WebName : LaPetiteFraise/C-R Date d'inscription : 05/08/2024 Messages : 3 Surnom : Sissi, Carla, Lottie... Pimbêche ? Avatar & crédits : Tessa Thompson | C-R Date de naissance : 11/03/1988 Age : 36 Statut civil : Fiancée Occupation : Altiste au Metropolitan Opera & Professeur particulier de violon et alto
| Sujet: Séléné Carlotta Howard : Overture Mar 6 Aoû - 0:18 | |
| Séléné C. Howard Yes, but what's your side? Sissi est une enfant de San Diego, elle y a vu le jour et fait ses premiers pas dans le parloir de la prison du comté. Son père était un dealer comme un autre, attiré par l'appât du gain, ce qui l'a indirectement exposé à la violence et la partie sombre de la ville. Elle s'est fait un devoir de montrer l'exemple à ses cadets, mais ils ont suivi les traces de leur père et elle ne peut pas se résoudre à les laisser couler comme leur paternel, bien qu'elle veuille éviter toute implication avec la pègre. Les chiens de l'enfer et leurs amis Russes prennent la ville pour leur bac à sable, elle ne le sait que trop bien. Ça a coûté la vie d'un de ses frères et celle de son père. Elle n'a donc aucune sympathie pour ses groupes, surtout les Russes qu'elle tient pour responsable. À l'inverse, les Hellhounds ont droit à un traitement cordial, du fait qu'un de ses frères en soit membre. Elle ne veut pas lui attirer d'ennuis en montrant les dents à ses acolytes, mais elle leur fait bien comprendre qu'ils ne sont pas les bienvenus en sa présence. Si ça ne tenait qu'à elle, elle leur tirerait les oreilles à tous pour les trainer chez leurs mères et leur rappeler qu'il y a plus effrayant que leur boss. Identité Personnalité Histoire ft. avatar/crédits images
Tessa Thompson / moi(C-R âge
35 ans, c'est tant et si peu à la fois date de naissance
11 mars 1988, on croirait presque à un présage, ou une malédiction. lieu de naissance
San Diego, Californie, USA origine(s) et Nationalité
afro-panaméenne par mon père et italo-américaine par ma mère. Je possède uniquement la nationalité américaine. Occupation / Métier
Je suis altiste principale dans l'orchestre symphonique de San Diego. $$-$$$. Je peux gagner de coquettes sommes selon les saisons, mais j'ai tendance à vivre au-dessus de ses moyens. orientation sexuelle
Assurément hétérosexuelle. statut civil
Fiancée, même s'il n'est plus sûr. Je le suis pour nous deux. situation familiale
C'est l'aînée d'une fratrie de six. Sa mère l'a eu jeune et les autres ont naturellement suivi. Elle a en tout une jeune sœur, Alicia et quatre frères : Junior, Julio, Isaias et Javier qui est décédé, tout comme leur père Andrew senior. Elle tient à sa mère comme à la prunelle de ses yeux et bien qu'elle aime son père, elle lui tient toujours rancœur pour ses choix de vie et leurs conséquences sur leur famille. Ses rapports avec ses frères sont mi-figue mi-raisin. Junior est son bras droit, mais il n'est pas aussi strict qu'elle et couvre souvent Isaias qui cherche à ressembler à leur père, au lieu de suivre la bonne voie. Avec Julio, c'est une guerre froide depuis la mort de Javier. Ils ne se sont pas parlé depuis que Sissi a quitté la cellule familiale pour l'université. Elle traite Isaias comme un enfant et il ne lui donne pas tort, alors elle est très autoritaire avec lui, tandis qu'Alicia est une princesse, la petite dernière à qui elle passe tout. Elle est comme une seconde maman pour elle et à ce titre Alicia se repose sur elle dès qu'elle a un problème. Mélomane /Responsable /Résiliente /Attentionnée /Rancunière /Protectrice /Matérialiste /Dépensière /Inflexible /Espiègle /Ambitieuse /Obstinée /Passionnée /Moralisatrice /Perfectionniste /Intrépide /Casanière /Soignée /Gourmande /Passive-agressive /Optimiste /Intense /Délurée /Méfiante /Secrète
