Haylin 1 // Please, help me.

--Outfit-- Le crépuscule s'étire doucement sur la ville, teintant le ciel d'une palette de couleurs chaudes. Mes pas résonnent dans la rue pavée, accompagnés par l'écho de ceux qui me suivent. Un frisson glacial court le long de ma colonne vertébrale, amplifiant le sentiment de vulnérabilité qui m'envahit. Les ombres des hommes derrière moi s'allongent comme des prédateurs, prêtes à fondre sur leur proie. Cadence frénétique, en harmonie avec les pulsations erratiques de mon cœur. Chaque battement résonne comme un tambour de l'angoisse, une symphonie discordante qui accompagne ma fuite en avant. Les murmures menaçants des hommes derrière moi se mêlent à la mélodie sinistre qui résonne dans mes oreilles. Ils ont demandé une clope que je n'avais pas... et mon numéro que je ne veux pas donner... depuis je ne me sens pas du tout en sécurité. Je presse le pas, espérant trouver un répit dans l'anonymat des ruelles sombres. Les murmures indistincts des hommes résonnent à mes oreilles, leur présence oppressante me poussant à accélérer. Mon cœur bat à un rythme effréné, une symphonie d'angoisse. Je me retourne à plusieurs reprises, confirmant qu'ils sont toujours là, insidieux, comme des hyènes à l'affût.

L'obscurité des ruelles accentue la sensation d'oppression qui me serre la poitrine. Mon souffle devient court, précipité, tandis que l'angoisse tourbillonne dans mon ventre comme une tempête déchaînée. Chaque coin sombre semble abriter une menace potentielle, chaque ombre s'anime de l'inconnu. Puis, ses yeux. Profonds et réconfortants, ils se détachent de l'obscurité ambiante. Une étincelle de compréhension, un éclat qui perce l'atmosphère étouffante. Le soulagement m'envahit brièvement, un répit dans la tourmente. Mes pas me portent vers cet inconnu providentiel, un élan de confiance fragile naissant de son regard doux.

Sans réfléchir, je m'approche de lui. Mes mains tremblent légèrement, mais je m'efforce de dissimuler ma peur. Devant lui, je relève la tête avec une audace feinte, plantant mon regard dans le sien. Un sourire complice flotte sur mes lèvres, trahissant à peine l'urgence qui pulse dans mes veines. -"Bébé, tu m'as manqué," déclare ma voix avec une assurance que je ne pensais pas posséder. Mes bras se glissent autour de sa nuque, s'accrochant à ce rempart inattendu. Je sens la chaleur de son corps, le battement régulier de son cœur, et je m'en imprègne comme d'une bouée de sauvetage, alors que je prie pour qu'il entre dans mon jeu. Sur la pointe des pieds, je sens une petite décharge électrique au contact de ses lèvres, une étincelle inattendue qui illumine l'obscurité. Nos bouches se rejoignent dans un baiser improvisé, que j'initie pour ne pas laisser le moindre doute possible à mes poursuivants. Ce baiser né de la nécessité est étrangement passionné... comme si je tentais d'éteindre ma trouille, de la calfeutrer derrière la chaleur rassurante de cet inconnu et le gout délicieux de ses lèvres.

Un instant suspendu dans le temps, où la peur s'estompe, submergée par la force du contact. Puis, une réalisation affolée traverse mon regard lorsque je me recule. Mes yeux reflètent l'urgence et la vulnérabilité, mais aussi une lueur d'espoir fragile. Dans cet inconnu, peut-être ai-je trouvé un allié, un complice dans cette nuit imprévisible où le destin a tissé nos chemins de manière inattendue. Je sens les regards inquisiteurs des hommes derrière moi, mais je m'en fiche. Pour l'instant, cet homme inconnu est mon refuge, ma planche de salut. Tu la connais ? Allez viens ! Putain... je pensais pas qu'ils oseraient continuer à insister. Mes prunelles expriment sans doute ma trouille à cette idée et je le supplie silencieusement de me revendiquer... C'est triste mais j'ai appris à la dure que dans certains cas les hommes n'entendent pas le "non" d'une femme aussi aisément qu'ils peuvent entendre la "propriété" d'un autre homme.

Disparue… Loïs est soudainement partie. Comme ça. Elle a laissé Malta. Elle a pris quelques affaires. Pas un mot, pas un message. Rien. J’avais cru… Sans doute connement que… Que rien… Je suis stupide. Le pire, c'est de ne pas avoir d’explication. Juste… Rien. L’absence… Cette nuit sous les étoiles restera un doux moment et un souvenir précieux. Autant que ses lettres quand j’étais en prison. C’est terminé. Elle est partie je ne sais où pour je ne sais quelle raison. Mais je me sens seul et désemparé. J’ai fait ce que je savais faire de mieux. Bricoler. J’ai réparé des motos, arrangé, occupé mes journées tant bien que mal. J’ai pas le moral en fait. Une semaine passe puis deux. Je commence à être en colère puis je me dis que c’est stupide. Qu’elle ne m’a rien promis… Bref c’est stupide. Je décide de me changer les idées, et après une douche et un coup de tondeuse dans les cheveux et sur la barbe je sors faire un tour. Non je ne veux pas de cheveux longs, pas dans mon état et pas dans cette situation. Laisser le spectre du passé derrière moi me semble bien plus intelligent. Un jean, un t-shirt noir à manches longues et mon cuir de Hounds c’est tout ce que je veux. Je prends mon colt single action army car je me sens nu quand il n’est pas avec moi. Ce vieux tromblon capricieux est ma relique, je ne m’en sépare pas… Putain c’est encore plus pathétique de m’avouer ce genre de chose…

Je m’arrête près d’un store et j’achète des trois trucs que je range dans mes sacoches. Je vais peut-être me faire une sortie et au pire je rentrerai les choses chez moi. Je suis posé et alors que la lumière du soleil couchant est éblouissante de douceur et de couleurs, je me décide à me griller une clope. Merde, je n'avais pas dans l’idée d’arrêter ça ? Je vais en tirer une du paquet quand une nana ultra-jolie se glisse près demi et me regarde dans les yeux pour m’appeler Bébé et me dire que je lui ai manqué. Je m’apprête à lui dire qu’elle fait erreur ou alors tenter de regarder qui est ce « bébé » qui doit se trouver derrière moi. Mais elle saisit ma nuque et m’embrasse et… Waow… C’est quoi le délire là ? Soudain, je réalise la douceur fiévreuse de son baiser et son corps qui s’alanguit contre le mien et sa poigne douce et ferme. Je me laisse faire et me surprend à entrouvrir les lèvres au moment où elle se recule et moi j’ai besoin d’un instant pour réaliser qu’un ange vient de poser sa bouche sur la mienne et que je n’étais pas prêt pour ça. Je vais parler quand rapidement je vois son regard et tourne la tête. Ils sont 4 et visiblement, ils la suivaient… Oh merde et moi qui me pensais irrésistible… Non en fait ça me rassure. C’est plutôt logique et rassurant pour mon cerveau de considérer qu’elle cherchait la protection et qu’elle n’aborde pas de mecs de cette manière. Putain je vais encore jouer les débiles… Un des mecs insiste alors que la nana est dans mes bras. Il n’a sans doute pas vu mon cuir et ma moto est de l’autre côté de la rue. Je regarde le mec prenant la jeune femme par la taille.

