Angoisse Nocturne (Aprivan)

Je suis une horrible personne… C’est l’émotion qui prédomine chez moi alors que d’un geste j’essuie du drap de mon lit la semence que je viens d’expulser sur mon ventre. Je me déteste. Comment je peux à ce point fantasmer sur elle alors qu’elle était ma belle-mère il a peu ? Qu’elle pourrait être ma mère ? Qu’elle vienne de m’embaucher et que sans rien dire à ma famille j’ai accepté. J’ai quitté une place dans un palace comme commis et peut être second dans quelques années pour une place de chef dans un restaurant qui se lance et dont elle est la patronne… La pression est immense. Le plaisir aussi. Être le chef de ce restaurant plein d’ambition et créer la carte… Beaucoup de choses sont prêtes et je suis en train de cogiter. Au matin il est 5h quand j’émerge et je m’habille en hâte. Mon blouson enfilé, je file sur la jetée. Nous sommes proches de la mer et je veux pouvoir trouver des poissons à mettre à l’honneur. Je prends quelques échantillons et il est 6h du matin quand je commence à cuisiner. Trois heures plus tard il est 9h et je termine de monter mon dernier plat et contemple trois entrées, trois plats et trois desserts tous à base de poisson.

Ceviche grenade avocat consommé d’agrumes
Ceviche

Ceviche terre et mer potimarron
Ceviche

Ceviche poulpe orange et fenouil
Ceviche

Bar et légumes grillés
Bar

Poulpe à la mexicaine
Poulpe

Poulpe grillé houmous
Poulpe

Crème brulée
crème brulée

Tiramisu
tiramisu

Pavlova
www.leprogres.fr/images/17C6A972-203D-481E-B392-36B5B6C6E4A2/NW_raw/la-pavlova-aux-fraises-photo-dr-1578481452.jpg" class="postlink" target="_blank" rel="nofollow">Pavlova


Je me pose devant mes plats. Je sens la fatigue me gagner et pour l’heure je jauge le visuel, la cohérence. Le dressage, la viande est déjà en place et il faut choisir deux plats pour ne pas surcharger la carte et malgré ce que j’ai déjà pu proposer j’ai eu besoin d’élaborer des idées, de pousser la réflexion et j’ai trouvé des produits qui m’ont inspirés. Je veux vraiment être au niveau. Elle m’a débauché c’est pour une bonne raison non ? C’est mon premier poste de chef et on vise une étoile. Ce qui fait la différence dans mes plats c’est ce petit twist inattendu qui relève le plat. Une essence qui ressort ou enrobe le tout. Un mélange incongru comme un fin balayage d’huile d’olive au pinceau sur une tarte aux pommes et le tour est joué. Je n’ai pas de doutes sur mes gouts et je connais les twists. Je cherche une cohérence et hésite à gouter parce que je ne sais pas vers quoi aller et j’ai peur de me mélanger plus que je ne trouve de solutions… C’est alors que j’entends un bruit et lève la tête. Je ne suis pas censé être seul à cette heure ?

--Outfit-- Ce matin je dois vérifier les stocks et veiller à ce qu'on ait le personnel nécessaire pour les gros rushs à venir. On ne peut pas se louper, pas alors que la nouvelle carte arrive et que j'ai des réservations de groupes pour les prochains week-end. On ne dirait pas, mais la réputation d'un restaurant peut se faire ou se défaire à une vitesse folle et je tiens à ce que le mien brille de tous ses feux. Une autre raison au fait d'être très tôt sur le pont ? J'aime l'ambiance qui se dégage de ce petit écrin, tout comme j'aime... l'y retrouver.

Enfin il ne sera pas là. Je secoue doucement la tête pour chasser mes pensées et replacer ma chevelure par la même occasion. J'ai opté pour une robe rouge, un peu stricte sur le décolleté mais misant tout sur les jambes. Je me contemple quelques instants, remarquant les marques de l'âge sur ma peau, aussi ténues soient elles. Comment puis je seulement songer à être attirante pour un homme aussi séduisant... jeune et surtout... interdit ? C'est de la folie douce. Mais ça a une façon délicate de résonner dans mon ventre et de faire fleurir mon sourire. Alors je me laisse aller à la rêverie, sur le trajet qui me mène dans mon endroit préféré.