Quelques petites questionsQuelle est ta chanson ? Believe de Cher Quel est ton film ou ta série ? West Side Story de 61, les yeux fermés. Quelle est ta voiture préférée / que tu possèdes ? Si j'avais les moyens, je roulerais en Rolls-Royce Cullinan. Hélas, je viens tout juste de réglé le crédit de ma Camaro cabriolet et un covering noir cerise à tomber. Quelle est ta couleur favorite ? Étant donné que le blanc n'est pas une couleur, je dirai le pourpre. C'est élégant et adapté en toute circonstance. Ce qu'il faut de couleur, sans être vulgaire. Un mot sur ta dernière relation ? L'agilité des pianistes va bien au-delà de leur doigté, un sans-faute. Ton plat préféré ? Les huîtres ça compte comme un plat ? Un truc que tu détestes ? Le mensonge. Peu importe l'intention, si on me ment et que je le découvre, vous pouvez oublier ma confiance et notre relation. J'ai perdu assez d'être cher à cause des mensonges, plus jamais. Des choses à préciser? Je n'ai pas remis les pieds à l'église depuis mes 18 ans et c'est un sujet de tension avec ma mère qui ne jure que par la Foi. Du fait de son état de santé, je dois faire le chauffeur et subir les messes du dimanche, ainsi que toutes les activités de la paroisse. La situation de ma sœur fait jaser et maman le vit mal, étant elle-même passé par là, alors je reste pour la soutenir bien que je ne croive plus en Dieu et sa miséricorde. Pour moi, la musique est aussi importante que l'air qui emplit mes poumons, ou le sang qui circule dans mes veines. C'est ma raison de vivre et mon bouclier contre le reste du monde. Sans elle, j'ignore ce qu'il serait advenu de moi, j'aurais sûrement mal tourné comme la plupart de mes amis d'enfance, voire pire. Sans la musique, je n'aurais jamais envisagé d'être plus qu'une civile aux prises avec les tracas de la vie. Je lui dois beaucoup, bien qu'elle n'ait pas toujours été la solution à mes problèmes.
Aux dépens de ma passion, je n'ai jamais perdu de vue le plus important : ma famille. Pour eux, je serais capable de tuer, même si ça serait à contrecœur. Tout comme la musique, ils sont essentiels à mon équilibre et c'est de là que me vient ma rancœur contre mon défunt père. J'ai beau l'aimer de tout mon cœur, ses choix de vie ont profondément marqué notre famille, créant une scission indélébile entre moi et mes frères. Certes, je suis en partie responsable de cette division dans nos rangs, j'ai toujours été celle qui faisait la morale au moindre faux pas, mais c'est là mon rôle en tant qu'aînée. M'assurer que mes cadets ne dévient pas du droit chemin et leur faire savoir lorsqu'ils ont merdé.
De nous six, je suis celle qui en a le plus vu et par conséquent qui sait mieux qu'eux les dangers qui les guettent. Loin de moi l'idée de les prendre pour des idiots, mais forcée de constater que malgré les malheurs ayant frappé notre famille, ils ont été incapables de retenir la leçon. Ce n'est pas leur faute, ma mère et moi-même les avons couvées de peur qu'ils soient happés par les démons arpentant ces rues ; mais ce faisant, nous leur avons fait fuir nos bras, pour mieux qu'ils se jettent dans l'étreinte sanglante de cette ville.
Pendant dix-huit ans, ils ont vécu dans mon ombre, à l'abri. Dès la naissance de Junior, j'ai pris mon devoir de grande sœur très au sérieux et je n'en ai pas démordu malgré les années. Avec la vie que menait notre paternel, il était essentiel que je sois aussi féroce qu'une lionne pour parvenir à protéger tout le monde, tout en soutenant maman.