« Pourquoi t’es de la police ? C’est ma meuf en quoi ça te regarde ? »

Je sors mon ton le plus méchant et acerbe. Ils sont 4 et moi je suis seul, mais j’ai mis la jeune femme du côté gauche et j’ai un colt contre le pan gauche de mon cuir qui peut être dégainé très vite et redoutable à courte distance. Mais pour l’heure je le garde caché et lui lance.

« Prends tes powers rangers et tirez-vous avec vos questions de merde. »

Je me tiens prêt malgré mon air nonchalant. Mon arme sera rapide à dégainer et je doute qu’ils se sentent capables de me prendre de vitesse une fois qu’ils auront été surpris par l’arme et la détonation. Je la joue intimidation et j’espère que ça suffira…

Je peux lire la surprise dans son regard et je crains l'espace d'une seconde qu'il n'entre pas dans mon jeu et me rejette dans la tourmente. Mais non, il enroule son bras contre moi, me place à son côté et sa voix résonne dans la ruelle. Ma main glisse sous le cuir, pour s'arrimer contre sa hanche et je le regarde avec une admiration que je n'ai pas à feindre. Clairement il me sauve. Et quoi t'es pas partageur? Franchement un petit cul comme ça faut en faire profiter les copains. Je me sens salie, dégoutée par la façon dont il parle de moi. Le néanderthalien pense vraiment me complimenter en débitant de la merde comme ça ?

J'ai un petit frisson de dégout autant que de peur et je regrette presque d'avoir embarqué cet inconnu dans cette histoire. Ils sont nombreux et c'est comme si ça créait une forme d'effet de meute. Comme des chiens excités par le sang lors d'une putain de chasse à courre. Le plus vaillant de la troupe s'avance, tendant la main vers moi même s'il est trop loin encore pour me toucher et je niche le visage contre lui, complètement flippée. -"Mais foutez nous la paix bordel !" Pas vraiment sur que ça suffise à le retenir vu le connard. J'ai envie de crier, d'appeler à l'aide au moins autant que de lui prendre la main et de m'enfuir avec lui en courant. Sauf que j'ai pas du tout les chaussures adaptées à un sprint.

Dans un coin de mon esprit je note de ne plus sortir la nuit tombée sans une paire de baskets à enfiler. C'est triste non ? D'être obligée de penser à ce genre de chose ? Certes mais c'est toujours moins hard que ce qui pourrait m'arriver dans le cas contraire. Les copains du meneur se sentent pousser des ailes et un autre s'approche en défiant l'inconnu d'un regard mauvais. Et de toute façon tu vas faire quoi. T'es tout seul man, alors casse toi et ça t'évitera de finir la gueule en sang. Je couine et relève le visage pour me mordre la lèvre en le suppliant du regard de ne pas me laisser.

Je ne sais pas pourquoi il me rassure autant, mais clairement s'il se barre je suis pleinement consciente de m'apprêter à passer un moment pire que détestable. Je tremble de peur mais je tourne le visage vers ses mecs et fronce les sourcils. -"Franchement... je vous déconseille d'essayer." Ouais pas sure que le défi soit vraiment une bonne solution... mais je ne vois pas quoi faire d'autre qu'essayer de rester solide dans la tempête. À la lueur des réverbères, la peur éclaire les contours de mon visage. Mes yeux implorent l'inconnu de jouer le rôle salvateur, d'être le défi qu'ils ne sont pas prêts à affronter. Mon souffle se mêle à l'air frémissant, formant des nuages de vapeur dans le froid de la nuit. -"Viens mon coeur... ils en valent pas la peine."

Okay ça m’énerve que des abrutis se comportent aussi mal et en plus ça réveille chez moi ce désir qui avait fait que je veuille de venir flic. Je voulais être le héros qui sauve tout le monde, qui protège les opprimés… Putain de foutaise… Je n’ai été qu’une merde assez lucide pour ne pas comprendre que le mieux que j’avais à faire était de me terrer au fond du trou du cul du monde et laisser les idéaux à la poubelle. Et là, alors que le connard me dit qu’il faut faire profiter les copains, je raye de ma tentative d’intimidation une quelconque morale sur le désir et le consentement féminin et que même si j’en avais le pouvoir je ne donnerais pas ma copine à cette bande de crevard.

« T’es pas mon pote alors enculez-vous entre vous si vous avez la bite en feu »

La fille se raidit et exige qu’ils nous foutent la paix. Mais c’est le souci des prédateurs. En groupe, ils se sentent forts et ils le sont. Il faut que la « proie » se montre redoutable pour qu’ils s’en aillent. D’ailleurs un de mecs rappelle que je suis seul contre quatre. Bon visiblement ils n’ont pas prévu d’être raisonnable. Ce ne sont pas des petits cons qui s’amusent mais de véritables fous furieux dangereux… Mais le mec m’a aussi annoncé qu’ils n’ont pas d’armes et qu’ils pensent pouvoir me cogner. Ouais ils n’ont pas tort. Seul j’ai aucune chance. Heureusement j’ai un ami avec 6 arguments dans ma poche. La fille tente de les décourager mais elle est trop flippée pour que ça fasse effet. Ils le voient et alors qu’elle tente de m’attirer en retrait en disant qu’ils n’en valent pas la peine je vois un d’eux faire un pas en avant. La fille dans mon dos j’ouvre ma veste il a un mouvement de recul. L’instant d’après j’ai tiré mon Colt single action Army de son étui huilé et armé le percuteur. Je vise la paire de couilles du premier mec qui a un mouvement de recul imité par ses potes.

« J’vous conseille d’y aller et priez pour que je ne lance pas mes frères des Hell Hounds sur vos culs de petites salopes… »

L’un d’eux blêmit et réalise en voyant mon cuir et la moto plus loin. Il agrippe le poignet d’un pote et il l’entraine en retrait. L’un deux me regarde méchamment et va ouvrir la bouche pour dire un truc ou faire le grand.

« Ta gueule toi. Casse-toi. Un mot et tu devras t’en faire greffer une… »

Je les laisse s’éloigner en rageant et une fois disparu, je laisse passer quelques secondes avant de désarmer le percuteur en douceur. Je fais tourner l’arme autour de mon index et rengaine avant de rabattre ma veste dessus. Je me tourne vers elle doucement.

« Vous allez bien ? »

J’aurais bien tutoyé et appelé bébé pour rigoler mais je crois qu’elle est en panique et qu’elle pourrait s’imaginer que j’ai dans l’idée qu’elle me remercie de l’avoir sauvé en lui faisant pratiquer sur moi plutôt que sur 4 mecs à la fois…Non pas mon style. Je préfère ne pas la choquer davantage. Et puis officiellement je suis un voyou et ça vient une fois de plus de me sauver la vie… Putain de sous-merde que je suis… Je me dégoute.

