Metzaro 1 // Al que a buen árbol se arrima, buena sombra le cobija.

--Outfit-- Je me prépare avec soin comme toujours, face à mon miroir. J'ajuste une mèche de cheveux avant de lisser les plis de ma robe. Chaque détail compte. À l'hacienda, l'apparence est presque aussi importante que l'efficacité. Et moi, je veille à ce que tout soit irréprochable. Une dernière touche de parfum et je me dirige vers la Catrina, prête à superviser la soirée. Je suis la reine de ce domaine et il est de bon ton que je brille au dessus de mon royaume.

Mais à peine arrivée, je découvre que des clients ont ruiné la douche de l'un des salons. Parfait. Encore un imprévu. L'agacement monte en moi, sournois, mais je garde mon calme. Pas question de m'énerver en public. Sans un mot, je fais demi-tour et sors de la pièce, mon esprit déjà tourné vers une solution. Je déteste ce genre de surprise, je déteste qu'ils se permettent de ne pas prendre soin des lieux. Pensent ils que payer leur donne tous les droits? Pas ici, pas chez moi !

Il me faut Amaro. Lui saura quoi faire. Toujours fiable, il a cette manière de régler les choses sans un mot de trop. Je traverse les couloirs avec assurance, chaque pas résonnant dans le silence de l'hacienda, je rejoins la partie privée du domaine sur laquelle il vit désormais, non loin de ma propre maison. Ma maison, avec Juan. Arrivée devant son appartement, je frappe doucement à la porte, réfléchissant déjà à la manière de présenter le problème. Pas besoin de tourner autour du pot avec lui, mais autant rester courtoise. J'adore ce jeune homme, son regard tendre et doux, même quand il avait l'air d'une bête traquée, quand je l'ai trouvé à la porte du domaine. Je crois qu'il ne se sent bien qu'ici, loin du tumulte et en pleine et totale sécurité.

Quand il ouvre la porte, je relève les yeux vers lui, prête à lui demander s'il pense pouvoir réparer ce désastre. Sourire aux lèvres, regard pétillant, je m'avance et me hisse sur la pointe des pieds pour déposer les lèvres contre sa joue. -"Buenas noches, gatito, estoy segura de que eres el hombre adecuado."

Un ange. Je suis tombé sur un ange. Je me souviens encore de mon état de peur, d’angoisse et de désespoir quand j’ai atterri devant cette bâtisse et que cette grande femme, élancée, magnifique au sourire à tomber et au port altier est apparu devant moi. Je suis un criminel pour ce pays et pour le mien. Je suis pourchassé et détesté par beaucoup de gens alors que je n’ai fait que me défendre et tout le monde s’en fout. Je suis pourchassé de partout, je claque les dents de trouilles et cette femme au-delà d’être une reine de perfection, est un ange de douceur et de prévenance.

Elle m’a tendu la main, ouvert sa porte. Elle m’a nourri, donné un lit. Puis voyant que je me sentais atrocement mal de demander la charité, elle m’a proposé quand je lui ai dit que je savais bien bricoler de lui réparer quelques portes et qu’on serait quitte. Ça va faire deux mois que je suis ici et si j’ai toujours peur de me faire prendre par la police des frontières et par un membre du Cartel de Sinaloa qui passerait par-ici… Peu à peu en tout cas, je suis devenu l’homme à tout faire, j’observe les gens travailler et j’arrive à comprendre rapidement ce qu’est leur rôle et comment ils doivent le tenir. Alors parfois avant de voir venir un souci, je le répare. J’ai sauvé deux frigos et une douche depuis mon arrivée. Madame Metztli m’aide tellement que c’est le moins que je puisse faire en échange d’un lit et d’un repas. Pour l’heure, je ne sais pas quoi faire d’autre. J’essaye d’être utile pour lui enlever tout désir de me demander ce que je vais faire après et quand je pars. À tel point que l’autre fois, voyant le retard qui finalement a été un abandon de poste d’un des commis de cuisine, j’ai enfilé un tablier et j’ai fait épluchage et taillages avant de faire la vaisselle et le ménage entièrement. J’essaye d’être utile, c'est aussi ma façon de remercier et j’apprécie que Mme Metztli me sollicite pour toute sorte de petits travaux.

