Irina Lawrence

Je suis la seconde enfant d’un couple modeste vivant depuis toujours à San Diego. Mon père tien un petit bar qui ne paie pas mine dans les bas quartiers de la ville et ma mère fait des ménages pour joindre les deux bouts à la fin du mois. Nous vivions tous les quatre dans un petit appartement au-dessus du bar de mon père. Mon frère et moi avons grandi dans cette atmosphère particulière.  Ma mère bossait souvent très tard et par conséquent mon frère et moi passions beaucoup de nos soirées dans la Bar de papa. Ce n’était pas franchement la place de deux enfants, mais c’était devenu notre quotidien et dès que nous avons été en âge de le faire, on aidait notre père.

Malgré les difficultés financières, nous formions une famille soudée. Si le fric manquait, nous baignons dans l’amour. D’aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours été une enfant joviale et active, ne tenant jamais en place, ayant constamment le besoin de m’occuper. De nature curieuse, mon parcours scolaire a été relativement bon, grâce à mon esprit vif, je n’ai jamais eu de difficultés particulières.

J’ai douze ans et mon frère seize lorsque maman décède suite à un cancer du poumon foudroyant. Il s'avèrera que cette maladie aura touché plusieurs de ses collègues également, leur condition de travail sera pointée du bois et notamment certains produits nocifs qu’elles respiraient de manière quotidienne. Bien sûr l’affaire dérangeait et a été étouffé avant même quelle puisse faire du bruit. Les puissants, blindé de fric, étouffant les plus faibles à grand coup de menace et d’intimidation. Ma haine contre l’injustice a certainement trouvé naissance  lors de cette affaire dont j’ai compris les rouages que des années plus tard.

La perte de notre mère a ébranlé toute notre famille, papa à la stabilité mentale déjà fragile sombra dans l’alcool, en buvant certainement plus qu’il en servait, et mon frère lui était plus qu’une boule de rage à la colère dévastatrice. Et moi ? Même si j’étais dévastée par cette perte, je n’avais pas le choix de fléchir, j’ai porté ma famille à bout de bras, aidant mon père au bar chaque soir pour que l’on puisse garder un toit au-dessus de nos têtes. Quant à mon frère, je ne compte pas le nombre de fois où j’ai pansé ses blessures quand il revenait ensanglanté parce qu’il s’était battue.

Derrière mon sourire de façade se cachait une réelle douleur, une rage que j’ai commencé à canaliser à quinze ans à travers les sports de combats. Depuis je n’ai jamais cessé, il ne se passe pas un jour sans je fasse du sport, si je ne peux pas aller à la salle m’entraîner, je prends mes baskets pour aller courir. C’est devenu un besoin quasi vital.

Un soir où je servais au Bar, par nécessité, pour qu'il ne coule pas, mon frère, c’est battu avec un type qui avait la fâcheuse tendance de me colle une main aux fesses à chaque fois que je le servais. J’ai bien tenté de l’arrêter, mais la machine était lancée. Dans la ruelle à l’arrière du bar, ils en sont venus aux mains, et c’est à ce moment que le drame arriva. Déséquilibré, le mec tombe et sa tête heurte durement l’angle du trottoir. Il ne bouge plus. C’est a ce moment que mon père débarque et en voyant la scène il prend les choses en mains. Il m’ordonne de rentrer à l’intérieur et dit à mon frère de ficher le camp, qu’il n’a jamais été là ce soir. Le mec est conduit à l’hôpital et succombe à ses blessures quelques heures plus tard. Mon père est alors interrogé par les flics et prends l’entière responsabilité du drame. Notre famille n’ayant pas les moyens de s’offrir un bon avocat, il écope d’un avocat commis d’office qui ne se battra pas pour lui. Dix ans de prison ferme.

Pris de culpabilité, mon frère reprends le Bar et s’y raccroche comme à une bouée de sauvetage pour de pas perdre les pédales. Cette épreuve nous a rapproché, nous nous sentons l’un et l’autre responsable à notre manière, je voulais rester auprès de lui après le lycée et l’aider, mais il n’a pas accepté.  Il me pousse à poursuivre mes études,  « Tu es belle et intelligente Irina, vis tes rêves et vis ta vie, tu n’as pas à mettre ta vie entre parenthèses pour mes erreurs ». Ses mots me touchent et au fond de moi, je sais qu’il a raison. Je suis au lycée en dernière année, et mes résultats me permettent de décrocher une bourse. J’intègre les rangs universitaires en 2022, je suis un cursus de droit, nourrissant le rêve d’un jour défendre ceux qui en ont le plus besoin dans un tribunal, me disant que je pourrais aider des gens comme mon père à l’avenir.

Je vis sur le campus et intègre la fraternité Oméga en tant que trésorière. Leurs valeurs me parlent, l’acceptation de tous, l’égalité sociale sont des causes qui me tiennent à cœur.  Je me donne cœur et âme dans cette cause, tissant des liens avec les autres membres de la Fraternité. Notamment Nathan notre président, bel homme et bon orateur, il gagne rapidement toute ma confiance. Je deviens vice-présidente à la rentrée 2022.  Je m'investis énormément dans diverses causes sociales et je me fais une place importante dans la communauté universitaire. Mon objectif reste inébranlable : obtenir mon diplôme en droit et faire une différence dans le monde. Quand moi je donne tout pour faire briller nos valeurs, certains pensent qu’à faire la fête et à se noyer dans la drogue. Dallas notamment qui organise des fêtes gargantuesques, il pense qu’à s’amuser et nous ne semblons pas faits pour nous entendre. Nos avis divergents et nous poussent souvent à la confrontation. Déterminée dans mes objectifs je ne lâche rien et entends bien faire briller les Omega avec leurs belles valeurs qui font à mes yeux toutes leurs forces.