J'utilise mes clefs pour entrer, mais fronce les sourcils. Pourquoi ? Parce que vue l'odeur qui règne dans l'établissement je ne suis pas toute seule. Mais que fait il ici si tôt ? Je m'oriente vers la cuisine, déposant mon sac et ma veste sur le trajet. Je le découvre, concentré, contemplatif et j'ai un petit soupir en fermant les yeux une seconde. Je viens de m'imaginer effaçant des miennes cette moue sur ses lèvres et la précision de l'image suffit à me bouleverser. J'avance et lui adresse un immense sourire avant de pousser un petit couinement positivement ravi. -"Mon dieu Evan... en plus de sentir diablement bon c'est juste sublime." Encore quelques pas et je viens à côté de lui, me hisse sur la pointe des pieds et embrasse délicatement sa joue. -"Bonjour."

Le parfum de sa peau se mêle aux aromes délicats des épices et c'est comme si un gouffre abyssal s'ouvrait sous mes pieds. Grande inspiration et je me recule, réalisant que je rougis je me tourne vers les plats, masquant mon trouble comme je le peux. J'attrape une cuillère à soupe et me mordille la lèvre inférieure. -"Je peux?" J'attends d'être sure que oui avant de planter la cuillère dans la première entrée à ma portée. Ce ceviche aux nuances d'agrumes vient exploser dans ma bouche et je gémis de plaisir en me tournant vers lui. La cuillère hors de la bouche j'y porte pourtant encore la pointe de la langue, cherchant à retrouver l'équilibre absolu de ce plat, sans me rendre compte de ce que ce geste peut avoir de... suggestif.

Comment fait il ? Pour afficher ce petit sourire en coin qui me fait littéralement craquer ? J'essaie de masquer mon trouble pour me concentrer sur les plats qu'il a préparé, mais la sensation de sa barbe naissante sous mes lèvres est venue électriser ma peau et je peine à retrouver un souffle complètement serein. Alors j'attrape une cuillère et dès qu'il m'y autorise je plonge dans la première assiette à ma portée.

Sauf que l'explosion de saveurs qui résulte de cette bouchée, ne m'aide pas du tout à afficher de la réserve. Au contraire, c'est un gémissement de plaisir qui franchit mes lèvres alors que je me tourne vers lui la pointe de la langue cueillant les dernières notes acidulées sur la cuillère. -"C'est déjà magnifique... mais mmm une pointe de gingembre ?" Je crois que ça apporterait ce petit twist qu'il semble désirer y trouver. -"Et piment?" Le piment c'est difficile à doser, si on veut éviter le feu et seulement en ressentir l'intéret et les bienfaits, mais je ne doute pas qu'il en soit capable. Evan est un véritable génie de la cuisine et parfois j'arrive à me convaincre que c'est l'unique raison qui m'a poussée à l'embaucher.

Seulement parfois? Oui... parce que le reste du temps je croise son regard et le trouble qui nait dans mon ventre me convainc du contraire. Il a clairement apporté un vent de changement dans ma vie bien ordonnée. C'est un jeune homme talentueux, charismatique, et chaque plat qui sort de sa cuisine est une explosion de saveurs. Pourtant, je me surprends à me laisser emporter par quelque chose de plus profond, quelque chose que je n'avais pas anticipé ou que je me refusais à voir.

J'ai toujours été responsable, dévouée à maintenir l'ordre et l'efficacité dans mon établissement et puis... j'ai été sa belle-mère ! Mais depuis l'arrivée d'Evan, mes pensées semblent dériver vers des eaux inexplorées. Des émotions insoupçonnées émergent, brouillant les lignes de mon monde professionnel et personnel.