tenue

Ce soir je suis dans mon petit appartement. J’ai pu parler avec Amir, un des cuisiniers avec qui je parle de lecture et il m’a prêté un livre en Anglais. C’est un peu difficile de tout déchiffrer pour moi, mais j’aime bien et ce soir, après avoir mangé avec l’équipe de cuisine et pris une douche, je me suis allongé sur mon lit pour bouquiner. C’est alors qu’on frappe à la porte. Je me lève et ouvre pour trouver Mme Metztli en tenue de soirée qui, même si elle est déjà extraordinaire sans faire d’effort, dans cette tenue se pare d’une aura de séduction et de splendeur à couper le souffle. Et j’arrive à me détendre à l’idée que ce soit elle et pas… N’importe qui d’autre en fait. Elle m’explique que des clients ont ruiné une douche d’un des salons. Je me retiens de rougir à l’idée de comment ils ont fait ça. J’ai… Compris à quoi servaient ces « Salons » et c’est assez excitant à imaginer ce qui peut arriver dans cette partie de l’Hacienda. Je hoche la tête en lui faisant comprendre que oui c’est probablement dans mes cordes.

Puis contre toute attente elle se hisse sur la pointe des pieds et comble les quelques centimètres qui nous séparent pour m’embrasser la joue achevant de me faire rougir alors qu’elle me soudoie d’une manière particulièrement douce. Je rougis après avoir peiné à déglutir. Je suis en blanc et j’aurais bien changé pour mes habits de travail sombre et déjà amochés mais ils sont au lavage. Je prends ma caisse à outils et m’avance pour la suivre et voir l’étendue des dégâts essayant de me montrer pro pour ne pas montrer mon trouble suite à ce baiser.

Amaro se tient là, aussi adorablement candide qu'à l'accoutumée et il accepte de me suivre sans la moindre discussion. Il attrape sa caisse à outils d'un geste précis et nous quittons ensuite son appartement. Nos pas résonnent dans les couloirs faiblement éclairés de l'hacienda, et je le guide jusqu'à la catrina puis la suite en question, celle qui échappe aux regards indiscrets. Il avance en silence, concentré, tandis que je savoure cette anticipation sourde, cet instant où il n'a finalement aucune idée de ce qui l'attend.

Arrivés devant la porte, je la pousse doucement, le laisse entrer et le suis puis referme derrière nous, créant une intimité presque suffocante. Le silence se fait total, du fait de l'insonorisation parfaite de cette pièce et je dois avouer que je savoure. Je m'appuie contre la porte, observant son regard qui balaye la pièce, cherchant sans doute le souci à réparer et s'arrêtant tour à tour sur les menottes en cuir finement ajustées, la croix de Saint-André imposante, et les accessoires soigneusement alignés sur les étagères, chacun brillant faiblement sous les lumières tamisées.

Un sourire léger se dessine sur mes lèvres alors que je capte son expression, partagée entre étonnement et curiosité, peut-être même une pointe d'incrédulité. -"Eh bien, gatito," je murmure en m'approchant lentement, mes talons frappant doucement le sol dans ce silence presque cérémonial. -"Serais tu du genre à rougir ? Mon royaume te surprend tant que ça ? "

Je prends possession des lieux, le regard pénétrant, déambulant lentement. Je prends un instant pour effleurer du doigt la surface glacée d’une paire de menottes en acier accrochées au mur tout en le fixant dans les yeux. -" Ici, chaque détail compte, comme tu le sais. C'est un endroit pour… des plaisirs plus raffinés. Un lieu où chacun peut être exactement ce qu’il souhaite, sans honte, sans entraves, " je laisse planer un silence, avant d’ajouter, le ton mordant, -"Ce qui semble les autoriser à détruire..." Je soupire et ouvre doucement la porte menant à la salle de bain aménagée et clairement mise à mal par la dernière partie fine qui s'est déroulée ici. L'espace est de belle taille, mais il me semble pourtant presque exigu quand je le fixe, avant qu'il ne me rejoigne. A croire que l'idée de sa proximité ne m'est pas totalement indifférente ? Evidemment qu'elle ne l'est pas... même si je me refuse à ce qu'il pense qu'il me doit quoi que ce soit. Je l'ai accueilli avec bonheur et je ne regrette pas cette main tendue, à aucun moment, depuis son entrée ici... alors je ne veux pas qu'il se croit contraint de me remercier autrement que par le sourire que j'aime voir éclore de temps à autre sur ses lèvres. A croire que les flammes obscures de mon âme savent parfois laisser éclore une jolie lumière ? En tout cas j'aime celle qu'il dégage et je ne veux pas risquer de l'abimer !