Mon père n'était pas un homme bien, il n'était pas non plus un mauvais bougre, il ne savait simplement pas faire confiance aux bonnes personnes. Soit, il n'était pas foncièrement mauvais, mais cela n'excuse pas sa présence abyssale tout au long de notre enfance. Lorsqu'il n'était pas pris par des règlements de comptes puérils, ou qu'il n'empoisonnait pas la vie des autres pour mettre du pain sur la table, il traînait sur le canapé ou dans le garage à bidouiller sa moto. Autrement dit, mon père n'était là que pour le lit chaud et les bons moments à Thanksgiving. Il ne valait mieux pas compter sur lui pour les spectacles d'école, ou les vacances en Sicile avec les grands-parents. Même pour nos naissances, il n'a jamais été capable d'être là, jusqu'à sa dernière heure.
J'ai peu de souvenirs d'enfance qui n'inclut pas mes frères. Mes amis étaient les leurs, leurs centres d'intérêt les miens et mon temps libre, un lointain rêve qui ne durait jamais plus d'une grasse matinée pour Pâques, ou pour l'ascension. Les seuls souvenirs qui ne concernent que moi, où je ne suis pas forcée de les partager avec mes cadets, sont ceux liés à la musique. À commencer par ma découverte de cette dernière. Ce jour-là, je m'étais débrouillé pour utiliser le vieux gramophone de nonna, pendant qu'elle grondait les jumeaux. J'ai pris le premier vinyle me passant sous la main, avant de m'enfermer à clé dans la véranda, où l'appareil servait principalement de décoration. Sur le moment, j'étais simplement curieuse de voir si cette antiquité fonctionnait encore. Pourtant, aux premières notes du boléro de Ravel, la complexité du tourne-disque est passé au second plan, supplanté par celle de l'époustouflante symphonie.
Cette flûte légère comme une plume, doucement élevée par la brise régulière des hautbois et de la clarinette ; avant de s'enrouler au rythme des cuivres et des cordes, dans une harmonie inébranlable et sublimée jusqu'au bout. Aujourd'hui encore, j'écoute religieusement cette symphonie, lorsque je cherche l'inspiration, ou que mon moral est bas. Ce classique a ouvert les portes d'un sanctuaire, où je me suis réfugiée, dès que j'ai été apte à jouer du violon, sans faire saigner des oreilles. Quand j'ai annoncé que je voulais devenir violoniste, ma mère a essayé de m'en dissuader, inventant mille et une excuse pour justifier son refus. J'ai fini par comprendre avec l'âge que c'était le coût des leçons de solfège et celui de l'instrument qui avait motivé sa réticence face à mon désir naissant.
Cela m'a beaucoup blessé, lorsqu'on considérait que mes frères avaient tous plus ou moins une activité à eux ; mais je ne pouvais m'y comparer, pour citer ma mère : "Le sport est une garantie d'avoir une meilleure vie." Tandis que ma passion n'était rien de plus que cela : une passion sans potentiel pour l'avenir.
Parfois, j'ai des doutes sur l'amour que ma mère me porte, puis je me rappelle qu'au moment où ses parents ont proposé de prendre en charge mes cours, en échange de mon intégration à la chorale de l'église, elle a fait des pieds et des mains pour m'inscrire elle-même au conservatoire. Peut-être qu'elle craignait que je sois exposée à l'idéologie stricte de mes grands-parents, que je devienne un réceptacle pour leurs espoirs déçus par leur propre enfant… Ou bien ce n'était qu'une question d'ego, une énième manière de proclamer son indépendance. Je l'ignore et je ne souhaite pas le savoir, je préfère entretenir l'idée que c'était là une preuve d'amour de sa part, d'une mère à son enfant.
Ainsi, j'ai pu me créer mes propres souvenirs, un violon sous le menton et des partitions tapissant mon côté de la chambre. Lorsque je n'étais pas prise par mes responsabilités d'ainée, ou en pleine révision pour maintenir un niveau scolaire acceptable, afin que ma mère me laisse aller au conservatoire, j'étais justement fourrée là-bas. Quand certains vont s'enfermer dans une bibliothèque pour s'évader, ou s'instruire, moi, j'arpentais le conservatoire, observant les répétitions des uns et suivant les cours de danse des autres. J'aimais tout particulièrement assister au récital des violonistes, cherchant parmi eux un modèle à suivre, pour à mon tour devenir une musicienne reconnue et donner tort à ma mère.