Chaque jour, je me répète que mon rôle ici est purement professionnel, que les sentiments et les désirs n'ont pas leur place dans ces murs. Mais à chaque instant passé à observer Evan manœuvrer avec grâce et passion dans la cuisine, je sens une tension monter en moi. Une tension que je refuse d'admettre, que je ne dois pas laisser éclore. Les dégustations pour tester de nouveaux plats deviennent des défis intérieurs. Chaque bouchée est un pas supplémentaire vers une frontière qui doit rester inatteignable. Les conversations informelles se transforment en moments de complicité, et je me surprends à chercher son regard au milieu de l'agitation de la cuisine.

La fragrance enivrante des épices se mêle à une fragrance plus subtile, celle de son parfum et du désir naissant. Je m'interroge sur cette connexion naissante entre Evan et moi, remettant en question mes propres préjugés sur l'âge et le désir. Les barrières que j'ai érigées pour me protéger commencent à se fissurer. Je tente de camoufler mes émotions derrière des notes professionnelles, mais je sais que quelque chose est en train de changer. La cuisine devient un terrain de jeu pour des sentiments inattendus, un endroit où les lignes floues entre le professionnel et le personnel qui m'invitent à explorer des territoires interdits.

J'ai le sentiment qu'il m'invite à transcender les limites que je m'étais imposées, à accepter que le désir peut fleurir sans contrôle. Je suis à la croisée des chemins, déchirée entre ma raison et les pulsions qui me guident vers lui. Je souris et l'observe avec attention, m'approchant instinctivement pour humer de nouveau les flagrances délicates de son parfum. Je ferme une seconde les yeux, prenant une longue inspiration et contenant avec peine un petit soupir. Je me perds... c'est dangereux... mais tellement doux.

Difficile de me concentrer sur l'échange et sur la qualité de son plat, quand il est aussi près de moi. Je ne saurais dire comment il fait ça, mais j'ai la sensation qu'il aimante toute mon attention. C'est physique, animal, ça fait vibrer ma peau, ça m'assèche la bouche et... ça me donne envie de me fondre contre son corps pour éprouver la douceur de sa peau. Je propose du gingembre avant de pencher pour le piment et sa réaction me tire un sourire. Cet index doctement dressé me laisse penser que je viens de l'inspirer et cette idée me fait plaisir.

Evan se remet aux fourneaux torréfiant un poivre qui embaume directement la cuisine. Ses yeux pétillent d'une lueur espiègle, comme s'il savait pertinemment l'effet qu'il a sur moi, à moins que ce soit ce que je souhaite voir? Je ne sais plus vraiment... La complicité entre nous s'intensifie au fil des jours, chacune de nos interactions devenant une danse délicate entre la passion pour la gastronomie et une tension indéniable. En tout cas pour moi ça se complique à chaque seconde passée en sa compagnie.

Ses mains agiles manient les ingrédients avec une précision qui témoigne de son talent inné et je me demande si elles sont aussi agiles en d'autres circonstances en me mordant la lèvre, comme pour me punir de l'indécence de mes pensées. Je ne peux m'empêcher de le regarder travailler, captivée par la fluidité de ses gestes. La frontière entre le professionnel et le personnel devient de plus en plus floue, et je m'interroge sur la nature de cette connexion grandissante. Je le regarde avec... envie et je soupire quand il relève les yeux pour m'inviter à découvrir ce twist.

Je devrais m'approcher et reprendre ma cuillère... mais je m'approche de lui et le parfum de sa peau qui se mêle au poivre est juste enivrant. Je dois... me décoller et me calmer, alors pourquoi je fixe simplement mes yeux dans les siens sans rien dire. L'atmosphère électrique s'épaissit, tout comme le désir qui s'affirme lentement en moi. Evan, est il conscient des feux qu'il attise en moi ?Je me débat entre la nécessité de maintenir une façade professionnelle et la tentation de succomber à ces émotions troublantes et je réalise que je suis perdue quand sa main se pose sur ma hanche. Je peux sentir la chaleur de sa paume, à travers le tissu et je suis déchirée, partagée entre les règles que je m'étais imposées et le torrent d'émotions qui me submerge. Mes propres barrières, forgées par la raison et l'expérience, vacillent face au charme incendiaire de cet homme qui m'est pourtant interdit.