L'inconnu, sans dire un mot, se tient là, un roc imperturbable dans la tourmente. Son regard, froid et déterminé, scrute les agresseurs, et son attitude défie toute tentative de perturbation. Le meneur, confronté à cette inébranlable force tranquille, ne doute pas pour autant et je commence à paniquer de plus en plus. Les murmures de la rue, autrefois plaisants, me semblent désormais menaçants, ils s'estompent pourtant à mesure que l'étranger devient l'ombre protectrice qui dissipe les ténèbres. Il me glisse dans son dos et je le vois ouvrir sa veste et en sortir une arme.

La suite me terrorise presque plus que les types que je cherchais à fuir. Hellhound ? J'ai bien entendu ? Je me suis précipitée dans les bras d'un membre de gang ? D'un autre côté, si j'en crois les copines et ce qu'on peut entendre entre femmes en règle générale, ils sont pas tendres, mais ils ont clairement une idée de ce que "consentement" veut dire. Ce qui devrait être la base, on est d'accord ! Mais qui est en fait déjà une putain de chance dans cette société.

Mes doigts se serrent presque compulsivement et je crois que je me mets à prier, sans bien savoir qui ou quoi, simplement flippée. Pourtant ça ne s'éternise pas vraiment, manifestement les ardeurs de ces connards sont douchées et c'est la débandade. Déstabilisés par cette résistance inattendue, ils jettent des regards méfiants, mais n'osent pas défier davantage et ils se font la malle. La rue retrouve peu à peu son calme, et la menace s'évanouit dans la pénombre. À l'abri de cette nuit qui aurait pu être funeste, je réalise que l'inconnu est devenu mon ange gardien, un phare dans la noirceur et quand il se tourne vers moi pour me demander gentiment si je vais bien je me jette contre lui et passe les bras autour de sa taille pour le serrer très fort.

-"Merci," un murmure alors que j'essaie de reprendre un peu de contrôle et de me calmer assez pour enfin le lâcher et me reculer. Je lève le visage vers lui, le regard empreint de gratitude. Je lui souris, essayant de laisser derrière nous l'ombre de la peur, portée par un petit vent d'euphorie. -"Est ce que je peux savoir comment s'appelle mon sauveur?" C'est dit avec un petit froncement de nez avant une grande inspiration visant à me ramener au calme et à m'éviter de fondre en larmes.

Les bruits de la rue reprennent leur mélodie familière, teintée d'une légèreté retrouvée. L'inconnu, tel un mystère incarné, offre un réconfort sans mots, une présence chaude et rassurante, qui m'a clairement évité l'horreur. Je me permets un soupir de soulagement, sentant la tension qui s'était emparée de mes épaules se dissiper peu à peu. -"Je ne sais pas comment te remercier," j'articule enfin, -"Je pourrais peut être t'offrir un verre ?" Clairement pas mon style ça. Encore moins avec... un voyou ? D'autant moins intelligent que je sais pertinemment que ça ne sera pas au goût de l'ordure qui contrôle ma vie. La CosaNostra semble vouloir s'étendre sur la ville et chaque organisation adverse est un pion ou un ennemi potentiel ! Je ne veux rien avoir à faire avec ces gens en même temps ! Et je considère aussi qu'on doit juger un livre à son contenu et pas à sa couverture. Cet homme, tout chien de l'enfer qu'il soit, a été parfaitement adorable à mon égard. -"Je ne sais pas ce que j'aurais fait... si tu n'étais pas entré dans mon jeu." Je happe ma lèvre inférieure de la langue et j'ai un petit frisson quand c'est la saveur des siennes que j'y trouve, ce qui me fait délicatement rougir.

Je joue les cowboys. L’enfant en moi serait au paradis et l’homme repris de justice se dit qu’il s’enfonce un peu dans la merde à se comporter ainsi. Pourtant je déteste ce genre de mecs. Des lâches qui pensent avec leurs bites. Le pire, c'est que si elle portait plainte ils seraient encore capable après avoir brisé cette femme de plaider pour atténuer leur acte immonde… Des violeurs en puissances. Des ordures… Des merdes… Je me fais violence pour ne pas dégainer et tirer pour qu’ils partent plus vite encore. Ils sont partis et je parviens à me calmer et retire ma main de ma crosse de pistolet. Je pense me tourner quand la jeune femme se tourne vers moi. Elle tremble encore. Elle me regarde et tente de sourire malgré tout. Elle me remercie et je hoche la tête avant de me dire que je vais y aller mais elle me demande si elle peut connaitre le prénom de son sauveur ? Je hausse les sourcils, surpris de sa question et lance tout simplement.

« Hayden… Je… Je ne suis pas un sauveur »

Juste une sombre merde qui était juste plus armé et dangereux qu’eux même si dégainer mon arme dans cette situation m’aurait renvoyé en prison tout de suite. Car à moins qu’ils soient eux-mêmes armés, la loi m’interdit de … Oh et puis merde je ne suis plus flic… Mais pas un voyou non plus même si j’en ai l’air… Bah après tout j’en suis un. Qu’est-ce que du Ketchup si ça a l’apparence, l’odeur, la texture et le gout du ketchup ? Surement pas de la mayo… Ouais donc sans doute qu’a force de me la jouer voyou j’en suis un… Elle me demande alors comment elle peut me remercier ? Et me propose de m’offrir un verre. C’est marrant j’aurais proposé qu’elle m’embrasse de nouveau comme quand elle se faisait passer pour ma copine… Non… après ce qu’elle vient de vivre c’est même indécent de penser comme je viens de le faire…

« Heu… Okay pour un verre. »

Je suis pris de court. Elle ne devrait pas vouloir s’enfuir sans demander son reste ? Aucune fille bien ne resterait avec moi. Pourtant je lui fais signe et voilà qu’on se dirige hors de la ruelle pour aller vers un bar qui s’y trouve. On s’avance et la voilà qui me dit qu’elle ne sait pas ce qu’elle aurait fait si je n’étais pas entré dans son jeu. Je repense alors au baiser et pince mes lèvres tout en profitant de ça pour déguster de ma langue la saveur de son baiser restée sur ma lèvre. Je racle ma gorge doucement pour me ramener à la réalité.

« C’est inutile d’y réfléchir, ça n’est pas arrivé et c’est tant mieux. Et toi c’est comment ? »

J’avance mains dans les poches et on entre dans le bar. C’est calme et un peu Lounge. Je replace mon arme dans ma veste en m’arrangeant pour la dissimuler au mieux comme je vais devoir retirer ma veste pour m’installer. Je fais signe au serveur de venir pour prendre la commande et je vais commander la même chose qu’elle ou si c’est un truc trop sophistiqué, ce sera une bière. Je compte rouler je préfère boire léger.

