autant. Peut-être que je devrais demander à Syrus de m’affubler de protection encore quelques jours, histoire de voir jusqu’où je pouvais aller avec ce colosse.

Assise sur lui, je ne pouvais que m’émerveiller de sa puissante musculature. Ses épaules larges que je pouvais parcourir sans cesse de mes paumes, sa peau presque complètement tatouée qui frémissait de plaisir alors qu’il se contractait sous les sensations. Il ne répondait pas à ma question avec des mots, mais son langage non-verbal parlait pour lui.

Il me soulevait et je le laissais faire. Après tout, c’était absolument délicieux de le voir prendre les devants. Cela ne semblait pas être difficile de me tenir contre lui et de donner des coups de bassin… Pas plus complexe que de se tenir bêtement debout en attendant dans la file au marché. Il n’était pas doux et c’est ce que j’attendais de lui. Je voulais sentir sa force, son désir dans ses mouvements. Je n’étais plus qu’une longue série de gémissements, m’agrippant du mieux possible à lui. Maintenant en état de recevoir sa verge imposante dans mon propre sexe, j’aimais son intensité désormais. J’ignorais s’il faisait la différence, mais je ne posais plus de questions. Mes doigts s’enfonçaient dans sa chair alors que j’étais crispée de plaisir.

Je lui demandais de jouir. Quand il me déposait sur le meuble et qu’il recommençait ses assauts, je venais écraser mes gémissements de plaisir sur ses lèvres. Je me cambrais, serrais mon étau contre son sexe. Je voulais l’étourdir avec les sensations qu’il n’avait peut-être jamais connues. Et quand il s’abandonnait enfin à son orgasme, je poussais une dernière exclamation de plaisir. Sa verge était secouée de petits spasmes que je pouvais sentir en moi, comme un écho de son orgasme. Pour une première démonstration, ce n’était pas mal.

Je prenais son visage entre mes mains et l’embrassais une autre fois alors qu’il semblait transi de plaisir. Je lui permettais de rester en moi encore un moment avant de le repousser doucement, portant ma main entre mes cuisses pour explorer mon intimité. Je portais ensuite mes doigts à bouche en le défiant presque du regard, goûtant sa semence sans sourciller. Mes pieds retrouvaient le sol et je le questionnais enfin :

« Alors, c’est mieux, non? »

J’attrapais mon peignoir et l’enfilais sans l’attacher.

« Peut-être devrais-tu t’assurer que l’intrus est toujours hors d’état de nuire. »

Je faisais une pause.

« La prochaine fois, je pourrai te montrer comment avoir plusieurs orgasmes, un peu comme moi. »

J’ignorais s’il désirait une prochaine séance, mais je lui laissais la porte grande ouverte.

« Tu peux rester dans la villa cette nuit, si tu le désires… Dans mon lit ou dans la chambre d’ami. »

Je m’approchais de lui et le toisais de mon regard coquin. Je me sentais bien, absolument satisfaite. Les endorphines remontaient mon système nerveux jusqu’à mon cerveau. Je dormirais bien cette nuit.

« Je vais devoir reprendre une douche. »

Même si Jahad était ce genre d’armoire à glace difficile à percer, j’avais l’impression qu’il était satisfait de notre petit moment. Curieux aussi de découvrir la suite. Je lui ouvrais grand la porte, lui proposant de rester. Il me disait qu’il allait rester de toute manière, puisqu’il était en mission pour ma protection. J’en étais très heureuse. L’irruption dans ma demeure n’était pas effacée de ma tête, malgré nos ébats. S’il était parti, je n’aurais tout simplement pas dormi, même avec Dulce sous les draps.

Jahad m’approchait et je réalisais encore à quel point il était grand et imposant. Sauf que je ne le craignais pas. Il était mon colosse, ma montagne. Enfin, le colosse de Syrus, mais c’était tout comme. Si Syrus exigeait que Jahad me protège et me respecte, il le ferait. Son corps tatoué contrastait avec le mien exempt d’encre. Ses doigts glissaient dans ce satané peignoir et il me le retirait facilement. La soie caressait mon corps dans sa chute, déclenchant un frisson dans mon dos.

Le baiser qu’il posait dans mon cou était inattendu quand on pensait au début de la soirée. Il était plutôt expéditif. Désormais, il accordait une certaine considération à l’autre qui venait de partager un moment d’intimité avec lui. Je lui aurais à tout le moins enseigné cela. Il quittait donc ma chambre et je prenais le temps d’admirer son dos et ses fesses qui s’éloignaient pour vérifier l’état de l’agresseur intercepté plus tôt. Comme tout cela semblait irréaliste!

En le voyant s’éloigner, je pensais à la vie que je m’étais choisie. Cette voie inattendue et dangereuse. Un parcours que peu de gens choisiraient. Les attaques à mon égard auraient pu me faire regretter cette trajectoire, pourtant, en voyant cet homme qui assurait ma protection et qui venait de prendre soin de mon corps, je ne pouvais que me sentir à ma place. J’étais Chevalier des Black Templars. J’étais importante, imposante. J’étais protégée par l’Ordre même pour lequel j’œuvrais. J’étais ambitieuse et je n'arrêterais pas. Jamais.