Il s'approche avec une douceur qui me met le feu au corps. Nos regards se croisent, et dans cette fraction de seconde, toutes les barrières semblent s'effriter. Je sens sa présence envahir l'espace entre nous, laissant derrière elle une traînée d'excitation. Les odeurs enivrantes de la cuisine se mêlent à nos propres parfums, créant une symphonie sensuelle qui accompagne nos pas vers l'inconnu. Lorsque il s'avance je sens le souffle chaud de sa proximité, cette façon délicate qu'il a d'attirer mon corps à lui. Une décharge électrique traverse mon corps, faisant naître des frissons sur ma peau. J'oscille entre la réalité rationnelle et le tourbillon émotionnel qui m'emporte et puis je laisse tomber le contrôle, mon bassin se tend effleurant le sien et je lève la main pour doucement caresser sa joue et l'attirer à moi à son tour. C'est dangereux, je le sais, mais la douceur de ce moment m'attire inexorablement. Nous sommes tous les deux sur le fil du désir, mais cette bulle passionnelle se rompt aussi vite qu'elle s'est installée et on sursaute comme deux ados avant que je ne tente de reprendre contenance. -"Andrew.." Ma voix est troublée et je toussote pour essayer de le faire oublier tout en m'avançant vers lui pour récupérer les plis dans ses mains. -"Merci beaucoup." J'ai envie de lui hurler dessus... alors qu'il est charmant et que ce n'est pas de sa faute si il a interrompu un moment que je désire depuis trop longtemps... -"On se fera un plaisir de vous faire découvrir les pépites du chef dès que la carte sera prête." Vraiment? Ce serait génial ça ! Mais je... enfin... -"Un cadeau de la maison, pour vous et qui vous le désirerez." Je rejoins doucement la porte, comme pour l'enjoindre à faire de même, mais il avance d'un pas et ajoute. Vous, vous dineriez avec moi? Prise au dépourvue j'ouvre de grands yeux et papillonne une seconde des paupières avant de sourire gentiment. -"C'est adorable mais je ne... non je ne le souhaite pas." J'aurais pu dire que je ne peux pas, mais j'ai envie d'être sincère. J'ai le ventre débordé d'envies et clairement elles sont centrées sur une seule et unique personne... alors je ne vais pas succomber aux avances du premier venu. Il affiche un air déçu avant d'ajouter. Une prochaine fois alors. Ne désarmant pas, il quitte pourtant la cuisine et je le raccompagne pour fermer la porte du restaurant derrière lui. Revenant sur mes pas je ne sais plus trop si je dois le rejoindre ou non, complètement perturbée par l'envie sauvage que j'ai eu de l'embrasser.

Le corps en feu, le souffle court, le rose aux joues, ce sentiment d'être prise en faute est perturbant à gérer. Je n'ai plus quatorze ans ! Pourtant je me comporte exactement comme une adolescente dont la mère serait rentrée plus tôt qu'escompté ! Cette pensée me tire un sourire et je fais le trajet en sens inverse en me mordillant la lèvre inférieure. Je dois me calmer, me montrer pro et tout ira bien. Facile à dire quand son regard doux et perdu me donne envie de le serrer dans mes bras en caressant ses cheveux.

Je gouterais ce dessert à même son doigt avec un plaisir fou et cette simple idée me provoque une bouffée de chaleur. -"Ne te mets pas la pression Evan, tu es largement au niveau." Je souris et m'approche en lui décochant un clin d'oeil avant d'abandonner ma tête une seconde contre son épaule. -"Tu survoles le niveau en fait. C'est dans un grand étoilé que tu serais à ta place et je ne sais pas si je t'ai dit à quel point je m'estime chanceuse de t'avoir?" Je crois bien le lui avoir dit, tout comme j'ai accordé par avance tout ce qu'il pourrait souhaiter pour la cuisine, en terme de matériel ou de personnel.

