Amena 1 // L'amour est une rencontre entre deux âmes qui s'autorise à devenir passion.

--Outfit-- Après une journée éreintante, mon esprit est lourd. Je sens encore le poids des confidences que j’ai écoutées dans mon cabinet toute la journée. Des histoires de cœurs brisés, de traumatismes enfouis, d’amours dévastées. Je suis sexologue, oui, mais cela ne veut pas dire que je suis immunisée contre la douleur des autres. Au contraire. Elle me traverse, me secoue, et parfois, elle m’épuise. Aujourd'hui, c'est l’une de ces journées. J’ai besoin de me détendre, de me libérer de cette tension qui s'est accumulée dans mon corps. Je décide de quitter l’ombre du cabinet, de mettre de côté la professionnelle, et de redevenir simplement Selena. Je veux m'évader, m'autoriser à vivre pour moi, à explorer mes désirs, à m'abandonner dans un espace où tout est possible. Mes pensées vagabondent vers un lieu particulier, un lieu où les règles sont différentes, où la liberté se danse dans l'obscurité sensuelle des désirs assumés.

Je pense à l’hacienda, au club de Metztli, j'aime cette femme au moins autant que j'aime me perdre avec elle dans le creux d'un lit. Je connais cet endroit, l’atmosphère qui y règne, l’intimité qu’il offre aux âmes cherchant à s’échapper du quotidien. Là-bas, les fantasmes prennent forme, les ombres se faufilent dans les interstices de la chair, et les chaînes du conventionnel se brisent. Je sais que c’est exactement ce dont j’ai besoin. Je me prépare avec soin. L'acte de choisir ma tenue après la douche est déjà un début de libération. Je passe mes doigts sur la soie noire d'une robe qui épouse parfaitement les courbes de mon corps, laissant mes épaules nues, vulnérables, mais avec cette force tranquille que je sens toujours au fond de moi. J’ajoute un bijou discret, une touche de rouge à mes lèvres, et je laisse mes cheveux libres, simplement dans un fouilli que j'aime. Mon reflet dans le miroir est celui d’une femme qui sait ce qu’elle veut, qui comprend ses désirs et qui n’a pas peur de les explorer.

Je quitte mon appartement en silence, le cœur battant un peu plus vite que d’ordinaire. En marchant vers le taxi qui me conduira à l’hacienda, je me laisse porter par l’anticipation. Le monde extérieur commence déjà à s’effacer, ne laissant place qu’à mes sensations. Les pavés sous mes talons, la brise douce qui effleure ma peau, la promesse d'une soirée à l’ombre du BDSM. Quand j’arrive au domaine, l’air y est toujours chargé de mystère. Les lumières tamisées, l’élégance des lieux. Dès que je franchis la porte, je me sens enveloppée par une chaleur familière, une énergie vibrante qui s'infiltre sous ma peau. Ici, je ne suis plus la confidente des autres, je ne suis plus la thérapeute rationnelle. Je suis simplement Selena, une femme avec des besoins, des désirs.

Je parcours le couloir en direction de la catrina, là où les fantasmes les plus intimes se dévoilent sans honte. Les voix sont feutrées, des regards se croisent, des sourires énigmatiques échangés. L'atmosphère est imprégnée d’un érotisme palpable, d’une tension maîtrisée. J’inspire profondément, savourant cette liberté. Mon cœur bat plus fort. Je me laisse glisser dans cet univers où les corps parlent un langage que les mots ne pourront jamais traduire.

Je sais que je suis ici pour m’abandonner. Je n’ai pas besoin de me contrôler ce soir. J’ai envie de m'échapper de la maîtrise que je garde en permanence, de laisser fleurir mes fantasmes dans ce lieu où ils sont les bienvenus. Là, sous les voûtes anciennes de l’hacienda, j'entends le bruit subtil du cuir qui claque, des chaînes qui tintent doucement, et je me sens prête. Prête à m’autoriser à ressentir sans filtre, à explorer mes envies les plus enfouies. Je m’approche du bar, mes doigts effleurant le bois poli. -"Un verre de Shiraz, s’il vous plaît." Ma voix est douce, quoique un peu rauque, presque un murmure. Le serveur s’exécute, et tandis que je sirote le liquide rubis, mes yeux vagabondent sur les silhouettes qui s’épanouissent dans le jeu des ombres. Ce soir, je laisse la sexologue, se perdre dans la sensualité brute.