Je l'admets, c'était une motivation des plus idiotes, de celle qu'on regrette lorsque au final, on se retrouve seul et sans attache. Évidemment, je l'ignorais à l'époque et j'ai foncé tête baissée, persuadé d'être spéciale, le prochain prodige si l'on m'écoutait du haut de mes neuf ans. Mon excès de confiance en moi et en ma "destinée", a vite rencontré un obstacle de taille : La réalité. Et si cela ne suffisait pas, ce retour de bâton se fit à l'occasion de ma première compétition. J'avais travaillé mon maniement de l'archet avec cet objectif en tête. Deux ans à passer chaque week-end, chaque heure supplémentaire avant de rentrer chez moi, à perfectionner mon jeu. Il y avait un prix de 5000$ à la clé, de quoi faire d'une pierre deux coups dans mon esprit crédule : donner tort à ma mère et financer ma passion par moi-même.
Quand j'ai enfin pu monter sur scène, dans ma robe du dimanche, j'ai tout de suite senti l'écrasant écart entre moi et les autres participants. J'ai joué, comme je le faisais dans mes rares moments de solitude. J'ai joué, en veillant à être la plus juste possible. Pourtant, je ne pouvais nier que j'étais moins bonne que ceux m'ayant précédé, ainsi que ceux qui suivirent. J'ai joué, sans vivre l'instant. C'était comme si chaque raté, chaque mouvement de travers avait été amplifiés par l'acoustique de la pièce. Suite à cette réalisation, rien ne parvint à me faire accepter ma quatrième place avec fierté. Ce ruban ressemblait plus à un lot de consolation, qu'à une véritable récompense pour mes efforts. Mon grand-père n'a eu de cesse de me féliciter sur le trajet du retour, me jurant que c'était déjà très impressionnant, pour une enfant de mon âge, d'aussi bien réussir à sa première compétition. Je savais qu'il mentait pour me faire ravaler mes sanglots qui menaçaient d'augmenter les larmes silencieuses qui maculaient mes joues. Le premier prix avait huit ans, il avait encore la morve au nez et il était parvenu à mieux jouer que moi.
C'était humiliant, au point où j'ai secrètement remercié Isaias d'être né quelques heures plus tard, faisant passer ce qui aurait dû être ma consécration au second plan. Avec les 100$ que j'avais obtenues, j'ai demandé à ma grand-mère de me trouver un prof particulier, histoire d'avoir les retours honnêtes d'un musicien accompli. J'avais assez pour tout juste cinq cours et ça lui a suffi pour m'annoncer que je n'étais pas faite pour cet instrument. Il n'a pas cherché à mâcher ses mots et il m'a fait gagner du temps, bien qu'il ait écrasé mon fragile ego de pré-adolescente dans la foulée. Si je jouais juste, je n'étais pas pour autant une virtuose, j'étais dans la moyenne et du fait de mon âge, j'avais du retard sur les autres violonistes. Rendue à ma deuxième année de collège, j'ai abandonné le violon et je me suis concentré sur mes études. Ma mère m'a épargné les remontrances qui devaient lui brûler les lèvres, elle a même essayé de me faire reprendre. Elle m'a accompagné à des récitals le week-end, au lieu d'aller au match de mes frères, elle mettait de la musique classique à la maison en espérant me voir sourire.
À sa manière, elle a voulu me montrer qu'elle croyait en moi et je l'en remercie. Ça m'a pris un moment, mais j'ai fini par retourner au conservatoire, plus par habitude que par désir de reprendre la musique. Un soir, pendant que je bavardais avec mes anciens camarades de solfège, j'ai entendu un son qui jusqu'alors n'était qu'un bourdonnement de fond. J'ai suivi la mélodie qui caressait mes tympans, m'attendant à tomber sur un violoncelliste plus inspiré que les autres. Quand j'ai vu madame Carter, j'ai été sous le choc. Elle était réputée pour n'enseigner que l'alto, c'était un peu la bête curieuse, la violoniste ratée par excellence. Alors, en la voyant jouer avec tant de passion, d'un instrument qu'on ne présentait jamais, sauf pour permettre aux violonistes les moins bons de rebondir, j'ai eu un pincement au cœur.