Je me hisse sur le plan de travail, m'asseyant dos aux assiettes, les yeux fixés dans les siens. Je me penche juste assez pour approcher le tiramisu à portée de main. J'y trempe le doigt et le porte à ma bouche en soupirant de plaisir, gémissant doucement alors que je ferme les yeux une seconde. C'est une explosion pour mes papilles, l'amertume du café délicatement contrecarrée par la douceur de cette crème de mascarpone. Terrible en terme d'équilibre. Je rouvre les yeux et suçote mon doigt une seconde avant de m'intéresser vraiment à la question qu'il vient de me poser. -"Je t'ai déjà parlé de mes grands-parents ?" J'en doute. Il est assez rare que je parle de moi, encore moins de ma jeunesse ou de mon enfance. Pas que j'en ai honte, au contraire, mais je suis assez discrète, voire taiseuse, quand il s'agit de me raconter. -"Tu côté de ma mère, ils sont français. Normands en fait et j'ai le souvenir d'un plat qui s'appelle la Teurgoule. Je ne sais pas si tu connais?"

Je me sens un peu ridicule à évoquer ce plaisir d'enfance, face à un cuisiner émérite... C'est sans doute bien trop simple et je doute que... ça aide. Mais j'ai le souvenir de l'explosion de cannelle sur la pointe de ma langue, de la douce caramélisation et de la tendreté du riz cuit pendant des heures... J'adorais ça. J'ai d'ailleurs un sourire nostalgique aux lèvres, avant de fermer les yeux et de plonger doucement dans mes souvenirs. C'est tendre, doux, je m'affranchis des misères du quotidien pour simplement me rassénérer à mon histoire. Tout serait plus simple si... j'avais encore cette candeur. Si je n'étais pas assez folle pour désirer de toute mes forces l'homme qui m'est surement le plus interdit sur cette foutue planète ! Je le sais! Je devrais me contenter de passer à autre chose... pourtant j'en suis incapable. Je rouvre les yeux et en me mordillant la lèvre inférieure je replante le doigt dans le tiramisu avant de le lui tendre. -"Goute et ose me dire que c'est trop, ou que ça manque de quoi que ce soit !" Pente savonneuse? Oui... mais je crois qu'un petit vent de folie vient de me souffler que je n'ai qu'une vie.

Ses doigts qui se glissent contre la peau de ma main provoquent un frisson électrique qui vient dévaler ma colonne vertébrale me poussant à me cambrer légèrement. Sa bouche se referme et je peux sentir sa langue qui me nettoie de la crème de mascarpone. J'ai un petit soupir et mes dents se referment une seconde sur ma lèvre inférieure. J'ai un sourire doux affiché sur les lèvres alors que je secoue doucement la tête. -"Moi je sais."

Petite mimique et ce geste de la tête, vers l'avant, comme pour lui dire "haut les cœurs". Il attire ma main à lui, y pose les lèvres et je ne peux m'empêcher de songer à l'envie de remplacer ma paume par ma bouche, envieuse de connaître le gout de ses lèvres. Je ne peux pas penser à lui en ses termes, c'est inconvenant, pour tellement de raisons... Il est mon employé, ce qui fait de moi une harceleuse sexuelle et mon ex beau fils... ce qui fait de moi une... une perverse? Je pousse un petit soupir alors qu'il libère ma main et passe la sienne sur son visage, l'air vraiment las. -"Je n'ai aucun doute, ça va fonctionner Evan. Ta cuisine est géniale, pleine de finesses et de subtilité."

Je cherche à le rassurer, ou à le convaincre, je ne sais pas trop. Je crois que j'ai envie qu'il puisse s'appuyer sur moi, sur ma certitude et le plaisir que j'ai à gouter ses plats. D'ailleurs je ne boude pas mon plaisir et attaque une nouvelle fois le tiramisu en poussant un petit gémissement ravi. -"On peut fermer, sur une date la semaine prochaine et se poser tous les deux sur le nouveau menu?" J'essaie de le retenir... alors qu'il vient de me dire avoir besoin de se reposer. -"Oublie, va te... te reposer et on en parlera plus tard." Je descends du plan de travail, pour me retrouver entre ses bras. Une bouffée de son parfum et je me sens rougir, je ferme les yeux, pour savourer la chaleur que je sens émaner de lui et je me tourne, me retrouvant à lui présenter mon dos, à écraser mes fesses contre lui également. -"Je vais gouter, noter mes appréciations et on en parlera plus... plus tard. Et je m'occupe de ranger." Petit sourire par dessus mon épaule, ne sachant plus du tout comment me comporter. -"Au dessus c'est encore en travaux mais j'ai commencé à peindre et je me suis installé une sorte de petit campement, si tu veux te reposer c'est idéal."