Il a capté mon regard dès que la porte s’est entrouverte, un peu par hasard, comme une scène fugace qu’on ne peut ignorer, qui vient faire l'effet d'un coup de tonnerre dans un ciel serein. Torse nu, peau encore légèrement humide, un jean ajusté, et cette façon innocente de se glisser la chemise sur les épaules, comme s’il n’avait aucune idée de l’effet qu’il produisait. Un frisson me parcourt, bien plus agréable que le vin que je sirote, et je ne détourne pas les yeux. Au contraire, je savoure. Ici, je maîtrise, tout est sur une gamme presque connue d'avance, mais je réalise qu'il vient de me faire oublier le reste. Ce garçon… ou plutôt cet homme qui semble aussi perdu qu’il est magnétique, il me trouble, ce que j'apprécie clairement.

Je croise les jambes, pose mon verre en prenant soin de garder mon visage parfaitement calme, mais je sais qu’il m’a vue, et je vois aussi son léger embarras. Rougir dans un endroit comme celui-ci, c’est un paradoxe délicieux, une touche d’authenticité qui manque cruellement à cette ambiance feutrée, où tout n’est que façade, à moins qu'il ne soit un comédien absolument hors pair ? Ou que Metztli ait trouvé la perle rare et que ce lieu ne lui ait pas totalement dérobé son innocence ? Je l'ignore mais mon esprit se perd en conjecture, comme à l'accoutumée. Les autres clients, le personnel, plus personne n'attire mon attention, qui reste totalement focalisée sur lui, sur ces circonvolutions dans la salle, qui finissent par le ramener prèes de moi. Quand il me découvre à ses côtés, il semble clairement hésitant, jetant un coup d'œil à droite et à gauche, jusqu’à ce que nos regards se retrouvent, de plus près cette fois.

Sa voix grave mais incertaine me fait sourire, son accent mexicain ajoutant une chaleur brute à cette introduction hésitante. Je le regarde avec intensité, un sourire doucement provocateur étirant mes lèvres, ne détachant pas mes yeux des siens. Mon regard l’évalue, et j’adore chaque seconde de cette découverte. Je laisse passer une demi-seconde, juste pour savourer son trouble.

-" Bonsoir… " je murmure d’un ton bas, velouté, qui cherche à capter toute son attention. Je me redresse, ma main droite trouve sa nuque et je l'attire à moi sans plus de cérémonie, pour poser mes lèvres sur les siennes et envoyer ma langue flirter si il m'en donne l'occasion. Quand je me redresse, j'ai les yeux brillants, alors que je chuchote contre sa bouche -"Vous ne passez pas inaperçu, vous savez ? " Je reprends mon verre, me penchant légèrement pour l’attraper, et savoure une gorgée en gardant mes yeux sur lui. Je crois que ses joues rosissent encore un peu plus, et c'est terriblement craquant. Il y a quelque chose de terriblement sexy à ce physique associé à cette douceur et timidité.

Mes mains glissent contre son torse et l'une vient se glisser dans la poche arrière de son jean, caressant ses fesses au passage, l'autre venant agripper sa ceinture pour le coller contre moi. L'approchant juste assez pour que je sente son parfum et soupire doucement. Mes yeux dans les siens, je penche légèrement la tête sur le côté -"J'adorerais que nous fassions plus ample connaissance, ce soir. Je m'appelle Séléna." Amusant de réaliser que dans ce lieu où je pense tout contrôler, je réalise qu’il y a encore des inconnues, des surprises. Ce soir, il est la plus belle d’entre elles.