L'alto est magnifique, il se suffit en lui-même pour donner vie à une mélodie, tout en permettant aux autres de faire sens, au même titre qu'une guitare basse dans un groupe de musique. C'est chaud et imposant, sans être au centre de l'attention. Un peu comme moi au milieu de mes frères. J'étais la plus petite, la moins imposante par ma voix fluette et j'avais rarement les projecteurs sur moi. Néanmoins, j'étais là pour soutenir les autres, leur faire prendre la lumière et les sublimer au possible en leur permettant de se reposer sur moi, sans qu'ils aient à le demander. Quand je suis rentré et les nuits qui ont suivi, je n'ai pas pu m'enlever cette vision hypnotique de la tête, la repassant en boucle dès que je me perdais dans mes pensées. Bien que j'en ressente l'envie, je me refusais encore à reprendre la musique. J'avais eu ma chance et je devais arrêter de penser à mes rêves de grandeur, pour me concentrer sur mes cadets qui suivaient doucement, mais sûrement, le chemin sinueux emprunté par notre père.
Junior était le plus raisonnable des quatre, il avait appris à m'écouter et à suivre mes conseils sans rouspéter, on ne pouvait pas en dire autant des jumeaux. Ils avaient une tendance maladive à me contrarier et à faire ce que je leur déconseillais, pour la simple raison que je l'avais dit. Ma mère leur passait tout et mon père était plus fier qu'autre chose, de leur apprendre à faire de la moto et préférait l'école de la vie à celle plus conventionnelle. Isaias avait encore du temps avant de devoir choisir entre devenir un brigand et suivre la bonne voie comme Junior et moi. J'ai donc choisi de remplir mon rôle, plutôt que de courir après des chimères. C'était une excuse toute trouvée pour ne pas affronter ma déception et ma tristesse de ne plus toucher un instrument. J'avais revendu mon violon sans sourciller, catégorique quant à ma décision d'oublier la musique et son sanctuaire.
Toutefois, chassez le naturel et il revient au galop. C'est mon père qui a eu raison de ma grève de la musique. Il s'est ramené dans ma chambre un soir, un étui sous le bras, tout fier de lui. Il a tenté de me faire un discours émouvant, de ceux qu'on voit dans les séries familiales, mais qui sonnent tellement faux en vrai. On ne discutait pas beaucoup nous deux, sauf lorsque je l'asticotais en nettoyant ses blessures, ou que j'étais d'humeur à lui faire la leçon sur l'exemple qui donnait aux jumeaux, qui ne juraient que par lui. Il avait autant peur de moi, que de son agent de probation, donc quand il m'a tendu l'étui en m'annonçant qu'il m'avait acheté un violon de marque, je l'ai aussitôt accusé de l'avoir volé. Il a simplement ricané et m'a laissé avec l'instrument, pour mieux retourner à ses activités. Je ne l'ai découvert que des années plus tard, mais sur l'archet, il y avait une gravure disant :
« À Séléné - Parce que tu mérites le bonheur - Papa »
Si je le pouvais, je giflerais ma version de quatorze ans, pour mieux la pousser à s'excuser auprès de lui et en faire de même, s'il était encore de ce monde. Il m'avait acheté un alto, il avait sûrement dû croire qu'il était plus gros, parce qu'il valait plus cher, mais il avait réellement acheté cet instrument pour moi, parce qu'il croyait en mon talent, plus que moi à cette époque.
Après sa mort, je l'ai religieusement conservé. J'en ai joué à son enterrement, puis au jour le plus important de ma vie, avant de ne plus jamais y toucher. Il est régulièrement entretenu chez un luthier, mais le reste du temps, il reste dans son étui, caché. Loin des yeux, loin du cœur.