Elle peut me réveiller pour travailler quand elle le souhaite, je peux faire n’importe quel travail (légal) qu’elle me demandera. Je lui dois tellement. Elle ne réalise pas qu’elle m’a sauvé la vie et que j’ai une dette éternelle envers elle. Créez donc un culte à son image et je serai son premier et plus fervent adorateur. C’est une réparation urgente et importante si elle vient me chercher alors je n'hésite pas. Je prends ma boite à outils qui a une sorte de best of de secours du petit bricoleur et qui peut me permettre de palier à la majorité des travaux à faire ou juste à temporiser des travaux plus conséquents. Je la suis dans cette partie plus… Particulière de son établissement et que je ne juge pas du tout. Je crois Mme Metztli suffisamment professionnelle et fine pour rendre tout endroit classieux et distingué. Quand nous passons la porte de la chambre tout le son cesse de nous parvenir immédiatement. Je regarde autour de moi presque surpris. Je pourrais hurler à m’en briser la voix que rien ni personne ne pourra s’en douter. Je regarde tout ce qui se trouve ici réalisant que je suis bien novice dans le domaine du plaisir ne sachant pas à quoi peuvent servir un dixième de ces accessoires et installations. Pourquoi des foulards suspendus au plafond qui font comme d’étranges hamacs ? Et cette grosse croix en bois avec des attaches en cuir ? La lumière tamisée laisse voir une foule de petits accessoires sur des étagères et je me demande si c’est un sex shop ? Je regarde enfin Metztli qui s’amuse doucement de mon effarement et me demande si son royaume me surprend autant que ça ? Je n’ose pas répondre pour ajouter du crédit à son analyse. Mais déjà elle s’avance comme une reine le ferait dans sa salle du trône et je la suis observant ses gestes alors qu’elle me parle de l’endroit et du but attendu de ce lieu. Puis elle me parle de destruction et ouvre une porte.

L’idée globale me vient alors que je perçois quelques… Soucis. Mme Metztli se tient dans l’encadrement de la porte et avance attendant visiblement que je rentre avec elle. Je m’exécute et réalise le bordel. Malgré le ménage, on pourrait croire qu’un troupeau de chevaux est passé par ici. Les parois de verre de la douche à l’italienne sont descellées de leurs socles. Les portes serviettes arrachés, un miroir a été déplacé. Un robinet arraché et sans l’eau coupée tout serait inondé, la tuyauterie de la douche à un souci, des carreaux ont été descellées. Je regarde le bordel en réalisant que c’est un sacré bordel.

« Vous avez enfermé 5 gorilles furieux ou quoi ? »

Je réalise que j’ai parlé un peu vite et qu’elle n’a pas de compte à me rendre. Je rougis et baisse la tête avant de la regarder en posant ma boite à outils sur le comptoir du lavabo. Tiens, la vasque est fendue…

« Je dois pouvoir tout arranger, j’ai de la colle et pour la vasque j’ai le solidifiant doré que je peux appliquer. Comme la vasque est en pierre ça donnera un effet presque japonais à la vasque. Si ça ne vous plait pas on pourra toujours le remplacer. »

Je m’approche pour vérifier l’état de l’autre robinet et soudain il se tord et un filet d’eau gicle vivement aspergeant Mme Metztli et moi. Je coupe immédiatement, mais elle est trempée et moi j’ai mon t-shirt blanc trempé aussi qui colle mon torse. Je la regarde toute mouillée avec mon air le plus désolé de l’univers.

« Pardon pardon pardon pardon je voulais vérifier et je… Je vais réparer ça aussi. »

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