Pas un sauveur ? -"Alors tu n'étais pas, mais c'est chose faite." Un sourire doux, quoique timide et je lui adresse un petit clin d'œil, assez fière de ma rhétorique. Il accepte que je lui offre un verre pour le remercier et je souris de plus belle tout en lui emboitant le pas, lui avouant mon soulagement du fait qu'il soit entré dans mon jeu tout en rosissant doucement à cette idée.

C'est fou quand même qu'un mec puisse pas entendre le non d'une fille, mais accepte sans sourciller la propriété d'un autre gars. Enfin là... c'est allez plus loin que ça et il a clairement du revendiquer "son" territoire. Cette pensée me ramène à son arme et je ne suis pas très tranquille à cette idée, mais d'un autre côté... je crois que je m'en fiche. Parce qu'aussi étrange que cela puisse paraitre, je me sens pleinement en sécurité. Peut être parce que je suis du genre naïf, mais je suis aussi sensible, aux ambiances et aux gens. Alors je ne me pose pas plus de questions. -"Aelin." Je souris plus largement parce qu'il a totalement raison. Me torturer avec le champ des possibles n'a rien de l'idée du siècle.

La peur n'empêche en rien le danger, d'autant qu'il peut surgir à tout moment et de nulle part. Je l'ai appris à la dure et je n'ai pas spécialement envie d'y revenir. Je le suis, on arrive près du bar et on entre pour s'installer. Il me fait face, quand il fait signe au serveur qui vient prendre notre commande. -"Une corona s'il vous plait." Bière douce, de fillette à en croire nombre de mes amis, mais je m'en fiche, je l'aime bien. Je le laisse commander à son tour et plonge mon regard dans le sien. -"Je ne savais pas ce quartier aussi craignos." Peut être parce que je ne suis vraiment pas douée pour voir le danger ? Je ne sais pas trop... depuis que j'ai pris conscience des rets de la cosanostra je suis quand même plus vigilante, plus prudente. Mais je crois que je ne me referais jamais totalement et peut être que c'est finalement un peu rassurant ? De se dire que ce drame n'aura pas totalement façonné ma personnalité. -"Faut croire qu'il faut se méfier un peu partout." Je ne sais pas trop de quoi parler et c'est sans doute ce qui me pousse à faire une référence à la situation dans la venelle. J'aurais bien envie d'aller lui poser des questions, personnelles, mais je suis en même temps consciente que ça ne se fait pas trop. Alors je me contente de sourire et de trinquer quand on nous apporte nos consommations. Timide dans l'âme, il m'est difficile d'engager la conversation, je suis plus quelqu'un qui écoute, en tout cas tant qu'on ne me lance pas sur un sujet passion.

C’est quoi cette manière de me regarder comme si j’étais superman et d’insister pour me donner le beau rôle quand tout ce que j’ai pu faire dans ma chienne de vie c’est d’essayer de bien faire les choses et qu’au final ça fini juste par me péter joyeusement à la gueule ? Bon okay, elle n’en sait probablement rien du tout et c’est normal. C’est pas écrit sur ma gueule même si j’ai parfois l’impression d’avoir tatoué sur le front le mot « déchet » c’est assez compliqué de parvenir à regarder des gens dans les yeux du coup. J’ai l’impression qu’on voit tout mon putain d’historique et ça me retourne le bide. Et puis j’ai un peu la colère en ce moment. Sans doute parce que mon sentiment de déchet est renforcé par le départ soudain et sans informations de Loïs. Elle est partie comme ça. Alors que bêtement j’avais cru… Des conneries encore. Je suis pathétique. Elle se présente après que je lui ai donné mon prénom.

Nous voici à un bar. Quand on s’installe je m’arrange pour avoir le dos contre le mur. Je pose ma veste essayant de faire discrètement un ourlet pour cacher la crosse de mon single action Army. J’adore ce colt et je le déteste à la fois. Aelin s’installe en face de moi et commande une Corona. Je fais deux au barman. La Corona c’est plus du soda à la bière mais c’est léger. Putain Rowan me demanderait si j’ai un retour de puberté si elle savait que je bois ça. Elle déclare qu’elle ne savait pas que ce quartier était aussi craignos. Je n’ose pas lui dire qu’ils le sont tous. Dans les beaux quartiers parfois c’est encore pire. Grattez le vernis et vous aurez la nausée en découvrant les petits secrets des gens bien propres sur eux. Mais étrangement sa douceur me coupe tout désir de lui faire part de cette vision du monde.

« Non ce sont plutôt que les connards peuvent se trouver n’importe où. »

J’essaye de sourire mais ça ne vient pas parce que je suis un connard. Enfin je fais partie de la catégorie. Si si regardez mon casier judiciaire et demandez aux flics… Elle me dit alors avec une pointe de tristesse dans la voix qu’il faut croire qu’il faut se méfier un peu partout. Je hoche la tête. C’est très vrai. Et pourtant je sais qu’il existe des endroits apaisants ou il n’est pas question de toujours regarder par-dessus son épaule. Je respire doucement alors que le serveur nous apporte nos boissons et je trinque avec elle avant de boire une gorgée et de lui dire.

« Y’a… Un endroit sur terre où j’arrive à me dire que je peux relâcher la méfiance. C’est un petit bout de nature près d’un lac. Ou dans le désert. J’ai… Une forte tendance à préférer le camping sauvage plutôt que les murs pour dormir. »

Et le spectacle de la voute céleste ça vaut tous les films ou les matchs de foot de l’univers. Je devrais sans doute tout plaquer et aller me perdre au fond d’une foret et ne plus croiser personne. Mais jamais la police ne me foutra assez la paix pour m’abandonner à mon triste sort. Non… Même si on a prouvé que je n’ai rien fait, on m’a mis en prison 6 ans et depuis on rêve de m’y remettre… Parce que j’ai la bonne taille de tête pour porter ce chapeau… Triste mais vrai. Alors que je la regarde je lui demande.

« Tu as un endroit de rêve toi aussi ? »

Haussement d'épaule et petit signe d'assentiment de la tête. Il a raison, le quartier est sans importance finalement et la violence humaine peut frapper n'importe où, je suis bien placée pour le savoir. Le serveur nous apporte nos bières et je la lève pour trinquer avec lui avant de la porter à mes lèvres et de l'écouter attentivement. Il me parle d'un endroit qui lui permet de trouver l'apaisement et il y a une délicatesse touchante dans sa façon de l'évoquer. Je souris et prend mentalement en note l'idée du bivouac dans le désert, ça pourrait être une superbe expérience à faire vivre à mes clients.

-"Ca a l'air chouette." Il me demande si j'ai un endroit de rêve et je me mordille la lèvre inférieure en fronçant les sourcils sur un air concentré, alors que je réfléchis. Finalement assez peu de temps, parce qu'une image vient vite à mon esprit. -"Je pense que ce n'est pas vraiment un lieu précis, mais la proximité de l'océan sous les étoiles est surement ce qui se rapproche le plus d'un havre de paix à mes yeux." Je ne dors pas beaucoup, parce que les cauchemars m'angoissent et que j'ai trouvé cette stratégie bancale pour y échapper. Je m'endors d'épuisement et mon esprit se met sur Off le temps de quelques heures. Est ce que ce sera toujours ainsi ?