C'est avec lui que je me suis présenté à madame Carter pour rejoindre son cours, avec lui que j'ai participé à mon premier concert de chambre et que j'ai gagné ma première compétition en tant qu'accompagnatrice. Il m'a suivi jusqu'à New York, l'unique fois où je l'ai réutilisé après sa mort, pour mon audition au Metropolitan Opera. C'est mon bien le plus précieux, celui qui me suivra jusqu'en enfer.
Pour en revenir à ma famille, nous semblions vivre un âge d'or pendant mon adolescence. Mon père était souvent là, surtout pour les jumeaux plus que pour moi, ou Junior. Maman s'entendait mieux avec mes grands-parents et nous traînait tous les dimanches à l'église. Tant que j'avais de bons résultats, je pouvais jouer, puis quand j'ai commencé à gagner des prix, je suis devenu la meilleure amie de mes frères. Un White Castle, une sortie au ciné, un nouveau jeu ? Des yeux de chiens battus et ils l'obtenaient. Bien sûr, je me doutais que ça ne suffisait pas pour les mener à la baguette, mais ça me rendait heureuse de les voir heureux grâce à moi. Ils se vantaient même que j'étais l'artiste de la famille, celle qui irait loin, alors qu'ils abandonnaient le sport les uns après les autres.
C'est comme si les nuages qui encombraient nos vies s'étaient enfin éloigné et que tout était possible. J'ai commencé à me préparer pour postuler pour Juilliard, madame Carter était certaine que je passerais. Les altistes ne courant pas les rues, j'avais mes chances de sortir du lot. Je me sentais comme la reine du monde, prête à conquérir l'univers… Hélas, j'ignorais que pour toute ascension, une chute aussi vertigineuse nous guette.
Il faisait frais ce jour-là, je venais d'engueuler les jumeaux parce qu'ils n'étaient pas prêts pour la messe. Junior s'occupait d'Isaias et papa était absent, comme d'habitude. Maman m'a fait abandonner mes tentatives pour les faire venir à l'église et leur a demandé d'être présents pour le dîner. J'ai pris le volant en râlant, disant à maman, qu'elle devrait se reposer au lieu de venir à la messe, que la date de l'accouchement approchait, qu'elle devait s'économiser. Comme à mon habitude, je maternais tout le monde, par amour, rien de plus.
Pendant la messe, j'ai réveillé Junior qui piquait du nez, j'ai dévié le panier de quête, pour éviter que maman jette nos derniers dollars dans les poches du pasteur et j'ai fait des pieds et des mains pour qu'on rentre dîner au lieu de déjeuner à la paroisse. Il y avait toujours une petite vieille, ou une tante auto-proclamée pour venir poser les questions qui fâchent. Le temps que l'on rentre, que je monte maman avec son déjeuner et que je mette Isaias à la sieste, j'avais perdu un frère.
Papa est rentré le soir, j'étais dans le salon, un chausson dans la main, prête à frapper le premier qui oserait franchir le pas de la porte en retard. On avait essayé de les appeler, mais aucun ne répondait, ce qui ne sortait pas de l'ordinaire, avec ces trois-là. Pas de nouvelles, les ennuis sont tout près. Alors quand mon père a franchi le pas de la porte, il s'est mangé une pantoufle, plus sa sœur, et avant que je ne puisse lui dire à quel point il me décevait, il m'a dit que Javier était mort. J'suis resté vissée sur place, incapable de bouger, de cligner d'un œil, ou encore de respirer. J'ai senti mon estomac se tordre et se retourner, autant de fois que ses mots dans ma tête. Javier est mort. Le nourrisson que j'ai veillé pendant ses fièvres, est mort. Le bébé qui a dormi à mes côtés, est mort. Le bambin qui jouait au perroquet dès qu'il a su aligner deux mots, est mort. Mon frère est mort.