Néanmoins, je finissais par me détourner et filer vers la salle de bain pour ma seconde douche de la soirée. J’ignorais s’il avait saisi l’invitation, mais j’espérais qu’il reviendrait. En attendant, j’actionnais les jets d’eau. Le jet de pluie aspergeait mon corps et me dégageait de la sueur, de nos fluides mutuels. Je fermais les yeux en toute confiance, car ma sécurité était assurée par Jahad. Le gel légèrement parfumé moussait sur ma peau et pétillait sur mon épiderme comme un million de petits baisers. Mes yeux s’ouvraient et je pouvais apercevoir le géant dans la salle de bain. Il me suffisait d’un geste de mon index pour lui indiquer de me rejoindre.

Je ne lui faisais pas de place sous le jet, puisqu’un second juste à côté du mien faisait tomber une pluie de gouttelettes réconfortantes. Sans m’en cacher, j’observais son corps en dessous, l’encre qu’il arborait sur sa peau semblait étinceler avec l’éclairage et l’eau. Puis je trouvais son regard du mien. Pour une raison qui m’était inconnue, j’hésitais à le toucher.

« Tu veux que je te savonne… Je ne dirais pas non à dessiner les lignes de tes tatouages. »

Peut-être était-ce parce que j’avais vu son armure plus tôt dans la journée. Il était puissant, stoïque et impressionnant. Passer de l’autre côté de ses défenses me semblait être la chose à faire avant de le toucher, de passer à ce niveau d’intimité. Certains pourraient dire que nous avions été ce qu’il y a de plus intime, mais pour un colosse de marbre comme Jahad, il y avait des gestes beaucoup plus significatifs que cela et mon instinct me criait d’y aller doucement.

Jahad entrait dans la douche et j’admirais cet homme à l’allure presque surnaturelle. Sa crinière libre absorbait l’eau qui tombait dessus, son corps massif semblait réduire l’espace de cette grande douche. Rien de tout cela ne m’intimidait étrangement. J’étais fascinée, curieuse.

À ma proposition de parcourir son corps de mes mains, je remarquais un mouvement de recul. Je savais dès lors que j’avais tapé dans le mille. Guerrier, tueur au sang-froid, il ne devait certainement pas avoir l’habitude de ce genre de contact délicat et sensuel. Ma question était parfaite, car il pouvait se permettre de refuser. Pourtant, il ne le faisait pas. Il s’avançait plutôt vers moi. Je devais lever la tête pour regarder son visage. Ses bras s’ouvraient pour me permettre de le toucher, une approbation supplémentaire. Il disait que de dessiner ses tatouages pourrait prendre beaucoup de temps et j’affichais un sourire malicieux.

« J’y compte bien. »

J’attrapais le riche savon en barre sur le porte-savon et enduisais mes mains pour obtenir une mousse. Lentement, mes paumes se posaient à plat sur ses pectoraux. Les tatouages comportaient des lignes complexes et je commençais par tracer avec finesse et minutie chacune d’elles. Le manège était langoureux, doux. Le silence entre nous était brisé seulement par l’eau qui s’écoulait sur nous. Mes yeux se levaient à nouveau dans sa direction. Ma respiration était un peu plus rapide, car l’excitation me gagnait de nouveau. S’en rendait-il compte? Pouvait-il le remarquer à mes pupilles probablement plus dilatées qu’auparavant?

Je le contournais et traçais les lignes dans son dos, osant même poser mes lèvres sur sa peau.

« Je peux continuer? »

Je le laissais réfléchir et acquiescer, lui laissant le temps de comprendre les réactions possibles de son corps. Mes doigts descendaient sur ses fesses avec gourmandise. Puis je revenais devant lui et dessinais sur ses bras, puis sur ses mains. Une fois ses mains explorées, je le prenais pour les poser sur ma taille. Je découvrais les lignes qui ornaient son abdomen, lentement, le souffle de plus en plus court au fur et à mesure que je descendais vers son bas-ventre. J’évitais soigneusement son membre encore un peu dressé pour étirer mes mains en direction de ses cuisses. J’en caressais chaque point d’encre, jusqu’à poser mes doigts à l’intérieur de ses cuisses. Mes iris trouvaient soudainement les siens. Était-il tendu? Désireux? Excité? Détendu peut-être?

Mes doigts remontaient doucement et je trouvais son scrotum que je soupesais et caressais lentement.

« Tu as encore envie de moi, Jahad? Parce que j’ai encore envie de toi. »

Je le caressais avec douceur. Cette tendresse qui menait mes mouvements, il ne semblait pas l’avoir connu souvent et je voulais lui montrer que cela pouvait être agréable. Cela me ramenait pratiquement à ma première expérience sexuelle. Mon partenaire avait fait preuve de douceur. Il n’en était pas à sa première expérience et avait pris le temps de me montrer. Jahad manquait d’expériences différentes et j’avais envie de lui montrer qu’un vaste éventail pouvait se déployer dans l’intimité. Il était intense, vigoureux, mais cela n’était pas une obligation d’utiliser ce côté de lui à chaque fois. Il pourrait plutôt varier les plaisirs.

« Je n’ai pas de tatouages… Mais tu veux explorer ma peau toi aussi? Découvrir quels endroits me plaît le plus, comme tout à l’heure? »

L’une de mes mains effleurait son sexe, comme une promesse pour la suite des évènements. Je diminuais un peu plus la distance qui nous séparait. La nuit allait être courte, mais cela ne posait pas problème.