Je me pose cette question assez régulièrement. Je crois que j'ai besoin d'espoir, besoin de m'accrocher à l'idée que ma résilience me permettra de retrouver un certain apaisement. Je ne suis pas sure du tout que ce soit réaliste d'espérer, mais ça on s'en fout un peu. Tant que ça fait du bien, ce serait con de se priver. J'avale une nouvelle gorgée de ma bière avant de relancer la conversation malgré ma timidité. -"Tu es originaire de San Diego ?" Ce n'est pas mon cas, mais je suis arrivée tôt et jeune et je crois que les traces de mon accent italien se sont gommées avec le temps. Enfin... pas complètement. Disons qu'un étranger trouvera mon américain parfait et qu'un américain n'arrivera pas à me situer tout en sachant pertinemment que je ne suis pas une native. Faut croire que les racines ressortent toujours, aussi fort qu'on souhaite s'en détacher par ailleurs. Je me sens un peu prise au dépourvu et habituellement maladroite, mais j'ai très envie de faire connaissance et de le remercier et... je ne sais pas trop pourquoi mais il dégage quelque chose d'apaisant. A moins que ce soit le grain de sa voix? Une petite voix malicieuse résonne sous mon crane, me chuchotant que c'est peut être celui de sa peau, ou le goût de ses lèvres... et je rougis en fixant sa bouche et en mordant férocement ma lèvre inférieure, complètement décontenancée. C'est possible que le stress ou plutôt le soulagement post stress, me mette dans tous mes états ?

C’est amusant, mais c’est la première fois que je ne vois pas de réaction chez une personne à qui je raconte que je préfère dormir dehors en sentant l’air sur mon visage plutôt que dans une pièce fermée. Je ne suis pas certain d’aimer ne serait-ce que l’idée d’une tente autour de moi… Et j’avoue que son idée de dormir bercé par l’océan comporte une part de perspective très alléchante pour moi. Je devrais peut-être me trouver un coin isolé ce soir pour essayer. Mais après il ne faudrait pas que je tombe sur un groupe de jeune qui va faire la fête sur la plage c’est souvent le souci ici avec les bords de mer. Elle me demande alors si je suis originaire de San Diego et j’ai soudain envie de lui dire non et que je suis d’une toute petite ville pas loin mais Dan Parker est mort, je l’ai abandonné et je préfère ignorer cette partie de mon existence bien trop douloureuse. Je dois redevenir Hayden Sawyer et le rester pour toujours. Mentir encore… Mentir encore et toujours. Blesser et rester seul… Mon esprit vagabonde vers une jeune femme merveilleuse que j’espère heureuse maintenant après que j’ai ravagé quelques années de sa vie avec mes lubies de crétin idéaliste. J’avale une gorgée de ma boisson avant de répondre.

« Ouais… Pur produit du terroir… Et toi ? T’as un petit accent non ? »

J’ai un sens de l’observation assez poussé et je crois que mon séjour en prison m’a fait développer malgré moi mon audition. C’était le moyen de survivre en évitant les surprises mortelles… Même de nuits les bruits des animaux sauvages ne me dérangent pas. La nature angoisse l’homme quand vient la nuit, moi elle m’apaise. Je regarde la jeune femme qui me fixe étrangement et je réalise qu’elle est très jolie. Ce petit air mutin, ce regard doux et ce sourire. Elle a l’air tellement douce et détachée et j’ai presque l’impression de retrouver cette « innocence » que je voyais chez Sybille et qui m’a séduit parce qu’elle n’était pas du genre à aimer les mauvais garçons ou à frissonner de côtoyer des voyous… Merde non. J’ai pourri l’existence d’une femme merveilleuse, ce n’est pas pour recommencer encore. Mais c’est difficile quand j’ai encore le parfum de ses baisers sur ma bouche. Merde j’abuse. Je bois une gorgée de ma boisson quand je glisse mon regard au-dessus de son épaule. Un mec nous regarde, peau légèrement tannée, barbe drue coupée avec moustache et mouche, cheveux très courts et noirs, regard sévère. Sec et les joues creusées. Il est habillé de sombre et consulte son téléphone avec un verre devant lui à peine entamé. Il nous surveille. Pas un flic. Ça pue le mec peu recommandable. Je me recule sur ma chaise et la tourne légèrement pour que je puisse plonger la main sur mon arme au cas où… Putain j’ai l’impression d’être Han Solo dans la cantina de Mon Eisley.

« T’as un ex un peu jaloux ou t’as le chic pour attirer les mauvais garçons ? »

Je ne suis pas du genre à baisser les yeux… Réflexe de taulard. Tu me fixes, on se tape dessus direct. Si tu me regardes c’est que tu cherches la merde. Je lui désigne le mec qui tourne le regard faisant mine de regarder ailleurs. C’est louche tout ça… Et je me demande encore dans quelle merde j’ai pu me foutre en aidant cette femme ?

La conversation est facile et fluide, ce qui est assez rare me concernant. D'autant plus après une scène aussi violente, à moins qu'au contraire l'adrénaline qui reflue ne m'aide à m'ouvrir un peu ? Je ne saurais le dire. Mais c'est agréable et je souris en l'écoutant me dire qu'il est un pur produit du terroir. -"En effet, c'est bien vu. Io sono italiana." Dans ma langue maternelle évidemment. On continue à échanger, tout en buvant tranquillement nos bières, quand je le sens un peu se tendre et me faire un signe de la tête vers un type au comptoir.

Je le fixe et même s'il détourne le regard j'ai le temps de reconnaitre le profil de Vittorio, l'ombre de mon père. -"Je... je suis désolée. Non... je n'attire personne." Ok dit comme ça, c'est quand même super triste, non ? Je prends une longue inspiration et me décide à m'expliquer, d'autant que j'ai noté son geste vers son arme, ce qui serait une très mauvaise idée. Je sais de quoi ces hommes sont capables et je m'en voudrais énormement si il devait arriver quelque chose à celui qui m'est venu en aide. -"Mais je connais ce type. C'est un homme de mon père."

Je relève les yeux, pour croiser les siens, qu'il puisse y lire ma lassitude et sans doute aussi ma tristesse. -"Mon père refuse d'admettre que je ne fais pas partie de son monde et qu'il ne peut pas me dicter ma conduite." Nouveau soupir. -"Et il adore envoyer ses sbires pour empêcher quiconque de m'approcher. Si tu n'es pas un uomini d'onore tu n'as manifestement pas le droit de seulement me regarder." Je baisse tristement le visage et caresse le goulot de la bière du bout des doigts avant de relever les yeux pour terminer ma tirade. -"Tu devrais y aller. Je ... je ne veux pas qu'ils puissent s'en prendre à toi." J'ai un sourire doux, quoique tremblant, mes yeux s'emplissant un peu de larmes, sans que je ne puisse le contrôler. -"Je te remercie pour ton aide tout à l'heure et j'ai été enchantée de faire ta connaissance, mais je suis un vrai nid à emmerdes et je ne veux surtout pas t'entrainer là dedans." Un geste pour rassembler mes affaires et je me résigne moi aussi à partir et à rentrer chez moi.