Quand j'ai enfin pu reprendre le contrôle de mon corps, j'ai lâché un hurlement qui a réveillé toute la maison. Je ne pouvais pas me contenir, ça faisait mal, tellement mal. De penser que ce matin encore, il était là, avec son sourire espiègle, que je sentais son odeur pour la dernière fois, avant qu'il ne franchisse le pas de la porte. D'un coup, je me suis mis à l'appeler, comme s'il allait dévaler les marches à la suite de Junior, confus de me voir effondrée au sol. Je n'arrivais plus à réfléchir. Les mots sont sortis comme ils sont entrés et soudainement, mes sanglots ont pris de l'ampleur… Non, ils ont été rejoints par des lamentations plus viscérales encore. Maman. J'arrivais à peine à la discerner derrière mes larmes, mais je savais que ma douleur n'était qu'un écho à la sienne. J'ai perdu un frère, elle a perdu un fils.
Tout d'un coup, tout s'est enchaîné. Ses sanglots ont été tranchés par des gémissements de douleur. Junior, le seul encore en état de nous gérer, s'est trouvé à ses côtés en braillant des sonorités familières et empreint d'urgence. Il m'a secoué, m'a hurlé que je devais conduire maman à l'hôpital, qu'Alicia arrivait. J'ai eu envie de refuser. J'ai refusé. Je ne pouvais pas bouger, je n'avais plus aucune force. Une gifle et mon oreille s'est mis à siffler. Cette fois, Junior était l'ainé de la situation et je me suis réfugié dans son ombre, prenant le chemin de la voiture, pendant qu'il portait maman à l'arrière. Quand il m'a fait signe, j'ai démarré avec seule musique de fond, les sanglots et plaintes de ma mère, jusqu'à l'hôpital. Je suis sorti mécaniquement de l'habitacle et me suis jeté sur les premières personnes en blouse blanche, les suppliant d'aider ma mère sur le point d'accoucher. Après ça, c'est le trou noir. J'ai des bribes de souvenirs, principalement des questions anxiogènes : où était Julio ? Papa ? Comment mon frère est mort ? Maman va-t-elle survivre ? Quand vais-je me réveiller ? Quand j'ai refait surface, il était vingt-et-une heures passé et Alicia venait de naître. Le temps que je conduise, que ma mère soit prise en charge et qu'Alicia vienne au monde, j'ai perdu mon père.
J'errais dans l'hôpital, incapable de supporter le chagrin de ma mère et le mien, j'allais et venais dans l'étage, puis dans le hall et c'est là que Junior m'a trouvé, Isaias sur la hanche. Il m'a demandé pour notre mère et je l'ai rassuré, même si j'avais seulement la mort dans l'âme, je ne pouvais même pas me réjouir d'avoir enfin une sœur. C'est là que j'ai remarqué que les joues de Junior aussi brillantes de larmes. Je me suis aussitôt excusé de ne pas l'avoir épaulé, en lui annonçant si brutalement la mort de Javier. Je l'ai libéré d'Isaias pour mieux lui offrir mes bras. Il a sangloté de plus belle, voûtant son dos de géant, pour éponger ses larmes sur mon épaule. Isaias n'a pas sourcillé d'un poil, replongeant dans les bras de Morphée avec mon autre épaule comme oreiller. J'étais soulagé qu'il ait un sommeil aussi lourd, car j'ignorais comment apprendre à un enfant de sept ans qu'il venait de perdre un membre de sa famille. Junior me corrigea en disant deux. J'avais pensé à haute voix. Mes épaules ont commencé à trembler, non à cause de sanglot, mais d'un rire. Un ricanement vide, dépourvu d'amusement, traduisant la dégradation de mon état mental, tandis que Junior m'expliquait avoir vu son corps à la morgue, avec d'autres membres de son gang. Voilà comment j'ai appris que mon père, avait rejoint notre frère, quelques heures avant que ma sœur n'ait poussé son premier cri. Une arme au poing et la haine au cœur.
Cette nuit de 12 mars 2006 a été la pire nuit de ma vie et la journée l'ayant précédé, mon plus grand regret.
Tant de choses auraient pu être faites, tant de mots qui auraient pu être dits, avant qu'il soit trop tard pour se rendre compte que jamais, je ne leur ai dit que je les aimais. Jamais, je ne leur ai dit que peu importe leurs conneries, je resterai à leur côté. Jamais, je pourrais leur demander pardon pour toutes ces fois où je les ai sermonnés, sans même un mot d'encouragement.