J'ai acheté l'étage, dans l'idée d'aménager une sorte de bar lounge en association avec le restaurant, mais n'ayant pas de moyens illimités je fais beaucoup des travaux par moi même. -"J'te préviens c'est spartiate." Petit rire qui m'échappe quand je songe qu'on est très loin de l'image glamour et class que je peux véhiculer au restaurant.

Je le regarde quitter la cuisine et je ne peux m'empêcher de soupirer quand sa silhouette disparait hors de ma vue. Je lui ai donné les clefs de l'appartement au dessus, me disant que malgré le bazar des travaux en cours ça lui permettrait de trouver le sommeil plus facilement que si il devait se taper la route jusqu'à chez lui. Et puis, égoistement je me plais à le savoir tout près. Nouveau soupir et je hausse les yeux au ciel en réalisant que je suis ridicule à penser ça.

Je ne peux résister à gouter une entrée, puis un plat en gémissant de plaisir et je prends quelques notes sur un petit carnet avant que le téléphone ne sonne et me fasse quitter la cuisine, non sans emporter le tiramisu. Je suçote ma cuillère entre deux prises de paroles avec Gerald. Il négocie la carte des vins du restaurant et ça ne tourne pas vraiment en ma faveur. Pour le moment je n'ai pas de gros volumes à lui commander et ça le pousse à me proposer des prix quasi prohibitifs. -"Je ne peux pas consentir un tel effort, donc soit vous êtes en capacité de faire une baisse de tarif de 12% soit je serais obligée de me diriger ailleurs." Gromellement rageur et il raccroche, je soupire et regarde tristement le dessert dans lequel je replonge la cuillère. Un nouveau petit gémissement et je vais comme promis ranger la cuisine avant l'arrivée de l'équipe. Les mises en place sont déjà bien entamées et je suis toujours impressionnée de découvrir quelle force de travail il peut représenter.

Une fois tout ranger et nettoyé, la pavlova ponctionnée d'une ou deux bouchées, me faisant songer à aller faire un footing, je regagne mon bureau. Je vérifie nos comptes, vais ensuite comparer tout ça avec les stocks et m'attèle à tout un tas de petites tâches parasites. Je relève la tête de mes occupations en entendant l'équipe arriver. Il est déjà si tard ? Je me lève pour aller les accueillir et signale que je vais aller chercher le chef. C'est étonnant de parler de lui en ces termes, ça a tendance à me faire frissonner et j'humecte ma lèvre inférieure avant de sortir du restaurant et de monter doucement à l'étage. Je n'ai pas envie de le réveiller en sursaut, alors j'hésite à m'annoncer et me retrouve à approcher doucement, pour le découvrir allongé et endormi un de mes vêtements sur le visage. Il a du avoir besoin de créer une forme d'obscurité supplémentaire et ne trouver que ça. Dans cette position, recroquevillé, ses cheveux en bataille, détendu, il est d'une beauté à couper le souffle et je ne peux résister à l'impulsion qui me pousse en avant.

Je viens me laisser glisser à genoux et le contemple en souriant tendrement avant de laisser ma main s'élever et se glisser dans ses cheveux pour les replacer doucement. Je regarde son visage d'ange, son corps alangui et son haut qui révèle un peu de la peau de son ventre. La naissance de cette ligne virile, sous son nombril me tire un fremissement et m'assèche la bouche, je crois même que je laisse filtrer un petit gémissement qui me fait rougir, à moins que ce soit l'indécence de mes pensées. Il était mon beau fils... je ne peux pas le regarder de cette manière, je n'en ai pas le droit, ça fait de moi une espèce de satyre détraquée et je n'ai pas envie qu'il disparaisse de ma vie en le réalisant.