J’ai donc visé juste, elle est italienne… C’est quoi ? Une étudiante ? Une jeune femme qui est venue pour le travail ? Pour le plaisir ? Et pourquoi j’ai envie de lui poser plein de question et de la connaitre mieux ? Ce n’est pas une bonne chose, ce n’est jamais une bonne chose. Je ne fais rien comme il faut et on dirait que ça ne me sert jamais vraiment de leçon. Lorsque j’avise ce mec qui nous regarde un peu méchamment et je le fixe avant de le signaler à Aelin en lui demandant si elle a un ex un peu jaloux ou si elle a le chic pour attirer les mauvais garçons ? Et pourquoi cette phrase me fait penser à moi putain ? Pourquoi je n'arrête pas de regarder son visage d’ange en espérant qu’elle me donne un autre putain de baiser ? Bordel j’ai le cerveau qui barre en couille solide. Elle me répond qu’elle est désolée, qu’elle n’attire personne. Mais ça sonne triste. Je cesse de regarder le type pour la fixer et elle inspire longuement avant de me dire qu’elle connait ce type et qu’il est un des hommes de son père. Mon sourcil s’arque doucement sous le coup de la surprise et je repose mon regard sur le mec qui me provoque ouvertement en me fixant. Je l’écoute me parler de son père et je tourne de nouveau mon regard sur elle et quand elle prononce le terme « Uomini d’onore » je pense forcément à Mafia… Putain de bordel de merde… Mais ce qui me fige c’est cette expression de tristesse sur son visage. Elle me remercie alors pour mon aide et se déclare comme un immense nid à emmerdes et dit ne pas vouloir m’entraîner là-dedans…

Pas très bon les mecs n’empêche. Ils me font les gros yeux alors qu’elle serait sans doute en train de se faire passer dessus par les mecs de tout à l’heure si je n’étais pas intervenu et là, ils veulent faire les durs… On va faire en sorte qu’ils se fassent bien gronder… Je hoche la tête. Termine ma bière et glisse un billet sur la table sur lequel je repose ma bouteille vide en me levant.

« À la prochaine alors. »

Je sors. Mais je vais rapidement à ma moto et je guette sagement. Finalement je la vois se lever. J’ai mon casque dans ma main gauche et quand elle arrive devant le bar, je déboule devant elle et lui lance le casque dans les mains en souriant.

« Monte ! »

Petit sourire amusé alors que je vois le mec réaliser ce qui se passe et se lever. Je la regarde en souriant. C’est maintenant ou jamais. Soit elle se laisse embarquer, soit elle continue de faire le jeu de son père. Et je sais exactement où aller pour ce soir même si je me doute qu’on va probablement se faire emmerder plus tard… Mais je préfère attirer toutes les foudres sur moi. Vous savez… Cet éternel complexe du héros solitaire…

La facilité avec laquelle il accepte l'idée me fait un peu de peine. C'est ridicule, j'en suis consciente, alors je me contente de sourire vaillament et de tenter de ne rien laisser paraître, tout en me demandant combien de temps mon enfoiré de paternel va me pourrir la vie. Pourquoi faut il qu'il gâche tout ce qui m'arrive de bien ? Je baisse la tête quand il se lève et je repose ma bière sans plus y toucher. Je crois que l'envie est clairement passée. Je lui laisse un peu d'avance, en profite pour aller aux toilettes et quand je quitte le bar, je peux voir ce con de Tommaso se préparer à me suivre. J'ai envie de lui hurler de me laisser tranquille, mais je sais la vacuité de ces emportements, j'ai mainte et maintes fois essayé sans le moindre succès. Ils semblent programmés pour me répondre "les ordres sont les ordres".

Je soupire donc, rajuste mon sac sur mon épaule et franchit le seuil. Je reste interdite quand la moto surgit et un sourire vient illuminer mes traits en voyant le sien. Je réceptionne le casque et l'enfile sans me poser une once de question. Je ne sais pas comment l'expliquer, mais le fait qu'il ne soit pas parti, qu'il me sourit ainsi... et qu'il m'arrache à eux, c'est juste totalement délectable. Alors je grimpe, derrière lui, entoure son torse de mes bras et je ferme les yeux très fort. Je crois que je couine au premier virage, resserant les jambes contre les siennes et me mordant la lèvre inférieure avant d'ouvrir les yeux et de regarder en arrière. Personne... libre ! Je prends une longue inspiration et en parlant fort pour couvrir le bruit du moteur je lui lance. -"Tu m'emmènes où Hayden ?" Question rhétorique finalement, parce que je le suivrais n'importe où tant ce sentiment intense de liberté me fait du bien. Se pourrait il que je puisse enfin être un peu moi même ? J'aime cette idée, elle me fait un bien phénoménal et je me surprends à sourire, blottie contre son dos.

À chaque virage, à chaque accélération, je sens un sentiment de liberté grandir en moi, me libérant des chaînes invisibles de mon quotidien. L’homme devant moi, presque un inconnu, dégage une aura de confiance et de sécurité qui m’enveloppe, me rassure, je le connais à peine, je sais, mais je me sens bien en sa compagnie et ça n'a pas de prix. Malgré la menace qui pèse derrière nous, l'homme de main de mon père mafieux qui ne va probablement pas lâcher prise, je ressens une étrange sérénité. Mes bras enroulés autour de lui, je laisse mon esprit vagabonder, charmée par cette escapade imprévue. L’horizon s’étend devant nous, promettant des possibilités infinies et, pour la première fois depuis longtemps, je me sens vivante, prête à embrasser l’inconnu avec un large sourire aux lèvres.

J’ai décidé de ne pas laisser faire. J’ai décidé de jouer le cowboy. Je suis stupide. Si son père est capable de payer un connard pour la surveiller je me mets dans la merde et pourtant je n’ai pas hésité. Elle avait l’air tellement pas bien du tout en réalisant que ce mec la surveillait. Et je ne parle même pas de cette journée de merde ou elle me donne l’impression d’être la cible du destin. Ce n’est pas juste. Alors ouais je la kidnappe. Enfin je lui propose de se laisser enlever. Je lui fous le casque dans les mains et lui propose de monter. Elle aurait pu me faire non, refuser, laisser le mec me rattraper, mais je crois que son sourire à cet instant ne fait pas de doute sur la bonne idée que j’ai eue. Elle attache son casque et grimpe. Le mec est à peine sorti que j’ai démarré en trombe et quitté la rue. Je la sens me serrer contre elle et j’enchaîne les virages. Mon bébé n’est pas une moto de Hounds classique. Elle en a sous la pédale. Trop peut-être ? En tout cas je l’ai bien modifiée et j’enchaîne les virages entre les voitures pour nous tirer de là. Je m’arrange pour passer les embouteillages en remontant les files et démarre le premier. Je vise la sortie de la ville. Elle me demande où je l’emmène et lui dis.