J'aurais pu apprendre de mes erreurs et faire au mieux pour être une meilleure sœur pour ceux qu'il me restait. Si seulement j'avais suivi mes propres conseils et appris la leçon. Lorsque le seul jumeau encore en vie est réapparu, tout juste en état de respirer, je lui ai incombé de ne pas les venger, de penser à nous, de ravaler sa rage et de faire les bons choix pour la famille. Il a répliqué, que c'était son devoir et son droit en tant que frère, en tant que fils, mais rien de ce qu'il disait ne m'importait. Tout ce que je voulais, c'est qu'il reste en vie, même si ça impliquait qu'il me haïsse pour l'avoir bridé du haut de ses quatorze ans. Ma mère était inconsolable, trop endeuillée pour prendre soin d'Alicia, trop blessée pour comprendre que plus jamais mon père ne viendrait sécher ses larmes.
Nos grands-parents ont pris les choses en main, des obsèques à notre déménagement dans leur pavillon jusqu'à ce que ma mère ait fait son deuil. Si ce jour-là, je me suis écroulée sous le poids du chagrin, j'ai vite mis ma douleur de côté, pour soutenir ma famille, faire front pour eux. Aujourd'hui encore, je m'interdis de pleurer en pensant à eux, parce que j'ignore si j'arriverai à me reprendre cette fois-ci.
Les nuages ont repris leur droit sur nos vies et j'ai dû lentement regarder les membres restant de ma famille, se faire dévorer par la violence de cette ville.
Ma dernière conversation avec Julio a eu raison de nos liens, il a quitté la maison et je ne lui ai plus jamais parlé. Après tout, j'avais franchi la ligne rouge en affirmant qu'il ne serait plus mon frère s'il intégré les Hellhounds. Junior m'en a beaucoup voulu et il a également fini par prendre ses distances avec moi, bien qu'il restât présent pour maman. Je concentrais mon énergie sur Alicia, qui était livrée à elle-même avec notre mère catatonique et mes grands-parents trop occupés à garder la face. Sa naissance serait à jamais le jour le plus sombre de notre famille et un deuil éternelle pour elle qui est née sans père et endeuillé d'un frère qu'elle n'a jamais connu. Je n'avais pas encore reçu de réponse à mes candidatures universitaires et lorsque la lettre de Juilliard est arrivée, j'ai roulé toute la journée, sans but autre que de fuir ce retour à la réalité. Malgré leur mort, la vie continuait. J'avais un avenir alors que le sien n'existerait jamais. Il était l'heure de suivre ma propre route, aux dépens de celle empruntée par ma famille.
Quand je suis revenu à la nuit tombée, ma mère avait ma lettre en main, un air lointain sur le visage. Elle m'a sommé d'y aller et s'est levée de table pour aller se coucher. Son ordre m'a percé le cœur et son silence a fini de m'achever. Je n'étais plus désiré sous le même toit qu'eux. J'avais fini par perdre ma place dans cette famille.
Je n'ai pas lutté, j'ai accepté sa décision et j'ai préparé mon départ pour New York. Jusqu'au dernier moment, j'ai espéré qu'ils me retiennent, qu'ils me persuadent de rester à San Diego avec eux.[…]
Hors RP Pour le staff Pseudo / Prénom - C'est THE Petite Fraise Âge - J'ai l'âge de faire mon rappel antitétanique UwU (25) Pays & Présence -France &... je suis comme Peeves, là, mais pas là (ça varie, mais généralement peu présente) Où, quand, comment ? - entre deux fesses, à l'heure du dîner, en suivant la petite voix(en août 2022 grâce à Lex coucou Lexou ) Prélien ? Inventé ? Post vacant ? - inventé Commentaires - Je suis tellement content, j'ai vomi ! JE SUIS SUREXCITÉE !! ça se voit ? Trigger warning - Ça va, j'ai été vaccinée y a deux ans, ça va l'faire (Trigger : à voir les partenaires de jeu | Warning : Violence, Comportement à risque, Vulgarité, Sexe, le starter pack quoi ) Votre métier - Code:
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