« Dans le plus bel endroit du monde promis on ne nous trouvera pas. »

Je fonce. Je prends un bout d’autoroute mais la quitte rapidement. Demain en revenant en ville je sais qu’on va se retrouver coincés par son père et de toute manière je vais la ramener chez elle. Donc plus l’intervention arrivera rapidement plus je pourrais vérifier combien ce mec est puissant. En attendant je roule et attaque un bout de désert puis une route vers le Nord et les montagnes. Elles ne sont pas immenses mais ce sont des ilots de fraicheur qui cache de nombreux points d’eau. Je l’emmène vers l’un d’eux. Je prends celui que j’ai appelé l’entonnoir. C’est un cul-de-sac mais l’avantage c’est qu’on peut voir arriver qui on veut par la route. Je m’y engage et elle peut déjà voir des pins et un lac qui scintille. Je m’arrête non loin et coupe le moteur.

« Voilà. On y est. »

Ça peut permettre d’attendre la nuit et de la ramener. Je suis du genre à dormir dehors dans ce genre d’endroit et je pense que j’ai de quoi dans les sacoches de ma moto mais d’un autre côté je ne sais pas si ce serait son délire et si elle voudrait rester avec moi ici. Bref ça permettra une chouette parenthèse malgré tout. Je retire casque et gants et pose le tout sur le guidon de la moto avant de m’avancer vers la jeune femme.

« Alors ça te plait ? »

Le plus bel endroit du monde ? C'est idiot parce que je ne connais pas ses gouts et pourtant ça suffit à renforcer mon sourire. Libre ! C'est déjà une nouvelle fantastique, mais même si je ne sais pas comment le nommer il y'a aussi de la douceur qui va avec ce sentiment de liberté. Je m'agrippe à lui et réalise que je n'ai pas de peine à suivre les mouvements de la moto. Pencher dans les virages, me laisser aller, ne pas lui mettre de coup de casque lorsqu'il freine...

Quand il coupe le moteur j'en ai déjà pris plein les yeux. Je descends de la moto, retire le casque et attend qu'il ait les mains libres pour le lui tendre. Je viens de m'isoler avec un inconnu, dans un territoire naturel, avec personne autour. C'est de la folie furieuse ! Clairement ça devrait allumer tous les voyants de danger sous mon crâne et pourtant je hoche la tête comme une gamine en souriant. -"Oui, c'est juste totalement magnifique ici."

Je tourne sur moi même en souriant comme une gamine et le regarde ensuite dans les yeux. -"Je ne connaissais pas du tout." M'approchant de lui je glisse naturellement le bras contre le sien pour le crocheter. -"Le lac on peut s'y baigner ?" J'ai les yeux qui brillent en y pensant et je crois que mon envie transparaît.

-"Tu connais d'autres lieux comme ça ?" J'ai presque envie de lui proposer de me faire visiter mais je réalise qu'il m'a déjà sortie d'un très mauvais pas et que je ne peux clairement pas me permettre de faire ça. Je me retrouve un peu intimidée et me mordille furieusement la lèvre inférieure sans plus savoir quoi faire de mon corps. Typique. J'agis sur une impulsion et mon tempérament me revient en boomerang. Bizarrement c'est un peu différent, parce que quand j'ose relever les yeux dans les siens, je me noie dans la beauté de son regard et mon stress s'évapore.

Je roule vite et fort. Je mets rapidement de la distance. Aucune chance qu’il nous rattrape. Aucune chance qu’on nous retrouve. Si son père a pu la mettre sous surveillance, c'est que lorsque je vais la ramener on va nous tomber dessus. Que je vais probablement me faire tuer et à cet instant, je crois que je m’en tape. Je crois que j’ai juste envie de la faire sourire. Je crois que le baiser qu’elle a posé sur ma bouche plus tôt hante encore mes papilles et me fait divaguer. Pourquoi je me fous encore dans les emmerdements ? Je n’apprendrai donc jamais rien ? En fait je n’ai rien à perdre je crois. Alors quitte à me prendre une balle et que ça finisse ainsi, autant faire plaisir à quelqu’un non ? Je n’en sais rien. Je crois que je me tape de mourir ou pas maintenant. Je veux juste la faire sourire un peu plus. Parce que je n’ai pas aimé son regard quand j’ai décidé de quitter le bar et j’ai adoré son sourire quand j’ai déboulé en lui tendant ce casque.

Nous arrivons et je me gare. Je quitte mon cuir et mes gants parce que j’ai déjà chaud. Je lui demande si ça lui plait alors que je pose mon cuir sur la moto qui est à l’ombre. Elle déclare que oui c’est totalement magnifique ici. Elle dit aussi qu’elle ne connaissait pas et approche pour venir crocheter mon bras pour me demander en m’entrainant vers le lac si on peut s’y baigner ? Je vais répondre mais déjà elle enchaîne et me demande si je connais d’autres lieux comme ça ?

« Ouais heu… En général j’aime bien… Dormir dehors dans ce genre de lieux. J’achetais tout pour venir ici ce soir quand on s’est rencontré. »

Pour pas dire : « quand tu t’es faite agresser » ça sous entends aussi que j’ai tout pour dormir ici et au pire je peux moi dormir dans l’herbe et me couvrir avec mon cuir pour la nuit. C’est pas idéal mais je ferai un feu et ça ira. Je me fige quand je réalise qu’elle s’est mise face à moi et me regarde dans les yeux. Je rougis un peu et ne comprenant pas ce qu’elle est en train de me faire, je me détache un peu, juste 5 cm

« Bon heu… On y va du coup ? »

Je retire mon t-shirt devant elle et le laisse tomber au sol retirant mes chaussures avant de détacher ma ceinture sous son regard rougissant. Je comprends alors qu’elle pense que je veux sans doute… Je me redresse et lui désigne du menton le lac avant de sourire.

« Se baigner. T’as rien à craindre de moi. »

Ouais je suis un ex-taulard accusé d’avoir buté un flic et on est perdu dans un endroit isolé ou personne ne t’entendrais hurler. Mais tout va bien aucune raison d’avoir peur… J’ai mentionné mes deux armes à feu dont celle que j’ai dégainé en ta présence pour faire fuir les mecs qui voulaient te passer dessus en groupe ? Putain d’ironie à la con. Je réalise que j’ai rien d’un chevalier blanc je suis juste une sombre merde habillée en cuir et qui fait partie d’un gang.

« Heu si tu préfères vas y je me tourne et je fume une clope le temps que tu termines si tu préfères. »

A vrai dire je comprendrai… J’ai subitement l’impression qu’elle peut voir le mot « déchet » écrit sur mon front…

Je sens la chaleur me monter aux joues alors qu'il retire son tee-shirt, révélant sa peau hâlée et me rendant soudainement muette. Mon cœur s'emballe, une vague de chaleur m'envahit, et je dois lutter pour détourner le regard. Sa proposition, pourtant si simple, me fait l'effet d'un plongeon dans l'inconnu, et je ressens un mélange d'excitation et de timidité. Il précise pour se baigner et j’échappe un petit rire, montrant bien quel chemin avait pris mes pensées.

Je me mordille la lèvre, hésitante, mes doigts glissant nerveusement sur les boutons de mon chemisier. Son assurance et sa douceur m'apaisent et quand il parle de se détourner et de me laisser y aller seule j’ai un petit signe de dénégation. -”Non, je… j’aimerais beaucoup qu’on… qu’on se baigne ensemble.” Timide, mais résolue. J’aime le vent de liberté qu’il a fait souffler en me proposant de le suivre et je n’ai pas envie que ça s’arrête, alors malgré le léger tremblement de mes mains, j'arrive à défaire les boutons un à un. Je n'ose pas trop le regarder, mais je sens sa présence, son respect dans chacun de ses gestes et dans son regard qui ne me juge pas.

Quand j’ouvre finalement mon chemisier, la brise légère caresse ma peau et je rougis davantage, consciente de l'ensemble de lingerie blanc qui se dévoile à ses yeux. C'est comme si chaque geste devenait une danse silencieuse entre nous, où la douceur et la lenteur prenaient le dessus sur toute précipitation. Je suis intimidée, mais étrangement je me sens belle et désirable… allez comprendre.

Je prends une profonde inspiration, me redresse un peu, et continue en glissant mes doigts sous la ceinture de ma jupe short, la faisant glisser le long de mes hanches pour la laisser tomber doucement à mes pieds. Le sol est frais sous mes orteils, et je sens une petite étincelle d'excitation me traverser. Je n'ai pas l'habitude de me montrer ainsi, encore moins devant un presque inconnu, mais il y a quelque chose dans l'air, dans ce moment, qui me pousse à oser.

D’un pas hésitant, mais déterminé, je m’avance vers l’eau. Chaque pas est un défi, une petite victoire sur mes appréhensions. L’eau scintille sous la lumière du soleil, prometteuse et accueillante. À mesure que je m'approche, je ressens le sable fin sous mes pieds, et je lance un regard timide vers lui, un sourire naissant malgré moi.

Je fais un pas de plus, et l'eau fraîche entoure mes chevilles, m'arrachant un frisson. C’est un frisson de plaisir, de liberté, et un peu de ce courage nouveau qui m’a poussée jusqu'ici. Je me retourne une dernière fois vers lui, comme pour m’assurer qu’il est toujours là, qu’il me suit dans cette aventure un peu folle. Mon sourire s'élargit malgré la rougeur persistante de mes joues, et je laisse enfin l'eau m'engloutir doucement, laissant derrière moi tout ce qui pouvait encore me retenir. -”Woooow elle est froide !” Je crois que je viens de couiner, tout en réalisant que je me suis précipitée dans l’eau pour me sentir moins intimidée, mais que je viens de tremper un ensemble… blanc.

Quand je sens son hésitation, je me ravise. L’espace d’un instant j’ai trouvé chouette de juste nous baigner parce que l’eau est belle et qu’il fait bon et que c’est difficile de se tenir au bord de l’eau sans vouloir aller s’y tremper. Mais se retrouver en petite tenue avec un inconnu dans un lieu perdu et éloigné surtout quand elle est en présence d’un taulard tueur de flic… Bon ça elle ne le sait pas sinon je pense qu’elle aurait préféré ne pas monter sur ma moto quand je me suis présenté sur ma bécane devant le bar. J’ai sans cesse cette sensation que le mot « déchet » est tatoué sur mon front et je déteste ça. Alors quand je ressens son hésitation je propose de la laisser se baigner seule et de fumer en détournant le regard pendant qu’elle le fait. Mais elle répond qu’elle aimerait qu’on se baigne ensemble. Je hoche la tête retenant un petit sourire ravi et un rougissement prononcé de mes pommettes.

Je ne m’attendais pas en revanche à la voir ouvrir son chemisier en me faisant face. Je perds un peu mes moyens essayant de ne pas balbutier alors qu’elle dévoile une lingerie blanche qui lui va comme une aréole va à un ange. Je contemple son effeuillement délicat et tente de ne pas me rincer l’œil d’un air de pervers, mais je suis clairement subjugué de la voir se déshabiller devant moi. Je devrais détourner le regard et pourtant je n’y parviens pas. Elle se débarrasse de sa jupe short et avance en sous-vêtement vers l’eau. Je déboule ma ceinture et marche tour à tour du bout du pied sur mes talons de sorte à me débarrasser de mes chaussures et chaussettes. J’avance dans un boxer noir vers l’eau. Elle me regarde par-dessus son épaule et entre les pieds dans l’eau. Elle se glisse dans l’eau presque sans aucune éclaboussure en disant qu’elle est froide. Je m’approche. L’eau me cueille par sa fraicheur et pourtant j’y entre sans broncher. J’ai de l’eau à mi-cuisses et j’en récolte dans mes mains m’aspergeant le torse, le cou et un peu la tête. L’eau froide ne me dérange plus. En prison, c'était souvent obligé et je ne la crains plus vraiment à vrai dire. Et l’eau de ce lac est fraiche mais pas non plus insupportable.

Seule sa tête dépasse et je m’approche d’elle me glissant dans l’eau à mon tour. Je m’approche et plonge pour ressortir devant elle, mes cheveux trempés et ramenés en arrière. Je me retrouve tout proche de son visage me perds un instant dans ses jolis yeux. Elle a un visage d’une douceur folle et j’aime bien ses yeux. Puis reviens le souvenir de ce baiser dans la ruelle alors qu’elle était poursuivie par des mecs et ça me hante encore un peu. J’ai beaucoup aimé ce frisson quand elle l’a fait. Mais je chasse cette pensée de ma tête un instant et lui demande alors.

« Dis-moi, ton père est du genre à te foutre un chaperon sur le dos mais ce dernier ne fait rien quand 5 mecs te mettent un coup de pression ? »

Bon à vrai dire y’a pas tellement de questions dans ma phrase. Mais le flic qui a besoin de comprendre les ramifications des choses ne peut s’empêcher d’aller poser les questions… Toujours les questions…

« Qui est ton père ? Pourquoi il te fait surveiller comme ça ? »

Oui… Je me doute bien que je vais devoir la ramener en ville à un moment ou a un autre et si elle avait un chaperon sur le dos, je vais forcément devoir répondre de mes actes. Je vais même probablement me prendre une balle ou dans le meilleur des cas un petit coup de pression. Et je ne veux pas que mon statut de Hounds soit découvert. Je ne veux pas impliquer les Hounds dans mes actes. Mais je réalise que je viens probablement de bien me foutre dans la merde encore une fois et que cette fois je le fais pour une paire d’yeux absolument merveilleux et que quitte à ne rien regretter autant savoir ce qui m’attend maintenant ?

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